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Crise d'Octobre

La crise d'Octobre[note 1] recoupe une série d'événements politiques et sociaux liés à l'enlÚvement de l'attaché commercial du Royaume-Uni James Richard Cross et l'enlÚvement et le meurtre du ministre provincial du Travail Pierre Laporte par le Front de libération du Québec qui ont lieu en dans la province du Québec, au Canada.

Crise d'Octobre
Date au
Lieu Drapeau du Québec Québec, Canada
RĂ©sultat Mort du ministre du Travail Pierre Laporte
Chronologie
EnlÚvement du diplomate britannique James Richard Cross par la cellule Libération du FLQ
Lecture du Manifeste du FLQ à la télévision de Radio-Canada
EnlÚvement du ministre du Travail Pierre Laporte par la cellule Chénier du FLQ
Des soldats canadiens sont dĂ©pĂȘchĂ©s Ă  Ottawa.
Mise en place de la Loi sur les mesures de guerre par le gouvernement du Canada.
457 arrestations
DĂ©cĂšs du ministre Pierre Laporte
James Richard Cross est libéré.
La cellule Libération du FLQ s'exile pour Cuba.
Arrestation de la cellule Chénier du FLQ par la police.

Débutant le avec l'enlÚvement, à sa maison de Westmount, de l'attaché commercial du consulat général du Royaume-Uni à Montréal, James Richard Cross, par la cellule Libération du Front de libération du Québec (FLQ)[1], la crise d'Octobre est marquée également par la lecture du Manifeste du FLQ à la télévision de Radio-Canada (8 octobre), par l'enlÚvement du ministre provincial du Travail Pierre Laporte par la cellule Chénier (10 octobre)[2], par la mise en place de la Loi sur les mesures de guerre (15-16 octobre), par la découverte du corps de Pierre Laporte le à Saint-Hubert dans le coffre d'une voiture, par la libération de James Richard Cross[3] le , puis par l'arrestation des trois derniers membres de la cellule Chénier le .

La crise d'Octobre vient affecter les élections municipales de 1970 à Montréal.

Contexte historique

Situation politique de 1960

En 1958, Pierre Laporte provoque le scandale du gaz naturel et compromet une bonne partie de la classe dirigeante de l'Union nationale dans le cadre d'un dĂ©lit d'initiĂ©. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1960, le QuĂ©bec est en pleine pĂ©riode de changement. Le gouvernement libĂ©ral de Jean Lesage prend le pouvoir aprĂšs 15 ans de gouvernance de l'Union nationale. Le nouveau gouvernement modifie le systĂšme de santĂ© et d’éducation, passant aux mains de l'État quĂ©bĂ©cois. Le systĂšme de santĂ© devient accessible Ă  tous. L’école devient gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans. RenĂ© LĂ©vesque, ministre des Ressources hydrauliques et des Travaux publics, nationalise l’électricitĂ© et en confie la gestion Ă  Hydro-QuĂ©bec[4].

La présence des services français va en s'accroissant à partir de 1964. DÚs 1963 les Québécois iront chercher l'appui de la France.

Conjoncture sociale et Ă©conomique

Le QuĂ©bec, vers la fin des annĂ©es 1960, n'est pas en bonne posture Ă©conomique. Le taux de chĂŽmage atteint des sommets; le taux d'inflation est trĂšs Ă©levĂ©. L'Ă©conomie du QuĂ©bec est en rĂ©cession dĂšs 1966. Durant la pĂ©riode de la Grande Noirceur, les QuĂ©bĂ©cois sont souvent victimes du pouvoir des Anglophones. Ces derniers occupent toujours les postes les plus importants et contrĂŽlent l’économie quĂ©bĂ©coise. Les francophones sont rĂ©signĂ©s Ă  travailler comme ouvrier dans des usines appartenant Ă  des Anglophones. Nombreux sont les QuĂ©bĂ©cois qui ne peuvent plus parler leur langue au travail ou qui doivent maĂźtriser l’anglais pour trouver un emploi. Bien que la position des QuĂ©bĂ©cois ait connu des changements avec l’arrivĂ©e de la RĂ©volution tranquille, les Anglophones ont toujours une grande partie du monopole Ă©conomique au QuĂ©bec. Cette situation choque le peuple quĂ©bĂ©cois qui n’a pas le contrĂŽle de ses affaires collectives. Un bon nombre s’indigne des inĂ©galitĂ©s socioĂ©conomiques et de l'emprise des intĂ©rĂȘts anglophones et capitalistes sur l'Ă©conomie[5] quĂ©bĂ©coise. Des mouvements dont le Front de libĂ©ration du QuĂ©bec font valoir leur vision de la situation et considĂšre que de constituer Ă  partir du QuĂ©bec et sa sociĂ©tĂ© un pays souverain est la solution. De plus, les gouvernements, provincial et fĂ©dĂ©ral dĂ©plaisent notamment au FLQ qui voit en eux des complices d'intĂ©rĂȘts renouvelant de structures politiques nĂ©es d'entreprises coloniales qui dĂ©favorisent l'Ă©panouissement de l'ensemble de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise et francophone.

La fin du pouvoir de Jean Lesage en 1966 favorisera la préparations des opérations militaires et terroristes de 1970.

Question nationale

Dans la foulĂ©e de la RĂ©volution tranquille, quelques QuĂ©bĂ©cois se radicalisent Ă  la suite de certaines situations jugĂ©es injustes. Se rĂ©voltant contre le clergĂ© catholique et une minoritĂ© quĂ©bĂ©coise principalement anglophone, ils ressentent l'appel au changement et la contestation. Un mouvement nationaliste se crĂ©e peu Ă  peu et se rassemble sous l'Ă©gide d'un mouvement radical: Rassemblement pour l'indĂ©pendance nationale (RIN), dirigĂ© par Pierre Bourgault[6]. En 1967 a lieu l’Exposition universelle de MontrĂ©al, ce qui permet au monde entier de venir visiter le QuĂ©bec. Les services secrets cubains et soviĂ©tiques Ă©galement sont prĂ©sents. Durant cet Ă©vĂšnement, Charles de Gaulle, prĂ©sident de la RĂ©publique française, vient visiter le QuĂ©bec et dĂ©clare durant un discours : « Vive le QuĂ©bec libre ! »[4]. Cette phrase a pu paraĂźtre banale Ă  plusieurs, mais pour certains, elle dĂ©clenche leur dĂ©sir de sĂ©paration.

