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Charles-Eugène Quinquaud

Charles Eugène Quinquaud (1841-1894) est un médecin français, membre de l'Académie nationale de médecine. Ses travaux en physiologie, menés longtemps en collaboration avec Nestor Gréhant, et ses propres travaux, notamment en Chimie biologique, discipline dont il est un des fondateurs, et médecine infectieuse et dermatologique, font l'objet de nombreuses publications et sont couronnés par plusieurs prix et distinctions académiques, mais sont interrompus par une mort précoce, à 52 ans, des suites d'une fièvre infectieuse.

Charles-Eugène Quinquaud
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  52 ans)
Paris
Nationalité
Activités
Enfant
Autres informations
Distinction

Biographie

Charles Eugène Quinquaud naît le à Lafat (Creuse)[1]. Selon le professeur Albert Robin[2], qui évoque les souvenirs des anciens de ce petit village il fut "petit enfant pâle et silencieux, ne jouant jamais, assis le matin avec un livre devant la porte de l'école en attendant qu'elle s'ouvrit."[3] Une jeunesse placée sous le signe du travail, qui le conduit sur les bancs de la faculté de médecine de Limoges, à Paris en 1867 et à l'internat l'année suivante, puis à l'agrégation, qu'il obtient en 1883.

Charles Quinquaud (qui apparaît plutôt dans certaines de ses publications avec le seul prénom d'Eugène) mène sa vie professionnelle à Paris. L'année suivant son agrégation, à 43 ans, il épouse Thérèse Caillaux[4], une élève de Rodin. Le mariage civil se passe à la mairie du Ve arrondissement avec pour témoins : Emile Louis Lenoël, sénateur président du conseil général de la Manche, son jeune collègue physiologiste Charles Richet, déjà professeur agrégé de médecine et futur prix Nobel (en 1913), Eugène Caillaux, ancien ministre des travaux publics, Étienne Vacherot, membre de l'Institut[5].

De cette union naissent quatre enfants, dont Anna Quinquaud (prix de Rome en 1924), qui hérite de sa mère le goût et le talent de la sculpture, et qui préférera explorer le fin fond de l'Afrique que les mystères du corps humain.

Charles Quinquaud est élu en 1891 à l'Académie de médecine, par 41 voix sur 73, dans la section : Physique et chimie médicales.[6]. Une première candidature en mai 1888 dans cette section l'avait placé en deuxième position, derrière d'Arsonval (resp. 16 et 51 voix)[7].

Quinquaud exerce principalement à l'Hôpital Saint-Louis. Il enseigne la pathologie interne à l'École pratique de la faculté de médecine de Paris à partir de 1877. Il mène ses travaux de recherche dans le laboratoire de physiologie du Muséum national d'histoire naturelle ou à l'Hôpital Saint-Louis.

Malgré les soins de son maître en médecine Alexandre Laboulbène, Quinquaud meurt brutalement à 52 ans, le à son domicile 20 boulevard Saint-Gemain dans le 5e arrondissement de Paris[8], des suites d'une fièvre infectieuse, vraisemblablement contractée au cours de son activité professionnelle[9] - [10] - [11], dont on sait seulement qu'il fut à même d'établir le diagnostic et le pronostic fatal[3].

Principaux travaux

Pour Albert Robin, qui résume ses travaux dans son éloge funèbre, Quinquaud "a puissamment contribué à faire entrer les méthodes de la physique et de la chimie dans les choses de la médecine. Il a éclairé l'histoire de la chaleur animale, la chimie de la respiration morbide [12] ; il a montré comment s'opérait la désintégration organique sous l'influence des ferments, appliqué la chimie pathologique à la gynécologie, à la dermatologie ; il est l'un des metteurs en train de l'évolution nouvelle de la thérapeutique, par ses recherches sur les formiates, l'eau oxygénée, l'arsenic et les médicaments de la série aromatique. C'est lui qui a découvert les infections bronchiques, séparé la peptonurie primitive du diabète insipide, et démontré qu'une des variétés de l'ictère grave correspondait à des altérations chimiques bien définies de la glande hépatique. Il est un des créateurs de l'hématologie clinique (...)"[3]. Quinquaud publie en 1872 un ouvrage de 276 pages : Essai sur le puerpérisme infectieux chez la femme et chez le nouveau-né. Cet ouvrage est dédié à ses parents, ses maîtres et amis, en particulier MM. Laboulbène, Charcot, Vulpian, à son professeur de thèse Axenfeld... ainsi qu'à Madame George Sand.

Sa première thèse d'agrégation (1880) porte le titre : Des métastases[13]. Cette même année, Quinquaud publie un ouvrage : Chimie pathologique.

Sa seconde thèse d'agrégation (1883) porte le titre : De la scrofule dans ses rapports avec la phtisie pulmonaire[14]. Il publie également en 1883 un ouvrage de 317 pages : Traité technique de chimie biologique, avec applications à la physiologie, à la pathologie, à la clinique, à la thérapeutique.

