Falun Gong hors de Chine continentale
Le Falun Gong, une ancienne discipline de qigong qui combine la mĂ©ditation et des exercices avec la philosophie morale, a commencĂ© Ă se rĂ©pandre largement en Chine Ă partir de 1992 Ă la suite de sa divulgation au grand public par Li Hongzhi. Les premiĂšres confĂ©rences de Li Hongzhi hors de Chine ont eu lieu Ă Paris en 1995. Ă l'invitation de l'ambassadeur de Chine en France, il a prĂ©sentĂ© cette mĂ©thode au personnel de l'ambassade et Ă d'autres personnes[1]. Ă partir de ce moment-lĂ , Li Hongzhi a donnĂ© des confĂ©rences dans d'autres grandes villes dâEurope, en Asie, en Australie et en AmĂ©rique du Nord. Il sâest installĂ© aux Ătats-Unis en 1998[2]. La communautĂ© internationale du Falun Gong est estimĂ©e Ă plusieurs centaines de milliers de personnes, toutefois cette estimation est imprĂ©cise en raison de lâabsence d'adhĂ©sion formelle[3].
Depuis 1999, le Falun Gong est victime d'une rĂ©pression par le rĂ©gime communiste en Chine continentale. En rĂ©ponse, les pratiquants de Falun Gong Ă travers le monde ont lancĂ© des activitĂ©s de sensibilisation Ă la question des droits de l'homme, tel que le lobbying auprĂšs des Ă©lus, la distribution de dĂ©pliants, la participation Ă des sit-in devant les ambassades et les consulats chinois, ainsi que lâorganisation de dĂ©filĂ©s et de manifestations[4] - [5] - [6]. Les pratiquants ont crĂ©Ă© leurs propres mĂ©dias[7], ont fondĂ© des organisations de sensibilisation et de recherche pour acquĂ©rir et diffuser les faits sur la rĂ©pression en Chine[8] et ont entamĂ© des poursuites judiciaires contre les organisateurs et participants prĂ©sumĂ©s de la persĂ©cution[7].
Plusieurs gouvernements Ă©trangers, les Nations unies et les organisations des droits de l'homme comme Amnesty International et Human Rights Watch, ont exprimĂ© leur inquiĂ©tude au sujet des allĂ©gations de torture et de mauvais traitements envers les pratiquants de Falun Gong en Chine[9] - [10]. Toutefois, certains observateurs ont constatĂ© que le Falun Gong n'a pas rĂ©ussi Ă attirer le mĂȘme niveau d'attention et de soutien international que les TibĂ©tains, les ChrĂ©tiens chinois ou les militants pour la dĂ©mocratie. Ceci a Ă©tĂ© attribuĂ© au manque de compĂ©tence du mouvement dans le domaine des relations publiques[11], Ă l'impact de la propagande du Parti communiste contre la pratique[12], ou Ă la nature Ă©trangĂšre Ă la culture occidentale des enseignements du Falun Gong, qui s'identifient aux traditions bouddhiste et taoĂŻste[13].
Organisation et démographie
Organisation
Du fait de sa structure floue et de lâabsence de listes d'adhĂ©sion, il est difficile d'Ă©valuer lâimportance des communautĂ©s du Falun Gong hors Chine. Les groupes locaux affichent les dates et lieux de pratique sur les sites du Falun Gong, mais ne cherchent pas Ă savoir combien il y a de pratiquants Ă chaque endroit. David Ownby, historien Ă lâUniversitĂ© de MontrĂ©al, note qu'il n'y a pas de « niveaux moyen, ou supĂ©rieur dans l'organisation oĂč on pourrait obtenir une telle information ». Il dit que les pratiquants ne sont pas « membres » d'une « organisation », et ne doivent jamais remplir aucun formulaire[14].
L'organisation des diffĂ©rentes communautĂ©s est assurĂ©e par une interconnexion virtuelle sur Internet. En particulier, des communications Ă©lectroniques, des listes de courriel et une sĂ©rie de sites apparaissent comme le principal moyen de coordination des activitĂ©s et de diffusion des enseignements de Li Hongzhi[15]. En plus, Internet sert de lien Ă la communautĂ© des pratiquants et il est aussi utilisĂ© comme un moyen de sensibilisation Ă la persĂ©cution en Chine[16]. Les pratiquants ont crĂ©Ă© plus dâune centaine de sites dans le monde entier. La plupart sont en chinois et en anglais, tandis que d'autres sont en allemand, en français, en russe, en espagnol, en portugais, en japonais et en d'autres langues.
Dans la plupart des grandes et moyennes villes, les pratiquants organisent des sessions réguliÚres de méditation ou d'études en groupe pendant lesquelles ils pratiquent les exercices du Falun Gong et lisent les écrits de Li Hongzhi.
Les sĂ©ances d'exercices et de mĂ©ditation sont dĂ©crites comme des groupes informels qui se rĂ©unissent dans les parcs publics, gĂ©nĂ©ralement le matin, pendant une Ă deux heures[14] - [17]. Les sessions d'Ă©tude en groupe se passent gĂ©nĂ©ralement dans la soirĂ©e dans des rĂ©sidences privĂ©es, des salles dâuniversitĂ©s ou d'Ă©coles secondaires, et sont dĂ©crites par David Ownby comme « la chose la plus proche d'une « congrĂ©gation rĂ©guliĂšre » » quâon peut trouver dans le Falun Gong[18]. Les personnes qui sont trop occupĂ©es, isolĂ©es, ou qui prĂ©fĂšrent tout simplement la solitude peuvent aussi pratiquer chez elles[18].
De grandes confĂ©rences de « partage d'expĂ©rience » sont Ă©galement organisĂ©es dans les plus grandes villes. Les pratiquants de Falun Gong partagent leurs expĂ©riences. Ces confĂ©rences, qui peuvent attirer plus dâun millier de personnes, offrent aussi une tribune Ă Li Hongzhi pour sâadresser Ă ses disciples[19].
