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Assemblée de l'an XIII

L'AssemblĂ©e de l'an XIII (en esp. Asamblea del Año XIII), dĂ©signĂ© Ă©galement par AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale constituante de l’an 1813[1] (Asamblea General Constituyente del Año 1813), Ă©tait une assemblĂ©e que le second triumvirat, arrivĂ© au pouvoir en octobre 1812 dans les Provinces Unies du RĂ­o de la Plata, avait dĂ©cidĂ© de convoquer afin qu’elle proclamĂąt l’indĂ©pendance, rĂ©digeĂąt une constitution, et dĂ©finĂźt une structure institutionnelle pour le nouvel État.

Si elle Ă©tait censĂ©e, dans le dessein originel, reprĂ©senter l’ensemble des populations du territoire rĂ©cemment Ă©mancipĂ©es, elle ne rĂ©ussit cependant pas Ă  intĂ©grer en son sein des reprĂ©sentants des provinces de l’intĂ©rieur. D’autre part, des intĂ©rĂȘts sectoriels divergents, divisant les dĂ©putĂ©s, eurent pour effet de faire ajourner la dĂ©claration d’indĂ©pendance. NĂ©anmoins, au cours de ses deux annĂ©es d’existence, l’AssemblĂ©e de l'an XIII fut conduite Ă  prendre une sĂ©rie de rĂ©solutions importantes.

Inaugurée le , mais bientÎt rongée par des désaccords internes et confrontée aux prémices de la guerre civile argentine, puis se bornant finalement au rÎle de chambre d'enregistrement d'un exécutif autoritaire, elle tint sa derniÚre séance en .

Résolutions prises par l'Assemblée

Sceau de l’AssemblĂ©e de l'an XIII.

Entre autres résolutions, l'Assemblée de l'an XIII :

  • Ă©tablit le blason national argentin ;
  • donna mission de composer un hymne national argentin ;
  • dĂ©crĂ©ta la libertĂ© des ventres des femmes esclaves ;
  • abolit les majorats et les titres de noblesse ;
  • affranchit les indigĂšnes de l’obligation de payer tribut ;
  • fit battre la monnaie nationale ;
  • mit fin Ă  l’inquisition et Ă  la pratique de la torture ;
  • interdit le trafic des esclaves ;
  • approuva un statut rĂ©glementaire tendant Ă  remplacer le triumvirat par un Directoire unipersonnel.

En ce qui concerne l'esclavage, les promoteurs de son abolition annoncĂšrent que leur premiĂšre mesure serait la libĂ©ration de tous les esclaves sur le territoire national. Cela provoqua les protestations irritĂ©es du BrĂ©sil, car nombre des esclaves de ce pays s’enfuyaient vers le territoire du RĂ­o de la Plata. En consĂ©quence, seule fut promulguĂ©e la loi dite de libertĂ© des ventres : aux termes de celle-ci furent dĂ©clarĂ©s libres les enfants des esclaves nĂ©s sur le territoire des Provinces Unies aprĂšs la date de sa promulgation. L’esclavage ne fut aboli dĂ©finitivement que par la Constitution argentine de 1853.

Évolution

L’AssemblĂ©e adopta le principe de souverainetĂ© nationale, pour la premiĂšre fois au nom du peuple, et non du roi Ferdinand VII. Elle s’en autorisa pour assumer la direction du gouvernement, et durant les premiers mois de 1813, eut une autoritĂ© de loin supĂ©rieure Ă  celle du triumvirat.

Avec le passage du temps, grĂące en partie au plaidoyer de Bernardo de Monteagudo, l’assemblĂ©e dĂ©cida de cĂ©der l’initiative au pouvoir exĂ©cutif. Elle suspendit Ă  plusieurs reprises ses sĂ©ances, laissant alors toute libertĂ© au triumvirat pour gouverner sans limitation aucune.

