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Cyclisme au Québec

Le cyclisme au QuĂ©bec a fait son apparition dans la deuxième moitiĂ© du XIXe siècle et n'a cessĂ© depuis de se dĂ©velopper, que ce soit en tant que pratique sportive ou comme moyen de transport. 96% des QuĂ©bĂ©cois auraient fait du vĂ©lo au moins une fois dans leur vie et environ 54% auraient pratiquĂ© cette activitĂ© en 2020[1]. Cette annĂ©e-lĂ , le nombre de cyclistes est estimĂ© Ă  4,5 millions. Selon un sondage LĂ©ger menĂ© en 2021, le cyclisme sur route serait le deuxième sport le plus populaire au QuĂ©bec derrière la randonnĂ©e pĂ©destre et devant la natation[2].

Le Grand Prix cycliste de Québec (haut) et des cyclistes circulant sur le Réseau express vélo à Montréal (bas).

Histoire

1870 Ă  1900 : engouement pour la bicyclette

La première démonstration publique du vélocipède, apparu en Europe dès le début du XIXe siècle, s'est déroulée le sur la terrasse Durham à Québec. Le vélocipède fut fabriqué par le voiturier Édouard Gingras à partir des plans de l'inventeur Cyrille Duquet. La « vélocipémanie » se propage rapidement à l'ensemble du Québec : plusieurs brevets sont déposés, des écoles de conduite sont ouvertes et des courses sont organisées. Le , Cyrille Duquet devient le premier champion québécois de vélocipède. Bien qu'on entrevoit déjà son potentiel en tant que moyen de transport, une bicyclette coûte approximativement le salaire annuel moyen d'un ouvrier, ce qui la rendra inaccessible encore quelques années[3]. La première piste cyclable de Montréal est ouverte en 1874. Elle est suivie de la voie cyclable du tout nouveau parc du Mont-Royal en 1876[4]. La ville sera l'hôte des Championnats du monde de cyclisme sur piste en août 1899.

La bicyclette est l'une des rares activités physiques importées au Québec depuis la France, puisque le sport au Québec s'est développé principalement après le Régime français. L'historien du sport québécois Donald Guay souligne que c'est « sous l'influence française que se fait l'intégration du vélocipède au Québec alors que la plupart des autres activités physiques, comme les régates, la boxe et les courses de chevaux sont introduites par des Anglo-Saxons. »[5]

1910 à 1940 : démocratisation et développement comme sport

Enfants Ă  bicyclette Ă  Alma vers 1930.

Le cyclisme perd légèrement en popularité au tout début du XXe siècle en raison de l'arrivée de l'automobile. Toutefois, l'achat d'une bicyclette est devenu plus accessible. C'est en 1911 qu'immigre au Québec celui qui sera plus tard surnommé le « papa des cyclistes » québécois[6]. Louis Quilicot sera une figure de proue des débuts du cyclisme au Québec. En 1915, il fonde « Bicycles Quilicot », le premier magasin spécialisé en cyclisme à Montréal. En 1929, un vélodrome est construit au parc Jarry; des courses se déroulent également au forum de Montréal. Les compétitions cyclistes attirent autant sinon plus de spectateurs que le hockey sur glace durant la période de l'entre-deux-guerres[7]. Une nouvelle génération de cyclistes québécois fait sa marque à l'international, parmi laquelle se trouvent Henri Lepage, Pierre Gachon et Jules Audy. La popularité du sport diminuera à nouveau à partir de la Seconde Guerre mondiale[7].

1970 à 2000 : création d'infrastructures et d'événements

Plusieurs pistes cyclables sont créées dans les années 1980 et 1990.

Le premier choc pétrolier et les changements culturels des années 1970 entraînent un « bike boom »[4]. La Fédération cyclotouriste provinciale, renommée plus tard Vélo Québec, voit le jour en 1967. Au cyclotourisme s'ajoutent progressivement les enjeux liés au cyclisme en tant que moyen de transport. En 1977, le gouvernement du Québec publie La bicyclette, un moyen de transport. Sur le plan sportif, des compétitions régionales voient le jour comme le Tour de l'Abitibi (1969) ou le Tour de Beauce (1986). Au niveau international, Montréal reçoit les championnats du monde de cyclisme sur route et sur piste en 1974 ainsi que les compétitions olympiques en 1976. De son côté, Bromont reçoit deux championnats du monde de VTT dans les années 1990.

