Cinéma d'art et d'essai
En droit français, une salle de cinéma Art et Essai est destinée à promouvoir le cinéma indépendant, répond à certains critères spécifiques et permet l'obtention d'une subvention de l'État.
DĂ©finition
Les établissements de spectacles cinématographiques d’art et d’essai sont définis et classés par le décret no 255 du 31 octobre 1991 et consolidé par le décret no 2002-568 du 22 avril 2002 du ministre de la Culture (ces décrets ont été abrogés et intégrés dans le code du cinéma par le décret no 2014-794 du 9 juillet 2014 relatif à la partie réglementaire du code du cinéma et de l'image animée). La commission du cinéma d'art et essai[1] du Centre national du cinéma et de l'image animée est présidée en 2019 par Alain Auclaire et composée de trois membres de droit représentant l’État (ministères chargés respectivement de la Culture, de l'Économie et des Finances, ainsi que de la Jeunesse), huit membres représentant la profession (exploitants de salles de cinéma, producteurs, distributeurs, réalisateurs d'œuvres cinématographiques), un membre représentant la critique et six personnalités qualifiées.
Les cinémas d'art et d'essai sont des salles de spectacles cinématographiques dont les programmes intègrent une proportion significative (variable en fonction de la taille de l'unité urbaine) d'œuvres cinématographiques présentant l'une au moins des caractéristiques suivantes[2] :
- œuvres ayant un caractère de recherche ou de nouveautés dans le domaine de la création cinématographique ;
- œuvres présentant d'incontestables qualités, mais n'ayant pas obtenu l'audience qu'elles méritaient ;
- œuvres reflétant la vie de pays dont la production cinématographique est assez peu diffusée en France ;
- œuvres de reprise présentant un intérêt artistique ou historique, et notamment celles étant considérées comme des « classiques de l'écran » ;
- œuvres de court métrage tendant à renouveler par leur qualité et leur choix le spectacle cinématographique.
Peuvent être exceptionnellement comprises dans les programmes cinématographiques d'Art et d'Essai :
- œuvres cinématographiques récentes ayant concilié les exigences de la critique et la faveur du public et pouvant être considérées comme apportant une contribution notable à l'art cinématographique ;
- œuvres cinématographiques d'amateurs présentant un caractère exceptionnel.
La recommandation des œuvres « Art et essai » est établie par un collège de cent membres (réalisateurs, producteurs, distributeurs) votant individuellement.
Historique
En 1925, est créé à Paris rue des Ursulines, un nouveau type de salle de cinéma pour la projection des films d’avant-garde : le Studio des Ursulines précurseur des salles « Art et Essai ».
Le classement des salles « Art et Essai »
Ce classement est établi par la directrice générale du CNC, sur avis des 7 commissions régionales puis de la Commission nationale qui assure l’harmonisation des propositions.
Il repose sur des critères extrêmement précis concernant la diversité de la programmation Art et Essai (proportion de séances de films différents recommandés par rapport aux séances totales, de 70 % pour des communes de plus de 100 000 habitants dans des unités urbaines de plus de 200 000 à 15 % environ pour les communes rurales). Sont pris en compte par des coefficients majorateurs : le contexte géographique et sociologique, la politique d’animation mais aussi l’environnement cinématographique, le travail en réseau, la politique de diffusion du court-métrage…
3 labels peuvent être attribués aux salles selon leur programmation : « Jeune public », « Patrimoine et Répertoire », « Recherche et Découverte ».
En 2019, 1221 cinémas ont été classés art et essai, soit 60% des cinémas français, qui se répartissent ainsi sur le territoire :
Paris | 39 |
Banlieue Parisienne | 123 |
Hauts-de-France | 46 |
Normandie | 59 |
Bretagne | 96 |
Pays de la Loire | 86 |
Centre-Val-de-Loire | 40 |
Grand-Est | 64 |
Bourgogne-Franche-Comté | 61 |
Auvergne-RhĂ´ne-Alpes | 186 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 93 |
Nouvelle-Aquitaine | 172 |
Occitanie | 151 |
Corse | 3 |
Guyane | 1 |
La RĂ©union | 1 |
Parmi ces cinémas, 835 ont obtenu au moins un label, dont 267 les trois labels Recherche et Découverte (RD), Jeune Public (JP) et Patrimoine et Répertoire (PR).
Les commissions « Art et Essai » réexaminent tous les deux ans les demandes de classement de tous les cinémas. Le classement « Art et Essai » permet aux établissements de bénéficier d'une subvention afin de mener à bien leur mission culturelle.
À la suite d'une réforme intervenue en 2017, le montant de l'enveloppe annuelle allouées aux cinémas qui bénéficient de ces subventions est passé de 15 M€ à 16,5 M€[4].
Le réseau
La plupart des cinémas qui obtiennent le classement art et essai sont regroupés au sein de l'Association française des cinémas d'art et d'essai (AFCAE), créée en 1955 par des directeurs de salles et des critiques, et qui a obtenu un statut officiel en 1959 grâce au ministre de la Culture. Comptant à ses débuts 5 salles adhérentes, elle regroupait, en 2006, 1065 établissements classés « Art et Essai ». Près de 20 associations départementales et régionales en font également partie.
L'AFCAE participe également à un mouvement international, la Confédération internationale des cinémas d'art et d'essai (CICAE), qui fédère 3 000 écrans.
Le réseau des salles de proximité et Art et Essai entend contribuer à préserver un lien social dans les zones insuffisamment desservies par le cinéma commercial et assurer la pluralité de la diffusion considérée comme indispensable à la pluralité de la création. Le fil conducteur des défenseurs du cinéma d'art et d'essai est la défense du cinéma en tant qu'expression artistique singulière, dans un esprit d'indépendance par rapport aux lois du marché.
Références
- « Classement art et essai », sur cnc.fr (consulté le )
- « Notice CNC - classement art et essai 2014 »
- « Le classement des salles | AFCAE », sur art-et-essai.org (consulté le )
- « Une nouvelle réforme du CNC visant à renforcer les films d'art et essai », sur Les Inrocks (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Michaël Bourgatte, "Le cinéma d'Art et Essai : un label de la qualité institutionnelle mis à l’épreuve de l’expertise ordinaire" dans Communication & Langages no 174, 2012.
- Laurent Creton, Kira Kitsopanidou (sous la direction de), Les salles de cinéma. Enjeux, défis et perspectives, Armand Colin/Recherches, Paris, 2013.
- Jean-Michel Frodon, Dina Iordanova (sous la direction de), Cinémas de Paris, CNRS Éditions, Paris, 2017.
- Paul Léglise, Le Cinéma d’art et d’essai, Paris, La Documentation française, 1980.