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Carcharhinus porosus

Requin tiqueue

Le Requin tiqueue (Carcharhinus porosus) est une espèce de requin de la famille des Carcharhinidae, que l'on rencontre dans l'ouest de l'ocĂ©an Atlantique du nord du Golfe du Mexique au sud du BrĂ©sil. Il habite dans les eaux peu profondes Ă  proximitĂ© du rivage, en particulier sur les fonds vaseux autour des estuaires. Il a tendance Ă  nager bas dans la colonne d'eau et forme de grands rassemblements d'animaux du mĂŞme sexe. C'est un requin au corps mince ne dĂ©passant gĂ©nĂ©ralement pas 1,1 m de long. Il a un nez assez long et pointu et une grande première nageoire dorsale triangulaire et une deuxième nageoire dorsale qui naĂ®t au-dessus du point mĂ©dian de la base de la nageoire anale. Il est de couleur gris clair, sans marques sur ses nageoires.

Le régime alimentaire du Requin tiqueue se compose principalement de poissons osseux tels que les Sciaenidae, tandis que les crustacés, les céphalopodes et les petits requins et les raies peuvent également être consommés. Il est vivipare, ce qui signifie que les embryons en développement sont soutenus par une connexion placentaire. Les femelles ont des portées de deux à neuf jeunes tous les deux ans, après une période de gestation d'environ 12 mois. Le Requin tiqueue est une prise accessoire fréquente et peut être utilisé pour sa viande, ses ailerons, son huile de foie, son cartilage et la farine de poisson. L'impact de la pêche sur la population est en grande partie inconnu, sauf au large du nord du Brésil, où il semble avoir diminué considérablement depuis les années 1980. Par conséquent, l'Union internationale pour la conservation de la nature a inscrit l'espèce comme données insuffisantes dans l'ensemble de son aire de répartition, et comme vulnérable au Brésil.

Description

Traits caractéristiques du Requin tiqueue avec son long museau et sa large première nageoire dorsale.

Le Requin tiqueue est une espèce au corps mince avec un museau assez long et pointu. Le bord antérieur de chaque narine est agrandi pour former un lobe étroit et pointu. Les grands yeux circulaires sont équipés de membranes nictitantes, et derrière eux on remarque une série de pores bien nets. La bouche porte des sillons courts au niveau de ses extrémités et contient de 13 à 15 rangées de dents de chaque côté des deux mâchoires (habituellement 14 pour la mâchoire supérieure et 13 pour la mâchoire inférieure). Les dents supérieures sont grandes et triangulaires avec des dentelures bien marquées, devenant de plus en plus obliques vers les côtés. Les dents inférieures sont relativement étroites et plus droites, avec des dentelures plus fines[1] - [2]. Les cinq paires de fentes branchiales sont courtes[3].

Les petites nageoires pectorales sont falciformes avec des extrĂ©mitĂ©s relativement pointues. La première nageoire dorsale est large, formant presque un triangle Ă©quilatĂ©ral chez les adultes, avec un sommet arrondi. Elle prend naissance au niveau des extrĂ©mitĂ©s arrières des nageoires pectorales. La deuxième nageoire dorsale est petite et naĂ®t au-dessus du point mĂ©dian de la base de la nageoire anale. Il n'y a pas de crĂŞte entre les nageoires dorsales. Les nageoires pelviennes sont de petite taille avec des extrĂ©mitĂ©s pointues Ă  lĂ©gèrement arrondies, et la nageoire anale a une profonde entaille dans sa marge arrière. La nageoire caudale est asymĂ©trique et a un lobe infĂ©rieur bien dĂ©veloppĂ© et un lobe supĂ©rieur plus grand et prĂ©sentant une encoche ventrale près de son extrĂ©mitĂ©[1] - [2]. Les denticules cutanĂ©es ne se chevauchent gĂ©nĂ©ralement pas. Chacune a 3 Ă  5 nervures horizontales menant Ă  dents postĂ©rieures, la nervure centrale Ă©tant la plus longue. Ce requin est de couleur gris clair Ă  ardoisĂ© dessus et blanchâtre dessous, avec une bande plus claire sur les flancs. Les nageoires pectorales, dorsales et caudales peuvent ĂŞtre un peu plus foncĂ©es vers leurs extrĂ©mitĂ©s[4]. Le Requin tiqueue atteint une longueur maximale de 1,5 m[5], bien que gĂ©nĂ©ralement les individus mesurent entre 0,9 et 1,1 m. Les femelles sont plus grandes que les mâles[4].

Biologie et Ă©cologie

Les poissons osseux, comme Opisthonema oglinum, constituent la principale source de nourriture du Requin tiqueue.