DĂ©but 1814, l’AssemblĂ©e accomplit un pas supplĂ©mentaire en direction de la concentration du pouvoir aux mains de l’exĂ©cutif, lorsque fut instaurĂ© le Directoire, rĂ©gime unipersonnel, Ă  la tĂȘte duquel elle Ă©lut un des membres les plus rĂ©cents du triumvirat, Gervasio Posadas, qui gouverna quasiment sans jamais consulter l’AssemblĂ©e.

À partir de la deuxiĂšme moitiĂ© de l’annĂ©e 1814, l’AssemblĂ©e cessa presque totalement de se rĂ©unir : Ă  peine deux fois encore sous le gouvernement de Posadas, dont la seconde du reste ne servit qu'Ă  Ă©lire un successeur Ă  Posadas, en la personne du gĂ©nĂ©ral Carlos MarĂ­a de Alvear. Sous le gouvernement de ce dernier, elle ne se rĂ©unit plus qu’une seule fois, et ce ne fut que pour entĂ©riner l’action du Directeur suprĂȘme.

En dĂ©finitive, les objectifs en vue desquels l’AssemblĂ©e de l’an XIII avait Ă©tĂ© convoquĂ©e ne furent pas remplis. Entre-temps, le roi Ferdinand VII Ă©tait remontĂ© sur le trĂŽne et fit savoir son intention d’en finir avec toute vellĂ©itĂ© rĂ©volutionnaire tant en AmĂ©rique qu’en Espagne.

Députés élus

Le , le triumvirat dĂ©crĂ©ta : « Article 6°. La prĂ©sente capitale aura, eu Ă©gard Ă  sa population et son importance politique plus grandes, quatre dĂ©putĂ©s ; les autres capitales de province en nommeront deux, et chaque ville sous sa dĂ©pendance un, Ă  l’exception de TucumĂĄn, qui pourra Ă  discrĂ©tion ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par 2 dĂ©putĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e[2]. » Furent ainsi Ă©lus[3]: par Buenos Aires : HipĂłlito Vieytes, ValentĂ­n GĂłmez, Vicente LĂłpez y Planes et JosĂ© JuliĂĄn PĂ©rez ; par Salta : Pedro Agrelo et JosĂ© Moldes ; par CĂłrdoba : Juan Larrea et Gervasio Posadas ; par Corrientes : Carlos de Alvear ; par San Juan : TomĂĄs Antonio Valle ; par Mendoza : Bernardo Monteagudo ; par Santiago del Estero : Mariano Perdriel ; par Catamarca : JosĂ© FermĂ­n Sarmiento ; par La Rioja : JosĂ© Ugarteche ; par TucumĂĄn : NicolĂĄs Laguna et Juan RamĂłn Balcarce ; par San Luis : AgustĂ­n JosĂ© Donado ; par Jujuy : Pedro Vidal ; par Entre RĂ­os : RamĂłn Eduardo Anchoris ; par Santa Fe : JosĂ© AmenĂĄbar ; enfin par LujĂĄn : Francisco Argerich.

Représentants du Haut-Pérou

Sous la protection de l’armĂ©e du Nord et des rĂ©publiquettes furent Ă©lus pour l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale constituante, au nom du Haut-PĂ©rou, les reprĂ©sentants suivants[4] : par Santa Cruz de la Sierra : Antonio SuĂĄrez et Cosme DamiĂĄn Urtubey (ne prirent pas place dans l’AssemblĂ©e) ; par Cochabamba : JosĂ© Miguel de Cabrera et AndrĂ©s Pardo de Figueroa[5] (ne prirent pas place dans l’AssemblĂ©e) ; par Chuquisaca : JosĂ© Mariano Serrano et Ángel Mariano Toro ; par PotosĂ­ : SimĂłn DĂ­az de Ramila et Gregorio Ferreira ; par La Paz : RamĂłn Mariaca (ne prit pas place dans l’AssemblĂ©e) ; enfin par Mizque : Pedro Ignacio de Rivera.

