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Campagne de la ChaouĂŻa

La campagne de la Chaouïa est une expédition militaire dans la région historique de la Chaouïa au Maroc menée par la France entre 1907 et 1914, en représailles à la prise de Casablanca et au massacre de plusieurs Européens par des milliers de guerriers chaouis.

Campagne de la ChaouĂŻa
Informations générales
Date 1907 Ă  1914
Lieu ChaouĂŻa
Issue Victoire française
Commandants

Pertes

86 soldats tués
377 soldats blessés
14 officiers tués
17 officiers blessés

Inconnues
Inconnues

Campagne du Maroc

Contexte

Guerre de la ChaouĂŻa 1907-1914

Au Maroc, les XVIIIe et XIXe siĂšcles sont marquĂ©s par des dĂ©sordres de plus en plus graves aussi bien dans le domaine intĂ©rieur que sur le plan international. L’Espagne et la France sont amenĂ©es Ă  protĂ©ger leurs navires de commerce circulant en vue des cĂŽtes marocaines contre les attaques des pirates de SalĂ©.

À partir de 1830, la France doit interdire l’accĂšs de la frontiĂšre algĂ©ro-marocaine aux pillards marocains et aux partisans d’Abd el-Kader rĂ©fugiĂ©s au Maroc oriental. Les exactions de ces deux groupes sont sanctionnĂ©es en aoĂ»t 1844 par le bombardement de Tanger et de Mogador par l’escadre du prince de Joinville, pendant que le gĂ©nĂ©ral Bugeaud inflige une sĂ©vĂšre dĂ©faite Ă  l’armĂ©e marocaine sur l’oued Isly.

Le problĂšme de la sĂ©curitĂ© de la frontiĂšre algĂ©ro-marocaine n’en est pas, pour autant, rĂ©solu. L’insĂ©curitĂ© persiste jusqu’au XXe siĂšcle, mĂȘme aprĂšs la signature par la France et le Maroc de la convention de Lalla-Maghnia portant sur ce que l’on a appelĂ© par la suite la « zone des confins algĂ©ro-marocains ».

La convention ne dĂ©finit pas avec prĂ©cision les territoires relevant de chacune des deux nations. EntĂ©rinĂ© par les nations europĂ©ennes directement concernĂ©es par la sĂ©curitĂ© de la navigation dans le dĂ©troit de Gibraltar et en MĂ©diterranĂ©e occidentale, cet accord est contestĂ© par l’Allemagne.

RĂ©putĂ©e se dĂ©sintĂ©resser des problĂšmes du Maroc aprĂšs les dĂ©clarations du chancelier Bismarck, celle-ci n’a pas Ă©tĂ© consultĂ©e.

L’empereur Guillaume II, ne s’estimant pas liĂ© par ces accords, multiplie les incidents diplomatiques dirigĂ©s contre la France. Le plus grave est la visite qu’il fait Ă  Tanger en 1905 oĂč il prononce, le , un discours par lequel il se proclame seul dĂ©fenseur dĂ©sintĂ©ressĂ© du Maroc et signifie Ă  la France, l’Espagne et l’Angleterre qu’il entend prendre part aux discussions que ces États auront entre eux Ă  propos du Maroc.

SimultanĂ©ment, le Kaiser envoie Ă  FĂšs un plĂ©nipotentiaire pour recommander au sultan de refuser le programme d’assainissement des finances proposĂ© par la France en lui dĂ©montrant l’incompatibilitĂ© de celui-ci avec les conventions existantes. Le sultan repousse donc les mesures prĂ©conisĂ©es et invite les nations concernĂ©es, Allemagne comprise, Ă  une confĂ©rence pour dĂ©finir un programme acceptable de rĂ©formes Ă  introduire dans son pays.

Du au se tient, Ă  AlgĂ©siras, une rĂ©union qui aboutit Ă  la signature de l’acte dit « d’AlgĂ©siras » par lequel les cosignataires garantissent la paix et la prospĂ©ritĂ© du Maroc moyennant une refonte de son administration. Ils chargent la France d’assister le maghzen dans la dĂ©finition et la mise en Ɠuvre du plan de rĂ©formes conforme aux recommandations de la confĂ©rence.

Le maghzen ne met aucune bonne volonté à se plier aux conclusions de la conférence. Il encourage une campagne de xénophobie antifrançaise et, dans la zone des confins, algéro marocains, il pousse au rassemblement de harka (bandes armées) devant contrecarrer les mesures de sécurité prises par la France.

