Bernard Pesquet
Bernard Pesquet, né le a Heugleville-sur-Scie[1] et mort le au Centre pénitentiaire de Fresnes, est un tueur en série français, surnommé le « Landru du Val-d'Oise ».
Bernard Pesquet | |
Tueur en série | |
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Information | |
Nom de naissance | Bernard Albert Pesquet |
Naissance | Heugleville-sur-Scie (Seine-Maritime) |
Décès | Maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) |
Nationalité | français |
Surnom | Le Landru du Val-d'Oise Le Landru de Pierrelaye Le petit Ă©lectricien |
Condamnation | |
Sentence | Réclusion criminelle à perpétuité |
Actions criminelles | Assassinats |
Victimes | au moins 6 |
PĂ©riode | - |
Pays | France |
RĂ©gions | Haute-Normandie, ĂŽle-de-France |
Ville | Rouen, Pierrelaye, Neuilly-sur-Seine |
Arrestation | |
Pesquet est l'assassin d'au moins six personnes. Son premier meurtre a été commis le , alors qu'il avait 19 ans. Pesquet a alors passé 20 ans en prison pour ce crime, avant d'avoir été libéré, le .
Ce n'est que le , que Pesquet a recommencé à tuer, en commençant par son épouse, puis son agent immobilier, le , ainsi qu'un couple âgé fortuné et leur domestique, le .
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Pesquet est mort au Centre pénitentiaire de Fresnes, le , après avoir passé au total 53 ans de sa vie en prison.
Le commissaire Claude Cancès, qui a enquêté sur l'affaire, est resté convaincu que Pesquet a commis d'autres meurtres et assassinats.
Biographie
Jeunesse
Bernard Pesquet naît le à Heugleville-sur-Scie. À la mort de sa mère, il est élevé par son grand-père maternel jusqu'en 1931, après avoir été rejeté sans relâche par la compagne de ce dernier.
En 1936, à 14 ans, Pesquet est envoyé en pension pour une durée de quatre mois. Il exerce son premier travail dans une verrerie, mais abandonne au bout d'un an[1].
En 1938, Ă 16 ans, Pesquet rejoint son oncle Ă Rouen pour devenir cuisinier, mais quitte son emploi un mois plus tard[1].
Le , à 17 ans et demi, Pesquet est poursuivi pour vol à l'étalage, avant d'être acquitté par la suite ; faute de preuve et d'éléments à charges[1].
Le , jour de ses 18 ans, Pesquet réussit son examen de radio-électricien. Il obtient son émancipation puis s'installe dans un deux-pièces, 95, rue aux Ours, dont il fait à la fois son logement et son atelier. Dans le quartier, Pesquet est surnommé « le petit électricien ».
En , Pesquet est requis afin de travailler au Foyer du Soldat allemand. Tous les matins, une traction-avant noire vient le chercher afin d'effectuer plusieurs réparations dans les différents dépôts et bâtiments de la ville. Pesquet fait son métier avec la conscience et l'habileté que tous connaissent. Pesquet, étant ballotté par des évènements qui le dépassent, semble ne pas se poser de questions, alors que d'autres le décrivent comme « mystérieux ». De temps à autre, John Anderson vient le voir chez-lui, sous différents prétextes.
En 1941, Pesquet fait la connaissance d'un certain Julien Quibel, un jeune homme d'une vingtaine d'années, qui devient rapidement son amant. Pesquet expliquera par la suite qu'il avait découvert que Quibel était un collaborateur.
Premier crime
Dans la nuit du à Rouen vers 23 h, Pesquet bat à mort Julien Quibel, à coup de barre de fer et lui taillade les veines à l'aide d'un rasoir. N'ayant aucune possibilité de se défendre contre son amant, Quibel meurt de ses blessures. A la suite de son crime, Pesquet se rend au domicile de Quibel et dérobe ses économies, avant de retourner chez-lui. Le corps est retrouvé le lendemain, non-loin de chez Pesquet. Bien qu'âgé de 19 ans, Pesquet est vite soupçonné par les proches de Quibel en raison de leur relation amoureuse.
