AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Filippo Del Torre

Filippo Del Torre ( Ă  Cividale del Friuli, Italie - Ă  Rovigo, Italie) est un archĂ©ologue et numismate italien ainsi qu'un ecclĂ©siastique catholique, Ă©vĂȘque d'Adria de 1702 Ă  1717. C'Ă©tait « l'un des hommes les plus renommĂ©s d'Italie pour sa connaissance des anciens monuments »[1].

Filippo Del Torre
Fonctions
ÉvĂȘque catholique
Ă  partir du
ÉvĂȘque diocĂ©sain
DiocĂšse d'Adria-Rovigo
Ă  partir du
Carlo Labia (en)
Antonio Vaira (d)
Autres informations
Consécrateur
MaĂźtre

OrdonnĂ© prĂȘtre en , il occupe diffĂ©rents postes dans la hiĂ©rarchie catholique[2] et est finalement nommĂ© Ă©vĂȘque d'Adria en 1702, poste qu'il occupe jusqu'Ă  sa mort.

Biographie

Illustration de la revue du Monumenta veteris Antii hoc est inscriptio M. Aquilii et tabula solis Mithrae variis figuris & symbolis exsculpta publiée sur Acta Eruditorum, 1701

Filippo Del Torre naĂźt le Ă  Cividale del Friuli en Italie[3]. Il Ă©tudie la jurisprudence Ă  l'UniversitĂ© de Padoue et fut reçu docteur en 1677[4]. Il allait dĂ©buter au barreau, lorsque ses parents l’engagĂšrent Ă  succĂ©der Ă  son oncle, qui jouissait d’un riche bĂ©nĂ©fice. Le jeune avocat consentit Ă  devenir chanoine, et il se tourna vers l’étude des antiquitĂ©s, dont le goĂ»t lui avait Ă©tĂ© inspirĂ© par son maĂźtre Ottavio Ferrari. Ayant un jour entendu parler des trĂ©sors cachĂ©s dans les archives de son chapitre, il lui prit fantaisie de les fouiller : mais, peu versĂ© dans la palĂ©ographie, et dĂ©sespĂ©rant de trouver des moyens d’instruction dans une ville de province, il rĂ©solut de passer Ă  Rome, en 1687. Il s’y fit bientĂŽt un nom, par ses connaissances historiques. Admis aux rĂ©unions du collĂšge de la Propagande, il y prononça un discours pour rĂ©futer quelques assertions du cardinal Baronius sur l’Église d’AquilĂ©e. Cette dissertation fixa sur ce jeune ecclĂ©siastique l’attention du cardinal Imperiali, qui l’emmena avec lui Ă  Bologne, en qualitĂ© d’auditeur. Ces fonctions contrariĂšrent les Ă©tudes de Torre ; mais elles le placĂšrent dans une carriĂšre qui devait le conduire aux honneurs. AprĂšs six annĂ©es d’absence, il revint Ă  Rome, et il y donna l’explication de deux marbres sortis des fouilles du port d’Antium. Le premier Ă©tait une inscription en honneur d’un certain Marcus Aquilius, dont le nom et le caractĂšre public Ă©taient Ă©galement inconnus. Le second, qui reprĂ©sentait un sacrifice de Mithra, fournit Ă  l’auteur l’occasion d’éclaircir divers points relatifs Ă  la religion des anciens Persans. Il remarqua, par exemple, que chez eux la fĂȘte de Mithra Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ©e au jour consacrĂ© par les ChrĂ©tiens Ă  la naissance de JĂ©sus-Christ. On sait quelles fausses consĂ©quences Dupuis a ensuite tirĂ©es de ce rapprochement. L’ouvrage de Torre contenait aussi des notes sur le dieu Belenos, et quelques autres recherches sur l’ancienne AquilĂ©e. Il Ă©tait terminĂ© par une Dissertation sur les FrĂšres ruraux (Fratres arvales), instituĂ©s par Romulus, pour obtenir du ciel des rĂ©coltes abondantes. Cette publication Ă©tendit la rĂ©putation de Torre. Le pape Innocent XII se disposait Ă  l’en rĂ©compenser, lorsqu’il mourut, laissant Ă  son successeur le soin de s’acquitter de ce devoir. Le cardinal Albani, en montant sur le trĂŽne pontifical, ordonna la rĂ©vision des Ă©pactes pour la correction des Tables pascales. Il nomma une commission chargĂ©e de faire de nouvelles observations sur le mouvement des astres, et d’examiner les dispositions du Concile de NicĂ©e et de GrĂ©goire XIII, sur la rĂ©formation du calendrier. Cette congrĂ©gation, composĂ©e de douze membres, parmi lesquels figurait Torre, Ă©tait prĂ©sidĂ©e par le cardinal Noris, qui avait fait choix de Bianchini et de Maraldi pour tracer une mĂ©ridienne Ă  Sainte-Marie des Anges. Tout faisait prĂ©sager un heureux rĂ©sultat, lorsque la Guerre de Succession d'Espagne et les troubles excitĂ©s en France par la bulle Unigenitus appelĂšrent ailleurs l’attention de la cour de Rome. On proposa