Antoine Galland
Antoine Galland, nĂ© le Ă Rollot (Somme)[1] et mort le Ă Paris, est un orientaliste français qui fut spĂ©cialiste de manuscrits anciens et de monnaies, habituĂ© de la BibliothĂšque royale, antiquaire du roi, acadĂ©micien et lecteur au CollĂšge royal. La postĂ©ritĂ© a surtout retenu son travail de traduction, d'adaptation et d'ajout de contes au recueil des Mille et Une Nuits, avec des versions Ă©crites par lui-mĂȘme comme pour Aladin et la Lampe merveilleuse ou Ali Baba et les Quarante Voleurs, etc.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 68 ans) Paris |
Nationalité | |
Formation |
collĂšge de Noyon |
Activités |
Anthropologue, collecteur de textes traditionnels, archéologue, numismate, auteur de littérature pour la jeunesse, traducteur |
Période d'activité |
Ă partir de |
Famille |
Galland |
A travaillé pour | |
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Membre de |
Les Mille et Une Nuits (d) |
Biographie
NĂ© dans une famille de petits paysans picards, orphelin de pĂšre Ă lâĂąge de 4 ans, Antoine Galland entre Ă 10 ans au collĂšge de Noyon oĂč il apprend le grec ancien, le latin et lâhĂ©breu. Il fait de brillantes Ă©tudes secondaires et continue ses Ă©tudes Ă Paris en suivant les cours du CollĂšge de France, oĂč il aborde les langues orientales et se perfectionne en grec ancien.
En 1670, devenu bibliothĂ©caire et secrĂ©taire particulier du marquis de Nointel, nommĂ© ambassadeur de France auprĂšs du sultan de l'empire ottoman Mehmed IV Ă Constantinople, il lâaccompagne dans ses dĂ©placements, entre 1670 et 1675, en Thrace, en MacĂ©doine, en RoumĂ©lie orientale, en Asie mineure, dans les Ăźles ĂgĂ©ennes, en Ionie, en Syrie et en Palestine. Son journal, conservĂ© Ă la BibliothĂšque nationale de France, permet de le suivre en partie dans ses voyages, au cours desquels il fait lâacquisition de manuscrits anciens (grecs, arabes, persans et turcs), de mĂ©dailles et dâobjets dâart. Lors de son sĂ©jour, Galland apprend les langues turque, persane et arabe afin de pouvoir Ă©tudier les mĆurs et coutumes anciennes des populations de lâempire ottoman. Entre 1672 et 1673, il passe un an Ă Constantinople Ă la recherche de manuscrits pour la BibliothĂšque du Roi[2].
Il revient deux fois dans lâEmpire ottoman. Son second voyage, en 1678 lâamĂšne Ă Smyrne. Lors de son troisiĂšme voyage, de 1679 Ă 1688, il est chargĂ© de mission par la Compagnie du Levant auprĂšs du nouvel ambassadeur de la Porte, Gabriel de Guilleragues, et ce afin de rĂ©unir le plus grand nombre de manuscrits et mĂ©dailles pour le Cabinet du Roi et de Colbert. C'est lors de ce troisiĂšme et dernier voyage qu'il manque de perdre la vie lors d'un tremblement de terre Ă Smyrne le [3]. Il y perd beaucoup de ses Ă©crits. ĂpuisĂ©, il rentre Ă Paris en . Cela sera son dernier voyage au Levant.
Les richesses quâil a rapportĂ©es sont telles, quâil est nommĂ© antiquaire du roi, afin de gĂ©rer ces biens. Et dĂšs son retour Ă Paris, il continue Ă entretenir des relations intellectuelles suivies avec lâOrient. Il frĂ©quente aussi la nouvelle gĂ©nĂ©ration dâĂ©rudits (Huet, Jacob Spon, Nicaise) en relation avec les savants europĂ©ens dâItalie, dâAngleterre et de Hollande qui se passionnent pour lâarchĂ©ologie.
En 1701, Galland est nommé à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Ă partir de 1701, il entame la traduction de contes, qui seront connus par la suite comme Les Mille et Une Nuits. Galland poursuit son Ćuvre dâacquisition grĂące aux consuls français et aux relations privilĂ©giĂ©es quâil entretient avec les clercs orientaux. Ainsi, en 1730, le consul Peleran rĂ©ussit Ă se procurer de prĂ©cieux manuscrits en MĂ©sopotamie, par lâentremise de lâĂ©vĂȘque dâAlep, Germanos Farhat, et de celui de la ville kurde de Mardin. Il poursuit son Ćuvre jusquâĂ sa mort.
