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Compagnie des Canonniers de Lille

La Compagnie des Canonniers de Lille est une société de recherche de houille créée en 1833, pendant la fièvre des recherches de charbon, qui a exécuté plusieurs sondages puis ouvert une fosse à Marchiennes, dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Son nom fait référence au bataillon des canonniers sédentaires de Lille, célèbre à l'époque pour la part qu'il a prise dans la défense de la ville lors du siège de 1792.

Compagnie des Canonniers de Lille
Création 1833
Disparition 1850
Siège social Lille
Drapeau de la France France
Activité Houille
La tête de puits matérialisée « Puits 2 Marchiennes » est la seule trace en surface prouvant qu'il y a eu une exploitation de charbon à Marchiennes.

Les premiers sondages sont effectuĂ©s Ă  Wattignies et Loos, sans succès, puisqu'en dehors du bassin minier. La Compagnie entreprend un autre sondage Ă  Flers, qui est abandonnĂ© Ă  la suite d'un Ă©boulement. Pourtant, s'il avait Ă©tĂ© prolongĂ© de quelques mètres encore, la Compagnie aurait dĂ©couvert le bassin minier du Pas-de-Calais bien avant la Compagnie des mines de l'Escarpelle qui l'a dĂ©couvert en 1846. La compagnie s'Ă©tablit ensuite Ă  Marchiennes, lĂ  oĂą en 1752 la Compagnie Wuillaume-Turner avait tentĂ© sans succès d'Ă©tablir une fosse. Plusieurs sondages sont effectuĂ©s Ă  Marchiennes, puis une fosse, Ă  partir de 1838, d'oĂą plus de 4 000 tonnes d'un charbon de mauvaise qualitĂ© ont Ă©tĂ© extraites. Des sondages ont Ă©tĂ© faits Ă  Villers-Pol et Jenlain, eux aussi sans succès puisque situĂ©s en dehors du bassin minier. En 1850, la Compagnie est liquidĂ©e, faute d'avoir pu obtenir une concession, et le puits est serrementĂ©.

Historique

Les annĂ©es 1830 - 1840 se caractĂ©risent par un grand Ă©lan pour les entreprises industrielles de toute nature, particulièrement pour les mines de houille[E 1]. Dans le Nord, cet engouement fait suite Ă  la dĂ©couverte par la toute rĂ©cente Compagnie des mines de Douchy d'un riche gisement de charbon gras[1]. Le sol, ou un vingt-sixième de cette compagnie, qui se vendait Ă  peine 2 230 francs en fĂ©vrier 1833, atteint en janvier 1834 le prix exorbitant de 300 000 francs[E 1]. Les demandes de concessions se multiplient dans la rĂ©gion (il y en aura jusqu'Ă  70 en 1837)[2]. Cette fièvre des recherches de charbon a pour consĂ©quence la crĂ©ation d'un grand nombre de compagnies ou de sociĂ©tĂ©s, dont peu finalement sont parvenues Ă  durer dans le temps[E 2].

La Compagnie des Canonniers de Lille est formée à Lille en 1833[Z 1]. Deux sondages sont établis à Wattignies et à Loos[Z 1], en dehors du bassin minier, le terrain houiller n'y est pas atteint, mais le calcaire bleu[E 3]l'est. Le sondage de Wattignies avait été pratiqué en 1784, et avait déjà été repris en 1822[E 3].

Pendant que la Compagnie tente de trouver le charbon, d'autres compagnies et sociétés effectuent des travaux à proximité. Au nord-est, la Société de Saint-Hubert effectue plusieurs sondages[E 3], sans succès. À l'est, à Raismes, en 1839, la Compagnie de Cambrai ouvre la fosse Boitelle[F 1], la Compagnie de l'Escaut ouvre les fosses le Bret[F 2] et Évrard[F 3] et la Compagnie de Bruille ouvre la fosse Ewbank[F 3]. Ces trois dernières fusionnent et donnent naissance à la Compagnie de Vicoigne[3]. Au sud, la Compagnie des mines d'Anzin ouvre des fosses à Denain et Escaudain. La Compagnie des mines d'Aniche ouvre hors concession la fosse d'Aoust[JLH 1], La Renaissance[JLH 2], Saint Louis[JLH 3], Fénelon[JLH 4] et Traisnel[JLH 5], respectivement en 1836, 1839, 1843, 1847 et 1848, à Aniche et Somain dans une partie alors inexploitée de la concession.

