Antoine Philippe Guesviller
Antoine Philippe Guesviller (Antoine Philippe Gues-Viller, selon son acte de naissance[1], né le à Paris 1er, décédé le à Paris 8e) est un sénateur et militaire français.
Antoine Philippe Guesviller Antoine Philippe Gues-viller | ||
Antoine Philippe Guesviller | ||
Naissance | Paris 1er, France |
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DĂ©cĂšs | (Ă 74 ans) 8e arrondissement de Paris |
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Origine | Français | |
Allégeance | France | |
Arme | Infanterie | |
Grade | Général de division | |
Années de service | 1810 | |
Distinctions | grand' croix de la LĂ©gion d'Honneur | |
Famille | Sophie de Malus (Ă©pouse) | |
Famille
Antoine Philippe est le fils de Philippe Guesviller (1753-1820) et de Henriette Partouneaux (1759-1816), laquelle est la sĆur du gĂ©nĂ©ral Louis Partouneaux (1770-1835) et la tante du gĂ©nĂ©ral Maurice Partouneaux (1798-1865). Louis Partouneaux est le beau frĂšre du gĂ©nĂ©ral Jean Baptiste FidĂšle BrĂ©a (1790-1848).
Il est intéressant de noter que parmi les témoins cités au contrat de mariage de ses parents, le , figurent Félicité Jean Louis de Durfort, ministre plénipotentiaire, son épouse Armande Jeanne Claude de Béthune, Louis Richard de la BretÚche receveur général des finances (1722-1804) et son frÚre Jean-Claude Richard de Saint-Non, ainsi que le secrétaire de Charles Juste de Beauvau-Craon maréchal de France.
Marie AurĂ©lie Guesviller, sĆur de Antoine Philippe, a Ă©pousĂ© Charles Louis CĂ©sar du Port de Pontcharra (1787-1858) colonel, inspecteur des Manufactures royales dâarmes.
Par son mariage, le , avec Sophie de Malus (1802-1868), il est le gendre de Louis François de Malus (1767-1851) officier de marine et chevalier de lâOrdre royal et militaire de Saint-Louis lui-mĂȘme fils de François de Malus (1737-1820) commissaire ordonnateur des guerres, commandeur de la LĂ©gion dâHonneur, baron dâEmpire, dont un autre fils, Marie SĂ©bastien (1769-1816), commissaire des guerres, est lâoncle par alliance de HonorĂ© de Balzac.
Sophie de Malus a deux frĂšres : Gustave François (1797-1858) qui est capitaine et participe Ă la conquĂȘte de lâAlgĂ©rie en 1830, et Victor Adolphe (1798-1883), gĂ©nĂ©ral de brigade.
La niĂšce du gĂ©nĂ©ral, Marguerite de Malus (fille de Victor Adolphe) avait une personnalitĂ© originale et Ă©crivait des romans roses pour la jeunesse, sous le pseudonyme transparent de Lionel de Movet. Dans le cĂ©lĂšbre livre de l'abbĂ© Bethleem " Romans Ă lire et romans Ă proscrire " (1928), sont notamment citĂ©s : " Les cimes du cĆur " (journal d'une jeune fille pendant la guerre), " Chemin secret " (un vrai chemin de croix, infortunes d'une jeune fille, sentiments Ă©levĂ©s), " Les griffes du destin " (deux nouvelles, dont la premiĂšre tragique), " Le coffret de jasmin " (moral et chrĂ©tien), " Le collier de turquoise " (livre plein d' Ă©pisodes Ă©difiants).
Ătienne Louis Malus (1775-1812) ingĂ©nieur, physicien et mathĂ©maticien est le neveu de François de Malus.
Le gendre du gĂ©nĂ©ral Guesviller, FĂ©lix Hudelist(1813-1900) est colonel et commandeur de la LĂ©gion dâHonneur.
Le fils du gĂ©nĂ©ral, Edmond (1833â1859), a Ă©pousĂ© Nathalie Heurard dâArmieu de Fontgalland (1835â1904), fille de Pierre Hyppolyte Heurard dâArmieu (1787â1864) garde du corps du roi Louis XVIII et de Claire Dubu dâAgville (1804â1853), fille de Michel Gaspard Dubu dâAgville (1756â1821), garde du corps de Louis XVI, chevalier de Saint Louis, lieutenant colonel de cavalerie.
Son petit-fils, Henri, a épousé Marthe Allut, fille de Louis Marie Auguste Allut (1835-1886) (arriÚre petit cousin de Antoine Allut) et de Laure Adelaïde Récamier (1845-1871).