La fĂȘte de la Saint-Jean-Baptiste de l’annĂ©e 1968 est un autre Ă©vĂ©nement marquant qui secoue les QuĂ©bĂ©cois. À la veille des Ă©lections fĂ©dĂ©rales du 25 juin 1968, plusieurs centaines de manifestants se dĂ©placent pour afficher leur indignation Ă  des politiciens, dont Pierre Elliott Trudeau et Jean Drapeau. Au cours de cette journĂ©e, aussi surnommĂ©e le lundi de la matraque, des arrestations musclĂ©es ont lieu, 290 personnes sont arrĂȘtĂ©es[7]. Le , RenĂ© LĂ©vesque dĂ©missionne du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec Ă  cause de ses convictions, jugĂ©es trop nationalistes, pour fonder le Parti quĂ©bĂ©cois l'annĂ©e suivante, le .

Aux Ă©lections d'avril 1970, le Parti quĂ©bĂ©cois arrive deuxiĂšme au vote populaire, mais Ă  cause du mode de scrutin majoritaire, il ne parvient qu'Ă  rĂ©colter 7 siĂšges Ă  l'assemblĂ©e nationale. Le 27 mars 1970 a lieu un Ă©vĂšnement hors du commun Ă  MontrĂ©al : « La nuit de la poĂ©sie ». Durant une nuit entiĂšre, des milliers de personnes se donnent rendez-vous au thĂ©Ăątre du GesĂč pour prĂȘter l’oreille Ă  des poĂštes quĂ©bĂ©cois. Gaston Miron, Claude Gauvreau, RaĂŽul Duguay, MichĂšle Lalonde font partie de cette liste d’artistes prĂ©sents sur la scĂšne cette nuit-lĂ . Les principaux sujets traitĂ©s par ces poĂštes sont l’identitĂ© quĂ©bĂ©coise, la langue française ainsi que la souverainetĂ©. Cet Ă©vĂšnement, mĂȘme s’il ne dure qu’une soirĂ©e, amĂšne beaucoup de QuĂ©bĂ©cois Ă  cogiter sur l’idĂ©e de l’indĂ©pendance de la province[8].

Front de libération du Québec

Robot de déminage des forces canadiennes au musée canadien de la guerre à Ottawa.

Les membres du Front de libĂ©ration du QuĂ©bec font valoir leur point de vue, depuis plusieurs annĂ©es, Ă  propos du reste du Canada. C’est par l’entremise de bombes et de dynamites placĂ©es prĂšs des bĂątiments fĂ©dĂ©raux comme des Ă©difices militaires, des banques et mĂȘme des boĂźtes aux lettres, que le FLQ dĂ©montre sa colĂšre face Ă  la situation critique au QuĂ©bec, bien que la provenance de certaines d'entre elles restent controversĂ©e. Une enquĂȘte menĂ©e par le gouvernement quĂ©bĂ©cois a tentĂ© de prouver que certaines de ces bombes ont en fait Ă©tĂ© placĂ©es par la GRC (Gendarmerie royale du Canada) pour se faire passer pour le FLQ[9]. Malheureusement cette enquĂȘte n'a jamais Ă©tĂ© menĂ©e Ă  terme. Plusieurs felquistes sont arrĂȘtĂ©s et emprisonnĂ©s pour les crimes qu’ils ont commis durant ces annĂ©es[10].

Cela crĂ©e donc de l’agitation chez le Front de libĂ©ration du QuĂ©bec puisque beaucoup de membres souhaitent voir leurs camarades sortir de prison. Quelquefois, certains membres du FLQ se retrouvent en GaspĂ©sie avec des pĂȘcheurs et d’autres personnalitĂ©s connues comme Plume Latraverse pour partager leur rĂ©volte. Ils se rejoignent tous Ă  la « Maison du pĂȘcheur » de PercĂ© et chantent, composent et discutent d’enjeux importants pour le QuĂ©bec. Ces rencontres alimentent la ferveur des militants qui croient de plus en plus en leur cause et fortifient leur conviction[11].

Manifeste du FLQ

Le manifeste est envoyĂ© par le Front de libĂ©ration du QuĂ©bec aux mĂ©dias lorsque les membres de la cellule LibĂ©ration enlĂšvent James Richard Cross, le 5 octobre 1970. Il s’agit d’un discours Ă  saveur politique, Ă©crit en 1970 par certains membres influents du FLQ. Ces derniers rĂ©digent Le Manifeste pour qu’il soit lu Ă  la tĂ©lĂ©vision et Ă  la radio, afin que toute la population quĂ©bĂ©coise connaisse les revendications du FLQ. Le Manifeste est rĂ©digĂ© alors que le QuĂ©bec est l’objet de tension et de division entre les fĂ©dĂ©ralistes et les souverainistes. Il est Ă©crit pour expliquer bien plus que la question nationale, il dĂ©nonce aussi l’inĂ©galitĂ© entre les Anglophones et les Francophones[12].

Auteurs du Manifeste

Le Manifeste du FLQ a Ă©tĂ© Ă©crit principalement par Jacques LanctĂŽt et AndrĂ© Roy, deux membres du mouvement[13]. Jacques LanctĂŽt est nĂ© en 1945 Ă  MontrĂ©al, il est le fils de GĂ©rard LanctĂŽt[14], un fasciste de droite connu pour ses propos racistes. Durant la crise d’octobre, LanctĂŽt est chroniqueur pour le journal La Presse[7]. Il est trĂšs au fait de la situation au QuĂ©bec et croit que l’avenir de la province doit passer par une rĂ©volution. Jacques LanctĂŽt est un tĂ©moin direct de l’évĂšnement puisqu’il participe activement Ă  l'enlĂšvement de James Richard Cross.

AndrĂ© Roy, quant Ă  lui, est nĂ© en 1943 au QuĂ©bec. Tout comme LanctĂŽt, Roy espĂšre un avenir meilleur pour le QuĂ©bec et souhaite son indĂ©pendance. Les deux hommes Ă©crivent donc le manifeste du FLQ dans cette optique, tout en ayant en tĂȘte l’enlĂšvement d’une figure politique importante. AndrĂ© Roy n’est pas un tĂ©moin direct de la crise d’octobre puisque, quelques mois avant les Ă©vĂšnements, il est emprisonnĂ©, car la police est au courant de ses intentions. Jacques LanctĂŽt ajoute le nom d’AndrĂ© Roy Ă  la liste de prisonniers politiques devant ĂȘtre libĂ©rĂ©s dans le Manifeste du FLQ (Trait, 1970). Ce document historique est Ă©crit pour les mĂ©dias dans l’intention qu’ils le lisent sur les ondes. Le 7 octobre 1970, le manifeste est rĂ©citĂ© Ă  la radio CKAC et le lendemain il est lu sur les ondes de Radio-Canada par GaĂ©tan Montreuil[13].

