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Dolmen de la Grosse Pierre (Verneusses)

La Grosse Pierre appelée aussi Pierre Couplée est un dolmen situé sur la commune de Verneusses dans le département de l’Eure en France.

Grosse Pierre
Image illustrative de l’article Dolmen de la Grosse Pierre (Verneusses)
Dolmen de la Grosse Pierre en 2014
Présentation
Nom local Pierre Couplée
Type Dolmen
PĂ©riode NĂ©olithique
Faciès culturel Mégalithisme
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1911)
Visite Libre d’accès
Caractéristiques
Matériaux poudingue et grès
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 48° 54′ 09″ nord, 0° 27′ 11″ est
Pays France
RĂ©gion Normandie
DĂ©partement Eure
Commune Verneusses
GĂ©olocalisation sur la carte : Eure
(Voir situation sur carte : Eure)
Grosse Pierre

Localisation

Le mégalithe est situé sur le bord de la rue du Dolmen à l’est de la commune de Verneusses. Cette route est l’ancienne voie romaine qui reliait Rouen à Alençon.

Description

La dalle de couverture du dolmen est très particulière car sa partie supĂ©rieure est en poudingue alors que sa partie infĂ©rieure est en grès. Elle a une forme triangulaire, le cĂ´tĂ© nord ayant une longueur de m quand les deux autres cĂ´tĂ©s ne mesurent que 3,50 m. Son Ă©paisseur est de 60 cm.

Elle est supportée par quatre supports en poudingue ou en grès :

  • Support A : en grès, il mesure 2,30 m de large sur une hauteur visible de 0,70 m et une Ă©paisseur de 0,45 m.
  • Support B : en grès.
  • Support C : en poudingue, il mesure m de large sur une hauteur visible de 1,25 m et une Ă©paisseur de m.
  • Support D : en grès, il mesure 1,30 m de large sur une hauteur visible de 0,90 m et une Ă©paisseur de 0,70 m.

Un cinquième support E est rajouté par Léon Coutil en 1910 lorsque le dolmen a été redressé[1].

  • Support E au premier plan
    Support E au premier plan
  • Support B Ă  droite
    Support B Ă  droite
  • Supports A et B
    Supports A et B
  • Supports B et C
    Supports B et C
  • Supports C et D
    Supports C et D

Historique

Mentions du dolmen

Le dolmen dessiné par Coutil en 1897

Frédéric Galeron est le premier à mentionner le monument en 1829 : « Une troisième pierre couplée se trouve à deux lieues de la Ferté, près du village de Verneusse, dans l’arrondissement de Bernay ; je l’ai visitée avec intérêt et j’en pourrais offrir ici la description si mon travail ne s’appliquait exclusivement aux monuments de l’Orne ». Le nom du dolmen a attiré son attention car il est porté par de nombreux mégalithes dont celui de la Ferté, celui de Glos-la-Ferrière ou celui du Gast. Pour lui, l’origine du mot vient de la racine lée (pierre) que l’on retrouve aussi dans le nom du dolmen de la Pierre Courcoulée aux Ventes [2]. Léon Coutil y voit plutôt une allusion au triangle formé par les trois dolmens de Verneusses, la Ferté et Glos-la-Ferrière dont la proximité justifierait cet adjectif de couplée[1]. C’est aussi l’interprétation que retient Amélie Bosquet lorsqu’elle mentionne les trois mégalithes dans son livre La Normandie romanesque et merveilleuse paru en 1845[3].

Vue en plan du dolmen dessinée par Coutil en 1897

Auguste Le Prévost, dans sa Notice historique et archéologique sur le département de l’Eure publiée en 1832, laisse entendre qu’il a été détruit : « Il existait sur la commune de Verneusse, le long de l’ancien chemin d’Alençon à Bernay, un autre dolmen, moins considérable, qui a été renversé »[4]. Le vicomte de Pulligny reprend l’information dans son livre L’art préhistorique dans l’Ouest et notamment en Haute Normandie paru en 1879 : « Un autre dolmen, d’une faible importance, a été également détruit dans la commune de Verneusses, canton de Broglie »[5]. L’erreur ne sera rectifiée qu’en 1896 lorsque Léon Coutil, président de la Société préhistorique française, décrit le dolmen dans son Inventaire des menhirs et dolmens de France : Eure [6].

Il est tout de suite convaincu de l’intĂ©rĂŞt que prĂ©sente le mĂ©galithe. Malheureusement, celui-ci est en mauvais Ă©tat : « Pendant l’hiver de 1814 Ă  1815, la chute d’un gros chĂŞne, qui se trouvait sur le cĂ´tĂ© nord du monument, a amenĂ© le dĂ©placement de la table. Maintenant, un Ă©norme Ă©picĂ©a se voit Ă  0,60 m de l’emplacement oĂą se trouvait le chĂŞne. Il est Ă  craindre qu’un jour il n’amène encore des dĂ©gradations Ă  ce dolmen »[7]. Les dĂ©gâts sont considĂ©rables. Le cĂ´tĂ© ouest de la table s’est affaissĂ© sur le support A. Le support B est tombĂ© sur l’accotement du chemin. Seul le support C assure encore sa fonction alors que le support D, inclinĂ©, ne touche mĂŞme plus la dalle. Tous ces emplacements sont mĂ©ticuleusement relevĂ©s par Coutil[1].