DĂ©mographie
David Ownby confirme les estimations selon lesquelles le Falun Gong est pratiquĂ© par des centaines de milliers de personnes hors de Chine[3], les plus grandes communautĂ©s se trouvant Ă TaĂŻwan et dans les villes d'AmĂ©rique du Nord ayant une importante population chinoise, telles que New York et Toronto. Les enquĂȘtes dĂ©mographiques des sociologues Susan Palmer et David Ownby dans les communautĂ©s nord-amĂ©ricaines ont mis en Ă©vidence que 90 % des pratiquants sont d'origine chinoise (en Europe, il y a proportionnellement plus dâOccidentaux). L'Ăąge moyen est d'environ 42 ans[14]. Parmi ceux ayant rĂ©pondu Ă lâenquĂȘte, 56 % sont des femmes et 44 % des hommes, 80 % sont mariĂ©s. Les enquĂȘtes ont rĂ©vĂ©lĂ© que les personnes interrogĂ©es sont trĂšs instruites : 9 % dĂ©tiennent un doctorat, 34 % ont un diplĂŽme de niveau bac + 5, et 24 % ont un diplĂŽme de niveau bac + 3 Ă bac + 4[20].
La plupart des pratiquants de Falun Gong en AmĂ©rique du Nord sont des Ă©tudiants chinois ayant Ă©migrĂ© dans les annĂ©es 1980 et 1990. Comme lâa constatĂ© Craig Burgdoff dans sa recherche ethnographique parmi les pratiquants de l'Ohio, 85 Ă 90 % sont des Ă©tudiants chinois de troisiĂšme cycle ou des membres de leur famille[17]. Des rĂ©sultats similaires ont Ă©tĂ© confirmĂ©s en AmĂ©rique du Nord par Scott Lowe, professeur de philosophie et d'Ă©tudes religieuses Ă l'universitĂ© Eau Claire du Wisconsin. Dans un sondage Internet de 2003, Scott Lowe a constatĂ© que les Chinois qui vivent dans les pays occidentaux et ont rĂ©pondu Ă lâenquĂȘte sont « tous bien Ă©duquĂ©s, reprĂ©sentant clairement l'Ă©lite expatriĂ©e », sont tous titulaires d'un diplĂŽme de maĂźtrise ou plus[21]. Le profil de formation des participants Ă lâenquĂȘte de Singapour et de Malaisie est plus variĂ© avec une participation minoritaire de diplĂŽmĂ©s[21].
La majoritĂ© des Ă©lĂšves en AmĂ©rique du Nord a appris le Falun Gong aprĂšs avoir quittĂ© la Chine[20]. Contrairement Ă la situation en Chine, ou on trouve beaucoup de femmes retraitĂ©es parmi les pratiquants, l'enquĂȘte de David Ownby effectuĂ©e entre 1999 et 2002 lors des confĂ©rences Ă MontrĂ©al, Toronto et Boston, a rĂ©vĂ©lĂ© que le pratiquant chinois en AmĂ©rique du Nord est en gĂ©nĂ©ral « jeune, urbain, dynamique[22] ». Les adhĂ©rents non-chinois du Falun Gong tendent Ă correspondre au profil des non-conformistes et « chercheurs spirituels[23] », c'est-Ă -dire des personnes qui ont essayĂ© une variĂ©tĂ© dâautres qigong, yoga, ou pratiques religieuses avant de trouver le Falun Gong. Ceci est en contraste avec lâimage habituelle dâun Chinois, quâOwnby dĂ©crit comme « la plus droite des flĂšches droites[23] ».
Les raisons pour pratiquer le Falun Gong
Les enquĂȘtes effectuĂ©es parmi les pratiquants de Falun Gong en AmĂ©rique du Nord rĂ©vĂšlent que les raisons les plus frĂ©quemment Ă©voquĂ©es pour avoir commencĂ© la pratique sont les enseignements, les exercices et les effets sur la santĂ©. Dans une Ă©tude menĂ©e par David Ownby, prĂšs de 30 % des pratiquants ont dit avoir Ă©tĂ© attirĂ©s par le Falun Dafa Ă cause de son « contenu intellectuel », 27 % par la possibilitĂ© « d'Ă©lĂ©vation spirituelle », 20 % par les « bienfaits pour la santĂ© », 15 % par les exercices, 7 % par la personnalitĂ© de Li Hongzhi et 2 % par la communautĂ© des pratiquants[24]. Selon David Ownby, le « contenu intellectuel » se rĂ©fĂšre au fait que les enseignements du Falun Dafa parlent du « fonctionnement de l'univers physique et moral[24] ».
L'enquĂȘte de Scott Lowe a constatĂ© que les enseignements spirituels et la possibilitĂ© dâacquĂ©rir une bonne santĂ© du Falun Gong Ă©taient les raisons les plus courantes pour commencer la pratique. Dans l'enquĂȘte de Lowe, 22 rĂ©pondants ont mentionnĂ© « la philosophie de MaĂźtre Li et ses rĂ©ponses aux questions les plus difficiles de la vie » comme lâavantage principal de la discipline, tandis que vingt autres ont Ă©tĂ© attirĂ©s par lâamĂ©lioration de la santĂ©. Neuf ont Ă©tĂ© attirĂ©s par les principes moraux, douze par les livres, dix par les exercices et d'autres par une variĂ©tĂ© d'autres facteurs[21]. Plusieurs rĂ©pondants ont conclu que d'autres formes de qigong « manquent de profondeur, sont esotĂ©riques et superficielles», alors qu'ils pensent que le Falun Gong est le «systĂšme le plus complet, efficace et universel de cultivation spirituelle de la planĂšte »[21].
LâenquĂȘte de Scott Lowe demandait aussi aux pratiquants si lâattrait du Falun Gong avait Ă©voluĂ© pour eux au fil du temps. Dix ont affirmĂ© quâil Ă©tait le mĂȘme car ils avaient commencĂ© Ă pratiquer le Falun Gong pour atteindre lâaccomplissement, ce qui est le but de la pratique[21]. Dâautres, ont graduellement commencĂ© Ă donner moins dâimportance Ă lâamĂ©lioration de la santĂ© qu'ils ont acquise puisquâils ont commencĂ© Ă la considĂ©rer « comme un rĂ©sultat assez trivial de la pratique ». Vingt-six rĂ©pondants ont dit qu'ils ont acquis un nouveau sentiment de certitude morale et dâĂ©lĂ©vation spirituelle, tandis que dix « montraient une ferme dĂ©termination dâarriver au but ultime de la pratique en obtenant lâaccomplissement[21]. »
Réactions du mouvement hors de Chine à la persécution en Chine
En , le Parti communiste chinois a lancĂ© une campagne visant Ă Ă©liminer le Falun Gong, recourant Ă l'emprisonnement extrajudiciaire, la torture et d'autres mesures coercitives ainsi quâĂ la propagande[25]. Les pratiquants de Falun Gong Ă l'intĂ©rieur et Ă l'extĂ©rieur de la Chine ont adoptĂ© diffĂ©rentes approches pour rĂ©sister et attĂ©nuer la rĂ©pression en Chine. Ces approches incluent lâutilisation des mĂ©dias, le lobbying auprĂšs des gouvernements et des ONG, des protestations et des manifestations publiques et des demandes de recours judiciaires. Comme la persĂ©cution en Chine continuait, les pratiquants Ă l'Ă©tranger liaient de plus en plus leurs appels Ă l'aide au contexte des discours occidentaux dans le domaine des droits de l'homme, mettant l'accent sur la libertĂ© d'expression, de rassemblement et de conscience.