Octobre 1970


En 1968 les contacts se multiplent entre felquistes opérationnels comme Jacques LanctÎt, Robert Comeau et Paul Rose. En 1969 l'opération d'écoute des chefs de campagne de Pierre Laporte est mise en place. Dans la foulée de cette opération qui visera à discréditer la personne de Pierre Laporte et jugeant que la situation politique est dans une impasse, un groupuscule indépendantiste à tendance révolutionnaire[15], le Front de libération du Québec, décide, le , d'enlever le diplomate britannique James Richard Cross. Les services de police, qui s'étaient infiltrés dans le mouvement felquiste, savaient ce que le groupe clandestin planifiait, mais décidÚrent de ne pas intervenir[16].

Le , le lecteur de nouvelles Gaétan Montreuil effectue la lecture intégrale du Manifeste du FLQ à la télévision de Radio-Canada. Il précise au début et à la fin de la lecture du manifeste qu'il s'exécute dans un but humanitaire visant à sauver James Cross[17].

À la suite de ces enlĂšvements, Pierre Elliott Trudeau contacte le Toronto Star et dĂ©clare Ă  l'Ă©ditorialiste Peter C. Newman que les enlĂšvements font partie d'un complot pour renverser le gouvernement du QuĂ©bec. Le Toronto Star relaye ses dires, qui crĂ©ent une commotion dans tout le Canada, sans rĂ©vĂ©ler sa source ni le fait que Trudeau n'avait aucune preuve de cette « insurrection apprĂ©hendĂ©e »[18] sinon « les informations » qu'il avait amassĂ©es « depuis l'Ăąge de trois ans ».

À la demande du gouvernement du QuĂ©bec et de l'administration municipale de MontrĂ©al, La Loi sur les mesures de guerre est dĂ©clarĂ©e le 16 octobre, Ă  4 heures du matin[19].

Moyens de communication des gouvernements fédéral et provincial pour répondre au FLQ

Les gouvernements Ă  la tĂȘte des pouvoirs quĂ©bĂ©cois et canadien de l’époque de la crise d’octobre d’automne 1970 se sont pris de diffĂ©rentes façons pour rĂ©pondre au Front de libĂ©ration du QuĂ©bec, mouvement important ayant une « histoire secrĂšte »[20]. Ainsi, afin de propager leurs rĂ©ponses au sein de la sociĂ©tĂ©, ils ont dĂ» utiliser diffĂ©rents moyens de communication. Ceux-ci sont les communiquĂ©s diffusĂ©s par le Conseil exĂ©cutif du gouvernement du QuĂ©bec, les journaux, dans lesquels il est possible de voir comment leurs messages ont Ă©tĂ© couverts, la tĂ©lĂ©vision et la radio, Ă  travers laquelle le gouvernement a rĂ©pondu directement au mouvement felquiste. Au fil de la crise, les mĂ©dias sont devenus des acteurs mĂȘmes de celle-ci, au mĂȘme titre que le gouvernement, le FLQ et la police. Étant devenus d’importants acteurs de la crise, les mĂ©dias se verront grandement influencĂ©s par le FLQ lui-mĂȘme. En ayant obtenu l’attention complĂšte du QuĂ©bec, le Front de libĂ©ration entraĂźne de la mĂȘme maniĂšre une concurrence hostile entre les divers mĂ©dias couvrant les Ă©vĂšnements de la crise d’octobre. Cette concurrence des mĂ©dias est en quelque sorte, indirectement, la stratĂ©gie du FLQ puisque le groupe veut qu’on parle de lui le plus possible et, bien sĂ»r, c’est ce qu’apporte cette concurrence. Chaque mĂ©dia tient Ă  ĂȘtre le premier Ă  sortir de nouvelles informations afin d’atteindre une plus grande attention du public et ainsi, faire plus d’argent. Cette compĂ©tition entraĂźne les journalistes Ă  sortir leurs nouvelles le plus rapidement possible et ce, avant mĂȘme de les communiquer aux autoritĂ©s. Les mĂ©dias jouent donc un plus grand rĂŽle que celui de simple intermĂ©diaire; ils sont de rĂ©els acteurs, au mĂȘme titre que le gouvernement et le FLQ. Lors de cette crise et, selon le premier ministre du Canada de l’époque, Pierre Elliott Trudeau, cette importance des mĂ©dias est trop grande. Celui-ci indique que les mĂ©dias font l’erreur de manquer de discrĂ©tion et de donner une attention trop significative au groupe terroriste.

Il y a les acteurs passifs caractĂ©risĂ©s par le fait que l’information diffusĂ©e par les mĂ©dias a engendrĂ© des consĂ©quences comme l’enlĂšvement de Pierre Laporte par l’entremise de la rĂ©vĂ©lation de l’enlĂšvement de James Cross Ă  travers ceux-ci. De plus, il y a les acteurs actifs, soient les journalistes qui tentent de participer au phĂ©nomĂšne de la crise en couvrant la crise en stipulant leurs actions comme s’ils Ă©taient dans la mĂȘme catĂ©gorie que les autres acteurs caractĂ©risant la crise. En effet, « les reporters raconteront leurs nuits d’insomnie, les menaces de mort qu’ils reçoivent, le soutien qui leur est donnĂ©. »[21] Finalement, les acteurs sociaux sont ceux qui vont observer et diffuser la rĂ©alitĂ©, mais qui seront, pour certains, arrĂȘtĂ©s et mis en prison, car ils seront perçus comme Ă©tant complice aux actes terroristes[22].

Les communiqués de presse

Le gouvernement du Québec avait comme politique durant la crise d'octobre de faire le moins de déclarations possible pour ne pas envenimer la situation. Charles Denis, directeur de l'information du Conseil exécutif du gouvernement du Québec, à partir du bureau du premier ministre du Québec, a publié plusieurs communiqués distribués par l'intermédiaire de Telbec, société de diffusion de communiqués de presse. Ces communiqués que l'on trouvera sur Robert Demers - Souvenirs d'octobre 70 sont :

  • le 11 octobre 1970. RĂ©ponse de Bourassa Ă  l'ultimatum des ravisseurs de Cross et Laporte.
  • le 15 octobre 1970. Le gouvernement du QuĂ©bec donne son point de vue dĂ©finitif aux ravisseurs de Cross et Laporte.
  • le 16 octobre 1970, ''J'ai dĂ©cidĂ© d'agir de façon ferme et rapide.'' Robert Bourassa.
  • le 17 octobre 1970. Les autoritĂ©s Ă©noncent les modalitĂ©s de leur offre aux ravisseurs.
  • le 19 octobre 1970. Le gouvernement rappelle que son offre de sauf - conduit tient toujours.
  • le 26 octobre 1970. Me Demers fournit des prĂ©cisions quant aux modalitĂ©s du sauf-conduit.

