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Cheval en Biélorussie

Le cheval en Biélorussie (russe : лошадь / loshad) est représenté par deux races locales, le Polesskaya et le trait biélorusse, ainsi que par des races d'origine étrangère, principalement russes. La traction hippomobile est toujours d'usage en Biélorussie, les chevaux sont aussi élevés pour leur lait et leur viande. L'élevage du cheval de course et du cheval de sport est en développement.

Cheval en Biélorussie
Cheval marron et noir attelé avec un harnais décoré
Cheval biélorusse attelé à Trakieli

Espèce Cheval
Statut natif
Nombre 156 967 (2017)
Races élevées Trait biélorusse, Trait russe, Trotteur russe, Polesskaya.
Objectifs d'élevage Traction hippomobile.

Le cheval blanc apparaît dans la mythologie slave de l'Est, ainsi que dans les traditions populaires biélorusses.

Histoire

L'élevage biélorusse est historiquement tourné vers le cheval de trait, aucune race de chevaux de selle n'ayant été développée ; cela a poussé les acheteurs de chevaux de selle à se tourner vers des races allemandes comme le Trakehner et le Hanovrien[1].

En 1961, Chris J. Mortensen indique sur la base des données de la FAO la présence d'un cheptel de 1 000 têtes[2].

En 2003, la population chevaline nationale est estimée à environ 200 000 têtes[3]. Elle a baissé depuis lors, le nombre de chevaux en Biélorussie ayant continuellement diminué pour de nombreuses raisons[4]. Une analyse menée en 2006 montre qu'une faible valeur économique est accordée aux chevaux biélorusses[5]. Le nombre de reproducteurs de race pure a continuellement baissé dans les fermes collectives[5].

Le programme de développement rural 2005-2010 en Biélorussie accorde une attention particulière à l'élevage de chevaux, en tant que secteur d'économie d'énergie et d'exportation : dans certaines coopératives agricoles, 12 à 15 % des travaux légers dans les champs sont effectués par des chevaux[6]. Une revalorisation de l'élevage du cheval de sport et du cheval de course sur celui du cheval de trait est également observée[4].

Pratiques et usages

Travail agricole au cheval de trait.

Le cheval de trait reste utilisé au travail, notamment agricole[3]. Il est aussi fréquent de croiser des habitants de Biélorussie se rendant au marché avec leur charrette attelée[7]. Les routes biélorusses voient passer une grande diversité de véhicules, dont des hippomobiles[7]. Les chevaux locaux sont également montés[3]. Le Trait biélorusse est élevé pour la traction lourde, mais aussi pour sa viande et le lait des juments[8]. Le Polesskaya est lui aussi destiné à la traction[9]. Le lait collecté sert à créer la boisson koumis[3].

Enfin, il existe une offre de tourisme équestre monté[7], permettant par exemple de visiter les parcs naturels[10]. Les soins accordés aux chevaux dans les fermes collectives sont souvent négligents (en 2006)[5].

Élevage

Cheval de selle en Biélorussie.

En 2014, Chris J. Mortensen indique la présence d'un cheptel de 73 200 têtes[2], tandis qu'en 2017, dans l'ouvrage Equine Science, la population chevaline biélorusse est estimée à 156 967 têtes, ce qui représenterait 0,27 % de la population chevaline mondiale[11]. Les avantages et désavantages de l'élevage des chevaux pour le transport par comparaison au transport motorisé, l'élevage pour la viande pour le sport et les loisirs ont fait l'objet d'analyses en 2004[12]. L'élevage équin de Biélorussie est autosuffisant[12].

Races élevées

Jument trait biélorusse lors d'une exposition à Minsk en 2021.

La base de données DAD-IS recense sept races de chevaux élevées sur place, dont deux natives, le trait biélorusse et le Polesskaya, et cinq d'origine étrangère : le Letton, le trait lituanien, le Trotteur russe, le Tori et le Trakehner[13]. Le Hanovrien est également présent[1].

La répartition de ces races en 2006 indique que la grande majorité du cheptel national, soit 79 %, est composé de Trait biélorusse[14] - [15]. Le reste se répartit entre le Trait russe (15 %)[15] et le Trotteur russe, tandis que les autres races sont présentes à très faibles effectifs. Notamment, le Polesskaya est une race rare, qui ne dispose d'aucune reconnaissance ni de comptage officiels[14]. Une première analyse menée dans les régions de Brest et de Homiel en 2011 a permis de trouver 10 étalons et 96 juments correspondant au type du Polesskaya[16].

L'élevage du trait russe est propre à un centre d'élevage spécialisé avec 100 juments reproductrices et à 4 petites fermes d'élevage de chevaux avec un cheptel de 10 à 55 juments chacune[17]. Le trait soviétique est également présent[18].

