AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Diamanda GalĂĄs

Diamanda Galås, née le à San Diego (Californie), est une artiste d'avant-garde américaine, musicienne, poÚte et chanteuse.

Diamanda GalĂĄs
Diamanda GalĂĄs
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités
Période d'activité
depuis
Autres informations
Tessiture
Instrument
Label
Genre artistique
Site web

Biographie

Son pĂšre, musicien, est un Grec pontique d'Anatolie, contraint Ă  s'exiler de Turquie vers les États-Unis. Elle Ă©tudie la biochimie Ă  l'universitĂ© de la Californie du Sud (Los Angeles), tout en suivant un cursus de chant lyrique et de musique (piano) jazz. Elle poursuit ensuite ses Ă©tudes en Europe.

Elle dĂ©bute sur scĂšne en 1979 au Festival d'Avignon, dans un opĂ©ra du compositeur Vinko Globokar, Un jour comme un autre. Elle publie en 1985 une trilogie intitulĂ©e The Masque of the Red Death, offertoire en mĂ©moire des victimes du Sida[1]. En 1991 avec l'album Plague Mass enregistrĂ© dans une Ă©glise new-yorkaise, elle se livre Ă  une attaque virulente contre l'attitude de l'Église catholique face au Sida. GalĂĄs poursuivra ses combats avec Vena Cava (1992), Ɠuvre pour voix et Ă©lectronique, qui aborde les thĂšmes de la folie et de la dĂ©pression clinique. Elle publie Schrei 27 (1996) qui revient au thĂšme de la torture et de l’isolement, puis un opĂ©ra intitulĂ© Nekropolis. En 2011 elle collabore avec l'artiste italo-russe, dissident de l'Ăšre soviĂ©tique, Vladislav Shabalin, pour l'installation sonore Aquarium, inspirĂ©e par la catastrophe Ă©cologique du Golfe du Mexique.

Parcours artistique

Diamanda Galås chante, avec une voix d'une amplitude de trois octaves et demi, joue du piano, compose et écrit. Son travail a porté sur le sida dans les années 1980 et 1990, elle travaille depuis sur la question des génocides, mettant en musique et interprétant des textes de Paul Celan, Pier Paolo Pasolini, Gérard de Nerval, Henri Michaux, etc. Le deuil, la souffrance, le désespoir, l'humiliation, l'injustice sont des thÚmes récurrents de ses compositions, qu'elle chante, ou hurle d'une maniÚre qui évoque parfois la glossolalie.

Son apparence, ses performances scĂ©niques, volontiers provocatrices, alliĂ©s Ă  ses engagements qui font d'elle une vĂ©ritable activiste lui ont valu le surnom de « diva des dĂ©possĂ©dĂ©s », lui donnant parfois un statut d'icĂŽne gothique. En 1991, avec l'enregistrement de l'album Plague Mass dans une Ă©glise new-yorkaise, elle s'est livrĂ©e Ă  une attaque virulente contre l'attitude de l'Église catholique Ă  l'Ă©gard de l'Ă©pidĂ©mie de sida.

En 1994, elle a enregistrĂ© un disque en collaboration avec John Paul Jones, bassiste de Led Zeppelin, qui est son album le plus proche de la musique rock Ă  ce jour. GalĂĄs est une artiste de scĂšne, qui se produit beaucoup aux États-Unis et en Europe, avec des spectacles qui tiennent davantage de la performance que du concert proprement dit.

Elle a collaboré avec de nombreux artistes d'avant-garde comme Philip Glass, Erasure, Terry Riley, John Zorn, Iannis Xenakis et Vinko Globokar, ainsi qu'à la bande originale du film Dracula de Francis Ford Coppola, et du film Tueurs nés d'Oliver Stone. Elle participa aussi en 2000 à l'album Liquid de Recoil, projet solo de Alan Wilder (ex Depeche Mode), notamment pour le chant sur le titre Strange Hours. En 2011 elle a collaboré avec l'artiste russe-italien, dissident de l'Úre soviétique, Vladislav Shabalin pour l'installation sonore Aquarium, inspirée par la catastrophe écologique du Golfe du Mexique et exposée à la Leonhardskirche de Bùle (Suisse) du 12 au 19 juin[2].

En 2013, Diamanda GalĂĄs et Vladislav Shabalin prĂ©sentent l'installation sonore Aquarium du 9 au 12 mai dans l’église San Francesco Ă  Udine en Italie, au festival Vicino/Lontano[3].

