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ChĂąteau de Baronville

Le chĂąteau de Baronville est un chĂąteau du XIXe siĂšcle situĂ© Ă  cheval sur les communes françaises de BĂ©ville-le-Comte et Oinville-sous-Auneau dans le dĂ©partement d'Eure-et-Loir. Il s'Ă©lĂšve au cƓur d'un domaine agricole et forestier situĂ© sur les communes de BĂ©ville-le-Comte, Oinville-sous-Auneau, Auneau et Roinville. Il a Ă©tĂ© construit sous NapolĂ©on III Ă  l’endroit mĂȘme oĂč se trouvait l’ancien chĂąteau du XVIIe siĂšcle, dĂ©moli pour construire l'actuel, mais dont il reste encore les communs datant de 1623.

ChĂąteau de Baronville
Le chĂąteau de Baronville.
Présentation
Type
Fondation
XIIIe siĂšcle
Style
Architecte
Fin de construction
1871
Propriétaires
Patrimonialité
Localisation
Localisation
Coordonnées
48° 26â€Č 53″ N, 1° 43â€Č 52″ E
Carte

Des origines au chĂąteau du XVIIe siĂšcle

Le manoir fortifié

Le nom de Baronville (baronis villa) date de l’époque gallo-romaine et signifie domaine du baron, titre portĂ© par les "hommes forts " chargĂ©s de la protection des marches de l'empire romain. Au Moyen-Âge, BĂ©ville fait partie d’un ensemble de manoirs fortifiĂ©s avec pont-levis, les chastels de la Voise, chargĂ©s de contrĂŽler la vallĂ©e[1]. Au fil des siĂšcles, le fief est inclus dans la baronnie d'Auneau[2]puis dans le duchĂ© de Chartres. Au XIVe siĂšcle, il appartient aux seigneurs de Machery et passe par mariage Ă  la famille de PrunelĂ©[3]. Le 15 dĂ©cembre 1522, Hugues de PrunelĂ© vend ses biens, terre et seigneurie, mĂ©tairies et manoir, Ă  Gervaise Vallet, bourgeois et marchand de Chartres, grand financier, qui prĂȘte 1 500 livres tournois Ă  la ville de Chartres, lors de la disette de 1530. Une autre partie des terres de Baronville appartient Ă  une famille de prĂ©vĂŽts de Chartres, les GyvĂšs[3].

  • Vestiges de l'entrĂ©e du chĂąteau mĂ©diĂ©val de Voise.
    Vestiges de l'entrée du chùteau médiéval de Voise.
  • Villages qui dĂ©pendent de la baronnie d'Auneau.
    Villages qui dépendent de la baronnie d'Auneau.

Le chùteau Louis XIII et ses propriétaires

Cour de l'hĂŽtel Montescot Ă  Chartres (l'actuel hĂŽtel de ville)