Le Hanovrien et le Trakehner font l'objet d'évaluations pour développer des chevaux de sport en Biélorussie[1]. Une spécialisation sportive claire est déterminée parmi la progéniture d'un certain nombre d'animaux producteurs dans le cadre du programme d'État de recherche scientifique « Qualité et efficacité de la production agro-industrielle pour 2016-2020 »[4].

Maladies et parasitisme

Par rapport à la moyenne des années 1990, une baisse constante du niveau des maladies infectieuses des chevaux au cours des années est observée[19]. Les règles vétérinaires et sanitaires de l'importation de chevaux et de fourrage en Biélorussie comportent un certain nombre d'exigences épizootiques[19].

Une enquête et une analyse comparative de la composition des espèces causant la strongylatose intestinale chez les chevaux de Biélorussie ont révélé que le taux d'infection était de 92,5 %, avec 26 espèces responsables, notamment Strongylus equinus (76,5%), Triodontophorus serratus et T. brevicauda (79,4%), Cyathostomum tetrakanthum (100 %), Cylicocyclus nassatus (100 %), Cylicostephanus longibursatus (94,1 %), Cylicostephanus goldi (91,2%) et Cyathostomum pateratum (100 %). L'infection touche toutes les parties du tractus gastro-intestinal, dont le foie et la glande pancréatique, chez tous les chevaux étudiés[20]. Les infestations par des Helminthes sont aussi très fréquentes[21].

Dans la culture

Timbres biélorusses de 2004, à l'effigie de plusieurs races de chevaux.

Le cheval apparaît régulièrement dans les chants mythologiques et les contes populaires populaires des Slaves de l'Est, avec un rôle assumé important[22] - [23]. Dans les croyances populaires biélorusses, la figure du cheval blanc est étroitement associée à une divinité solaire archaïque, que l'écrivaine biélorusse Nina Abramtchik et l'anthropologue française Lucienne A. Roubin rapprochent de l'étalon solaire que Mircea Eliade décrit à l'âge du bronze en Europe du Nord[24]. D'après Abramtchik, qui déclare n'avoir pu citer sa bibliographie devenue inaccessible sous le régime communiste[25], la tradition populaire biélorusse garde le souvenir du dieu-soleil slave Yarila, qui combat l'hiver (Ziuzia) sur son cheval blanc[26]. Sa victoire permet à la mère de Yarila, déesse du printemps, d'ouvrir la terre montée sur son cheval blanc[23]. Yarila est fêtée à travers des défilés et des chants populaires jusqu'au début du XXe siècle, puis son culte est interdit par l'Église et par le régime soviétique[27].

Un autre thème très présent dans les contes populaires biélorusse est celui du cheval sauveur et protecteur[28]. L'un de ces contes mentionne un soldat qui échappe à la noyade dans un marécage grâce à l'aide du cheval blanc de Yarila ; une autre raconte comment ce même cheval blanc est venu à l'aide d'une femme pauvre qui s'épuisait au labour[29]. Un cheval descendant de celui du dieu Yarila est reçu en héritage, malade et mourant, par le paysan Dabravid, qui le soigne et remporte grâce à cette monture un important tournoi[30]. Enfin, un conte populaire biélorusse explique que le cheval est devenu le roi des animaux en battant le lion, contraint de quitter la Biélorussie[31].

L'emblème de Pahonie, datant du XIIIe siècle et qui fut l'emblème du grand-duché de Lituanie, représente un chevalier sur un cheval blanc brandissant une épée sur fond rouge ; symbole de la Biélorussie de 1918 jusqu'à 1995, il a été interdit par le régime de Loukachenko à son arrivée au pouvoir[32] - [33].

