De cape et de crocs
De cape et de crocs est une série de bande dessinée scénarisée par Alain Ayroles et dessinée par Jean-Luc Masbou de 1995 à 2016.
De cape et de crocs | |
Série | |
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Scénario | Alain Ayroles |
Dessin | Jean-Luc Masbou |
Genre(s) | Fantasy, science-fiction, aventure |
Époque de l’action | XVIIe siècle |
Éditeur | Delcourt |
Collection | Terres de Légendes |
Première publication | 1995 |
Nb. d’albums | 12 |
Il s'agit d'une histoire d'aventures dans la veine des romans de cape et d'épée, et dont l'univers comprend de nombreux éléments de fantasy. La série se caractérise par de nombreuses références aux classiques de la littérature, allant de l'allusion à la parodie en passant par le pastiche.
Elle est éditée chez Delcourt, dans la collection Terre de Légendes. Une édition intégrale voit le jour en 2010, comportant 5 tomes regroupant deux volumes chacun[1].
Un coffret regroupant l'intégralité de l'histoire dans un tome unique est édité en novembre 2018.
Synopsis
Dans l'Europe du XVIIe siècle, deux gentilshommes unis par une amitié indéfectible, Don Lope de Villalobos y Sangrin, loup espagnol, hidalgo téméraire et impulsif, et Armand Raynal de Maupertuis, renard français poète gascon, se lancent dans une aventure épique en quête du trésor des îles Tangerines. Durant leur périple, qui les mène aux confins du monde, et même au-delà, ils rencontrent leurs compagnons d'aventure :
- Eusèbe, lapin naïf mais rusé ;
- le Raïs Kader, qui cache sous des airs bourrus une personnalité généreuse ;
- Hermine, amoureuse de Don Lope, lequel cache un sentiment réciproque ;
- Séléné, enfant adoptée, qui vit une idylle avec Armand ;
- Bombastus, savant allemand aussi cultivé qu'agaçant.
Outre cette troupe hétéroclite, ils rencontrent également, sans pour autant faire toujours route avec eux :
- le frère de Séléné, Andreo ;
- son valet, Plaisant ;
- une troupe de pirates sans scrupules, au capitaine ambitionnant de quitter sa condition pour la noblesse ;
- Cénile Spilorcio, père d'Andreo et Séléné, riche armateur avare ;
- le capitaine Mendoza, très méchant.
Et d'autres personnages plus ou moins méchants.
Références
Tout au long de l'histoire, se multiplient les références à la littérature classique, à des événements historiques ou à la culture populaire. En voici quelques exemples :
Références littéraires
Les noms des deux personnages principaux sont des références au Roman de Renart. Don Lope, le loup, se nomme Villalobos y Sangrin. On reconnaît là le nom d’Ysengrin, le loup compagnon de Renart dans le roman. Quant à Armand, le renard, le nom qu'il porte, Maupertuis, est aussi celui de la forteresse du goupil, toujours dans le même roman. On peut également noter que le nom Lope de Villalobos (litt. Loup de la Ville-aux-loups) est une référence à Ruy López de Villalobos, un explorateur espagnol notamment au service d'un vice-roi mexicain nommé « Mendoza », qui se trouve être aussi le prénom de l'ennemi des deux héros dans la bande dessinée.
Enfin, de multiples références aux grands classiques de la littérature, en trop grand nombre pour être toutes répertoriées ici, émaillent tout le récit : Molière (le début de la série est une mise en abyme de la pièce Les Fourberies de Scapin ; on peut également retrouver une citation de L'Avare lorsque Séléné retrouve ses parents[2]), le roman picaresque, les fables de La Fontaine, Shakespeare, etc.
