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Black Twitter

Black Twitter est une sous-culture en ligne composĂ©e en grande partie d'utilisateurs noirs sur le rĂ©seau social Twitter, et axĂ©e sur des questions d'intĂ©rĂȘt pour la communautĂ© noire, en particulier aux États-Unis[1] - [2] - [3].

Selon Meredith D. Clark, une ancienne journaliste qui a consacrĂ© une thĂšse Ă  Black Twitter, le Black Twitter est « un rĂ©seau de personnes partageant la mĂȘme expĂ©rience culturelle, qui discutent de ce que c’est que d’ĂȘtre noir et de tout ce qui a trait Ă  la vie quotidienne des Noirs[4]. »

La bloggeuse féministe afro-américaine Feminista Jones a décrit Black Twitter dans Salon comme « un collectif d'utilisateurs de Twitter actifs, principalement afro-américains, qui ont créé une communauté virtuelle. »[5]

Bien que Black Twitter ait une forte base d'utilisateurs noirs américains, d'autres personnes et groupes sont en mesure de faire partie de ce cercle de médias sociaux grùce à des points communs en termes d'expériences vécues ou de réactions en lignes.

Création

Le site BlackTwitter.com a été lancé en tant qu'agrégateur de nouvelles reflétant la culture noire en 2020, mais le mouvement Black Twitter était déjà lancé sur Twitter.

Communauté

La communauté afro-américaine, trÚs présente sur le réseau, a commencé à établir des codes et à se réunir autour de mot-diÚses[6].

Les membres de Black Twitter ont commencĂ© par dĂ©noncer l’appropriation culturelle de certaines cĂ©lĂ©britĂ©s blanches.

Black Twitter défend les artistes afro-américains contre certaines discriminations comme le fait que certains aient été boycottés plusieurs fois aux Oscars ou aux Grammys (voir la polémique #OscarsSoWhite en 2016).

Black Twitter est un moyen d’expression pour les afro-amĂ©ricains, mais il comprend une autre facette : l’humour. Des tweets Ă  caractĂšre humoristique circulent en effet sur BlackTwitter[7].

Selon Le Monde[8], Black Twitter se pose comme source d’information alternative. Meredith Clark explique que « dans des domaines tels que le racisme et le fĂ©minisme, le plus gros impact de Black Twitter est d’offrir un autre rĂ©cit que les mĂ©dias traditionnels.».

Black Twitter s’emploie Ă©galement Ă  pointer du doigt les clichĂ©s sur les Noirs pour mieux les dĂ©construire.

Retour

Un article d'août 2010 par Farhad Manjoo dans Slate, « Comment les Noirs utilisent Twitter », a attiré l'attention de la communauté[9].

Manjoo a écrit que les jeunes noirs semblaient utiliser Twitter d'une maniÚre particuliÚre : « Ils forment des rassemblements trÚs étroits sur le réseau - ils se suivent plus facilement, ils se retweetent plus souvent, et plus de leurs messages sont des @-réponses - messages adressés aux autres utilisateurs[10] ». Manjoo cite Brendan Meeder de l'Université Carnegie Mellon, qui fait valoir que le niveau élevé de réciprocité entre les centaines d'utilisateurs qui lancent des hashtags (ou « blacktags ») conduit à un réseau influent à haute densité[10].

L'article de Manjoo dans Slate a suscité les critiques de Kimberly C. Ellis, spécialiste des études américaines et africaines. Elle a conclu que de grandes parties de l'article s'étaient trop généralisées et a publié une réponse intitulée « Pourquoi 'ils' ne comprennent pas ce que les Noirs font sur Twitter. » Soulignant la diversité des Noirs sur Twitter, elle a déclaré :

« Il est clair que non seulement Slate, mais le reste de l'AmĂ©rique traditionnelle n'a aucune idĂ©e rĂ©elle de qui sont les Noirs, aucun indice rĂ©el sur notre humanitĂ©, en gĂ©nĂ©ral [. . . ]. Pour nous, Twitter est un support Ă©lectronique qui permet une flexibilitĂ© suffisante pour une crĂ©ativitĂ© sans entrave et fabriquĂ©e tout en prĂ©sentant davantage les forces des mĂ©dias sociaux qui nous permettent de crĂ©er une communautĂ©. [. . . ] En fait, nous nous parlons ET nous diffusons un message au monde entier, d'oĂč la popularitĂ© des sujets tendance et l'utilisation de Twitter, oui ? »

Ellis a déclaré que la réponse la plus appropriée qu'elle avait vue à l'article de Slate était celle de l'utilisateur de Twitter @InnyVinny, qui a fait valoir que « les Noirs ne sont pas un monolithe » et a ensuite présenté un large éventail de dessins d'oiseaux bruns sur Twitter sur son blog afin d'exprimer la diversité des utilisateurs de Black Twitter. Via le hashtag #browntwitterbird, les utilisateurs ont adopté ou suggéré de nouveaux oiseaux Twitter[11].