Marthe est l'arriĂšre-petite-fille de Gabriel-Joseph de Jerphanion (1758-1832) prĂ©fet et baron dâEmpire et cousin issu de germains de Jean-Jacques-RĂ©gis de CambacĂ©rĂšs.
Son arriĂšre-petit-fils, RenĂ©, a Ă©pousĂ© HĂ©lĂšne Zolla, fille de Daniel Zolla, professeur Ă l'Ăcole libre des Sciences politiques et Ă l'Ăcole de Grignon, l'un des fondateurs de l'Ă©conomie agricole, et petite fille de lâamiral Ernest AmĂ©dĂ©e Mouchez (1821-1892)
Biographie
CarriĂšre militaire
Antoine Philippe Guesviller entre Ă lâĂcole spĂ©ciale militaire de Saint-Cyr le . Il y est nommĂ© caporal () puis sergent fourrier le .
Ă sa sortie, le , il est nommĂ© sous-lieutenant au 66e rĂ©giment d'infanterie de ligne et envoyĂ© en Espagne oĂč il fait les campagnes de 1810, 1811 et une partie de celles de 1812, sous les ordres successifs du duc de Dalmatie, du prince dâEssling et du duc de Raguse. Le , il est nommĂ© lieutenant. Le , il se distingue lors de la bataille des Arapiles (prĂšs de Salamanque) oĂč un coup de feu lui brise lâorteil du pied gauche ce qui lâoblige Ă rentrer en France.
Le , il est nommĂ© capitaine adjudant major dans le 20e rĂ©giment provisoire du 5e bataillon du 66e RI. Il se signale Ă nouveau Ă Lutzen, Bautzen, Dresde et Ă Leipzig oĂč il est griĂšvement blessĂ© par un biscaĂŻen qui lui traverse lâĂ©paule.
Il fait le rĂ©cit de cette journĂ©e dans une lettre adressĂ©e Ă son pĂšre: « Mon cher pĂšre et ami, je suis en ce moment hors de tout danger quoique, cependant, ma blessure soit encore bien ouverte, quâelle donne une suppuration trĂšs abondante ; avant-hier, on mâa sondĂ© ma plaie pour la dixiĂšme fois et on a retirĂ© plusieurs esquilles et plusieurs morceaux de drap qui Ă©taient restĂ©s dans lâintĂ©rieur. Cette opĂ©ration mâa beaucoup soulagĂ©. Je viens de passer au grand conseil de santĂ© de Metz qui a jugĂ© quâil fallait nĂ©cessairement que les eaux me redonnent la libertĂ© de mon bras dont je suis extrĂȘmement gĂȘnĂ© ; et en rĂ©sultat de cette dĂ©cision, jâai reçu lâordre du gĂ©nĂ©ral commandant la place de me rendre directement Ă mon dĂ©pĂŽt oĂč jây recevrai les nouveaux ordres du ministre de la Guerre. Je pense quâaprĂšs mon entiĂšre guĂ©rison, je passerai dans la Garde impĂ©riale, du moins on me lâa fait espĂ©rer. Permets moi maintenant de te donner une idĂ©e de la maniĂšre miraculeuse avec laquelle jâai pu Ă©chapper aux dangers vraiment inouĂŻs que jâai courus.
Câest le 16 octobre 1813, devant Leipsick Ă 9 heures du matin, que lâEmpereur a attaquĂ© les armĂ©s austro-russes. AprĂšs six heures dâune vive canonade, il les a entiĂšrement repoussĂ©es. Pendant cette affaire Ă une lieue sur la gauche, notre corps dâarmĂ©e observait un corps suĂ©dois de 30 000 hommes, disait-on. LâaprĂšs midi, nous recevions lâordre de nous porter sur Leipsick, nous Ă©tions en marche et prĂšs dâarriver aux portes de cette ville, lorsque nous entendons de toutes parts les cris de : « Vive lâEmpereur ; la victoire est Ă nous ! ». Cependant le corps ennemi que nous avions abandonnĂ© volontairement commençait Ă serrer de prĂšs notre arriĂšre-garde ; nous fĂ»mes donc obligĂ©s de faire demi-tour Ă droite et de marcher en ordre de bataille sur ces audacieux. Une vive canonade sâĂ©tant engagĂ©e sur toute la ligne, nous les repoussons dâabord vigoureusement, mais on nous a mal renseignĂ©s, ce nâĂ©tait pas trente mille hommes, mais quatre-vingt dix mille que nous avions en face de nous, c'est-Ă -dire toute lâarmĂ©e suĂ©doise, sous les ordres du prince de Ponte-Corvo et une partie de lâarmĂ©e prussienne. MalgrĂ© le nombre, nous nous battons comme des dĂ©terminĂ©s ! Cependant