Journaux

Les journaux ont eu un impact important dans la crise d’octobre. En effet, un article provenant du quotidien Le Devoir, publiĂ© le 16 octobre 1970, montre clairement la position gouvernementale durant les attentats felquistes de l’automne 1970. Les verbatims de diffĂ©rents discours des dirigeants politiques, tels que Robert Bourassa, montrent la rĂ©ponse qu'ils apportent Ă  cette prise d'otages. Par exemple, il est mentionnĂ© sous forme de verbatims les paroles de Bourassa Ă  l’AssemblĂ©e nationale du 15 octobre 1970 : « Actuellement, au QuĂ©bec, le rĂ©gime dĂ©mocratique est menacé  et c’est notre responsabilitĂ© premiĂšre et essentielle de le sauvegarder ».

On voit donc ici position du gouvernement Bourassa face aux Ă©vĂ©nements. De plus, les autres discours mettent beaucoup d’emphase sur des termes et des mots provocants, tels que « danger », « crise », « extrĂȘme gravitĂ© », etc. De ce fait, il est Ă©vident que l’on cherche ici Ă  s’assurer que la population s’oppose aux idĂ©es des terroristes[23].

À la suite de l’enlĂšvement de James Cross, quatre des plus grands journaux du QuĂ©bec (Le Journal de MontrĂ©al, Le Devoir, La Presse et The Gazette) ont le devoir de mettre le manifeste felquiste Ă  la une de leur journal respectif afin de calmer le FLQ qui se fait de plus en plus menaçant. Toutefois, ce n’est que Le Journal de MontrĂ©al qui respectera cette demande du FLQ Ă  la lettre. La Presse diffuse le manifeste en entier, mais pas Ă  la couverture, Le Devoir ne partage pas le manifeste, mais n’en fait qu’un rĂ©sumĂ©, tandis que The Gazette en fait la traduction en anglais, en modifiant quelques propos Ă©crits dans la lettre initiale. Chacun de ces quotidiens mentionne que ce message est uniquement publiĂ© dans le but de libĂ©rer James Richard Cross, prisonnier aux mains du Front de libĂ©ration du QuĂ©bec, et qu’il ne reflĂšte aucunement l’opinion de ses journalistes[24].

Télévision

La tĂ©lĂ©vision a jouĂ© un rĂŽle significatif dans la communication politique du gouvernement fĂ©dĂ©ral et provincial. Le 10 octobre 1970, le FLQ dĂ©tenait en otage le diplomate James Cross depuis dĂ©jĂ  cinq jours. Un ultimatum imposĂ© au gouvernement fĂ©dĂ©ral par le FLQ la veille affirmait que celui-ci devait libĂ©rer les prisonniers politiques avant 18 heures le 10 octobre, en Ă©change de la libĂ©ration de Cross. La rĂ©ponse du gouvernement fĂ©dĂ©ral du QuĂ©bec a Ă©tĂ© rendue, quelques minutes avant la fin du sablier, sous la forme d’une dĂ©claration tĂ©lĂ©visĂ©e, confectionnĂ©e en union avec le gouvernement provincial, dans laquelle le ministre de la Justice de l’époque, JĂ©rĂŽme Choquette, refusa catĂ©goriquement la demande du FLQ[20].

On voit donc que le gouvernement fĂ©dĂ©ral et le gouvernement provincial ont dĂ©cidĂ© de faire parvenir leur rĂ©ponse et leur point de vue par l’entremise de la tĂ©lĂ©vision, ce qui fit en sorte que la population entiĂšre a ressenti le calme que tentait de laisser paraĂźtre le gouvernement face au FLQ. Ceci est dĂ» au fait que la population Ă©tait en mesure de voir avec leurs propres yeux les rĂ©actions et les visages des membres du gouvernement qui prenaient place devant l’auditoire et la camĂ©ra, sans que ceux-ci ne le laissent paraĂźtre leur peur afin de restaurer la sĂ©rĂ©nitĂ© dans la sociĂ©tĂ©.

Radio

MalgrĂ© le fait que le FLQ s’emparait des stations de radio, comme la CKAC et la CKLM qui recevait des appels tĂ©lĂ©phoniques de la part des felquistes afin que la distribution de messages soit faite[25], pour vĂ©hiculer leurs actes, propos et intentions, les gouvernements ont vĂ©hiculĂ© beaucoup de leur propos Ă  travers la radio. Lors de la mise en place de la Loi sur les mesures de guerre par le gouvernement Bourassa le 16 octobre 1970, Ă  la suite de l’enlĂšvement de James Cross quelques jours avant, l’armĂ©e dĂ©barqua dans les rues de MontrĂ©al pour contrer la menace felquiste.

Étant en pleine pĂ©riode de nĂ©gociation avec le gouvernement fĂ©dĂ©ral, le FLQ, dĂ©tenant aussi le ministre Pierre Laporte, voit lesdites nĂ©gociations mal se terminer. Le jour J arriva, soit celui oĂč le FLQ allait recevoir sa rĂ©ponse face aux revendications. Évidemment, ça ne s’est pas dĂ©roulĂ© comme il l’aurait souhaitĂ©, et c’est de mĂȘme pour Pierre Laporte : « C'Ă©tait en fin d'aprĂšs-midi, rue Armstrong. Pierre Laporte entend Ă  la radio la dĂ©claration de Robert Bourassa annonçant la rupture dĂ©finitive des « nĂ©gociations ». Peu aprĂšs, il se prĂ©cipite dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă  travers une fenĂȘtre et se blesse griĂšvement aux poignets et Ă  la poitrine. »[20] À la lumiĂšre de ces faits, on peut affirmer que par l’intermĂ©diaire de la radio, le gouvernement a rĂ©pondu aux revendications du FLQ, bien qu’il ait mis en pĂ©ril la vie de certains des siens (Pierre Laporte, James Cross, etc.).

Opinion publique

Pour que la prĂ©sence des mĂ©dias soit si importante lors de la crise d’octobre, le public occupait, lui aussi, une position importante dans ce conflit. Cette opinion peut varier d’une personne Ă  une autre et ce, selon diffĂ©rents facteurs, comme le niveau d’éducation.

Intellectuels

Durant la crise d’octobre, les intellectuels se font particuliĂšrement silencieux. Leur opinion est de nature mesurĂ©e, dans la plupart des cas, c’est-Ă -dire qu’ils seraient en faveur de calmer les hostilitĂ©s qui prennent place dans la province afin de retirer la peur qui s’est emparĂ©e de la population quĂ©bĂ©coise, tout en Ă©tant prĂȘt Ă  Ă©couter le FLQ avec une attitude plus positive que le gouvernement canadien, qui ne semble pas du tout vouloir communiquer avec le groupe felquiste[26].