Initiatives juridiques
Les avocats agissant au nom des pratiquants de Falun Gong ont déposé à travers le monde des dizaines de plaintes largement symboliques contre Jiang Zemin, Luo Gan et d'autres responsables chinois les accusant de génocide et de crimes contre l'humanité[26]. Selon International Advocates for Justice, le Falun Gong a déposé le plus grand nombre de plaintes contre les violations des droits de l'homme au XXIe siÚcle, tandis que leurs accusations sont parmi les crimes internationaux les plus graves reconnus par des lois pénales internationales[7]. En 2006, 54 poursuites judiciaires civiles et pénales étaient en cours dans 33 pays[7].
Dans certains cas, les tribunaux ont refusĂ© de se prononcer sur les cas du Falun Gong contre les responsables chinois en raison de l'immunitĂ© des chefs d'Ătat. En , cependant, Jiang Zemin et Luo Gan ont Ă©tĂ© inculpĂ©s par un tribunal espagnol sur des accusations de gĂ©nocide et de crimes contre l'humanitĂ© Ă la suite de leur implication dans la rĂ©pression du Falun Gong[27]. Un mois plus tard, un juge argentin a conclu que Jiang Zemin et Luo Gan avaient mis en Ćuvre une « stratĂ©gie de gĂ©nocide » dans la campagne de l'Ă©radication du Falun Gong, et a demandĂ© Ă Interpol de les arrĂȘter[28].
En , une plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e au nom de pratiquants de Falun Gong contre la sociĂ©tĂ© Cisco, le gĂ©ant de la technologie. La plainte affirme, en se basant principalement sur des documents internes de Cisco, que cette sociĂ©tĂ© a « dĂ©veloppĂ© et mis Ă disposition du Parti communiste chinois un systĂšme de surveillance, sachant qu'il serait utilisĂ© pour exterminer ceux qui croient dans le Falun Gong et de les soumettre Ă la dĂ©tention, aux travaux forcĂ©s et Ă la torture ». Cisco nie avoir adaptĂ© ses produits pour quâils puissent faciliter la censure ou la rĂ©pression[29].
En plus de plaintes contre les hauts responsables chinois et des sociĂ©tĂ©s, les pratiquants de Falun Gong ont dĂ©posĂ© un certain nombre de plaintes pour discrimination Ă lâextĂ©rieur de la Chine, la plupart d'entre elles au sein de la communautĂ© chinoise. Plusieurs plaintes ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es, avec des rĂ©sultats mitigĂ©s, aprĂšs que des groupes de Falun Gong aient Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s de participer Ă diffĂ©rents dĂ©filĂ©s ou Ă©vĂ©nements[30] - [31] - [32]. Au Canada et Ă New York, les pratiquants de Falun Gong ont gagnĂ© des procĂšs contre les entreprises ou organisations communautaires chinoises pour la discrimination de leur croyance[33] - [34].
Les pratiquants de Falun Gong ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans un certain nombre de cas de diffamation par des mĂ©dias en langue chinoise ou des agents du gouvernement chinois. En 2004, JoĂ«l Chipkar, un pratiquant de Falun Gong canadien, a gagnĂ© un procĂšs en diffamation contre Pan Xinchun, un agent du consulat chinois Ă Toronto. Ce dernier avait traitĂ© JoĂ«l Chipkar de membre d'une « secte sinistre » dans un article de journal. Pan Xinchun a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă payer 10 000 dollars en dommages-intĂ©rĂȘts Ă JoĂ«l Chipkar, mais il a quittĂ© le pays avant de le faire[35]. En 2008, la Cour d'appel du QuĂ©bec au Canada, a dĂ©cidĂ© qu'un journal de langue chinoise, « Les Presses Chinoises », avait diffamĂ© le Falun Gong en dĂ©crivant cette pratique comme dangereuse et perverse. La Cour n'a pas exigĂ© de payer des dommages-intĂ©rĂȘts, car la diffamation ciblait un groupe et non des plaignants individuels[36].
Création de médias
Au dĂ©but des annĂ©es 2000, les pratiquants de Falun Gong aux Ătats-Unis ont commencĂ© Ă crĂ©er leurs propres mĂ©dias en chinois pour faire connaĂźtre plus largement leur cause et donner une version alternative aux informations dominantes des mĂ©dias d'Ătat chinois. Il s'agit notamment du journal Epoch Times, de la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision New Tang Dynasty et de la station de radio Son de l'espoir. En plus dâinformer sur la situation autour du Falun Gong, ils considĂšrent dâun Ćil critique la politique du Parti communiste chinois en gĂ©nĂ©ral, faisant des reportages sur d'autres questions relatives aux droits de l'homme en Chine, la corruption, l'environnement et les questions de santĂ© publique, etc. Selon Zhao Yuezhi, professeur en communications, ces mĂ©dias sont un exemple de la façon dont le Falun Gong a formĂ© une « alliance mĂ©diatique de facto » avec les mouvements dĂ©mocratiques chinois en exil, comme on le constate par la publication frĂ©quente d'articles Ă©crits par les principaux critiques en exil du gouvernement chinois[37].
Bien qu'initialement crĂ©Ă© pour rĂ©pondre aux besoins de couverture mĂ©diatique en chinois, ces mĂ©dias ont prolongĂ© leur couverture Ă plusieurs autres langues. Ces mĂ©dias affirment qu'ils ne sont pas formellement affiliĂ©s au Falun Gong, qui nâa ni organisation centralisĂ©e ni ressources financiĂšres[38]. Cependant, la plupart de leur personnel sont adhĂ©rents du Falun Gong et beaucoup dâentre eux contribuent bĂ©nĂ©volement[39].