notre gauche commence Ă ployer ; notre artillerie ne peut plus soutenir le feu de lâartillerie ennemie, ce que voyant, le marĂ©chal Marmont Auguste-FrĂ©dĂ©ric-Louis Viesse de Marmont envoie sans tarder deux rĂ©giments, le nĂŽtre et le 25e provisoire. Nous nous portons en masse sur la ligne. Les rĂ©giments qui y Ă©taient dĂ©jĂ , avaient Ă©tĂ© mis en dĂ©route, nous rĂ©tablissons lâaffaire, et malgrĂ© le feu de mitraille de 50 piĂšces de canon, nous marchons sur les carrĂ©s suĂ©dois, nous les culbutons emportĂ©s par notre fougue et par la voix du gĂ©nĂ©ral qui nous crie Ă chaque instant : « En avant brave 20Ăšme ». Nous marchons toujours sans ĂȘtre soutenus. BientĂŽt nous sommes entourĂ©s par la cavalerie ennemie qui essaye de nous entamer, mais en vain. On fait alors pleuvoir sur nous une grĂȘle de mitraille : le colonel, le commandant, presque tous les officiers sont bientĂŽt hors de combat. Je me mets Ă la tĂȘte du rĂ©giment au moment oĂč tournĂ© vers eux je leur criais : « En avant sur les piĂšces ! » un biscaĂŻen me traverse le corps de part en part et me jette raide sur le carreau. Revenu Ă moi je me suis vu dĂ©pouillĂ© de tout. On mâavait enlevĂ© ma ceinture oĂč il y avait 32 napolĂ©ons, volĂ© ma montre, coupĂ© mon habit en morceaux, arrachĂ© ma croix, enlevĂ© mes bottes. Je nâavais plus sur le corps quâune chemise et un caleçon de peau. La nuit tombante, je rĂ©solus de mâĂ©chapper et de me traĂźner sur les genoux et la main droite jusquâĂ nos avant-postes, ce que je nâeffectuais pas sans peine, Ă chaque instant, rencontrant des cadavres sur lesquels il me fallait passer. »
Il participe ensuite à la campagne de 1814 dans le 66e régiment d'infanterie de ligne et fait la campagne de 1815. Le , en exécution d'une ordonnance, il est licencié.
Lors de son licenciement, sur les registres servant Ă lâinscription des services et campagnes des officiers du 66e, le colonel met la notation suivante : « M. Gues-Viller est un officier trĂšs instruit, qui non seulement Ă lâarmĂ©e conduit bien sa compagnie, mais qui, dans son intĂ©rieur, en dirige fort bien lâadministration. Ce jeune homme, plein de zĂšle et de feu militaire, peut ĂȘtre employĂ© dâune maniĂšre trĂšs avantageuse ».
Le , une ordonnance le nomme à la Légion du département de Seine-et-Oise qui devient le 38e de ligne le [2].
Promu chef de bataillon le , il participe Ă la campagne dâEspagne en 1823.
En 1831, il fait la campagne de Belgique. Le , il est nommé lieutenant colonel du 62e de ligne.
La période algérienne
Il est envoyé en Afrique avec son régiment en 1836. Promu colonel le , il prend, le 1er octobre, à Oran, le commandement du 23e de ligne qui, en , fait partie de la division conduite par le général Bugeaud à Tlemcen.
AprÚs le traité de la Tafna, il rentre à Oran, puis rejoint BÎne avec son régiment, afin de prendre part à la deuxiÚme expédition de Constantine.
En 1839, il est colonel du 23e rĂ©giment d'infanterie de ligne. Il fait partie de lâexpĂ©dition des Portes de Fer, commandĂ©e par le duc dâOrlĂ©ans et prend une part active aux nombreuses opĂ©rations qui ont lieu dans les environs de Blida. Le , il est citĂ© pas le marĂ©chal ValĂ©e pour sa conduite au combat dâOued-el-Alleg, oĂč, il contribue Ă la rĂ©ussite de la journĂ©e, grĂące Ă une charge Ă la baĂŻonnette Ă la tĂȘte du 3e bataillon du 23e.
Le , apprenant quâun dĂ©tachement du camp de Boufarik Ă©tait aux prises avec de nombreux contingents, il rĂ©unit son rĂ©giment Ă la hĂąte, se jette sur lâennemi et le force Ă la retraite, aprĂšs lui avoir fait Ă©prouver quelques pertes. (Lettre du marĂ©chal ValĂ©e au ministre du ).
