Accueil🇫🇷Chercher

Cryptoprocta spelea

Cryptoprocta spelea, également connu sous le nom de Fossa géant[1], est une espèce de carnivores de Madagascar aujourd'hui disparue. Il appartenait à la famille des Eupleridae, que l'on associe généralement aux mangoustes et qui comprend tous les carnivores malgaches. L'espèce a été décrite pour la première fois en 1902, et est séparée du fossa (Cryptoprocta ferox), qui lui est fortement apparenté, en 1935. C. spelea est plus grand que le fossa, mais autrement il lui ressemble très fortement. Les deux espèces ne sont pas unanimement reconnues comme distinctes dans le monde scientifique. On ne sait pas quand et comment le Fossa géant a disparu, et on recense quelques témoignages demeurant rares d'observations de très grands fossas, ce qui indiquerait que l'espèce existe toujours.

Cryptoprocta spelea
Description de cette image, également commentée ci-après
Reconstitution d'un Fossa géant.

Espèce

Cryptoprocta spelea
G. Grandidier, 1902

Synonymes

  • Cryptoprocta ferox var. spelea G. Grandidier, 1902
  • Cryptoprocta spelea: Petit, 1935
  • Cryptoprocta antamba Lamberton, 1939

Statut de conservation UICN

( EX )
EX : Éteint

L'espèce est connue à partir d'os subfossiles découverts dans diverses grottes dans le nord, l'ouest, le sud et le centre de Madagascar. Dans certains sites, on le trouve conjointement avec des restes de C. ferox, mais rien ne prouve qu'ils ont vécu au même moment. C. spelea pouvait certainement chasser des proies plus imposantes que le fossa actuel, dont notamment les lémuriens subfossiles.

Description

Un mammifère ressemblant à un chat sur un rocher
Le fossa (Cryptoprocta ferox) est un animal apparenté à C. spelea mais plus petit et qui existe encore de nos jours.

Bien que certaines diffĂ©rences morphologiques entre les deux espèces de fossas ont Ă©tĂ© dĂ©crites[2], celles-ci semblent allomĂ©triques (liĂ©es Ă  la croissance), et dans leur Mammalian Species de 1986, Michael Köhncke et Klaus Leonhardt dĂ©clarent que les deux fossas Ă©taient morphologiquement identiques[3]. Toutefois, les restes de C. spelea sont plus grands que n'importe quel C. ferox existant. Goodman et son Ă©quipe ont montrĂ© que la taille des crânes de spĂ©cimens qu'ils ont identifiĂ©s comme des C. spelea Ă©tait 1,07 Ă  1,32 fois plus importante que pour un C. ferox adulte[4]. Pour le seul spĂ©cimen de C. spelea pour lequel la longueur totale du crâne a Ă©tĂ© mesurĂ©e, elle Ă©tait de 153,4 mm, contre entre 114,5 et 133,3 mm pour un C. ferox adulte. L'humĂ©rus, chez 12 C. spelea, avait une longueur comprise entre 122,7 et 146,8 mm, avec une moyenne de 137,9 mm, contre entre 108,5 et 127,5 mm avec une moyenne de 116,1 mm chez le fossa actuel[5]. La masse corporelle de C. spelea est estimĂ©e Ă  entre 17 kg[6] et 20 kg[7] et il devait faire partie des plus grands prĂ©dateurs de l'Ă®le[6]. Pour comparaison, un C. ferox adulte pèse entre 5 et 10 kg[8].