Elle dĂ©butera en musique comme pianiste, car son pĂšre avait dĂ©crĂ©tĂ© que « seuls les idiots et les prostituĂ©es s’adonnent Ă  la chanson ». MalgrĂ© ces avis tranchĂ©s, c’est ce mĂȘme pĂšre, professeur de mythologie grecque et tromboniste de jazz, qui l’initiera Ă  la musique, au jazz tout d’abord mais aussi Ă  la musique traditionnelle arabe et grecque. Ce n’est que plus tard qu’elle viendra au chant et Ă  la voix, tout d’abord dans une vocation thĂ©rapeutique (elle chantera quelque temps dans les cliniques et les asiles psychiatriques) avant d’en faire son instrument principal.

Elle dĂ©butera sur scĂšne en 1979 au Festival d'Avignon, dans un opĂ©ra du compositeur Vinko Globokar, Un Jour comme un autre, basĂ© sur le rapport d’Amnesty International sur un cas de torture en Turquie. Elle poursuivra un mĂȘme engagement dans son Ɠuvre personnelle avec plusieurs piĂšces en hommage aux victimes de toutes formes d’oppression, les Litanies of Satan, adaptĂ©es d’un poĂšme de Charles Baudelaire et dĂ©diĂ©es Ă  tous ceux qui souffrent d’isolement et d’aliĂ©nation sociale par la faute du gouvernement, Tragouthia apo to Aima Exoun Fonos (Cantique pour le sang des prisonniers assassinĂ©s), dĂ©diĂ© aux victimes de la junte militaire grecque, Insekta dĂ©diĂ© aux gens qui souffrent dans des institutions psychiatriques, etc. Mais c’est d’ailleurs que viendra sa vocation, son « appel », lorsque son frĂšre Philip Dimitri GalĂĄs (1954-1986) sera dĂ©clarĂ© sĂ©ropositif en 1983. Elle se lancera alors dans une croisade en faveur de la communautĂ© homosexuelle, non seulement Ă  cause de ce frĂšre dont elle Ă©tait si proche et qui partageait ses goĂ»ts musicaux et littĂ©raires, mais en tant que minoritĂ© rejetĂ©e, opprimĂ©e et littĂ©ralement en danger de mort.

Elle publiera alors une trilogie intitulĂ©e The Masque of the Red Death, vĂ©ritable offertoire en mĂ©moire des victimes du Sida et en soutien aux « survivants ». Diamanda GalĂĄs se positionnera violemment contre la droite religieuse des États-Unis qui voit dans l’épidĂ©mie une rĂ©tribution divine et dĂ©tournera l’imagerie et les textes religieux Ă  son profit. Outre les allusions Ă  Edgar Allan Poe (dans le titre notamment), elle utilisera plusieurs textes bibliques, contrastant la compassion des psaumes et des Lamentations Ă  la cruautĂ© des textes mosaĂŻques ou du LĂ©vitique, citĂ©s par la majoritĂ© morale autoproclamĂ©e comme condamnation dĂ©finitive de l’homosexualitĂ©. Ces textes sont tout Ă  la fois rĂ©citĂ©s, chantĂ©s, criĂ©s, dans une construction programmatique inspirĂ©e des grands offices religieux.

Les trois disques de cette trilogie : The Divine Punishment (1985), Saint Of The Pit (1986) et You Must Be Certain Of The Devil (1988) seront plus tard rassemblĂ©s dans un concert intitulĂ© Plague Mass, dont la premiĂšre aura lieu le 12 octobre 1990 en la cathĂ©drale St. John-the-Divine, Ă  New York. Cette trilogie et les concerts qui l’accompagneront amorceront les accusations d’immoralitĂ©, de blasphĂšme, voire de satanisme qui poursuivront GalĂĄs pendant une grande partie de sa carriĂšre. Outre son combat en faveur de la communautĂ© homosexuelle, ses dĂ©tournements de textes religieux ou son usage de la figure du Christ comme symbole de la rĂ©bellion contre l’ordre Ă©tabli, ses dĂ©tracteurs focaliseront sur des piĂšces comme Sono L'Antichristo dans laquelle GalĂĄs entonne : « Je suis le FlĂ©au. Je suis l'ImbĂ©cile SacrĂ©. Je suis la merde de Dieu. Je suis le Signe. Je suis la Peste. Je suis l'AntĂ©christ ».

