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Chen Guangcheng

Chen Guangcheng (en chinois : 陳慉èȘ  / é™ˆć…‰èŻš, ChĂ©n GuāngchĂ©ng ; nĂ© le ) est un militant chinois des droits de l'homme en milieu rural. Aveugle depuis l'enfance, il a appris le droit en autodidacte[2] et a dĂ©fendu la cause de femmes forcĂ©es Ă  ĂȘtre stĂ©rilisĂ©es ou Ă  avorter. Chen a Ă©tĂ© dĂ©crit par la BBC comme « l'un des plus cĂ©lĂšbres dissidents chinois[1] » et Ă©galement comme un « avocat aux pieds nus ».

Chen Guangcheng
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
é™ˆć…‰èŻš
Nationalité
Domicile
New York (depuis )
Formation
Nanjing University of Chinese Medicine (en) (-)
Inconnu
Activités
Période d'activité
depuis
Conjoint
Yuan Weijing
Autres informations
A travaillé pour
Institut Witherspoon (en) (depuis )
Université de New York (-)
Mouvement
Distinctions
Liste détaillée
Prix Ramon-Magsaysay ()
Index Award ()
Human Rights First Award ()
Courage Award (d) ()

AprĂšs quatre ans et trois mois de prison ferme, il est assignĂ© Ă  rĂ©sidence en . Il s'Ă©vade en et trouve refuge auprĂšs de l'ambassade des États-Unis Ă  PĂ©kin.

Biographie

Selon la BBC, en tant qu'aveugle, il « ne lui fut pas permis » d'aller Ă  l'universitĂ©, et il n'a de ce fait aucune formation reconnue en matiĂšre de droit[1]. En 1998, il entama des Ă©tudes Ă  l'universitĂ© de mĂ©decine traditionnelle de Nankin, se spĂ©cialisant dans l'acupuncture et le massage[3]. Son diplĂŽme en poche, il retourna dans sa rĂ©gion d'origine et exerça le mĂ©tier de masseur Ă  l'hĂŽpital du comtĂ© de Yinan jusqu'en 2001, oĂč il dĂ©missionna[4].

Militantisme

Il a dĂ©fendu la cause de femmes forcĂ©es Ă  ĂȘtre stĂ©rilisĂ©es ou Ă  avorter, parfois Ă  quelques jours de l'accouchement[5] - [6]. Dans la ville de Linyi, dans la province de Shandong, ce sont sans doute plus de 10 000 femmes qui auraient subi des avortements forcĂ©s. Bien qu'officiellement illĂ©gales, ces pratiques sont utilisĂ©es par les autoritĂ©s locales pour ne pas troubler les statistiques en dĂ©passant leurs quotas, et ainsi Ă©viter d'ĂȘtre sanctionnĂ©s par leurs supĂ©rieurs pour non-respect de la politique de l'enfant unique.

Son activitĂ© met en lumiĂšre trois importants problĂšmes de sociĂ©tĂ© : le statut juridique d'un fƓtus ayant plusieurs mois ; la rĂ©alitĂ© de l'adhĂ©sion de la population chinoise Ă  la politique de l'enfant unique ; et le meurtre des bĂ©bĂ©s fĂ©minins dans une sociĂ©tĂ© oĂč les parents veulent avant tout un garçon. AprĂšs avoir attaquĂ© en justice les autoritĂ©s locales et s'ĂȘtre rendu Ă  PĂ©kin auprĂšs du planning familial, il devient cĂ©lĂšbre mais aussi la cible des autoritĂ©s locales dont certains responsables sont arrĂȘtĂ©s aprĂšs la parution d'un article Ă  son sujet dans Time magazine. PlacĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e, harcelĂ© par des policiers et des voyous payĂ©s par les autoritĂ©s locales, il est dĂ©fendu par ses partisans qui renversent trois voitures de police et perturbent la circulation[5].

En 2003, il poursuit en justice le métro de Pékin, qui finit par reconnaßtre la carte d'invalidité nationale, permettant aux handicapés et à leur accompagnateur de prendre ce moyen de transport gratuitement[7].

Condamnation

En aoĂ»t 2006, Ă  l'issue d'un procĂšs dans lequel ses avocats n'ont pas accĂšs Ă  l'audience, il est reconnu coupable pour troubles Ă  l'ordre public, dĂ©gradation volontaire des biens de l'État et obstruction de voies de circulation et condamnĂ© Ă  quatre ans et trois mois de prison ferme[5].

