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Buse variable

Buteo buteo

La Buse variable (Buteo buteo) est une espèce de rapaces diurnes de la famille des Accipitridés aux formes lourdes, au bec et aux serres faibles.

Comme son nom l'indique, son plumage est très variable selon les individus, mais les individus les plus classiques ont un plumage brun uni sur le dessus, barré sur le dessous, avec un croissant blanc caractéristique sur la poitrine. L'œil est brun. Elle est souvent confondue avec le Milan noir qui lui a la queue échancrée ; la buse, elle, a la queue arrondie.

La Buse variable se nourrit principalement de micromammifères, d'où son nom de « buse des souris » dans plusieurs pays européens. Elle consomme également des insectes, des vers de terre, des petits oiseaux et ne dédaigne pas les cadavres.

Elle chasse le plus souvent à l'affût, fixe sur un arbre ou un poteau, ou mobile en décrivant de larges cercles, portée par les courants thermiques. Plus rarement, elle pratique une forme de vol stationnaire, battant des ailes face au vent pour se maintenir sur place.

Description

Dimensions

La Buse variable a une taille d'environ 50 Ă  55 cm de long, la largeur de ses ailes est de 46 Ă  58 cm pour une envergure de 110 Ă  130 cm et son poids est de 700 Ă  1200 g pour la femelle et de 550 Ă  850 g pour le mâle[1].

Apparence extérieure

La Buse variable est un rapace aux formes plutôt massives, doté d'ailes larges, avec une queue courte et large. Son plumage est très variable, d'où son nom[2]. La plupart des individus ont le haut de la poitrine sombre et très strié, un croissant pâle sur la poitrine, ainsi que des flancs et une culotte sombres[3]. Ce croissant est à peine visible chez les individus les plus sombres, tandis que les individus les plus pâles ont tendance à conserver des marques sombres sur le cou et sur les côtés de la poitrine[3]

On distingue classiquement trois formes : claire, intermédiaire et sombre[4]. Une étude fondée sur un examen photographique montre néanmoins que la variation de coloration est progressive et propose sept types différents : très sombre, sombre, intermédiaire sombre, intermédiaire, intermédiaire pâle, pâle et très pâle[5].

On distingue trois classes de plumage :

Plumage juvénile

Les couvertures alaires et les scapulaires affichent classiquement un liseré pâle qui forment un motif régulier, écailleux, sur le dessus. La queue est finement barrée, sans la bande subterminale noire de l'adulte. La tête, le cou et le dessus sont le plus souvent striés, parfois tachetés, et les couvertures sous-alaires sont striées, au lieu de barrées comme chez les adultes[6]. De loin, le dessus est caractéristique : chez le juvénile, les couvertures sus-alaires sont plus claires que les grandes couvertures et les secondaires, tandis que chez l'adulte, les parties supérieures sont assez uniformément sombres[6]. Le plumage juvénile est conservé jusqu'à l'automne de la deuxième année.

Plumage subadulte

Ce plumage est acquis à l'automne de la deuxième annnée, après la fin de la première mue. Il ressemble largement au plumage adulte, mais l'oiseau conserve des primaires externes juvéniles, qui apparaissent donc usées et sont plus courtes que le reste de l'aile[6]. L'iris est brun et contraste avec la pupille noire, alors que l'œil est sombre chez l'adulte[6]. Le plumage subadulte est conservé jusqu'à l'été de la troisième année.

Plumage adulte

Ce plumage est acquis à l'automne de la troisième année. Dans l'ensemble, il est plus sombre et plus uniforme que chez le juvénile[7]. De dessous, le bord de fuite de l'aile est sombre et bien marqué et la queue arbore une large bande subterminale noire[7]. L'adulte a l'iris uniformément brun sombre, sans possibilité de distinguer la pupille.

La Buse variable possède par ailleurs les attributs typiques des rapaces, comme la cire à la base du bec, usuellement du même jaune que les tarses et les serres, mais qui peut parfois être d'un jaune délavé et bleuté[8]. Les yeux, positionnés frontalement, possèdent un iris brun sombre chez l'adulte et jaune pâle chez le jeune[8]. Pour un rapace, la Buse variable possède des serres assez petites comparées à sa taille[9].