À cette Ă©poque GalĂĄs avait amĂ©liorĂ© la maĂźtrise de sa voix, passant du langage au cri en quelques secondes, atteignant une tessiture de trois octaves et demie, dĂ©multipliant sa voix via l’électronique (utilisant plusieurs microphones, des effets de delays, etc.), expĂ©rimentant de nouvelles techniques vocales ou de nouveaux effets. Puisant son inspiration autant dans les « Schrei-opĂ©ra » de l’expressionnisme allemand que dans des rĂ©fĂ©rences aux chƓurs grecs antiques, aux « poĂštes maudits », Baudelaire, Tristan CorbiĂšre, GĂ©rard de Nerval, etc., mais aussi dans la tradition amĂ©ricaine du blues (John Lee Hooker, Screamin' Jay Hawkins, Willie Dixon), de la country (Hank Williams), et du jazz (Ornette Coleman), GalĂĄs a rĂ©inventĂ© les personnages de la Furie, de la Harpie. Comme elles, elle se positionne comme tĂ©moin et juge, rĂ©clamant vengeance des crimes commis par l’humanitĂ© contre elle-mĂȘme. Les Furies, dans la tradition latine, ou Erinyes dans la tradition grecque, personnifient la malĂ©diction lancĂ©e contre les auteurs de crimes horribles qu’elles poursuivent durant toute leur vie. Justes mais sans merci, aucune priĂšre ni sacrifice ne peut les Ă©mouvoir ni les empĂȘcher d'accomplir leur tĂąche. À l'origine, les ĂȘtres humains ne peuvent ni ne doivent punir les crimes horribles. C’est donc aux Furies qu’il revient de poursuivre le meurtrier de l'homme assassinĂ© et d'en tirer vengeance. Elle voit son rĂŽle d’artiste en partie comme une catharsis personnelle, mais surtout comme un cĂ©rĂ©monial sacrificiel, dirigĂ© vers le public. Celui-ci est pris Ă  partie des violences et des crimes qui sont commis, non Ă  son insu, mais au contraire devant ses yeux et qu’il refuse souvent de prendre en considĂ©ration. « Mes ennemis », dĂ©clare-t-elle, «« sont les gens qui choisissent de rester ignorants, car ils sont poltrons et aiment courir en bandes ».

GalĂĄs poursuivra ses combats avec Vena Cava (1992), Ɠuvre pour voix et Ă©lectronique, traitant de la folie et de la dĂ©pression clinique qui accompagnent certains cas de Sida, Schrei 27 (1996) qui revient au thĂšme de la torture et de l’isolement, ainsi qu’avec un opĂ©ra intitulĂ© Nekropolis.

Elle travaille ensuite sur un cycle intitulĂ© Defixiones, Will and Testament, qui a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© dans plusieurs versions/Ă©tapes depuis une premiĂšre, le 11 septembre 1999, Ă  Gand, suivi par des performances Ă  la Kitchen de New York et des productions officielles pour le Barbican de Londres, les OpĂ©ras d’AthĂšnes, de Sydney, les festivals de Perth, Mexico, Dresde, etc. Ce cycle traite du gĂ©nocide en gĂ©nĂ©ral, mais surtout des gĂ©nocides commis entre 1914 et 1923 par les Ottomans sur les ArmĂ©niens, les Assyriens et les Grecs d’Anatolie. Ces gĂ©nocides, et la position nĂ©gationniste de la Turquie Ă  ce propos, sont le point de dĂ©part d’une mĂ©ditation furieuse sur les crimes contre l’humanitĂ©, ainsi que sur l’hypocrisie et l’indiffĂ©rence coupable de l’opinion publique et des pouvoirs politiques des grandes puissances sur les injustices commises Ă  ses portes. GalĂĄs Ă©voque ces massacres Ă  travers des textes d’écrivains comme Henri Michaux, Paul Celan, Pier Paolo Pasolini, Adonis ou le Dr Freidoun Bet-Oraham, mais aussi au travers des « Defixiones ». Ces « Defixiones » sont des formules rituelles, mi-avertissements, mi-malĂ©dictions, qu’on trouve traditionnellement en GrĂšce et en Asie Mineure sur les tombes. Elles menacent d’une vengeance terrible toute personne profanant ou dĂ©plaçant les sĂ©pultures. Le symbole est d’autant plus fort dans le cas de populations assassinĂ©es, dĂ©placĂ©es de force, mortes sur le chemin de l’exil, et dont les survivants sont coupĂ©s de leurs racines.

Elle ajoute aujourd’hui Ă  son rĂ©pertoire un intĂ©rĂȘt pour les musiques traditionnelles et populaires d’Asie Mineure, du rebetiko grec et armĂ©nien aux Amanedhes (lamentations improvisĂ©es des annĂ©es 1920 et 1930), qu’elle incorpore Ă  ses « tours de chant ». Ces concerts, dont le programme combine ses propres compositions Ă  des emprunts Ă  diverses traditions musicales ou littĂ©raires, sont des coupes transversales dans un rĂ©pertoire gĂ©nĂ©ralement sombre, qu’elle interprĂšte seule au piano, et qui couvre les thĂšmes de l’exil (Songs of Exile), de l’amour assassin (Guilty, Guilty, Guilty), de la tragĂ©die (Chansons Malheureuses).