Début de la campagne du Maroc en 1907 par la pénétration de la Chaouia à Casablanca

Le bombardement de Casablanca, qui eut lieu du 5 au , est une attaque navale française qui dĂ©truisit la ville marocaine de Casablanca. La France utilisa principalement des bombardements navals et incendiaires avec des cuirassĂ©s, provoquant entre 1 500 et 7 000 morts. Elle fait suite Ă  l’insurrection de Casablanca qui a vu les tribus marocaines de la Chaouia massacrer plusieurs EuropĂ©ens et prendre le contrĂŽle de la ville pour s'opposer Ă  la colonisation française[1].

Prémices

AprÚs avoir pris Oujda, les troupes françaises du général Lyautey avaient une visée sur Casablanca, fief des tribus Chaouia, réputées pour produire des guerriers farouches[2].

Cinq annĂ©es avant le Protectorat, Casablanca est occupĂ©e mais les combats continuent. Des dizaines de combats sont livrĂ©s Ă  l’intĂ©rieur de la ville, Ă  sa pĂ©riphĂ©rie et, enfin, plus profondĂ©ment, dans le pays Chaouia.

En 1907, la prĂ©sence dans le port de Casablanca d’agents français contrĂŽlant les recettes douaniĂšres, avec le lancement d’intenses chantiers manifestement coloniaux mĂ©contentant la population, atteint son paroxysme[3].

Le , une dĂ©lĂ©gation de tribus de la Chaouia se rend chez Moulay Lamine, oncle du Sultan Moulay Abdelaziz et gouverneur de la province, et le somme de faire dĂ©molir les constructions entamĂ©es. Une autre dĂ©lĂ©gation se prĂ©sente chez le pacha de la ville, Si Boubker Ben Bouzid Slaoui (en), rĂ©clamant avec vĂ©hĂ©mence l'arrĂȘt des travaux du port, la destruction du chemin de fer et la suppression des contrĂŽleurs français de la douane. Le , l'effervescence augmente en ville. Le lendemain matin, un crieur public issu des Oulad Hriz invite les populations Ă  cesser toute relation avec les Français[4].

Hajj Hammou, caĂŻd de la tribu des Oulad Hrriz lance des appels au djihad et les Ouled Hriz organisent une lutte contre les Espagnols, les Français et leurs partisans. C'est le dĂ©but de l'insurrection. Les populations Chaouia envahissent les rues et l’aprĂšs-midi mĂȘme, des incidents violents dĂ©bouchent sur la mort de neuf ouvriers Ă©trangers de la compagnie concessionnaire des travaux du port. Les guerriers arrĂȘtent le train, qui passe Ă  proximitĂ© d'un cimetiĂšre, grĂące Ă  un amas de pierres amoncelĂ©es sur la voie et assassinent les ouvriers Ă©trangers de la locomotive : quatre Français, trois Italiens et deux Espagnols.

Bombardement et prise de la ville (5-7 août)

À la suite de l'insurrection du , des milliers de guerriers chaouis, proches, semble-t-il, du cheikh Ma El AĂŻnin, prennent la ville. Face Ă  la dĂ©faillance de ses services de renseignement, la France, surprise, envoie dans l'urgence une flotte militaire, notamment celle basĂ©e en AlgĂ©rie. Les consulats de France, de SuĂšde et du Portugal Ă©tant assiĂ©gĂ©s, Saint-Aulaire, sur instruction de Paris, fait envoyer sur place plusieurs navires de guerre dont le croiseur GalilĂ©e qui se trouve Ă  Tanger, rejoint aussitĂŽt par le CondĂ©, le croiseur cuirassĂ© Amiral Aube et le Du Chayla en rade Ă  Toulon et une dizaine de fusiliers. À l'annonce de cet Ă©vĂ©nement, l'agitation en ville reprend de plus belle.

Casablanca fut presque entiÚrement détruite aprÚs le bombardement.

Au GalilĂ©e arrivĂ© dĂšs le s’ajoutent les croiseurs cuirassĂ©s Gueydon et Jeanne d’Arc, le Forbin
 avec, Ă  leurs cĂŽtĂ©s, la canonniĂšre espagnole Álvaro de BazĂĄn entre 13 et 20 navires de Guerre. Le au matin, soixante-six marins du GalilĂ©e dĂ©barquent aprĂšs un Ă©change nourri de feu qui fait cinq blessĂ©s du cĂŽtĂ© français[5].

