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Claude Lefort

Claude Lefort, né le à Paris et mort le [1] dans la même ville, est un philosophe français connu pour sa réflexion sur les notions de totalitarisme et de démocratie.

Claude Lefort
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Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Principaux intérêts
Idées remarquables
  • « le peuple-Un » (en rĂ©gime totalitaire)
  • « le lieu vide du pouvoir » (en rĂ©gime dĂ©mocratique)
Ĺ’uvres principales
  • Le travail de l'Ĺ“uvre, Machiavel (1972)
  • Un Homme en trop. Essai sur l'Archipel du Goulag (1975)
  • L'invention dĂ©mocratique. Les limites de la domination totalitaire (1981)
  • Essais sur le politique (1986)
  • Écrire Ă  l'Ă©preuve du politique (1992)
  • La Complication. Retour sur le Communisme (1999)
Influencé par
A influencé
Distinction

Cofondateur de l'organisation révolutionnaire Socialisme ou barbarie, ancien directeur d’études à l’EHESS, Lefort fut membre du Centre de recherches Raymond-Aron. Il a notamment travaillé sur Machiavel, Merleau-Ponty et sur les régimes du bloc de l'Est.

Biographie

Origines familiales

Claude Lefort est le fils naturel de Rosette Cohen (1884-1959) et de Charles Flandin (1882-1955) et n'a porté le nom de Lefort qu'à partir de 1942[2].

Les Cohen sont une famille juive originaire de Carpentras. Le grand-père de Rosette était négociant à Marseille et elle est la fille de Félix Cohen, avocat, conseiller d'État sous le Second Empire[3], homme de lettres et de théâtre. Il a épousé une catholique d'esprit libéral ; leur fils (Félix lui aussi) est élevé dans la religion juive, tandis que Rosette a été baptisée. Après la mort de Félix Cohen, Rosette, qui continue de vivre avec sa mère, élève les deux enfants qu'elle a eus hors mariage, Bernard (né en 1917) et Claude; elle travaille pour entretenir sa famille, d’abord comme « petite main » dans une grande maison de couture, puis comme dessinatrice de mode pour la presse.

C’est vers 1930 que Claude Cohen comprend qu’il est le fils du docteur Charles Flandin, un ami de la famille. Il vient d'une famille de la haute bourgeoisie parisienne. Il est le fils d'Étienne Flandin (1853-1922), conseiller général et député de l'Yonne (les Flandin sont originaires de Domecy-sur-Cure), et le frère aîné de Pierre-Étienne Flandin (1889-1958), lui aussi député de l'Yonne et figure politique notable de la Troisième République ; Charles est lui-même conseiller général de ce département[4]. Bien que Charles Flandin soit marié, Bernard et Claude Cohen sont invités de temps à autre dans la famille à partir de 1936 (c'est à Domecy que Claude apprend la déclaration de la guerre en 1939).

Au printemps 1942, une amie de la famille Cohen, réfugiée autrichienne[5], se souciant des dangers que ce nom peut faire courir aux deux frères, même s’ils ne sont pas classés comme juifs par la législation de Vichy[6], obtient d’un commerçant célibataire et sans enfants qu’il se déclare le père des deux enfants, qui dès lors prennent le nom de Bernard et Claude Lefort[2].

On peut penser que Claude Lefort n’a jamais cessé de considérer que sa vie dépendait de ce qu’il en faisait lui-même et non de ses racines qu’il n’affichait nullement. C’est seulement dans la dernière année de sa vie qu’il a rédigé des fragments de récit au sujet de ses origines, qui n'étaient connues que par ses proches. Parmi ceux-ci, Pierre Pachet a enregistré et transcrit ses propos qui ont été publiés en 2013 dans La Quinzaine littéraire[7].

Études et débuts de militant intellectuel

Il fait sa scolarité au lycée Carnot[8], où il est marqué par le professorat de Maurice Merleau-Ponty : « J'ai découvert Marx dans ma classe de philosophie, avec un professeur qui était Merleau-Ponty et qui m'a permis d'emblée d'aborder le marxisme sans tomber dans la version mécaniste et déterministe. »[9]. Il prépare ensuite le concours de l'ENS[10], avec notamment Jean d'Ormesson[11], puis étudie la philosophie à la Sorbonne.