Manifestations
AprĂšs le dĂ©but de la persĂ©cution en Chine en 1999, les pratiquants hors Chine ont commencĂ© Ă organiser des manifestations, des rassemblements et des appels. Il s'agit notamment de marches de protestation, de manifestations et de veillĂ©es organisĂ©es autour des anniversaires des dates importantes, comme le et le . Les marches de protestation se composent gĂ©nĂ©ralement des participants portant des panneaux et des banderoles, tandis que diffĂ©rentes parties de la marche sont consacrĂ©es aux diffĂ©rents aspects de la persĂ©cution. Il y a souvent un groupe de participants vĂȘtus en blanc (symbolisant le deuil) qui portent les images de ceux qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s en Chine.
Les pratiquants de Falun Gong organisent Ă©galement des sit-ins devant les ambassades et consulats chinois. Les pratiquants de Vancouver au Canada continuent de mener la plus longue des protestations ininterrompue contre la persĂ©cution. Elle se tient 24 heures sur 24, sept jours sur sept, Ă l'entrĂ©e du consulat chinois rue Granville[40]. En , le maire de Vancouver a annoncĂ© que les panneaux et autres objets de protestation devaient ĂȘtre enlevĂ©s conformĂ©ment Ă la lĂ©gislation contre lâĂ©tablissement de structures permanentes sur la propriĂ©tĂ© publique[41]. En 2010, la Cour d'appel de la Colombie-Britannique a dĂ©cidĂ© que lâordre de la ville pour enlever les structures de protestation Ă©tait inconstitutionnel, et les structures ont Ă©tĂ© restaurĂ©es[42].
Les anniversaires des dates importantes de la persĂ©cution sont marquĂ©s par les protestations des communautĂ©s de Falun Gong Ă travers le monde. Par exemple, Ă Washington, l'anniversaire du est marquĂ© par un rassemblement de milliers de pratiquants au Capitole des Ătats-Unis[43]. Les visites diplomatiques des hauts responsables chinois sont Ă©galement souvent accompagnĂ©es de manifestations des pratiquants de Falun Gong[44].
Défilés
Contrairement aux manifestations qui sont destinĂ©es Ă attirer l'attention sur la rĂ©pression en Chine, les dĂ©filĂ©s de Falun Gong comprennent gĂ©nĂ©ralement la dĂ©monstration de danses, des costumes et des chants traditionnels chinois ainsi que des exercices de Falun Gong, des tambours, des chars allĂ©goriques et des banderoles[45]. Les pratiquants organisent rĂ©guliĂšrement des dĂ©filĂ©s ou des dĂ©monstrations publiques dâarts traditionnels chinois autour du , l'anniversaire du premier enseignement public de la pratique en Chine. Les pratiquants participent Ă©galement Ă diffĂ©rents dĂ©filĂ©s organisĂ©s Ă travers le monde pour faire connaĂźtre leur mouvement et son message[19].
Arts et culture
Plusieurs pratiquants de Falun Gong et organisations hors Chine sont engagĂ©s dans la promotion des arts traditionnels chinois. Les pratiquants considĂšrent le Falun Gong comme faisant partie dâune vaste tradition culturelle qui a donnĂ© naissance aux arts traditionnels chinois, qu'ils dĂ©crivent comme ayant Ă©tĂ© supprimĂ©s et attaquĂ©s sous le rĂšgne du Parti communiste[46].
Les pratiquants de Falun Gong formĂ©s aux arts visuels ont organisĂ© des expositions de leurs Ćuvres comme un moyen de prĂ©senter leurs croyances et leur discipline et de sensibiliser Ă la rĂ©pression en Chine. Il s'agit notamment de Zhang Cuiying, une peintre australienne qui a Ă©tĂ© emprisonnĂ©e en Chine pour sa pratique de Falun Gong[47], et Zhang Kunlun, un citoyen canadien et ancien professeur qui a Ă©galement Ă©tĂ© emprisonnĂ© en Chine[48]. Zhang Kunlun fait partie d'un groupe de douze artistes de Falun Gong qui exposent leurs tableaux Ă l'exposition L'Art de Zhen Shan Ren qui voyage Ă travers le monde[49] - [50]
En 2006, les pratiquants de Falun Gong ayant une formation en danse et en musique classique chinoise ont crĂ©Ă© dans l'Ă©tat de New York la compagnie Shen Yun Performing Arts. Shen Yun comprend trois diffĂ©rentes compagnies de danseurs et musiciens qui font des tournĂ©es internationales. Sa mission est de faire « revivre 5 000 ans de culture chinoise d'inspiration divine ». Les spectacles de Shen Yun se composent de danses classiques chinoises, de danses folkloriques ethniques, de musiciens solo et de danses qui parlent du Falun Gong[46]. Les spectacles locaux de Shen Yun sont souvent prĂ©sentĂ©s par l'Association de Falun Dafa de la ville dâaccueil[51].
New Tang Dynasty, la chaßne de télévision créée par des pratiquants sino-américains de Falun Gong, présente toute une variété de programmes de sensibilisation culturelle dans le cadre de « faire connaitre et apprécier la culture traditionnelle chinoise ».
Organisations de recherche et sensibilisation
L'Organisation mondiale d'investigation sur la persĂ©cution du Falun Gong (WOIPFG) est un organisme qui enquĂȘte sur « les crimes commis par chaque institution, organisation et individu impliquĂ© dans la persĂ©cution du Falun Gong »[52]. Les sympathisants du Falun Gong ont Ă©galement fondĂ© des groupes tels que les Amis du Falun Gong et la Coalition d'investigation sur la persĂ©cution du Falun Gong (CIPFG)[53].
Outils de contournement
Ă peu prĂšs au mĂȘme moment que le dĂ©but de la rĂ©pression en 1999, les autoritĂ©s chinoises ont commencĂ© Ă installer et Ă renforcer un systĂšme de censure et de surveillance d'Internet, parfois appelĂ© le « bouclier d'or ». Depuis lors, les informations relatives au Falun Gong ont toujours Ă©tĂ© parmi les principales cibles de censure et de surveillance sur Internet[54], tandis que plusieurs pratiquants de Falun Gong auraient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et envoyĂ©s en prison ou dans des camps de travail pour avoir tĂ©lĂ©chargĂ© ou diffusĂ© des informations en ligne[29].
En 2000, les informaticiens nord-américain de Falun Gong ont commencé à développer des outils pour contourner ce systÚme et rendre anonyme ceux qui, en Chine continentale, veulent accéder à des informations sur le Falun Gong[55]. Leurs logiciels, tels que Freegate et GPass, sont devenus des outils populaires pour se soustraire au contrÎle gouvernemental d'Internet dans plusieurs autres pays[56].