Dissensions internes

Territoires ayant Ă©lu des dĂ©putĂ©s Ă  l’AssemblĂ©e de l'an XIII.

Une des premiĂšres mesures annoncĂ©es par l’AssemblĂ©e fut celle de dĂ©clarer les dĂ©putĂ©s comme Ă©tant ceux de la Nation (de la NaciĂłn), et non des peuples (de los pueblos), c’est-Ă -dire des provinces. En outre, il fut dĂ©niĂ© aux cabildos qui les avaient nommĂ©s le loisir de les rĂ©voquer ; c’était lĂ  un pas important en direction d’un rĂ©gime de gouvernement unitaire.

En concordance avec cette mesure, l’on refusa, quelques mois plus tard, Ă  incorporer les dĂ©putĂ©s de la Bande Orientale, Ă©lus le Ă  l’occasion du CongrĂšs de Tres Cruces, sous la protection du chef des Orientales et dirigeant du parti fĂ©dĂ©raliste, JosĂ© Artigas. En dĂ©pit de la raison invoquĂ©e – quelque vice de forme dans cette Ă©lection – le motif rĂ©el de ce refus Ă©taient les instructions, dites instructions de l’an XIII, formulĂ©es par Artigas, et votĂ©es lors de l’AssemblĂ©e de Tres Cruces, dont Ă©taient porteurs les dĂ©putĂ©s orientaux et qui tendaient Ă  ce que fĂ»t dĂ©clarĂ©e sans dĂ©lai l’indĂ©pendance d’avec le royaume d’Espagne et Ă  instituer pour les provinces un gouvernement de type fĂ©dĂ©ral.

Les six députés orientaux ainsi refoulés représentaient les six cabildos de la province[6]: pour Montevideo : Dåmaso Larrañaga et Mateo Vidal ; pour Maldonado : Dåmaso Gómez Fonseca ; pour Canelones : Felipe Cardoso ; pour San Juan Bautista (actuelle Santa Lucía) et San José : Marco Salcedo ; pour Santo Domingo Soriano : Francisco Bruno de Rivarola.

Ces mesures eurent pour effet d’envenimer les relations du pouvoir central avec les provinces, en particulier avec la Bande Orientale et avec Artigas, et jetĂšrent le germe des guerres civiles argentines, qui Ă©clatĂšrent en et firent s’affronter fĂ©dĂ©raux et unitaires pendant plus de soixante ans.

SĂ©ance inaugurale

À la sĂ©ance inaugurale de l’AssemblĂ©e, tenue le , se trouvaient prĂ©sents les dĂ©putĂ©s : Carlos de Alvear, Mariano Perdriel, Juan Larrea, Gervasio Posadas, JosĂ© F. Sarmiento, Vicente LĂłpez, HipĂłlito Vieytes, JosĂ© V. GĂłmez, Francisco Argerich, TomĂĄs A. Valle, Juan RamĂłn Balcarce, JosĂ© Ugarteche, Pedro Vidal, Bernardo de Monteagudo, AgustĂ­n Donado, Pedro Agrelo et JosĂ© Moldes.

Le triumvirat décréta ce jour :

« Le Pouvoir exĂ©cutif suprĂȘme provisoire des Provinces Unies du Rio de la Plata ; ceux qui voient, entendent et comprennent la prĂ©sente, sachez :
Que, vĂ©rifiĂ©e la rĂ©union de la plupart des DĂ©putĂ©s des Provinces libres du Rio de la Plata en la capitale de Buenos Aires, et installĂ©e ce jour d’hui l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale constituante, il a dĂ©crĂ©tĂ© les articles suivants :
Art. 1°— Qu’en elle rĂ©side la reprĂ©sentation et l’exercice de la souverainetĂ© des Provinces Unies du Rio de la Plata, et que son traitement soit celui de Souverain Seigneur, traitement avec lequel devra s’accorder celui de chacun de ses membres.
Art. 2°— Que son prĂ©sident soit monsieur le dĂ©putĂ© de la ville de Corrientes, D. Carlos Alvear.
Art. 3°— Que les secrĂ©taires de son bureau soient messieurs les dĂ©putĂ©s de Buenos Aires, D. ValentĂ­n GĂłmez et D. HipĂłlito Vieytes.
(...) »