En , il est torturĂ© par des codĂ©tenus et n'a pas accĂšs Ă  des soins mĂ©dicaux[5]. Sa femme est empĂȘchĂ©e Ă  l'aĂ©roport de PĂ©kin d'assister Ă  la remise d'un prix en son honneur aux Philippines[8].

Surveillance Ă  domicile

Le 14 octobre 2011, 5 militants handicapĂ©s de l’association des droits de la femme en Chine rendirent visite Ă  Chen Guangcheng Ă  Dongshigu

Libéré en septembre 2010 aprÚs avoir purgé l'intégralité de sa peine, il est détenu à son domicile en compagnie de sa femme et de sa fille[9] - [10].

Le , à l'occasion de la prochaine visite du président Hu Jintao à Washington, Hillary Clinton a évoqué le cas de Chen Guangcheng. Lors de cette communication, madame Clinton a aussi lancé un appel à la libération de Liu Xiaobo prix Nobel de la paix en 2010 et évoqué le cas de Gao Zhisheng disparu depuis [11].

AprÚs avoir dénoncé leurs conditions de détention à domicile dans une vidéo parue le , Chen et sa femme auraient été roués de coups par la police, selon l'organisation de défense des droits de l'homme ChinaAid[12]. L'ONG Human Rights in China confirme que Chen Guangcheng a réussi à diffuser des images pour dénoncer les conditions de sa détention. En représailles, lui et sa femme ont été battus par la police chinoise[13]. En , Chen Guangcheng et sa femme sont passés à tabac à leur domicile par plusieurs dizaines d'hommes envoyés par le Parti communiste chinois. Leur appartement a été mis à sac, et leurs appareils électroniques volés[14].

Évasion

Chen (gauche) avec Gary Locke (centre) et Kurt M. Campbell (droite) à l'ambassade américaine à Pékin le

Dans la nuit du 21 au , Chen Guangcheng s'est Ă©vadĂ© de sa rĂ©sidence surveillĂ©e situĂ©e dans le village de Dongshiguet. Il a adressĂ© le vendredi un message par internet Ă  Wen Jiabao, premier ministre chinois. RĂ©fugiĂ© Ă  l'ambassade des États-Unis Ă  PĂ©kin, il ne demande pas l'asile politique[15].

Bob Fu, prĂ©sident de l'ONG ChinaAid, indique que Chen s'est Ă©vadĂ© en escaladant un muret d'enceinte. Il se serait blessĂ© au pied lors de cette Ă©vasion. Chen Guangcheng a alors contactĂ© une amie, elle aussi militante des droits de l'homme, He Peirong, qui l'a conduit Ă  PĂ©kin aprĂšs un voyage de trois jours. Une fois dans la capitale chinoise, il a changĂ© plusieurs fois de cache afin de dĂ©jouer la police. Selon Bob Fu, He Peirong a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e Ă  Nankin le [16]. Dans son message vidĂ©o Ă  Wen Jiabao, le fugitif demande au premier ministre que sa famille soit Ă©pargnĂ©e et donne les noms de responsables locaux ayant infligĂ© des mauvais traitements Ă  ses proches. Cette vidĂ©o est visible sur YouTube[17].

Selon diverses sources, Chen Guangcheng fut ensuite Ă  PĂ©kin sous protection des États-Unis. Les autoritĂ©s chinoises n'ont pas communiquĂ© sur l'Ă©vasion du dissident. Quelques jours plus tard, lors du dĂ©placement en Chine de la secrĂ©taire d'État amĂ©ricaine Hillary Clinton, cette affaire a posĂ© problĂšme aux diplomaties des deux pays[18] - [19]. Le dissident Hu Jia et les autoritĂ©s amĂ©ricaines ont confirmĂ© la prĂ©sence de Chen Guangcheng Ă  l'ambassade des États-Unis, sans qu'il ne demande l'asile politique. Le dernier dissident Ă  avoir trouvĂ© refuge auprĂšs de diplomates amĂ©ricains fut Fang Lizhi, rĂ©fugiĂ© Ă  l'ambassade aprĂšs les manifestations de la place Tian'anmen en 1989[20]. Sa femme Yuan Weijing, son fils et sa mĂšre sont restĂ©s dans la rĂ©sidence surveillĂ©e aprĂšs son Ă©vasion.