Autres initiatives et campagnes
Les pratiquants de Falun Gong ont organisĂ© un certain nombre de campagnes pour attirer l'attention sur la persĂ©cution du Falun Gong en Chine. Un des exemples bien connus a Ă©tĂ© le relais de la flamme des droits de lâhomme, qui a traversĂ© plus de 35 pays en 2007 et 2008 avant les Jeux olympiques de PĂ©kin en 2008[57] - [58]. Le relais avait comme but dâattirer, Ă lâoccasion des Jeux Olympiques, l'attention sur plusieurs questions relatives aux droits de l'homme en Chine, en particulier sur les questions du Falun Gong et du Tibet. Ce relais a Ă©tĂ© soutenu par des centaines d'Ă©lus, dâanciens mĂ©daillĂ©es olympiques, des groupes des droits de lâhomme et d'autres organisations concernĂ©es[57].
Certains pratiquants de Falun Gong tant Ă l'intĂ©rieur quâĂ l'extĂ©rieur de la Chine sont Ă©galement impliquĂ©s dans la promotion du mouvement Tuidang, un phĂ©nomĂšne initiĂ© par une sĂ©rie Ă©ditoriale du journal Epoch Times Ă la fin de 2004. Le mouvement encourage les Chinois Ă renoncer Ă leur affiliation au Parti communiste chinois, y compris Ă sortir a posteriori de la Ligue de la jeunesse communiste et des Jeunes pionniers. Les pratiquants de Falun Gong en dehors de Chine font des appels tĂ©lĂ©phoniques ou envoient des fax en Chine continentale pour informer les chinois de ce mouvement et solliciter des dĂ©clarations de renonciation[59].
Tentatives de rĂ©pression Ă l'Ă©tranger par lâĂtat-parti chinois
La campagne du Parti communiste contre le Falun Gong sâest Ă©tendue aux communautĂ©s de la diaspora chinoise, y compris aux moyens des mĂ©dias, de l'espionnage et de la surveillance des pratiquants de Falun Gong, du harcĂšlement et de la violence envers ces pratiquants, de la pression diplomatique sur les gouvernements Ă©trangers et du piratage de sites Ă©trangers. Selon un transfuge du consulat chinois Ă Sydney, en Australie, « la guerre contre le Falun Gong est une des principales tĂąches de la mission chinoise Ă l'Ă©tranger »[60].
En 2004, la Chambre des reprĂ©sentants des Ătats-Unis a adoptĂ© Ă l'unanimitĂ© une rĂ©solution condamnant les agressions contre les pratiquants de Falun Gong aux Ătats-Unis par des agents du Parti communiste. La rĂ©solution a rapportĂ© que les acolytes du parti ont « fait pression sur les Ă©lus locaux aux Ătats-Unis pour quâils refusent ou retirent leur soutien au groupe spirituel de Falun Gong », que les porte-paroles du Falun Gong ont eu leurs maisons saccagĂ©es et que les individus qui avaient participĂ© aux actions de protestation pacifiques devant les ambassades ont Ă©tĂ© agressĂ©s physiquement[61].
La campagne contre le Falun Gong Ă l'Ă©tranger est dĂ©crite dans les documents de lâorganisme dâĂtat chinois portant le nom de Bureau des affaires des Chinois dâoutremer (BACO). Dans un rapport d'une rĂ©union en 2007 des dirigeants du BACO au niveau national, provincial et municipal, le bureau a mentionnĂ© qu'il « coordonne les actions de la lutte anti-Falun Gong Ă l'Ă©tranger. » Le BACO exhorte les Chinois de l'Ă©tranger Ă participer « Ă la mise en Ćuvre rĂ©solue et Ă l'exĂ©cution de la ligne du Parti, des principes directeurs du Parti et de la politique du Parti » et « Ă propager agressivement la lutte » contre le Falun Gong, les sĂ©paratistes ethniques et les militants taĂŻwanais de lâindĂ©pendance basĂ©s Ă l'Ă©tranger[62]. D'autres institutions et organes d'Ă©tat soupçonnĂ©s d'ĂȘtre impliquĂ©s dans cette campagne Ă l'Ă©tranger sont, entre autres, le ministĂšre de la SĂ©curitĂ© d'Ătat (MSS)[63], le Bureau 610[64]et l'ArmĂ©e populaire de libĂ©ration[60].
Surveillance et espionnage
En 2005, Chen Yonglin, le consul politique du consulat chinois Ă Sydney, ainsi que Jennifer Zeng, une pratiquante de Falun Gong victime de torture en Chine, ont demandĂ© l'asile en Australie en faisant savoir que des agents chinois avaient Ă©tĂ© engagĂ©s dans des opĂ©rations de grande envergure pour surveiller, intimider et saper le soutien au Falun Gong en dehors de la Chine. Chen Yonglin aurait dĂ©clarĂ© que sa fonction principale au consulat chinois consistait Ă surveiller et harceler des pratiquants de Falun Gong, ainsi quâĂ des actions destinĂ©es Ă rĂ©duire le soutien Ă la pratique de la part des mĂ©dias et des Ă©lus australiens. Mme Zeng a avouĂ© que « lâespionnage et l'intimidation des pratiquants de Falun Gong Ă l'Ă©tranger sont tellement rĂ©pandus que beaucoup d'entre nous sây sont habituĂ©s »[60].
Hao Fengjun, un autre rĂ©fugiĂ© en Australie, avait travaillĂ© pour le Bureau 610 de la ville de Tianjin et affirme que son travail consistait Ă la collecte et l'analyse des rapports de renseignement sur le Falun Gong provenant d'Europe, dâAustralie et dâAmĂ©rique du Nord. Par consĂ©quent, les Bureaux 610 locaux sont impliquĂ©s dans l'espionnage Ă l'Ă©tranger. Un autre transfuge du ministĂšre chinois de la SĂ©curitĂ© d'Ătat, un organe qui assure les fonctions de renseignement Ă la fois au niveau national et international, a affirmĂ© que la rĂ©pression et la surveillance des chrĂ©tiens clandestins et des pratiquants de Falun Gong est la tĂąche principale de ce ministĂšre[65].
En 2005, un agent du MinistĂšre de la SĂ©curitĂ© d'Ătat (MSE) travaillant Ă l'ambassade de Chine Ă Berlin, a recrutĂ© un pratiquant de Falun Gong allemand Dr. Dan Sun pour agir comme informateur[64]. Selon le magazine Der Spiegel, ce cas a dĂ©montrĂ© combien « la lutte [contre le Falun Gong] est importante pour le gouvernement [chinois] » et « montre l'approche parfois trĂšs agressive utilisĂ©e par les services de renseignement chinois »[64].