Il appartient dès 1944 au petit noyau trotskiste français[8].

Introduit aux Temps Modernes par Maurice Merleau-Ponty, il participe aux "réunions des collaborateurs" et y est publié dès 1945[12].

En 1946, il rencontre Cornelius Castoriadis, arrivĂ© depuis peu de Grèce[13]. Ensemble, ils crĂ©ent au sein du Parti communiste internationaliste, d'obĂ©dience trotskiste, la tendance « Chaulieu-Montal Â»[14], nommĂ©e d'après les pseudonymes qu'ils utilisent alors (Lefort Ă©tant « Montal Â»), qui fait sĂ©cession en 1948 et devient le groupe Socialisme ou Barbarie[15] ; en 1949 une revue est lancĂ©e sous ce nom[16].

En 1947 et 1948, il travaille, entre autres pour l'UNESCO puis en 1949, est reçu dixième à l'agrégation de philosophie[17].

Carrière universitaire

Il est nommé professeur à Nîmes (1949-1950) puis à Reims (1950-1951).

En 1951, il est recruté à la Sorbonne comme assistant de sociologie de Georges Gurvitch. Dès 1952, à la suite d'un différend avec celui-ci, il est détaché grâce à l'appui de Raymond Aron à la section de sociologie du CNRS, où il reste jusqu'en 1966, avec une parenthèse de deux ans (1953-1954) où il enseigne à l'université de São Paulo au Brésil.

En 1966, il est nommé en sociologie à l'université de Caen, où il professe jusqu'en 1971, année où il soutient sa thèse de doctorat d'État Machiavel, le travail de l'œuvre, sous la direction de Raymond Aron[18]. Il revient alors comme chercheur à la section de sociologie du CNRS, puis entre en 1976 à l'École des hautes études en sciences sociales, jusqu'à sa retraite en 1989.

Parcours intellectuel

Les Temps modernes

Il y écrit jusqu'à sa rupture avec Sartre en 1953, à la suite de la polémique entre celui-ci et Maurice Merleau-Ponty à propos des relations avec le mouvement communiste, notamment avec le PCF[19].

Socialisme ou Barbarie

À Socialisme ou Barbarie (qui paraît de 1949 à 1967 et dont il est cofondateur), il est actif jusqu'en 1950, puis de 1955 à 1958[20]. Avec Socialisme ou Barbarie, il se bat contre le marxisme orthodoxe. Socialisme ou Barbarie considère l'URSS comme un capitalisme d’État[21], et apporte son soutien aux révoltes anti-bureaucratiques en Europe de l’Est — en particulier à l’insurrection de Budapest en 1956. Des divergences amènent une scission au sein du groupe ; Lefort fait partie avec Henri Simon des fondateurs de Informations et liaisons ouvrières en 1958[22]. Il quitte quelques années plus tard le militantisme actif.

En 1968, il écrit une des premières analyses des événements, publiée dans le recueil La Brèche (Fayard), avec des écrits d'Edgar Morin et Cornelius Castoriadis[23].

Après Mai 1968

Dans les années 1970, il développe une analyse des régimes bureaucratiques d’Europe de l’Est. Après avoir lu L'Archipel du Goulag, il écrit sur Alexandre Soljenitsyne son livre Un homme en trop (1976)[24]. Ses réflexions sur le totalitarisme sont publiées en 1981 dans le recueil L’Invention démocratique.

De 1971 Ă  1975, il participe Ă  Textures, crĂ©Ă© en 1969, et y fait entrer Cornelius Castoriadis et Miguel Abensour. Avec ces derniers, ainsi qu'avec Pierre Clastres, Marcel Gauchet et Laurice Luciani, il crĂ©e en 1977 Libre, qui paraĂ®t jusqu'en 1980, date oĂą des diffĂ©rends l'opposent Ă  Castoriadis comme Ă  Gauchet[25]. De 1982 Ă  1984, il dirige PassĂ©-PrĂ©sent, oĂą sont prĂ©sents, entre autres, Miguel Abensour, Carlos Semprun, Claude Mouchard et Pierre Pachet[26]. Ces deux derniers, ainsi que Claude Habib, forment le comitĂ© de lecture de la collection « LittĂ©rature et Politique Â» que Lefort dirige Ă  partir de 1987 aux Éditions Belin[27] - [28].