Sondages

Sondage de Flers

La Compagnie Ă©tablit en 1835 un sondage Ă  Flers, près du Fort de Scarpe[E 4] - [Z 1]. Elle le pousse jusqu'Ă  la profondeur de 206,45 mètres[E 3], et allait certainement y atteindre quelques mètres plus loin le terrain houiller, comme l'ont montrĂ© plus tard les travaux de la Compagnie de l'Escarpelle, lorsqu'un Ă©boulement l'oblige Ă  abandonner ce sondage[E 4]. Un accident, une cause fortuite, a donc retardĂ© d'une dizaine d'annĂ©es la dĂ©couverte du nouveau bassin du Pas-de-Calais, et a enlevĂ© la prioritĂ© de cette dĂ©couverte Ă  la Compagnie des Canonniers[E 4]. Cette Compagnie abandonne alors le lieu si bien choisi, et reporte ses recherches dans les environs de Marchiennes, oĂą elle exĂ©cute, sans succès, de nombreux sondages et une fosse, avec une persĂ©vĂ©rance qui aurait mĂ©ritĂ© un meilleur rĂ©sultat[E 5].

Sondage no 2 du Parterre de l'Abbaye

50° 24′ 47″ N, 3° 16′ 45″ E[BRGM 1]

Le sondage est entrepris en 1835 par la Compagnie des Canonniers, Ă  peu de distance au nord du clocher de Marchiennes, au lieu-dit du Parterre de l'Abbaye[BRGM 1]. Il a atteint le terrain houiller Ă  la profondeur de 135 mètres, et l'a explorĂ© sur une hauteur de 28 mètres, dans laquelle il n'a traversĂ© qu'une passĂ©e charbonneuse. La profondeur est de 163 mètres[BRGM 1].

Sondage des Trois Pucelles

50° 26′ 13″ N, 3° 15′ 50″ E[BRGM 2]

Le sondage des Trois Pucelles, exĂ©cutĂ© par la Compagnie des Canonniers de Lille en 1835, Ă  Marchiennes, Ă  l'est du clocher de Bouvignies, est entrĂ© en 1835 dans des schistes calcareux qui se rattachent au calcaire carbonifère, Ă  137,80 mètres. La profondeur atteinte est de 141,32 mètres[BRGM 2].

Sondage de la Motte

50° 24′ 23″ N, 3° 17′ 45″ E[BRGM 3]

Le sondage de la Motte est exĂ©cutĂ© Ă  Marchiennes en 1836, au sud-est du sondage du Parterre de l'Abbaye[BRGM 3]. Il a permis la dĂ©couverte du terrain houiller Ă  la profondeur de 129 mètres sans toutefois rencontrer la houille[BRGM 3]. Il a traversĂ© 36 mètres de schistes siliceux, parfois très durs. Le sondage a atteint la profondeur de 163,69 mètres, et a Ă©tĂ© abandonnĂ© en 1837[BRGM 3].

Sondage de l'Abbaye

50° 24′ 31″ N, 3° 17′ 25″ E[BRGM 4]

Le sondage de l'Abbaye a Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par la Compagnie des Canonniers de Lille Ă  Marchiennes en 1837, au sud-est du sondage du Parterre de l'Abbaye[BRGM 4]. Il a dĂ©couvert le terrain houiller Ă  la profondeur de 132 mètres, mais sans rencontrer la houille. Il a traversĂ© 19 mètres de schistes siliceux, parfois très durs[BRGM 4]. Il est abandonnĂ© Ă  151,30 mètres dans des schistes très durs, sans avoir dĂ©couvert le charbon[BRGM 4].

Sondage des Canonniers

50° 17′ 12″ N, 3° 37′ 51″ E[BRGM 5]

La société des Canonniers reprend en 1837 la fosse de Villers-Pol, creusée en 1778 par la société Martho[E 3]. D'après des documents plus récents, il s'agirait d'un sondage dit des Canonniers, et non d'un puits de mine[BRGM 5]. Des sondages ont aussi été exécutés à Jenlain, un peu plus au nord de Villers-Pol[E 3].

