Accueil🇫🇷Chercher

Auguste Le Prévost

Biographie

L'Ă©rudit

En même temps qu’il effectue de solides études classiques et de droit, Auguste Le Prévost se passionne pour l’histoire et l’archéologie, ce qui le conduit à apprendre, outre le latin et le grec, l’anglais, l’italien, l’allemand, le suédois, l’hébreu et le sanscrit. Son savoir encyclopédique, et la méthode rigoureuse et critique qu’il applique à ses recherches, en font incontestablement un novateur en son temps. Également à l’origine, avec son ami, le Caennais Arcisse de Caumont, des recherches sur l’architecture romane et gothique en Normandie et en France, il a cofondé, en 1824, avec ce dernier, Charles de Gerville et l’abbé Gervais de La Rue, la Société des antiquaires de Normandie, véritable « école en mouvement de spécialistes de l’architecture[1] ». L’Académie de Rouen lui ayant ouvert ses portes en 1813, il présidera ensuite, à diverses reprises, les sociétés savantes de la Seine-Inférieure et de l’Eure. En 1837, il fait partie de la société des amis de l'art de Rouen dont il est actionnaire[2]. Il sera reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1838. Il est élu le à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique Agrégé[3].

Passionné d’histoire normande, il publie l’œuvre en cinq volumes du chroniqueur normand Orderic Vital. Parmi de nombreuses communications scientifiques, il manifeste son éclectisme en signant un Discours sur la poésie romantique (1825).

En 1830, il publie deux séries de notes détaillées sur l’importante découverte d’orfèvrerie gallo-romaine à Berthouville (Eure) — « le trésor de Berthouville » —, collection d’objets figurant parmi les pièces les plus précieuses du cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Il est à l’origine de la restauration du Parlement de Rouen et de la conservation du théâtre romain de Lillebonne.

L'homme politique

Nommé sous-préfet de Bernay en août 1814, il est révoqué en novembre 1815.

En 1831, il entame une carrière politique en se faisant élire conseiller général de Bernay, puis député en 1834. Il sera constamment réélu jusqu'en 1848. Ce fidèle orléaniste voit alors disparaître le régime cher à son cœur, sans pour autant s’opposer au nouveau régime républicain : « La République et moi, dira-t-il avec humour, nous nous saluons mais nous ne nous parlons pas »[4]. Il se consacre alors à nouveau à ses recherches, qu'il n'a d'ailleurs jamais abandonnées et qui lui ont valu le surnom de Pausanias normand. Il meurt en 1859, pratiquement aveugle, au château du Parquet à la Vaupalière[5].

La célébrité

Dans son plus célèbre roman, Nez-de-Cuir (1936), Jean de La Varende le fait intervenir lorsque le héros, Roger de Tainchebraye, parcourt les ruines de l’abbaye de Saint-Évroult et qu’il rencontre « un homme noir [qui] s’agitait, mesurant, regardant, comptant, insecte actif et minuscule : c’était Auguste Le Prévost, l’archéologue de Bernay, le semi-fondateur de cette science qui allait prendre un tel essor ». Nez-de-Cuir évoque, à propos de l’abbaye, une mystérieuse crypte et « divers objets précieux, anneaux et sarments de crosses, qui viendraient d’une trouvaille faite par ici »... Déjà, Victor Hugo, dans Quatrevingt-treize (1874), avait évoqué une intervention d'Auguste Le Prévost dans la restauration d'une crypte située sous la tour imaginaire de la Tourgue : « Cette crypte, aux trois quarts comblée, a été déblayée en 1855 par les soins de M. Auguste Le Prévost, l'antiquaire de Bernay ».

La postérité

Les innombrables Notes historiques et archéologiques de Le Prévost, restées inédites, ont fait l’objet d’une publication en plusieurs volumes entre 1866 et 1869 par Louis Passy et Léopold Delisle : elles ont été largement utilisées par des générations de chercheurs et font toujours autorité.

Distinctions

Hommage

Une rue de Bernay porte le nom d’Auguste Le Prévost.