Taxonomie

En 1902, Guillaume Grandidier dĂ©crit les restes subfossiles d'un carnivore dans deux grottes de Madagascar qui ressemble Ă  une forme plus grosse du Fossa (Cryptoprocta ferox), et qui est donc nommĂ© C. ferox var. spelea. G. Petit, en 1935, considère que spelea est en fait une espèce distincte[9]. Charles Lamberton Ă©tudie les formes actuelles et subfossiles de Cryptoprocta en 1939 et confirme Petit dans son hypothèse selon laquelle il s'agit de deux espèces distinctes[10]. Il dĂ©crit officiellement la nouvelle espèce Ă  partir du spĂ©cimen dĂ©couvert Ă  Ankazoabo Cave, une grotte situĂ©e 15 km au nord d'Itampolo. Le nom spĂ©cifique spelea signifie « grotte Â» et fait rĂ©fĂ©rence au lieu de dĂ©couverte de cette espèce[11]. Toutefois, Lamberton, s'appuyant sur trois fossiles de fossa actuel, soit Ă  peine assez pour bien Ă©valuer la variabilitĂ© au sein de l'espèce, ainsi que d'autres auteurs, ne font pas la distinction entre C. spelea et C. ferox[12]. Steven Goodman et son Ă©quipe, avec un Ă©chantillon de taille plus importante, fournit une nouvelle Ă©tude des Cryptoprocta publiĂ©e dans un article de 2004. Il montre que certains Cryptoprocta subfossiles avaient une taille situĂ©e au-delĂ  des variations possibles au sein de C. ferox, et il les identifie donc comme appartenant Ă  l'espèce C. spelea[4]. Grandidier n'a pas dĂ©signĂ© de spĂ©cimen type pour l'espèce, et continue Ă  utiliser C. spelea pour dĂ©signer la plus grande forme de fossa. Goodman et son Ă©quipe ont dĂ©signĂ© un spĂ©cimen type[13].

Lamberton reconnait une troisième espèce, Cryptoprocta antamba, Ă  partir d'une mâchoire infĂ©rieure prĂ©sentant un espace anormalement large entre les condyles de la mandibule[14]. Il s'appuie Ă©galement sur la dĂ©couverte de deux fĂ©murs et d'un tibia de taille intermĂ©diaire entre C. spelea et C. ferox et qui correspondrait pour lui Ă  cette nouvelle espèce[15]. Le nom spĂ©cifique se rapporte Ă  l'« antamba Â», un animal lĂ©gendaire qui aurait vĂ©cu au sud de Madagascar. Il est dĂ©crit par Étienne de Flacourt en 1658 comme un grand carnivore ressemblant Ă  un lĂ©opard mangeant des hommes et des veaux et vivant dans des zones reculĂ©es dans les montagnes[16] - [12], et pourrait correspondre en fait Ă  un grand fossa[17]. Goodman et son Ă©quipe n'ont pas pu retrouver les Ă©chantillons du Cryptoprocta antamba de Lamberton, mais pensent qu'il s'agissait d'un C. spelea particulier[18]. Le Fossa et C. spelea forment le genre Cryptoprocta au sein de la famille des Eupleridae, qui inclut les autres carnivores malgaches — l'Euplère de Goudot, la Civette malgache, et les Galidiinae. La sĂ©quence ADN montre que les Eupleridae sont un groupe monophylĂ©tique dont les plus proches apparentĂ©s sont les mangoustes d'Eurasie et du continent africain[19].

Distribution, Ă©cologie et extinction

Lieu de découvertes de subfossiles du genre Cryptoprocta : en bleu—C. spelea; en vert—C. ferox et C. spelea; en rouge—C. ferox[20]
Sites où ont été collectés les spécimens[20]
Sitespe.fer.
Ampasambazimba+
Ankarana++
Ankazoabo+
Antsirabe++
Behova++
Beloha++
Belo sur Mer++
Bemafandry+
Betioky+
Lakaton'ny akanga+
Lelia+
Manombo++
Tsiandroina+
Tsiravé+
Abréviations:
  • spe.: C. spelea
  • fer.: C. ferox

Cryptoprocta spelea est le seul membre éteint de l'ordre des Carnivora connu à Madagascar[11]. Les espèces récemment éteintes à Madagascar comprennent également 17 espèces de lémuriens, dont la plupart étaient plus grands que les espèces existantes aujourd'hui[18], ainsi que les Aepyornithiformes et l'Hippopotame nain de Madagascar, parmi d'autres[21]. Les subfossiles de Fossa géant ont été trouvés dans des sites datés de l'Holocène[9] à l'extrémité nord de Madagascar, le long de la côte ouest jusqu'à l'extrémité sud de l'île et dans les montagnes du centre. Certains sites présentaient à la fois des restes de C. spelea et ceux de C. ferox. Toutefois, par manque de connaissance solide en stratigraphie et l'absence de datation au carbone, on ne peut pas conclure si les deux espèces vivaient dans la même région au même moment[22] - [23]. La différence de taille entre les deux espèces est similaire à celle entre les chats et les mangoustes que l'on trouve sur l'île, et une cohabitation entre les deux espèces était donc certainement possible[20].