Fosse de Marchiennes

50° 24′ 38″ N, 3° 17′ 16″ E[BRGM 6]
L'usine de la Tréfilerie s'est servie du puits sur ses 35 premiers mètres pour assurer son alimentation en eau industrielle.
La tête de puits matérialisée du « puits 2 Marchiennes ».
Ce genre d'inscription est visible près d'une grande majorité des puits du bassin minier.

La seconde fosse de Marchiennes, considérée comme une fosse de recherche[Z 1], est commencée le 19 juin 1838, au nord-ouest du sondage de l'Abbaye, près de l'ancienne ligne Somain - Halluin, créée en 1874[BRGM 6]. Elle est parfois dénommée fosse Sainte Barbe[Z 2], il s'agit du nom de baptême qui lui a été donné le 12 août 1838[Z 3].

Une autre fosse avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© tentĂ©e Ă  Marchiennes au siècle prĂ©cĂ©dent. En 1751 et 1752, la Compagnie Wuillaume-Turner creuse un puits profond de 250 pieds[Z 1] (soit 82,20 mètres) restĂ© Ă  l'Ă©tat d'avaleresse[E 6], Ă  cause des venues d'eau et de la prĂ©sence des sables mouvants[Z 1].

La seconde fosse de Marchiennes atteint le terrain houiller Ă  129,41 mètres en septembre 1844. Elle a ensuite Ă©tĂ© approfondie jusqu'Ă  195,31 mètres. Les sables mouvants ont Ă©tĂ© traversĂ©s par une tour en maçonnerie jusque douze mètres. Un accrochage est Ă©tabli Ă  la profondeur de 178,31 mètres[BRGM 6]. Une bowette creusĂ©e vers le nord sur 200 mètres n'a trouvĂ© qu'une passĂ©e de charbon, et des terrains appartenant Ă  la partie infĂ©rieure du terrain houiller, inclinĂ©s de 30 Ă  50°. La bowette sud, longue de 450 mètres, a recoupĂ© quatre veines n'en formant rĂ©ellement que deux Ă  cause des plis des terrains[BRGM 6]. Elles sont Ă©paisses de quarante centimètres, ce qui a permis une petite exploitation qui a produit 42 458 hectolitres, vendus au prix moyen d'un franc l'hectolitre. Une autre source indique environ 4 000 tonnes d'une houille maigre, sulfureuse, et de mauvaise qualitĂ©[Z 1]. Pensant alors que les veinules dĂ©couvertes peuvent ĂŞtre exploitĂ©es, la sociĂ©tĂ© de recherches se transforme en sociĂ©tĂ© anonyme, la Compagnie des Canonniers de Lille, le 14 octobre 1847[Z 1]. Une demande de concession est faite le 19 janvier 1848[Z 1].

La fosse est abandonnĂ©e en 1850, sans que la compagnie ait pu obtenir une concession, car son gisement n'a pas paru d'une valeur et d'une importance suffisantes[BRGM 6]. C'est ce qui a motivĂ©, en janvier 1850, le refus de l'attribution d'une concession[Z 1]. La perte puis la liquidation de la fosse ont aussi Ă©tĂ© causĂ©es par une mauvaise conjecture et une concurrence sĂ©vère[Z 2]. Les dĂ©penses considĂ©rables n'ont pas Ă©tĂ© profitables[H 1]. Une autre cause ayant amenĂ© Ă  la liquidation de la fosse est que le puits n'a pas Ă©tĂ© creusĂ© assez profondĂ©ment[Z 3]. Ainsi, celui de Marchiennes est profond de 195,31 mètres, mais ceux de la mĂŞme Ă©poque creusĂ©s par la Compagnie des mines d'Aniche Ă  Aniche, quelques kilomètres plus au sud, sont plus profonds et exploitent des veines situĂ©es entre 200 et 300 mètres de profondeur[note 1] - [Z 3].