Le bombardement de la ville commence, accompagnĂ© par le dĂ©barquement progressif des soldats qui n’épargnent ni civils, ni militaires marocains. Le GalilĂ©e et la Gloire bombardent la casbah, faisant de nombreuses victimes parmi les « rebelles » et la population. Le quartier populaire, dit Tnaker, situĂ© prĂšs du port, paye le plus lourd tribut et reçoit des salves d’obus Ă  la mĂ©linite, alors que ses populations sont encore plongĂ©es dans leur sommeil. Les lieux saints ne sont pas Ă©pargnĂ©s, tels que la Grande MosquĂ©e ou le sanctuaire de Sidi Kairouani.

Les portes d’enceinte sont particuliĂšrement visĂ©es afin d’éviter l’entrĂ©e des combattants chaouis.

Le lendemain, le , le bombardement continue aprÚs avoir duré toute la nuit. Le Du Chayla débarqua trente-et-un soldats, le croiseur Forbin quarante-quatre. Et les Marocains, en dépit des pertes considérables subies dues aux incessants bombardements, continuent de lutter, semant l'inquiétude au sein des troupes françaises. L'escadre du contre-amiral Philibert qui amÚne les troupes du général Drude mouille en rade. Les chaloupes débarquent sur la plage de Sidi Belyout les premiers tirailleurs français et algériens. Les autochtones les accueillent avec des tirs nourris.

Le , les troupes dĂ©barquĂ©es du gĂ©nĂ©ral Drude et les fusiliers-marins du contre-amiral Philibert rĂ©ussissent, aprĂšs des combats acharnĂ©s, Ă  reprendre le contrĂŽle de la ville. Selon des observateurs avisĂ©s et des sources diplomatiques, une « rĂ©volution » paraĂźt avoir dĂ©butĂ© au Maroc
 Certains ont peur que ce ne soit le dĂ©but d'une longue guerre avec les Marocains[6].

Pendant trois jours de pluie de bombes provenant de l’escadre, puis de carnages et de pillages exercĂ©s par les lĂ©gionnaires au sol, la prospĂšre citĂ© de 30 000 habitants avant les faits est transformĂ©e en champ de ruines oĂč nul endroit n'est Ă©pargnĂ©, si ce n’est le quartier europĂ©en.

Le nombre des victimes oscille, selon les versions, entre 600 et 1 500 chez les auteurs français, Ă  2 000 et 3 000 dans les rapports allemands, tandis que des sources marocaines, appuyĂ©es par des tĂ©moignages europĂ©ens attestent qu’il ne subsistait que quelques rares habitants aprĂšs le carnage et le dĂ©part des survivants terrorisĂ©s. PrĂšs de 10 000 morts[4].

Le , le bateau de commerce Magnus ramĂšne de Gibraltar et de Tanger les quatre cents juifs qui s'y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s dĂšs le commencement de l’insurrection.

Quatre cents ans aprĂšs la destruction de la ville par la flotte portugaise, ce nouveau bombardement cause la destruction de la ville mais il marque aussi le dĂ©but d’une prodigieuse mĂ©tamorphose pour le petit port de Dar El Beida, qui deviendra le poumon Ă©conomique du royaume chĂ©rifien.

Tertib ou la réforme fiscale azizienne 1901

Le tertib s’inscrit dans le cadre d’une rĂ©forme fiscale moderniste. DĂ©cidĂ© par Moulay-Abdelaziz en 1901, dĂšs cette annĂ©e les Chaouia se retirent de la Be3a pour montrer leur contestation et gagnent leur indĂ©pendance. Ils rentrent en bled SIBA.

Cette rĂ©forme se prĂ©sentait comme visĂ© Ă  instaurer un nouvel impĂŽt sur les biens qui remplacerait l'ancien systĂšme basĂ© sur la zakat, la dĂźme et les taxes makhzaniennes.

Connu sous le nom de “ tertib ” ( = organisation), cette nouvelle rĂ©forme consisterait Ă  suivre une politique fiscale basĂ©e sur la justice et l’égalitĂ©, ne concĂ©dant Ă  personne aucun privilĂšge ni immunitĂ© des taxes locales, dont jouissaient auparavant grand nombre de personnes.

