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Carlo Van Neste

Carlo Van Neste ( Ă  Anvers en Belgique - Ă  Bruxelles en Belgique) Ă©tait un violoniste belge. Il fut un des très grands violonistes belges de rĂ©putation internationale. Ă€ l'âge de trois ans, il donne un premier « petit Â» concert aux Pays-Bas. Ă€ l'âge de 12 ans, il donne, Ă  Londres, son premier grand concert avec l'orchestre philharmonique de Londres qui signe le dĂ©but de sa carrière internationale.

Carlo Van Neste
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Carlo Van Neste était également un très grand pédagogue. Entre autres, il a formé entièrement deux artistes belges lauréates du concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique : Edith Volckaert et Véronique Bogaerts. On le retrouvait aussi très fréquemment dans le jury de ce prestigieux concours et bien d'autres concours internationaux à Moscou, Tokyo, Montréal, Genève, Paris, Londres, en Italie, aux Pays-Bas, au Chili...

Biographie

Naissance en 1914, prénom de baptême Carl, transformé très rapidement en Carlo vu la connotation trop germanique en ce début de guerre.

La famille Van Neste passe quelques annĂ©es aux Pays-Bas et les deux enfants, Carlo au violon et Rosane au piano, âgĂ©s respectivement de trois et six ans, donnent ensemble un premier petit rĂ©cital dans l’atelier d’une femme peintre. En 2000, âgĂ©e de 89 ans, Rosane commentera cet Ă©vĂ©nement : « Il jouait dĂ©jĂ  très juste et moi, je n’ai pas fait une seule fausse note Â».

En 1924, Carlo obtient un premier prix de violon avec la plus grande distinction. La presse salue la virtuositĂ© du jeune violoniste : « Il a jouĂ© avec une assurance Ă©tonnante chez un enfant de dix ans et exĂ©cutĂ© de manière impeccable un ballet de de BĂ©riot. Â» (Le Matin d’Anvers, 23 aoĂ»t 1924)

En 1925, dans sa villa La Chanterelle, au Zoute, Eugène YsaĂże accueille le tout jeune violoniste Carlo Van Neste pour l’entendre dans des Ĺ“uvres de Vieuxtemps et de Wieniawski. Ă€ l’issue de l’audition, YsaĂże s’exclame : « Cet enfant merveilleux fera grand honneur Ă  notre Ă©cole Â». ProphĂ©tie largement rĂ©alisĂ©e…

Les concerts se succèdent en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en le Royaume-Uni. « Le jeune Carlo possède une sonoritĂ© remarquable et les qualitĂ©s essentielles qui donnent au jeu du naturel, de l’aisance et du brio. Il a dĂ©jĂ , Ă  un degrĂ© très avancĂ©, le secret de l’art de l’interprĂ©tation Â». (Journal de Roubaix, le 23 mars 1927) Il faut avoir entendu cet enfant prodige (car il en est un, un vrai…) pour juger de sa valeur. (…) Carlo Van Neste possède une technique puissante, un son d’une puretĂ© inouĂŻe et une facilitĂ© de jeu vraiment extraordinaire… (Bruxelles, 1927). « Carlo Van Neste dĂ©passe son âge par une maturitĂ© exceptionnelle… il rejoint, par delĂ  un siècle et demi, le gĂ©nial Mozart. Â» (La Patrie, Bruges, 17 dĂ©cembre 1927)

Il n’a que treize ans et tout est déjà inscrit dans la personnalité remarquable de celui qui deviendra non seulement un grand interprète mais aussi un musicien accompli et un très grand pédagogue. Quelques années plus tard, il conquiert, au Conservatoire royal de Bruxelles, les prix d’harmonie, de contrepoint et de fugue et se voit décerner les plus hautes récompenses violonistiques : le prix Vieuxtemps (Verviers, 1933), le prix Kreisler (Liège, 1934) et ensuite la Médaille de Vermeil au Concours International de Vienne (1937).

Parallèlement à une carrière d’enfant prodige, il poursuit des études approfondies auprès d’Eugène Ysaÿe, à l’École normale de musique de Paris avec Jacques Thibaud et est, pendant cinq ans, élève particulier de Georges Enesco.

Nommé en 1942, professeur au Conservatoire royal de Bruxelles, il forme de nombreux virtuoses belges et étrangers. Il enseigne également à la chapelle musicale Reine Élisabeth et au Conservatoire d’Utrecht aux Pays-Bas.

Ces tournées l’amènent aux quatre coins du monde : les grandes villes d’Europe, d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’URSS l’accueillent et il joue sous la direction de chefs prestigieux. Il siège dans les jurys des grands concours internationaux : Bruxelles, Paris, Genève, Moscou, Tokyo, Montréal…

Il crée le Trio Reine Elisabeth avec Naum Sluszny au piano et Éric Feldbusch au violoncelle, ensemble remarquable qui se produit tant en Belgique qu’à l’étranger.

