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Annona cherimola

Chérimolier, Cherimoya

Le chĂ©rimolier (Annona cherimola) — appelĂ© Cherimoya, Chirimoya, ou Churimoya en AmĂ©rique du Sud — est un arbre de la famille des Annonaceae donnant un fruit nommĂ© la chĂ©rimole, dont le goĂ»t est semblable Ă  celui de la pomme cannelle, du cƓur de bƓuf et du corossol, provenant tous d'arbres du genre Annona.

Le nom de la plante provient d'un mot quechua, chirimuya, qui signifie « graines du froid » et indique que les graines sont capables de germer à de hautes altitudes.

Description

Le chĂ©rimolier est un arbuste de 2 Ă  7 mĂštres, au port buissonnant, souvent ramifiĂ© depuis la base. Les jeunes rameaux sont couverts d'un duvet rougeĂątre.

Les feuilles entiĂšres, obovales-lancĂ©olĂ©es, de 8 Ă  12 cm sur 4 Ă  6 cm, ont la face supĂ©rieure sĂ©ricĂ©es puis glabre, et l'infĂ©rieure nettement veloutĂ©e.

Les fleurs, hermaphrodites et solitaires, portent 6 pĂ©tales charnus (en 2 cycles).

Les chĂ©rimoles, nommĂ©es improprement annones/anones, sont subovoĂŻdes, Ă  pulpe blanche, les graines noires de 15 Ă— 9 mm. La saveur du fruit est sub-acide et dĂ©licate, parfois dĂ©crite comme un mĂ©lange entre l'ananas, la mangue et la fraise[1].

« L'ananas, le mangoustan et le chĂ©rimole », Ă©crit le botaniste Berthold Carl Seemann, « sont considĂ©rĂ©s comme les meilleurs fruits du monde, et je les ai goĂ»tĂ©s dans les localitĂ©s oĂč ils sont censĂ©s atteindre leur plus haute perfection : l'ananas en Guayaquil, le mangoustan de l'archipel indien, et le chĂ©rimole sur les pentes des Andes, et si on me demandait lequel est le meilleur je rĂ©pondrais sans hĂ©siter, le chĂ©rimole. Son goĂ»t surpasse mĂȘme celui de tout autre fruit, et Thaddeus Haenke avait raison quand il l’appela le chef-d’Ɠuvre de la Nature. »[1]

Écologie

Le chĂ©rimolier est originaire de la cordillĂšre des Andes, dans les hautes vallĂ©es de la Bolivie, du sud de l'Équateur et du nord du PĂ©rou, et pousse Ă  l'Ă©tat sauvage Ă  une altitude comprise entre 1 300 et 2 600 mĂštres[2]. En Équateur, le chĂ©rimolier est prĂ©sent dans les rĂ©gions oĂč la tempĂ©rature annuelle moyenne varie de 18 Ă  20 °C, la tempĂ©rature minimale variant de 10 Ă  12 °C et la tempĂ©rature maximale allant de 26 Ă  30 °C. Les prĂ©cipitations annuelles varient entre 800 et 1 000 mm (concentrĂ©es sur 8 mois de l'annĂ©e).

C'est l'aire de rĂ©partition la plus commune dans les endroits oĂč le chĂ©rimolier est sauvage[3].

Culture

La culture se fait au niveau mondial dans des zones de climat subtropical y compris le bassin mĂ©diterranĂ©en[4]. L'Espagne est en tĂȘte de la production mondiale avec quelque 3 600 ha cultivĂ©s dans le sud du pays et un rendement de 20 000 tonnes en 1991[5]. L'IsraĂ«l et l'Italie en produisent Ă©galement.

Il est considĂ©rĂ© comme une culture importante au Chili, oĂč il est cultivĂ© sur environ 1 000 ha pour le marchĂ© national et international [6].

Ce fruit est Ă©galement produit Ă  une l'Ă©chelle commerciale plus limitĂ©e en Argentine, en Bolivie, en Équateur, au Mexique et au PĂ©rou, tandis que la production est rĂ©cente en Colombie et au BrĂ©sil.

Aux États-Unis, la Californie du Sud le cultive depuis 1871; sur 120 ha sont produits annuellement 1 000 tonnes destinĂ©es au marchĂ© intĂ©rieur et Ă  l'exportation.

En dehors de l'Europe et des Amériques, le chérimoye est cultivé en Afrique Centrale, en Thaïlande, en Indonésie, en Australie et plus récemment en Nouvelle-Zélande.

Dans les rĂ©gions oĂč l'on a introduit ce fruit, la fĂ©condation des fleurs doit ĂȘtre assistĂ©e, car le pollen vient Ă  maturitĂ© un jour aprĂšs le pistil. Les fruits mĂ»rissent dans un dĂ©lai de cinq Ă  huit mois.

Rusticité

La culture du cherimoya est adaptée aux climats chauds et humides, avec des températures moyennes comprises entre 20 et 28 degrés Celsius.

Toutes les variĂ©tĂ©s de Cherimoya sont considĂ©rĂ©es comme Ă©tant peu rustiques et nĂ©cessitent des conditions environnementales chaudes et humides pour prospĂ©rer. Cependant, certaines variĂ©tĂ©s ont montrĂ© une certaine rĂ©sistance au froid et peuvent ĂȘtre cultivĂ©es dans des rĂ©gions subtropicales plus fraĂźches.