DĂšs 1901, la rĂ©gion mi-plaine et mi-montagneuse de la Chaouia connaĂźt une forte rĂ©bellion contre le sultan, avant mĂȘme l'arrivĂ©e des Français.

Les ChĂąouĂŻa, ainsi que nous l’avons vu, avaient dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  relever la tĂȘte en 1901. À la tentative de leur appliquer le tertib, ils ripostĂšrent par le sac de Settat, puis de Dar Ber-Rechid ; les actes de brigandage se multipliĂšrent et des bandes de malandrins parcoururent le pays, pillant casbahs et marchĂ©s, razziant les troupeaux, vidant les silos, enlevant les caravanes, paralysant le trafic et rĂ©pandant partout l'insĂ©curitĂ© et la terreur. L'anarchie s'Ă©tendit rapidement Ă  tout le Maroc[7].

Mohamed ben El Hajj Hammou, caïd des Oulad Harriz, fils de l'ancien gouverneur de Casablanca, conçut le projet de créer avec l'aide des tribus de la Chaouia une résistance farouche et des troubles graves dirigés contre les étrangers et les collaborateurs.

Les Chaouia, en effet, révoltés contre le Makhzen, riches des sommes considérables qu'ils auraient dû lui payer comme impÎts, avaient accru rapidement leur puissance militaire par l'achat de munitions, de chevaux et de fusils à tir rapide. TrÚs mal disposés envers les chrétiens, ils considéraient les Français comme leurs ennemis particuliers, surtout lorsqu'ils virent le commencement des travaux du port et l'établissement d'un poste de télégraphie sans fil. Aiguisés par les prédictions du cheikh Ma El Aïnin, excités par les appels pressants d'El Hajj Hammou, fiers de leur force et leur indépendance, cavaliers brillants et infatigables, tireurs habiles, ils brûlaient du désir de piller la ville et de chasser les Européens.

Durant cette campagne commencĂ©e en aoĂ»t 1907 et qui, ainsi, dura onze mois, dont sept d'opĂ©rations trĂšs actives pendant lesquelles l'ennemi fut pourchassĂ© sans trĂȘve ni repos, il n'a pas Ă©tĂ© livrĂ© moins de vingt-neuf combats dont plusieurs ont prĂ©sentĂ© les caractĂšres et les dangers de ceux d'une guerre europĂ©enne[4]. 14 officiers tuĂ©s et 17 blessĂ©s, 86 hommes tuĂ©s et 377 blessĂ©s tel fut le bilan des pertes. Ce sont lĂ  des chiffres Ă©levĂ©s. Mais l'honneur de la France exigeait de pĂ©nibles sacrifices et son drapeau a pu, Ă  la fin, ĂȘtre portĂ© victorieusement au milieu d'un peuple justement rĂ©putĂ© pour sa bravoure.

1912-1914

MalgrĂ© les instructions des autoritĂ©s coloniales d’évacuer l’intĂ©rieur du pays et de conserver que les villes cĂŽtiĂšres, Lyautey, nommĂ© rĂ©sident gĂ©nĂ©ral en avril 1912, entreprend de rĂ©tablir l'ordre Ă  FĂšs Ă  la suite des Ă©meutes du . En outre, l'abdication du sultan Moulay Hafid et la succession de Moulay Youssef donnĂšrent une allure Ă  l'enracinement d'un État aux structures modernes.

Le , le colonel Charles Mangin dĂ©fait Ahmed al-Hiba surnommĂ© le « sultan bleu » qui avait occupĂ© Marrakech Ă  la tĂȘte de 10 000 rebelles lors de la bataille de Sidi Bou Othmane.

Pendant ce temps lĂ  rĂ©sistance continuait Ă  l’ouest de la Chaouia menĂ©e par M'Hamed Al Trihi caĂŻd de la tribu El Haouzia (Doukkala) ayant combattu le protectorat français.

Appelé le "détrousseur d'Azemmour", il attaque plusieurs fois les forces françaises en leur infligeant plusieurs défaites.

Il rejoint ensuite la résistance Zayane de 1914 à 1921.