En 1602, la seigneurie est achetĂ©e par Claude de Montescot (1542-1622), seigneur de Mainvilliers-la-Garenne, conseiller du roi, notaire et trĂ©sorier des parties casuelles[4], chargĂ© de recevoir les taxations des offices qui changent de titulaire. Pris dans la tourmente des guerres de religion, partisan du roi Henri III, catholique modĂ©rĂ©, il doit fuir en 1588 son hĂŽtel chartrain saisi par les partisans de la Ligue. DĂ©vastĂ©, l'hĂŽtel Montescot doit ĂȘtre reconstruit et n'est achevĂ© qu'en 1614[5] puis vendu Ă  sa mort en 1622 par son fils Jacques. C'est aujourd'hui l'hĂŽtel de ville de Chartres. Seigneur de Baronville, Jacques de Montescot est conseiller au Parlement de Paris et devient maĂźtre des requĂȘtes en 1622. C’est lui qui achĂšve la construction du chĂąteau commencĂ©e par son pĂšre. La date de fin des travaux 1623 Ă©tait inscrite au fronton du chĂąteau dĂ©moli en 1868. Quand sa fille Jeanne Ă©pouse Louis de Lattaignant le 20 avril 1641, la seigneurie passe dans la famille Lattaignant[6] et y reste jusqu’à la mort en 1783 de François de Paule-Louis de Lattaignant de Bainville[7], comte de Bainville, frĂšre de l'abbĂ© de Lattaignant, compositeur de comptines restĂ©es cĂ©lĂšbres.. Il est inhumĂ© dans le caveau rĂ©servĂ© aux seigneurs, sous le chƓur de l’église[8]. Aimant le luxe et ayant rĂ©alisĂ© toutes sortes d’embellissements Ă  Baronville au niveau des parterres, des jardins Ă  la française, des bassins, des canaux et des statues, il s’est cruellement endettĂ© et tous ses biens doivent ĂȘtre vendus par adjudication[9]. À sa mort, sa fille Alexandrine n'a que dix ans[10] et c’est son oncle Pierre, abbĂ© commendataire de l’abbaye royale de Chantemerle, qui est autorisĂ© Ă  vendre, Ă  Paris, le mobilier de la rue du Pas-de-la-Mule et la maison rue Dauphine, et en province les terres de Baronville, le chĂąteau et son mobilier[11]. Le marquis Étienne François d'Aligre, premier prĂ©sident du parlement de Paris, s’en porte acquĂ©reur. Fort occupĂ© par ses fonctions politiques Ă  Paris, il touche les baux mais vient peu au chĂąteau qui est nĂ©gligĂ© pendant 12 ans. Quand l’administration rĂ©volutionnaire sĂ©questre la seigneurie comme bien national, il est Ă©crit dans le PV d’estimation du 11 prairial an III (30 mai 1795)[12]:

« Les bĂątiments sont en mauvais Ă©tat, n’ayant pas Ă©tĂ© habitĂ©s depuis environ 12 ans et n’ayant eu aucune rĂ©paration faite depuis ce temps. »

— PV d’estimation du 11 prairial an III

Les plans du chĂąteau

Plan de l'enceinte du chĂąteau.
Plan des terres attenantes au chĂąteau et Ă  la ferme.

Les archives dĂ©partementales de l’Eure-et-Loir possĂšdent le plan de l’enceinte du chĂąteau et de la terre de Baronville dressĂ© Ă  la RĂ©volution pour accompagner le procĂšs-verbal d'estimation[12]. La famille de RougĂ© possĂšde d'autre part deux tĂ©moignages prĂ©cieux : une aquarelle de 1775 et une photo de 1866[13]. L’aquarelle montre au premier plan le canal sur lequel voguent des embarcations emmenĂ©es par des seigneurs en habit tandis que les dames protĂšgent leur teint dĂ©licat sous une ombrelle. Le parc s’étage Ă  plusieurs niveaux, dĂ©corĂ© par une fontaine monumentale. Les parterres et jardins Ă  la française sont encadrĂ©s par des bosquets d’arbres et tout au fond se dresse le chĂąteau un peu Ă©vanescent, comme nimbĂ© dans une lĂ©gĂšre brume. Sans doute M. de Lattaignant voulait-il se montrer digne de la Cour de Versailles en offrant Ă  ses invitĂ©s un sĂ©jour dans un cadre enchanteur.

