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Diabète insipide

Le diabète insipide (du grec διαβαίνειν passer Ă  travers) est une maladie caractĂ©risĂ©e par une soif excessive et l'excrĂ©tion de grandes quantitĂ©s d'urine très diluĂ©e, qui ne peuvent ĂŞtre rĂ©duites par une rĂ©duction de l'apport de liquides. La rĂ©duction d'apport hydriques n'augmente pas la concentration des urines. Le diabète insipide est dĂ» Ă  une dĂ©ficience en hormone antidiurĂ©tique ou Ă  une insensibilitĂ© des reins Ă  cette hormone. Il peut ĂŞtre d'origine iatrogĂ©nique. Il est nommĂ© insipide car il n'y a pas de sucre dans les urines (les mĂ©decins goĂ»taient les urines avant le dĂ©veloppement des techniques de biologie mĂ©dicale). L'incidence du diabète insipide dans la population gĂ©nĂ©rale est de 3 sur 100 000[1].

Diabète insipide
Description de cette image, également commentée ci-après
La vasopressine ou hormone antidiurétique est en cause dans le diabète insipide.
Classification et ressources externes
CISP-2 T99
CIM-10 E23.2 N25.1
CIM-9 253.5 588.1
OMIM 304800 125800
DiseasesDB 3639
MedlinePlus 000377
eMedicine 117648
MeSH D003919

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Signes et symptĂ´mes

Le patient présente des signes d'un diabète. Il boit sans cesse (polydipsie) (surtout de l'eau fraîche ou glacée)[2], parfois même la nuit et n'arrive jamais à étancher sa soif. Cliniquement, la maladie se manifeste de manière brutale ou rapidement progressive, par une polyurie qui peut atteindre 8 à 10 litres par jour. Ces urines, peu concentrées, ne contiennent ni sucre, ni albumine.


Le diabète insipide peut aboutir à une hypernatrémie par pertes d'eau pure excessive, entraînant une déshydratation extracellulaire.

DĂ©marche diagnostique

On doit rechercher des symptômes associés orientant vers une pathologie neurologique (céphalées, troubles de la vision) ou psychiatrique (retard mental, troubles cognitifs, délires) ou une histoire de traumatisme crânien ou d'insuffisance rénale. À l'examen clinique, on recherche une hémianopsie bitemporale, des signes de localisation neurologique, des signes de déshydratation ou d'hyperhydratation (œdèmes, prise de poids).

Le diagnostic est confirmé par des épreuves dynamiques.

Le test de restriction hydrique, ou test de soif nocturne[3], permet de déterminer si le diabète insipide est causé par

  1. une potomanie, prise de liquide excessive
  2. un défaut cérébral de production de vasopressine (ADH) par l'hypothalamus, ou de sécrétion par l'hypophyse postérieure
  3. un défaut de réponse rénale à la sécrétion de l'ADH

L'épreuve est pratiquée en milieu hospitalier, pour compenser rapidement une éventuelle déshydratation. Le poids, la pression artérielle et la diurèse sont surveillés. La réponse normale du corps à la déshydratation est la concentration des urines et la diminution du volume des urines (signe de l'action de l'ADH). En cas de potomanie, l'osmolalité urinaire doit augmenter et se stabiliser autour de 280 Osm·kg-1 pendant la restriction hydrique. Une stabilisation à un taux plus bas signe un diabète insipide[4]. Parfois, la mesure de l'ADH pendant le test est nécessaire mais le dosage est complexe, long et coûteux. En l'absence de réponse au test, et de concentration des urines pour distinguer les formes 2 et 3, de l'ADH est donné au patient et les effets sont observés. Le patient doit ensuite boire s'il a soif uniquement. Si le patient répond et concentre ses urines, on a compensé un défaut de sécrétion d'ADH. Il faudra faire une imagerie cérébrale. Si le patient ne répond pas et ses urines continuent à être diluées, il s'agit d'une insensibilité rénale à l'ADH. L'épreuve cesse quand le malade présente des signes de désagrément : angoisse, sécheresse des muqueuses, accélération du pouls, baisse de la pression artérielle et du poids. L'association de la déshydratation et de l'impossibilité par le rein de concentrer les urines malgré la suppression de boissons, permet le diagnostic. Dans un vrai diabète insipide, on ne peut pas mener cette épreuve jusqu'à son terme.

Le test à la vasopressine permet de reconnaître la carence en ADH.

D'autres tests peuvent être pratiqués, les plus utilisés sont les épreuves thérapeutiques qui utilisent la propriété antidiurétique de certains médicaments.