En 2013, Apryl Williams et Doris Domoszlai dĂ©clarent de la mĂȘme maniĂšre : « Il n'y a pas d'identitĂ© unique ou d'ensemble de caractĂ©ristiques qui dĂ©finissent Black Twitter. (...) Nous considĂ©rons Black Twitter comme une construction sociale crĂ©Ă©e par une communautĂ© d'utilisateurs autosĂ©lectionnĂ©e pour dĂ©crire des aspects de la sociĂ©tĂ© noire amĂ©ricaine Ă  travers leur utilisation de la plateforme Twitter. Tout le monde sur Black Twitter n'est pas noir, et tous ceux qui sont noirs ne sont pas reprĂ©sentĂ©s par Black Twitter »[12]

Blitter

Le 6 octobre 2017, un réseau social baptisé « Blitter », contraction de « Black » et de « Twitter » est lancé par un Patrick Francis, un développeur afro-américain[13].

Comme sur Twitter, les utilisateurs peuvent aimer des publications, laisser des commentaires, utiliser des hashtags, et communiquer en privé ou par messages groupés.

Impact

Les circonstances de la mort de Trayvon Martin ont rendu Black Twitter plus visible sur la scĂšne publique.

Le meurtre de Trayvon Martin, un jeune afro-américain de 17 ans, reste impuni aprÚs la décision de la justice de l'état de Floride de ne pas inculper George Zimmerman, l'auteur du coup de feu qui Îta la vie de l'adolescent. Des personnalités célÚbres se sont insurgées une fois le verdict tombé : Miley Cirus, Jay-Z et Beyonce ou le président Barack Obama ont apporté leur soutien à la famille du jeune Trayvon. Ayant fait l'objet d'un panel SXSW Interactive en 2012 dirigé par la militante démocrate Kimberly Ellis[14] - [15], Black Twitter a obtenu l'attention d'un public plus large en juillet 2013, quand on lui a su gré d'avoir fait pression pour qu'un contrat de livre entre un agent littéraire de Seattle et l'un des jurés du procÚs de George Zimmerman, qui a participé à la disculpation de Zimmerman, soit annulé.

Les rĂ©actions de Black Twitter au livre proposĂ© par ce jurĂ©, dirigĂ©es par l'utilisateur de Twitter Genie Lauren (@MoreAndAgain), qui a lancĂ© une pĂ©tition change.org et atteint l’objectif en quelques heures, ont abouti Ă  l'abandon du contrat par l’éditeur[16] - [17] - [18] - [19] - [20] - [21].

Un autre exemple de l'influence de Black Twitter s'est produit en mai 2018 lorsque le fabricant de médicaments de Sanofi Aventis a répondu à Roseanne Barr, qui a accusé un sédatif de ce fabriquant pour le tweet raciste qu'elle avait publié, et qui avait entraßné l'annulation de son émission de télévision, Roseanne[22].

Barr a expliqué qu'elle "tweetait en bien" lorsqu'elle a comparé l'ancienne conseillÚre d'Obama Valerie Jarrett, à moitié afro-américaine, à « l'enfant des FrÚres musulmans et de La PlanÚte des singes »[23].

Sanofi a répondu: « Des gens de toutes races, religions et nationalités travaillent chaque jour chez Sanofi pour améliorer la vie des gens du monde entier. Bien que tous les traitements pharmaceutiques aient des effets secondaires, le racisme n'est pas un effet secondaire connu par aucun médicament de Sanofi[24]. »

En réponse aux bavardages et aux critiques sur Twitter, le personnage joué par Barr a été tué dans la série Roseanne par une overdose d'opioïdes. La série été renommée The Conners[25].

Démontrant l'influence continue de Black Twitter, un panel SXSW Education de 2019, organisé par Kennetta Piper, a été sélectionné pour aborder le sujet « Nous avons essayé de vous le dire: Black Twitter comme source! » Les panellistes comprennent Meredith Clark, Feminista Jones, Mia Moody-Ramirez et L. Joy Williams[26]. L'objectif de ce panel est de savoir comment les femmes noires créent une communauté et suscitent le changement via les médias sociaux et les communautés numériques, comment l'humour noir, au fil des siÚcles, offre un aperçu des intersections de la race, du genre et de la politique.