Le plan fait sous la RĂ©volution rĂ©pond Ă  des critĂšres bien diffĂ©rents car de nature utilitaire. Il s’agit de lotir le domaine et d’adjuger les lots au plus offrant. Le procĂšs-verbal souligne que le chĂąteau ne peut ĂȘtre vendu sĂ©parĂ©ment de la ferme, d’une part parce qu’il n’y a qu’un puits, d’autre part parce que le corps de ferme et le jardin sont situĂ©s dans l’enceinte du chĂąteau. Celui-ci est montrĂ© sur le plan, tel qu’on l’aperçoit quand on entre par la grille encadrĂ©e de deux pavillons: la maison du concierge et celle du jardinier. L’allĂ©e qui traverse la grande cour est bordĂ©e d’une double rangĂ©e d’arbres et dĂ©limitĂ©e par les bĂątiments de la ferme. Le chĂąteau est constituĂ© d’un corps de logis et de deux pavillons dans l’alignement dont l’un, lĂ©gĂšrement dĂ©tachĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ©, abrite peut-ĂȘtre la chapelle. CernĂ© de douves, il donne Ă  l’arriĂšre sur une terrasse avec vue plongeante, au-delĂ  des parterres et potagers, sur le canal alimentĂ© par la riviĂšre de BĂ©ville, la demi-lune et le saut-de loup qui clĂŽt les bois. Les cuisines sont situĂ©es au niveau des caves. Un petit escalier monte Ă  l’office au rez-de-chaussĂ©e oĂč se trouvent une salle de compagnie, une salle Ă  manger et trois appartements de maĂźtre constituĂ©s chacun d’une chambre avec cabinet et garde-robe. Au premier Ă©tage, il y a huit appartements de maĂźtre et au deuxiĂšme Ă©tage, trois appartements auxquels s’ajoutent plusieurs chambres de domestique. Le deuxiĂšme plan fait fi du chĂąteau et s’intĂ©resse aux terres attenantes, Ă  leur nature et Ă  leur superficie. EncadrĂ©es par le terroir de BĂ©ville-la-Fontaine (BĂ©ville-le-Comte fut dĂ©baptisĂ© durant la RĂ©volution), les terroirs de Cherville et de Machery ainsi que les prĂ©s d’Oinville, les terres sont traversĂ©es par un faisceau d’allĂ©es aux noms trĂšs pragmatiques qui rejoignent la pĂąture en quinconce : avenue tendant de Baronville Ă  Machery, avenue tendant Ă  Oinville, avenue aux vaches, avenue le long du bois du parc, avenue du bois du buisson Hamard, plus large, bordĂ©e d’arbres et Ă  "deux trottoirs", dite aussi l’allĂ©e aux carrosses, ce qui laisse prĂ©sager que les seigneurs empruntaient cette entrĂ©e Ă  partir de Chartres, en passant par Oinville. La riviĂšre de la Voise dĂ©limite le domaine parsemĂ© ici et lĂ  par des mares et une fontaine. Le colombier se trouve dans la pĂąture, non loin des champs Ă  blĂ© matĂ©rialisĂ©s par la couleur jaune.

Du chùteau Louis XIII au chùteau néo-Louis XIII

Le rachat de Baronville par le fils de M. d'Aligre

Étienne-François d'Aligre (1727-1798).

DĂšs 1791, l’ancienne seigneurie d’Étienne-François d’Aligre commence Ă  ĂȘtre dĂ©mantelĂ©e et vendue en bien national. Le sieur BarrĂ© acquiert la ferme des Barres moyennant la somme de 40 300 livres au profit de Louis Labiche, ancien fermier de M. d’Aligre[14], en rĂ©alitĂ© au profit du Premier PrĂ©sident au Parlement de Paris (le marquis d'Aligre) qui ne demeure plus en son hĂŽtel, rue de Bondy (actuelle rue RenĂ©-Boulanger), Ă  Paris. En 1788, il s’est prononcĂ© contre la convocation des États gĂ©nĂ©raux, convaincu qu’il ne peut en rĂ©sulter que des malheurs. N’ayant pas Ă©tĂ© entendu, il a dĂ©missionnĂ© de son poste mais le 14 juillet 1789, Ă  Paris, les Ă©meutiers sont venus le chercher. Il n’a dĂ» sa survie qu’à un ancien domestique, avec lequel il a Ă©changĂ© ses vĂȘtements[15]. Il fait partie des premiers Ă  quitter la France pour Bruxelles puis Londres[16]oĂč sa fortune de 4 millions et demi est placĂ©e[17]. Il finit par rejoindre le continent et meurt Ă  Brunswick en 1798, Ă  l’ñge de 71 ans. Son fils, domiciliĂ© Ă  Rouen, n’a pas Ă©migrĂ© et a pu rentrer en possession de son chĂąteau de la RiviĂšre prĂšs de Pontgouin. Louis Labiche, un des fermiers de M. d'Aligre, est devenu maire de la commune. Il achĂšte le 26 mars 1795[18] la ferme de BĂ©ville moyennant 69,500 livres, avec la mention qu’il l'acquiert au profit d’Étienne-Jean-François-Charles d’Aligre. Ce dernier, dĂšs le mois d’aoĂ»t 1795, rachĂšte les terres de son pĂšre et cette fois c'est sa signature qui figure sur l'acte. En thermidor et fructidor, le rythme s’accĂ©lĂšre : le chĂąteau est adjugĂ© au prix de 180,200 livres, la ferme du chĂąteau 710,100 livres, la ferme du Luet 150,000 livres, celle du ChĂątaignĂ© 180,000 livres, la ferme situĂ©e Ă  Machery 520,100 livres et plusieurs parcelles de terres d'un montant de 51,525 livres, ce qui fait un total de 2 051 725 livres.