Parmi les variétés d'Annona cherimola les plus résistantes au froid, on peut citer:

  • Fino de Jete: originaire d'Espagne, c'est l'une des variĂ©tĂ©s les plus cultivĂ©es en Europe. Elle est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant assez rĂ©sistante au froid et peut supporter des tempĂ©ratures allant jusqu'Ă  -3°C pendant de courtes pĂ©riodes.
  • Booth: originaire de Californie, aux États-Unis, cette variĂ©tĂ© est Ă©galement connue pour ĂȘtre assez rĂ©sistante au froid et peut supporter des tempĂ©ratures allant jusqu'Ă  -2°C pendant de courtes pĂ©riodes.
  • El Bumpo: originaire du Mexique, cette variĂ©tĂ© est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant assez rĂ©sistante au froid et peut supporter des tempĂ©ratures allant jusqu'Ă  -2°C pendant de courtes pĂ©riodes.

Cependant, il est important de noter que la résistance au froid de ces variétés peut varier en fonction de plusieurs facteurs, tels que la santé et la taille de la plante, les conditions environnementales et la durée de l'exposition au froid.

Exportation en Europe

La chĂ©rimole fait partie des fruits qui peuvent ĂȘtre cueillis non mĂ»rs (dit climactĂ©riques). Il peut ĂȘtre stockĂ© et transportĂ© en chambre froide plusieurs mois sans mĂ»rir. Sa maturation n'interviendra que sur l'Ă©tal ou chez le client final. Une fois mĂ»r, il est trĂšs sensible, car avec la maturitĂ© le fruit se ramollit.

Utilisation en cuisine

Le fruit est trÚs apprécié mûr, et son goût varie suivant le degré de maturité aussi fortement qu'une banane. Néanmoins, on peut l'utiliser en association avec des fruits qui tranchent en couleurs et en goût comme la fraise, la framboise, ou la papaye. Au Chili, on en fait de la glace. Au Chili on fait aussi la chirimoya alegre, chirimoya en salade de fruits avec du jus d'orange.

Le fruit met de 24 Ă  72 heures Ă  passer d'un Ă©tat trĂšs dur Ă  un Ă©tat mou, et cela va d'autant plus vite que la tempĂ©rature ambiante est Ă©levĂ©e (de 20 Ă  27 °C). Il se comporte un peu comme un avocat.

  • ChĂ©rimole coupĂ©e en deux.
    Chérimole coupée en deux.
  • Fruits mĂ»rs.
    Fruits mûrs.
  • Fruits sur l'arbre.
    Fruits sur l'arbre.
  • Plantations au sud de l'Andalousie.
    Plantations au sud de l'Andalousie.
  • ChĂ©rimolier cultivĂ© au BrĂ©sil.
    Chérimolier cultivé au Brésil.

Propriétés nutritionnelles

La chérimole est composée à 75 % d'eau. Son haut contenu en fibre en fait un laxatif naturel. Elle est également riche en vitamines C, sodium et potassium. Elle est recommandée pour les personnes souffrant d'hypertension artérielle, de problÚmes cardiaques et de cholestérol[7].

Neurotoxicité

Comme chez les autres fruits de la famille des annonacées, le fruit (notamment les graines et la peau) contient des acétogénines neurotoxiques[8] - [9] - [10] - [11], telles que l'annonacine, contenue également dans le corossol[12] et impliquée dans des cas de parkinsonisme atypique en Guadeloupe.

Notes et références

  1. (en) Wilson Popenoe, New Crops for the new world, New York, MacMillan Co, , 295 p., « The Undeveloped Field of Tropical Fruits », p. 17-18.
  2. Cirad, Gret, France-MAE. 2009. MĂ©mento de l'agronome. Montpellier, France : Cirad, 1691 p.
  3. (en) Xavier Scheldeman, « Distribuition and potential of cherimoya (Annona cherimola Mill.) and highland papayas (Vasconcellea spp.) in Ecuador. », Faculteit Landbouwkundige en Toegepaste Biologische Wetenschappen, (consulté le ).
  4. Judson. Popenoe, Tobacco culture : prize essays / Judson Popenoe ... [et al.]., Orange Judd & Co.,, (lire en ligne)
  5. Sanewski, Garth, 1957-, Custard apples : cultivation and crop protection, Queensland Dept. of Primary Industries, (OCLC 688651035, lire en ligne)
  6. F.I. Gardiazabal et G.L. Cano, « CHARACTERISATION OF 10 CHERIMOYA (ANNONA CHERIMOLA MILL.) CULTIVARS AND THEIR RESPONSE TO ARTIFICIAL POLLINATION IN QUILLOTA, CHILE », Acta Horticulturae, no 497,‎ , p. 225–254 (ISSN 0567-7572 et 2406-6168, DOI 10.17660/actahortic.1999.497.12, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Quels sont les bienfaits de la chérimole », sur www.toutcomment.com (consulté le )
  8. (en) « Cherimoya », sur www.hort.purdue.edu (consulté le )
  9. Jessica Le Ven, Contribution à l'étude du lien entre Annonaceae et parkinsonisme : identification et quantification d'acétogénines par déréplication; métabolisation de phase I et approche de la distribution de l'annonacine, Paris 11, (lire en ligne)
  10. « Contribution Ă  l’étude du lien entre Annonaceae et parkinsonisme : identification et quantification d’acĂ©togĂ©nines par dĂ©rĂ©plication; mĂ©tabolisation de phase I et approche de la distribution de l’annonacine », sur archives-ouvertes.fr, thĂšse de doctorat soutenue le 03/02/2012 (consultĂ© le )
  11. Kirk W. Pomper, Jeremiah D. Lowe, Sheri B. Crabtree et William Keller, « Identification of annonaceous acetogenins in the ripe fruit of the North American pawpaw ( Asimina triloba ) », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 57, no 18,‎ , p. 8339–8343 (ISSN 1520-5118, PMID 19711911, DOI 10.1021/jf9018239, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. « CHIRIMOYA DE LA COSTA TROPICAL DE GRANADA-MÁLAGA », sur http://eur-lex.europa.eu/

Liens externes

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