Anne Philipe
Anne Philipe, née Anne Marie Nicole Ghislaine Navaux le à Bruxelles et morte le dans le 12e arrondissement de Paris, est une femme de lettres, cinéaste et ethnologue française.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 72 ans) 12e arrondissement de Paris |
SĂ©pulture |
CimetiĂšre de Ramatuelle (d) |
Nom de naissance |
Anne Marie Nicole Ghislaine Navaux |
Nationalité | |
Activités | |
Conjoint | |
Enfant |
Archives conservées par |
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Biographie
NĂ©e en 1917 Ă Bruxelles[2] - [3], Anne Marie Nicole Ghislaine Navaux est Ă©duquĂ©e par sa mĂšre, ses parents ayant divorcĂ© peu aprĂšs sa naissance. Elle fait des Ă©tudes supĂ©rieures en philosophie. AprĂšs ces Ă©tudes de philosophie, elle quitte la Belgique et sâinstalle en France. En 1938, elle Ă©pouse le sinologue François Fourcade et prend le nom de Nicole Fourcade. Ils ont un fils, Alain, nĂ© le . En , Nicole Fourcade part rejoindre son mari Ă Nankin oĂč celui-ci est conseiller culturel auprĂšs de lâambassade de France. Ils reviennent ensemble de Chine jusquâen Inde, en , en parcourant lâancienne route de la soie[2] avec une caravane se rendant au Cachemire. Nicole Fourcade est la premiĂšre Française Ă traverser le dĂ©sert du Sin-Kiang. En 1955 paraĂźtra, sous le titre Caravanes dâAsie, le rĂ©cit quâelle fera de ce voyage[2].
AprĂšs son divorce, elle Ă©pouse, en 1951[2], le comĂ©dien GĂ©rard Philipe : ils sâĂ©taient rencontrĂ©s pour la premiĂšre fois en 1942, Ă Nice, et sâĂ©taient liĂ©s dâamitiĂ© lors dâun sĂ©jour dans les PyrĂ©nĂ©es en 1946. GĂ©rard Philipe lui propose de reprendre son premier prĂ©nom : elle se fait appeler dorĂ©navant Anne Philipe. Ils ont deux enfants, Anne-Marie[4], nĂ©e le , et Olivier, nĂ© le . En , le couple achĂšte Ă Cergy, prĂšs de Pontoise, une grande bĂątisse au bord de lâOise. Plus tard, en 1956, viendra sâajouter Ă ce lieu un appartement Ă Paris, rue de Tournon, prĂšs du jardin du Luxembourg. Ensemble avec leurs enfants, Anne et GĂ©rard passent les vacances dâĂ©tĂ© dans la propriĂ©tĂ© de Ramatuelle, en Provence, propriĂ©tĂ© que la mĂšre dâAnne Philipe a donnĂ©e Ă sa fille Ă lâoccasion de son premier mariage.
Outre Caravanes d'Asie, Anne Philipe commence par publier des reportages (sur le Venezuela, le Japon, Cuba) et par rĂ©aliser des films documentaires (sur lâAsie et sur lâAfrique). Mais câest son livre Le Temps d'un soupir qui la rĂ©vĂ©le comme Ă©crivain. PubliĂ© en 1963, ce rĂ©cit relate, avec Ă©motion et pudeur, les derniĂšres semaines de vie partagĂ©e avec GĂ©rard Philipe, mort en 1959, Ă 37 ans[2] - [3]. Elle y traduit avec dignitĂ© et retenue la qualitĂ© et lâintensitĂ© exceptionnelles de lâamour quâelle a connu. Elle publie ensuite, notamment, Les Rendez-vous de la colline (1966), Spirale (1971), Ici, lĂ -bas, ailleurs (1974)[3], Un Ă©tĂ© prĂšs de la mer (1977)[3], Les RĂ©sonances de l'amour (1982)[3] - [5], Je l'Ă©coute respirer (1984).
Anne Philipe est lâauteur, avec Guy Weelen, dâune monographie consacrĂ©e au peintre ĂrpĂĄd Szenes. Elle publie Ă©galement L'Ăclat de la LumiĂšre (1978), qui est une suite dâentretiens avec les peintres Vieira da Silva et ĂrpĂĄd Szenes.
Anne Philipe, décédée en 1990[2] - [3], repose aux cÎtés de Gérard Philipe dans le cimetiÚre de Ramatuelle. à sa mort, elle laisse un roman inachevé qui a pour décor une plage de la mer du Nord, avec ses dunes, ses mouettes, son ciel immense et venteux. Elle qui a dit « je suis née en Belgique ; j'ai toujours eu horreur de cela et j'ai toujours pensé que dÚs que je pourrais partir, je partirais[6] » est revenue dans son dernier écrit au pays de son enfance.