  • Adjudication de la ferme des Barres.
    Adjudication de la ferme des Barres.
  • Rachat du chĂąteau par Étienne-Jean-François d'Aligre.
    Rachat du chñteau par Étienne-Jean-François d'Aligre.
  • Signatures en bas de l'acte d'achat du chĂąteau.
    Signatures en bas de l'acte d'achat du chĂąteau.

La succession d'Étienne-Jean-François-Charles d'Aligre

Étiennette-Marie-Catherine-Charlotte d'Aligre ( 24/12/1791- 21/08/1866)

Le 29 dĂ©cembre 1791, le marquis d'Aligre perd[19] sa femme Marie-AdelaĂŻde-Charlotte Godefroy de Senneville, ĂągĂ©e de dix-neuf ans, quelques jours aprĂšs qu’elle ait donnĂ© naissance Ă  leur fille [20].

Il se remarie en 1810 avec sa cousine germaine, Louise-Charlotte-AglaĂ« Camus de PontcarrĂ©[21]. Le couple demeure sans enfant et se consacre aux Ɠuvres de charitĂ© en fondant plusieurs asiles au profit des malades de tous Ăąges, dont les plus importants sont l'Asile d’Aligre, de LĂšves, l'HĂŽpital d'Aligre, de Bourbon-Lancy, celui de Marans, et d'autres encore. Chambellan de la princesse Pauline Bonaparte sous l'Empire, NapolĂ©on lui demande la main de sa fille pour le gĂ©nĂ©ral Arrighi de Casanova, duc de Padoue, le marquis d'Aligre refuse, elle Ă©pousera le marquis de Pomereu. Etienne d'Aligre devient sous la Restauration Pair de France, et prĂ©sident du collĂšge Ă©lectoral d'Eure-et-Loir. Pour ne pas laisser le nom de sa famille s'Ă©teindre, M. d’Aligre adopte son petit-fils, Étienne-Marie-Charles de Pomereu par ordonnance royale du 14 dĂ©cembre 1825[21]. Ainsi a-t-il le droit d’ajouter Ă  son nom celui d’Aligre et de prendre le titre de Pair de France et de troisiĂšme marquis d’Aligre, au dĂ©cĂšs de son grand-pĂšre survenu le 11 mai 1847, rue d’Anjou Ă  Paris.

Ce dernier laisse en hĂ©ritage[22] une fortune de 60 millions de francs or[23]qui fait l'objet d'un long partage de succession[24] et d'un jugement Ă  la cour de cassation[25]. Le chĂąteau de Baronville revient Ă  Étiennette d'Aligre qui meurt en 1866[26] puis Ă  son fils cadet, Armand de Pomereu d'Aligre, Ă©galement hĂ©ritier du chĂąteau de Daubeuf[27], Ă  Daubeuf-Serville, en Seine-Maritime alors que son frĂšre, le marquis d’Aligre, rĂ©side au chĂąteau des Vaux qu’il a fait reconstruire, Ă  Saint-Maurice-Saint-Germain, en Eure-et-Loir, dĂ©partement d'origine des d'Aligre.

Le chùteau néo-Louis XIII

Armand de Pomereu d'Aligre (1817-1906).
Baronville sur la carte d'Ă©tat-major (1820-1866).

C'est le marquis Armand de Pomereu d'Aligre qui dĂ©cide en 1868 de faire raser l'ancien chĂąteau de 1623 et d'Ă©difier le chĂąteau actuel pour recevoir l'Ă©lite du Second Empire. L’ancien chĂąteau, tel que le montre la photo de famille de 1866, est un Ă©difice sobre et dans un Ă©tat relativement bon mĂȘme si la pierre blanche de BerchĂšres qui a servi Ă  la construction de la cathĂ©drale de Chartres a tendance Ă  s’effriter, Ă  « s’égrener » comme le rapporte l’architecte chargĂ© de l’édification du nouveau chĂąteau, LĂ©on de Sanges (qui est alors chargĂ© de la reconstruction du chĂąteau de Bagatelle Ă  Paris, pour le marquis d'Hertford). Le marquis et la marquise de Pomereu d'Aligre veulent un chĂąteau plus moderne et plus confortable, au goĂ»t de l'Ă©poque en attendant de faire reconstruire Ă  Paris en 1874 l'hĂŽtel de Pomereu. Ils adhĂšrent au parti brique et pierre[28] proposĂ© par l'architecte qui leur montre une monographie photographiĂ©e de la villa romaine de Deauville, propriĂ©tĂ© du Prince Demidoff[29], dont il a fait les plans.