Sous la conduite de Lyautey, devenu rĂ©sident gĂ©nĂ©ral aprĂšs l'Ă©tablissement du protectorat français sur le Maroc, l'armĂ©e française lutte contre les tribus marocaines insoumises qui Ă©chappaient (bled Siba) Ă  l'autoritĂ© Makhzen, dans le cadre de la pacification du Maroc. L'offensive est appuyĂ©e par l'Ă©quipement du 1er rĂ©giment d’artillerie de montagne, dĂ©barquĂ© Ă  Casablanca le , et par quatre avions BlĂ©riot XI16.

Les bastions de la résistance tombent les unes aprÚs les autres : Médiouna, le ; Oued Zem le , Tadla, Beni Mellal (Sidi Ali ben Brahim du 27 au ). El Kssiba tombe aussi le , devant les forces du colonel Gueydon de Dives, malgré les attaques des chefs résistants des Ouirra Mouha Ou Saïd Ouirra de la bourgade d'El ksiba et Mouha ou Hammou Zayani, le roi des montagnes. La défaite des rebelles, avec 400 morts, le devant Khénifra, puis la prise de la ville le , semble avoir marqué la fin de la rébellion.

Les tribus Zayanes, bien qu'engagĂ©es n'ont pu empĂȘcher Mangin d'atteindre ses objectifs et la prise de Tadla ainsi que de Bejaad les laissent isolĂ©es au sein de leurs montagnes. « Notre offensive a vivement impressionnĂ© les tribus de la montagne dĂ©clare le colonel Mangin qui fĂ©licite les hommes du 1er rĂ©giment d’artillerie de montagne. »[8].

Bataille d’El Heri

Moha Ou Hammou El Harkati Zayani est le fils de Moha Ou Akka, commandant en chef des AĂŻt Harkat.

Ce dernier, aprĂšs sa mort, laissa deux fils et un gendre : SaĂŻd, Moha Ou Hammou et El Haj Ali.

Saïd, l'aßné, fut désigné par les Aït Harkat pour succéder à son pÚre Moha Ou Akka.

Il domina tous les zayans aprÚs quinze années de luttes ininterrompues.

AprÚs sa mort en 1877, Moha Ou Hammou lui succéda. Il avait à peine vingt ans.

Il était vigoureux, intrépide, cavalier sans rival, tireur infaillible et joignait à ces qualités guerriÚres un physique agréable dont la tradition a retenu la souplesse et l'harmonieuse proportion de la taille, le regard brillant et la pureté du teint, à peine ombragé alors qu'une courte barbe naissante.

En 1880, le Sultan Moulay Hassan 1er le nomma caïd des zayans. Mission qu'il accompli avec abnégation et dévouement au service du TrÎne Alaouite et de la nation jusqu'à la proclamation du protectorat français.

Il commença alors sa lutte armée cotre l'occupant français lorsque ce dernier se mit à parcourir et à occuper les plaines du Royaume.

Ces premiÚres interventions consistÚrent en l'envoi de renforts aux combattants de la Chaouia pour prendre part au combat contre les troupes françaises commandées par le général Drude lors de la bataille de Médiouna en 1907 et 1908.

En 1911, Moha Ou Hammou mÚne des attaques contre les troupes françaises lors de leur marche sur FÚs.

En 1912, il mÚne également ses troupes contre les Français installés sur les lignes d'étapes Rabat-MeknÚs et en 1913, Moha Ou Hammou Zayani mÚne ses attaques contre le commandant Aubert au nord du Tadla et contre le colonel Mangin installée à Oued Zem.

Moha Ou Hammou qui a toujours été d'une dignité et d'une correction parfaites, s'est défendu avec acharnement, repoussant toutes les offres flatteuses de l'occupant français.

AprÚs l'occupation d'un ensemble de régions du Maroc par les troupes françaises, le général Lyautey a déclaré le que le pays des zayans constituait un grand danger pour les positions françaises et qu'il est de son devoir d'éliminer les zayans installés sur la rive droite de l'oued Oum Rebia.

AprÚs cette déclaration, un plan d'action pour occuper le pays des zayans a été préparé sous la responsabilité du général Henrys.

C'est ainsi que le , trois colonnes partirent simultanĂ©ment de trois points diffĂ©rents. La premiĂšre de Kasba-Tadla au sud ouest de KhĂ©nifra, commandĂ©e par le colonel Garnier Duplessis. La seconde de l'ouest, commandĂ©e par le colonel Cros et la troisiĂšme d'Ifrane au nord de KhĂ©nifra. Elles firent irruption dans la cuvette de KhĂ©nifra et s'emparĂšrent de cette derniĂšre aprĂšs un combat acharnĂ©. À la suite de l'occupation de KhĂ©nifra par les troupes françaises, Moha Ou Hammou Zayani installa son campement Ă  une quinzaine de kilomĂštres de KhĂ©nifra, aux abords du petit village d'El Herri.