En , il est appelĂ© Ă faire partie des expĂ©ditions de Cherchell, puis de MĂ©dĂ©a, le 23e rĂ©giment d'infanterie de ligne Ă©tant placĂ© dans la premiĂšre brigade commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral dâHoudetot, la division Ă©tant sous les ordres du duc dâOrlĂ©ans qui a en si grande estime Antoine Philippe Guesviller quâil lui fait don de son portrait. Le , il contribue Ă lâenlĂšvement des positions occupĂ©es par les partisans d'Abd el-Kader sur lâOued-Djer et le , il participe Ă la prise du col de MouzaĂŻa, oĂč il plante le drapeau du 23e de ligne (en souvenir, des assiettes sont vendues dans le commerce, elles reprĂ©sentent le colonel Ă cheval et portent lâinscription suivante « Le colonel Gues-Viller reçoit un cheval du duc dâAumale au col de MouzaĂŻa »). Le duc d'Aumale relate ce geste de la maniĂšre suivante : « Je trouvais Guesviller Ă©puisĂ©, assis par terre sans pouvoir avancer ; je me jetai Ă bas de mon cheval, je le forçais d'y monter et, me fiant Ă mes jambes de 18 ans, je rejoignis Ă la course les grenadiers qui marchaient en avant des tambours. J'arrivai au moment oĂč l'on plantait sur la position le drapeau du 23e ». Le , il ouvre la route de MĂ©dĂ©a et il est appelĂ© au commandement des troupes chargĂ©es dâoccuper cette place et emploie ses hommes Ă effectuer de nombreux travaux dĂ©fensifs autour de la ville. RentrĂ© en France en , il est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de brigade le , et il est mis Ă la disposition du marĂ©chal ValĂ©e. Il retourne en AlgĂ©rie le oĂč il reste un peu plus dâun an et remplit successivement les fonctions de commandant de la subdivision de Constantine et de celle de SĂ©tif, alors en formation, avec mission de procĂ©der Ă lâorganisation des tribus relevant de ce commandement.
En , placĂ© sous les ordres du gĂ©nĂ©ral de NĂ©grier, il prend part Ă la rĂ©duction des OuledâShanoun. Le , il part de SĂ©tif, Ă la tĂȘte dâune colonne de troupes, parcourt la Medjana, ainsi que les contrĂ©es situĂ©es Ă lâouest de cette plaine. Il consolide lâautoritĂ© du gĂ©nĂ©ral NĂ©grier qui doit se rendre Ă M'Sila qui a reconnu l'autoritĂ© d'Abd el-Kader. Son frĂšre Hadj-Mustapha s'y trouve encore[3].
Du au , il est commandant de la subdivision du Loir-et-Cher, puis il prend le commandement de la 1re brigade de la 1re division de lâarmĂ©e des Alpes. En 1848, il est nommĂ© inspecteur gĂ©nĂ©ral du 12e arrondissement dâinfanterie. Le , il est maintenu dans cette fonction et le , il est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de division du cadre de rĂ©serve par le gĂ©nĂ©ral Cavaignac[4].
Le corps expéditionnaire de la Méditerranée
En tant que commandant de la 1re division de lâarmĂ©e des Alpes, devenue, le , la 1re du corps expĂ©ditionnaire de la MĂ©diterranĂ©e, le gĂ©nĂ©ral Guesviller fait partie du corps expĂ©ditionnaire de la MĂ©diterranĂ©e et participe siĂšge de Rome en 1849. Il a sous ses ordres les brigades des gĂ©nĂ©raux Jean Levaillant et Sauvan[5]. Le , alors que les troupes romaines tentent une attaque sur le Ponte Molle, Gueswiller arrive avec l'une de ses brigades, celle du gĂ©nĂ©ral Levaillant, qui charge Ă la baĂŻonnette et repousse les assaillants[6]. Dans la journĂ©e du , le gĂ©nĂ©ral, accompagnĂ© de 4 bataillons, est sur le haut du Tibre, proche de la villa BorghĂšse. Il prend position sur les hauteurs, bombarde son objectif, fait des prisonniers et se retire[7].
Ă propos du bombardement possible de Rome, il Ă©crit : « Si pour notre lĂ©gitime dĂ©fense, nous Ă©tions obligĂ©s dâen arriver Ă de pareilles extrĂ©mitĂ©s, ce serait trĂšs fĂącheux, mais jâavoue Ă ma honte peut-ĂȘtre, que jâaime mieux la vie dâun de mes soldats, que la conservation dâun palais qui pourrait la compromettre ».
Il Ă©crit Ă©galement de Rome : « Mon installation nâest pas trĂšs confortable ; je suis dans une petite chapelle, entiĂšrement dĂ©labrĂ©e, ouverte Ă tous les vents ; du foin pour lit et, les deux premiers jours nâayant aucun moyen de faire la cuisine, obligĂ© dâaller mendier ma nourriture aux bivouacs de mes colonnes, assez bien approvisionnĂ©es par leurs soldats, qui, parcourant les campagnes trouvent, avec un peu dâargent, le moyen de se procurer quelques vivres chez les habitants ».
