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Festuca eskia

La Fétuque eskia ou le Gispet (Festuca eskia) est une espèce de plantes herbacées du genre Festuca et de la famille des Poaceae. Cette fétuque est une endémique pyrénéenne que l'on retrouve dans les pelouses montagnardes siliceuses et d'autres en gradins.


Étymologie

« Festuca » proviendrait du celtique « fest » signifiant « pâture » car le genre est fréquent dans les pâturages. « eskia » viendrait de l'espagnol « esquiza » et du grec « skizeïn » signifiant « fendre », car cette plante est réputée pour blesser le mufle ou les flancs des bestiaux.

Description

FĂ©tuque eskia, gravure de H. Coste

Cette fĂ©tuque est une plante vivace de 20 Ă  50 cm de haut, cespiteuse et sociale dont la floraison est de juillet Ă  aout et la pollinisation est effectuĂ©e par le vent.

Sa souche est courte, rameuse et fibreuse. Ses feuilles, d'un vert brillant Ă  glauque, sont enroulĂ©es Ă  la manière des joncs, Ă©paisses (1 Ă  1,5 mm) et piquantes. Les feuilles basales sont très longues, souvent arquĂ©es, lisses et glabres. Leur ligule est très longue (4 Ă  mm) et souvent fripĂ©e. Les fleurs sont panachĂ©es de vert, de jaune et de violet et dressĂ©es en panicule, dont la tige est fixĂ©e isolĂ©ment ou par binĂ´me. Les Ă©pillets sont assez long (de 8 Ă  10 mm) et contiennent 5 Ă  8 fleurs. Les glumes sont de taille inĂ©gale et aigĂĽes. Les glumelles infĂ©rieures sont lancĂ©olĂ©es et très membraneuses. Elles portent 5 nervures parallèles et sont prolongĂ©es par une courte pointe ou une arĂŞte. La souche forme Ă©galement une multitude de rejets stĂ©riles sortant des gaines infĂ©rieures, ce phĂ©nomène se nomme « innovation extravaginale »[1].

Sous-espèce, variétés et hybride

Festuca eskia s'hybride naturellement avec Festuca gautieri, il faut donc être attentif aux caractères communs et distinctifs lors de la détermination[5]. Par ailleurs, une confusion peut exister avec la variété Festuca eskia var. flavescens Loscos & J.Pardo pour la sous-espèce Festuca gautieri subsp. scoparia (Hack. & A.Kern.) Kerguélen[6].

Écologie

Festuca eskia
Pelouse silicieuse pyrénéenne à Festuca eskia (Festucion eskiae)
Pelouse à 2340 m d'altitude (Solsonès, Catalogne, Espagne)

Distribution géographique

Le gispet est très commun dans les PyrĂ©nĂ©es françaises et espagnoles, d'oĂą il est endĂ©mique. Il est prĂ©sent du sommet de l'Ă©tage collinĂ©en Ă  l'Ă©tage alpin, de 500 Ă  3 000 m d'altitude. Ces caractĂ©ristiques font de lui un orophyte endĂ©mique pyrĂ©nĂ©en[1].

Exigences Ă©cologiques

Festuca eskia est une héliophile totale. Elle affectionne les sols acides, contenant peu de bases et très peu d'éléments nutritifs. Elle est liée aux limons qu'ils soient purs, sableux ou caillouteux. La silice fait partie de ses préférences. Quant à ses exigences en eau, elles sont assez moyennes voire modestes[1].

Phytosociologie

Le gispet affectionne les éboulis à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia), les pelouses montagnardes à Nardus stricta paturées par les moutons ou non (Nardion strictae). Il est également courant dans les combes à neige à saule herbacé (Salicetea herbaceae), les hêtraies et hétraies-sapinières ouvertes (Luzulo-fagion), les pineraies et les landes à callune, myrtiller et rhododendron (Rhododendron-vaccinion) et les landes à genévrier nain (Juniperion nanae)[1].

Son caractère social créé un biotope particulier, les pelouses du Festucion eskiae[7] :

Ces habitats sont des lieux privilégiés par les vipères qui s'abritent souvent sous leur grosse touffe, ce qui créé des terrains de chasse intéressant pour de nombreux rapaces montagnards.

Champignon endophyte

Une étude conduite par l’INRA [8] a montré qu'il existait chez Festuca eskia un gradient d'infestation par un champignon endophyte en lien avec la tolérance à la sécheresse qu'il procure à la plante, sa fréquence diminuant tandis qu’elle progresse vers l’atlantique. Cet endophyte pourrait s'avérer être un atout pour la revégétalisation sur des zones très séchantes comme des éboulis. En effet, ce champignon, utilisé pour accroître la tolérance au stress des fétuques et ray-grass, est largement utilisé pour augmenter le succès d’implantation et la pérennité des prairies semées aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Australie[9].

Intérêt communautaire

L'alliance du Festucion eskiae figure sur la liste des habitats d’intérêt communautaire européen. Cependant, même si ce groupement présente des cortèges floristiques parfois riches, il est souvent pauvre et dépourvu d’espèces patrimoniales. De plus, les pelouses à fort recouvrement par la fétuque gispet conservent une valeur pastorale faible, du fait de sa faible appétence. Toutefois, J.P. Jouglet rappelle que ces pelouses occupent souvent une superficie importante et peuvent, de ce fait, représenter une part importante de la ressource fourragère de l’unité pastorale. À titre indicatif, J.P. Jouglet propose sur les estives à Festuca eskia un chargement de 65 à 80 génisses/jour/ha contre 80 à 160 brebis/jour/ha[10] - [11].

Notes et références

  1. Flore forestière française Montagne ; JC Rameau, D.Mansion G.Dumé, IDF, 1989
  2. Tela Botanica Festuca eskia subsp. eskia
  3. Tela Botanica Festuca eskia var. eskia
  4. Tela Botanica Festuca eskia var. orientalis 'Nègre'
  5. Thèse CNRS Productivité primaire des pelouses subalpines et alpines: photosynthèse nette des espèces du «fond prairial», TOSCA C. ; LABROUE L Univ. Paul-Sabatier
  6. Tela botanica : Festuca gautieri subsp. scoparia
  7. Corine biotope
  8. Voir en format PDF
  9. Ecovars 2 : Information diffusée gratuitement aux acteurs publics et privés de la revégétalisation en montagne pyrénéenne par le Conservatoire botanique pyrénéen, l’INRA et le SUAIA Pyrénées
  10. Mémoire : Inventaire de la flore et des habitats et propositions de gestion sur le territoire du projet de Parc Naturel Régional des Pyrénées ariégeoises, William Arial, Mémoire Master 1, Mai/Septembre 2006, Université catholique de l'Ouest
  11. Les végétations des alpages des Alpes françaises du sud : Guide technique pour la reconnaissance et la gestion des milieux pâturés d’altitude, JOUGLET J-P., 1999, Editions du CEMAGREF. Cachan, 205 p.

Liens externes

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