Parallèlement, à l'EHESS, il participe à deux centres de recherches : le CECMAS (Centre d'étude des communications de masses), fondé par Georges Friedmann, où l'accueille Edgar Morin, puis le Centre Raymond Aron, qu'il fréquente jusqu'à sa mort[29].

Dès la mort de Maurice Merleau-Ponty en 1961, Lefort prit en charge l'Ă©dition de ses manuscrits[26]. En 2010 paraĂ®t le livre M. Merleau-Ponty, Ĺ“uvre (Gallimard, collection « Quarto Â»), dont il a assurĂ© la direction et Ă©crit la prĂ©face.

Conception du totalitarisme

Lefort fait partie des théoriciens du politique qui postulent la pertinence d’une notion de totalitarisme dont relèvent le stalinisme comme le fascisme, et considèrent le totalitarisme comme différent en son essence des grandes catégories utilisées par le monde occidental depuis la Grèce antique, comme les notions de dictature ou de tyrannie. Cependant, contrairement aux auteurs comme Hannah Arendt qui limitent la notion à l’Allemagne nazie et à l’Union soviétique entre 1936 et 1953, Lefort l’applique aux régimes d’Europe de l’Est dans la deuxième moitié du siècle, c’est-à-dire à une époque où la terreur, un élément central du totalitarisme chez d’autres auteurs, avait perdu sa dimension paroxystique.

C’est à l’étude de ces régimes, et à la lecture notamment de L’Archipel du Goulag (1973) d’Alexandre Soljenitsyne, qu’il a développé son analyse du totalitarisme. Sans la théoriser en un ouvrage unifié, il a publié en 1981 sous le titre L’Invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire un recueil d’articles parus entre 1957 et 1980.

La double clôture de la société

Lefort caractérise le système totalitaire par une double « clôture » :

Photographie du dissident russe Alexandre Soljenitsyne
Photographie de l'écrivain et dissident russe Alexandre Soljenitsyne, lorsqu'il résidait dans la maison de l'écrivain allemand Heinrich Böll ().
  • Le totalitarisme abolit la sĂ©paration entre l’État et la sociĂ©tĂ© : le pouvoir politique irrigue la sociĂ©tĂ©, et toutes les relations humaines prĂ©existantes – solidaritĂ© de classe, coopĂ©ration professionnelle ou religieuse – tendent Ă  ĂŞtre remplacĂ©es par une hiĂ©rarchie unidimensionnelle entre ceux qui ordonnent et ceux qui obĂ©issent. Ceci est permis, en particulier, par l’association toujours plus Ă©troite entre l’administration de l’État et la hiĂ©rarchie du parti, cette dernière devenant le pouvoir effectif. Lefort, comme d’autres thĂ©oriciens, identifie ainsi la destruction de l’espace public et sa fusion avec le pouvoir politique comme un Ă©lĂ©ment-clef du totalitarisme.
  • Le totalitarisme nie ce que Lefort appelle « le principe de division interne de la sociĂ©tĂ© », et sa conception de la sociĂ©tĂ© est marquĂ©e par « l’affirmation de la totalitĂ© ». Toute organisation, association ou profession est ainsi subordonnĂ©e au projet de l'État totalitaire. La diversitĂ© des opinions, une des valeurs de la dĂ©mocratie, est abolie afin que tout le corps social tende vers un mĂŞme but ; mĂŞme les goĂ»ts personnels deviennent des objets politiques et doivent ĂŞtre standardisĂ©s. Le but du totalitarisme est de crĂ©er une sociĂ©tĂ© unifiĂ©e et fermĂ©e, dont les composantes ne sont pas des individus et se dĂ©finissent toutes par les mĂŞmes buts, les mĂŞmes opinions et les mĂŞmes pratiques. Le stalinisme connaĂ®t ainsi l’« identification du peuple au prolĂ©tariat, du prolĂ©tariat au parti, du parti Ă  la direction, de la direction Ă  l’Égocrate. » (Lefort 1981, p. 175)