Ă partir de 1709, Galland enseigne l'arabe au CollĂšge des lecteurs royaux.
Antoine Galland meurt le et est inhumĂ© prĂšs de l'Ă©glise Saint-Ătienne-du-Mont de Paris.
Toutes ses collections, ses manuscrits et sa fortune ont Ă©tĂ© lĂ©guĂ©s Ă lâAcadĂ©mie française, Ă la BibliothĂšque nationale de France et au roi de France. En 1785, le roi Louis XVI crĂ©e un comitĂ© chargĂ© de ranimer lâĂ©tude des langues savantes, de dĂ©velopper la connaissance des monuments historiques, de traduire et diffuser les manuscrits collectĂ©s.
Dans ses Ă©crits, Galland fait profession de foi Ă propos du nouveau voyage ; le voyageur Ă©clairĂ© doit se munir de la littĂ©rature gĂ©ographique ancienne et consulter les mĂ©moires modernes, il doit vĂ©rifier sur place, critiquer le merveilleux dans les rĂ©cits, relever les superstitions, avoir une approche expĂ©rimentale de la rĂ©alitĂ©. Bien avant Darwin, il pensait que les fossiles Ă©taient les crĂ©ations dâune nature qui avait pu avoir un autre aspect, dues non pas Ă la fantaisie de la nature, mais comme restes dâun temps aboli.
Les Mille et Une Nuits
En 1704, Galland se fait rapporter un recueil de contes du Liban pour la plupart dâorigine persane, traduits en arabe Ă la fin du VIIe siĂšcle, et en commence la traduction. Il y adjoindra dâautres rĂ©cits comme celui de Sinbad le marin, et en rĂ©digera dâautres comme celui dâAli Baba et les Quarante Voleurs ou Aladin ou la lampe merveilleuse.
Il lui arrive de sauter certains passages, n'osant pas les traduire[4].
Les contes des Mille et Une Nuits (initialement publiées sous le titre Les mille et une nuit[5], contes arabes, c'est-à -dire avec « nuit » sans « s », voir illustration, dans les premiÚres éditions, et au moins jusqu'en 1730) proviennent donc essentiellement de trois grands fonds principaux :
- une source indo-persane à coloration hellénistique se situant entre les IIIe et VIIe siÚcles,
- un fonds arabe datant de la période du pouvoir des califes de Bagdad entre les IXe et XIe siÚcles,
- un fonds populaire Ă©gyptien datant des XIIe et XIIIe siĂšcles.
Ces trois fonds ont continuĂ© Ă se transformer, par suppressions ou adjonctions continues, jusqu'au XVIe siĂšcle, mais nâont jamais fait partie de lâhorizon officiel des lettres arabes[6].
Les divers ajouts de Galland proviennent, pour certains, de rĂ©cits rapportĂ©s par Hanna DyĂąb, chrĂ©tien maronite originaire dâAlep que le voyageur Paul Lucas prĂ©senta Ă Galland, le . Hanna Diab en conta oralement quatorze Ă l'orientaliste qui se mit Ă les coucher par Ă©crit. Sept de ces rĂ©cits figurent dans Les Mille et Une Nuits, donc dans des versions Ă©crites par Antoine Galland ; parmi eux figurent Ali Baba et Aladin.
En 1704, il publie le premier volume, qui aura immĂ©diatement un grand succĂšs, aidĂ© par son statut dâĂ©rudit et ses contacts avec des librairies dans toute lâEurope. Les volumes suivants, douze en tout, paraissent progressivement jusqu'en 1717.
Les Mille et Une Nuits traduites par Galland ont Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ©es Ă de nombreuses reprises et ont Ă©galement Ă©tĂ© la base des traductions dans dâautres langues occidentales, telles que lâanglais ou lâallemand.