L'une des grandes sources d'inspiration des répliques en vers d'Armand est Cyrano de Bergerac, qui compose une ballade en se battant[3]. Cet amour de la versification combative se retrouve dans la pratique de la « rixme », le duel physique et verbal en vigueur dans les bouges de la Lune. Plus généralement, la "rixme" peut être reliée à la tençon, joute verbale traditionnelle des troubadours occitans. Les albums se déroulant sur la Lune (tomes 6 à 10) comportent par ailleurs des références à l'Histoire comique des États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac, dont est notamment tirée l'idée que, sur la Lune, les poèmes font office de monnaie. Cyrano lui-même finit par apparaître dans le tome 8, sous les traits du Maître d'armes.
Un autre personnage secondaire des albums 4 à 6, Sabado (« samedi » en espagnol), est visiblement inspiré de Vendredi, intervertissant les stéréotypes de l'homme blanc et du sauvage issus de Robinson Crusoé.
Références cinématographiques
Certains passages font également allusion au cinéma contemporain. Par exemple, dans le tome 1, lorsque don Lope et Armand se préparent à attaquer la chébèque, les gros plans des torses, la pose du maquillage noir sous les yeux et le « clic clac » des boucles de ceinturon et des armes rappellent la scène où John Rambo se prépare à sa mission dans Rambo 2. Dans le tome 7, de même, le prince Jean manifeste le désir d'envoyer son frère dans l'espace profond « pour qu'on ne l'y entendît point crier », ce qui pourrait être une allusion à la célèbre accroche du film Alien, le huitième passager. La course poursuite à Malte dans le tome 2 emprunte aussi certains codes au septième art.
Références historiques et anachronismes
Les différents véhicules utilisés par les protagonistes pour se rendre sur la Lune font références à des engins modernes :
- Bombastus élabore des théories loufoques, mais dont certains éléments anticipent la science moderne (le chat de Schrödinger ainsi que l'équation de Schrödinger apparaissent au détour de l'une de ses démonstrations[4]). Il utilise le moteur à réaction à plusieurs reprises, mais donne une explication de son fonctionnement complètement farfelue. Il construira également une fusée lunaire pour le Capitaine Mendoza et Cénile Spilorcio ;
- l'engin avec lequel Lope, Maupertuis, Hermine, Séléné, Eusèbe et le Raïs Kader atteignent la Lune est en fait une montgolfière (qui n'est inventée qu'à la fin du XVIIIe siècle). Bombastus ignorait d'ailleurs son principe, et est très surpris, à la fin du tome 5, de la voir décoller avant que la pierre de lune soit jetée au fond de la lagune.
- l'arrivée des héros sur la Lune (tome 6) fait penser à celle d'Apollo 11. On peut remarquer également que la forme du véhicule que les héros empruntent rappelle celle de la capsule lunaire.
Personnages
Personnages principaux
- Don Lope de Villalobos y Sangrin : loup espagnol — hidalgo — courageux voire téméraire, emporté, irréfléchi, colérique et excellent bretteur, ce qui fait de lui quelqu'un à ne pas contrarier. C'est le meilleur ami d'Armand, qu'il a rencontré à la guerre, et il a la particularité d'appeler ses amis par une forme hispanisante de leur prénom : « Armando » pour Armand, « Eusebio » pour Eusèbe, etc. Le cri de guerre de sa famille est « Carne y Sangre » (« Chair et sang » en espagnol). Il cache une phobie des rats, qu'il combattra à grand-peine et parviendra à surmonter face à des chimères avec l'aide de ses amis. Il tombe amoureux dans l'acte I de Doña Hermine, une belle bohémienne, mais tente de cacher ses sentiments. Hermine lui fera la cour pendant un temps, mais, agacée par les refus de Lope, se disputera régulièrement avec lui. Très pieux, il met un point d'honneur à se confesser et méprise les musulmans, qu'il juge païens. Il deviendra néanmoins, après quelques disputes et la promesse d'un duel à mort, ami avec le Raïs Kader. De son père il hérita d'une botte secrète, qu'il transmettra à Armand. Il a un passé tragique : fiancé a une belle louve, Doña Inès, elle fut emportée par la maladie la veille de leurs noces.