Diagnostic différentiel

  • Le diagnostic doit ĂŞtre portĂ© avec certitude, car il existe une maladie au tableau clinique comparable : la potomanie. Il s'agit d'un trouble du comportement qui provoque un besoin impĂ©rieux de boire ; la quantitĂ© de liquide ingĂ©rĂ©e peut ĂŞtre supĂ©rieure Ă  celle absorbĂ©e dans un diabète insipide ; Ă©videmment la polyurie est Ă©galement très importante, parfois plus que dans le diabète insipide.
    Le diagnostic différentiel avec la potomanie peut être difficile même après ces épreuves, car une potomanie prolongée peut inhiber la sécrétion d'hormone ADH (diabète insipide induit). Un diabète insipide peut guérir mais les comportements du malade peuvent persister. Il va donc uriner en quantité excessive (diabète insipide auto-entretenu). Il peut exister des perturbations primitives du centre de la soif (par une lésion ou une tumeur au niveau de l'hypothalamus). Parfois le médecin recourt à une épreuve de déconditionnement, avec une psychothérapie adaptée. Le but est de persuader le malade de boire moins, avec un régime désodé, éventuellement un médicament antidiurétique qui est remplacé progressivement par un placebo.
    Le dosage de l'hormone antidiurétique montre sa diminution.
  • Diabète sucrĂ©

Causes

Il y a diverses formes de diabète insipide[3] :

  • central : un dĂ©faut de la production d'ADH au niveau de l'hypothalamus.
  • nĂ©phrogĂ©nique : diminution ou abolition de la rĂ©ponse rĂ©nale Ă  l'ADH par mutation du rĂ©cepteur Ă  l’arginine vasopressine par exemple ;
  • dipsogĂ©nique : dĂ» Ă  dĂ©faut ou des dommages de mĂ©canisme de la soif qui est localisĂ© dans l'hypothalamus[5] ;
  • gestationnel : liĂ© Ă  l'augmentation de vasopressinase produite par le placenta. Cette protĂ©ine dĂ©grade l'ADH[6]. Le diabète insipide est aussi associĂ© Ă  des pathologies sĂ©vères qui ont lieu pendant la grossesse (prĂ©-Ă©clampsie, HELLP syndrome) ;
  • iatrogène : lithium, cisplatine, amphotĂ©ricine B.
  • Syndrome DIDMOAD appelĂ© Ă©galement syndrome de Wolfram[7]

Traitement

Traitement médicamenteux

La desmopressine est un analogue de l'ADH dont l'action antidiurétique est puissante. L'administration se fait en général par voie endonasale.

Attention : un surdosage de desmopressine (ex. : à la suite d'une perte de poids du patient) peut entraîner une hyponatrémie. L'eau est ainsi retenue dans le corps anormalement et vient diluer le sang entraînant une baisse du taux de sodium pouvant causer des convulsions, le coma et la mort.

Un diabète insipide néphrogénique induit par le lithium peut être efficacement traité grâce à de l'amiloride, un diurétique épargneur du potassium souvent utilisé avec des diurétiques thiazidiques ou des diurétiques de l'anse[8]. Les diurétiques thiazidiques ont une action antidiurétique paradoxale chez les malades atteint de diabète insipide, sans que cela soit expliqué actuellement. Une déplétion en sodium en serait responsable[9].

Notes et références

  1. (en) Saborio P, Tipton GA, Chan JC, « Diabetes insipidus », Pediatr Rev, vol. 21, no 4,‎ , p. 122-9; quiz 129. (PMID 10756175, DOI 10.1542/pir.21-4-122)
  2. (en) USA, « Diabetes insipidus - PubMed Health », Ncbi.nlm.nih.gov (consulté le )
  3. Balanescu S. & Rutishauser J, « Diabète insipide: diagnostic différentiel et traitement », Forum Med Suisse, vol. 10, no 7,‎ , p. 123-8. (lire en ligne [PDF])
  4. (en) Elizabeth D Agabegi; Agabegi, Steven S., Step-Up to Medicine (Step-Up Series), Hagerstwon, MD, Lippincott Williams & Wilkins, , 537 p. (ISBN 978-0-7817-7153-5 et 0-7817-7153-6, lire en ligne)
  5. (en) Perkins RM, Yuan CM, Welch PG, « Dipsogenic diabetes insipidus: report of a novel treatment strategy and literature review », Clin Exp Nephrol, vol. 10, no 1,‎ , p. 63–7. (PMID 16544179, DOI 10.1007/s10157-005-0397-0)
  6. (en) Kalelioglu I, Kubat Uzum A, Yildirim A, Ozkan T, Gungor F, Has R, « Transient gestational diabetes insipidus diagnosed in successive pregnancies: review of pathophysiology, diagnosis, treatment, and management of delivery », Pituitary, vol. 10, no 1,‎ , p. 87–93 (PMID 17308961, DOI 10.1007/s11102-007-0006-1)
  7. https://www.orpha.net/consor/cgi-bin/Disease_Search.php?lng=FR&data_id=812&Disease_Disease_Search_diseaseType=ORPHA&Disease_Disease_Search_diseaseGroup=3463&Maladie(s)/groupes%20de%20maladies=DIDMOAD-syndrome--Diabete-sucre---diabete-insipide---atrophie-optique---surdite-&title=DIDMOAD-syndrome--Diabete-sucre---diabete-insipide---atrophie-optique---surdite-&search=Disease_Search_Simple
  8. (en) Finch CK, Kelley KW, Williams RB, « Treatment of lithium-induced diabetes insipidus with amiloride », Pharmacotherapy, vol. 23, no 4,‎ , p. 546–50. (PMID 12680486, DOI 10.1592/phco.23.4.546.32121)
  9. « Diurétiques thiazidiques », sur pharmacorama.com (consulté le )
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