Redressement du dolmen

Vue en plan des différentes étapes de l’opération de redressement du dolmen

DĂ©cision est prise de redresser les supports tombĂ©s en 1815. Les 10 et , on utilise des crics pour relever la partie de la dalle qui s’est effondrĂ©e sur le support A. Des madriers sont alors utilisĂ©s pour la maintenir en place pendant que le support B est relevĂ© et dĂ©placĂ© de 1,40 m pour pouvoir prendre place sous la dalle. La position des supports C et D est ajustĂ©e pour s’adapter Ă  la nouvelle situation de la table du dolmen. Par crainte du dĂ©sĂ©quilibre, un cinquième support E est rajoutĂ© Ă  l’est du mĂ©galithe. N’ayant pas trouvĂ© de pierre satisfaisante Ă  proximitĂ©, on fait venir de Montreuil-l'ArgillĂ© un bloc de grès de 1,85 m de haut et 0,90 m de large qu’on enfonce de m dans le sol.

Plaque commémorative du redressement apposée par Coutil en 1911

En , la deuxième partie du chantier est engagĂ©e. C’est la partie la plus difficile. Il faut dĂ©gager le support A toujours couchĂ© sous la dalle qu’il supporte encore, sans toucher aux crics placĂ©s du mĂŞme cĂ´tĂ©. Pour compliquer encore plus la tâche, les racines de l’épicĂ©a se sont infiltrĂ©es sous le monument et l’arbre lui-mĂŞme qui n’est qu’à 0,65 m du mĂ©galithe complique les manĹ“uvres. On doit donc creuser sous le support avant de le glisser entre les crics puis de le redresser jusqu’à ce que son extrĂ©mitĂ© vienne au contact avec la dalle. Pour amĂ©liorer sa planĂ©itĂ©, on gratte le haut du support D sur cm. L’opĂ©ration est enfin menĂ©e Ă  bien mais lorsqu’on retire les madriers, le tassement du monument entraĂ®ne un relèvement de la dalle de cm au dessus du support D qui avait justement Ă©tĂ© rabaissĂ© de cette hauteur[1] - [8] !

Seule ombre au tableau, « un groupe de préhistoriens amateurs est venu visiter notre restauration pour critiquer le redressement du dolmen, et notamment le placement de ce support indispensable pour la stabilité de la table ; nous savons d’ailleurs que ces critiques étaient faites par pur esprit de dénigrement systématique »[1].

Classement du monument

L’opĂ©ration de redressement a Ă©tĂ© l’occasion pour Coutil de faire des fouilles sous le dolmen. Après avoir retirĂ© les nombreux dĂ©bris de vaisselles et de bouteilles jetĂ©s lĂ  par les habitants, le sol est grattĂ© sur une couche de 50 cm d’épaisseur jusqu’au niveau primitif fait de glaise compacte avec du silex sans qu’aucun dĂ©bris osseux ni objet travaillĂ© ne soit retrouvĂ©[1].

Ces efforts sont récompensés par le classement du dolmen au titre des monuments historiques dès le [9]. Léon Coutil fait alors apposer près du mégalithe une plaque mentionnant le classement du dolmen et son redressement[1].

Références

  1. Léon Coutil, « Le dolmen de la Grosse Pierre ou Pierre Couplée de Verneusses (Eure) », Association française pour l’avancement des sciences – Congrès de Dijon, 1914, p. 1-7
  2. [PDF] Frédéric Galeron, « Notice sur les principaux monuments druidiques du département de l’Orne », Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie, éd. Mancel, Caen, 1829, p. 139
  3. Amélie Bosquet, « La Normandie romanesque et merveilleuse », éd. J. Téchener, Paris, 1845, p. 178
  4. [PDF] Auguste Le Prévost, « Notice historique et archéologique sur le département de l’Eure », Revue de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure, tome III, 1832, p. 252
  5. [PDF] Vicomte de Pulligny, « L’art préhistorique dans l’Ouest et notamment en Haute Normandie », Recueil de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l’Eure, éd. Imprimerie Charles Hérissey, Évreux, 1879, p. 253
  6. [PDF] Léon Coutil, « Inventaire des menhirs et dolmens de France : Eure », Bulletin de la Société normande d’Études préhistoriques, tome IV, année 1896, éd. Imprimerie Eug. Izambert, Louviers, 1897, p. 66
  7. Léon Coutil, « Inventaire des menhirs et dolmens de France : Eure », p. 117
  8. Léon Coutil, « Relation du redressement de la table et des quatre supports du dolmen La Grosse Pierre ou Pierre Couplée de Verneusses (Eure) », Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 8, n°3, 191, p. 189-190
  9. « Dolmen dit la Grosse Pierre », notice no PA00099614, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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