- Armand Raynal de Maupertuis : renard gascon et plus proche ami de Don Lope. Il aime la bonne chère, le vin, les femmes et profite de la vie. C'est un poète dans l'âme ; il se bat bien. Il est doux et déteste voir souffrir, même les monstres les plus horribles qu'il rencontre au cours de son périple. La devise de sa famille est « Maupertuis, ose et rit », qu'il « glapit » (selon ses termes) lorsqu'il combat. Il est malgré tout courageux et n'hésite pas une seconde à risquer sa vie pour aider ses semblables. Agnostique, il est respectueux de tous et plutôt savant. Il s'éprend de Séléné alors qu'il est à Venise et ne cache pas ce sentiment. Il parle un langage soutenu et maîtrise le français à la perfection. Il excelle à la « rixme », un duel lunaire en vers qui s'achève lorsque l'adversaire ne trouve plus de réplique. Il se révèle également bon danseur. Il aime et respecte tous les arts en général, quoiqu'il ait une prédilection pour la poésie.
- Eusèbe : lapin, libéré de la galère de Mendoza par Armand et Lope. Sous son physique adorable, son caractère doux et sensible, son extrême naïveté, c'est un personnage énigmatique. On ne sait pas grand-chose de son passé, il tente pourtant plusieurs fois de raconter son histoire. Il a un frère jumeau, Fulgence, qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Cette ressemblance aurait entraîné l'erreur judiciaire qui l'a mené aux galères. Il a été garde du Cardinal. Prouvant qu'il ne faut pas se fier aux apparences, Eusèbe fait preuve à de nombreuses reprises de bravoure et de ruse, sauvant ainsi plusieurs fois la vie de ses amis, souvent aux moments les plus imprévus, ce qui lui confère de plus en plus un statut de deus ex machina. Il a une phobie des chats et un goût immodéré pour les carottes. Ses aventures avant la rencontre avec Lope et Armand sont révélées une préquelle constituée par les tomes XI et XII.
Autres personnages importants
- Le Raïs Kader : Ottoman, ancien janissaire du Sultan devenu corsaire. Yasmina, sa fille, a été enlevée pendant son enfance et Kader garde depuis lors rancune aux Espagnols, dont fait partie Lope. Il s'est lancé à sa recherche et a découvert qu'elle était devenue servante de l'actuel Vice-Roi de Nouvelle-Grenade, aux Amériques. C'est pour armer une flotte barbaresque et attaquer Maracaibo, où est censée être retenue sa fille, qu'il s'est engagé dans cette quête au trésor. Musulman, il se fâchera souvent avec le catholique Lope, lui promettant même un duel à mort avant de devenir son ami.
- Hermine : Gitane d'une grande beauté, au caractère aussi fort que celui de Lope, dont elle tombera amoureuse — bien que les deux jeunes gens soient trop fiers pour s'avouer leurs sentiments. En revanche, Hermine est harcelée fort explicitement par Andreo Spilorcio qui s'est juré de l'épouser, au grand dam de son père — et de Don Lope. Hermine est malgré tout mystérieuse : on ne sait quasiment rien de son passé. La jeune femme est d'un grand courage et voudra souvent accompagner Lope dans ses aventures, se heurtant toujours au refus de ce dernier. Elle affiche pourtant un courage et une détermination supérieure à de nombreux hommes. À la fin du dernier tome, on apprend qu’elle est en fait la fille du Raïs Kader. Elle marche pieds nus.
- Séléné : recueillie enfant par Cénile Spilorcio, on apprend qu'elle est en fait la fille du roi et de la reine de la Lune et que son prénom lunaire est Roxane, en référence à Cyrano de Bergerac. Elle est amoureuse d'Armand… C'est du moins ce qu'il semble jusqu'au dernier tome où elle tombe dans les bras du Maître d'armes et où elle révèle ses sentiments pour ce dernier, semblant n'avoir jamais considéré Armand que comme un « merveilleux ami ». On notera que dans la mythologie grecque, Séléné est une déesse de la Lune.