Listes noires
Les autoritĂ©s chinoises auraient Ă©tabli des listes des principaux pratiquants et adhĂ©rents du Falun Gong Ă l'Ă©tranger, et ils utilisent ces listes noires pour leur imposer des restrictions de voyage et de visa. Chen Yonglin, le transfuge du consulat chinois Ă Sydney, a dĂ©clarĂ© en 2005 que prĂšs de 800 pratiquants de Falun Gong australiens avaient Ă©tĂ© mis sur une telle liste (Mr Chen a affirmĂ© qu'il a essayĂ© dâenlever la plupart de leurs noms de la liste)[66].
à la veille des Jeux Olympiques, les services de sécurité publique chinois auraient demandé au gouvernement japonais des listes de pratiquants de Falun Gong japonais. Cette demande a été rejetée[67].
En , lorsque Jiang Zemin Ă©tait en visite en Islande, les autoritĂ©s islandaises se sont soumises aux exigences du gouvernement chinois qui demandait de renvoyer les pratiquants de Falun Gong qui cherchaient Ă entrer dans ce pays pour protester contre la persĂ©cution. En utilisant une liste noire fournie par la Chine, des centaines de pratiquants de Falun Gong ont Ă©tĂ© refoulĂ©s par la compagnie aĂ©rienne nationale ou mis en dĂ©tention s'ils avaient rĂ©ussi Ă arriver en Islande. La liste noire a dĂ©clenchĂ© les protestations des Islandais et des membres du parlement[68]. En 2011, Ăssur SkarphĂ©Ă°insson, ministre des Affaires Ă©trangĂšres de l'Islande, a prĂ©sentĂ© publiquement des excuses pour avoir violĂ© la libertĂ© d'expression et de dĂ©placement des pratiquants de Falun Gong[69].
En , une hÎtesse de l'air de la compagnie aérienne australienne Qantas, a été rétrogradée et assignée aux vols à courte distance aprÚs avoir été menacée par des responsables chinois à Pékin, bien qu'y ayant volé plusieurs fois auparavant[70].
Bien que le Falun Gong soit pratiquĂ© librement Ă Hong Kong, les pratiquants de Falun Gong Ă©trangers ont Ă©galement signalĂ© avoir Ă©tĂ© mis sur la liste noire pour empĂȘcher leur entrĂ©e sur ce territoire. En 2001, les responsables de Hong Kong ont admis qu'ils avaient Ă©tabli une liste noire pour refuser l'entrĂ©e Ă environ 100 pratiquants de Falun Gong lors d'une visite de Jiang Zemin, alors dirigeant du Parti communiste chinois[71]. En 2004, un pratiquant de Falun Gong canadien en tournĂ©e touristique sâĂ©tait vu refuser l'entrĂ©e sur le territoire de Hong Kong[72], et en 2008, deux pratiquants de Falun Gong des Ătats-Unis et de la Suisse se sont sĂ©parĂ©ment vu refuser l'entrĂ©e lors de leurs voyages dans des buts professionnels et de recherche[73].
En 2003, 80 pratiquants taĂŻwanais ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s de se rendre Ă Hong Kong, et de nouveau en 2007, des centaines d'autres TaĂŻwanais se sont vus refuser l'entrĂ©e Ă Hong Kong ou ont Ă©tĂ© dĂ©tenus Ă l'aĂ©roport[74]. Ces incidents ont fait lâobjet dâune enquĂȘte sur la violation des droits de lâhomme qui a durĂ© six ans et qui a testĂ© lâapplication rĂ©elle de lâarrangement « un pays, deux systĂšmes »[75]. En 2009, l'action en justice du Falun Gong contre le ministĂšre de l'Immigration de Hong Kong a Ă©tĂ© rejetĂ©e[76]. Quelques mois plus tard, les fonctionnaires de l'immigration de Hong Kong ont refusĂ© le visa Ă plusieurs membres de la compagnie de danse de Shen Yun, liĂ© au Falun Gong, qui devait prĂ©senter un spectacle dans le pays en [77].
Perturbation et surveillance des communications Ă©lectroniques
Depuis 1999, les pratiquants de Falun Gong en dehors de Chine rapportent que leurs lignes tĂ©lĂ©phoniques sont mises sur Ă©coute et leurs correspondances Ă©lectroniques surveillĂ©es[78]. Selon Ethan Gutman, expert de l'Internet chinois, les sites de Falun Gong basĂ©s hors de Chine ont Ă©tĂ© les premiĂšres cibles des cyber-attaques provenant de Chine[54]. En 2011, les sĂ©quences dâarchives diffusĂ©es sur CCTV ont montrĂ© du personnel de l'ArmĂ©e populaire de libĂ©ration effectuant des attaques sur les sites de Falun Gong basĂ©s aux Ătats-Unis[60].
Violence
Dans des cas isolés, des actes de violence auraient été commis à l'étranger contre les pratiquants de Falun Gong par des agents du gouvernement chinois. Toutefois, leur lien avec les autorités chinoises est parfois difficile à prouver.
En , cinq pratiquants de Falun Gong ont Ă©tĂ© agressĂ©s alors qu'ils manifestaient en face du consulat chinois de Chicago. Les agresseurs, qui ont par la suite Ă©tĂ© reconnus coupables de coups et blessures, Ă©taient membres d'une association sino-amĂ©ricaine en lien avec le consulat chinois[61]. En 2002, Leon Wang, un pratiquant dâOttawa ĂągĂ© de 25 ans, a dĂ©clarĂ© avoir reçu des coups de pied, Ă©tĂ© traĂźnĂ© et battu Ă l'intĂ©rieur de lâambassade de Chine aprĂšs avoir Ă©tĂ© surpris en train de prendre des photos d'une exposition anti-Falun Gong qui y Ă©tait organisĂ©e. L'ambassade a rĂ©pondu que Wang « avait pĂ©nĂ©trĂ© sournoisement (...) et avait perturbĂ© le dĂ©roulement normal » de l'Ă©vĂ©nement[79].
