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Bridges to Babylon

Bridges to Babylon est le 21e album studio du groupe de rock britannique The Rolling Stones publié par Virgin Records le . Sorti sur un CD et en double vinyle, l'album est suivi d'une tournée mondiale qui rencontre un grand succès.

Bridges to Babylon
Album de The Rolling Stones
Sortie Monde
Enregistré Mars-juillet 1997
Ocean Way Studios, Los Angeles
Durée 62:27
Langue Anglais
Genre Rock
Format CD
Auteur-compositeur Jagger, Richards
Producteur Don Was et The Glimmer Twins, avec Rob Fraboni, Danny Saber, Pierre de Beauport et The Dust Brothers
Label Virgin
Classement
  1. 2 (Canada, France)
    #3 (États-Unis, Suisse)
    #6 (Royaume-Uni)
Critique

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Singles

Contrairement aux précédents albums, que le duo Mick Jagger-Keith Richards avait coproduit au côté d'un seul producteur extérieur, le groupe a fait appel à plusieurs producteurs du moment, dont les Dust Brothers, Don Was et Rob Fraboni entre autres, ainsi que de nombreux musiciens invités présents aux côtés du groupe sur chaque chanson. L'album se retrouve hétérogène et explore plusieurs genres, allant du blues rock standard au hip-hop en passant par le reggae. De nouvelles tensions internes apparaissent au sein du groupe durant l'enregistrement du fait de divergences artistiques entre la recherche de modernité de Mick Jagger et le retour aux racines de Keith Richards, tous deux enregistrant séparément. Cependant ces tensions s'apaisent après l'enregistrement et permettent au groupe de partir en tournée mondiale.

Bien que l'album reçoive un accueil critique mitigé, il se vend bien, certifié disque d'or ou de platine dans plusieurs pays, et contient le tube Anybody Seen My Baby?.

Historique

Contexte

Au lendemain de la tournée mondiale Voodoo Lounge qui s'est conclue à Rotterdam le , puis de la sortie de l'album live acoustique Stripped le enregistré principalement à l'Olympia à Paris et au Paradiso à Amsterdam, les Rolling Stones prennent un peu de vacances. Keith Richards est grand-père depuis mai 1996 et Mick Jagger a lancé sa propre compagnie cinématographique nommée Jagger Films. Pourtant, le groupe a toujours besoin de sa dose d’adrénaline en studio et songe rapidement à un nouvel album faisant suite à Voodoo Lounge[1] - [2].

Au début du mois de novembre 1996, les membres se retrouvent à New York pour planifier l'enregistrement de l'album. Le , ils commencent à travailler les nouvelles chansons aux Dangerous Music Studios à New York avec le producteur Don Was déjà présent sur l'album précédent, puis Keith se retire dans sa maison du Connecticut pendant quelques jours pour composer de nouveaux titres et faire passer des auditions. Courant décembre, diverses sessions sont organisées à Londres, aux Westside Studios et au Sarm West studios du producteur Trevor Horn. En janvier, Mick Jagger et Keith Richards passent du temps à la Barbade pour de nouvelles séances d'écriture[1] - [2].

Enregistrement

En mars 1997, le groupe se retrouve à Los Angeles pour commencer les sessions d'enregistrement aux studios Ocean Way Recording[2]. Pour cet album, Mick Jagger et Keith Richards veulent expérimenter de nouveaux sons pour être en phase avec les années 1990 tout en restant dans le blues rock qu'ils jouent habituellement. "Mick et moi sommes tombés d'accord sur le fait qu'au lieu de travailler ensemble, il enregistrerait des chansons à sa façon et moi à la mienne", dira Keith[3]. Les séances se déroulent jusqu'en juillet, principalement durant la nuit jusqu'à ce que Keith Richards soit fatigué dans la matinée[1].

Ainsi le chanteur va recourir aux services de plusieurs producteurs en plus de Don Was. Les premiers sont les Dust Brothers (John King et Mike Simpson) connus pour leur travail sur les albums Odelay de Beck en 1996 et Paul's Boutique des Beastie Boys en 1989[4]. Les contributions du duo initialement prévues à cinq chansons ont été réduites à trois : Anybody Seen my Baby?, Saint of Me et Might As Well Get Juiced. Leur production est marquée par l'utilisation de samples pour la première et unique fois dans l'histoire du groupe. Le chanteur a également engagé les producteurs Danny Saber, connu pour ses récents travaux de remixage de U2 et David Bowie, et Babyface (qui a produit Whitney Houston), mais le premier ne produira qu'une chanson, Gunface, tandis que les contributions du second sur Already All Over Me ne sont pas conservées.