Lorsqu’il n’y a que deux options qui s’offrent Ă  une personne, il est normal qu’elle se fasse timide et qu’elle ne veuille pas se positionner trop rapidement d’un cĂŽtĂ©. C’est alors la situation dans laquelle les intellectuels se trouvent. On ne veut pas critiquer le gouvernement trop rapidement pour ne pas se faire accuser d’ĂȘtre en faveur du FLQ, on dĂ©cide donc d’opter pour le silence[26].

Public en général

Ce qui distingue le public en gĂ©nĂ©ral des intellectuels est le fait que le public peut changer d’opinion d’une journĂ©e Ă  l’autre. Certes, l’intellectuel peut aussi changer d’opinion rapidement, mais il en demeure que, souvent, il sera en mesure de dĂ©fendre son point de vue plus facilement, rendant alors son changement de position plus difficile et plus rare. L’opinion publique n’est pas ancrĂ©e au sein de ce public, elle se transforme. Par exemple, Ă  la suite du second enlĂšvement de la crise, celui de Pierre Laporte, le public semble se mobiliser contre le FLQ en le menaçant et en menaçant ceux qui l’appuyaient. Plusieurs groupes se sont formĂ©s pour tenter de ralentir le FLQ, comme le Mouvement de la Justice du QuĂ©bec qui revendique des idĂ©es axĂ©es davantage du cĂŽtĂ© de la droite politique[26]. Toutefois, cette mobilisation contre le FLQ n’était pas assez rĂ©elle aux yeux du premier ministre canadien. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral avait l’impression que le public n’était pas assez outrĂ© face aux enlĂšvements du FLQ. Pour lui, les mĂ©dias sont Ă  blĂąmer; les mĂ©dias francophones auraient Ă©tĂ© trop subjectifs lors de la crise d’octobre. C’est Ă  ce moment que le gouvernement fĂ©dĂ©ral dĂ©cidera d’opter pour une stratĂ©gie militaire. De plus, lorsque Radio-Canada avait diffusĂ© le manifeste du FLQ, la rĂ©action du public avait elle aussi choquĂ© Ottawa. En effet, il a Ă©tĂ© notĂ© que plus de 50% des gens ayant appelĂ© les chaĂźnes de radio pour donner leur point de vue Ă©taient en faveur avec ce qui Ă©tait mentionnĂ© dans le manifeste[27]. Le citoyen moyen se positionne selon les Ă©vĂšnements qui se produisent au fur et Ă  mesure et il forme son opinion Ă  partir de ce que les mĂ©dias divulguent Ă  chaque jour. L’opinion du public en gĂ©nĂ©ral est donc formĂ©e selon les Ă©motions[24].

Une conclusion peut tout de mĂȘme ĂȘtre faite Ă  partir de l’opinion publique du citoyen quĂ©bĂ©cois moyen. Effectivement, si l’on exclut les anglophones et la bourgeoise francophone, les QuĂ©bĂ©cois Ă©taient majoritairement en dĂ©saccord avec les moyens entrepris par le FLQ pour faire passer leur message, mais qu’ils pouvaient trouver des propositions suggĂ©rĂ©es du manifeste du Front avec lesquelles ils Ă©taient en accord[26].

Chronologie

  • 5 octobre 1970 :
    • Les membres de la cellule LibĂ©ration du FLQ enlĂšvent le diplomate britannique James Richard Cross[28].
  • 6 octobre 1970 :

Le communiqué no1 émis par le FLQ énumÚre ses exigences :

  • L’absence de fouilles policiĂšres pour retrouver l’otage ;
  • La diffusion du Manifeste du FLQ ;
  • La libĂ©ration de 23 prisonniers politiques;
  • Un avion pour leur transport vers Cuba ou l'AlgĂ©rie ;
  • L’imposition d’une « taxe volontaire » de 500,000 $ qui devront ĂȘtre placĂ©s Ă  bord de l’avion;
  • Le nom du dĂ©lateur qui a « vendu » les militants du FLQ arrĂȘtĂ©s en juin Ă  PrĂ©vost.
  • Le rĂ©engagement des " gars de Lapalme ";

Le communiqué donne aussi les noms des 23 prisonniers[29].

Mitchell Sharp, secrĂ©taire d'État aux Affaires extĂ©rieures du Canada, refuse de cĂ©der aux conditions du FLQ pour la libĂ©ration du diplomate:

« Je suis confiant que ces criminels seront apprĂ©hendĂ©s et que le diplomate sera relĂąchĂ©. C’est ce Ă  quoi nous nous affairons. » (Mitchell Sharp)
  • 7 octobre 1970 :
    • Lecture du Manifeste du FLQ Ă  la radio de CKAC, arrestation de 27 suspects, le ministre de la Justice du QuĂ©bec, JĂ©rĂŽme Choquette, affirme qu'il est prĂȘt Ă  discuter avec les ravisseurs[30]
  • 8 octobre 1970 :
  • 10 octobre 1970 :
  • 11 octobre 1970 :
    • Pierre Laporte Ă©crit une lettre Ă©mouvante Ă  Robert Bourassa pour lui dire qu'il est bien traitĂ© et l'implorer de nĂ©gocier sa libĂ©ration.
    • L'avocat Robert Lemieux est arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© sous motif d'entrave au travail des policiers
    • Robert Bourassa laisse entendre qu’il est prĂȘt Ă  nĂ©gocier avec le FLQ sujet Ă  une entente prĂ©alable sur la sĂ©curitĂ© des otages[33].
  • Le 12 octobre :
    • À 7h, Pierre Laporte Ă©crit une lettre Ă  sa femme pour lui dire qu'il va bien et qu'il est bien traitĂ©.
    • Des soldats canadiens sont dĂ©pĂȘchĂ©s Ă  Ottawa pour assurer la protection de diverses personnalitĂ©s politiques et d'Ă©difices fĂ©dĂ©raux.
    • Par un communiquĂ© Ă©mis tard la veille, Me Robert Lemieux est dĂ©signĂ© par le FLQ comme intermĂ©diaire entre le FLQ et les autoritĂ©s en place.
    • Me Robert Demers est nommĂ© pour nĂ©gocier au nom du gouvernement[34].
    • L'opĂ©ration Ginger (roux) est lancĂ©.
  • Le 13 octobre :
  • Le 14 octobre :
    • Les nĂ©gociations reprennent entre Robert Demers et Robert Lemieux qui discutent de la sĂ©curitĂ© des otages[37].
    • Une rencontre spĂ©ciale du Cabinet fĂ©dĂ©ral a lieu afin de discuter des mesures Ă  prendre pour mettre fin Ă  la crise.
    • Un groupe de seize personnalitĂ©s publiques du QuĂ©bec, prĂ©sidĂ© par RenĂ© LĂ©vesque, PrĂ©sident du Parti quĂ©bĂ©cois, donnent leur « appui le plus pressant Ă  la nĂ©gociation d’un Ă©change des deux otages contre les prisonniers politiques. »[38]
  • Le 15 octobre 1970
    • Les nĂ©gociations entre Me Demers et Me Lemieux sont dĂ©finitivement rompues.