Les années 1980 et 1990 verront la construction d'un grand nombre de pistes cyclables partout au Québec. À Montréal, l'Axe Nord-Sud est ouvert en 1985 et devient rapidement l'un des aménagements cyclables les plus achalandés du pays. C'est cette même année qu'est organisée la première édition du Tour de l'île de Montréal, événement populaire consacré aux cyclistes urbains. Le chantier de la Route verte s'amorce en 1995[4].

Depuis 2000 : hausse du cyclisme utilitaire et des pratiques sportives

Vélos en libre-service à Montréal.

Toujours en développement, les réseaux cyclables urbains s'adaptent à la popularité du cyclisme utilitaire en prévoyant des aménagements cyclables lors d'ajout ou de rénovation d'infrastructures et en améliorant le déneigement pour permettre le cyclisme hivernal[8] - [9]. En 2009, la métropole québécoise est l'une des premières villes nord-américaines à mettre en place un réseau de vélos en libre-service, le réseau BIXI[10].

Les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal voient le jour en 2010 en tant qu'épreuves du World Tour de l'Union cycliste internationale, chaque année en septembre. Le Grand défi Pierre Lavoie, lequel inclut un marathon cycliste, devient un événement panquébécois majeur dans les années 2010 en faisant la promotion des saines habitudes de vie.

Le vĂ©lo de montagne est aussi en forte progression depuis plusieurs annĂ©es au QuĂ©bec. VĂ©lo QuĂ©bec estime ses adeptes Ă  1,1 million en 2020, en augmentation de 480 000 depuis 2015. L'achalandage et le nombre de sentiers et de vĂ©loparcs (aires de jeux complĂ©mentaires incluant les pumptracks) sont en hausse record durant la mĂŞme pĂ©riode[11].

Infrastructures

Niveau provincial

Écusson de la Route verte.

La Route verte est le rĂ©seau cyclable national du QuĂ©bec. Elle regroupant 8 grandes vĂ©loroutes. Elle est promue et planifiĂ©e par l'organisme VĂ©lo QuĂ©bec et rĂ©alisĂ©e en partenariat avec le gouvernement du QuĂ©bec et des partenaires locaux[12]. Totalisant environ 5 300 kilomètres, les routes vertes permettent de relier en vĂ©lo la plupart des rĂ©gions et grandes villes du QuĂ©bec. Elles sont axĂ©es sur le cyclotourisme. Elles permettent d'accĂ©der Ă  7 parcs nationaux du QuĂ©bec et plusieurs Ă©tablissements d'hĂ©bergement et campings certifiĂ©s « Bienvenue cyclistes! » se trouvent sur les parcours. Les segments urbains empruntent les rĂ©seaux cyclables municipaux tandis que les segments ruraux sont principalement des accotements asphaltĂ©s sur des routes provinciales ou parfois des pistes en site propre (ex. : d'anciens parcours de chemin de fer)[13].

Niveau régional

Souvent intégrés à la Route verte, les aménagements cyclables régionaux sont des itinéraires situés en milieu rural ou permettant de relier plusieurs municipalités voisines. Ils sont la plupart du temps gérés par des organismes sans but lucratif ou par des municipalités régionales de comté. Ils portent fréquemment les noms de : véloroute, cycloroute, route, sentier, parc linéaire ou simplement piste cyclable. Parmi les plus connus, on retrouve la véloroute des Bleuets, permettant de faire le tour du lac Saint-Jean, ou bien le parc linéaire Le P'tit Train du Nord, un long itinéraire cyclable dans les Laurentides. L’Association des réseaux cyclables du Québec regroupe une bonne partie de ces aménagements[14].