Notes et références

  1. (ru) Yu. I. German, « Riding horse breeding system in the Republic of Belarus », Proceedings of the National Academy of Sciences of Belarus, Agrarian Series, no 1, , p. 65-74 (lire en ligne Accès payant).
  2. (en) Chris J. Mortensen, The Handbook of Horses and Donkeys: Introduction to Ownership and Care, 5m Books Ltd, (ISBN 978-1-912178-99-5, lire en ligne).
  3. Rousseau 2014, p. 227.
  4. Y. I. Herman et M. A. Horbukov, « Estimation of roadster breed of horse in Belarus by set of traits depending on breed and genealogy characteristics », Proceedings of the National Academy of Sciences of Belarus. Agrarian Series, vol. 57, no 3, , p. 308–322 (ISSN 1817-7239 et 1817-7204, DOI 10.29235/1817-7204-2019-57-3-308-322, lire en ligne, consulté le ).
  5. (ru) Yu German et I. Petrushko, « [On state of horse breeding in the Republic of Belarus and perspectives of its development] », Аграрная экономика (Belarus). Agrarian Economics, (ISSN 1818-9806, lire en ligne, consulté le ).
  6. (ru) Yu German, V. Chavlytko et Yu German, « [Horse-breeding development in some agricultural cooperatives of Belarus] », Аграрная экономика (Belarus). Agrarian Economics, (ISSN 1818-9806, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Nigel Roberts, Belarus, Bradt Travel Guides, (ISBN 978-1-84162-207-1, lire en ligne), p. 57 ; 81 ; 184.
  8. Porter et al. 2016, p. 443.
  9. Porter et al. 2016, p. 496.
  10. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Biélorussie 2018/2019 Petit Futé, Petit Futé, (ISBN 979-10-331-7120-1, lire en ligne).
  11. (en) Rick Parker, Equine science, Delmar Cengage Learning, , 5e éd., 640 p. (ISBN 978-1-305-94972-0 et 1-305-94972-2, OCLC 1054197727, lire en ligne), p. 32.
  12. Gorbukov 2004, p. 36-38.
  13. « Races par espèces et pays », sur www.fao.org, Système d’Information sur la Diversité des Animaux Domestiques (DAD-IS) | Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (consulté le ).
  14. Rousseau 2014, p. 226.
  15. (ru) M. A. Gorbukov, Y. I. German, E. A. Bajgina et M. K. Borisovets, « [Breeding efficiency of Belarus draft and Russian draught horses and their progeny] », Зоотехническая наука Беларуси (Belarus). Zootechnical Science of Belarus, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (ru) M. A. Gorbukov, V. I. Chavlytko, Yu I. German et V. N. Dajlidyonok, « Current status of population of Polesye horses in Belarus », Zootechnical Science of Belarus : collection of scientific papers, (ISSN 0134-9732, lire en ligne, consulté le ).
  17. (ru) V. N. Dajlidyonok, Yu I. German, M. A. Gorbukov et V. I. Chavlytko, « Results of estimation of Russian draft horse breeds reared in the Republic of Belarus », Zootechnical Science of Belarus : collection of scientific papers, (ISSN 0134-9732, lire en ligne, consulté le ).
  18. Gorbukov et al. 2010.
  19. (ru) A. Yu Finogenov, N. I. Androsik, Yu G. Lyakh et E. G. Finogenova, « [Eрizootique situation on infectious diseases of horses in the countries of the world and in Belarus] », Эпизоотология. Иммунология. Фармакология. Санитария (Belarus). Epizootology. Immunology. Pharmacology. Sanitation (Belarus), (lire en ligne, consulté le ).
  20. (ru) A. I. Yatusevich, M. P. Sinyakov et V. V. Petrukovich, « [Fauna of intestinal strongylatosis of horses in the Republic of Belarus] », Uchenye Zapiski Vitebskoj Gosudarstvennoj Akademii Veterinarnoj Mediciny (Belarus), (lire en ligne, consulté le ).
  21. (ru) A. I. Yatusevich, M. P. Sinyakov et V. M. Mironenko, « Mixed infestations of horses in Belarus », Veterinary Science - for Production : scientific works, (lire en ligne, consulté le ).
  22. Viktoriya Lajoye et Patrice Lajoye, Sadko et autres chants mythologiques des Slaves de l'Est: (Biélorussie - Russie - Ukraine), Lingva (ISBN 979-10-94441-21-3, lire en ligne).
  23. Abramtchik 1999, p. 166.
  24. Lucienne A. Roubin, « Avant-propos », dans Le cheval en Eurasie : Pratiques quotidiennes et déploiements mythologiques, Éditions L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-38772-0, lire en ligne), p. 9.
  25. Abramtchik 1999, p. 171.
  26. Abramtchik 1999, p. 165.
  27. Abramtchik 1999, p. 170.
  28. Abramtchik 1999, p. 167.
  29. Abramtchik 1999, p. 167-168.
  30. Abramtchik 1999, p. 168-169.
  31. Abramtchik 1999, p. 169.
  32. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Biélorussie 2014 Petit Futé, Petit Futé, (ISBN 978-2-7469-8167-6, lire en ligne), p. 9.
  33. Daniel Poloyko, « Le symbolisme militaire biélorusse », sur La Revue d'Histoire Militaire, (consulté le ).

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • [Abramtchik 1999] Nina Abramtchik, « Le cheval en Biélorussie. Contes et emblèmes », dans Le cheval en Eurasie. Pratiques quotidiennes et déploiements mythologiques, Éditions L'Harmattan, , 165-171 p.
  • [Gorbukov 2004] (en) M. A. Gorbukov, « Horse breeding in Belarus », Belorusskoe Sel'skoe Khozyaĭstvo, no 1, , p. 36-38 (lire en ligne Accès payant)
  • [Gorbukov et al. 2010] (ru) M. A. Gorbukov, Yu I. German, V. I. Chavlytko et V. N. Dajlidyonok, « Selection and technological aspects of pedigree horses rearing in working and productive horse breeding in Belarus », Zootechnical Science of Belarus : collection of scientific papers, (ISSN 0134-9732, lire en ligne, consulté le )
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Biélorussie », p. 226-227
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