Le , il envoie la brigade du gĂ©nĂ©ral Sauvan Ă Tivoli, pour y dĂ©truire la poudriĂšre oĂč s'approvisionnent les Romains[8]. Le , la 3e division occupe la porta del Popolo[9]. En , le ministre RulliĂšre Ă©crit au gĂ©nĂ©ral Oudinot de Reggio, il fĂ©licite les hommes qui ont participĂ© au siĂšge de Rome, dont le gĂ©nĂ©ral Guesviller[10].
Le gĂ©nĂ©ral raconte la prise de Rome, dans une lettre adressĂ©e Ă sa famille et datĂ©e du : « Ainsi que je lâavais prĂ©vu, nous ne pouvions tarder Ă nous rendre maĂźtres de Rome ; nous y sommes entrĂ©s le 3 et câest ma division qui, la premiĂšre a eu cet honneur ; les autres divisions de lâarmĂ©e nâont pris position dans lâintĂ©rieur de la ville que dans la journĂ©e du 4. Nous avons livrĂ© le 30 un assaut trĂšs rigoureux qui nous a rendu maĂźtres dâune partie du rempart le mieux fortifiĂ©, dans lequel lâennemi a Ă©prouvĂ© des pertes considĂ©rables ; effrayĂ©e sans doute de cette attaque et voulant Ă©viter les horreurs qui sont la consĂ©quence forcĂ©e dâune ville prise dâassaut, la population romaine a envoyĂ© au gĂ©nĂ©ral en chef la personne la plus notable de la municipalitĂ©, pour demander Ă capituler. AprĂšs 36 heures de discussion, une capitulation trĂšs honorable pour la France, puisquâelle nous laisse libre dâagir comme nous lâentendrons, a Ă©tĂ© acceptĂ©e et signĂ©e par les partis belligĂ©rants. Presque toutes les troupes rĂ©guliĂšres qui se trouvaient au service du Pape, avant la rĂ©volution, ont dĂ©jĂ fait leur soumission et font cause commune avec la nĂŽtre pour le rĂ©tablissement de la paix, le raffermissement de lâordre et de la tranquillitĂ© si fortement Ă©branlĂ©e par tous les misĂ©rables individus qui Ă©taient venus se rĂ©fugier Ă Rome. Beaucoup dâentre eux avaient dĂ©jĂ quittĂ© la ville avant que nous y fussions entrĂ©s, et nous serons bientĂŽt dĂ©barrassĂ©s de ceux qui restent au moyen des mesures Ă©nergiques et vigoureuses que lâon dĂ©ploie Ă leur Ă©gard. Le fameux Garibaldi est parti Ă la tĂȘte de 1000 Ă 1200 mauvais chenapans, il emporte avec lui, dit-on, 3 ou 4 millions et se dispose Ă continuer une guerre de brigands dans la montagne ; une colonne mobile dâinfanterie et de cavalerie est Ă sa poursuite et espĂšre anĂ©antir promptement cette bande qui, bientĂŽt en horreur, par ses vols et dĂ©prĂ©dations, sera en outre traquĂ©e comme des bĂȘtes fĂ©roces par les habitants des campagnes ; ainsi donc lâaffaire purement militaire peut-ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dĂ©finitivement terminĂ©e ; mais il reste encore cette politique qui sera moins meurtriĂšre mais dont la solution sera bien longue et bien difficile. Quel rĂŽle, nous gouvernement rĂ©publicain allons nous jouer vis-Ă -vis de lâAutriche et de Naples, gouvernement monarchique ? Marcherons nous avec les puissances dâun commun accord, lorsquâen apparence nous sommes si divisĂ©s par nos institutions ?
Mon quartier gĂ©nĂ©ral est au Palais BorghĂšse. Nulle part, pas mĂȘme aux Tuileries, je nâai rencontrĂ© de luxe plus grand, des meubles plus somptueux, des Ă©toffes plus riches et une collection plus prĂ©cieuse de tableaux et dâobjets dâart en tous genres. Câest vĂ©ritablement un palais rĂȘvĂ© par les contes des Les Mille et Une Nuits. Le prince pour Ă©viter la tourbe rĂ©volutionnaire dont il aurait Ă©tĂ© victime sans aucun doute sâest rĂ©fugiĂ© Ă Naples âŠ
Nous sommes fort occupĂ©s Ă Ă©tablir nos soldats le moins mal possible et ce nâest pas chose facile lorsquâune pareille opĂ©ration roule sur 30 000 hommes ; il y a ici un grand nombre de mauvais gueux qui jouent fort proprement du stylet ; tous ceux pris nantis de cette arme sont immĂ©diatement jugĂ©s par un conseil de guerre et fusillĂ©s dans les 24 heures, cette juste mesure de rigueur, nous dĂ©barrassera des uns et Ă©pouvantera les autres, il faut lâespĂ©rer. Plusieurs soldats sont dĂ©jĂ tombĂ©s victimes de leurs lĂąches attentats. »
Le retour en France
En 1850, il est nommé inspecteur général et commandant supérieur des 14e et 15e divisions militaires.