Niveau municipal

  • RĂ©seau cyclable de MontrĂ©al : parmi les plus dĂ©veloppĂ©s en AmĂ©rique du Nord, le rĂ©seau montrĂ©alais, en 2020, comptait 1 001 kilomètres dont 630 sont entretenus durant l'hiver. Sa flotte de vĂ©los en libre-service Ă©tait de 9 175. Le nombre de cyclistes est estimĂ© Ă  1,1 million, soit 57% de sa population adulte. En moyenne, les MontrĂ©alais feraient 4,1 heures de vĂ©lo par semaine[15].
  • RĂ©seau cyclable de QuĂ©bec : axĂ© d'abord sur la pratique rĂ©crĂ©ative, mais de plus en plus aussi pour les dĂ©placements utilitaires, le nombre de cyclistes est estimĂ© Ă  275 000, soit 53% de sa population adulte[16]. Ses vĂ©los en libre-service sont entièrement Ă©lectriques en raison de la topographie de la ville[17]. En moyenne, les habitants de la capitale quĂ©bĂ©coise feraient 2,4 heures de vĂ©lo par semaine[16].

VĂ©lodromes

Il existe actuellement un seul vélodrome au Québec. Situé à Bromont, le vélodrome Sylvan Adams a ouvert ses portes en tant que vélodrome extérieur en 1998. Actuellement en travaux, il sera couvert à partir d'octobre 2022[18].

Parmi ceux disparus, plusieurs se trouvaient à Montréal[19] : le vélodrome de Queen's Park (1898-1902), le vélodrome du parc Jarry (1929-), le vélodrome métropolitain (1955-) et le vélodrome olympique (1976-1989). Ailleurs au Québec, quelques pistes ont existé sur des périodes plus ou moins courtes : Terrebonne (1899), Shawinigan (1947-1948), Saint-Augustin-de-Desmaures (2001-2007)[20].

Pistes de BMX

Selon le recensement de 2019 de la Fédération québécoise des sports cyclistes, le Québec compterait une soixantaine de pistes consacrées à la pratique du BMX. La majorité se trouve en Montérégie, en Estrie, dans les Laurentides et dans la Capitale-Nationale[21].

Sentiers de vélo de montagne

Le « Répertoire des sentiers de vélo de montagne et de fatbike » de Vélo Québec estime à 160 le nombre de sites pour pratiquer ces disciplines[22] :

Les « véloparcs » (regroupant les pumptracks, les pistes de dirt jump et de slopestyle) sont de plus en plus populaires au Québec[23].

Compétition

Compétitions de cyclisme sur route

Anciennes compétitions de cyclisme sur route

Coureurs cyclistes québécois

Pierre Gachon est le premier Québécois à prendre part au Tour de France en 1937. Il faut attendre 2013 avant que David Veilleux lui succède comme second participant[24]. Le Tour de France 2022 représente toutefois une évolution majeure puisque 3 Québécois participent à cette édition : Hugo Houle, Antoine Duchesne et Guillaume Boivin[25].

Institutions

Organismes

  • VĂ©lo QuĂ©bec : fondĂ© en 1967 sous l'appellation « FĂ©dĂ©ration cyclotouriste provinciale », l'organisme fait la promotion du vĂ©lo comme loisir et comme moyen de transport. Il produit des statistiques, organise des Ă©vĂ©nements, fait de la sensibilisation et de la formation.
  • FĂ©dĂ©ration quĂ©bĂ©coise des sports cyclistes : fondĂ©e en 1960 sous l'appellation « Union cycliste du QuĂ©bec », elle rĂ©git la pratique et fait la promotion des diffĂ©rents sports cyclistes. Entre autres, elle homologue les parcours, planifie les compĂ©titions et fait la formation des commissaires et entraĂ®neurs. Parmi les clubs qui y sont affiliĂ©s, en date du [26] :

MĂ©dias

  • VĂ©lo Mag

Événements

Cyclisme hivernal

Le cyclisme hivernal est de plus en plus populaire au Québec.