Personnages secondaires
- Andreo Spilorcio : fils de Cénile Spilorcio, amoureux éperdu d'Hermine et Plaisant, valet d'Andreo et frère de lait de ce dernier : ils incarnent le duo comique maître-valet classique de la commedia dell'arte, repris dans de nombreuses pièces de Molière. Andreo est ainsi une version mièvre et pleutre de Léandre et d'Octave, tandis que Plaisant reprend le personnage de Scapin, quoique moins dégourdi. Leur manque de courage en fait de piètres combattants ; mais ils se découvrent tous deux des talents de comédiens, parvenant à jouer une pièce de Molière à eux seuls avec un grand succès.
- Bombastus (de son vrai nom, « Bombastus Johannes Theophrastus Almagestus Wernher von Ulm ») : sorte de savant fou allemand naufragé aux îles Tangerines. Il est inspiré de Paracelse, dont le nom véritable est « Philippus Aureolus Theophrastus Bombast von Hohenheim ». Il peut être vu comme un pseudo Léonard de Vinci parvenant à concevoir deux machines volantes (avec plus ou moins de succès), deux vaisseaux pour aller sur la Lune et un autre pour retourner sur Terre. Il est aussi compétent en médecine, parvenant à soigner Don Lope à l'article de la mort. Bien que très docte, l'habitude qu'il a de truffer ses théorèmes et explications d'un charabia scientifique qu'il est manifestement seul à comprendre a le don d'exaspérer les autres protagonistes (et tout particulièrement Armand). Très persévérant et têtu, il est prêt à tout pour vérifier les hypothèses qu'il énonce, jusqu'à risquer sa vie. Par ailleurs, si certaines de ses théories tiennent debout, il en rejette d'autres considérées aujourd’hui comme fondamentales, telle la loi de la gravitation universelle de Newton. Même si les autres protagonistes le trouvent parfois fou et assommant, et manquent plusieurs fois de le remercier, Armand finira par reconnaître publiquement son génie et son aide maintes fois précieuse, ce qui le touchera beaucoup.
- Sabado : ancien esclave africain naufragé aux îles Tangerines. Il est devenu le chef des indigènes de l'île Majeure. S'exprimant en prose mais également en alexandrins, il n'a qu'une seule peur : que les Européens esclavagistes colonisent son île. « Sabado » signifiant « samedi » en espagnol, on peut supposer que ce personnage est inspiré de Vendredi, compagnon de Robinson Crusoé dans le roman éponyme de Daniel Defoe et protagoniste principal de Vendredi ou les Limbes du Pacifique et de Vendredi ou la Vie sauvage de Michel Tournier, lui-même inspiré du précédent.
- Le Caillou : pierre vivante très affectueuse et grande amie d'Eusèbe. Dans le tome 10, elle meurt en sauvant Eusèbe du tir de Mendoza.
- Le Maître d'armes : premier Terrien à avoir rejoint la Lune. Lors de son arrivée, le prince Jean le trompe en lui faisant croire que son frère est un despote et lui demande d'apprendre l'escrime à quelque mimes (qui deviendront les gardes du prince Jean). S'étant rendu compte de son erreur, il prend le parti du Roi et forme très rapidement le corps des Cadets de la Lune, afin de défendre celui-ci. Lorsque le couple royal est enlevé par Jean et emmené sur la nef royale aux confins des monts Miroboliques, les Cadets se lancent à l'attaque de la nef pour sauver le Roi et la Reine. Mais au plus fort de la bataille, la fille du couple royal tombe dans l'éther de l'espace et disparaît. Les Cadets tranchent alors les amarres qui retenaient la nef, laquelle dévale la pente et part elle aussi vers l'espace. Avant le début de l'histoire, il apprendra la botte « à la un, deux, trois » à Mademoiselle. Il tombera amoureux de Séléné lorsqu'elle arrivera sur la Lune avec le groupe des héros. Bien qu'il ne soit jamais directement nommé, le lecteur comprend aisément — grâce à son physique et à sa personnalité, mais aussi via des indices fournis avant même qu'il apparaisse à l'image — qu'il s'agit de Cyrano de Bergerac.