Me Lemieux fait un discours au Centre Paul SauvĂ© devant des partisans enflammĂ©s et lance le slogan du FLQ : « Nous vaincrons ». Le gouvernement du QuĂ©bec passe Ă  l’action : L’armĂ©e est demandĂ©e en renfort de la SuretĂ©. En soirĂ©e une offre dĂ©finitive est faite aux ravisseurs, accompagnĂ©e d’un sauf-conduit avec un dĂ©lai de six heures pour l’accepter[39].

  • Nuit du 15 au 16 octobre 1970 :
    • La derniĂšre rencontre du Cabinet fĂ©dĂ©ral a lieu. Trois ministres soulignent que le « gouvernement n’a pas dĂ©montrĂ© qu’il existe un danger d’insurrection ». Trudeau Ă©voque Ă  maintes reprises les demandes rĂ©pĂ©tĂ©es du gouvernement du QuĂ©bec en faveur de l’imposition de la loi des mesures de guerre[40].
    • À 3 heures du matin Ă  l'expiration du dĂ©lai et devant l'inaction des ravisseurs, le gouvernement du QuĂ©bec et l'administration municipale de MontrĂ©al demandent l'application de certaines dispositions de la Loi sur les mesures de guerre.
    • À 4 heures du matin le gouvernement fĂ©dĂ©ral accĂšde Ă  la demande du gouvernement du QuĂ©bec[41].
  • 16 octobre 1970 :
    • La SĂ»retĂ© du QuĂ©bec procĂšde Ă  au moins 457 arrestations[42]. Les arrestations visent des individus soupçonnĂ©s d’appartenance au FLQ, ou qui ont dĂ©jĂ  participĂ© Ă  des manifestations violentes, ou qui sont liĂ©s Ă  des mouvements d’extrĂȘme gauche[43]. Parmi les dĂ©tenus, on compte la chanteuse Pauline Julien et son conjoint GĂ©rald Godin, le poĂšte Gaston Miron, le syndicaliste Michel Chartrand et le journaliste Nick Auf der Maur.
  • 17 octobre 1970 :
    • Un communiquĂ© du gouvernement du QuĂ©bec Ă©nonce les modalitĂ©s du sauf-conduit et l’intermĂ©diation de Cuba qui a acceptĂ© d’agir pour des raisons humanitaires.
    • Le FLQ Ă©met un communiquĂ© disant que le ministre « du chĂŽmage et de l’assimilation » Pierre Laporte a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©.
    • DĂ©couverte du cadavre du ministre Pierre Laporte peu avant minuit dans le coffre d'une voiture Ă  St Hubert[44].
  • 18 octobre 1970 :
    • La rĂ©probation du public est gĂ©nĂ©rale. Le FLQ vient de perdre la guerre[45].
  • 22 octobre 1970 :
    • Les mĂ©dias font Ă©cho au rapport d'autopsie qui conclut Ă  la mort par Ă©tranglement[46].
    • Le rapport de l'autopsie a prĂ©cisĂ© que Pierre Laporte avait trois blessures superficielles, sur la main droite, la joue gauche et en haut de la poitrine Ă  droite''.
  • 5 novembre 1970 :
    • Bernard Lortie, un des ravisseurs de Pierre Laporte, est arrĂȘtĂ© Ă  MontrĂ©al, Ă  la suite d'une descente de police. Les trois autres, Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard rĂ©ussissent Ă  s’enfuir[47].
    • Dans une dĂ©claration Ă  la police, Bernard Lortie affirme que Pierre Laporte a Ă©tĂ© tuĂ© dans une Ă©chauffourĂ©e avec Jacques Rose et Francis Simard[48].
  • Le 6 novembre :
    • Julien GiguĂšre, lieutenant-dĂ©tective de la Section anti-terroriste (SAT) de la police de MontrĂ©al, recrute Carole Devault, qui devient l'agente d'information : matricule SAT 945-171, nom de code « Poupette ».
  • Le 2 dĂ©cembre 1970 :
    • Jacques Cossette-Trudel et Louise LanctĂŽt, deux des ravisseurs de James Cross, sont arrĂȘtĂ©s aprĂšs avoir quittĂ© le 10945, rue des RĂ©collets Ă  MontrĂ©al-Nord, la police ayant acquis la certitude que James Cross y est sĂ©questrĂ©[49].
  • Le 3 dĂ©cembre 1970 ;
    • Les ravisseurs de James Cross, sĂ©questrĂ© au 10945 de la rue des RĂ©collets, nomment Me Bernard Mergler pour nĂ©gocier avec Me Robert Demers[50]. Me Mergler refuse, mais accepte plutĂŽt de reprĂ©senter le gouvernement de Cuba. .
    • Les ravisseurs acceptent finalement le sauf-conduit pour Cuba qui leur est offert depuis le 16 octobre 1970 en Ă©change de la libĂ©ration de James Cross[51].
    • Tel qu’il avait Ă©tĂ© entendu le 15 octobre 1970 avec le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres du Canada, le consulat de Cuba, pour des motifs humanitaires, agit comme intermĂ©diaire[52].
    • Les ravisseurs, Jacques LanctĂŽt, Marc Carbonneau, Yves Langlois, Jacques Cossette Trudel et Louise LanctĂŽt s’envolent vers Cuba[53].
    • James Richard Cross, l’attachĂ© commercial de la Grande-Bretagne, est enfin libĂ©rĂ© le 4 dĂ©cembre Ă  2 heures du matin[54].
  • Le 28 dĂ©cembre 1970
    • À 5 heures du matin, les ravisseurs de Pierre Laporte, Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard, sont arrĂȘtĂ©s par la police dans une maison de St-Luc, en MontĂ©rĂ©gie. Le docteur Jacques Ferron[55] a Ă©tĂ© le nĂ©gociateur entre la police et les felquistes.
    • La police rĂ©ussit Ă  trouver les meurtriers de Pierre Laporte. Ils sont arrĂȘtĂ©s, subiront leur procĂšs et seront condamnĂ©s Ă  de longues peines de prison.
  • La crise d'octobre est terminĂ©e[56].