Contrairement à la plupart des autres rapaces, la Buse variable ne présente pas de dimorphisme sexuel très prononcé, ni pour la taille, ni pour le plumage[8]. Les mâles tendent à avoir la tête proportionnellement plus grosse, les ailes plus étroites et la queue plus courte que les femelles, mais il est pratiquement impossible de déterminer le sexe sur le terrain[7].

Mue

Buse variable en vol

Comme chez tous les petits rapaces de type busards ou éperviers, sédentaires ou migrateurs à courte distance, le schéma de mue de la Buse variable est assez simple comparé à celui des grands rapaces de type grands aigles, pygargues et vautours[10].

La mue des rémiges (plumes de l'aile) commence par la primaire la plus interne (P1) et se termine par la plus externe (P10)[10]. Quand elle a atteint les primaires P4 à P6, celle des rémiges secondaires et des rectrices (plumes de la queue) commence[10]. La queue d'une Buse variable comporte six paires de rectrices ; leur mue commence habituellement par l'une des plumes centrales, tandis que les rectrices externes sont presque toujours renouvelées en même temps[4]. La mue des régimes secondaires se produit à partir de trois foyers : elle commence par la chute de la secondaire la plus externe (S1), puis à partir de la secondaire médiane S5 et de la secondaire S11[10]. La mue à partir de S1 et de S5 progresse en direction du corps de l'oiseau, alors que celle à partir de S11 va vers l'extérieur[10]. Les deux vagues de mue amorcées en S5 et S11 convergent au niveau de S8, au moment où celle initié en S1 atteint S5[10]. Les dernières secondaires à être renouvelées sont donc les plumes médianes S5 et S8[10].

Risques de confusion

Du fait de la variabilité de son plumage, la Buse variable est facile à confondre avec tout autre rapace de taille moyenne, sombre, avec de larges ailes, en particulier avec d'autres buses du genre Buteo, comme la Buse féroce, dont certains individus sont quasiment identiques avec la sous-espèce Buteo buteo vulpinus (Buse des steppes)[11]. Le risque de confusion est également très important avec la Bondrée apivore juvénile, un autre rapace très commun et qui possède également un plumage très variable[12]. En vol, elle s'en distingue clairement par le motif du dessous de l'aile.

Écologie et comportement

RĂ©gime alimentaire

La Buse variable se nourrit essentiellement de rongeurs, de reptiles, d'insectes et de petits oiseaux. C'est donc un oiseau carnivore. Mais lorsque survient l'hiver, la buse voyant ses sources de nourriture réduites peut se nourrir de charognes et principalement de vers de terre lorsque les champs sont détrempés[13]. La buse est en quelque sorte un oiseau opportuniste.

Milieux de chasse : bois et bosquets, champs, prairies et marais.

Reproduction

Le nid de la buse, Ă  la fourche d'un arbre, ressemble Ă  un grand nid de corneille. Il peut atteindre 60 cm d'Ă©paisseur pour 80 cm de diamètre. Très souvent l'aire est utilisĂ©e plusieurs annĂ©es de suite.

L'incubation qui dure entre 32 et 34 jours, est assurée par la femelle, relayée pour de brèves périodes par le mâle. Le pic des éclosions se situe autour du 1er mai. Les jeunes quittent le nid vers 6 semaines. Ils continuent d'accompagner les parents pendant deux mois. Ils sont très bruyants et identifiables durant cette période. On peut aussi en observer aux abords des grandes villes[14].

RĂ©partition et habitat

Carte de répartition de l'espèce :
  • aire de nidification
  • aire d'habitat permanent
  • aire d'hivernage

L'aire de nidification de la Buse variable recouvre la plus grande partie de l'Eurasie[15]. Elle s'étend des côtes atlantiques du Portugal, de l'Espagne, de la France, des îles Britanniques et de la Scandinavie jusqu'au nord de la Turquie, à l'Azerbaïdjan et à la mer Caspienne au sud-est. Vers le nord-est, elle inclut le Kazakhstan et la Russie, jusqu'au Kirghizstan, où sa distribution touche celle de la Buse du Japon (parfois considérée comme une sous-espèce) en Mongolie occidentale. L'aire d'hivernage recouvre la moitié sud de l'Afrique et remonte jusqu'à l'Afrique de l'Est.

En Europe, la Buse variable est le rapace le plus commun avec le Faucon crécerelle[16]. Selon Birdlife international (2015), ses effectifs comptaient près d'un million de couples [17].