alors Ă  Torre d’accepter la place de lĂ©gat auprĂšs de l’empereur de la Chine. L’idĂ©e de visiter des rĂ©gions lointaines le sĂ©duisit d’abord ; mais, dĂ©couragĂ© par la longueur du voyage et par la faiblesse de sa constitution, il fut assez heureux pour Ă©chapper, par un refus, aux dangers de cette mission. On l’en dĂ©dommagea par l’évĂȘchĂ© d’Adria, auquel il fut Ă©levĂ© le [5]. Ses nouveaux devoirs, qu’il remplissait avec un zĂšle exemplaire, ne l’empĂȘchĂšrent pas de se livrer Ă  l’étude. Il expliqua une inscription trouvĂ©e prĂšs de Lyon, en 1703, et qui lui avait Ă©tĂ© communiquĂ©e par le P. Charmier, jĂ©suite. Elle Ă©tait d’autant plus intĂ©ressante, qu’elle faisait remonter de quinze ans la chronologie connue des Tauroboles[6], et qu’elle dĂ©voilait en mĂȘme temps les noms de deux consuls, jusqu’alors ignorĂ©s. A cette dissertation en succĂ©da une autre sur un mĂ©daillon grec d’Annia Faustina, conservĂ© dans le musĂ©e de Tiepolo, Ă  Venise. On disputait dĂ©jĂ  sur une date du rĂšgne d’HĂ©liogabale, lorsqu’une lettre de Torre, publiĂ©e Ă  son insu par les journalistes d’Italie[7], rendit les dĂ©bats plus animĂ©s. Si, d’aprĂšs un passage de Dion (livre LXXIX), cet empereur ne rĂ©gna que trois ans neuf mois et quatre jours, comment serait-il parvenu Ă  la cinquiĂšme puissance tribunitienne, que quelques mĂ©dailles lui attribuent ? Torre supposa d’abord que la premiĂšre de ces magistratures avait Ă©tĂ© datĂ©e par anticipation ; ce qui n’était pas sans exemple, puisque CĂ©sar, Auguste et Justin le Jeune en avaient agi Ă -peu-prĂšs de mĂȘme. Mais, pressĂ© par les arguments de ses adversaires, il imagina qu’HĂ©liogabale, proclamĂ© empereur le 16 mars 218, et devant entrer dans la cinquiĂšme puissance tribunitienne le 16 mars 222, avait fait frapper d’avance les mĂ©dailles que l’on devait jeter au peuple le jour du congiarium : s’il avait Ă©tĂ© tuĂ© six jours plus tĂŽt, les piĂšces n’en existaient pas moins ; ce qui expliquait comment il se fait que l’on en trouve avec l’indication d’un Ă©vĂ©nement qui n’eut pas lieu. Mais tout en accordant cette prĂ©voyance, est-il probable qu’aprĂšs la mort d’HĂ©liogabale, on ait osĂ© mettre en circulation des espĂšces Ă  son effigie ? L’abbĂ© Vignoli, en produisant un monument synchronique, connu sous le nom de chaire de saint Hippolyte, dĂ©termina l’époque de l’élĂ©vation au trĂŽne d’Alexandre SĂ©vĂšre ; et par cette donnĂ©e historique, il fixa la mort de son prĂ©dĂ©cesseur HĂ©liogabale au . D’un autre cĂŽtĂ©, le P. Virginius Valsecchi soutenait que cet empereur, voulant passer pour le fils de Caracalla, et faire regarder les quatorze mois du rĂšgne de Macrin comme un temps d’usurpation, avait commencĂ© Ă  dater son empire du jour de la mort de Caracalla, ce qui placerait la sienne au . Comme on avait rĂ©voquĂ© en doute la double Ă©lection de Justin, Torre Ă©crivit un second MĂ©moire afin de justifier cette assertion, dont il s’était servi pour rendre croyable la cinquiĂšme puissance tribunitienne d’HĂ©liogabale. La question fut loin d’ĂȘtre dĂ©cicidĂ©e ; et de nouvelles publications de la part de Vignoli et de Valsecchi la rendirent encore plus difficile Ă  rĂ©sondre. Ce qui doit Ă©tonner dans Mgr. del Torre, c’est la variĂ©tĂ© de ses connaissances positives. En sortant de cette discussion, dans laquelle il avait tĂąchĂ© d’éclaircir un des points les plus difficiles de la chronologie ancienne, il examina un phĂ©nomĂšne d’optique, donna une description dĂ©taillĂ©e d’un enfant et d’un poulet monstrueux, se remit Ă  son ami Vallisneri pour combattre le systĂšme de Boisregard sur la gĂ©nĂ©ration des vers dans le corps humain, et Ă©crivit une lettre au marquis Giovanni Poleni, Ă  l’occasion de l’éclipse du . Cette derniĂšre dissertation, dans laquelle l’évĂȘque d’Adria abordait une question qui avait embarrassĂ© les acadĂ©miciens de Paris, en 1706, tendait Ă  expliquer pourquoi le disque solaire, couvert pour 11⁄12 par la Lune, conservait encore un Ă©clat plus fort que sa douziĂšme partie ne devait en rĂ©pandre. Torre mourut le Ă  Rovigo, chef-lieu de son diocĂšse[3].