Le poste de Khénifra est commandé par le lieutenant colonel Laverdure.

Le , à 21 heures, Laverdure réunit ses commandants et décida d'enlever le campement de Moha Ou Hammou Zayani en dépit de l'avis de ses services de renseignements.

À 2 heures 30 du matin du vendredi , le lieutenant-colonel Laverdure quitta KhĂ©nifra en grand secret.

Il divisa ses troupes (43 officiers et 1 230 soldats) en quatre groupes, puis lança l'attaque Ă  6 heures du matin.

Le campement fut, certes surpris et quelques tentes dĂ©vastĂ©es. Entre 6 et 8 heures du matin de la mĂȘme journĂ©e, Moha Ou Hammou entreprit d'alerter et de rassembler 2 000 hommes des IchakirĂšnes et des AĂŻt Ishaq et 2 500 cavaliers des zayans. Moha Ou Hammou regroupa ses hommes en “fer Ă  cheval” autour des troupes françaises venues de KhĂ©nifra.

À 10 heures, les premiers accrochages ont eu lieu entre les troupes françaises et celles de Moha Ou Hammou et plusieurs officiers, sous-officiers et hommes de troupes furent tuĂ©s.

À 13 heures, toutes les troupes françaises furent harcelĂ©es et tuĂ©es par les hommes de Moha Ou Hammou.

La victoire de Moha Ou Hammou contre le lieutenant-colonel Laverdure et ses troupes fut sans appel avec 33 officiers et 580 soldats français en firent les frais. Parmi les morts relevés du cÎté français, on trouvait le lieutenant-colonel Laverdure, trois commandants, neuf capitaines, treize lieutenants, trois médecins et des officiers de l'administration.

Les Français purent ramener 179 blessés et quelques centaines d'hommes. Moha Ou Hammou s'empara de huit canons, dix mitrailleuses et de nombreux fusils.

AprÚs la défaite des troupes françaises, Moha Ou Hammou s'est replié sur la région de Taoujgalt pour rassembler ses hommes et préparer d'autres attaques contre l'occupant français et c'est au cours du combat d'Azelag-N'Tazemourt, prÚs de Taoujgalt, contre le général Pouymereau que Moha Ou Hammou Zayani a trouvé la mort le .

Il fut inhumĂ© Ă  Tamalakt prĂšs de Taoujgalt oĂč un mausolĂ©e et une mosquĂ©e ont Ă©tĂ© construits[9].

Culture de la guerre en terre Chaouia oĂč les confrĂ©ries religieuse Rimaya (Ă©cole d’équitation et de tir).

Rimaya. — La confrĂ©rie militaire des Rimaya, des tireurs, est, pour ainsi dire, une filiale de celle des NĂ ceriya, avec laquelle elle est d’ailleurs souvent confondue. La majoritĂ© des Marocains ne connaissent pas Si Mohammed ben NĂ cer, le fondateur de la ZĂ ouĂŻa de Tamegrout: ils ne connaissent que Sidi Ahmed ben XĂ cerqui a une ZĂ ouĂŻa Ă  l'es, dans le quartier de Zerbtana (prĂšs de Souiqet ben Sali el de la ZĂ ouĂŻa des Oulad BaqqĂąl et Sidi 'Ali ben NĂ cer, le patron des Rimaya; selon toutes les probabilitĂ©s, Ahmed et 'Ali ben NĂ cer Ă©taient les fils de M'hammed, Ă  moins qu'Ali n'ait Ă©tĂ© son frĂšre, comme on le dit quelquefois.

Placés sous l'invocation du Khalife Ali, gendre du ProphÚte, les confréries militaires marocaines ont d'autres patrons que Sidi 'Ali ben Nàcer, entre autres Sidi Bou Abid Ech-Cherqi de la Zàouïa de Boul-Dja'd; Moulay Boucheta, le saint de la tribu des Fichtala;Sidi 'Allai El-Hùdj El-Baqqùl, dont le tombeau et la Zàouïa se trouvent à El-Haraïaq, chez les Ghezaoua-Sidi Abdallah El-Miçbahi Moulagla, dans le Khlot, au sud de Larache; enfin Moulay Bou Selhùm, sur le canal qui fait communiquer la Merdja Ez-Zerga dans le Gharb avec la mer, etc.