Impacts

Police politique

« Il n'y avait là que des mémérages. »

— RenĂ© LĂ©vesque[57]

Lors de la crise d'octobre, le gouvernement fédéral du Canada, par le biais de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), espionne illégalement à maintes reprises le mouvement souverainiste du Québec, notamment en s'introduisant par effraction dans les bureaux du Parti québécois et en y volant les listes des membres du parti[58].

À la suite de la crise, le gouvernement de Robert Bourassa a formĂ© le Centre d'analyse et de documentation (CAD) qui a, de 1971 Ă  1977, fichĂ© environ 6 000 groupes et 30 000 personnes des milieux souverainistes, syndicaux et de la haute fonction publique[57].

Démantelé en 1977 à la suite de l'arrivée au pouvoir du gouvernement de René Lévesque, on a affirmé avoir détruit les archives du CAD. Cependant, en 1992, un rapport datant de 1974 et provenant du directeur du CAD Gilles Néron fait surface et démontre que le Centre entretenait des liens étroits avec tous les corps policiers[57]. D'autres documents, détenus par les archives nationales, sont classés « restriction d'accÚs maximale »[57].

Conséquence: L'affaire Therrien[59].

Cinéma et télévision

Notes et références

Notes

  1. « Octobre » s'écrit ici avec une majuscule. Voir, par exemple, le Guide de style et de rédaction en français du gouvernement du Manitoba (2011), section Majuscules et minuscules, « Les époques, les événements historiques ou religieux et les régimes politiques ».

