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Das Lied von der Erde

Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre) est une « symphonie pour ténor, alto (ou baryton) et grand orchestre » composée par Gustav Mahler d’après La Flûte chinoise de Hans Bethge. Il s’agit d’une suite de six lieder interprétés successivement par les deux chanteurs solistes. Les textes furent revus par Mahler selon son habitude.

Fiche technique

  • Titre : Das Lied von der Erde
    • Sous-titre : Symphonie pour ténor, alto (ou baryton) et grand orchestre
  • Composition : 1907
  • Durée : 60 minutes environ
  • Création : le à Munich, sous la direction de Bruno Walter
  • Publication : Universal Edition, vol. IX Complete edition, Vienne

Les six poèmes articulés dans cette œuvre ont été adaptés par Hans Bethge et sont les suivants :

  • Das Trinklied vom Jammer der Erde (« La Chanson à boire de la douleur de la Terre »), poème de Li Bai
  • Der Einsame im Herbst (« Le Solitaire en automne »), poème de Qian Qi
  • Von der Jugend (« De la jeunesse »), poème de Li Bai
  • Von der Schönheit (« De la beauté »), poème de Li Bai
  • Der Trunkene im Frühling (« L’Ivrogne au printemps »), poème de Li Bai
  • Der Abschied (« L’Adieu »), poèmes de Meng Haoran et Wang Wei

La durée de l'ensemble, soixante minutes environ, autorise le terme de symphonie, que Mahler avait par ailleurs employé pour tenter de contourner une supposée malédiction de la neuvième symphonie.

Analyse

Das Trinklied vom Jammer der Erde (La Chanson à boire de la douleur de la Terre)

Allegro en la mineur, relatif de do majeur, le thème de l'ivresse, remède à toutes nos peines, s'ouvre en fanfare avec les cors sur un motif de trois notes répété à plusieurs reprises. Mais le répit ne dure qu'un temps, le leitmotiv de la triste réalité résonne une première fois sombre est la Vie, sombre est la Mort. L'espoir renait le firmament depuis toujours est bleu, la Terre longtemps encore fleurira au printemps. Développement où les états d'âme se suivent, du sentiment de révolte, à l'exaltation due au vin et enfin la prise de conscience douloureuse du monde tel qu'il est. Et le mouvement en conclusion reprend le leitmotiv résigné sombre est la vie, sombre est la mort.

Der Einsame im Herbst (Le Solitaire en automne)

Ce mouvement lent dépeint l'homme seul avec ses souvenirs qui laisse échapper quelques larmes car même à l'abri au sein de la nature, il ne trouve pas encore la sécurité intérieure.

Von der Jugend (De la jeunesse)

Ce mouvement rapide et court qui fait office de scherzo avec les deux suivants, dépeint les paysages de la Chine un pavillon de porcelaine verte et un petit pont de jade, tel le dos courbé d'un tigre.

Von der Schönheit (De la beauté)

Suite narrative ou descriptive de trois épisodes « des jeunes filles sur les rives cueillent des fleurs de lotus », « parmi les branches galope une jeune et galante compagnie que les jeunes filles suivent des yeux avec nostalgie », « l'éclat de leurs grands yeux verts et la chaleur de leur regard sombre trahissent encore l'émotion de leur cœur ».

Der Trunkene im Frühling (L'homme ivre au printemps)

Un ivrogne chante trop haut et un oiseau vient annoncer le printemps, l'ivrogne proteste « que m'importe le printemps, laissez moi à mon ivresse ».

Der Abschied (L'Adieu)

Sur un poème de Mong-Kao-Yen (Meng Haoran) dans l'attente de l'ami et un poème de Wang Wei l'adieu de l'ami. Le poète attend son ami au crépuscule pour gouter ensemble aux splendeurs du soir. L'ami arrive mais pour adresser au poète un éternel adieu. La coda superpose les tons d'ut majeur et la mineur laissant en suspens toute conclusion d'ordre terrestre sur des paroles du compositeur « la Terre adorée, partout, fleurit au printemps et reverdit : partout, toujours, l'horizon bleu luira ! Éternellement... Éternellement... » Cet ewig (éternellement) final est repris sept fois au son du célesta.