Cette nouvelle approche semble prometteuse. Mais la réalité va se révéler tout autre : "Je voulais voir comment Mick réagirait à cette idée, mais il est allé au-delà de ce que j'attendais, poursuit Keith. Je n'imaginais pas un seul instant qu'il penserait avoir les mains libres pour avoir un producteur différent sur chaque chanson. Ce n'était pas du tout ce que j'avais en tête au départ"[3]. En effet, Keith n'est pas enthousiaste à travailler avec des "gourous des boucles rythmiques", allant jusqu'à virer Danny Saber du studio quand il le surprend en train de rajouter de nouvelles parties de guitares. Le guitariste fait appel aux services du technicien guitare Pierre de Beauport (qui co-produit notamment Always Suffering) et le producteur Rob Fraboni (connu pour ses travaux avec Joe Cocker, Eric Clapton, Bob Dylan et les Beach Boys) pour ses chansons You Don't Have to Mean It, Thief in the Night et How Can I Stop qu'il interprète lui-même.

Mais de nouvelles tensions dues aux divergences artistiques s'installent entre Mick Jagger et Keith Richards et le producteur Don Was doit s'assurer que tous deux travaillent dans des pièces séparées. Keith témoignera dans son autobiographie Life : "Avec tous ces mecs, plus les musiciens - dont pas moins de huit bassistes [Jeff Sarli, Jamie Muhoberac, Pierre de Beauport, Don Was, Danny Saber, Darryl Jones, Me'shell Ndegeocello, et Doug Wimbish] le truc est parti dans tous les sens. Pour la première fois on a quasiment fini par faire deux disques différents, le mien et celui de Mick." Mais le chanteur ne tarde pas à déchanter selon Keith : "Mick s'est rendu compte de son erreur et s'est écrié : sortez-moi de là !"[5]. Le batteur Charlie Watts détend l'ambiance en travaillant avec le percussionniste Jim Keltner, qui plus tard lui a suggéré de se lancer dans un projet en solo. Durant la dernière semaine d'enregistrement, Mick Jagger refuse d'assister aux sessions de travail organisées par l'équipe de Keith Richards et Charlie Watts quitte Los Angeles dès qu'il a fini ses contributions[1].

Pendant le mastering de l'album, Keith Richards découvre par sa fille Angela que le refrain du futur premier single Anybody Seen My Baby?, ressemble au tube Constant Craving de k.d. lang sorti en 1992. Cherchant à éviter d'éventuels futurs problèmes juridiques, lang et son co-auteur Ben Mink ont été crédités avec Jagger et Richards sur le nouveau morceau[6]. Il devient par la suite un important succès dans de nombreux pays.

Caractéristiques artistiques

Analyse du contenu

Dans sa conception, Bridges to Babylon est très différent de tout ce que le groupe a fait jusque là, du moins dans son approche musicale. Dès le départ, en effet, Mick Jagger et Keith Richards désirent à la fois continuer sur la voie du blues rock (dans l'esprit des albums Sticky Fingers en 1971 et Exile on Main Street en 1972) et expérimenter de nouveaux sons pour se mettre en phase avec la musique du moment. Si les relations entre les Glimmer Twins s'avèrent une fois de plus difficiles, le résultat est une réussite malgré l'hétérogénéité manifeste lors de l'écoute de l'album. L'esthétique sonore du groupe est pleinement respectée avec les toniques chansons aux guitares énervées comme Flip the Switch, Low Down et Too Tight, mais aussi des ballades tels que Always Suffering, Thief In the Night, How Can I Stop et You Don't Have to Mean It, qui fusionnent le reggae et le rock Tex-Mex. Mais il y a aussi une facette plus moderne, que ce soit avec la ballade Already Over Me, Gunface marqué par le noise rock travaillé par Danny Saber, et Might As Well Get Juice qui est du blues revisité par les Dust Brothers. Enfin trois tubes incontournables sont au programme : Out of Control (un Papa Was a Rollin' Stone des Temptations revisité), Anybody Seen My Baby et Saint of Me. Les deux dernières sonnent résolument modernes grâce aux Dust Brothers. Les chansons Thief In the Night, How Can I Stop et You Don't Have to Mean It sont chantées par Keith Richards, et le reste par Mick Jagger[2].