Peu de jours avant le coup dâĂtat, le prince-prĂ©sident le convoque aux Tuileries, lui demande sâil peut compter sur son dĂ©vouement Ă la cause impĂ©riale et lui propose de faire partie de sa maison militaire en lui laissant entrevoir la possibilitĂ© dâobtenir le bĂąton de marĂ©chal. Le gĂ©nĂ©ral refuse : « Je sers la France, non un parti » aurait-il rĂ©pondu.
Le , lâempereur le nomme sĂ©nateur et le maintient au commandement de la 15e division, Ă Rennes, devenue par la suite 16e division, Ă la suite de la suppression des commandements supĂ©rieurs.
Du au , il commande le 2e corps dâarmĂ©e du camp du Nord, puis il reprend la 16e division. Il exerce Ă nouveau le commandement du 2e corps de lâarmĂ©e du Nord Ă partir du , jusquâĂ la dissolution des corps dâarmĂ©e.
Il a sous ses ordres 3 divisions, composĂ©es chacune de 2 brigades[11] : la 1re division dâInfanterie du gĂ©nĂ©ral Borrelli composĂ©e de la 1re brigade du gĂ©nĂ©ral de NoĂŒe et la 2e brigade du gĂ©nĂ©ral Fririon et la 2e division dâInfanterie du gĂ©nĂ©ral de Ladmirault composĂ©e de la 1re brigade du gĂ©nĂ©ral Esterhazy et la 2e brigade du gĂ©nĂ©ral de Leyritz, enfin la division de cavalerie du gĂ©nĂ©ral Grand composĂ©e de la 1re brigade du gĂ©nĂ©ral Ney et la 2e brigade du gĂ©nĂ©ral Genestet de Planhol.
Ă lâoccasion dâune manifestation, le gĂ©nĂ©ral reçoit de lâEmpereur la lettre suivante, datĂ©e du : « Mon cher GĂ©nĂ©ral, En vous rendant lâinterprĂšte de la manifestation sympathique des troupes placĂ©es sous vos ordres au sujet de lâĂ©vĂšnement du 28 avril, vous Ă©tiez assurĂ© du plaisir que jâen Ă©prouverais. Dites, je vous prie, en mon nom Ă vos braves soldats, combien jâai Ă©tĂ© touchĂ© de ce tĂ©moignage de dĂ©vouement. Quant au vĂŽtre, GĂ©nĂ©ral, vous nâaviez pas besoin de mâen renouveler lâexpression : Vous mâavez appris depuis longtemps et jâaime toujours Ă y compter. Je vous en remercie. Croyez, mon cher GĂ©nĂ©ral, Ă tous mes sentiments. »
Au moment oĂč il va ĂȘtre placĂ© dans la deuxiĂšme section (rĂ©serve), il est nommĂ©, le , au commandement de la 15e division, Ă Nantes, quâil conserve jusquâau .
Le rappel pour l'Afrique du Nord
Alors quâil est depuis quelque temps dans le cadre de rĂ©serve, NapolĂ©on III le rappelle pour lui donner le commandement supĂ©rieur des forces françaises de terre et de mer en AlgĂ©rie, en remplacement du gĂ©nĂ©ral de Mac-Mahon placĂ© Ă la tĂȘte du 2e corps de lâarmĂ©e dâItalie.
Il remplit ces fonctions du au .
Le , il assiste Ă une reprĂ©sentation du TrouvĂšre Ă lâOpĂ©ra dâAlger, en prĂ©sence du comte Prosper de Chasseloup-Laubat, ministre de lâAlgĂ©rie et des colonies et du maire dâAlger Jean Jules Sarlande.