Lefort montre ainsi la grande différence du totalitarisme avec la dictature : une dictature peut admettre la concurrence de principes transcendants, comme la religion, alors que l’idéologie du parti totalitaire est religion. Une dictature ne vise pas à la destruction et à l’absorption de la société, et un pouvoir dictatorial est un pouvoir de l’État contre la société, ce qui suppose leur distinction ; le projet d’un parti totalitaire est de se confondre avec l’État et la société en un système clos, unifié et uniforme, subordonné à la réalisation d’un projet – le « socialisme » dans le cas de l’URSS. Lefort appelle ce système le « peuple-Un » : « Le processus d’identification entre le pouvoir et la société, le processus d’homogénéisation de l’espace social, le processus de clôture de la société et du pouvoir s’enchaînent pour constituer le système totalitaire. » (ibid., p. 103)

La vision organiciste de la société

Le système totalitaire, unifié et organisé, se présente comme un corps, le « corps social » : « dictature, bureaucratie, appareils ont besoin d’un nouveau système de corps » (ibid., p. 109).

Afin d’assurer son bon fonctionnement et de conserver son unité, le système totalitaire requiert un Autre, « l’Autre maléfique » (Lefort 1981, p. 176), une représentation de l’extérieur, de l’ennemi, de ce que le parti combat, « le représentant des forces de l’ancienne société (koulaks, bourgeoisie), […] l’émissaire de l’étranger, du monde impérialiste » (ibid., p. 173). La division entre l’intérieur et l’extérieur, entre le peuple-Un et l’Autre, est la seule division que le totalitarisme tolère, car il se fonde par rapport à elle. Lefort insiste sur le fait que « la constitution du peuple-Un exige la production incessante d’ennemis » (ibid., p. 173) et parle même de leur « invention ». Par exemple, Staline s’apprêtait à attaquer les Juifs d’URSS lorsqu’il est mort, c’est-à-dire à désigner un nouvel ennemi ; de même, Mussolini avait déclaré que les bourgeois seraient éliminés d’Italie après la Seconde Guerre mondiale.

Photographie d'un poster représentant le dirigeant soviétique Joseph Staline
Photographie d'un poster représentant l'homme d'État soviétique Joseph Staline. Il est écrit au bas du poster (en Azéri, puis en Russe) : « Gloire au grand Staline ! ».

La relation entre le peuple-Un et l’Autre est d’ordre prophylactique : l’ennemi est un « parasite à éliminer », un « déchet ». Ceci dépasse le simple effet rhétorique couramment utilisé dans le discours politique contemporain, encore que de manière sous-jacente, et participe de la vision métaphorique de la société totalitaire comme un corps. Cette vision explique que l’existence même des ennemis de l’État et leur présence au sein du peuple, soient vues comme une maladie. La violence déchaînée contre eux est, dans cette métaphore organiciste, une fièvre, un symptôme du combat du corps social contre la maladie, en ce sens que « la campagne contre l’ennemi est fiévreuse : la fièvre est bonne, c’est le signal, dans la société, du mal à combattre. » (ibid., p. 174)

La situation du chef totalitaire au sein de ce système est paradoxale et incertaine, car il est à la fois une partie du système – la tête, qui commande au reste – et la représentation du système – le tout. Il est ainsi l’incarnation du « pouvoir-Un », c’est-à-dire le pouvoir exercé dans toutes les parties du « peuple-Un ». Ici, Lefort reprend les théories d’Ernst Kantorowicz sur les « deux corps du roi », en ce que la personne du chef totalitaire, au-delà de son corps physique et mortel, est un corps politique figurant le peuple-Un.

La fragilité du système

Lefort ne considère pas le totalitarisme comme une situation quasi idéaltypique qui serait susceptible d’être réalisée par la terreur et l’extermination. Il y voit plutôt un ensemble de processus, ne pouvant connaître de fin et donc de succès. Si la volonté du parti totalitaire de réaliser l’unité parfaite du corps social commande l’ampleur de son action, elle implique également que son but soit impossible à atteindre, car son développement entraîne nécessairement contradictions et oppositions. « Le totalitarisme est un régime dont le registre est d’être rongé par l’absurdité de sa propre ambition (le contrôle total par le parti) et par la résistance passive ou active de ceux qui lui sont soumis », résume le politologue Dominique Colas (Colas 1986, p. 587)

Conception de la démocratie

Claude Lefort forme sa conception de la démocratie au miroir de sa conception du totalitarisme et l’a également développée avec ses analyses des régimes d'Europe de l’Est et de l'URSS.