Le , Pesquet est arrêté et placé en garde à vue. Lors de son audition, Pesquet se joue des forces de l'ordre. Ce n'est qu'au troisième jour de sa garde à vue, qu'il avoue avoir tué Julien Quibel dans le but de lui voler ses économies ainsi qu'en raison de sa collaboration avec les Allemands[2]. Il est placé en détention provisoire pour l'assassinat de son amant[2]. Ayant plus de seize ans, Pesquet encourt la peine de mort, même si celle-ci a peu de chance d'être appliquée, car le jeune homme est encore mineur (la majorité étant fixée à 21 ans à l'époque).
Le procès de Bernard Pesquet se tient le , devant la Cour d'assises de Rouen[3]. Au terme de son jugement, Pesquet est condamné aux travaux forcés à perpétuité[4]. Malgré l'abolition du bagne (aboli en 1938), la perpétuité ne permet pas de possibilité de libération. Pesquet s'attend alors à mourir pendant sa peine de travaux forcés à perpétuité.
Le , alors qu'il débute sa peine à la Prison de Fontevraud, Pesquet se rétracte de son crime et nie désormais avoir tué Julien Quibel. Pesquet affirme son intention de se pourvoir en cassation, mais le recours s'avère impossible, le délai étant dépassé. Au début de l'incarcération de Pesquet, la France est en pleine guerre et beaucoup de détenus meurent de faim en détention. Pesquet parvient cependant à survivre de ces famines quotidiennes, du fait de son jeune âge[5].
Bernard Pesquet dépose, le , une demande de révision de son procès. Il explique que sa demande tardive est liée à la Libération afin d'attendre que tous les occupants soient partis. Pesquet affirme avoir avoué son crime, de peur des représailles des occupants. De ce fait, la requête de Pesquet est envoyée au ministère de la justice[5].
En , la cour de révision rejette la requête de Pesquet[5].
Le , les travaux forcés sont abolis en France. La peine de Pesquet devient une réclusion criminelle à perpétuité, aménageable au bout de quinze ans de détention. Ayant déjà purgé près de dix-neuf ans de détention, Pesquet attend sa libération avec impatience : il s'agit d'un prisonnier sans histoire et bien noté par l'Administration pénitentiaire, ayant participé au déminage d'Angers à la Libération[6].
En , Pesquet obtient une grâce, qui commue sa peine en 20 ans de réclusion criminelle. Ayant déjà purgé sa peine, sa demande de libération conditionnelle est immédiatement acceptée.
Libération et répit présumé
Bernard Pesquet est libéré le , après 20 ans passés en prison[7]. Âgé de 39 ans, il se dit « heureux » de pouvoir enfin construire une vie. Il devient également peintre et créé sa propre entreprise[8].
En , Pesquet rencontre Christiane Ruaux (née le )[9] avec qui il se marie en [7].
À partir du début des années 1970, Christiane commence à fuguer lorsque des disputes éclatent avec Pesquet. Elle est décrite comme étant une « femme volage » n'hésitant pas à quitter la maison pour vaquer à ses occupations.
En , le couple Pesquet entame un déménagement à Pierrelaye et s'y installe au début de l'année 1973[8].
En 1974, après seulement cinq ans et demi de mariage, Christiane découvre le passé criminel de son mari ainsi que son homosexualité : qui semble plutôt être une bisexualité. En apprenant que son épouse souhaite le quitter, Pesquet devient alors méfiant.
Assassinats en série
Le , Pesquet tend une embuscade à sa femme Christiane, âgée de 31 ans, et la tue à l'aide d'une pistolet 7.65 mm. À la suite de cela, il la laisse agoniser, l'enveloppe dans des draps, puis la descend dans le sous-sol et enterre son cadavre sous un mètre de terre dans son second sous-sol, à son domicile de Pierrelaye. Dans les jours suivant l'assassinat de sa femme, Pesquet est questionné par son voisinage. Pesquet fait croire à une nouvelle fugue de la part de son épouse, à la suite d'une énième dispute du couple[10].
Pesquet écrit une lettre aux parents de son épouse, le , expliquant que leur fille s'était révélée une « épouse volage », « intéressée » et « dépensière ». Pesquet écrit également dans sa lettre, qu'il se désole du « départ » de son épouse. Bien que son affirmation soit crédible, Christiane est néanmoins recherchée, mais pour un simple prêt non-remboursé à sa famille. À la suite de cela, la disparition de Christiane Ruaux (épouse Pesquet) se solde par un classement sans suite.