En , le pratiquant de Falun Gong australien David Liang a Ă©tĂ© blessĂ© en Afrique du Sud par des coups de feu provenant dâune voiture qui doublait la sienne. Le but de sa visite Ă©tait de manifester pendant les rĂ©unions de la Commission binationale Afrique du Sud - Chine et de demander lâouverture de lâenquĂȘte sur les responsables chinois de haut rang pour leur implication dans la rĂ©pression du Falun Gong. Les pratiquants affirment que cette fusillade Ă©tait une tentative d'assassinat, car les agresseurs n'ont pas essayĂ© de les voler. Les fonctionnaires de l'ambassade chinoise ont niĂ© toute implication[80]. En , les pratiquants de Falun Gong dâArgentine ont dĂ©posĂ© une plainte contre l'ancien chef du Bureau 610 et le membre du Politburo Luo Gan, alors qu'il visitait ce pays. Pendant la visite de Luo Gan, les pratiquants ont Ă©tĂ© battus par des agresseurs chinois sur la place du CongrĂšs Ă Buenos Aires. La police aurait reçu l'ordre de ne pas intervenir[81]. Le directeur d'Amnesty International Argentine a suggĂ©rĂ© que les agressions pouvaient avoir « un lien avec les fonctionnaires du gouvernement chinois »[82] - [83].
Au printemps et Ă©tĂ© 2008, les pratiquants de Falun Gong Ă New York sont devenus les cibles de violences rĂ©pĂ©tĂ©es Ă Flushing et dans le Queens oĂč rĂ©side une importante communautĂ© chinoise. Des groupes de Chinois auraient donnĂ© des coups, agressĂ© et jetĂ© des pierres aux pratiquants de Falun Gong, conduisant Ă plusieurs arrestations[84]. Peng Keyu, le consul gĂ©nĂ©ral chinois Ă New York, a Ă©tĂ© impliquĂ© dans l'incitation Ă la violence contre les pratiquants de Falun Gong[85].
Pression diplomatique et commerciale
Les reprĂ©sentants de lâĂtat-parti, agissant gĂ©nĂ©ralement Ă travers la mission diplomatique de Chine Ă l'Ă©tranger, ont exercĂ© une pression diplomatique et commerciale sur les gouvernements, les mĂ©dias et les entreprises privĂ©es Ă©trangers au sujet du Falun Gong.
En AmĂ©rique du Nord, des agents chinois auraient visitĂ© les rĂ©dactions des journaux pour « louer les vertus de la Chine communiste et les maux du Falun Gong[35]. » Il y a Ă©galement eu des cas oĂč les rĂ©dactions des mĂ©dias internationaux ont annulĂ© la programmation ou la publication des articles sur le Falun Gong Ă la suite des exigences du gouvernement chinois. Par exemple, en 2008, la SociĂ©tĂ© Radio-Canada a succombĂ© Ă la pression de l'ambassade chinoise Ă Ottawa pour retirer un documentaire sur le Falun Gong seulement quelques heures avant sa diffusion[86]. En 2009-2010, le Washington Post a commandĂ© un grand reportage sur le Falun Gong. Selon un journaliste, cet article a Ă©tĂ© retirĂ© « immĂ©diatement aprĂšs que l'ambassade de Chine en ait pris connaissance[87]. »
Des diplomates chinois exhortent Ă©galement les politiciens Ă ne pas soutenir ou reconnaĂźtre le Falun Gong et menacent que la manifestation de soutien au Falun Gong pourra compromettre les relations commerciales avec la Chine[61] - [78] - [35]. En 2002, le Wall Street Journal a rapportĂ© que des centaines de municipalitĂ©s amĂ©ricaines avaient reçu des lettres de missions diplomatiques chinoises, leur demandant dâĂ©viter ou de rĂ©primer le Falun Gong, en utilisant des approches qui « mĂ©langeaient une grossiĂšre dĂ©sinformation avec la tactique de faire peur et, dans certains cas, une pression diplomatique et commerciale sournoisement appliquĂ©e[88]. »
Selon Perry Link, la pression sur les institutions occidentales peut prendre des formes plus subtiles, y compris lâautocensure universitaire, quand la recherche sur le Falun Gong est Ă©vitĂ©e parce quâelle pourrait entraĂźner un refus de visas pour les recherches sur le terrain en Chine[89]. Ethan Gutmann a Ă©galement notĂ© que les mĂ©dias et les organisations des droits de l'homme pratiquent aussi l'auto-censure par rapport Ă ce sujet, en tenant compte de l'attitude du gouvernement chinois envers la pratique et des rĂ©percussions probables qui pourraient suivre des dĂ©marches publiques au nom du Falun Gong[90].
Les gouvernements et les entreprises privĂ©es ont Ă©galement Ă©tĂ© mis sous pression par la Chine pour censurer les mĂ©dias gĂ©rĂ©s par les pratiquants de Falun Gong. Par exemple, en 2008, le fournisseur du satellite français Eutelsat a suspendu les Ă©missions vers lâAsie de la chaine de tĂ©lĂ©vision New Tang Dynasty sous la pression de l'Administration d'Ătat pour la radio, le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision chinoise (SARFT). Cette mesure a Ă©tĂ© perçue comme Ă©tant prise en contrepartie de la garantie d'accĂšs au marchĂ© chinois[91].
En 2011, sous la pression des autoritĂ©s chinoises, le gouvernement vietnamien a traduit en justice deux pratiquants de Falun Gong qui opĂ©raient une station de radio Ă ondes courtes et diffusaient des informations en Chine. Les deux pratiquants ont Ă©tĂ© accusĂ©s de radiodiffusion illĂ©gale et condamnĂ©s Ă 2 et 3 ans de prison[92] - [93]. Plus tĂŽt dans la mĂȘme annĂ©e, une autre station de radio opĂ©rĂ©e par les pratiquants de Falun Gong en IndonĂ©sie, la Radio Erabaru, a Ă©tĂ© fermĂ©e sous la pression diplomatique de la Chine[94] - [95].
Attitude et réponse internationale
Les gouvernements occidentaux et les organisations des droits de l'homme ont condamnĂ© la rĂ©pression en Chine et ont soutenu la cause du Falun Gong[96]. Depuis 1999, les membres du CongrĂšs des Ătats-Unis ont fait des dĂ©clarations publiques et proposĂ© plusieurs rĂ©solutions en soutien au Falun Gong[97]. En 2010, la RĂ©solution 605 de la Chambre des reprĂ©sentants a dĂ©crit le Falun Gong comme un ensemble « dâenseignements spirituels, religieux et moraux appliquĂ©s Ă la vie quotidienne, ainsi que de la mĂ©ditation et des exercices basĂ©s sur les principes dâauthenticitĂ©, bienveillance et tolĂ©rance », a appelĂ© à « la fin immĂ©diate de la campagne de persĂ©cution, d'intimidation, d'emprisonnement et de torture des pratiquants de Falun Gong », a condamnĂ© les efforts des autoritĂ©s chinoises pour rĂ©pandre Ă lâĂ©chelle mondiale une « propagande mensongĂšre » sur la pratique, et a exprimĂ© son soutien aux pratiquants de Falun Gong persĂ©cutĂ©s et Ă leurs familles[98] - [99].