La démocratie chez Lefort est le régime caractérisé par l’institutionnalisation du conflit au sein de la société, de la division du corps social ; il reconnaît, et même légitime, l’existence d’intérêts divergents, d’opinions contraires, de visions de monde opposées et même incompatibles.

Photographie de l'hémicycle de l'Assemblée nationale française
Photographie de l'hémicycle de l'Assemblée nationale française, située dans le Palais Bourbon.

La vision de Lefort fait de la disparition du corps politique du chef – la mise à mort du roi, chez Kantorowicz – un moment fondateur de la démocratie, car elle fait du lieu du pouvoir, auparavant occupé par une substance éternelle transcendant la simple existence physique des monarques, un « lieu vide », auquel peuvent se succéder, mais seulement pour un temps et au gré des élections, des groupes d’intérêt et d’opinion concurrents. Le pouvoir n’intègre plus aucun projet défini, aucun but, aucun plan ; il n’est qu’un ensemble d’instruments, mis temporairement à la disposition de ceux qui remportent la majorité. « Dans la démocratie inventée et inventive de Lefort, écrit Dominique Colas, le pouvoir émane du peuple et il n’est le pouvoir de personne. » (Colas 1986, p. 589)

La démocratie est ainsi un régime marqué par son indétermination, son inachèvement, ce contre quoi s’érige le totalitarisme.

Ceci mène Lefort à considérer comme « démocratique » toute forme d’opposition et de protestation face au totalitarisme, l’opposition et la protestation créant, en quelque sorte, un espace de démocratie au sein du système totalitaire. La démocratie est invention, ouverture de nouvelles mobilisations, désignation de nouveaux enjeux dans la lutte contre l’oppression, elle est une « puissance créative capable d’ébranler, voire d’abattre le Léviathan totalitaire » (Colas 1986, p. 586), Léviathan dont Lefort souligne la paradoxale fragilité.

La séparation de la société civile d’avec l’État, qui caractérise la démocratie moderne, est permise par cette désincorporation de la société. Un pays démocratique connaît également ce caractère inventif, car tout groupe de citoyens, par une lutte légitime, peut chercher à faire établir de nouveaux droits ou défendre ses intérêts. Lefort ne rejette pas la démocratie représentative, mais n’y limite pas la démocratie, incluant par exemple les mouvements sociaux dans la sphère du débat politique légitime.

Ĺ’uvres

Articles (sélection)

  • C. Lefort et L'Anti-mythes, « Entretien avec C. Lefort », L'Anti-mythes, no 14,‎ (lire en ligne [PDF])
  • C. Lefort, « Pour une sociologie de la dĂ©mocratie », Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, nos 4, 21e annĂ©e,‎ , p. 750-768 (lire en ligne)
  • C. Lefort, « Penser la rĂ©volution dans la RĂ©volution française », Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, nos 2, 35e annĂ©e,‎ , p. 334-352 (lire en ligne)
  • C. Lefort, « Les droits de l’homme en question », Revue interdisciplinaire d'Ă©tudes juridiques, vol. 13,‎ , p. 11-47 (lire en ligne)
  • C. Lefort, « Droit international, droits de l’homme et politique », Dans Po&sie, nos 112-113,‎ 2005/2-3, p. 183-196 (lire en ligne)

