ForĂȘts magellaniques subpolaires
Les forĂȘts magellaniques subpolaires (en espagnol : Bosque Subpolar MagallĂĄnico) forment une Ă©corĂ©gion terrestre, dĂ©finie par le WWF, qui sâĂ©tend sur 147 200 km2 en Argentine et au Chili[4]. CaractĂ©risĂ©e par ses forĂȘts de feuillus et forĂȘts mixtes tempĂ©rĂ©es, elle se situe dans l'Ă©cozone nĂ©otropique. Il s'agit d'une Ă©corĂ©gion de forĂȘts tempĂ©rĂ©es dĂ©cidues et mixtes qui abrite les forĂȘts les plus australes au monde.
ĂcorĂ©gion terrestre - Code NT0402[1]
Ăcozone : | NĂ©otropique |
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Biome : | ForĂȘts tempĂ©rĂ©es dĂ©cidues et mixtes |
Superficie[2] : |
147 200 km2 |
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Localisation
Cadre
L'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires se situe Ă l'ouest de la cordillĂšre des Andes, qui emprunte un axe nord-sud sur toute la longueur du continent sud-amĂ©ricain, jusqu'Ă l'archipel de la Terre de Feu, oĂč elle s'oriente selon un axe ouest-est : les Andes fuĂ©giennes. L'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires Ă©tait couverte par des glaciers durant la derniĂšre pĂ©riode glaciaire et le paysage est profondĂ©ment marquĂ© par la prĂ©sence de fjords, de nombreuses Ăźles, Ăźlots et canaux, le principal d'entre eux Ă©tant le dĂ©troit de Magellan, qui sĂ©pare la Terre de Feu du continent sud-amĂ©ricain et qui a Ă©tĂ© empruntĂ© par l'explorateur portugais Fernand de Magellan pour rallier l'ocĂ©an Atlantique sud et le Pacifique sud.
Au nord du 48° de latitude sud se trouve l'Ă©corĂ©gion forĂȘts tempĂ©rĂ©es valdiviennes, qui partage avec l'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires un grand nombre de plantes et d'animaux. Ă l'est se trouvent les Ă©corĂ©gions Prairies, savanes et terres arbustives tempĂ©rĂ©es de Patagonie, plus sĂšches, elles se trouvent dans des rĂ©gions abritĂ©es de la pluie par les Andes et les montagnes fuĂ©giennes.
Climat
Les Andes et les Andes fuĂ©giennes interceptent les vents d'ouest chargĂ©s d'humiditĂ©, crĂ©ant des conditions pour le dĂ©veloppement d'une forĂȘt tempĂ©rĂ©e humide, alors que le courant de Humboldt, courant ocĂ©anique froid qui longe la cĂŽte occidentale de l'AmĂ©rique du Sud, et le courant circumpolaire antarctique, qui parcourt l'ocĂ©an Austral d'ouest en est, maintient un climat frais et humide sur l'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires. La forte influence ocĂ©anique modĂšre les tempĂ©ratures saisonniĂšres extrĂȘmes. Les tempĂ©ratures annuelles moyennes varient de 6 °C au nord Ă 3 °C au sud et les prĂ©cipitations annuelles de 4 000 mm Ă l'ouest Ă 450 mm Ă l'est. Des chutes de neige peuvent avoir lieu pendant l'Ă©tĂ© austral. Le brouillard est trĂšs frĂ©quent. Des vents violents balayent la rĂ©gion et obligent les arbres Ă croĂźtre de maniĂšre inclinĂ©e et tordue pour s'adapter au vent ; ce phĂ©nomĂšne est dĂ©signĂ© sous le nom de « krummholz ».