Le chĂąteau est rebĂąti au mĂȘme emplacement et avec la mĂȘme orientation, on y retrouve les quinze fenĂȘtres du chĂąteau d’antan ; le pĂ©rimĂštre au sol est Ă©largi mĂȘme si les douves sĂšches sont conservĂ©es. Ce parti polychrome, transposĂ© Ă  Baronville, va ĂȘtre l’alliance de la brique d’Auneau et de la pierre blanche de Poitiers transportĂ©e par convoi exceptionnel en train jusqu’à la gare d'Auneau ouverte en 1865. Si la pierre est importĂ©e, le sol fournit un sable identique au plus beau sable de riviĂšre qui constitue un mortier de qualitĂ©, une fois mĂ©langĂ© avec le ciment Barbier. Un champ voisin livre l’argile pour la confection des briques rĂ©alisĂ©es dans une briqueterie d’Auneau. Le corps principal privilĂ©gie les parements de brique tandis que les façades latĂ©rales et le pavillon axial, surmontĂ© d'un belvĂ©dĂšre donnent la primautĂ© Ă  la pierre de Poitiers[28]. Les toits sont pentus, agrĂ©mentĂ©s de lucarnes et de hautes cheminĂ©es[30]. Du fer est utilisĂ© pour la charpente des planchers mais celle des combles est exĂ©cutĂ©e en bois « afin de ne pas trop charger les murs ». Le gris de l’ardoise et le rouge des briques se dĂ©tachant Ă  merveille sur le vert des arbres, et le paysage est recomposĂ©.

Au jardin Ă  la française se substitue un parc paysager oĂč un escalier Ă  double rĂ©volution relie la terrasse au miroir d’eau. La ferme a Ă©tĂ© dĂ©molie en raison de sa proximitĂ© et des nuisances qu'elle occasionnait. L’amĂ©nagement intĂ©rieur se signale par son atrium grĂ©co-romain, sorte de vestibule d’apparat, ses deux escaliers aux extrĂ©mitĂ©s de la grande galerie nĂ©o-classique qui libĂšre l’espace de la contrainte des piĂšces en enfilade. Des boiseries de l’ancien chĂąteau ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es et rajustĂ©es Ă  la chambre Ă  coucher de la marquise et Ă  celle du marquis[28].

La construction dure environ trois ans. L’arrivĂ©e des ouvriers perturbe la vie de cette petite commune si on en juge la rixe sanglante[31] qui les oppose dĂšs 1868 aux jeunes gens de BĂ©ville-le-Comte et de Roinville. Puis, c’est la guerre franco-prussienne et l’arrivĂ©e Ă  Auneau, le 8 octobre 1870, de quatre-vingts Prussiens[1]. S'ensuivent de lourdes rĂ©parations. Le chĂąteau, Ă  peine terminĂ©, est investi par un bataillon de bavarois.

Le chĂąteau aux XXe et XXIe siĂšcles

Le chĂąteau pendant les deux guerres mondiales

Annonce dans le journal Excelsior du mariage entre Mlle de Pomereu d'Aligre et M. Claude de Rougé.

Durant le XXe siÚcle, le domaine de Baronville accueille des soldats en convalescence entre 1914 et 1918 grùce à la générosité de Catherine de Clermont-Tonnerre, vicomtesse de Pomereu d'Aligre, épouse du propriétaire du chùteau alors volontaire au front. En 1931, une de ses filles, Louise, se marie avec le comte Claude de Rougé[32], faisant rentrer le chùteau dans la famille de Rougé.

