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Arabie (province romaine)

La province romaine d'Arabie (ou Arabie Pétrée ou Arabie romaine) est créée en 106, après la conquête du royaume nabatéen sous protectorat romain. Sa capitale est Bosra et sa cité la plus célèbre est Pétra. Débouché des caravanes venues du Sud arabique ou du golfe Persique, le royaume nabatéen occupait une région importante pour les liaisons stratégiques des Romains entre l'Égypte d'une part, la Judée et la Syrie d'autre part. La province d'Arabie, malgré sa création tardive, est bien intégrée à l'empire, et sa région garde des traces archéologiques importantes de la présence romaine.

Petra
La province romaine d'Arabie Pétrée (en rouge bordeaux) dans l'Empire romain (en rouge clair)

ConquĂŞte

En 106, A. Cornelius Palma, légat de Syrie, occupe ce royaume sans difficulté et en fait une province impériale nommée Arabia, gouvernée par un légat d'Auguste propréteur, installé au nord de la nouvelle province, à Bostra (Bosra). La IIIe légion Cyrénaïque venue d'Égypte y est transférée. De là, elle protège l'Égypte et la Judée des éventuelles attaques venues de l'Est, et prépare le projet de Trajan de guerre contre les Parthes. En temps de paix, elle contrôle la grande route commerciale de Damas à Pétra, qui se dirige ensuite vers Aela (Aqaba) et la mer Rouge, l’Égypte et Alexandrie .

Après la conquête, la prospérité de Pétra diminue, concurrencée par les nouvelles routes commerciales partant de Palmyre et d'Alexandrie.

Histoire de la province

Redécoupage du diocèse d'Orient en l'an 400

Sous les derniers Antonins, Marc Aurèle et Commode, la garnison de la province est présente jusqu'aux limites de l'Arabie déserte, au plus près des routes menant vers l'Arabie Heureuse, notamment à Dumatha.

Au début du règne de Septime Sévère, la province est étendue vers le nord, aux dépens de la province de Syrie. Le christianisme s'implante à Bostra, la capitale et, vers 213-214, le gouverneur Furnius Julianus doit faire appel à l'évêque d'Alexandrie (qui lui envoie le jeune Origène) pour apaiser un conflit qui divisait les chrétiens de la province.

Un notable de l'ordre équestre originaire de la région de Bostra réussit une ascension exceptionnelle : M. Julius Philippus, ou Philippe l'Arabe participe en 241 à la campagne contre les Perses. Il remplace en 243 le défunt Timésithée comme préfet du prétoire et tuteur du jeune empereur Gordien III. En 244, les soldats éliminent Gordien III et proclament Philippe empereur. Il règne de 244 à 249 (c'est lui qui célèbre le millénaire de Rome en 248).

Au cours du IVe siècle, les réformes de la tétrarchie fractionnent l'Arabie romaine en provinces plus petites, et séparent les pouvoirs militaires et civils dans les provinces, à l'exception de l'Arabie Pétrée, gouvernée par un dux et praeses, ce qui témoigne des risques d’insécurité et de menaces extérieures contre cette province.

Le christianisme s'implantant dans l'empire romain, les lieux bibliques mythiques de la province d'Arabie voient l’édification de lieux de culte, tels que le monastère de Siyagha (en) du mont Nébo et de nombreuses églises. Les mosaïques de ces églises ont permis aux archéologues de caractériser une école de mosaïstes dite de Madaba (Carte de Madaba).

Au VIe siècle, Justinien Ier dégarnit la province de ses troupes permanentes et confie sa défense aux Ghassanides, Arabes chrétiens.

En 619, pour conquérir l'Égypte, les Perses Sassanides doivent passer par l'Arabie. Ils entrent en conflit avec Constantinople. Après la victoire définitive des Byzantins sur les Perses en 628, la province est réintégrée dans l'empire.

En 637, les musulmans mettent fin Ă  la domination romaine en s'emparant de JĂ©rusalem.

Au VIIIIe siècle, les tremblements de terre et les épidémies achèvent de ruiner la civilisation urbaine gréco-romaine de l'Arabie Pétrée.

Sites archéologiques

Deux villes constituent des sites majeurs de Jordanie :

D'autres vestiges antiques peuvent être visités tant en Syrie du sud qu'en Jordanie :

  • Bosra (capitale de la province, aujourd'hui Bosra en Syrie) ;
  • Philippopolis d'Arabie (Chahba, en Syrie du sud) ;
  • Rabbathmoba (Rabba en Jordanie) ;
  • Khirbet Dharih (temple rĂ©cemment fouillĂ© et restaurĂ© en Jordanie) ;
  • le limes Arabicus et les ruines des forteresses de Qasr Azraq, Qasr Bshir, ou le camp lĂ©gionnaire de Betthorus (Lejjun) ;
  • l'Ă©glise de Madaba et sa mosaĂŻque reprĂ©sentant une carte de la Palestine grĂ©co-romaine.

Annexes

Bibliographie

  • Pierre-Louis Gatier, « Grande » ou « petite Syrie Seconde » ? Pour une gĂ©ographie historique de la Syrie intĂ©rieure protobyzantine », Travaux de la Maison de l'Orient mĂ©diterranĂ©en, Lyon, Maison de l'Orient et de la MĂ©diterranĂ©e Jean Pouilloux,‎ , p. 91-109 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  • Hans-Georg Pflaum, « Les gouverneurs de la province romaine d'Arabie de 193 A 305 », Syria, t. 34, nos 1-2,‎ , p. 128-144 (lire en ligne).
  • Michele Piccirillo (prĂ©f. Maurice Sartre), L'Arabie chrĂ©tienne, Paris, Editions Mengès, , 260 p. (ISBN 978-2-85620-425-2).
  • Maurice Sartre, « Inscriptions inĂ©dites de l'Arabie romaine », Syria, t. 50, nos 1-2,‎ , p. 223-233 (lire en ligne).
  • SimĂ©on VailhĂ©, « Les garnisons romaines de la province d'Arabie », Échos d'Orient, t. 2, no 3,‎ , p. 89-95 (lire en ligne)
  • François Villeneuve, « Citadins, villageois, nomades : le cas de la Provincia Arabia (IIe-IVe s. ap. J.C.) », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 15, no 1,‎ , p. 119-14 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

    Références

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