Ćuvre
Soucieuse de prĂ©server son intimitĂ©, Anne Philipe a peu livrĂ© dâelle-mĂȘme. Elle dit, en 1977,
« Je ne crois pas tellement Ă la parole, je crois beaucoup plus Ă lâexpĂ©rience, Ă lâexemple[6]. »
Ses voyages lui ont fait prendre conscience des inégalités humaines, des réalités du colonialisme, des dangers de la course aux armements. Elle qui refuse de céder au sentimentalisme est une femme engagée dans les problÚmes de son temps.
Beaucoup de ses romans ont pour cadre la Provence avec son dĂ©cor de lumiĂšre, dâeau, de vent, de chaleur sensuelle[5] - [3]. Ses livres traduisent lâexpĂ©rience dâune vie, celle dâun bonheur fragile, toujours menacĂ©. Elle y Ă©voque les instants heureux, ceux que lâon ressent Ă certains moments privilĂ©giĂ©s et rares, « ces moments de trĂšs bel Ă©quilibre, dâimpression de rayonnement, qui peuvent sâappeler bonheur[6]. »
Femme discrĂšte et exigeante, elle pensait avec Spinoza, son philosophe de chevet, que « la tristesse est le passage de lâhomme dâune plus grande Ă une moindre perfection[7] », qu'il faut sâefforcer de vivre avec Ă©lĂ©gance, toujours, et que lâessentiel, câest dâĂȘtre soi, le plus possible.
Publications
- Caravanes d'Asie, récit, préface de Claude Roy, Julliard, 1955[2]
- GĂ©rard Philipe (en collaboration avec Claude Roy), Gallimard, 1960
- Le Temps d'un soupir, roman, Julliard, 1963[3]
- Les Rendez-vous de la colline, roman, Julliard, 1966
- Spirale, Gallimard, 1971
- Ici, lĂ -bas, ailleurs, roman, Gallimard, 1974[3]
- La Demeure du silence (entretiens avec Eva Ruchpaul), Gallimard, 1975
- Un été prÚs de la mer, roman, Gallimard, 1977[3]
- L'Ăclat de la lumiĂšre (entretiens avec Maria Helena Vieira da Silva et ĂrpĂĄd Szenes), Gallimard, 1978
- Promenade Ă Xian, Gallimard, 1980
- Les RĂ©sonances de l'amour, roman, Gallimard, 1982[5] - [3]
- Je l'écoute respirer, récit, Gallimard, 1984[3]
- Le Regard de Vincent, roman, Gallimard, 1987[3]
- Arpad Szenes (en collaboration avec Guy Weelen), monographie, Cercle d'Art, 1991
- Correspondance 1946-1978, Georges Perros, Anne & Gérard Philipe, préface de JérÎme Garcin, Finitude, 2008
- Le roman laissé inachevé à sa mort par Anne Philipe est paru dans La Nouvelle Revue française, no 456, , no 457, et no 458, , sous le titre Roman interrompu.
Notes et références
- « http://www.cineressources.net/repertoires/archives/fonds.php?id=agp »
- Christiane Blot-LabarrĂšre, « Philipe, Anne (Nicole Navaux, Ă©pouse Fourcade, dite) [Bruxelles 1917 - Paris 1990] », dans BĂ©atrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des crĂ©atrices, Ăditions Des femmes, , p. 3435-3436
- « La mort d'Anne Philipe Toute sa vie et toute son oeuvre intimiste plaidaient pour une gourmandise de l'instant et du bonheur », Le Monde,â (lire en ligne)
- Mariée à JérÎme Garcin.
- Josane Duranteau, « Anne Philipe et le carrousel des amours. Une voix sans Ă©clat mais toujours juste », Le Monde,â (lire en ligne)
- Entretien avec Jacques Chancel sur France Inter, Ă©mission Radioscopie du 8 octobre 1980. Voir Liens externes.
- Spinoza, Ăthique, partie III, p. 367 (traduction de Ch. Appuhn, Vrin, 1977). Anne Philipe cite cette phrase en exergue de son livre Le Temps d'un soupir.
Voir aussi
Bibliographie
- Claude Goure, Une vie⊠une parole, conversations avec, notamment, Anne Philipe, Le Centurion, 1981
- Revue Ubacs, no 8/9, 1984 (entretien avec JĂ©rĂŽme Garcin)
- Revue Encres vagabondes, no 3, septembre- (article de CĂ©line Bouyer)
- Dictionnaire des lettres françaises. Le XXe siÚcle, Librairie générale française, 1998 (article de Sylvie Rozé)
- JérÎme Garcin, Littérature vagabonde, Flammarion, 1995
- JérÎme Garcin, Théùtre intime, Gallimard, 2003
- Pierrette Fleutiaux, Bonjour, Anne. Chronique d'une amitié, Actes Sud, 2010
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative Ă la vie publique :
- « Entretien avec Jacques Chancel sur France Inter, émission Radioscopie » [vidéo], sur ina.fr, France Inter,