On voit que chacune des régions qui ont eu à faire la guerre sainte, a son patron des confréries militaires locales. Les Chùouïa ont, à ce point de vue, le double patronage des Oulùd Ben Nùceret de la Zàouïa de Boul-Dja'd.

Chaque sociĂ©tĂ© de tir est dirigĂ©e par un moqaddem. D'aprĂšs le manuel d'un moqaddem, les devoirs des adeptes envers leur chef, Ă©numĂ©rĂ©s par Ali ben NĂ cer lui-mĂȘme, sont les suivants : ils lui fournissent des corvĂ©es pour le labour et la moisson; Ă  chaque fĂȘte, ils lui achĂštent une livre de savon et reçoivent en Ă©change une livre de poudre, quarante balles et dix silex; enfin, lors de la FĂȘte des Sacrifices, ils lui achĂštent encore un mouton.

Le moqaddem doit en retour enseigner aux affiliĂ©s les rĂšgles de conduite des Rimaya, maintenir entre eux la concorde, ne pas les traiter avec duretĂ©, n'en rĂ©primer aucun en prĂ©sence des autres; il doit s'abstenir lui-mĂȘme du mensonge, du vol, de la sodomie, de l'adultĂšre, de tout ce qui est interdit aux musulmans.

Les Rimaya comptent de nombreux membres dans la rĂ©gion qui nous occupe; ils sont mĂȘme si nombreux qu'on voit des fractions de tribu former elles-mĂšmas des groupes avec des moqaddems[10].

Ironie du sort oĂč une destinĂ©e au nom providentiel par les deux meneurs de cette guerre : CaĂŻds El Hajj Hammou et Hammou Zayani. L’un entamera cette guerre et l’autre la conclura.

AprĂšs que tous les chefs Chaouis trouvĂšrent le champ de gloire sous les balles françaises, dĂ©pourvu de leadership les tribus prĂȘtĂšrent allĂ©geance Ă  leurs nouveaux Ă©mirs : le sultan bleu ainsi que Hammou Zayani.

Avant l'occupation française (en 1907), un personnage trĂšs connu. Ould El-HĂ dj Hammou, Ă©tait grand moqadden des Rimaya des OulĂąd HarĂźz ; il aurait Ă©tĂ© depuis son incarcĂ©ration remplacĂ© par Si Mohammed ben 'Abd Es-SelĂ m. Les Mdhanta reconnaissaient la mĂȘme qualitĂ© Ă  un marabout appartenant au Cherqaoua de Boul-Dja'd et installĂ© Ă  la Qaçba de Maggous, Si El-Mekki ben Bou Retala ; Sidi El-Mekki s'est rĂ©fugiĂ© Ă  Boul-Dja'd et sa fonction paraĂźt vacante. Les ZiaĂŻda reconnaissaient Ahmed El-Djemaoui, mais l'influence de ce dernier Ă©tait contrebalancĂ©e par celles de deux autres moqaddems : le Cheikh Mohammed ben Adlani et le Cheikh Mohammed ben RĂ ched.

Les Zenata obĂ©issent Ă  Moulav Ragouba tandis que les Mediounaet les OuiĂ d Ziyan n'ont qu'un grand moqaddem commun, El-HabĂźb ben Ghandour El-Mediouni. Quant aux Mzamza, Us attribuent la mĂȘme qualitĂ© Ă  Mohammed ben Madani El-'AroĂ»si. Chez les OulĂ d SaĂŻd, la fonction de moqaddem est reconnue au cheikh Ez-ZemmoĂ»ri, des OulĂąd Abbou ; ce chef est assistĂ© d'un second, Abdallah Es-SlimĂąni ; on cite encore El-Ghezaoui ben Moham- med, cherqaoui d'origine et rĂ©sidant a la ZĂ ouĂŻa de Chan- touf.

Les deux moqaddems principaux des Oulàd Sidi Ben Dàoud et des Oulàd Bou Ziri sont morts sous les balles françaises : c'étaient le qàïd El-Qourchi Ed-Daoudi et Ali ben El-Hamri Ez-Zraoui (les Chiadma et les Chtouka obéissent aux convocations du cheikh Mohammed Ould IlarharEch- Chiadmi .