Habitat

La Buse variable frĂ©quente les milieux boisĂ©s pour nicher et les milieux ouverts pour chasser. Elle se trouve jusqu'Ă  5 000 mètres d'altitude au Kazakhstan, au Tibet et en Mongolie, oĂą elle est remplacĂ© plus en altitude par la Buse de Chine[18]. Cette limite altitudinale est très variable selon la rĂ©gion : la Buse variable ne dĂ©passe guère les 380 mètres en Écosse[19] et les 870 mètres en Italie[20].

Migration

Buteo buteo vulpinus, dans le parc national d'Etosha, en Namibie

La Buse variable est un migrateur partiel[16]. Les populations d'Europe du Sud et centrale sont sédentaires, tandis que celles d'Europe du Nord sont plutôt migratrices, plutôt à courte distance : les buses norvégiennes sont reprises au Bénélux et en France et les buses suédoises du Danemark jusqu'au détroit de Gibraltar, tandis que les buses finlandaises sont contrôlées partout en Europe et en Afrique subsaharienne[16]. En Allemagne, dans les îles Britanniques et en France, la population est majoritairement sédentaire[21].

Le front de migration de la Buse variable est relativement large, avec toutefois quelques hauts lieux de migration. Falsterbo, un haut lieu de migration situĂ© Ă  l'extrĂŞme sud de la Scanie, voit passer 12 500 migrateurs en moyenne chaque annĂ©e depuis 1973, avec un pic Ă  32 700 en 2017[16]. En France, le premier site pour l'espèce est le dĂ©filĂ© de l'Écluse, qui sĂ©pare l'Ain et la Haute-Savoie, avec 18 000 migrateurs en moyenne chaque automne et un pic Ă  33 000 oiseaux en 2012[21].

En France, la migration prénuptiale s'étend de la première de février à celle de mai et la migration postnuptiale d'août à la première décade de septembre[17].

Statut juridique

En Espagne

Les mesures prises pour la protection de la sous-espèce insularum décrite des Canaries où elle était menacée semblent efficaces, même si elle est encore rare à Lanzarote, Fuerteventura et sur les îles mineures[22].

En France

La Buse variable, comme tous les rapaces, bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire, protection par ailleurs reconduite par l'arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l'enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu'elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l'utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l'acheter[23].

Dénomination, taxonomie et systématique

Taxonomie et phylogénie

En raison de la très forte variabilité du plumage au sein de chaque espèce, la détermination d'hybrides de buses est une tâche particulièrement ardue[24]. Néanmoins, quelques cas ont été documentés. Deux couples de Buse variable × Buse pattue ont été rapportés en Norvège et en Finlande ; dans les deux cas, le couple a élevé des jeunes[24]. Une zone d'hybridation existe avec la Buse féroce en Hongrie, en Italie et en Espagne[24].

Sous-espèces

D'après Alan P. Peterson, cette espèce comprend les sept sous-espèces suivantes :
Sous-espèces Aire de répartition Décrit par Autres
Buteo buteo bannermani Cap-Vert Swann,1919 parfois traitée comme une espèce à part entière, la buse du Cap-Vert
Buteo buteo buteo Europe Linnaeus,1758
Buteo buteo harterti Madère Swann,1919 se distinguant peu de la sous-espèce buteo
Buteo buteo insularum ĂŽles Canaries Floericke, 1903
Buteo buteo menetriesi Caucase Bogdanov, 1879
Buteo buteo pojana Sardaigne, Corse, Sicile et Italie méridionale Savi, 1831
Buteo buteo vulpinus L'est de l'Eurasie Gloger, 1833 migratrice "longue distance" excepté pour les individus vivant dans l'Himalaya, aussi appelée Buse de Russie, elle piaule et sa voix est plus rauque que celle de sa cousine variable.
Autres sous-espèces reconnues par certains auteurs :
Sous-espèces Aire de répartition Décrit par Autres
Buteo buteo arrigonii Corse et Sardaigne Picchi, 1903 reconnue par Clements (6e édition, révision 2009)
Buteo buteo japonicus Asie Temminck & Schlegel, 1844 reconnue par Clements (6e édition, révision 2009), Howard & Moore ; pour le Congrès ornithologique international, cette sous-espèce est l'espèce à part entière Buteo japonicus
Buteo buteo refectus Asie Portenko, 1935 reconnue par Clements (6e édition, révision 2009), Howard & Moore ; pour le Congrès ornithologique international, cette sous-espèce est l'espèce à part entière Buteo burmanicus
Buteo buteo rothschildi Açores Swann, 1919 reconnue par Clements (6e édition, révision 2009)

Références culturelles

Le pianiste Olivier Messiaen a consacré à cet oiseau une pièce, qui en porte le nom, de son Catalogue d'oiseaux.

