Château de Lassay
Le château de Lassay est un édifice datant du XVe siècle, situé sur la commune de Lassay-les-Châteaux en Mayenne.
Château de Lassay | ||
Vue du nord-ouest. | ||
Début construction | XIIe siècle | |
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Fin construction | XVe siècle | |
Destination initiale | Militaire | |
Destination actuelle | RĂ©sidence | |
Protection | Classé MH (1862, 1963) Inscrit MH (1964) |
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Coordonnées | 48° 26′ 20″ nord, 0° 30′ 00″ ouest | |
Pays | France | |
RĂ©gion historique | Maine | |
Commune | Lassay-les-Châteaux | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Mayenne
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Histoire
Le château primitif
Le castrum ou castellum, construit au plus tard dans les premières années du XIIe siècle, ne consistait probablement qu'en un donjon sur une motte, avec enceintes de baies et de palissades, et une chapelle au-dessous. C'est peut-être encore à cet état de choses, quelque peu modifié surtout pour les clôtures, que l'on fait allusion dans un texte de 1387, où l'on dit que le château n'était qu'une petite tour. Un peu avant cette époque, le seigneur de Lassay avait « fait rappareiller son chastel et y avoit bien despendu la somme de XVcc livres ». Il y eut alors « chastel, basse-court, donjon, boële et fossés », le grand étang et l'étang Barbot.
La châtellenie, qui avait appartenu au baron de Mayenne sans doute depuis la première inféodation, échut à Pierre de Vendôme, comte de Vendôme, par suite de son mariage avec Jeanne de Mayenne, troisième fille de Juhel III de Mayenne.
Le XVe siècle
Quand le principal effort des armées anglaises se porte sur le Maine, vers 1422, la duchesse d'Anjou, dame de Mayenne, exige, en vertu d'une ordonnance royale, la destruction du château, trop faible pour résister et déjà endommagé en 1417, et qui appartient d'ailleurs à un vassal, Charles de Vendôme, passé au parti anglo-bourguignon.
La paix une fois assurée, le roi Charles VII, par lettre du 8 février 1458, permet à Jean II de Vendôme, fils du vassal en question, d'« édifier de nouvel son chastel autrefois démoli et cher en ruynes par la fortune de la guerre ». Le travail se fait dans l'espace d'une année (printemps 1458 - début 1459) et donne l'imposante forteresse visible de nos jours, en forme d'octogone irrégulier, avec huit tours dont deux au châtelet. Les deux tours des angles sud-est et sud-ouest sont circulaires, tandis que les six autres, en fer à cheval, s'arasent intérieurement avec le mur des courtines. Il s'agit d'un château-fort type du milieu du XVe siècle, tenant compte de l'usage des armes à feu[1], soit dans la défense, soit dans l'attaque. Les embrasures des canons sont encore à la hauteur des fossés.
La barbacane, dégagée par le marquis de Beauchêne à la fin du XIXe siècle, n'est construite qu'en 1497-1498. Avant 1687, Armand de Madaillan fait bâtir dans le style mansart, moitié sur la barbacane, moitié contre les deux tours et la courtine est de l'enceinte, une construction qui dénature la forteresse et qui est démolie par le marquis de Beauchêne, qui rétablit le pont-levis intérieur et fait déblayer l'ancien fossé.
Époque contemporaine
En 1836, passant à Lassay, Victor Hugo dessine le château. Il frappe à la porte pour le visiter mais un domestique le prend pour un vagabond[2].
Le château est dans la même famille depuis 1823. En 1941, Charles Trenet tente de l'acquérir[2].
Des travaux de rénovation sont engagés à partir du milieu des années 2010[2].
En 2019, le château est ouvert le week-end de Pâques, les week-ends et ponts de mai et tous les jours du 1er juin au 30 septembre. Des spectacles historiques y sont présentés en juin, juillet et août.
Seigneurs et propriétaires
- vers 1292 : Geoffroy de Vendôme, fils puîné, (et frère de Bouchard V de Vendôme, seigneur de La Chartre-sur-le-Loir, confirme en 1272 l'abbaye de Savigny dans la possession des droits concédés par Juhel III de Mayenne, son aïeul, fonde lui-même son anniversaire sur la prévôté de Lassay, et obtient un arrêt qui renvoie devant sa cour de Lassay, les hommes de Couterne, Antoigny et Méhoudin ; il vivait en 1292.
- vers 1329 : Jean Ier de Vendôme, mari de Jeanne de Mésalent, doit au comte du Maine sur ses péages de Lassay une rente que Philippe VI attribue au chapitre du Gué-de-Mauny le 27 novembre 1329.