Le gĂ©nĂ©ral fait Ă son fils le tableau suivant de son nouveau poste : « Alger, 5 juin 1859 : Les chaleurs commencent Ă ĂȘtre insupportables en ville, et je vais mâĂ©tablir, demain mardi, Ă Mustapha, charmante et dĂ©licieuse campagne, Ă une lieue dâAlger. Nulle part en France, on ne trouverait une nature plus riche et plus luxuriante, une vue plus variĂ©e et plus Ă©tendue : ce sont des coteaux trĂšs accidentĂ©s, trĂšs fertiles, couverts dâorangers, de citronniers et dâarbres de vieilles essences diverses; ce sont de charmantes villas, bĂąties Ă lâitalienne, qui parsĂšment tout le paysage; câest Alger, câest son port plein de vie et dâanimation; ce sont ses vaisseaux avec leurs mĂątures coquettes et leurs pavillons flottants; câest enfin la mer oĂč lâĆil embrassant un immense horizon cherche avidement le bienheureux bĂątiment qui nous apporte de nouvelles de France. VoilĂ un ravissant tableau, vas-tu dire, mon cher enfant, mais, quâon paye cher par la solitude et lâisolement qui vous environnent de tous cĂŽtĂ©s et qui pĂšsent sur vous comme un manteau de plomb. Je suis interrompu par un planton qui me remet une dĂ©pĂȘche tĂ©lĂ©graphique dont voici la teneur : lâempereur Ă lâimpĂ©ratrice : « Grande victoire; cinq mille prisonniers et quinze cents tuĂ©s ! ». Si ce nâĂ©tait en toutes lettres, je croirais vraiment que lâon a mis un zĂ©ro de trop, pour les tuĂ©s surtout. Un aussi magnifique rĂ©sultat ne peut Ă©videmment ĂȘtre que la suite dâune grande bataille oĂč lâon aura frottĂ© dâimportance MM les Autrichiens. Nous en attendons avec impatience les dĂ©tails. Je donne immĂ©diatement lâordre que lâon tire 50 coups de canon et que tous les Ă©difices soient illuminĂ©s, aujourdâhui mĂȘme, pour cĂ©lĂ©brer ces magnifiques faits dâarmes. »
Une de ses premiĂšres mesures est dâenvoyer une petite colonne parcourir le Sud Ouest de la province dâOran pour affirmer la domination française aux Sahariens qui la contestent. Une convention signĂ©e le par le commandant de la colonne française et les chefs arabes, confirme le rĂ©tablissement de l'autoritĂ© française dans la zone. En , une insurrection Ă©clate dans la Zouagha et le gĂ©nĂ©ral Guesviller donne des ordres pour rĂ©tablir l'ordre dans cette contrĂ©e montagneuse, en envoyant une colonne de 18 000 hommes sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Lefebvre, qui entre Ă Constantine, le . Ă la mĂȘme Ă©poque, les populations marocaines ayant dĂ©passĂ© leurs frontiĂšres et commis des actes de pillages et de violence, le gĂ©nĂ©ral engage une grande partie des troupes de la division dâOran, avec l'ordre de refouler les assaillants sur le territoire marocain, sans toutefois franchir les frontiĂšres. Il envoie, en outre, Ă Nemours (actuellement Ghazaouet), le premier bataillon de chasseurs Ă pied, et ordonne que deux bataillons du 9e de ligne, ainsi que quatre escadrons du 4e chasseurs soient mobilisĂ©s et mis en Ă©tat de se porter, au premier ordre, sur le thĂ©Ăątre des opĂ©rations. GrĂące Ă ces mesures, les Marocains sont repoussĂ©s.
Le , le comte Prosper de Chasseloup-Laubat, ministre des colonies, adresse une lettre au gĂ©nĂ©ral qui rappelle les services rendus : « GĂ©nĂ©ral, Au moment oĂč lâEmpereur vient dâappeler le gĂ©nĂ©ral de Martimprey au commandement supĂ©rieur des forces de terre et de mer en AlgĂ©rie, je veux vous dire quel bon souvenir je garderai des rapports que jâai eus avec vous, et combien mâa Ă©tĂ© prĂ©cieux le concours que vous nâavez cessĂ© de me donner, avec une simplicitĂ© et un dĂ©vouement dont jâai Ă©tĂ© profondĂ©ment touchĂ©. Jâai dit Ă sa MajestĂ© combien la fermetĂ© unie Ă lâesprit de conciliation que vous avez apportĂ© dans toutes vos relations avec les autoritĂ©s civiles et militaires avaient facilitĂ© ma tĂąche; et je ne crains pas de vous donner lâassurance que sans les exigences dâune loi qui ne permet de rĂ©clamer vos services quâen temps de guerre, on aurait Ă©tĂ© sans doute heureux de vous conserver un commandement que vous remplissiez si bien. Pour moi, GĂ©nĂ©ral, je ne puis que vous exprimer les biens sincĂšres regrets que jâĂ©prouve Ă voir se terminer si tĂŽt une mission dans laquelle vous avez su acquĂ©rir de nouveaux droits Ă la reconnaissance du pays. »
Le , par dĂ©cret impĂ©rial, il est maintenu dĂ©finitivement dans la premiĂšre section du cadre dâĂ©tat-major gĂ©nĂ©ral, aprĂšs avoir figurĂ© dans la deuxiĂšme section de ce cadre. Le marĂ©chal Randon lui donne avis de cette dĂ©cision.