DĂ©part vers les États-Unis

AprĂšs avoir Ă©tĂ© conduit Ă  l’hĂŽpital Chaoyang Ă  PĂ©kin Ă  la suite d'Ăąpres nĂ©gociations entre Chinois et AmĂ©ricains, Chen Guangcheng a dit se sentir en danger et a finalement demandĂ© Ă  rejoindre les États-Unis. Le , Ă  la suite de longues tractations, lui, sa femme et ses deux enfants reçoivent finalement un passeport et l'autorisation des autoritĂ©s chinoises de se rendre Ă  l’aĂ©roport international de PĂ©kin pour un dĂ©part aux États-Unis[21] et s'envole vers New York[22].

En Chine, le frĂšre de Chen Guangcheng, Chen Guangfu a indiquĂ© que les autoritĂ©s chinoises avaient dĂ©truit les postes de garde, surnommĂ©s « les maisons noires », construites Ă  l'entrĂ©e du village de Dongshigu pour empĂȘcher Chen Guangcheng de sortir et ses partisans de le rencontrer[23].

RĂ©torsion

Chen Guangfu, le frĂšre aĂźnĂ© de Chen Guangcheng, indique subir un harcĂšlement de la part des autoritĂ©s chinoises. Il affirme avoir Ă©tĂ© battu. Le dĂ©partement d’État amĂ©ricain a demandĂ© aux autoritĂ©s chinoises Ă  cesser de harceler la famille du dissident et de la « traiter avec Ă©quitĂ© et dignitĂ© Â»[24] - [25].

Reconnaissance internationale

Chen Guangcheng rencontre Su Tseng-chang en 2013

En 2006, Chen Guangcheng a Ă©tĂ© nommĂ© Ă  la une du Time 100, liste annuelle prĂ©sentant « 100 hommes et femmes dont le pouvoir, talent ou exemple moral transforment notre monde ». La citation indique, « bien qu'il ait perdu la vue Ă©tant enfant, la vision juridique de Chen Guangcheng a contribuĂ© Ă  Ă©clairer le sort de milliers de villageois chinois[26] Â».

En 2007, Chen Guangcheng reçoit le prix Ramon-Magsaysay alors qu'il se trouve toujours en détention[27]. Le prix, souvent appelé le « Asian Nobel Award »[28], a été décerné pour « sa passion irrépressible pour la justice en incitant des citoyens chinois de faire valoir leurs droits légitimes en vertu de la Loi »[29]. Le , le militant Hu Jia a signalé que le passeport de l'épouse de Chen Guangcheng avait été annulé et son téléphone portable confisqué par les autorités chinoises à l'aéroport international de Pékin-Capitale alors que celle-ci souhaitait partir pour assister à la cérémonie de prix Magsaysay au nom de son mari[30].

En 2008, la fondation National Endowment for Democracy décerne à Chen Guangcheng le prix de la démocratie. Il était un des sept avocats et militants chinois des droits civiques nommés lauréats de ce prix[31].

En 2012, l'ONG Human Rights First lui remet le Prix des droits de l'homme. En expliquant ce choix, la présidente de l'organisation, Elisa Massimino, a déclaré : « L'activisme de M. Chen a relancé le dialogue international sur la nécessité de protéger les avocats des droits de l'homme dans le monde entier qui se retrouvent face à un grand danger en raison de leur courageux travail. »[32].

Ouvrage

  • Chen Guangcheng, L'Avocat aux pieds nus, traduit de l'anglais par Lucie Delplanque, Ă©ditions Globe, 2015.