Alors que le climat du QuĂ©bec est tout Ă  fait favorable au cyclisme extĂ©rieur du printemps Ă  l'automne, l'hiver quĂ©bĂ©cois a longtemps Ă©tĂ© un obstacle majeur. Le cyclisme hivernal est toutefois en progression depuis plus d'une dĂ©cennie. En 2020, le nombre de cyclistes hivernaux est estimĂ© Ă  190 000 alors qu'ils sont 3,3 millions entre mai et septembre. Ă€ MontrĂ©al, le taux de rĂ©tention des cyclistes durant l'hiver est passĂ© de 8,4% en 2016-2017 Ă  13,6% en 2020-2021[27]. En 2017, la ville reçoit la 5e Ă©dition du Winter Cycling Congress.

Le fatbike s'est Ă©galement implantĂ© avec succès au QuĂ©bec dans les annĂ©es 2010. En 2020, on comptait 1 300 km de sentiers sur neige rĂ©partis dans 95 centres, soit trois fois plus de kilomètres et deux fois plus de centres qu'en 2015[11].

Voir aussi

Références

  1. L'État du vélo au Québec en 2020, Montréal, Vélo Québec, , 32 p. (ISBN 978-2-924149-26-3, lire en ligne), p. 5
  2. « Baromètre: les sports les plus pratiqués par les Québécois », Le Journal de Montréal,‎ (lire en ligne)
  3. « Première utilisation publique d'un vélocipède au Québec », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le )
  4. Stéphane Desjardins, Vélo Mag. Histoire du vélo au Québec, Montréal, Vélo Québec, , 116 p. (ISSN 1180-1360, lire en ligne), p. 8
  5. Donald Guay, Petite histoire du cyclisme au Québec, Montréal (ISBN 2551067707), p. 10
  6. « Le Vélodrome Métropolitain sera terminé dans un mois », La Patrie,‎ (lire en ligne)
  7. Jean-François Nadeau, Vélo Mag. Histoire du vélo au Québec, Montréal, Vélo Québec, , 116 p. (ISSN 1180-1360, lire en ligne), p. 54-55
  8. Michel Chabot, « Le vélo quatre saisons gagne en popularité à Montréal », Radio-Canada Sports,‎ (lire en ligne)
  9. David Rémillard, « Les cyclistes utilitaires de Québec réclament un prolongement de la saison », ICI Québec,‎ (lire en ligne)
  10. « Bixi : 10 ans et en selle », Radio-Canada,‎ (lire en ligne)
  11. L'État du vélo au Québec en 2020, Montréal, Vélo Québec, , 32 p. (ISBN 978-2-924149-26-3, lire en ligne), p. 27
  12. « Les partenaires de la Route verte : des bâtisseurs », sur La Route Verte (consulté le )
  13. La Route verte du Québec : guide officiel de l'itinéraire et des services 10e édition, Montréal, Vélo Québec, , 264 p.
  14. « Page d'accueil », sur Association des réseaux cyclables du Québec (consulté le )
  15. L'État du vélo à Montréal en 2020, Vélo Québec, , 67 p. (lire en ligne)
  16. L'État du vélo à Québec en 2020, Vélo Québec, , 54 p. (lire en ligne)
  17. Marie-Pier Mercier, « Le vélopartage fait son entrée à Québec », ICI Québec,‎ (lire en ligne)
  18. Jean-François Guillet, « Le seul vélodrome couvert au Québec, un projet hors norme », La Voix de l'Est,‎ (lire en ligne)
  19. Jean-François Nadeau, « Quand la ville roulait vélo », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  20. David Rémillard, « On rêve d’un vélodrome couvert », Le Soleil,‎ , p. 50 (lire en ligne)
  21. Fédération québécoise des sports cyclistes, « Pistes de BMX au Québec » (consulté le )
  22. « Répertoire des sentiers de vélo de montagne et de fatbike », sur Vélo Québec (consulté le )
  23. « Véloparc », sur Vélo Québec (consulté le )
  24. « Le Tour de France : un tour de force entrepris par peu de Québécois », Radio-Canada Sports,‎ (lire en ligne)
  25. Simon Drouin, « Trois Québécois au Tour de France », La Presse,‎ (lire en ligne)
  26. « Liste des clubs », sur Fédération québécoise des sports cyclistes (consulté le )
  27. L'État du vélo au Québec en 2020, Montréal, Vélo Québec, , 32 p. (ISBN 978-2-924149-26-3, lire en ligne), p. 7
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