Références

  1. Radio-Canada.ca, « Un diplomate britannique enlevé », sur archives.radio-canada.ca, Société Radio-Canada, (consulté le ).
  2. LA BELLE PROVINCE, 2000. Vidéo de AD HOC FILMS, un documentaire de Luc Cyr et Carl Leblanc. Montréal, Télé-Québec
  3. L'OTAGE, 2004. Vidéo de AD HOC FILMS, un documentaire de Luc Cyr et Carl Leblanc. Montréal, Télé-Québec.
  4. Linteau, Paul-AndrĂ© et al. (1986). Histoire du QuĂ©bec contemporain : Le QuĂ©bec depuis 1930, MontrĂ©al, Édition du BorĂ©al Express, 725 p.
  5. Dickinson John A. et al (2003). BrĂšve histoire socio-Ă©conomique du QuĂ©bec, QuĂ©bec, Éditions du Septentrion, 412 p.
  6. Jean-François Nadeau, Bourgault, Lux Éditeur, 2007, p. 66, 89-99, 160
  7. SociĂ©tĂ© Radio-Canada (2010). Crise d’octobre : Tout le monde en parlait, http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2010/09/14/003-octobre-TLMEP.shtml (ConsultĂ© le 30 novembre 2012).
  8. Société Radio-Canada (s.d.). La nuit de la poésie, http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/poesie/clips/6811/ (Consulté le 24 octobre 2012).
  9. « OpĂ©rations illĂ©gales de la GRC au QuĂ©bec contre des souverainistes », Canada Libre,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Crise d'Octobre sur L'Encyclopédie canadienne
  11. Beauchamp, Mathieu (2012). Plume : D’un plume Ă  l’autre, PremiĂšre chaĂźne de Radio-Canada, MontrĂ©al, SociĂ©tĂ© Radio-Canada (ConsultĂ© le 25 octobre 2012).
  12. William Tetley, Octobre 1970: Dans les coulisses de la crise, Saint-Lambert: Éditions Heritages, 2010, p. 65-70
  13. Société Radio-Canada (s.d.). Lecture du manifeste FLQ à la télévision, http://archives.radio-canada.ca/guerres_conflits/terrorisme/clips/322/ (Consulté le 15 novembre 2012).
  14. Jean-François Nadeau, Adrien Arcand FĂŒhrer canadien, Lux Éditeurs, 2010, p. 293-295
  15. Radio-Canada.ca, « La Crise d'Octobre : Le saviez-vous? », sur archives.radio-canada.ca, SociĂ©tĂ© Radio-Canada, (consultĂ© le ) : « Les felquistes ont Ă©tĂ© entraĂźnĂ©s et organisĂ©s par Georges Schoeters, un rĂ©volutionnaire belge itinĂ©rant dont la source d'inspiration Ă©tait Che Guevara. Au moins deux des membres du FLQ ont reçu des entraĂźnements de guĂ©rilla Ă  l'assignat sĂ©lectif de commandos palestiniens. Le FLQ a dĂ©veloppĂ© des liens avec diffĂ©rents mouvements rĂ©volutionnaires Ă  travers le monde, comme ceux de Cuba, d'AlgĂ©rie et de la Palestine. »
  16. « Dix ans plus tard, des documents internes rĂ©vĂ©lĂ©s par le biais des lois d’accĂšs Ă  l’information dĂ©montrĂšrent que certaines mĂ©thodes et tactiques employĂ©es par les organisations policiĂšres fĂ©dĂ©rales, provinciales et municipales n’avaient pas grand-chose Ă  envier Ă  celles que l’on attribue plus gĂ©nĂ©ralement aux pires rĂ©gimes dictatoriaux. En octobre 1970, par exemple, la police savait, par le biais d’informateurs infiltrĂ©s au sein du mouvement, ce que le FLQ planifiait. Or, au lieu d’intervenir afin de prĂ©venir ces actions, la police dĂ©cida de laisser aller afin, apprend-on des conclusions du rapport de la Commission Keable, de protĂ©ger ces indicateurs » . Marc Alain « Une mesure de la propension des policiers quĂ©bĂ©cois Ă  dĂ©noncer des comportements dĂ©rogatoires, Ă©lĂ©ments de culture policiĂšre et cultures organisationnelles », DĂ©viance et SociĂ©tĂ© 1/2004 (Vol. 28), p. 3-31. URL : http://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2004-1-page-3.htm. DOI : 10.3917/ds.281.0003.
  17. Front de libération du Québec, « Lecture du manifeste du FLQ à la télévision », sur archives.radio-canada.ca, Société Radio-Canada, (consulté le )
  18. Les détails de cette affaire seront révélés par l'éditorialiste du Toronto Star, Peter Newman, des décennies plus tard, dans son autobiographie. Voir The October Crisis: a Fresh Take on Trudeau's Act.
  19. Robert Demers, Souvenirs d'Octobre 70, https://sites.google.com/site/criseoctobre70/ [archive]
  20. Louis fournier, Histoire d'un mouvement clandestin, Montréal, Québec/Amérique, (lire en ligne)
  21. Bernard Dagenais, En temps de crise, les médias sont des acteurs à part entiÚre : octobre 1970 au Québec.
  22. Bernard Dagenais, En temps de crise, les médias sont des acteurs à part entiÚre : octobre 1970 au Québec. (lire en ligne)
  23. Normand LĂ©pine, « QuĂ©bec rejette les conditions du FLQ », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  24. Ronald Crelinsten, « La couverture de presse et ses fonctions lĂ©gitimantes », Criminologie, vol. 20, no 1,‎ , p. 35–57 (ISSN 0316-0041 et 1492-1367, DOI https://doi.org/10.7202/017245ar, lire en ligne, consultĂ© le )
  25. « Il y a 50 ans, le Front libĂ©ral du QuĂ©bec », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  26. Isabelle Pelletier, Le terrorisme au Canada : l'exemple de la crise d'octobre 1970, Montréal, , 133 p. (lire en ligne), p.33-36
  27. (en) Raphael Cohen-Almagor, « The Terrorists’ Best Ally: The Quebec Media Coverage of the FLQ Crisis in October 1970 », Canadian Journal of Communication, vol. 25, no 2,‎ (ISSN 1499-6642, DOI 10.22230/cjc.2000v25n2a1154, lire en ligne, consultĂ© le )
  28. Louis Fournier, Histoire d’un mouvement clandestin, QuĂ©bec-AmĂ©rique, MontrĂ©al, 1982, p. 364, 365 et 286
  29. Fournier, op. cit. p. 293-294. William Tetley, Octobre 1970 : dans les coulisses de la crise, Saint-Lambert : Éditions HĂ©ritage, 2010. p. 233 et 321.
  30. Charles Denis, Robert Bourassa - La Passion de la Politique, Fides, Montréal, 2006. p. 100 et 101.
  31. Tetley, op. cit. p. 235. Denis op. cit. p. 103
  32. Fournier, op. cit. p. 306
  33. Tetley, op. cit. p. 236. Denis, op. cit. p. 105 Ă  108.
  34. Fournier, op. cit. p. 316. Tetley, op. cit. p. 237. Denis op. cit. p. 109 et 110.
  35. Denis op. cit. p. 109 et p. 110. Robert Demers, Souvenirs d’Octobre 70, https://sites.google.com/site/criseoctobre70/ chap.1.
  36. Tetley op. cit. p. 326. appendix D.
  37. Fournier, op. cit. p. 325. Denis, op. cit. p. 110. Demers, op. cit. Chapitre 2 - Les négociations. Rencontre du 14 octobre 1970 : La question préalable.
  38. Fournier, op. cit. p. 325
  39. http://www.tou.tv/tout-le-monde-en-parlait/S05E16. Coté, op. cit. p. 305. Demers, op. cit. chap.3 Offre finale aux ravisseurs.
  40. William Tetley., « Libre opinion: La situation Ă©tait sĂ©rieuse le 15 octobre 1970 », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  41. DuchaĂŻne, Rapport sur les Ă©vĂšnements d’octobre 1970, p. 118. Demers, op. cit. chap. 3.
  42. Coté, op. cit. p. 312.
  43. Rapport DuchaĂźne, op. cit. p. 93-94. Fournier, op. cit. p. 322.
  44. Communiqué daté du 17 octobre 1970 émanant du Conseil exécutif du gouvernement du Québec. Denis, op. cit. p. 117. Fournier, op. cit. p. 347-348.
  45. Fournier, p. 348, Coté, p. 310, Denis, p. 119.
  46. Tetley op. cit. p. 336, La Presse, 22 octobre 1970.
  47. . Tetley, p. 340. Fournier, p. 357.
  48. . Tetley, p. 179. DuchaĂźne, p. 131-149.
  49. Fournier, op. cit. p. 364.
  50. Robert Demers, Souvenirs d’Octobre 70, https://sites.google.com/site/criseoctobre70/ [archive] chap. 5- La dĂ©livrance. CotĂ©, op. cit. p. 324.
  51. Denis, op. cit. p. 122. The Montreal Star, entrevue de Bernard Mergler publiée le 7 décembre 1970.
  52. Denis, op. cit. p. 118.
  53. Fournier, op. cit. p. 365.
  54. Fournier, op. cit. p. 365. Robert Demers, Souvenirs d’Octobre 70, https://sites.google.com/site/criseoctobre70/ [archive] L’Épilogue.
  55. Tetley op. cit. p. 265, Nadeau, Bourgault, op. cit p. 83, 84 et 206.
  56. Denis, op. cit. p. 122.
  57. Antoine Robitaille, « QuĂ©bec n'a pas tout une salle de jeu », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  58. Louis Fournier. FLQ : Histoire d’un mouvement clandestin, Outremont : LanctĂŽt, 1998, p. 492. Texte intĂ©gral.
  59. http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200106/07/002-THERRIEN.asp

Voir aussi

Bibliographie

  • William Tetley, Octobre 1970 : Dans les coulisses de la crise, Saint-Lambert, Éditions HĂ©ritage,
  • William Tetley, The October Crisis, 1970 : an insider's view, MontrĂ©al, McGill University Press,
  • Robert Demers, Souvenirs d'Octobre 70, (prĂ©sentation en ligne)
  • Charles Denis, Robert Bourassa-La passion de la politique, MontrĂ©al, Fides,
  • Louis Fournier, F.L.Q. Histoire d'un mouvement clandestin, MontrĂ©al, QuĂ©bec-AmĂ©rique, , 509 p. (lire en ligne)
  • Louis Fournier, FLQ: Histoire d'un mouvement clandestin, MontrĂ©al, VLB Ă©diteur, (1re Ă©d. 1982), 368 p. (ISBN 978-2-89649-856-7)
  • Robert CĂŽtĂ©, Ma guerre contre le FLQ, MontrĂ©al, Trait d'union, 200 p.
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  • Kevin Lee Pinkoski, « The Historiography of the Front De Liberation Du QuĂ©bec: Frameworks, ‘Identity’ and Future Study », Constellations, vol. 3, no 2,‎ (lire en ligne)
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  • Marie GrĂ©goire et Pierre Gince, Robert Bourassa et nous, Les Ă©ditions de L'HOMME, 2019
  • Robert Comeau et Louis Gill, Mon Octobre 70 : la crise et ses suites, MontrĂ©al, VLB Éditeur, , 239 p. (ISBN 978-2-89649-814-7)

Littérature : Louis Hamelin, La Constellation du lynx, Boréal compact, 2012

Articles connexes

Liens externes

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