Il meurt Ă Paris le . Ses obsĂšques sont cĂ©lĂ©brĂ©es en lâĂglise de la Madeleine le .
Lâempereur, qui sâest fait reprĂ©sentĂ© par le comte Ămilien de Nieuwerkerke, adresse au gĂ©nĂ©ral baron de Malus, une lettre Ă©crite Ă CompiĂšgne, datĂ©e du : « Mon cher gĂ©nĂ©ral, Jâai appris avec peine, la mort du gĂ©nĂ©ral de Gues-Viller votre beau-frĂšre. Veuillez agrĂ©er lâexpression des regrets quâelle me cause et en faire part Ă Madame de Gues-Viller en lâassurant de lâintĂ©rĂȘt que je porte Ă ses enfants.Je seraiheureux de trouver lâoccasion de lui ĂȘtre utile et vous me ferez plaisir en mâindiquent ce quâelle pourrait dĂ©sirer. Croyez, mon cher gĂ©nĂ©ral, Ă tous mes sentiments dâamitiĂ©. »
Dans son Ă©loge funĂšbre, le comte Paul de Partouneaux dit : « le gĂ©nĂ©ral Gues-Viller a lĂ©guĂ© Ă ses enfants, comme un prĂ©cieux hĂ©ritage, un nom illustre, et de glorieux souvenirs. Quâils aient toujours, prĂ©sente Ă lâesprit, lâimage de leur aĂŻeul avec son aurĂ©ole de renommĂ©e et de vertus. Que sa belle vie rayonne toujours Ă leurs yeux comme un noble exemple Ă suivre, et quâun jour lâon puisse dire dâeux ce que lâon disait jadis dâun vaillant capitaine, et ce que lâon pouvait naguĂšre rĂ©pĂ©ter au bord de la tombe en un solennel adieu au gĂ©nĂ©ral : Il a vĂ©cu sans peur et sans reproche. »
Il est enterré au cimetiÚre de Montmartre 22e division, no 1, 12e rang.
Distinctions honorifiques
Ordre national de la LĂ©gion d'honneur :
- Chevalier, le
- Officier, le
- Commandeur, le
- Grand-officier, le
- Grand-croix, le
Ordre de Saint Ferdinand dâEspagne :
- Chevalier, en
- Grand croix, le
Notes et références
- Selon son acte de naissance, visible en ligne dans son dossier de la LĂ©gion d'Honneur.
- Ce paragraphe a été rédigé grùce à son dossier de Légion d'Honneur.
- Pellissier de Reynaud 1854, p. 486
- Borel d'Hauterive 1853, p. 398
- Vaillant 1851, p. 15 et 16
- Vaillant 1851, p. 81
- Vaillant 1851, p. 107
- Vaillant 1851, p. 131
- Vaillant 1851, p. 152
- Vaillant 1851, p. 202
- Site Mémoire et actualité
Sources
Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article :
- « Antoine Philippe Guesviller », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [dĂ©tail de lâĂ©dition]
- P. Barthes, « Le gĂ©nĂ©ral Gues-viller (1791-1865) », Carnet de la Sabretache, Revue militaire rĂ©trospective, no 185,â , p. 309 (lire en ligne)Article rĂ©digĂ© par le capitaine de frĂ©gate P. Barthes, le 5 mai Ă bord du Bouvines, Ă Quiberon
- André Borel d'Hauterive, Les grands corps politiques de l'état : biographie complÚte des membres du sénat, du conseil d'état et du corps législatif, , 2e éd., 451 p. (lire en ligne)
- Marguerite de Malus, Notice biographique sur le général Gues-Viller, grand-croix de la Légion d'honneur, chevalier de Saint-Louis, chevalier de Saint-Ferdinand d'Espagne, grand-croix de l'ordre de Pie IX, sénateur, Grenoble, Xavier Drevet, , 28 p. (lire en ligne)
- Henri Jean F. Edmond Pellissier de Reynaud, Annales algériennes, t. 2, , 517 p. (lire en ligne)
- Jean Baptiste Philibert Vaillant, SiÚge de Rome en 1849 par l'armée française : Journal des opérations de l'artillerie et du génie, Imprimerie Nationale, , 221 p. (lire en ligne)
Liens externes
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative Ă la vie publique :
- Son dossier de la Légion d'Honneur : « Cote LH/1224/51 », base Léonore, ministÚre français de la Culture