Dans un volume récapitulatif de ses travaux jusqu'à l'année 1890, Quinquaud recense 210 items (il intègre dans cette liste les réunions cliniques et leçons de l'Hôpital Saint-Louis); 3 des publications correspondent à des travaux menés avec Paul Schützenberger et 28 publications correspondent à des travaux menés avec Nestor Gréhant. Ces travaux sont regroupés par Quinquaud dans les sections suivantes [15]:

  • Technique - ProcĂ©dĂ©s physico-chimiques : MĂ©thodes et appareillages de mesure de la respiration de vĂ©gĂ©taux, des levures, ou pulmonaire, du volume sanguin, de dosage de l'oxygène, de l'urĂ©e et matières azotĂ©es, du glycose, des formiates, de l'oxyde de carbone. DĂ©colorimĂ©trie appliquĂ©e au dosage de l'hĂ©moglobine. Force musculaire. CapacitĂ© respiratoire des tissus.
  • Physique appliquĂ©e Ă  la physiologie : dosage par spectrophotomĂ©trie de l'hĂ©moglobine, effets d'insufflation d'air comprimĂ© dans les poumons, pression de rupture des vaisseaux sanguins, chaleur animale...
  • Physique appliquĂ©e Ă  la pathologie : puerpĂ©risme infectieux, thermomĂ©trie caractĂ©ristique de diverses infections, applications de la spectrophotomĂ©trie (carcinome stomacal, emphysème pulmonaire, athĂ©rome artĂ©riel)...
  • Chimie appliquĂ©e Ă  la physiologie : dĂ©nutrition du foie, digestion intestinale, recherche du lieu de formation de l'urĂ©e, effets de l'Ă©lectrisation sur la glycĂ©mie, acide carbonique dans le sang, mesure du dĂ©bit sanguin dans les poumons, Ă©limination des formiates, respiration comparĂ©e du sang et des tissus, glycogène et glycĂ©mie...
  • Chimie appliquĂ©e Ă  la pathologie : plasmopathie cellulaire, modification de l'hĂ©moglobine par diverses maladies, diabète peptonurique primitif, troubles de la sĂ©crĂ©tion gastrique, phĂ©nomènes chimiques de la respiration, de l'urĂ©e et du taux de glucose chez les tuberculeux...
  • Chimie appliquĂ©e Ă  l'Ă©tude des lĂ©sions : lien entre matières extractives[16] et maladies fĂ©briles, troubles secondaires liĂ©s aux substances toxiques, lĂ©sions d'ordre chimique dans l'anatomie pathologique (cirrhoses des tuberculeux : influence sur les matières extractives et sels minĂ©raux, tuberculoses : fabrication de toxines par le foyer inflammatoire, tissu cancĂ©reux).
  • Anatomie pathologique : endocardite ulcĂ©reuse, altĂ©rations multiples dues Ă  la variole, effets de l'infection puerpĂ©rale (reins, foie, bronches, plèvre, lymphites, abcès divers).
  • Pathologie gĂ©nĂ©rale : hĂ©matologie (altĂ©ration du sang dans les maladies : valeurs diagnostiques (notamment d'hĂ©moglobine) pour 57 diffĂ©rentes maladies), hĂ©matologie de la grossesse.
  • Pathologie interne : crampes des cholĂ©riques, rhumatisme articulaire, altĂ©ration de la fibrine, analyse de l'Ă©pidĂ©mie de variole de 1870 Ă  l'hĂ´pital de la PitiĂ©, maladie arthrito-suppurative aigĂĽe, puerpĂ©risme infectieux, pneumonie lobulaire, manifestations rhumatoĂŻdes de la dysenterie, de la blennorrhagie, adĂ©nome hĂ©patique, ictère grave, Ă©pidĂ©mie parisienne d'ictères simples (1869), hĂ©morragies des voies biliaires, thrombose de l'aorte...
  • Maladies infectieuses : Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra de 1869 Ă  l'hĂ´pital Saint-Antoine, puerpĂ©risme infectieux et accidents puerpĂ©raux...
  • Neuropathologie - Physiologie : tĂ©tanos, mĂ©ningite chronique de la base de l'encĂ©phale, influence d'une lĂ©sion cĂ©rĂ©brale sur la motricitĂ©, effets hĂ©patiques d'une section de la moelle Ă©pinière,effets Ă©pileptique et autres de l'Ă©longation d'un nerf, description du panaris nerveux, troubles nerveux rĂ©sultant de la variole, excitabilitĂ© neuromusculaire après section du bulbe rachidien ou d'un nerf, influence de la section de la moelle cervicale sur l'exhalation de l'acide carbonique, de la commotion cĂ©rĂ©brale sur la chimie de la respiration, la chaleur animale et la nutrition.
  • Dermatologie - Syphiligraphie : lymphangite aigĂĽe, teignes tondantes et pelades, folliculites, dermatite pseudo-exanthĂ©matique, dermatite aigĂĽe grave primitive, hĂ©matologie des affections cutanĂ©es, affections cutanĂ©es d'origine rĂ©nale, stomatites (Ă©rythème et angine hydroĂŻque), hydroa des enfants, eczĂ©ma, maladie pigmentaire Ă©pithĂ©liomateuse, cellulome kystique Ă©ruptif, troubles sensitifs dus Ă  la lèpre, diagnostic prĂ©coce de la lèpre par examen bactĂ©riologique, effets physicochimiques des dermatites Ă©tendues, accidents syphilitiques secondaires...
  • Maladies des enfants : hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale intra-utĂ©rine, kyste du gros intestin, puerpĂ©risme infectieux, mĂ©ningite tuberculeuse, croup, recherches comparatives sur le sang du fĹ“tus, du cordon, du placenta et de la mère, effet mère-fĹ“tus d'une intoxication par l'oxyde de carbone.
  • Maladies des vieillards : atrophie extrĂŞme du cerveau, syphilis, respiration, hĂ©matologie.
  • Pathologie expĂ©rimentale - Physiologie pathologique : troubles provoquĂ©s par des lĂ©sions contrĂ´lĂ©es des bronches, recherches de physiologie pathologique sur la respiration, mesure du fonctionnement pulmonaire par dosage de l'acide carbonique, effets de la rĂ©tention d'urine, effets de la phloridzine sur l'organisme.
  • Toxicologie : absorption de vapeurs d'alcool par les poumons, toxicitĂ© de l'urĂ©e et de l'urine, influence des poisons musculaires sur la force musculaire, Ă©tude du Tanguin de Madagascar, action de l'hypnone [17] sur le sang.
  • ThĂ©rapeutique clinique et expĂ©rimentale : action de l'arsenic (liqueur de Fowler) sur le diabète, effets de la suralimentation, nouveau procĂ©dĂ© d'anesthĂ©sie chloroformique, peptones de fibrine, action du paraldĂ©hyde, inhalation d'oxygène, effet d'injections de kairine (en) sur la nutrition, injections intraveineuses d'eau oxygĂ©nĂ©e Ă  doses prĂ©-toxiques, effets d'injections de glucoside de boldo sur la thĂ©rapeutique du sommeil, influence physiologique des bains chauds et froids, rĂ´le de l'aristol [18] dans le traitement des ulcĂ©rations.
  • Hygiène : infection nosocomiale, comparaison des vaccins jennerien et de gĂ©nisse, intoxication par la benzine, influence des eaux sur la contagion typhoĂŻde, danger d'inhalation des vapeurs nitreuses.
  • Anatomie - Physiologie gĂ©nĂ©rale et comparĂ©e : anatomie et dĂ©veloppement des bourgeons, fermentation par amylobactères, Ă©tude du muguet, variations de l'hĂ©moglobine selon les espèces animales et au sein des espèces, respiration des poissons, respiration des levures et des vĂ©gĂ©taux.