- vers 1350 : Amaury de Vendôme, époux de Marie de Dreux, meurt dans l'armée du roi en 1350.
- Robert de VendĂ´me rend aveu au Comte du Maine Louis II d'Anjou en 1384, Ă©pouse Jeanne de Chartres, est seigneur de La Chartre-sur-le-Loir ; veuf en 1404.
- Son fils aîné Charles de Vendôme, marié à Jeanne d'Angennes, passe aux Anglais, ce qui autorise le dauphin à conférer le titre de châtelain de Lassay à Jean des Vaux, beau-frère de Charles, par lettre du 25 mai 1420. De son côté, Henri V, roi d'Angleterre, place Lassay sous l'autorité de Thomas de Scalles. Charles de Vendôme, par ailleurs, sous la protection des Anglais, continue à exercer ses droits seigneuriaux.
- Son fils Jean II de Vendôme, mari de Catherine de Thouars, a servi la cause française et a été prisonnier des Anglais. Il rentre, la guerre terminée, en possession de la châtellenie de Lassay. C'est lui qui reconstruit le château en 1458 et qui le laisse à son fils dans les années 1460.
- - 1485 : Jean III de Vendôme, vidame de Chartres, prince de Chabannais, mari de Jeanne de Brézé, meurt en 1485.
- 1485 - 1508 : Jacques de VendĂ´me, mari de Louise de Graville, 1485, laisse en 1508 ses trois enfants, Louis, Charles et Louise, sous la tutelle de l'amiral Louis de Graville, leur aĂŻeul.
- 1508 - 1526 : Louis de Vendôme (1501-1526), prisonnier à la bataille de Pavie (24 février 1525), époux d'Hélène Gouffier, meurt à l'âge de 25 ans au château de Tiffauges le 22 août 1526.
- 1526 - 1560 : en 1518, il marie sa sœur Louise de Vendôme avec François de Ferrières, seigneur de Maligny, et lui assigne en dot les châtellenies de La Chartre-sur-le-Loir et de Lassay.
- 1560 - 1562 : leur fils Jean de Ferrières, par arrangement du 4 juin 1566, cède Lassay à sa sœur Béraude de Ferrières. Séquestre du cardinal de Bourbon de 1562 à 1566.
- 1566 - 1572 : Béraude de Ferrières, épouse de Jean de la Fin, seigneur de Beauvoir La Nocle, huguenot militant, donne quittance, le 17 septembre 1592, pour le rachat des terres du Boisfroust, à Jean de Madaillan, et meurt n'étant plus dame de Lassay, le 3 septembre 1618. (Jean de Madaillan : séquestre[3] de 1572 à 1600).
- 1600 - 1636 : par décret du 18 mars 1600, la terre de Lassay est adjugée à Charlotte du Tillet, dame d’atours de Marie de Médicis, fille de Jean du Tillet, greffier en chef du Parlement de Paris, et déjà créancière de la dame de Lassay Béraude de Ferrières. Elle en rend aveu à Louis XIII en 1630, et meurt le 28 janvier 1636, laissant pour héritiers Louis et Louise-Marie Séguier, enfants de sa sœur. Mais son testament est contesté, la terre de Lassay est saisie et adjugée en 1639 à Isaac de Madaillan. La famille de Madaillan de Lesparre[4], seigneurs de Montataire, originaire de Guyenne, garde la propriété de Lassay jusqu'à la Révolution française.
- 1639 - ? : Isaac de Madaillan, seigneur du Boisfroust, adjudicataire par décret du 26 mars 1639, épouse Jeanne de Warignies, de laquelle il a notamment : René (1632), Marie (1633), baptisés à Niort. Isaac de Madaillan fait ériger la terre de Lassay en marquisat.
- ? - 1676 : Louis de Madaillan, marquis de Lassay, épouse en premières noces Suzanne de Vipart-Silly (†1676)[5], 1651 (inhumée aux Bénédictines de Lassay en 1676) ; et, en 1682, alors âgé de 59 ans, en secondes noces avec la fille du comte de Bussy, Louise-Marie-Thérèse de Rabutin[6], sa cousine germaine, filleule de Madame de Sévigné. Louis de Madaillan construit sur l'emplacement du pont-levis et sur une partie de la barbacane une aile comportant des salons et des chambres ; c'est ce bâtiment qui est démoli par le marquis de Beauchêne.