Pendant l’occupation allemande, entre 1940 et 1944, le chĂąteau est occupĂ© trois fois par les militaires allemands[33]. Bertrand de RougĂ©, alors ĂągĂ© d'une dizaine d’annĂ©es, tĂ©moigne[13]:

« En 1940 le futur marĂ©chal Friedrich Paulus pille le chĂąteau et emporte bijoux, fourrures, fusils de chasse, argenterie, perdus Ă  jamais. En juillet 1944 la Luftwaffe rĂ©quisitionne le chĂąteau pour y crĂ©er un terrain d’aviation de campagne[1] destinĂ© Ă  contrer le dĂ©barquement des alliĂ©s en Normandie. CamouflĂ©s dans les bois, les Messerschmidt dĂ©collent au milieu des blĂ©s. Les ateliers de rĂ©paration sont abritĂ©s dans la grande avenue et le parc cache les camions d’essence et les munitions. Le chĂąteau est occupĂ© par l’état-major et les pilotes. Quant aux propriĂ©taires, ils logent dans les caves. Les Allemands Ă©vacuent Baronville quand le front de Normandie craque
 »

— Bertrand de RougĂ©

Cette derniĂšre occupation n'a durĂ© qu'un mois mais elle a marquĂ© les RougĂ© et quand enfin, ce sont les troupes amĂ©ricaines qui stationnent au chĂąteau, l'ambiance est ĂŽ combien diffĂ©rente. Avec un mĂ©decin militaire du nom de Franck Inserra se noue un contact fort qui se traduira par une photo des enfants du chĂąteau, tout sourire et avec casque amĂ©ricain sur la tĂȘte de l'aĂźnĂ©, un Ă©change Ă©pistolaire en 1946 et en 1989, suivi quelques annĂ©es plus tard par un Ă©change sur Facebook et Skype, entre Aymeric de RougĂ© et le fils du mĂ©decin [34], comme le rapportera le journal amĂ©ricain "The New Yorker". Si, Ă  la fin de la guerre, de nombreuses villes françaises sont en ruines et attendent d' ĂȘtre reconstruites, Bertrand de RougĂ©, Ă  l'Ăąge adulte, entend relever le dĂ©fi de remettre en Ă©tat le domaine [35] - [36] que les rĂ©quisitions successives ont dĂ©gradĂ©. La rĂ©novation prend une dĂ©cennie.

Ouverture du chĂąteau et conversion des terres en agriculture biologique

Carrousel de Baronville

En 1980, à l'initiative de Marie de Rougé, le chùteau est ouvert à la location pour des mariages[35], lancements de produit, tournages, ainsi que pour les visites de groupes sur rendez-vous.

Depuis 2010, le comte Aymeric de Rougé rénove le carrousel de Baronville[37], qu'il ouvre aux réceptions en 2012. Il gÚre aujourd'hui l'ensemble du domaine [38] - [34] - [35] et y organise réguliÚrement des événements à vocation caritative[39] - [40] - [41] - [42] - [43].

Il décide en 2020 de convertir l'ensemble des terres agricoles en agriculture biologique, tandis que les bois bénéficient du label de gestion durable PEFC. Cette décision fera de Baronville une des plus importantes exploitations agricoles biologiques du département d'Eure-et-Loir[44].

Les personnalités reçues

Parmi les nombreuses personnalités ayant été à Baronville, figurent le chanteur Elton John[38], le dernier empereur du Viet-Nam Bao Dai[38], les top-models Hilary Rhoda, Barbara Palvin, Hailey Baldwin, les footballeurs Ronaldo, Paul Pogba, Geoffrey Kondogbia, le roi d'Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, Karl Lagerfeld, Michel Galabru, Jean Rochefort, et bien d'autres[37].

Le chùteau et le carrousel ont accueilli en 2008 le tournage de plusieurs scÚnes du long métrage Coco avant Chanel d'Anne Fontaine, avec Audrey Tautou, Alessandro Nivola, Marie Gillain, Emmanuelle Devos, et Benoßt Poelvoorde[45].