- Les Cadets de la Lune : Leurs noms et surnoms, Colin de la Lune, Fort à Bras, et Aldrin de Redondie, sont des références aux trois astronautes de la mission Apollo 11 qui vit le premier homme poser le pied sur la Lune : Michael Collins, Neil Armstrong (« fort du bras », en Anglais) et Buzz Aldrin.
- Colin de la Lune : premier violon des Archets du Roi, membre du corps des Cadets de la Lune. Disciple du Maître d'Armes, Colin est l'un des rares Sélénites à aimer le combat à l'épée : ses semblables le qualifient de belliciste. Une rivalité tacite entre lui et Don Lope semble exister depuis leur rencontre. Le nom de Colin de la Lune fait aussi référence au personnage de la légende éponyme qui explique la croissance et décroissance de la Lune : la fée de la Lune fait une tarte, c'est pour cette raison que l'on voit croître la Lune, et Colin de la Lune la mange, c'est pour cette raison qu'on voit la Lune décroître[5].
- Fort à Bras : surnom de Phébus de Litotie, autre disciple du Maître d'armes. Il est le premier disciple retrouvé par le Maître d'armes qui va lui demander d'aller chercher Colin de la lune et Aldrin de Redondie. Il ne s'exprime que par litotes, étant originaire de Litotie.
- Aldrin de Redondie : troisième et dernier disciple du Maître d'armes. Il ne s'exprime que par redondances, étant originaire de Redondie.
Antagonistes
- Cénile Spilorcio : armateur vénitien. C'est une parodie d'Harpagon, personnage principal de L'Avare de Molière. Vénal, avare fourbe et rusé, il est capable d'arriver à toutes les extrémités pour amasser des richesses. On notera que « spilorcio » signifie « avare » en italien. Son nom complet signifie donc « avare sénile ».
- Capitan Mendoza : chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, cruel et impitoyable, il commande la galère où Armand et Don Lope sont envoyés au premier acte. Assoiffé de pouvoir, il prépare par la suite un complot pour s'emparer de la Lune (et à fortiori de la Terre) en manipulant le Prince Jean. Le personnage a les traits de l'acteur français Guy Delorme, éternel félon dans les films de cape et d'épée. Ce dernier signe d'ailleurs la préface du tome 7, Chasseurs de chimères. Son nom est peut-être inspiré de celui du Capitan Mendoza, l'un des commandants du sergent Garcia dans la série Zorro de Walt Disney Pictures. Il n'est peut-être pas non plus sans lien avec le personnage du capitaine Mendoza dans la série Les Mystérieuses Cités d'or.
- Captain Boney Boone : pirate anglais à la tête d'un équipage pittoresque, il est engagé à Malte par Andreo et Plaisant pour les mener au trésor. Son talent certain pour mener un équipage provoque chez monsieur de Cigognac une profonde admiration. Son physique et son caractère tels que dépeints dans le deuxième acte font de lui une sorte de pendant méchant et grotesque du capitaine Haddock. Il révèle cependant au fil de l'histoire une psychologie plus profonde et tourmentée. « Né dans le ruisseau », d'après ses propres termes, il dit être devenu pirate faute d'autre choix et cultive des rêves de grandeur dans la marine anglaise, n'hésitant pas à se considérer lui-même comme un gentilhomme (terme ne lui allant par ailleurs pas du tout). Ses espoirs seront un temps comblés lorsque, sur la Lune, le Prince Jean le fait « Marquis des Trois Cratères », « Lord Amiral de la flotte lunaire ». Ce n'est qu'après avoir compris, grâce à monsieur de Cigognac, que la vie de boucanier était celle à laquelle il aspirait vraiment, qu'il s'alliera aux protagonistes pour faire tomber le prince Jean. Son nom semble un clin d'œil au personnage de L'Île au trésor, Billy Bones, qui détient la carte menant au trésor au début du roman. Proche de bonny bone (« osseux os » en anglais), il fait aussi peut être allusion au Black Jack ou Jolly Roger, le drapeau pirate (deux os entrecroisés surmontés d'un crâne). C'est sans doute également une référence à la célèbre pirate Anne Bonny, qui fut la compagne de Jack Rackham (ce même Rackam qui inspira à Hergé le personnage de Rackham le Rouge dans l'album Le Secret de La Licorne).