Black Twitter Ă  l'international

Au-delĂ  des États-Unis, des communautĂ©s se revendiquant comme « Black Twitter » ont vu le jour dans des pays africains, notamment en Afrique du Sud[27], mais aussi au Nigeria ou au Kenya[4].

En Afrique du Sud, Black Twitter emploie les 11 dialectes parlés dans le pays[27] - [28].

RĂ©ception

Jonathan Pitts-Wiley, un ancien rédacteur de The Root, a averti en 2010 que Black Twitter n'était qu'une tranche de la culture afro-américaine contemporaine.

« Pour les gens qui ne sont pas Ă  l'intĂ©rieur, Ă©crit-il, c'est une sorte de regard intĂ©rieur sur une tranche des modes de pensĂ©e noirs amĂ©ricains. Je veux ĂȘtre prĂ©cis Ă  ce sujet - ce n'est qu'une tranche. Malheureusement, cela peut ĂȘtre une tranche qui confirme ce que beaucoup de gens pensent dĂ©jĂ  savoir sur la culture noire[10]. »

La vice-présidente de New American Communities Initiatives at American Progress, Daniella Gibbs Leger, faisant référence à la controverse sur la vidéo de Tubman, dit que la morale de l'histoire est :

  1. Ne jouez pas avec Black Twitter car il viendra pour vous.
  2. Si vous ĂȘtes sur le point de publier une blague vraiment offensante, prenez 10 minutes et rĂ©flĂ©chissez-y vraiment.
  3. Il y a des gens vraiment drĂŽles et intelligents sur Twitter.
  4. Voir le numéro 1[19].

Critiques

Étiquetage

Alors que Black Twitter est utilisĂ© comme un moyen de communiquer au sein de la « communautĂ© noire », de nombreuses personnes en dehors de ladite communautĂ© et Ă  l'intĂ©rieur ne comprennent pas la nĂ©cessitĂ© de l'Ă©tiqueter. Meredith Clark, professeur Ă  l'UniversitĂ© de North Texas qui Ă©tudie les communautĂ©s noires en ligne, note que certains utilisateurs de BT ne font pas de distinction entre Twitter et Black Twitter, et que le terme « Black Twitter » peut ĂȘtre offensant[29] - [30]. »

Absence d'intersectionnalité

Il est reprochĂ© Ă  Black Twitter son manque d'intersectionnalitĂ©. Un exemple pris gĂ©nĂ©ralement pour illustrer cela est celui des tweets faits aprĂšs que le rappeur Tyga a Ă©tĂ© photographiĂ© avec l'actrice transgenre Mia Isabella[31]. Alicia Garza, l'une des fondatrices du mouvement Black Lives Matter, a expliquĂ© l'importance de l'intersectionnalitĂ© et en fait l'une des prioritĂ©s du mouvement. Elle a Ă©crit que beaucoup de gens trouvent certains « hommes noirs charismatiques » plus attrayants, ce qui laisse « les sƓurs, les queers, les trans et les personnes handicapĂ©es [noires] [Ă ] assumer des rĂŽles en arriĂšre-plan »[32].

D'aprĂšs Dexter Thomas, sur Black Twitter - comme dans l'AmĂ©rique traditionnelle - les hommes hĂ©tĂ©rosexuels sont gĂ©nĂ©ralement prioritaires. Lorsque la Cour suprĂȘme des États-Unis avait lĂ©galisĂ© le mariage homosexuel aux États-Unis, certains utilisateurs noirs de Twitter ont demandĂ© quand il serait lĂ©gal d'ĂȘtre noir. Certaines personnes ont voulu dire cela comme une blague ironique. Pour d'autres, c'Ă©tait une accusation : que les droits des homosexuels blancs se font au dĂ©triment de tous les Noirs.

Mais d’autre part, beaucoup d’utilisateurs noirs de Twitter rejettent l’idĂ©e que les droits des homosexuels et les droits des Noirs sont mutuellement exclusifs.