Le , Henri Francqui, un agent immobilier de 52 ans, se rend chez Pesquet à Pierrelaye, afin de lui acheter sa maison après plusieurs tentatives infructueuses par le passé. Agacé par l'agent immobilier, Pesquet abat mortellement Francqui à l'aide de son pistolet 7.65 mm. Une fois le meurtre commis, Pesquet enterre le corps de sa victime dans le sous-sol, comme il l'avait fait avec son épouse[11]. Ruiné financièrement, Pesquet utilise par la suite le chéquier de Francqui afin de faire quelques courses et vend également la voiture de ce dernier dans le but de faire face à ses problèmes financiers[12].
Pesquet se rend Neuilly-sur-Seine, le , vers 11 h 30, chez un couple de retraités vivant en compagnie de leur domestique : Émile Bergaud, 73 ans, son épouse Alice Bergaud, 71 ans, ainsi que leur domestique Alfeia Borgioni, âgée de 63 ans. Sous prétexte de repeindre la maison du couple retraité, Pesquet, de nouveau endetté, tue le couple Bergaud ainsi qu'Alfeia Borgioni, à l'aide de son pistolet 7.65 mm, avant de dérober le butin et les objets de valeurs et de s'en aller sans que personne l'arrête. Le commissaire Claude Cancès est immédiatement saisi de cette affaire d'homicide. Les policiers découvrent qu'Alice Bergaud avait reçu une lettre de Bernard Pesquet, dans laquelle ce dernier avait annoncé venir au domicile du couple[12] - [13].
Le , sachant que Pesquet habite dans la région, les gendarmes se rendent chez lui en vue d'un témoignage. Mais, ces derniers apprenant que Pesquet a déjà passé 20 ans de sa vie en prison pour meurtre, décident de le placer immédiatement en garde à vue. Des bijoux et des lingots d'or appartenant au couple Bergaud sont ainsi retrouvés au domicile de Pesquet, mais l'homme de 54 ans reste muet sur le triple meurtre de Neuilly-sur-Seine[10].
Instruction et abolition de la peine de mort
Le , Pesquet est inculpé pour le triple assassinat des époux Bergaud et de leur domestique puis placé en détention provisoire. Il encourt la peine de mort. Cependant, les gendarmes, dont Claude Cancès, le soupçonnent d'être à l'origine de plusieurs disparitions suspectes et non-résolues, dont la disparition de son épouse survenue moins de deux ans plus tôt[10].
Le , les enquêteurs renouvellent leur perquisition et trouvent le squelette de Christiane Ruaux et le corps en décomposition avancée d'Henri Francqui. Acculé, Pesquet avoue les deux assassinats et en est également inculpé. Pesquet gagne aussitôt le surnom de Landru du Val-d'Oise. Heureux d'avoir inculpé le récidiviste, le commissaire Claude Cancès et les autres enquêteurs restent tout de même persuadés que Pesquet ait pu tuer d'autres personnes entre sa libération de prison en et son arrestation en [10].
Pesquet tente de s'évader, le , mais est immédiatement maîtrisé par des gardiens de la prison[14].
Durant sa détention provisoire, Pesquet et ses avocats tentent, tant bien que mal, de plaider une quelconque pathologie mentale, afin d'obtenir son irresponsabilité pénale et de lui éviter la peine de mort. La défense de Pesquet s'appuie sur le fait que l'inculpé se met à peindre divers tableaux avec, selon eux, différentes « déconnexions de la réalité », pouvant ainsi laisser penser que Pesquet serait atteint de schizophrénie. Les experts psychiatres contestent toutefois la requête de la défense, démontrant que Pesquet cherchait à retarder son jugement, afin d'éviter la guillotine. À la suite des manipulations de Pesquet, les experts psychiatres prouvent ainsi qu'il avait conscience que ses crimes et, ne souffrant d'aucune pathologie mentale, le jugent donc responsable de ses actes.
En 1981, âgé de 59 ans, Pesquet est renvoyé devant la Cour d'assises du Val-d'Oise pour assassinats en état de récidive[12].
La peine de mort est finalement abolie le par Robert Badinter, devenu Garde des sceaux. Pesquet encourt désormais la réclusion criminelle à perpétuité.
Procès
Le procés de Bernard Pesquet débute le , devant la Cour d'assises du Val-d'Oise. Il est alors âgé de 60 ans[15].