Flore
Comme l'Ă©corĂ©gion des forĂȘts tempĂ©rĂ©es valdiviennes, l'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires est un refuge pour la flore antarctique et partage de nombreuses espĂšces de plantes avec les Ă©corĂ©gions de forĂȘts tempĂ©rĂ©es de Nouvelle-ZĂ©lande, de Tasmanie et de l'Australie, en particulier de hĂȘtre austral (Nothofagus). Des espĂšces de Nothofagus, parmi lesquelles le Nothofagus betuloides, le Nothofagus antarctica et le Nothofagus pumilio, sont les arbres caractĂ©ristiques de l'Ă©corĂ©gion. L'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires ne possĂšde pas la mĂȘme diversitĂ© et la mĂȘme richesse en plantes que l'Ă©corĂ©gion des forĂȘts tempĂ©rĂ©es valdiviennes dont le climat est plus doux, en raison de son climat plus frais et des rĂ©centes glaciations. La progression des glaciers a en effet contrait les forĂȘts Ă se retirer loin au nord, et les forĂȘts de la rĂ©gion n'ont commencĂ© Ă se reconstituer graduellement qu'il y a 10 000 ans quand le climat s'est rĂ©chauffĂ© et que les glaciers ont commencĂ© Ă reculer.
L'Ă©corĂ©gion des forĂȘts magellaniques subpolaires possĂšde trois principales communautĂ©s de plantes : la lande magellanique, la forĂȘt magellanique Ă feuilles persistantes et les forĂȘts magellaniques Ă feuilles caduques.
La lande magellanique se trouve Ă l'extrĂ©mitĂ© occidentale de la rĂ©gion oĂč l'influence ocĂ©anique est la plus forte. Des fortes prĂ©cipitations pouvant atteindre 5 000 mm/an sont typiques de la lande, tout comme le sont les tempĂ©ratures fraiches, les vents violents, des mauvaises conditions de drainage et un sol rocailleux avec gĂ©nĂ©ralement une mince couche de terre. La plupart de la lande est constituĂ©e d'une mosaĂŻque de plantes basses, d'arbustes nains et d'arbres cisaillĂ©s par le vent, des plantes en coussinet, des herbes et des mousses. Ces plantes peuvent former une sous-couche de tourbe et des zones marĂ©cageuses. Dans les zones les plus abritĂ©es, de petits groupes d'arbres Ă feuilles persistantes peuvent ĂȘtre trouvĂ©s, comprenant des Nothofagus betuloides, des Drimys winteri, des Lepidothamnus fonkii et des Pilgerodendron uviferum.
Plus loin de l'ocĂ©an, dans des zones les plus tempĂ©rĂ©es - moins exposĂ©es au vent ocĂ©anique et Ă la pluie, la lande cĂšde la place Ă la forĂȘt magellanique humide Ă feuilles persistantes. La forĂȘt magellanique humide est principalement composĂ©e de Nothofagus betuloides, avec d'autres arbres Ă feuilles persistantes, tels que le Drimys winteri et le Pilgerodendron uviferum, et plus rarement le Embothrium coccineum et le Maytenus magellanica. Dans les forĂȘts les plus Ă©tablies, une strate arbustive riche peut se dĂ©velopper. En les zones exposĂ©es, rocailleuses et mal drainĂ©es, des poches d'arbres Ă feuilles caduques tels que le Nothofagus antarctica et des espĂšces typiques de la lande peuvent ĂȘtre trouvĂ©es.
En continuant vers l'est, oĂč les prĂ©cipitations chutent Ă 800 Ă 850 mm/an, le Nothofagus betuloides devient moins dominant et se mĂ©lange au Nothofagus pumilio Ă feuilles caduques dans la zone de transition vers les forĂȘts magellaniques Ă feuilles caduques. Les forĂȘts magellaniques Ă feuilles caduques sont composĂ©es principalement de Nothofagus pumilio et Nothofagus antarctica. Lorsque l'on atteint la zone abritĂ©e de la pluie Ă l'est des montagnes, la forĂȘt disparaĂźt, laissant la place Ă l'Ă©corĂ©gion des prairies de Patagonie.
Dans les espaces ouverts certains fruits dĂ©licieux peuvent ĂȘtre trouvĂ©s : des fraisiers du Chili (Fragaria chiloensis) et des berbĂ©ris Ă feuilles de buis (Berberis buxifolia) ; ces plantes Ă©taient utilisĂ©es dans l'alimentation des premiers habitants de la Terre de Feu, aujourd'hui disparus.