Notes et références

  1. (en) « China dissident Chen Guangcheng escapes house arrest », sur BBC News, (consulté le )
  2. (en) Great Britain: Parliament: House of Commons: Foreign Affairs Committee, Human Rights Annual Report 2005: First Report of Session 2005-06; Report, Together with Formal Minutes, Oral and Written Evidence, The Stationery Office, 2006, (ISBN 0215027590 et 9780215027597), p. 119
  3. (en) Melinda Liu, Barefoot Lawyer, Newsweek, 3 mars 2002, p. 3 : « In 1998 he travelled to Nanjing to study at the Traditional Medecine University, he majored in acupuncture and massage. »
  4. (en) « é™ˆć…‰èŻšïŒšäžćčłć‡Ąçš„ćŸșć±‚ç»Žæƒć…ˆé”‹ », My1510.cn,‎ (consultĂ© le ) : « En 1998, Chen Guang a reçu un diplĂŽme de la classe chinoise traditionnelle de personne aveugle de l'universitĂ© de mĂ©decine de Nanjing, a effectuĂ© le travail de massage dans l'hĂŽpital du comtĂ© de ville natale de Shandong. En 2001, Chen Guang a dĂ©missionnĂ© du travail d'hĂŽpital. »
  5. Ursula Gauthier, Le défenseur des avortées par force In Chine, l'empire du double langage, Le Nouvel Observateur, N° 2265, p. 61, 3 avril 2008.
  6. Brice Pedroletti, « Les violences de la politique de l'enfant unique continuent d'ĂȘtre taboues », sur Lemonde.fr, (consultĂ© le )
  7. Chen Guangcheng, interviewĂ© par Mariana GrĂ©pinet, « Chen Guangcheng - l'aveugle qui perce Ă  jour PĂ©kin Â», Paris Match, semaine du 20 au 26 aoĂ»t 2015, pages 99-102.
  8. (en) « Reuters, China stops activist's wife leaving country », sur Reuters, (consulté le )
  9. « Chen Guangcheng, célÚbre militant chinois, dénonce dans une vidéo sa prison à domicile », sur Le Monde, (consulté le )
  10. Amnesty International, « Un défenseur des droits humains assigné à résidence » [PDF], , p. 3
  11. « États-Unis: Clinton appelle la Chine Ă  libĂ©rer ses dissidents avant la visite de Hu », sur France 24, (consultĂ© le )
  12. « Chen Guangcheng dénonce les « méthodes de voyous » de la police chinoise », sur Radio France Internationale,
  13. « Un avocat chinois tabassé pour une vidéo clandestine », sur Le Figaro, (consulté le )
  14. « L’opposant aveugle Chen Guangcheng passĂ© Ă  tabac », sur LibĂ©ration.fr, (consultĂ© le )
  15. « Chine: protĂ©gĂ© par les États-Unis, Chen Guangcheng ne demande pas l'asile », sur https://www.ladepeche.fr/ La DĂ©pĂȘche, (consultĂ© le )
  16. Challenges, L'opposant chinois a escaladé un mur pour s'évader, 29 avril 2012
  17. Libération, Le dissident Chen Guangcheng s'évade et interpelle Wen Jiabao, 27 avril 2012
  18. Le Monde, le Dissident chinois Chen Guangcheng protĂ©gĂ© par les États-Unis
  19. Le Point, Chen Guangcheng, le dissident qui gĂȘne tout le monde, 30 avril 2012.
  20. Le Nouvel Observateur, Chine: protĂ©gĂ© par les États-Unis, Chen Guangcheng ne demande pas l'asile, 30 avril 2012
  21. Le dissident chinois Chen Guangcheng en partance pour les États-Unis, LibĂ©ration, 19 mai 2012
  22. Chen Guangcheng vole vers New York, Europe 1, 19 mai 2012
  23. Le NouvelObs,Sui-Lee Wee, Guy Kerivel Les autorités chinoises "nettoient" le village du dissident Chen, 8 juin 2012
  24. AFP Chine: le frÚre d'un célÚbre dissident aveugle affirme avoir été battu Romandie.com, 9 mai 2013
  25. Chine : Le frĂšre aĂźnĂ© d'un dissident aveugle dit avoir Ă©tĂ© battu Les Échos, 9 mai 2013
  26. Time, The 2006 TIME 100, 8 mai 2006
  27. (en) Carlos Conde, « Ramon Magsaysay Award recipients announced », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  28. (en) Activists share Asian Nobel Prize de Clare Arthurs, BBC News, 25 juillet 2007.
  29. (en) E.K. Santos, « Blind Chinese leads way in fight for rights of poor », Philippine Daily Inquirer,‎ (lire en ligne)
  30. (en) Ben Blanchard, « China stops activist's wife leaving country », Reuters, (consulté le )
  31. « 2008 Democracy Award – NATIONAL ENDOWMENT FOR DEMOCRACY », sur www.ned.org (consultĂ© le )
  32. « WebCite query result », sur www.webcitation.org (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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