Le Requin tiqueue forme de grands groupes de même sexe, les mâles vivant généralement plus profond que les femelles[2]. Il se nourrit principalement de poissons osseux, comme les Ariidae, les Sciaenidae, les Carangidae, et les Haemulidae. Les crevettes, les crabes et les calmars constituent des sources de nourriture secondaires, tandis que les adultes sont également capables de capturer de jeunes requins Rhizoprionodon, requins-marteaux (Sphyrna) et des raies Dasyatis. Opportuniste, la composition du régime alimentaire de ce requin reflète généralement ce qui est plus disponible dans son environnement ; au large du nord du Brésil, les espèces les plus souvent consommées sont Macrodon ancylodon et Stellifer naso. Les juvéniles consomment une plus grande variété de proies que les adultes[6]. À son tour, le Requin tiqueue peut potentiellement être la proie de plus grands requins[4].

Comme les autres requins de la famille des Carcharhinidae, le Requin tiqueue est vivipare ; après que les embryons en dĂ©veloppement aient Ă©puisĂ©s leur rĂ©serve en vitellus, le sac vitellin vide se dĂ©veloppe en une connexion avec le placenta qui permet Ă  l'embryon d'ĂŞtre nourrit par sa mère. Les femelles donnent naissance Ă  des portĂ©es comportant de deux Ă  neuf (gĂ©nĂ©ralement de quatre Ă  six) jeunes tous les deux ans, la taille de la portĂ©e augmentant avec la taille de la femelle. La gestation dure environ 12 mois. La reproduction a lieu toute l'annĂ©e, avec un pic de mise bas de septembre Ă  novembre. Il y a des zones d'alevinage connues dans des eaux peu profondes, comme les eaux troubles au large du nord du BrĂ©sil et de Trinidad, oĂą de nombreuses baies et des estuaires fournissent abri et nourriture[2] - [7]. Les nouveau-nĂ©s mesurent 30 Ă  33 cm de long et grandissent en moyenne de cm par an dans leurs quatre premières annĂ©es vie. Les mâles et les femelles atteignent la maturitĂ© sexuelle Ă  respectivement 70 Ă  93 cm et 71 Ă  85 cm de long, soit vers l'âge de 6 ans. Le taux de croissance moyen ralentit Ă  cm par an après la maturitĂ©. La durĂ©e de vie maximale est d'au moins 12 ans[2] - [8].

Distribution et habitat

L'aire de rĂ©partition connue du Requin tiqueue s'Ă©tend du nord du Golfe du Mexique au sud du BrĂ©sil, en excluant les Ă®les des CaraĂŻbes, Ă  part TrinitĂ©-et-Tobago[3]. Il est particulièrement commun long de la cĂ´te nord du BrĂ©sil, au large de Pará et MaranhĂŁo, oĂą il est le requin le plus courant[9] - [7]. Cette espèce n'a pas Ă©tĂ© signalĂ©e Ă  l'est du fleuve Mississippi au cours des 50 dernières annĂ©es, en dĂ©pit des preuves historiques d'une zone d'alevinage au large de la Louisiane[2]. Le Requin tiqueue se trouve gĂ©nĂ©ralement près du fond dans les eaux cĂ´tières Ă  moins de 36 m de profondeur. Au large du nord du BrĂ©sil, son environnement est caractĂ©risĂ© par des marĂ©es jusqu'Ă  m de hauteur et pouvant atteindre 7,5 nĹ“uds ; la salinitĂ© varie entre 14 ppm durant la saison des pluies et 34 ppm durant la saison sèche, et les plages ont une tempĂ©rature de 25 Ă  32 °C. Il prĂ©fère les zones estuariennes avec un fond vaseux[9].

Taxonomie et phylogénie

Le naturaliste italien Camillo Ranzani a publiĂ© la première description scientifique du Requin tiqueue dans un volume de 1839 de Novi Commentarii Academiae Scientiarum Instituti Bononiensis. Il nomme alors cette nouvelle espèce Carcharias porosus, du grec porus (« pores »), se rĂ©fĂ©rant aux pores importants derrière ses yeux[10]. Le spĂ©cimen type, un mâle de 1,2 m de long collectĂ© au BrĂ©sil, a Ă©tĂ© depuis perdu. Cette espèce a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e dans le genre Carcharhinus par la suite[1].

Les relations évolutives du Requin tiqueue sont incertaines. En s'appuyant sur la morphologie de ces animaux, Jack Garrick en 1982 et Leonard Compagno en 1988 placent provisoirement cette espèce dans un groupe comprenant notamment le Requin à joues blanches (C. dussumieri) et le Requin à taches noires (C. sealei)[11] - [12]. Ce regroupement a été conforté par l'analyse phylogénétique basée sur les allozymes de Gavin Naylor en 1992[13]. Alternativement, une étude phylogénétique 2011 menée par Ximena Vélez- Zuazoa et Ingi Agnarsson et basée sur l'ADN nucléaire et mitochondriaux, a montré qu'il existait des relations étroites entre le Requin tiqueue, le Requin bécune (Isogomphodon oxyrhynchos), le Requin nez noir (C. acronotus) , et le Requin à petites dents (C. isodon)[14]. Carcharhinus cerdale a été auparavant placé comme un synonyme du Requin tiqueue, jusqu'à ce qu'en 2011 José Castro le replace comme un taxon distinct[15]. Une espèce non décrite précisément et semblable au Requin tiqueue est connue en Asie du Sud-Est[1].