Discographie/Bibliographie

Albums

  • 1979 : If Looks Could Kill (avec Jim French et Henry Kaiser) LP Metalanguage
  • 1982 : The Litanies of Satan LP Y Records
  • 1982 : Diamanda GalĂĄs (enregistrĂ© en public KOPN-FM en octobre 1981) cassette Ionizations/Audio Textures
  • 1984 : Diamanda GalĂĄs LP Metalanguage
  • 1986 : The Divine Punishment LP Mute Records
  • 1986 : Saint of the Pit LP Mute Records
  • 1988 : You Must Be Certain of the Devil LP/CD Mute Records
  • 1991 : Plague Mass (1984 - End of the Epidemic) (enregistrĂ© en public) 2LP/2CD Mute Records
  • 1992 : The Singer LP/CD Mute Records
  • 1993 : Vena Cava LP/CD Mute Records
  • 1994 : The Sporting Life (avec John Paul Jones et Pete Thomas) LP/CD Mute Records
  • 1996 : Schrei X (1996) LP/CD Mute Records
  • 1998 : Malediction and Prayer (enregistrĂ© en public) 2LP/2CD Mute Records
  • 2003 : La Serpenta Canta (enregistrĂ© en public) 2CD Mute Records
  • 2003 : Defixiones, Will and Testament (enregistrĂ© en public) 2CD+livre Mute Records
  • 2008 : Guilty Guilty Guilty (enregistrĂ© en public) CD Mute Records
  • 2017 : All the Way (enregistrĂ© en public Ă  Paris, Copenhague et East Sussex et en studio Ă  San Diego, reprend des standards traditionnels, blues et jazz remaniĂ©s radicalement) LP/CD Intravenal Sound Operations
  • 2017 : At Saint Thomas the Apostle Harlem (enregistrĂ© en public Ă  l'Ă©glise Ă©ponyme Ă  New York lors du Red Bull Music Academy Festival 2016) 2LP/CD Intravenal Sound Operations
  • 2020 : De-formation - Piano Variations: Das Fieberspital (The Fever Hospital) LP/CD Intravenal Sound Operations
  • 2022 : Broken Gargoyles LP/CD Intravenal Sound Operations

RĂ©Ă©ditions

  • The Divine Punishment & Saint of the Pit (1988) CD Mute Records
  • Masque of the Red Death (The Divine Punishment, Saint of the Pit & You Must Be Certain of the Devil) (1988) 2CD Mute Records

Singles

  • Double-Barrel Prayer (1988) Mute Records
  • Do You Take This Man? (avec John Paul Jones) (1994) Mute Records
  • A Soul That's Been Abused (2009) Intravenal Sound Operations
  • Gloomy Sunday (2009) Intravenal Sound Operations
  • Pardon Me, I've Got Someone To Kill (2009) Intravenal Sound Operations
  • You Don't Know What Love Is (2009) Intravenal Sound Operations
  • O Death (2009) Intravenal Sound Operations
  • I Put A Spell On You avec Digitalism (2009) Intravenal Sound Operations
  • The Black Cat (2010) Intravenal Sound Operations
  • Tengo que Subir al Puerto (Canto de las Montañas) (2010) Intravenal Sound Operations
  • Fernand (2010) Intravenal Sound Operations
  • All The Way (2010) Intravenal Sound Operations
  • Orders From The Dead avec Rotting Christ (2010) Auto-produit
  • Î†ÎœÎżÎčΟΔ Πέτρα (Anoixe Petra) (2011) Intravenal Sound Operations
  • Birds Of Death (2011) Intravenal Sound Operations
  • La Sierra de Armenia (2011) Intravenal Sound Operations
  • Clash Of The Titans avec Choronzon (2011) Hypnagothique
  • Die Stunde Kommt (Live At The Murmrr Theater Brooklyn 2017) (2021) Auto-produit

Vidéos

  • The Litanies of Satan (1986) Intravenal Sound Operations
  • Judgement Day (1993) Mute Film

Livres

  • The shit of God. New York : Serpent’s Tail, 1996. 185242432X
  • "Morphine & Others" dans le recueil Outside: An Anthology. 2017

Notes et références

  1. Son frĂšre l'Ă©crivain Philip GalĂĄs est dĂ©cĂ©dĂ© du sida, ce qui n'a pas Ă©tĂ© sans influencer fortement son Ɠuvre
  2. (en) « AQUARIUM : installation by Vladislav Shabalin, sound by Diamanda Galås : Diamanda Galas », sur diamandagalas.com (consulté le ).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.