Les paroles, pour leur part, ne varient guère par rapport aux autres albums du groupe. Exceptions faites de Flip the Switch (qui parle de la mort et du suicide collectif de la secte Heaven's Gate en 1997) et l'apocalyptique Might As Well Get Juice, les thèmes tournent autour du couple : vérité, mensonges et amants dans Low Down, You Don't Have to Mean It et Too Tight ; infidélité dans Saint of Me ; vengeance dans Gunface ; rupture dans Already Over Me ; recherche de l'être aimé disparu dans Anybody Seen my Baby et temps qui passe Out of Control, Always Suffering, Thief In the Night et How Can I Stop[2].

Pochette et disque

Mick Jagger avait en tête un concept bien particulier pour le visuel de l'album, et engage Stefan Sagmeister pour le réaliser, designer graphique australien qui a obtenu un premier Grammy Award pour la pochette de Mountains of Madness de H. P. Zinker en 1995. Le chanteur demande à l'artiste de se rendre au British Museum pour y admirer la collection de sculptures assyriennes. Elles vont lui inspirer le lion majestueux et rugissant se dressant sur ses pattes arrières qui orne la pochette. À l'intérieur, une photo du groupe, tout de noir vêtu, et un plan large d'un désert sur lequel est représentée la Tour de Babel (la plaine dans le pays de Shinar en l'occurrence), ainsi que les paroles et les crédits des treize chansons (Stefan Sagmeister pour la direction artistique, Hjati Karlsonn pour le design et Max Vadukul pour les photographies)[7] - [8]. Quant au titre, il est dû en partie au dramaturge britannique Tom Stoppard, lequel, après avoir vu la maquette d'un pont destiné au décor scénique de la prochaine tournée des Stones, aurait proposé plusieurs idées de titres autour de Babylone. Mick Jagger en a choisi un qu'il a raccourci pour aboutir à Bridges to Babylone[2].

Parution et réception

Notation des critiques
Compilation des critiques
PĂ©riodiqueNote
AllMusic3/5 Ă©toiles[9]
Entertainment WeeklyB[10]
NME7/10[11]
Rolling Stone4/5 Ă©toiles[12]
The Rolling Stone Album Guide3/5 Ă©toiles[13]
Tom HullB+[14]

Bridges to Babylon sort le dans le monde entier et est immĂ©diatement acclamĂ© par un public qui n'avait que trop attendu depuis Voodoo Lounge. S'il n'atteint que la troisième place aux États-Unis oĂą il se vend Ă  plus d'un million d'exemplaires[15] - [16], il est sixième au Royaume-Uni (avec plus de 100 000 ventes), deuxième en France (200 000 exemplaires), en Belgique, aux Pays-Bas et au Canada, et premier en Allemagne (500 000 exemplaires), en Autriche et en Scandinavie. Un bien beau succès commercial que ne rencontrent pas les singles, et la critique qui sera mitigĂ©e : cette dernière relève un ensemble musical hĂ©tĂ©rogène[2].

Les Stones sont devenus un phénomène de tournée à ce point. Le Bridges to Babylon Tour en 1997 comprenait 108 représentations, avec une scénographie élaborée que Jagger vise à rendre semblable à la tournée PopMart du groupe U2.

En 2009, Bridges to Babylon est remasterisé et ressorti par Universal Music.

Liste des chansons

Bridges to Babylon
No TitreAuteurProducteurs Durée
1. Flip the SwitchMick Jagger, Keith RichardsDon Was, The Glimmer Twins 3:27
2. Anybody Seen My Baby?Jagger, Richards, k.d. lang, Ben MinkDon Was, The Dust Brothers, The Glimmer Twins 4:31
3. Low DownJagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins 4:26
4. Already All Over MeJagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins 5:24
5. GunfaceJagger, RichardsDanny Saber, The Glimmer Twins 5:02
6. You Don't Have to Mean It (*)Jagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins, Rob Fraboni 3:44
7. Out of ControlJagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins 4:43
8. Saint of MeJagger, RichardsThe Dust Brothers, The Glimmer Twins 5:14
9. Might As Well Get JuicedJagger, RichardsThe Dust Brothers, The Glimmer Twins 5:23
10. Always SufferingJagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins, Pierre de Beauport 4:43
11. Too TightJagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins 3:37
12. Thief in the Night (*)Jagger, Richards, Pierre de BeauportDon Was, The Glimmer Twins, Rob Fraboni 5:15
13. How Can I Stop? (*)Jagger, RichardsDon Was, The Glimmer Twins, Rob Fraboni 6:54