En , le Parlement europĂ©en a votĂ© Ă la majoritĂ© absolue une rĂ©solution condamnant les prĂ©lĂšvements forcĂ©s dâorganes effectuĂ©s par lâĂtat chinois, une pratique qui touche en particulier les pratiquants du Falun Gong. La rĂ©solution appelle Ă©galement Ă la libĂ©ration de tous les prisonniers dâopinion en Chine, dont les pratiquants de Falun Gong[100].
Les Rapporteurs spĂ©ciaux des Nations Unies sur la torture, sur les exĂ©cutions extrajudiciaires, sur la violence contre les femmes et sur la libertĂ© de religion et de conviction ont publiĂ© de nombreux rapports condamnant la persĂ©cution du Falun Gong en Chine et ont transmis aux autoritĂ©s chinoises les informations sur des centaines de cas prĂ©occupants. Par exemple, en 2003, le Rapporteur spĂ©cial sur les exĂ©cutions extrajudiciaires a Ă©crit que les rapports en provenance de Chine « dĂ©crivent des scĂšnes Ă©pouvantables dans lesquelles les dĂ©tenus, dont beaucoup sont des disciples du mouvement de Falun Gong, meurent Ă la suite des mauvais traitements, de nĂ©gligence ou de soins mĂ©dicaux. La cruautĂ© et la brutalitĂ© de ces cas de torture rapportĂ©s dĂ©fient toute description[101]. » En 2010, le Rapporteur spĂ©cial sur la libertĂ© de religion et de conviction a condamnĂ© la diffamation contre des groupes religieux minoritaires, en attirant en particulier lâattention sur les gouvernements de l'Iran et de la Chine pour leur attitude envers respectivement le bahaĂŻsme et le Falun Gong[102].
Bien que la rĂ©pression du Falun Gong ait suscitĂ© une condamnation importante en dehors de la Chine, certains observateurs notent que le Falun Gong n'a pas rĂ©ussi Ă attirer autant de soutien et dâattention que d'autres groupes dissidents chinois[90]. Katrina Lantos Swett, la vice-prĂ©sidente de la Commission amĂ©ricaine sur la libertĂ© religieuse internationale, note que la plupart des amĂ©ricains sont au courant de la rĂ©pression des « bouddhistes tibĂ©tains et des groupes chrĂ©tiens non enregistrĂ©s, ainsi que des avocats militant pour la dĂ©mocratie et la libertĂ© d'expression, tels que Liu Xiaobo et Ai Weiwei » mais « ne savent presque rien sur la rĂ©pression du Falun Gong en Chine[103]. »
à partir des années 1999-2001, les reportages des médias occidentaux sur le Falun Gong et en particulier sur le mauvais traitement des pratiquants, étaient fréquents et diversifiés[104]. Toutefois, vers la seconde moitié de 2001, la quantité de ces reportages a tout à coup diminué et aprÚs 2002, la couverture du Falun Gong par les principaux médias tels que le New York Times et le Washington post a presque complÚtement cessé, surtout dans les reportages provenant de Chine[104]. Dans son étude sur la couverture médiatique du Falun Gong, le chercheur Leeshai Lemish a constaté que les médias occidentaux sont également devenus moins objectifs et plus susceptibles de présenter sans aucun discernement la version du Parti communiste, plutÎt que celle du Falun Gong ou des groupes de défense des droits de l'homme[104].
Adam Frank Ă©crit que les mĂ©dias Ă©trangers ont introduit toute une sĂ©rie de limites Ă ne pas franchir dans leurs reportages sur le Falun Gong, ce qui concerne notamment le lien entre le Falun Gong et la tradition historique de Chine, les rapports sur les violations des droits de l'homme contre le groupe, et les reportages sur les expĂ©riences et les effets de la pratique du Falun Gong. En fin de compte, Adam Frank Ă©crit que dans les reportages sur le Falun Gong, lâhabitude occidentale de considĂ©rer ce qui est chinois comme « exotique » a pris le dessus, et que bien que « les faits Ă©taient gĂ©nĂ©ralement correctement rapportĂ©s, le fait que des millions de Chinois considĂ©raient cette discipline comme normale nâest presque jamais mentionnĂ©[105]. » David Ownby souligne que le soutien au Falun Gong a aussi Ă©tĂ© sapĂ© par lâĂ©tiquette de « secte » collĂ©e Ă cette pratique par les autoritĂ©s chinoises, qui nâa jamais Ă©tĂ© entiĂšrement enlevĂ©e de l'esprit de certains Occidentaux, et que cette stigmatisation joue encore un certain rĂŽle dans la perception publique du Falun Gong[12].
Ethan Gutmann, un journaliste qui Ă©crit des reportages sur la Chine depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, a essayĂ© d'expliquer le manque de soutien public au Falun Gong en partie par les lacunes de ce groupe dans le domaine des relations publiques. Ethan Gutmann trouve que contrairement aux militants pour la dĂ©mocratie ou les TibĂ©tains, qui ont trouvĂ© une place confortable dans les perceptions occidentales, « le Falun Gong marche aux battements dâun tambour typiquement chinois. » Ceci, associĂ© au scepticisme occidental envers les rĂ©fugiĂ©s persĂ©cutĂ©s, a formĂ© une perception que les pratiquants de Falun Gong ont une tendance Ă exagĂ©rer les faits ou à « lancer des slogans plutĂŽt que de prĂ©senter les faits »[11]. Ethan Gutmann constate Ă©galement que le Falun Gong n'a pas non plus de soutien solide auprĂšs des Ă©lecteurs amĂ©ricains qui soutiennent en gĂ©nĂ©ral la libertĂ© religieuse : les libĂ©raux se mĂ©fient de la morale conservatrice du Falun Gong, les chrĂ©tiens conservateurs ne mettent pas les pratiquants de Falun Gong Ă la mĂȘme place que les chrĂ©tiens persĂ©cutĂ©s, tandis que les politiciens du centre craignent de faire du tort aux relations commerciales et politiques avec le gouvernement chinois[90]. Ainsi, les pratiquants de Falun Gong ont dĂ» largement compter sur leurs propres ressources pour faire face Ă la rĂ©pression.
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