Ouvrages

  • La Brèche, en collaboration avec Edgar Morin, JM (Jean-Marc Coudray, pseudonyme de Cornelius Castoriadis), Paris, Fayard, 1968 (republiĂ© et augmentĂ© en 1988 aux Ă©ditions Complexe sous le titre : La Brèche, suivi de Vingt ans après ; Ă©d. reprise et publiĂ©e en 2008 chez Fayard).
  • ÉlĂ©ments d'une critique de la bureaucratie, Paris, Droz, 1971 (republiĂ© coll. « Tel », 1979. Cette Ă©dition comporte une nouvelle prĂ©face et un nouveau texte ; elle ne contient plus les textes suivants : « Le marxisme et Sartre » et « De la rĂ©ponse Ă  la question »).
  • Le Travail de l'Ĺ“uvre, Machiavel, Paris, Gallimard, 1972 (republiĂ© coll. « Tel », 1986). Traduction partielle amĂ©ricaine (excluant le chapitre sur le « champ de la littĂ©rature critique Â» et la partie « interprĂ©tations exemplaires Â») : Machiavelli in the Making, par Michael B. Smith, Northwestern University Press, 2012.
  • Un Homme en trop. Essai sur l'archipel du goulag de SoljĂ©nitsyne, Paris, Le Seuil, 1975 (republiĂ©, Le Seuil poche - 1986. Nouvelle Ă©dition chez Belin, coll. « Alpha », avec une prĂ©face de Pierre Pachet, 2015).
  • Les Formes de l'histoire, Essais d'anthropologie politique, Paris, Gallimard, 1978 (republiĂ© coll. « Folio Essais », 2000)[30].
  • Sur une colonne absente. Autour de Merleau-Ponty, Paris, Gallimard, 1978.
  • L'Invention dĂ©mocratique. Les limites de la domination totalitaire, Paris, Fayard, 1981 (republiĂ© en 1983, chez LGF « Livre de Poche - Biblio Essais ». Nouvelle Ă©d. revue et corrigĂ©e en 1994 chez Fayard).
  • Essais sur le politique : XIXe et XXe siècles, Paris, Seuil, 1986 (republiĂ© coll. « Points essais », 2001).
  • Écrire Ă  l'Ă©preuve du politique, Paris, Calmann-LĂ©vy, 1992 (republiĂ© chez Pocket, coll. « Agora » 1995). Traduit en anglais par David Ames Curtis, traducteur de Castoriadis, et paru en 2000 sous le titre Writing: The political test (Duke University Press)
  • La Complication. Retour sur le Communisme, Paris, Fayard, 1999
  • Le Temps prĂ©sent. Écrits 1945-2005, Paris, Belin, 2007
  • Lectures politiques. De Dante Ă  Soljenitsyne, Paris, PUF, 2021

Préfaces et Introductions

  • Abram Kardiner, L'individu dans la sociĂ©tĂ©. Essai d'anthropologie psychanalytique, introduction de Claude Lefort, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de sciences humaines », 1969.
  • Nicolas Machiavel, Discours sur la première dĂ©cade de Tite-Live, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Berger-Levrault, 1980 (republiĂ© chez Flammarion, coll. « Champs », 1985).
  • Maurice Merleau-Ponty, Humanisme et terreur. Essai sur le communisme, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Gallimard, « IdĂ©es », 1980.
  • Maurice Merleau-Ponty, L'Ĺ’il et l'esprit, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Gallimard, « Folio essais », 1985.
  • Edgar Quinet, La rĂ©volution, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Belin, « LittĂ©rature et politique », 1987 (republiĂ© coll. « Belin poche », en 2009).
  • François Guizot, Des moyens de gouvernement et d'opposition dans l'Ă©tat actuel de la France, introduction de Claude Lefort, Paris, Belin, « LittĂ©rature et politique », 1988 (republiĂ© coll. « Belin poche », en 2009).
  • Wood Gordon S., La crĂ©ation de la RĂ©publique amĂ©ricaine (1776-1787), introduction de Claude Lefort, Paris, Belin, « LittĂ©rature et politique », 1991.
  • Alexis de Tocqueville, Souvenirs, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Gallimard, « Folio histoire », 1999.
  • Georges Petit, Retour Ă  Langenstein. Une expĂ©rience de la dĂ©portation, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Belin, « LittĂ©rature et politique », 2001.
  • CĂ©cile VaissiĂ©, Les ingĂ©nieurs des âmes en chefs. LittĂ©rature et politique en URSS (1944-1986), prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Belin, « LittĂ©rature et politique », 2008.