Personnel

The Rolling Stones

Musiciens supplémentaires

Équipe de production

  • The Dust Brothers - production sur Anybody Seen My Baby?, Saint of Me, Might As Well Get Juiced
  • Rob Fraboni - production et ingĂ©nieur du son sur You Don't Have to Mean It, Thief in the Night et How Can I Stop, mixage sur You Don't Have to Mean It
  • Tom Lord-Alge - mixage
  • John X Volaitis - mixage (Gunface)
  • Wally Gagel - mixage (Out of Control)
  • Bob Clearmountain - mixage (Already Over Me)
  • Stefan Sagmeister - direction artistique
  • Hjalti Karlsson - conception
  • Max Vadukul - photographe
  • Kevin Murphy, Gerard Howland (Floating Company), Alan Ayers - Illustration

Charts et certifications

Album

Classements hebdomadaires
Certifications

Singles

Single Chart Durée du
classement
Position Date
Anybody Seen My Baby? Drapeau des États-Unis Mainstream Rock Tracks[43] 16 semaines 3e
Drapeau du Royaume-Uni UK Singles Chart[44] 3 semaines 22e
Drapeau de l'Allemagne Single Top 100[45] 12 semaines 27e
Drapeau de l'Autriche Ă–3 Austria Top 40[46] 12 semaines 12e
Drapeau du Canada RPM Top Singles [47] 18 semaines 1er
Drapeau de la Finlande Suomen virallinen lista [48] 2 semaines 11e
Drapeau de la France Single Top 100[49] 19 semaines 7e
Drapeau de la Norvège VG-lista [50] 1 semaine 14e
Drapeau des Pays-Bas Mega Top 50[51] 11 semaines 25e
Drapeau de la Suède Sverigetopplistan [52] 11 semaines 18e
Drapeau de la Suisse Schweizer Hitparade[53] 16 semaines 26e
Saint of Me Drapeau des États-Unis Hot 100[54] 4 semaines 94e
Drapeau des États-Unis Mainstream Rock Tracks[43] 18 semaines 13e
Drapeau du Royaume-Uni UK Singles Chart[44] 2 semaines 26e
Drapeau de l'Allemagne Single Top 100[55] 9 semaines 68e
Drapeau de l'Autriche Ă–3 Austria Top 40[56] 2 semaines 34e
Drapeau du Canada RPM Top Singles[57] 18 semaines 26e
Drapeau des Pays-Bas Mega Top 50[58] 7 semaines 52e
Out of Control Drapeau du Royaume-Uni UK Singles Chart[44] 2 semaines 51e
Flip the Switch Drapeau des États-Unis Mainstream Rock Tracks[43] 13 semaines 14e

Notes et références

  1. Stephen Davis, Old Gods Almost Dead: The 40-Year Odyssey of the Rolling Stones, Crown/Archetype, , 504–8 p. (ISBN 0767909569)
  2. Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, Les Rolling Stones, la totale, ChĂŞne E/P/A,
  3. Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts et Ronnie Wood, According To The Rolling Stones, San Francisco, Chronicle Books,
  4. Bill Janovitz, Rocks Off: 50 Tracks That Tell the Story of the Rolling Stones, MacMillan, , 360–5 p. (ISBN 978-1250026323), « 48: Saint of Me »
  5. Keith Richards et James Fox, Life, New York, Little, Brown & Company,
  6. Keith Richards et Fox James, Life, Great Britain, Weidenfeld & Nicolson, (ISBN 978-0-297-85439-5), p. 457
  7. Hot Designer Matches Concepts to Music
  8. Rolling Stones “Bridges to Babylon”
  9. Stephen Thomas Erlewine, « Bridges to Babylon – The Rolling Stones » [archive du ], AllMusic (consulté le )
  10. « Bridges to Babylon | EW.com » [archive du ], sur Entertainment Weekly's EW.com
  11. « NME.COM – THE ROLLING STONES – Bridges To Babylon – 20/9/97 » [archive du ], sur NME,
  12. « Bridges to Babylon », Rolling Stone,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  13. Charles R. Cross, The New Rolling Stone Album Guide, Simon & Schuster, , 4th éd., 696 (ISBN 0-7432-0169-8), « The Rolling Stones »
  14. Tom Hull, « Streamnotes (June 2018) » [archive du ], sur tomhull.com, (consulté le )
  15. (en) « Gold and Platinum Database Search » (consulté le )
  16. Christman, Ed, et al. "Future Shock". Billboard. 23 January 2010
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Liens externes et sources

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