- Messire de Cigognac : cigogne, aristocrate français, second du capitaine Boone. Avant de se lancer dans la piraterie, il a essayé de nombreuses voies (le séminaire, l'armée…) ; finalement, il a trouvé chez les hommes de Boone un idéal de liberté qu'il devra pleurer un temps, lorsque les pirates se feront corsaires au service du Prince Jean. C'est par ses mots que ces derniers accepteront de recouvrer la liberté des frères de la côte. Il est sans doute inspiré du baron de Sigognac, qui endosse le rôle du capitaine Fracasse dans le roman éponyme.
- Le duc de Westminster, le duc d'York et l'archevêque de Canterbury : pirates au service de Boney Boone, choisis à la base, n'étant pas très futés, pour déterrer le trésor des îles tangerines, c'est le Capitaine Boone qui leur accorde ces titres en s'imaginant lui-même à la tête de la marine anglaise. L'archevêque souffre d'un fort strabisme qui lui confère un air demeuré en permanence.
- Prince Jean sans Lune : frère jumeau renégat du roi des Sélénites. Son nom évoque Jean sans Terre, roi d'Angleterre et personnage de la légende de Robin des Bois, frère félon du roi Richard Cœur de Lion.
- Mademoiselle : sœur du Roi de la Lune et du prince Jean, a pris fait et cause pour ce dernier. Élève du Maître d'armes, qui lui apprit la botte « à la un, deux, trois ».
- Monsieur Apollon : grand chambellan du Prince Jean et chef de la garde mime.
- Mimes : tribus indigènes de la Lune, mises au service du Prince Jean. Ils sont muets et ne s'expriment que par gestes[6], d'où leur nom. Ils sont inspirés par le personnage de Pierrot, amoureux de la lune et qui lui écrit des poèmes à la lumière d'une chandelle. Lorsqu'ils sont enrôlés dans la garde du prince Jean, on leur accorde en solde une chandelle et une plume par soldat.
- Chimères : créatures mythiques et magiques qui prennent l'apparence de ce qui effraye le plus la personne dont elles s’approchent. Armand, don Lope et les pirates sont confrontés à des chimères lors de leur voyage sur la face cachée de la Lune, les chimères matérialisant entre autres la phobie des rats de don Lope. Le Maître d'Armes affirme que, contrairement à l'opinion répandue chez les Sélénites, les chimères ne sont pas dangereuses et que l'on peut faire d'elles ce que l'on veut. Il fait apparaître des licornes et autres créatures inoffensives et façonne des chimères à l'apparence parfois étrange (par exemple un hippocampéléphantocamélos ou un hippogriffe)[7].
Albums
Les dix premiers tomes concernent les aventures de Don Lope de Villalobos y Sangrin et Armand Raynal de Maupertuis, les tomes 11 et 12 se penchent sur celles d'Eusèbe avant sa rencontre avec Lope et Armand, constituant ainsi une préquelle.
- Le Secret du janissaire (1995)
- Pavillon noir ! (1997)
- L'Archipel du danger (1998)
- Le Mystère de l'île étrange (2000). Avec cet album était distribuée une pièce de théâtre en un acte, Le Médecin imaginaire.