Relations avec l'Homme

L'UICN (23 janvier 2023)[16] classe l'espèce en catégorie CR (en danger critique) dans la liste rouge des espèces menacées depuis 2020. Le requin tiqueue a vu sa population décliner de plus de 80 % en 27 ans.

Inoffensif pour l'Homme[4], le Requin tiqueue est pris accidentellement par les filets maillants et les palangres dans l'ensemble de son aire de répartition. Sa viande est vendue fraîche, congelée ou séchée et salée. En outre, les ailerons séchés sont exportés pour confectionner la soupe d'ailerons de requin, et son huile de foie et son cartilage sont utilisés en médecine. Sa carcasse est transformée en farine de poisson[9] - [1].

A Trinidad il est très courant et son abondance en fait le requin le plus important sur le plan économique[2]. Au large du nord du Brésil, un nombre important de Requins tiqueues sont capturés par la pêche au filet maillant ciblant la Thazard (Scomberomorus brasiliensis). Dans les années 1980, cette espèce constitue environ 43 % des requins et raies pris capturés de la sorte, mais sa part a depuis diminué à environ 17 %. Cette baisse apparente semble résulter d'une pêche de plus en plus intensive, de la grande proportion de jeunes capturés et de son faible taux de reproduction. Bien que le Requin tiqueue est désormais inscrit sur la liste officielle des animaux en danger au Brésil de 2004, la pêche demeure non contrôlée dans les faits[9].

Références

  1. (en) L.J.V. Compagno, Sharks of the World : An Annotated and Illustrated Catalogue of Shark Species Known to Date, Food and Agricultural Organization of the United Nations, (ISBN 92-5-101384-5), p. 496–497
  2. (en) J.H. Castro, The Sharks of North America, Oxford University Press, , 613 p. (ISBN 978-0-19-539294-4, lire en ligne)
  3. (en) J.D. McEachran et J.D. Fechhelm, Fishes of the Gulf of Mexico : Myxinformes to Gasterosteiformes, University of Texas Press, (ISBN 0-292-75206-7), p. 87
  4. (en) C. Bester, « Biological Profiles: Smalltail Shark », Florida Museum of Natural History Ichthyology Department (consulté le )
  5. (en) Rainer Froese et Daniel Pauly, « Carcharhinus porosus », FishBase, (consulté le )
  6. (en) R. Lessa et Z. Almeida, « Analysis of stomach contents of the smalltail shark Carcharhinus porosus from northern Brazil », Cybium, vol. 21, no 2,‎ , p. 123–133
  7. (en) R. Lessa, F. Santana, R. Menni et Z. Almeida, « Population structure and reproductive biology of the smalltail shark (Carcharhinus porosus) off Maranhão, Brazil », Marine and Freshwater Research, vol. 50,‎ , p. 383–388
  8. (en) R. Lessa et F.M. Santana, « Age determination and growth of the smalltail shark Carcharhinus porosus, from northern Brazil », Marine and Freshwater Research, vol. 49,‎ , p. 705–711
  9. (en) R. Lessa, Z. Almeida, F.M. Santana, S. Siu et M. Perez, « Carcharhinus porosus », IUCN Red List of Threatened Species. Version 2011.1. International Union for Conservation of Nature,
  10. (en) C. Ranzani, « De novis speciebus piscium », Novi Commentarii, Academiae Scientiarum Instituti Bononiensis, vol. 4,‎ , p. 65–83
  11. (en) J.A.F. Garrick, Sharks of the genus Carcharhinus, NOAA Technical Report,
  12. (en) L.J.V. Compagno, Sharks of the Order Carcharhiniformes, Princeton University Press, (ISBN 0-691-08453-X), p. 319–320
  13. (en) G.J.P. Naylor, « The phylogenetic relationships among requiem and hammerhead sharks: inferring phylogeny when thousands of equally most parsimonious trees result », Cladistics, vol. 8,‎ , p. 295–318 (DOI 10.1111/j.1096-0031.1992.tb00073.x)
  14. (en) X. Vélez-Zuazoa et I. Agnarsson, « Shark tales: A molecular species-level phylogeny of sharks (Selachimorpha, Chondrichthyes) », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 58, no 2,‎ , p. 207–217 (DOI 10.1016/j.ympev.2010.11.018)
  15. (en) J.I. Castro, « Resurrection of the name Carcharhinus cerdale, a species different from Carcharhinus porosus », Aqua, vol. 17, no 1,‎ , p. 1–10
  16. UICN, consulté le 23 janvier 2023

Liens externes


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