Travail d'Ă©dition

  • Maurice Merleau-Ponty, Le visible et l'invisible, suivi de Notes de travail, texte Ă©tabli par Claude Lefort, accompagnĂ© d'un avertissement et d'une postface, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des idĂ©es », 1964 (republiĂ© coll. « Tel » 1979, puis « Tel » 1993).
  • Maurice Merleau-Ponty, La prose du monde, texte Ă©tabli et prĂ©sentĂ© par Claude Lefort, Paris, Gallimard, 1969 (republiĂ© coll. « Tel » 1992).
  • Maurice Merleau-Ponty, Notes de cours au Collège de France, 1958-1959 et 1960-1961, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 1996.
  • Maurice Merleau-Ponty, L'institution dans l'histoire personnelle et publique, suivi de Le problème de la passivitĂ©, le sommeil, l'inconscient, la mĂ©moire. Notes de cours au Collège de France (1954-1955), textes Ă©tablis par Dominique Darmaillacq, Claude Lefort et StĂ©phanie MĂ©nasĂ©, prĂ©face de Claude Lefort, Paris, Belin, « LittĂ©rature et politique », 2003 (republiĂ© coll. « Alpha » 2015).
  • Maurice Merleau-Ponty, Ĺ’uvres, Ă©dition Ă©tablie et prĂ©facĂ©e par Claude Lefort, Paris, Gallimard, « Quarto », 2010.

Documents complémentaires

Notes et références

  1. Sylvain Bourmeau, « Claude Lefort, penser contre le totalitarisme » Accès payant, sur Mediapart.fr,
  2. Nicolas Poirier 2020, p. 7-8.
  3. La Quinzaine littéraire, 16 septembre 2013
  4. Nicolas Poirier 2020, p. 7.
  5. La Quinzaine littéraire, 16 novembre 2013.
  6. Ils n'ont qu'un seul grand-parent juif.
  7. « Traces de Claude Cohen Â», La quinzaine littĂ©raire, n° 1091 du 16/9/2013, p. 18-19 ; n° 1092 du 1/11/2013, p. 20-21 ; n° 1093 du 16/11/2013, p. 18-19.
  8. Nicolas Poirier 2020, p. 8.
  9. Serge Lellouche, « L'invention du politique : Rencontre avec Claude Lefort », Sciences Humaines, no 94,‎ (lire en ligne Accès payant)
  10. La Quinzaine littéraire, 16 novembre 2013 ; en khâgne, son professeur de philosophie est Jean Hyppolite (sans doute au lycée Henri-IV).
  11. Jean d'Ormesson, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, Gallimard, , p138-139 notamment
  12. Nicolas Poirier 2020, p. 18-19.
  13. Nicolas Porier 2020, p. 11-12.
  14. Philippe Gottraux 2002, p. 20.
  15. Philippe Gottraux 2002, p. 22.
  16. Philippe Gottraux 2002, Voir le chapitre II « 1949-1951 : l'autonomie organisationnelle » (et, plus largement, l'intégralité du livre).
  17. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », sur Ressources numériques en histoire de l'éducation (consulté le ).
  18. SUDOC 040880699
  19. Nicolas Poirier 2020, p. 28.
  20. Philippe Gottraux 2002, Concernant cet engagement, voir les chapitres I Ă  V de cet ouvrage.
  21. Nicolas Poirier 2020, Voir le chapitre I, «Socialisme ou Barbarie : l’analyse critique du capitalisme bureaucratique », pour un exposé et une analyse synthétiques des thèses de Claude Lefort.
  22. Philippe Gottraux 2002, p. 93.
  23. Habib et Mouchard 1993, p. 147 (Olivier Mongin, « Un parcours politique »).
  24. Gilles Bataillon, « Un homme en trop de CLAUDE LEFORT », L’Histoire, no 361,‎ , p. 112 (lire en ligne Accès payant)
  25. Franck Berthot 2007.
  26. Mouchard 2010.
  27. Habib et Mouchard 1993, p. 139 (Olivier Mongin, « Un parcours politique »).
  28. BnF, Notice de collection éditoriale (Belin), « Littérature et politique », sur Catalogue de la BnF (consulté le )
  29. Cf. nécrologie dans la revue Sciences humaines
  30. Louis Moreau de Bellaing, « Claude Lefort, Les formes de l'histoire, Paris, Gallimard, 1978 », L'Homme et la société, vol. 47, no 1,‎ , p. 224–228 (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