- Jean Sans Lune (2002)
- Luna incognita (2004)
- Chasseurs de chimères (2006)
- Le Maître d'armes (2007)
- Revers de fortune (2009)
- De la Lune à la Terre (2012)
- Vingt mois avant (2014)
- Si ce n'est toi... (2016)
Publication
Éditeurs
- Delcourt (collection Terres de Légendes)
- Tome 1 à 12 (de 1995 à 2016), il s'agit des premières éditions
- Hors série : Le médecin imaginaire ou l'impromptu du tome IV (2009), distribué avec l'édition du tome 4
- Intégrale actes I, II et III (2005), regroupant 3 tomes dans un coffret rouge
- Intégrale actes IV, V et VI (2004), regroupant 3 tomes dans un coffret vert
- Intégrale actes VII, VIII et IX (2009), regroupant 3 tomes dans un coffret bleu
- Intégrale actes I et II (2010)
- Intégrale actes III et IV (2011)
- Intégrale actes V et VI (2012)
- Intégrale actes VII et VIII (2012)
- Intégrale actes IX et X (2012)
- Intégrale actes I à X (2012), sous la forme de 5 intégrales de 2 tomes regroupées dans un coffret
- France Loisirs : 5 intégrales regroupant les tomes 1 à 12
- Intégrale actes I, II et III (2008)
- Intégrale actes IV, V et VI (2009)
- Intégrale actes VII et VIII (2009)
- Intégrale actes IX et X (2013)
- Intégrale actes XI et XII (2017)
Accueil critique
D'après Actua BD, « Au fil des albums, la série De Capes et de Crocs, s’impose de plus en plus comme un classique »[8]. La série, qui mélange « bande dessinée, roman, théâtre et cinéma » est définie comme « une série riche de mille et une références, savamment distillées par des auteurs aussi cultivés que malicieux »[9].
Adaptations
Théâtre
Deux adaptations théâtrales de la série ont vu le jour. L'impromptu Le Médecin imaginaire, distribué avec le tome 4, a été adapté en 2002 et joué régulièrement, notamment par la Compagnie des Mille chandelles en 2011. Une autre troupe, la Compagnie des Masques, a adapté l'univers de la série dans deux pièces : Le Trésor des îles Tangerines et De Capes et de Crocs, l'Expérience[10].
Feuilleton radiophonique
Les deux premiers tomes ont donné lieu à une adaptation radiophonique en 2017 et 2019, avec quatre épisodes de 30 minutes chacun. Ils ont été diffusés sur RDWA, radio associative émettant à Die dans la Drôme, et sont disponibles en podcast sur le site officiel de la radio[11].
Notes et références
- « De Cape et de Crocs - Tous les albums », sur http://www.bedetheque.com (consulté le )
- « Ô ciel, quels sont les traits de ta puissance, et que tu fais bien voir qu'il n'appartient qu'à toi de faire des miracles ! »
- Dans la tirade « à la fin de l'envoi, je touche », Armand déforme l'un des vers qu'il déclame pendant un combat : « Vite, monsieur, une rime en “oc” […] J'ai trouvé, il s'agit de “croc” » (dans Cyrano de Bergerac : « Il me manque une rime en “eutre”… […] C'est pour me fournir le mot pleutre ! »).
- Tome 10, De la Lune à la Terre, page 29
- La Grande Encyclopédie des Lutins de Pierre Dubois, Hoëbeke
- À priori ils sont aussi capables de se faire entendre de leurs congénères, même s'ils ne semblent émettre aucun son.
- Cet animal se retrouve dans la pièce d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, acte I, scène 4, dans la célèbre « tirade du nez ».
- Nicolas Anspach, « De Capes et de Crocs - T6 : Luna Incognita - Par Ayroles & Masbou - Delcourt », sur Actua BD,
- Laurent Boileau, « De Capes et de Crocs - T7 : Chasseurs de chimères - Par Ayroles & Masbou - Delcourt », sur Actua BD,
- « De Capes et de Crocs », sur http://www.editions-delcourt.fr (consulté le )
- « De capes et de crocs », sur rdwa.fr (consulté le ).
Liens externes
- Site officiel de l'éditeur Delcourt
- De Cape et de Crocs sur bedetheque.com
- De Cape et de Crocs, site consacré à la série