Voir aussi

Notes et références

  1. AndrĂ© Brock, « From the Blackhand Side: Twitter as a Cultural Conversation », Journal of Broadcasting & Electronic Media, vol. 56, no 4,‎ , p. 529–549 (ISSN 0883-8151, DOI 10.1080/08838151.2012.732147, lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. (en) Merrill Perlman, « Black and white: Why capitalization matters », sur Columbia Journalism Review, (consulté le ).
  3. (en-US) Lori L. Tharps, « Opinion | The Case for Black With a Capital B », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne).
  4. Andrea Palasciano, « Black Twitter : ĂȘtre noir aux Etats-Unis, 140 signes Ă  la fois », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. (en) Feminista Jones, « Is Twitter the underground railroad of activism? », sur Salon, (consulté le ).
  6. Agathe Auproux, « Black Twitter: la puissance d'une communauté dans la communauté », sur Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  7. Ablaye Kane, « Black Twitter : présentation d'un phénomÚne », sur la-pause-actu, (consulté le ).
  8. « Black Twitter : ĂȘtre noir aux Etats-Unis, 140 signes Ă  la fois », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. (en-US) AndrĂ© Brock, « From the Blackhand Side: Twitter as a Cultural Conversation », Journal of Broadcasting & Electronic Media, vol. 56, no 4,‎ , p. 529–549 (ISSN 0883-8151, DOI 10.1080/08838151.2012.732147, lire en ligne, consultĂ© le ).
  10. (en) Farhad Manjoo, « How black people use Twitter. », sur Slate Magazine, (consulté le ).
  11. (en-US) Chase Hoffberger, « The demystification of “Black Twitter” », sur The Daily Dot, (consultĂ© le ).
  12. (en) April Williams et Doris Domoszlai, « #BlackTwitter: a networked cultural identity | The Ripple Effect » [archive du ], sur harmonylabs.org, (consulté le ).
  13. Kimberly B. Johnson (trad. Sophie Janinet), « Blitter : le nouveau réseau social dédié à la communauté noire », sur Konbini, (consulté le ).
  14. (en-US) Kiana Fitzgerald, « Preview – The Bombastic Brilliance of Black Twitter », sur SXTXState, (consultĂ© le ).
  15. (en-US) Suzanne Choney, « It's a black Twitterverse, white people only live in it », sur TODAY.com, (consulté le ).
  16. (en-US) Shani O. Hilton, « The Secret Power Of Black Twitter », sur BuzzFeed News, (consulté le ).
  17. (en-US) Jessica Testa, « Zimmerman Juror Decides Not To Write Book About Trial », sur BuzzFeed News, (consulté le ).
  18. (en-US) Glen Tickle, « How Twitter Killed Zimmerman Trial Juror B37’s Book Deal », sur www.themarysue.com, (consultĂ© le ).
  19. (en-US) Daniella Gibbs Leger, « Don't Mess With Black Twitter », sur HuffPost, (consulté le ).
  20. (en) Julianne Malveaux, « Russell Simmons Violates Harriet Tubman », sur www.lawattstimes.com, (consulté le ).
  21. (en-US) Melia Robinson, « Spike Lee Slams Russell Simmons For Producing Mock Harriet Tubman Sex Tape », sur Business Insider, (consulté le ).
  22. (en-US) Ashley May, « Ambien maker to Roseanne: Racism is not a side effect of our drug », sur USA TODAY, (consulté le ).
  23. (en-US) Lia Eustachewich, « Ambien maker trolls Roseanne Barr on Twitter », sur Page Six, (consulté le ).
  24. (en-US) @SanofiUS, « People of all races, religions and nationalities work at Sanofi every day to improve the lives of people around the world. While all pharmaceutical treatments have side effects, racism is not a known side effect of any Sanofi medication. », sur Twitter, (consulté le ).
  25. (en-US) Bill Keveney, « 'The Conners' reveals how the show kills off Roseanne – and fired Roseanne Barr responds », sur USA TODAY (consultĂ© le ).
  26. (en) « We Tried to Tell Y’all: Black Twitter As A Source », sur SXSW Schedule, (consultĂ© le ).
  27. (en-US) Kenichi Serino, « #RainbowNation: The rise of South Africa's 'black Twitter' », Christian Science Monitor,‎ (ISSN 0882-7729, lire en ligne, consultĂ© le ).
  28. « Black Twitter: quand la communautĂ© noire s’empare des rĂ©seaux sociaux », sur Slate Afrique, (consultĂ© le ).
  29. (en-US) Jeff Guo, « What people don’t get about ‘Black Twitter’ », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consultĂ© le ).
  30. (en) Jenna Wortham, « Black Tweets Matter », sur Smithsonian Magazine, (consulté le ).
  31. (en) « 11 Times Black Twitter Dragged Tyga », sur The Latest Hip-Hop News, Music and Media | Hip-Hop Wired, (consulté le ).
  32. (en-US) Dexter Thomas, « Perspective: When 'Black Twitter' sounds like 'White Twitter' », sur Los Angeles Times, (consulté le ).

Liens externes

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