DerniÚre séance

Lors de sa derniĂšre session, le , Ă©taient prĂ©sents les dĂ©putĂ©s suivants : NicolĂĄs Laguna (prĂ©sident, dĂ©putĂ© de TucumĂĄn), Pedro Ignacio Rivera (vice-prĂ©sident, dĂ©putĂ© de Mizque), ValentĂ­n GĂłmez (de Buenos Aires), TomĂĄs Antonio Valle (de San Juan), Francisco Ortiz (de Corrientes), RamĂłn Eduardo Anchoris (d’Entre RĂ­os), Francisco Argerich (de la Villa de LujĂĄn), Pedro FabiĂĄn PĂ©rez (de Montevideo), Bernardo Monteagudo (de Mendoza), JosĂ© FermĂ­n Sarmiento (de Catamarca), Pedro Feliciano de Cavia (de Montevideo), Mariano Perdriel (de Santiago del Estero), AgustĂ­n JosĂ© Donado (de San Luis), Manuel Luzuriaga (de Buenos Aires), JosĂ© AmenĂĄbar (de Santa Fe), Ángel Mariano Vieytes (secrĂ©taire, dĂ©putĂ© de Buenos Aires), Vicente LĂłpez (secrĂ©taire, dĂ©putĂ© de Buenos Aires)[7].

Dans la suite, durant le reste du gouvernement d’Alvear, l’AssemblĂ©e ne devait donc plus jamais se rĂ©unir. Elle fut officiellement dissoute Ă  la suite du coup d’État du .

Autorités

Présidents

Secrétaires

Références

  1. À noter donc que XIII renvoie tout simplement Ă  l’annĂ©e 1813 – sans analogie par consĂ©quent avec le calendrier rĂ©publicain français.
  2. DĂ©cret sur les convocations en vue des Ă©lections pour l’AssemblĂ©e de l’an XIII.
  3. El Federalismo Argentino: Fragmentos de La Historia de La Evolución Argentina, p. 251. Auteur : Francisco Ramos Mejía. Éditeur : BiblioBazaar, LLC, 2009. (ISBN 1-103-19612-X), 9781103196128
  4. Ni con Lima ni con Buenos Aires : la formaciĂłn de un estado nacional en Charcas, p. 378-379. Volume 248 de Travaux de l'I.F.E.A. (Institut français d'Ă©tudes andines). Auteur : JosĂ© Luis Roca. Éditeur : Plural Editores, 2007, La Paz - Bolivie. (ISBN 99954-1-076-1), 9789995410766
  5. Límites con Bolivia, p. 26. Auteurs : Juan Martín Leguizamón, Casiano J. Goettia. Publié en 1872
  6. Que hacer
  7. Trabajos lejislativos de las primeras asambleas arjentinas desde la Junta de 1811 hasta la disolución del Congreso en 1827, Volume 1. Pág. 104. Auteurs : Congreso de la Nación, Uladislao S. Frias. Éditeur : Imprenta de la Universidad, 1882.

Corrélat

Second triumvirat

Bibliographie

  • Busaniche, JosĂ© Luis, Historia argentina. Éd. Solar, Buenos Aires, 1969.
  • Segreti, Carlos S. A., La aurora de la Independencia. Memorial de la Patria, tome II, Éd. La Bastilla, Buenos Aires, 1980.
  • Ternavasio, Marcela, Gobernar la RevoluciĂłn, Éd. Siglo Veintiuno, Buenos Aires, 2007.
  • Asamblea del Año XIII, Dr Carlos Alberto Urquiza Denis.
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