Articles

  • JoĂ«l Roman, « Claude Lefort, l’énigme du politique », Le Magazine littĂ©raire, no 380,‎ , p. 54-57
  • Dominique Colas, « Lefort Claude : L’invention dĂ©mocratique. Les limites de la domination totalitaire, 1981 », dans François Châtelet, Olivier Duhamel et Évelyne Pisier, Dictionnaire des Ĺ“uvres politiques, Paris, P.U.F., coll. « Quadrige / RĂ©fĂ©rence », (1re Ă©d. 1986), p. 585–591
  • Franck Berthot, « Textures et Libre (1971-1980) : Une tentative de renouvellement de la philosophie politique en France », dans François Hourmant et Jean Baudouin (dir.), Les revues et la dynamique des ruptures, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res Publica », (lire en ligne), p. 105-129. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Isabelle Garo, « Entre dĂ©mocratie sauvage et barbarie marchande : Ă€ propos de Claude Lefort, Le temps prĂ©sent – Écrits 1945-2005, Belin, Paris, 2007 », La Revue internationale des livres et des idĂ©es, no 3,‎ (lire en ligne [PDF])
  • 'El poder estatal es un lugar vacĂ­o' (entretien avec Ger Groot) in Adelante, ¡contradĂ­game!, Ediciones Sequitur, Madrid, 2008
  • Dick Howard, « Claude Lefort : une biographie politique », Raison prĂ©sente, no 176,‎ , p. 5-10 (lire en ligne)
  • Claude Mouchard, « LEFORT CLAUDE - (1924-2010) » Accès payant, sur Encyclopædia Universalis [en ligne], (consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Gilles Bataillon, « Claude Lefort, pratique et pensĂ©e de la dĂ©sincorporation », Raisons politiques, no 56,‎ , p. 69-85 (lire en ligne)
  • Gilles Labelle, « Parcours de Claude Lefort : de l’ "expĂ©rience prolĂ©tarienne" et de l’ "aliĂ©nation" Ă  la critique du marxisme », Politique et SociĂ©tĂ©s, vol. 34, no 1,‎ , p. 17-36 (lire en ligne)

Revues

  • « Claude Lefort : une pensĂ©e du politique », Politique et SociĂ©tĂ©s, vol. 34, no 1,‎ (lire en ligne)
  • « Le travail de l'Ĺ“uvre - Claude Lefort », Raison publique, no 23,‎ (lire en ligne)
  • « L’inquiĂ©tude dĂ©mocratique : Claude Lefort au prĂ©sent », Esprit,‎ 2019/1-2 (lire en ligne)
  • « DĂ©mocratie sauvage et anarchisme », RĂ©fractions, no 45,‎ (lire en ligne)

Ouvrages

  • Claude Habib (dir.) et Claude Mouchard (dir.), La dĂ©mocratie Ă  l'Ĺ“uvre : Autour de Claude Lefort, Paris, Éditions Esprit, coll. « Philosophie », . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Hugues Poltier, Claude Lefort : La dĂ©couverte du politique, Paris, Michalon, coll. « Le bien commun »,
  • Hugues Poltier, Passion du politique : La pensĂ©e de Claude Lefort, Genève, Labor et Fides, coll. « Le Champ Ă©thique »,
  • Philippe Gottraux, « Socialisme ou Barbarie » : Un engagement politique et intellectuel dans la France de l'après-guerre, Lausanne, Payot Lausanne - Nadir, coll. « Sciences politiques & sociales », (1re Ă©d. 1997). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Esteban Molina, Le dĂ©fi du politique : Totalitarisme et dĂ©mocratie chez Claude Lefort, Paris, L'Harmattan, coll. « La Philosophie en commun »,
  • Louis Moreau de Bellaing, Claude Lefort et l'idĂ©e de sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, Paris, L'Harmattan, coll. « Logiques Sociales »,
  • Bernard Flynn, La philosophie politique de Claude Lefort, Paris, Belin, coll. « LittĂ©rature et politique »,
  • Nicolas Poirier (dir.), Cornelius Castoriadis et Claude Lefort : l’expĂ©rience dĂ©mocratique, Lormont, Le Bord de l'eau, coll. « La Bibliothèque du Mauss »,
  • Nicolas Poirier, Introduction Ă  Claude Lefort, Paris, La DĂ©couverte, coll. « Repères », . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Voir aussi

Articles connexes

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