  • Le chĂąteau actuel en briques et en pierre blanche de Poitiers.
    Le chĂąteau actuel en briques et en pierre blanche de Poitiers.
  • Le chĂąteau illuminĂ© en nocturne.
    Le chùteau illuminé en nocturne.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Références

  1. Serge de Labrusse, « Historique et patrimoine du val-de-Voise », .
  2. Jean-Marie Constant, « Chapitre IX. Gestion et revenus d'un grand domaine aux xvie et xviie siĂšcles d'aprĂšs les comptes de la baronnie d'Auneau », dans La noblesse en libertĂ© : XVIe – XVIIe siĂšcles, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-2603-7, lire en ligne), p. 123–155.
  3. Société archéologique d'Eure-et-Loir Auteur du texte, « Mémoires de la Société archéologique d'Eure-et-Loir », sur Gallica, (consulté le ).
  4. « Littré - casuel - définition, citations, étymologie », sur www.littre.org (consulté le )
  5. « HÎtel Montescot », sur C'Chartres Tourisme, (consulté le )
  6. A.N, MC/ET/LXXII/80 : Inventaire aprĂšs dĂ©cĂšs de Louis de Lattaignant Ă  la requĂȘte de Jeanne de Montescot, sa femme devant Me Le Bert
  7. A.D.28, registres paroissiaux, dĂ©cĂšs de François de Paule-Louis de Lattaignant (6 septembre 1717-16 octobre 1783) survenu au chĂąteau, Ă  l’ñge de 69 ans. Il Ă©tait commandeur et trĂ©sorier des ordres royaux de Saint-Lazare de JĂ©rusalem et du Mont Carmel, chevalier de Malte.
  8. « Cadre de vie », sur www.bevillelecomte.com (consulté le )
  9. A.N., MC/ET/LXXXIX/784 Inventaire aprÚs décÚs de M. le comte de Bainville (18 novembre 1783)
  10. « BaptĂȘme le 5 dĂ©cembre 1773 au chĂąteau de Baronville (vue 152 A.D 28 en ligne) »
  11. A.N, Y5115 A, mars 1784
  12. A.D.28, 1Q 387 : biens nationaux d’Aligre, ProcĂšs-verbal d’estimation du 11 Prairial an III (30 mai 1795) chĂąteau et ferme Ă©valuĂ©s 50,000 livres, terres 107,489 livres
  13. Guillaume de Morant, Chñteaux et lieux d’histoire en Eure-et-Loir, , Baronville, un chñteau pour recevoir, page 20.
  14. A.D.28, 1 Q P-V, art. 2, no 329.
  15. Antoine Vincent (1766-1834) Auteur du texte Arnault, Étienne-François (1782-186 ?) Auteur du texte Bazot, Antoine (1770-1854) Auteur du texte Jay et Étienne de (1764-1846) Auteur du texte Jouy, Biographie nouvelle des contemporains ou Dictionnaire historique et raisonnĂ© de tous les hommes qui, depuis la RĂ©volution française, ont acquis de la cĂ©lĂ©britĂ© par leurs actions, leurs Ă©crits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays Ă©trangers. Tome 1 / ; prĂ©cĂ©dĂ©e d'un tableau par ordre chronologique des Ă©poques cĂ©lĂšbres et des Ă©vĂšnements remarquables, tant en France qu'Ă  l'Ă©tranger, depuis 1787 jusqu'Ă  ce jour, et d'une table alphabĂ©tique des assemblĂ©es lĂ©gislatives, Ă  partir de l'assemblĂ©e constituante jusqu'aux derniĂšres chambres des pairs et des dĂ©putĂ©s. Par MM. A. V. Arnault,... A. Jay, E. Jouy,... J. Norvins... [et E.-F. Bazot], 1820-1825 (lire en ligne).
  16. (en-US) « Familles Aubery, de Godefroy, d'Aligre et de Pomereu », sur Histoire de Saint-Pierre-du-Bosguérard (consulté le ).
  17. Alfred (1830-19 ?) Auteur du texte Etenaud, Notice historique sur la ville de Marans (Charente-Inférieure) / par Alfred Etenaud,..., (lire en ligne).
  18. A.D.28, 1 Q P-V, art.15, no 487 et 488.
  19. AD 76 en ligne : registres paroissiaux de la paroisse de Saint-Ouen Ă  Rouen, 4E 02008.
  20. AD 76 en ligne : registres paroissiaux de la paroisse de Saint-Ouen Ă  Rouen, 3E 00999.
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