Le 22 mai 1850, les droits et les actions de la Compagnie des Canonniers sont adjugés aux sieurs Jourdan, Nicolle et Lenglin[Z 1]. Ils constituent alors une nouvelle Compagnie dite de Marchiennes, qui n'a eu aucun succès[Z 1].

La fosse de Marchiennes n'a pas eu de grosses rĂ©percussions sur la commune. La population est passĂ©e de 2 614 habitants en 1836, Ă  2 848 habitants en 1841, 2 965 habitants en 1846, et 3 047 habitants en 1851[4]. La population a certes augmentĂ©, mais de manière assez proportionnelle Ă  d'autres pĂ©riodes recensĂ©es depuis 1793[4]. Aucun logement n'a Ă©tĂ© construit pour accueillir les ouvriers.

Une sucrerie est ensuite installĂ©e sur le site de la fosse, puis une trĂ©filerie[Z 2]. Le puits, d'un diamètre de cinq mètres, est ensuite utilisĂ© au XXe siècle pour fournir l'eau Ă  l'usine de trĂ©filerie, qui a besoin de 200 m3 par jour. Le niveau d'eau est Ă  douze Ă  treize mètres de profondeur en 1957, et la profondeur mesurĂ©e de l'ouvrage est de 35 mètres[BRGM 6]. En 2007, la DRIRE installe une tĂŞte de puits matĂ©rialisĂ©e, ce qui permet de surveiller le niveau des eaux et du remblai, ainsi que la pression des gaz[5]. Il trĂ´ne dĂ©sormais au milieu du rond-pont de la zone industrielle de la TrĂ©filerie. Il est dĂ©nommĂ© « Puits 2 Marchiennes ».

Notes et références

Notes
  1. Ainsi, on peut notamment citer les puits Sainte Catherine (350 mètres), Saint Mathias (276 mètres), Saint Laurent (248 mètres), Saint Barbe (360 mètres), Saint Hyacinthe (273 mètres) et Aoust (353 mètres), dont le champ d'exploitation est compris entre 200 et 350 mètres.
Références
Références aux fiches du BRGM
Références à Émile Vuillemin, Le Bassin Houiller du Pas-de-Calais. Tome III, Imprimerie L. Danel,
Références à Amédée Burat, De la houille, traité théorique et pratique des combustibles minéraux (houille, anthracite, lignite, etc), Langlois et Leclercq, Paris,
  1. Burat 1851, p. 477
Références à Albert Olry, Bassin houiller de Valenciennes, partie comprise dans le département du Nord, Imprimerie Quantin. Paris,
  1. Olry 1886, p. 166
  2. Olry 1886, p. 168
  3. Olry 1886, p. 167
Références à Gérard Bot, La Mine de Marchiennes, Cercle Historique du Val de Scarpe
  1. Bot, La fosse Sainte Barbe
  2. Bot, Préambule
  3. Bot, La Société des Canonniers de Lille

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Émile Vuillemin, Le Bassin Houiller du Pas-de-Calais. Tome II : Histoire de la recherche, de la dĂ©couverte et de l'exploitation de la houille dans ce nouveau bassin, Imprimerie L. Danel, Lille, , 410 p. (lire en ligne), p. 368-369
  • Émile Vuillemin, Le Bassin Houiller du Pas-de-Calais. Tome III, Imprimerie L. Danel, (lire en ligne), p. 72-73-103. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • AmĂ©dĂ©e Burat, De la houille, traitĂ© thĂ©orique et pratique des combustibles minĂ©raux (houille, anthracite, lignite, etc), Langlois et Leclercq, Paris, (lire en ligne), p. 477. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Albert Olry, Bassin houiller de Valenciennes, partie comprise dans le dĂ©partement du Nord, Imprimerie Quantin. Paris, (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • GĂ©rard Bot, La Mine de Marchiennes, Cercle Historique du Val de Scarpe. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • GĂ©rard Dumont et ValĂ©rie Debrabant, Les 3 âges de la mine, t. 2, Lille, La Voix du Nord & Centre historique minier de Lewarde, 51 p. (ISBN 978-2-84393-107-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Collectif, Le Nord, de la PrĂ©histoire Ă  nos jours, Saint-Jean-d'Angeli, Bordessoules, (ISBN 978-2-903504-28-1, LCCN 90202715). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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