Pesquet est jugé pour les assassinats de Christiane Ruaux (), celui d'Henri Francqui (), ainsi que le triple assassinat de Neuilly-sur-Seine ()[15]. L'instruction aura duré près de 6 ans, ce qui en fait la plus longue détention provisoire de l'époque. Lors de son jugement, Pesquet plaide le « crime passionnel » vis-à -vis du meurtre de son épouse, puis avoue avoir tué Henri Francqui car ce dernier l'insupportait avec la demande d'achat de sa maison. Il maintient toujours ses dénégations pour le triple homicide de Neuilly-sur-Seine.
Au terme de son procès, Pesquet est condamné le à la réclusion criminelle à perpétuité[16].
Contestant sa condamnation, Pesquet forme un pourvoi en cassation, qui casse le verdict pour vice de forme le [17] - [18].
Le nouveau procès de Bernard Pesquet débute le , devant la Cour d'assises de Paris. Il est réjugé pour ses cinq assassinats mais, atteint d'une tumeur de la prostate, ce dernier ne se présente pas. Hospitalisé, Pesquet nie toujours triple meurtre de Neuilly-sur-Seine et ne revient à l'audience que le , à la veille du verdict[17].
Âgé de 62 ans, Pesquet est de nouveau condamné, le , à la réclusion criminelle à perpétuité.
Mort
Incarcéré durant près de 33 ans, Bernard Pesquet meurt le à la maison d'arrêt de Fresnes, à l'âge de 87 ans. Il aura passé au total 53 ans de sa vie en prison[19].
Notes et références
- Serge Livrozet, Rue aux ours, précédé d'un texte sur le droit d'écrire : Document, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-15173-3, lire en ligne), p. 25-28.
- Claude Cancès, Histoire du 36 quai des Orfèvres Nouvelle édition, Mareuil Éditions, , 520 p. (ISBN 978-2-37254-126-8, lire en ligne).
- Justice, « Plaidyer pour un monstre », Justice,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF])
- Luc Briand, La Revanche de la guillotine, Univers Poche, , 143 p. (ISBN 978-2-37067-048-9, lire en ligne).
- Serge Livrozet, Rue aux ours, précédé d'un texte sur le droit d'écrire: Document, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-15173-3, lire en ligne)
- Le Nouvel Observateur, « Un monstre si ordinaire »,
- Jean-Pierre Van Geirt, Guide de la France des faits divers, FeniXX réédition numérique, , 372 p. (ISBN 978-2-402-16345-3, lire en ligne).
- « L'auteur présumé du triple meurtre de Neuilly a été déféré au parquet », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Coret Genealogie, « Décès Christiane Yvonne Francoise Ruaux le 11 août 1976 à Pierrelaye, Val-d'Oise, Île-de-France (France) », sur Archives Ouvertes (consulté le )
- M. B.-R., « M. Bernard Pesquet reconnaît avoir tué son épouse et un agent immobilier L'homme qui élevait des paons », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Bernard Pesquet | Murderpedia, the encyclopedia of murderers », sur murderpedia.org (consulté le )
- « Reportages faits divers - samedi 12 janvier 2019 - page 15 sur 32 », sur www.telescoop.tv (consulté le )
- Jacques Pradel et Charles Deluermoz, « Bernard Pesquet, le Landru du Val d'Oise », RTL,‎ (lire en ligne)
- « M. Bernard Pesquet a tenté de s'évader », Le Monde,‎ (lire en ligne)
- Jean-Marc Théolleyre, « Aux assises du Val-d'Oise Bernard Pesquet par lui-même », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Pierre Van Geirt, La Crim' : les grandes affaires de la Brigade criminelle, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-10236-0, lire en ligne).
- « Le procès d'un absent », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Cour de Cassation, Chambre criminelle, du 12 juillet 1983, 82-92.494, Publié au bulletin (lire en ligne)
- « Espace de Recueillement de Monsieur Bernard PESQUET », sur www.libramemoria.com (consulté le )
Voir aussi
Documentaires télévisés
- « Affaire Bernard Pesquet, un crime peut en cacher un autre », le dans Au bout de l'enquête, la fin du crime parfait ? sur France 2.
Émission radiophonique
- « Bernard Pesquet, le Landru du Val-d'Oise » le dans L'Heure du crime, présentée par Jacques Pradel.