Chez les MzĂ b. les OulĂ d Mohammed et les A'chĂ ch, la mĂȘme fonction appartient Ă  Mohammed Ould Bou 'Abid, personnage trĂšs remuant, trĂšs influent et trĂšs connu; au-dessous de lui. Le deuxiĂšme rang parait divisĂ© entre plusieurs moqaddems parmi lesquels on cite le cheikh Mohammed.

MouĂ lĂźn El-Hofra: Ould El-Hadj 'Amor El-Hasnaoui, des OulĂ d Ould El-Hasan, des OulĂ d Arif. Ils ont 3oo Khouan aux OulĂ d SaĂŻd.

Il y avait une Zàouïa aux Oulàd Attou : elle n'existe plus. Ce qui reste des bùtiments est en trÚs mauvais état et sous séquestre depuis 1912 ; un gardien en défend l'entrée.

El-Boroûdj n'a que deux affiliés.

Ben Ahmed en compte mille.

Pas un seul au Camp Boulhaut.

Neuf cent quatre-vingts au Camp du Boucheron avec les moqaddems suivants : Tribu des Oulàd Ali: 'Abd El-Qñder ben Mohammed Dersi, des Oulàd Ghalem ; Sàber Er-Rehmenri, des Oulad Ghalem; Ma'ti ben El-Khetüb, des Redadna. — Tribu des Ahlñf: Bou Chaïb ben Ma'ti, des Ou- làd Zid; Ben Larbi ben El-Feqüh, des Chaïbet; El-Hachemi ben 'Abd Es-Selàm, des Torch. — Tribu des Oulàd Seb- bàh :Hàd\ Ahmed ben k.hatüb, des Atamna[11].

En 1955 la rĂ©sistance reprendra dans la rĂ©gion avec les Ă©vĂ©nements de Oued Zem qui comme une traĂźnĂ©e de poudre entraĂźnera un soulĂšvement gĂ©nĂ©rale de la Chaouia et concĂšdera Ă  l’annĂ©e suivante Ă  l’indĂ©pendance du Maroc. Le casablancais Mohamed Zirktouni, mort en martyr, sera l’un des visages de cette rĂ©sistance.

Annexes

Références

  1. Docteur Weissberg, Sur la piste des Chaouia
  2. Capitaine Grasset, A travers la Chaouia
  3. MĂ©dia Dafina
  4. Capitaine Grasset, A travers la Chaouia
  5. Édition Ernest le Roux, Casablanca et ses tribus
  6. MĂ©dia Dafina.
  7. Paul Morez, ACHEVÉ D'IMPRIMER EN SEPTEMBRE 1935 SUR LES PRESSES DES IMPRIMERIES REUNIES DE LA « VIGIE MAROCAINE » ET DU « PETIT MAROCAIN » CASABLANCA
  8. Pierre Soulié, Sources : 1901-1935 : la Légion étrangÚre au Maroc Pierre Soulié Dans Guerres mondiales et conflits contemporains 2010/1 (n° 237), pages 7 à 24
  9. Lematin.ma, « Lematin.ma »
  10. Mission scientifique au Maroc, MISSION SCIENTIFIQUE DU MAROC [les et Tribus du Maroc i-j.1 3 DOCUMENTS ET RENSEIGNEMENTS PUBLIÉS SOUS LES AUSPICES DE LA RESIDENCE GENERALE CASABLANCA ET LES CHÀOUÏA TOME I PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE (VIe ), p. 228-229
  11. Mission scientifique au Maroc, MISSION SCIENTIFIQUE DU MAROC [les et Tribus du Maroc i-j.1 3 DOCUMENTS ET RENSEIGNEMENTS PUBLIÉS SOUS LES AUSPICES DE LA RESIDENCE GENERALE CASABLANCA ET LES CHÀOUÏA TOME I PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE (VIe ), p. 229-230

Bibliographie

  • Henri Joseph Grasset, 118e rĂ©giment d'infanterie, A travers la ChaouĂŻa avec le corps de dĂ©barquement de Casablanca (1907-1908), Hachette, , 270 p. (ISBN 978-2-01-362730-6, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Marie François Auguste Alfred Segonds, La ChaouĂŻa et sa pacification : Ă©tude sommaire de l'action française dans la rĂ©gion de Casablanca jusqu'au 1er janvier 1909, H. Charles-Lavauzelle, , 143 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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