Carlo Van Neste défend avec passion la musique belge. En 1973, il se voit décerner le trophée Fuga[1] en reconnaissance de son activité en faveur de la musique de son pays. Les œuvres belges qu’il crée ne se comptent plus : Francis de Bourguignon, de Vocht, Alpaerts, Victor Legley, Raymond Chevreuille, Marcel Poot, Absil, René Defossez, Jongen, Huybrechts, De Vreese (père et fils), Meulemans…

Carlo Van Neste est, dans la vie, ce qu’il est Ă  la scène, d’une grandeur et d’une simplicitĂ© n’ayant d’égal que sa compĂ©tence. « Le problème de l’interprète est le suivant : pĂ©nĂ©trer l’esprit du compositeur, le recrĂ©er et le rendre apparent. D’oĂą, la nĂ©cessitĂ© d’y voir clair soi-mĂŞme et savoir avant tout ce que l’on veut. Seule, l’analyse de l’œuvre rĂ©vèle tout ce que l’on peut y chercher… Il faut rĂ©aliser l’équilibre entre la construction voulue et la spontanĂ©itĂ© de l’exĂ©cution. C’est bien lĂ , je crois, oĂą rĂ©side la plus grande difficultĂ©, cette juste mesure entre le contrĂ´le de l’œuvre et son Ă©motion. Mais, pour Ă©mouvoir, l’artiste ne doit pas verser de larmes… Â» (M. Verken in Carlo Van Neste nous donne une leçon d’interprĂ©tation musicale)

En 1978, commĂ©moration du 120e anniversaire de la naissance d’Eugène YsaĂże : « La prĂ©sence du soliste Carlo Van Neste revĂŞt une valeur symbolique. C’est, en effet, derrière ces deux noms que se place l’illustre lignĂ©e de l’École belge du violon… Roi du violon, YsaĂże fut aussi compositeur, la forme de son Poème ElĂ©giaque qui inspira Ernest Chausson marque un souci de concilier l’expression musicale Ă  la pure virtuositĂ©. Ainsi, se conçoit Ă©galement l’interprĂ©tation de Carlo Van Neste. On retrouve, chez ce violoniste de renommĂ©e internationale, (…) les belles caractĂ©ristiques de jeu propres Ă  sa formation : archet d’une fluiditĂ© remarquable et lyrisme aigu, (…) brillance soudĂ©e Ă  l’expressivitĂ©, laissant s’épanouir la fine sonoritĂ© de son P.Guarnerius de Venise, cadeau de la reine Élisabeth, aussi bien dans des nuances pleines de tendresse et de chaleur que dans les fougueuses doubles notes (…) c’est du violon virtuose qui Ă©veille l’émotion. Â» (La Libre Belgique)

Ce jeu caractéristique de la grande École belge du violon, il le transmet à ces élèves : deux noms retiendront particulièrement l’attention et l’admiration du public : Edith Volckaert et Véronique Bogaerts, toutes deux lauréates du concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique. Edith disparaît, en 1992, dix jours avant le décès de celui qui fut son unique maître : Carlo Van Neste. Coïncidence douloureuse… Legley

Carlo Van Neste bĂ©nĂ©ficie de l’amitiĂ© inconditionnelle de la reine Élisabeth : « Il avait douze ans, des culottes courtes et, peut-ĂŞtre, froid quand il donna un concert au Conservatoire de Bruxelles. La Reine Elisabeth lui mit son manteau de fourrure sur les Ă©paules et, par-dessus, son amitiĂ©. Souvent, Carlo joua pour la Reine. Trente ans plus tard, afin de fĂŞter cette première rencontre, elle fit rassembler des fonds et offrit Ă  Van Neste le fameux Guarnerius de Venise (1725) qu’il put aller lui-mĂŞme choisir Ă  Londres. Un an avant sa mort, la reine appela au Stuyvenberg le Trio Carlo Van Neste afin qu’il joue pour elle. Quand il franchit, en sens inverse, la grille du Parc, il s’appelait Trio Reine Elisabeth. Â» (Luc Norin)

Carlo épouse Céline qu’il avait rencontrée lors d’un concert qu’il donnait à l’âge de quinze ans. Elle avait quatorze ans. Ils seront très heureux et auront quatre filles : Mireille, Dominique, Bernadette et Claire. Ils ne se quitteront que dans la mort. (Carlo en juillet 1992 et Céline en février 1994)

En 1997, pour transmettre cet énorme héritage musical, Dominique décide de créer la Fondation Carlo Van Neste.

Cette grande dame du violon qu’est VĂ©ronique Bogaerts tĂ©moignait, en ces mots, de l’admiration portĂ©e Ă  celui qui lui dispensa son enseignement : « Les MaĂ®tres continuent Ă  enseigner par delĂ  la mort Â».

Références

Voir aussi

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