- 1676 - 1738 : Armand de Madaillan
- 1738 - 1750 : Léon de Madaillan (1678-2 octobre 1750), fils d'Armand de Madaillan et de Marianne Pajot, marié le 3 avril 1711 à Reine de Madaillan, sa demi-tante. Parfaitement bien fait de sa personne et doué de beaucoup d'esprit, introduit par son père dans la maison de Condé, il devient l'amant de Madame la duchesse Louise-Françoise de Bourbon, fille de Louis XIV et de Madame de Montespan. Il se fait construire un magnifique hôtel à Paris, à côté de celui de sa maîtresse. Connu sous le nom d'hôtel de Lassay, cet hôtel est contigu au palais Bourbon et sert actuellement de résidence du président de l'Assemblée nationale. Mort sans enfant, Léon de Madaillan est inhumé aux Bénédictines de Lassay.
- 1750 - 1797 : Adélaïde-Félicité-Geneviève d'O, petite-nièce de Léon de Madaillan[7], épouse le 29 août 1736 Louis de Brancas, duc de Lauraguais (° 5 mai 1714).
- Louis-Léon de Brancas (° 3 juillet 1733), propriétaire indivis avec son frère Antoine-Jean-Baptiste de Brancas depuis 1736, épouse le 11 janvier 1755 Élisabeth-Pauline de Gand de Mérode-Montmorency. Celle-ci meurt sur l'échafaud lors de la Révolution française, tandis que lui-même est emprisonné. Il nomme le 21 juillet 1793 Jean-Jacques Grilleaut régisseur de la terre de Lassay, et la vend le 27 brumaire an VI (17 novembre 1797) à Louis Pierlot, receveur général de l'Aube.
- 1797 - 1823 : Louis Pierlot, dernier seigneur de Lassay, pair de France en 1814, meurt à 91 ans le 9 octobre 1824. L'année précédente, M. Pierlot, fils de l'acquéreur de 1797, revend le château et la terre de Lassay à M. Narcisse Guesdon de Beauchesne.
- 1823 - 1870 : Narcisse Guesdon de Beauchesne, directeur des domaines de la Sarthe.
- 1870 - 1895 : N… Guesdon de Beauchesne, historien.
Architecture
Le château bénéficie de multiples protections au titre des monuments historiques[8] : un classement pour la totalité du château par la liste de 1862[2], un classement pour les peintures murales de l'ancienne chapelle le , et une inscription pour le reste de la chapelle le . Il est composé de huit tours flanquant un cercle irrégulier. Deux d’entre elles forment le châtelet d’entrée. Cette entrée était composée du logis principal au-dessus.
RĂ©compenses
- Coup de cœur prix Ouest-France et Fondation du Patrimoine 2022[9]
- Grand trophée Dassault histoire et patrimoine[2] - [9]
Notes et références
- Alors déjà éprouvées dans le Maine, notamment en 1425 lors de la prise de Sainte-Suzanne par Thomas Montaigu, comte de Salisbury.
- Pierre Adelstan, « Château de Lassay : forteresse de famille », Le Figaro Magazine,‎ , p. 70-72.
- Séquestre = dépôt d'un bien litigieux entre les mains d'un tiers en attendant le règlement de la contestation.
- Lesparre s'est Ă©crit aussi L'Esparre (forme plus ancienne) et se trouve en MĂ©doc.
- Suzanne de Vipart-Silly ou de Sainte-Croix, fille unique et héritière de Guillaume de Vipart, marquis de Sainte-Croix.
- De ce mariage il a deux enfants : Reine ou Reyne de Madaillan (° 1684 - †1763) et Roger-Constant de Madaillan de Lesparre, comte de Manicamp, brigadier des armées du roi (qui épouse, le 11 mai 1723, Anne-Gabrielle Le Veneur de Tillières et meurt sans postérité)
- Armand de Madaillan eut avec sa troisième femme, Julie de Bourbon, une fille, Adélaïde Geneviève de Madaillan. Celle-ci se marie le 21 février 1715 avec Simon Gabriel, comte d'O, mestre de camp, et meurt le 2 octobre 1723, laissant elle-même une fille, Adélaïde-Geneviève-Félicité d'O, qui se marie le 27 août 1731 au duc Louis Léon de Villars de Brancas, comte de Lauraguais (ou Lauragais).
- « Château et sa chapelle », notice no PA00109520, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Éric de Grandmaison, « Patrimoine. À Lassay-les-Châteaux, un petit miracle de l’histoire », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- « Château de Lassay », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne)
- Eugène Lefèvre-Pontalis, « Le Château de Lassay (Mayenne) », Bulletin monumental, Paris / Caen, A. Picard / H. Delesques, vol. 69,‎ , p. 3-40 (ISSN 0007-473X, lire en ligne) ; paru également dans la Revue historique et archéologique du Maine, Lire en ligne.
- Château de Lassay, notice historique, Impr. Europe media publications, 53110 Lassay-les-Châteaux.