Notes et références

  1. « Buse variable », sur observatoire-rapaces.lpo.fr (consulté le )
  2. Frédéric Jiguet et Aurélien Audevard, Petit Larousse des oiseaux de France et d'Europe, Larousse, , p. 150
  3. Forsman 2017, p. 304.
  4. Marc Duquet, « Pièges de l'identification. Les Buses variables Buteo buteo « blanches » », Ornithos, nos 29-6,‎ , p. 355-368.
  5. (en) E.F. Kappers, N. Chakarov, O. Krüger, A.K. Mueller, M. Valcu, B. Kempenaers, C. Both, « Classification and temporal stability of plumage variation in Common Buzzards », Ardea, vol. 105, no 2,‎ , p. 125-136
  6. Forsman 2017, p. 305.
  7. Forsman 2017, p. 306.
  8. Walls et Kenward 2020, p. 21.
  9. Walls et Kenward 2020, p. 22.
  10. Marc Duquet, Comprendre la mue des oiseaux, Delachaux & Niestlé, (ISBN 978-2-603-02466-9), p. 116
  11. Forsman 2017, p. 329.
  12. Forsman 2017, p. 302.
  13. Oiseaux.net fiche Buse Variable
  14. « Buse variable », sur Oisillon, boutique en ligne pour oiseaux (consulté le )
  15. Walls et Kenward 2020, p. 12.
  16. Matérac, Ducruet et Dupuy 2022, p. 660.
  17. Matérac, Ducruet et Dupuy 2022, p. 662.
  18. Walls et Kenward 2020, p. 14.
  19. (en) D. Weir et N. Picozzi, « Dispersion of Buzzards in Speyside », British Birds, vol. 76, no 2,‎ , p. 66-78.
  20. (en) Fabrizio Sergio, Alberto Boto et Giuseppe Bogliani, « Density, nest sites, diet, and productivity of Common Buzzards (Buteo buteo) in the Italian pre-Alps », Journal of Raptor Research, vol. 36, no 1,‎ , p. 24-32.
  21. Matérac, Ducruet et Dupuy 2022, p. 661.
  22. (es) Manuel Alamo Tavio, Pedro Martin Gomez et Antonio Cardona Sosa, Asociación Canaria para Defensa de la Naturaleza, « Aves de Lanzarote en Peligro de Extincion », dans Nicolas De Paiz Pereyra, Aves y plantas de Lanzarote en Peligro de Extincion, Lanzarote, EXCMO - Cabildo Insular, , 53 p., p. 11
  23. Arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection
  24. Forsman 2017, p. 303.

Voir aussi

Bibliographie

  • James Ferguson-Lees et David Christie (trad. Bertrand Eliotout), Guide des rapaces diurnes du monde. 338 espèces dĂ©crites et illustrĂ©es, Paris, Delachaux et NiestlĂ©, coll. « Les guides du naturaliste », (ISBN 978-2-603-01547-6)
  • Dick Forsman (trad. Marc Duquet), Identifier les rapaces en vol. Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Paris, Delachaux et NiestlĂ©, (ISBN 978-2-603-02472-0)
  • Benny GĂ©nsbøl (trad. Marie-Anne Tattevin), Guide des rapaces diurnes. Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Paris, Delachaux et NiestlĂ©, coll. « Les guides du naturaliste », (ISBN 2-603-01327-0)
  • Jean-Pierre MatĂ©rac, Daniel Ducruet et JĂ©rĂ©my Dupuy, « Buse variable », dans JĂ©rĂ´me Dupuy et Louis SallĂ© (coord.), Atlas des oiseaux migrateurs de france, vol. 2 : des CiconiidĂ©s aux EmberizidĂ©s, Biotope — MusĂ©um national d'histoire naturelle — Ligue pour la protection des oiseaux, (ISBN 978-2-85653-994-1), p. 660-663
  • (en) Sean Walls et Robert Kenward, The Commons Buzzard, Londres, T & AD Poyser, (ISBN 978-1-4729-7208-8)

Liens externes

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