Publications

  • Anciennes divisions territoriales de la Normandie, Crapelet, Paris, 1837
  • Architecture gallo-romaine et architecture du moyen age, Imprimerie ImpĂ©riale, Paris, 1857
  • Dictionnaire des anciens noms de lieux du dĂ©partement de l’Eure, Ancelle, Évreux, 1839
  • Dictionnaire du patois normand en usage (...) dans l’Eure (avec Paul Eugène Robin et le marquis de Blosseville), HĂ©rissey, Évreux, 1879-1882 ; Slatkine Reprints, Genève, 1978
  • Du classique et du romantique : recueil de disçours pour et contre, lus Ă  l'AcadĂ©mie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l'annĂ©e 1824, NicĂ©tas PĂ©riaux, Rouen, 1826
  • Édition de : Orderic Vital, Historiae ecclesiasticae (...), 5 vol., J. Renouard, Paris, 1838-1855 ; Johnson Reprint, New York, 1965
  • Essai sur les romances historiques du Moyen Ă‚ge, Pierre PĂ©riaux, Rouen, 1814
  • Le Roman de Rou et des ducs de Normandie, Édouard Frère, Rouen, 1827
  • Liste des principaux objets trouvĂ©s Ă  Berthouville, Ancelle fils, Évreux, 1830.
  • MĂ©moire sur la collection de vases antiques trouvĂ©e, en mars 1830, Ă  Berthouville, T. Chalopin, Caen, 1832
  • MĂ©moires et notes de M. Auguste Le PrĂ©vost pour servir Ă  l’histoire du dĂ©partement de l’Eure, publiĂ©es par LĂ©opold Delisle et Antoine Passy, 3 vol., A. HĂ©rissey, Évreux, 1862-1869
  • Note sur les antiquitĂ©s romaines de Serquigny, Ancelle fils, Évreux, 1830
  • Notes pour servir Ă  la topographie et Ă  l’histoire des communes du dĂ©partement de l’Eure au Moyen Ă‚ge, A. HĂ©rissey, Évreux, 1849
  • Notice historique et archĂ©ologique sur le dĂ©partement de l’Eure, Ancelle, Évreux, 1832
  • Notice sur la châsse de Saint-Taurin d’Évreux, J.J. Ancelle, Évreux, 1838
  • Observations philologiques et grammaticales sur le Roman de Rou : et sur quelques règles de la langue des trouvères au douzième siècle, Édouard Frère, Rouen, 1829
  • Rapport sur les pièces adressĂ©es Ă  l’AcadĂ©mie Royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, par M. le Professeur Carl Rafn, NicĂ©tas PĂ©riaux, Rouen, 1830
  • RĂ©flexions sur Alain Blanchard, Brière, Rouen, 1829
  • RĂ©flexions sur les antiquitĂ©s des dĂ©partements de l'Eure et de la Seine-InfĂ©rieure, et notamment sur les restes d'Agnès Sorel, AcadĂ©mie de Rouen, Rouen, 1815
  • RĂ©ponse Ă  l’écrit de M. Letronne intitulĂ© : « Examen critique du prĂ©tendu cĹ“ur de saint Louis », 1844
  • SupplĂ©ment aux notes historiques sur le « Roman de Rou », Rouen, Édouard Frère, 1829
  • Sur la poĂ©sie romantique, Pierre PĂ©riaux, Rouen, 1825
  • (en) The Conquest of England, from Wace's poem of the Roman de Rou, s.n., Londres, 1860

Notes et références

  1. Matthias Noell, Classement und classification : Ordnungssysteme der Denkmalpflege in Frankreich und Deutschland, Berlin, (lire en ligne).
  2. Bulletin de la société des amis des arts de Rouen, 1837.
  3. « Etat des Membres de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie depuis sa fondation (1820) jusqu'à 1909 », sur le site de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie et « Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques - cths.fr.
  4. Cité par Gilles Rossignol, Eure. Le guide, La Renaissance du livre, 2001.
  5. « Rouen, 16 juillet », Journal de Rouen, no 198,‎ , p. 2 col. 4 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Adolphe-AndrĂ© PorĂ©e, Auguste Le PrĂ©vost, archĂ©ologue et historien, Bernay, Vve Lefèvre, 1881
  • « Auguste LeprĂ©vost », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de l’édition] [texte sur Sycomore]
  • Gilles Rossignol, Eure. Le guide, La Renaissance du livre, 2001

Liens externes

Le Prévost est l’abréviation botanique standard de Auguste Le Prévost.

Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.