Titres, prix et distinctions honorifiques, sociétés savantes

  • Interne - LaurĂ©at des hĂ´pitaux de Paris (1868)
  • LaurĂ©at de la FacultĂ© de mĂ©decine (1872)
  • MĂ©decin du Bureau central des höpitaux (1878)
  • LaurĂ©at de l'Institut (AcadĂ©mie des sciences). Prix Barbier (1880)
  • Concours des prix Montyon (AcadĂ©mie des sciences). Mention honorable avec N. GrĂ©hant (1882)
  • AgrĂ©gĂ© de la facultĂ© de mĂ©decine (1883)
  • LaurĂ©at de l'AcadĂ©mie de mĂ©decine (Prix Baignet)
  • LaurĂ©at de l'Institut (AcadĂ©mie des sciences) (Prix Montyon en physiologie expĂ©rimentale) (1887)
  • Chevalier de la LĂ©gion d'honneur
  • Membre puis vice-prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© anatomique
  • Membre de la SociĂ©tĂ© de biologie, de la sociĂ©tĂ© mĂ©dicale des hĂ´pitaux, de la SociĂ©tĂ© clinique, de la SociĂ©tĂ© d'anthropologie, de la SociĂ©tĂ© botanique de France, de la SociĂ©tĂ© d'entomologie
  • Cofondateur et rĂ©dacteur en chef du journal la MĂ©decine scientifique, fondĂ© en 1893[19].

Bibliographie : ouvrages de Charles Quinquaud

  • Essai sur le puerpĂ©risme infectieux chez la femme et chez le nouveau-nĂ©, 276 pages, Paris, Adrien Delahaye (1872)[20]
  • Etude sur les affections articulaires, Paris, Adrien Delahaye (1876)[21]
  • Les affections du foie, Paris, Adrien Delahaye (1879)[22]
  • Chimie pathologique, Paris, Adrien Delahaye (1880)[23] - [24]
  • TraitĂ© technique de chimie biologique, avec applications Ă  la physiologie, Ă  la pathologie, Ă  la clinique, Ă  la thĂ©rapeutique, 317 pages, Paris, Adrien Delahaye, 1883[25]
  • Liste sur idref

Références

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