Ces forĂȘts sont uniques au monde pour leur endurance aux Ă©tĂ©s froids (la tempĂ©rature moyenne en Ă©tĂ© est de 9 °C au niveau de la mer) et aux vents subpolaires violents. En raison de ces caractĂ©ristiques, des arbres originaires des forĂȘts magellaniques ont Ă©tĂ© exportĂ©s en d'autres parties du monde telles qu'aux Ăźles FĂ©roĂ© et dans les archipels alentour oĂč les conditions climatiques sont similaires et oĂč les arbres originaires d'autres biomes ne peuvent pas pousser. Les espĂšces suivantes, originaires de Terre de Feu, ont Ă©tĂ© introduites aux Ăźles FĂ©roĂ© : Drimys winteri, Nothofagus antarctica, Nothofagus pumilio et Nothofagus betuloides. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les arbres de forĂȘts fuĂ©giennes montrent de meilleurs signes d'acclimatation que ceux originaires de l'Europe du Nord aux conditions climatiques des Ăźles FĂ©roĂ©[5].
Faune
Les forĂȘts magellaniques subpolaires sont un habitat naturel pour le pudĂș, la plus petite espĂšce de biche au monde, qui ne mesure que 35 Ă 45 cm de haut Ă l'Ă©paule. Parmi les autres espĂšces vivant dans la rĂ©gion, il est possible de citer le cougar (Puma concolor) et la loutre du Chili (Lontra provocax), menacĂ©e d'extinction. Des espĂšces endĂ©miques de rongeurs telles que le rat de Patagonie, la souris-taupe Geoxus valdivianus et la viscache, un petit rongeur ressemblant Ă un lapin, peuplent Ă©galement ces forĂȘts.
Parmi les espÚces d'oiseaux natives de la région, il est possible de citer le pic de Magellan (Campephilus magellanicus), le phrygile de Patagonie (Phrygilus patagonicus), moqueur de Patagonie (Mimus patagonicus) et le condor des Andes (Vultur gryphus).
Les eaux cÎtiÚres magellaniques, riches en poissons, et de nombreux ßlots rocheux abritent de nombreux oiseaux marins, parmi lesquels des albatros, macareux, goélands, sternes et manchots.
Aires protégées
Notes et références
- (en) D. M. Olson, E. Dinerstein, E. D. Wikramanayake, N. D. Burgess, G. V. N. Powell, E. C. Underwood, J. A. D'Amico, I. Itoua, H. E. Strand, J. C. Morrison, C. J. Loucks, T. F. Allnutt, T. H. Ricketts, Y. Kura, J. F. Lamoreux, W. W. Wettengel, P. Hedao et K. R. Kassem, « Terrestrial Ecoregions of the World: A New Map of Life on Earth », BioScience, vol. 51, no 11,â , p. 935-938.
- (en) World Wildlife Fund, « The Terrestrial Ecoregions of the World Base Global Dataset », sur http://worldwildlife.org (consulté le ). Disponible alternativement sur : Loyola RD, Oliveira-Santos LGR, Almeida-Neto M, Nogueira DM, Kubota U, et al., « Integrating Economic Costs and Biological Traits into Global Conservation Priorities for Carnivores », PLoS ONE, (consulté le ), Table S1. Les données de température et de précipitations sont les moyennes mensuelles minimales et maximales.
- (en)World Wildlife Fund, « WildFinder: Online database of species distributions », , données et carte consultables dans the Atlas of Global Conservation.
- (en) Fonds mondial pour la nature, C.Michael Hogan, Magellanic subpolar forests, Encyclopedia of Earth, National Council for Science and the Environment, Washington DC, 2010
- (en) A. HĂžjgaard, J. JĂłhansen et S. Ădum, A century of tree planting in the Faroe Islands, FĂžroya Frodskaparfelag, Torshavn, 1989.