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Estazolam

L'estazolam est une substance chimique de la famille des benzodiazépines notamment commercialisée sous le nom de Nuctalon ou Prosom. Comme toutes les molécules de cette famille, elle possède des propriétés anxiolytiques, hypnotiques ou sédatives, anticonvulsantes, et myorelaxantes. L'estazolam est uniquement utilisé comme hypnotique en France.

Estazolam
Image illustrative de l’article Estazolam
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Identification
Nom UICPA 8-chloro-6-phényl-4H-[1,2,4]triazolo[4,3-a][1,4]benzodiazépine
No CAS 29975-16-4
No ECHA 100.045.424
No CE 249-982-4
Code ATC N05CD04
Propriétés chimiques
Formule C16H11ClN4 [Isomères]
Masse molaire[1] 294,738 ± 0,016 g/mol
C 65,2 %, H 3,76 %, Cl 12,03 %, N 19,01 %,
Propriétés physiques
T° fusion 228,5 °C
Précautions
Classification du CIRC
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[2]
Données pharmacocinétiques
Demi-vie d’élim. 14h (varie entre 10 et 24 heures)[3] - [4] - [5]
Excrétion

urinaire

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique hypnotique de la famille des benzodiazépines
Conduite automobile proscrite (niveau 3)
Antidote flumazénil
Caractère psychotrope
Catégorie Triazolo-benzodiazépine • dépresseur du SNC
Risque de dĂ©pendance ModĂ©rĂ© (Ă©levĂ© si utilisation Ă  doses Ă©levĂ©es/sur le long cours ou en cas de mĂ©susage)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Il est efficace aux doses d'1 ou mg[6] - [7].

Breveté par Abbott[8] et produit pour la France par Takeda[9] depuis 1977, il est peu prescrit aujourd'hui avec 0,4 million de boites vendues par an[10].

Pharmacologie

Produit proche de l'alprazolam, l'un des anxiolytiques les plus prescrits, il s'en distingue par l'absence de groupe méthyle lié à son triazole en haut de sa structure. Cette différence le rend moins lipophile que son cousin méthylé, ce qui réduit sa vitesse d'absorption[7] (Tmax = 1.5h-2h) dans le système nerveux mais rallonge aussi sa durée d'action[11], en ralentissant sa dispersion au travers des tissus graisseux du corps. Son élimination est relativement lente comparé aux autres hypnotiques avec une demi-vie de 14h en moyenne[12]. Il est donc utilisé pour éviter les réveils prématurés au moins autant que pour induire le sommeil[13]. Dans ce rôle il se rapproche du nitrazépam, hypnotique plus ancien, voire du loprazolam ou du lorazépam qui sont plus répandus en France.

Tout comme les nombreux produits apparentés, l'estazolam influence l'action du GABA en renforçant l'activité des récepteurs GABA-A[14], activés de manière naturelle par le corps. On parle alors d'un modulateur allostérique positif. Contrairement au barbital, ce produit n'est pas un agoniste de ces récepteurs et ne fait que renforcer leur activité lors de leur activation naturelle[15] (ou bien par le fait d'un autre agoniste, comme l'alcool)[16] ce qui limite quelque peu les risques de surdosage.

estazolam
Image illustrative de l’article Estazolam
Informations générales
Princeps
  • Nuctalon (France)
  • Prosom (Canada)
Classe Hypnotiques et sédatifs, dérivés des benzodiazépines, ATC code N05CD04
Forme comprimés dosés à 1 ou à 2 mg
Administration per os - voie orale
Laboratoire Abbott, Takeda
Identification
No CAS 29975-16-4
No ECHA 100.045.424
Code ATC N05CD04
DrugBank 01215

Le produit semble n'avoir aucun effet sur les enzymes du cytochrome P450[17].

Effets secondaires

Les effets indésirables à déplorer sont les mêmes que pour les autres produits de sa classe, avec notamment une certaine somnolence, ainsi que des pertes de mémoire (affectant surtout la mémoire épisodique et la mémoire sémantique)[18]. Les risques de rencontrer ces complications varient de façon notoire en fonction des doses.

S'il est utilisé sur le long terme et a fortiori en grandes quantités, il peut mener à une tolérance et une dépendance non négligeable. Utilisé à hauteur d'mg cependant, il n'induit pas d'accoutumance ni de phénomène de rebond majeur[17] - [19].

Une étude récente a mis en exergue le rôle possible de certaines benzodiazépines dans le développement de la maladie d'Alzheimer[20]. Toutefois, leur rôle dans l'apparition de ces symptômes est infirmé par des études et analyses contradictoires[21] - [22]. Davantage de recherche est nécessaire pour s'exprimer sans équivoque sur le rôle de ces médicaments vis-à-vis des cas de démence ou de certains cancers[23].