ƒuvres

  • (la) Monumenta veteris Antii hoc est inscriptio M. Aquilii et tabula solis Mithrae variis figuris & symbolis exsculpta, Rome 1700 et 1714, in-4°, fig. La seconde Ă©dition est plus complete que la premiĂšre ; insĂ©rĂ©e par Burmann dans le t. VIII de son Thesaurs rerum italicarum.
  • (la) Taurobolium antiquum Lugduni anno 1704 repertum, cum explicatione, insĂ©rĂ© pĂĄr Sallengre dans le t. II du Thesaurus novus antiquitatum romanarum, et par Le Clerc, dans sa Biblioth. choisie, XVII, 167-185.
  • (la) De annis imperii M. Aurelii Antonini Elagabali et de initio imperii, ac duobus consulatibus Justini Junioris, Padoue, 1713, in-4°, et Venise, 1741, avec la Vie de l'auteur par Fontanini.
  • (it) Lettera intorno alla generazione de’ vermi, dans l’ouvrage de Vallisneri, intitulĂ© : Nuove osservazioni ed esperienze intorno all’ovaja, etc., Padoue, 1713, in-4°.
  • (la) De quadam tela, quĂŠ non comburitur, dans le Diarium italicum de Montfaucon, page 450. C'est une dissertation sur une toile d’amiante trouvĂ©e dans un tombeau, Ă  Rome.
  • (la) Philippi a Turre Dissertationes de Beleno, et aliis quibusdam Aquilejensium diis : ac de colonia Forojuliensi. Addita sunt fragmenta inscriptionum fratrum Arvalium recĂšns in agro romano effossa, ut & plures inscriptiones Aquilejenses, aliaeque in variis provinciae Forojuliensis locis extantes.

Références

  1. BibliothÚque Italique ou Histoire littéraire de l'Italie, vol. 8, Marc-Michel Bousquet, (lire en ligne)
  2. (en) C. Knight, The Penny CyclopĂŠdia of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge,, vol. 25, (lire en ligne), p. 51
  3. « Del Torre, Filippo (1657-1717) », BnF
  4. (it) « Del Torre, Filippo », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 38, (lire en ligne)
  5. (en) David M. Cheney, « Bishop Filippo della Torre », catholic-hierarchy.org
  6. C’est le nom qu’on donnait Ă  une sorte de sacrifice en l’honneur de CybĂšle. Le Taurobolium de Lyon avait Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© sous l’empereur Antonin le Pieux, l’an de Rome 913, 160 de J. C. ; tandis qu’on n’en connaissait pas d’antĂ©rieurs Ă  928, 175 de J. C. Voy. une Dissertation de Van Dale, sur les Tauroboles ; et Colonia, Histoire lit. de Lyon, I, 192.
  7. Giornale de’ letterati d’Italia (1710), tom. V, pag 360.

Bibliographie

  • « Filippo Del Torre », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabĂ©tique de la vie publique et privĂ©e de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littĂ©rateurs français ou Ă©trangers, 2e Ă©dition, 1843-1865 [dĂ©tail de l’édition]

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.