Avec sa grande taille et ses mâchoires et ses dents massives[24], C. spelea était un formidable prédateur[25], et en plus des petits lémuridés, il devait s'attaquer au gros, comme les lémuriens subfossiles qui étaient trop gros pour C. ferox[26] - [27]. Rien ne prouve formellement qu'il consommait des lémuriens, ce n'est qu'une supposition par rapport au régime alimentaire du fossa[28]. Parmi les autres proies possibles on recense les Tenrecidae, les Eupleridae et même les jeunes Hippopotames nains de Madagascar[29]. Son extinction a peut-être modifié les dynamiques de prédation sur Madagascar[30].

La liste rouge de l'UICN classe C. spelea comme une espèce Ă©teinte, mais on ne sait pas oĂą et quand elle s'est Ă©teinte[31]. Toutefois, le peuple indigène de Madagascar cite souvent deux formes de fossa, fosa mainty (ou « Cryptoprocta noir Â») plus grand et un fosa mena plus petit (ou « Cryptoprocta rougeâtre Â»[32] - [20]. Il existe Ă©galement diverses histoires mettant en scène des Fossas gĂ©ants, comme un spĂ©cimen de m et 30 kg Ă  Morondava. Goodman et son Ă©quipe pense que des recherches poussĂ©es pourraient montrer qu'il y a plus d'une seule espèce de fossa vivante sur l'Ă®le[20].

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) J.A. Alcover et M. McMinn, « Predators of vertebrates on islands », BioScience, vol. 44,‎ , p. 12–18 (lire en ligne)
  • (en) G.P. Burness, J. Diamond et T. Flannery, « Dinosaurs, dragons, and dwarfs: The evolution of maximal body size », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 98,‎ , p. 14518–14523 (lire en ligne)
  • (en) D.A. Burney, L.P. Burney, L.R. Godfrey, W.L. Jungers, S.M. Goodman, H.T. Wright et A.J.T. Jull, « A chronology for late prehistoric Madagascar », Journal of Human Evolution, vol. 47,‎ , p. 25–63 (lire en ligne)
  • (en) I.C. Colquhoun, « Predation and cathemerality: Comparing the impact of predators on the activity patterns of lemurids and ceboids », Folia Primatologica, vol. 77,‎ , p. 143–165 (lire en ligne)
  • (en) N. Garbutt, Mammals of Madagascar : A Complete Guide, A & C Black, , 304 p. (ISBN 978-0-7136-7043-1)
  • (en) S.M. Goodman, The Natural History of Madagascar, Chicago (Ill.), University of Chicago Press, , 1709 p. (ISBN 0-226-30306-3), « Predation on lemurs », p. 1221–1228
  • (en) S.M. Goodman, J.U. Ganzhorn et D. Rakotondravony, The Natural History of Madagascar, Chicago (Ill.), University of Chicago Press, , 1709 p. (ISBN 0-226-30306-3), « Introduction to the mammals », p. 1159–1186
  • (en) S.M. Goodman, R.M. Rasoloarison et J.U. Ganzhorn, « On the specific identification of subfossil Cryptoprocta (Mammalia, Carnivora) from Madagascar », Zoosystema, vol. 26,‎ , p. 129–143 (lire en ligne)
  • (en) M. Hoffman, « Cryptoprocta spelea », IUCN Red List of Threatened Species. Version 2009.2., (consultĂ© le )
  • (en) M. Köhncke et K. Leonhardt, « Cryptoprocta ferox », Mammalian Species, vol. 254,‎ , p. 1–5 (lire en ligne)
  • C. Lamberton, « Les Cryptoprocta fossiles », MĂ©moires de l'AcadĂ©mie malgache, vol. 27,‎ , p. 155–193
  • (en) S.T. Turvey, Holocene Extinctions, Oxford University Press US, , 352 p. (ISBN 978-0-19-953509-5, lire en ligne)
  • (en) S. Wroe, J. Field, R. Fullagar et L.S. Jermiin, « Megafaunal extinction in the late Quaternary and the global overkill hypothesis », Alcheringa, vol. 28,‎ , p. 291–331 (lire en ligne)

Liens externes

Genre Cryptoprocta

Autre lien externe

Notes et références

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.