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
  3. Gustavson LE;Carrigan PJ;, « The Clinical Pharmacokinetics of Single Doses of Estazolam - PubMed », The American journal of medicine, vol. 88, no 3A,‎ (ISSN 0002-9343, PMID 1968715, DOI 10.1016/0002-9343(90)90278-l, lire en ligne, consulté le ).
  4. Machinist JM;Bopp BA et al., « Metabolism of 14C-estazolam in Dogs and Humans - PubMed », Xenobiotica; the fate of foreign compounds in biological systems, vol. 16, no 1,‎ (ISSN 0049-8254, PMID 2868576, DOI 10.3109/00498258609043501, lire en ligne, consulté le ).
  5. (en) « Estazolam - FDA prescribing information, side effects and uses », sur Drugs.com (consulté le ).
  6. J. B. Cohn, C. S. Wilcox, J. Bremner et M. Ettinger, « Hypnotic efficacy of estazolam compared with flurazepam in outpatients with insomnia », Journal of Clinical Pharmacology, vol. 31, no 8,‎ , p. 747–750 (ISSN 0091-2700, PMID 1880233, DOI 10.1002/j.1552-4604.1991.tb03771.x, lire en ligne, consulté le )
  7. L. E. Gustavson et P. J. Carrigan, « The clinical pharmacokinetics of single doses of estazolam », The American Journal of Medicine, vol. 88, no 3A,‎ , p. 2S–5S (ISSN 0002-9343, PMID 1968715, DOI 10.1016/0002-9343(90)90278-l, lire en ligne, consulté le )
  8. « Estazolam E3638 », sur 29975-16-4 (consulté le )
  9. « Résumé des caractéristiques du produit - NUCTALON 2 mg, comprimé - Base de données publique des médicaments », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr (consulté le )
  10. ANSM, Etat des lieux (lire en ligne)
  11. (en) « Drugs & Medications », sur www.webmd.com (consulté le )
  12. « Tables », sur www.medscape.com (consulté le )
  13. « Niger | ESTAZOLAM », sur niger-gouv.org (consulté le )
  14. Tianze Cheng, Dominique Marie Wallace, Benjamin Ponteri et Mahir Tuli, « Valium without dependence? Individual GABAA receptor subtype contribution toward benzodiazepine addiction, tolerance, and therapeutic effects », Neuropsychiatric Disease and Treatment, vol. 14,‎ , p. 1351–1361 (ISSN 1176-6328, PMID 29872302, PMCID 5973310, DOI 10.2147/NDT.S164307, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Wolfgang Löscher et Michael A. Rogawski, « How theories evolved concerning the mechanism of action of barbiturates », Epilepsia, vol. 53, no s8,‎ , p. 12–25 (ISSN 1528-1167, DOI 10.1111/epi.12025, lire en ligne, consulté le )
  16. « Modulations de la réponse GABA-A : l'alcool », sur chez-alice.fr (consulté le ).
  17. (en) Abbott Laboratories, « PROSOM (Abbott Laboratories): FDA Package Insert », sur MedLibrary.org (consulté le )
  18. (en) T.ROTH, T.ROEHRS, R.WITTIG & F.ZORICK, « Benzodiazepines and memory »
  19. G. W. Vogel et D. Morris, « The effects of estazolam on sleep, performance, and memory: a long-term sleep laboratory study of elderly insomniacs », Journal of Clinical Pharmacology, vol. 32, no 7,‎ , p. 647–651 (ISSN 0091-2700, PMID 1640005, DOI 10.1002/j.1552-4604.1992.tb05776.x, lire en ligne, consulté le )
  20. (en-US) Beverly Merz, « Benzodiazepine use may raise risk of Alzheimer's disease », sur Harvard Health Blog, (consulté le )
  21. Carlota M. Grossi, Kathryn Richardson, Chris Fox et Ian Maidment, « Anticholinergic and benzodiazepine medication use and risk of incident dementia: a UK cohort study », BMC Geriatrics, vol. 19, no 1,‎ , p. 276 (ISSN 1471-2318, PMID 31638906, PMCID PMC6802337, DOI 10.1186/s12877-019-1280-2, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Abbott Laboratories, « PROSOM (Abbott Laboratories): FDA Package Insert, Page 3 », sur MedLibrary.org (consulté le )
  23. Jaden Brandt et Christine Leong, « Benzodiazepines and Z-Drugs: An Updated Review of Major Adverse Outcomes Reported on in Epidemiologic Research », Drugs in R&D, vol. 17, no 4,‎ , p. 493–507 (ISSN 1174-5886, PMID 28865038, PMCID 5694420, DOI 10.1007/s40268-017-0207-7, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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