Ćuvres
- Les Paroles remarquables, les bons mots et les maximes des Orientaux[7], S. Benard, 1694
- Contes et fables indiennes, de BidpaĂŻ et de Lokman (traduites d'Ali-Tchelebi ben Saleh, auteur turc)[8]
- Histoire de l'esclavage d'un marchand de la ville de Cassis, à Tunis, La BibliothÚque, coll. « L'écrivain voyageur »
- De lâorigine et du progrĂšs du cafĂ©, La BibliothĂšque, coll. « L'Ă©crivain voyageur »
- Le Voyage à Smyrne, Chandeigne, coll. « Magellane », 2010
- Histoire de Noureddin et de la belle persane, éd. André Versaille, 2009
- Les Mille et Une Nuits (en tant que traducteur)
- Sinbad le marin
Hommage
Le Centre culturel français d'Izmir a ouvert en 2005 un « Centre de documentation Antoine Galland », en hommage à celui qui résida à Smyrne en 1678 et écrivit « Le Voyage à Smyrne », manuscrit longtemps inédit qui ne fut publié qu'en 2000 par Frédéric Bauden (éditions Chandeigne).
Notes et références
Notes
- « nuit » sans « s » dans les premiÚres éditions, et au moins jusqu'en 1730.
Références
- Antoine Galland, Sommaire ou mémoire chronologique de la vie d'Antoine Galland, in Fr. Bauden, R. Waller, Le Journal d'Antoine Galland, II, (1710-1711), Louvain, Peeters, , 540 p. (ISBN 978-90-429-2725-4, BNF 43678041, lire en ligne), p. 22.
- Frédéric Hitzel, « Manuscrits, livres et culture livresque à Istanbul », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 87-88, septembre 1999, mis en ligne le 12 mai 2009, consulté le 24 décembre 2012.
- Mohamed Abdel Halim, ThÚse complémentaire : Correspondance d'Antoine Galland édition critique et commentée, Paris, , p. 17.
- « La portiĂšre se lĂšve, ĂŽte ses vĂȘtements et, toute nue [...] se prĂ©cipite sur les genoux du portefaix : "Mon chĂ©ri, comment appelles-tu ça ?" dit-elle en montrant son sexe. » Les Mille et Une Nuits, t. I, « Le portefaix et les trois dames », traduction et prĂ©sentation par J.E. Bencheikh et A. Miquel, Gallimard, La PlĂ©iade, 2006, p. 71-74.
- Les mille et une nuit [sic]. Tome 5 / . Contes arabes. Traduits en français par M. Galland. Nouvelle édition corrigée. Tome I [-VI], (lire en ligne)
- Aboubakr ChraĂŻbi, Les mille et une nuits en partage, Sindbad, , p. 272.
- Les paroles remarquables, les bons mots et les maximes des orientaux . Traduction de leurs ouvrages en arabe, en persan et en turc, avec des remarques, (lire en ligne)
- BidpaĂŻ (auteur du texte) et LuqmÄn al-កakÄ«m (auteur du texte), Contes et fables indiennes de BidpaĂŻ et de Lokman : Traduites d'Ali Tchelebi-ben-Saleh, auteur turc. Ouvrage commencĂ© par feu M. Galland, continuĂ© et fini par M. Cardonne,..., t. 1, (lire en ligne)
- Nicolas Claich, « à Caen, ils dévoilent l'histoire des rues de leur quartier », sur actu.fr, (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- Mohamed Abdel-Halim, Antoine Galland, sa vie et son Ćuvre, Nizet, Paris, 1964
- Mohamed Abdel-Halim, Correspondance d'Antoine Galland, édition critique et commentée, thÚse complémentaire pour le doctorat es Lettres et Sciences humaines de l'Université de Paris (dactylographiée et hors-commerce), 1964
- Frédéric Bauden, Richard Waller, Le Journal d'Antoine Galland (1646-1715), la période parisienne (1708-1715), Peeters, Louvain, 4 volumes, 2001-2015
- Claude Gros de Boze, Ăloge de M. Galland, dans Histoire de l'AcadĂ©mie royale des inscriptions et belles-lettres depuis son Ă©tablissement, avec les Ă©loges des acadĂ©miciens morts depuis son renouvellement, chez Hippolyte-Louis Guerin, Paris, 1740, tome 2, p. 34-54 (lire en ligne)
- René Fage, Un ami de Baluze : L'orientaliste Antoine Galland, Brive-la-Gaillarde, Imprimerie de la République, , 27 p. (lire en ligne)
- Antoine Galland et l'Orient des savants (Actes du colloque), P.-S. Filliozat et M. Zink éd., Paris, AIBL, 2017, 318 p (présentation en ligne sur le site de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres).
Articles connexes
Liens externes
- Ludovic Baillet, « Rollot et ses hameaux » (consulté le ) (Antoine Galland par Maxime de Sars, historien de la commune de Rollot)
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