Orchestration

Le grand orchestre symphonique est requis pour l'exécution du Chant de la Terre : 1 flûte piccolo, 3 flûtes (la troisième doublant la partie de second piccolo), 3 hautbois (le troisième doublant le cor anglais), 3 clarinettes (la troisième doublant la partie de petite clarinette en mi b), 1 petite clarinette, 1 clarinette basse, 3 bassons (le troisième doublant le contrebasson), 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba basse, des percussions (timbales, tam-tam, grosse caisse, cymbales, caisse claire, glockenspiel, triangle, et tambourin), 1 célesta, 2 harpes, 1 mandoline et cordes.

En 1918/1920, Arnold Schönberg est amené à transcrire Le Chant de la Terre pour orchestre de chambre. Il ne peut terminer le projet et c'est seulement en 1983, que le musicologue Rainer Riehn (en) achève la transcription à partir des notes (sommaires), laissées sur une partition de l'œuvre. En janvier 2020, à Amsterdam, Reinbert de Leeuw enregistre sa propre réalisation de chambre (2010), avec Lucile Richardot et Yves Saelens, destinée à un effectif similaire aux ébauches de Schönberg, tout en conservant certains instruments indispensables à l’identité de l’œuvre, notamment « le contrebasson pour sa couleur morbide au début de « Der Abschied » et la harpe pour son timbre éthéré dans l’incarnation de l’idylle et de l’éternité. » Au sujet des qualités de cette réduction, de Leeuw précise que « L’instrumentation légère rend réalisable le pianissimo si souvent demandé par Mahler dans les parties vocales et donne vie de façon plus soutenue encore au symbolisme de la délicate poésie chinoise[1] ».

Histoire

Composition

Plusieurs poèmes de Li Bai, plus ou moins bien traduits et adaptés en allemand par Hans Bethge, furent publiés, avec d'autres poèmes, en 1907 sous le titre Die chinesische Flöte (La Flûte chinoise). Ce recueil passa dans les mains de Gustav Mahler alors qu'il traversait une très grave période de crise familiale (mort de sa fille à quatre ans), personnelle (découverte d'une faiblesse cardiaque) et professionnelle (démission forcée de son poste de directeur de l'Opéra de la Cour de Vienne). Son présent état d'esprit se retrouva dans ces émouvants poèmes qui chantaient la beauté de la Nature et l'éphémère vie des hommes et lui apportèrent une certaine consolation. Il mit alors en musique en 1907-1908 dans sa symphonie Das Lied von der Erde six poèmes chinois de l'Anthologie dont quatre de Li Bai : La Chanson à boire de la douleur de la Terre, De la Jeunesse, De la Beauté, L'Homme ivre au Printemps, respectivement premier, troisième, quatrième et cinquième mouvements de l'œuvre où la musique de Mahler épouse à merveille les poèmes de Li Bai.

Création

Das Lied von der Erde fut créé à Munich le par Bruno Walter.

Discographie sélective

Notes et références

  1. Thomas Dieltjens, « Das Lied von der Erde », p. 8, Bruxelles, Alpha 633, 2020 (OCLC 1222058658)..
  2. « Mahler Le Chant de la Terre », Orchestre Victor Hugo Franche Comté, (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

Ouvrages

Articles

  • Lionel Esparza, « Le contexte oriental du Chant de la Terre de Gustav Mahler », Musurgia, vol. 2, no 1, , p. 84-91 (lire en ligne)
  • Michel Rigoni, « Das Lied von der Erde de Gustav Mahler ou le romantisme de la désillusion », Musurgia, vol. 2, no 1, , p. 92-118 (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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