Andreas Malm
Andreas Malm, né en 1977 à Mölndal en Suède, est un auteur suédois, maître de conférences en géographie humaine à l'Université de Lund[1] et un militant engagé en particulier dans la lutte contre le changement climatique.
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Socialist Party (en) |
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Prix Deutscher (en) |
Comment saboter un pipeline (d) |
Il siège au comité de rédaction de la revue Historical Materialism (en), une revue académique trimestrielle spécialisée dans le matérialisme historique, l'étude de la société, de l'économie et de l'histoire en utilisant une approche marxiste[2].
Parcours et engagements personnels
DĂ©buts et premiers engagements
Durant de nombreuses années, Andreas Malm est une personnalité bien connue de la Suède non parlementaire. Il débute par l'activisme pro-palestinien dans les années 1990[3], puis publie le livre Bulldozers Against a People, dans lequel il fait la chronique de son propre travail avec des militants dans certaines des parties les plus dangereuses de la Palestine[4]. Il s'engage de manière durable dans le combat contre la colonisation de la Palestine, contre l'islamophobie en Europe et contre « l'impérialisme américain »[4].
Il écrit pour le journal d'un syndicat suédois, Arbetaren, de 2002 à 2009. À partir de 2010, il écrit dans le journal Internationalen (sv), l'hebdomadaire du parti trotskyste, Parti socialiste suédois (sv), qui fait partie de la Quatrième Internationale - Secrétariat unifié, et dont il est membre[4]. Il participe au magazine de gauche radicale américaine Jacobin. Il est une des personnes qui, depuis le début, participent en Suède à l'International Solidarity Movement. Il participe à des groupes de désobéissance civile contre le changement climatique[5].
Il écrit également deux livres sur la lutte des travailleurs en Iran avec sa partenaire Shora Esmailian (sv) — pays où ils sont depuis interdits de séjour[4].
En , après des protestations, l'Académie des Beaux-Arts de Vienne annule une conférence qu'il devait prononcer lors de la journée d'action pour le climat. L'annulation est motivée non pas du fait de ses positions radicales sur le « terrorisme climatique », mais de ses prises de position sur la question d'Israël, Malm ayant décrit par le passé Israël comme une « entité sioniste »[6].
Lutte contre le changement climatique
Dans sa thèse Fossil Capital, il soutient que la percée de l'énergie tirée du charbon n'était pas due à son efficacité en tant que source d'énergie, mais parce qu'« elle facilitait beaucoup le contrôle de la main-d'œuvre. » Alors que l'hydroélectricité — qui à l'époque était à la fois moins chère et plus économe en énergie — était liée à la proximité des rivières, les machines à vapeur pouvaient être installées dans les villes et les cités, où des infrastructures éducatives et des forces de police étaient déjà en place. « Cela a permis à long terme aux capitalistes d'exploiter plus facilement la force de travail et de garantir leurs profits[4]. »
Dans son ouvrage The Progress of This Storm (2018), il plaide en faveur d'une perspective marxiste sur le climat[4].
En 2023, il intervient lors de deux conférences à l'institut La Boétie, le think tank du mouvement politique La France insoumise, au sujet du capitalocène et des stratégies de désobéissance civile[3] - [7]. Il apporte également son soutien aux mouvements d'opposition aux méga-bassines en France[8].
Comment saboter un pipeline
Selon Libération, l'auteur constate dans son livre Comment saboter un pipeline l'échec des différentes actions écologistes non violentes depuis les années 2000 à infléchir les émissions de gaz à effet de serre en France, malgré le nombre de personnes mobilisées. Les perspectives économiques du capitalisme et de l'industrie extractive reste selon lui inchangées[9].
Théoricien des Soulèvements de la Terre ?
Le 21 juin 2023, Gérald Darmanin le cite dans le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre, comme « théoricien » de l'association de fait, citant son dernier essai Comment saboter un pipeline, comme la principale inspiration du mouvement[10] - [11].
Dans une tribune au Monde, Andreas Malm rappelle que ni lui, ni son éditeur, La Fabrique, n'ont été soupçonnés ou accusés d'illégalité. Il évoque que des critiques ou un rejet du raisonnement de son livre puisse être fait, mais juge « stupéfiant » que ces propositions soient « qualifiées de “terrorisme intellectuel” ou “d’actions extrêmes allant jusqu’à la confrontation avec les forces de l’ordre”[12]. »
Une position partagé par son éditeur, La Fabrique, qui alerte sur « les nouvelles formes de censure, d’atteintes aux libertés et de mesures d’intimidation qui pèsent sur les maisons d’édition »[10] - [13] et qui prive d'un « débat démocratique de la plus grande urgence sur l’utilisation des ressources communes dans l’intérêt général »[14].
RĂ©ception critique
Pour Marianne, Andreas Malm est un « penseur en vogue dans les milieux de gauche radicale[15]. » Naomi Klein, qui cite Malm dans son livre Tout peut changer, le décrit comme « l'un des penseurs les plus originaux sur le sujet » du changement climatique[16]. Pour L'Express, il serait le « nouveau gourou des écologistes radicaux »[17].
Selon Olivier Vial, directeur du CERU, laboratoire d’idées universitaire chargé du programme de recherche sur les radicalités, les travaux et les écrits d'Andreas Malm « ont contribué à relégitimer l'utilité de la violence dans l'esprit des militants[18]. » Malm est, en effet, défenseur de l'intégration du « sabotage » aux méthodes du mouvement contre le changement climatique[15] - [17].
En , Camille Étienne, cite Andreas Malm en rappelant que « toutes les victoires civiles […] et droits obtenus, [nous les devons] à la collaboration étroite entre une branche plus modérée et ce qu’on appelle la “théorie d’un flanc plus radical” » dans l’émission C ce soir[17].
Publications
Ouvrages originels
- (sv) Bulldozers mot ett folk – om ockupationen av Palestina och det svenska sveket, 2002
- (sv) När kapitalet tar till vapen – om imperialism i vår tid, 2004
- (sv) Radar : signaler från arbetarens essäsidor 2002–2004, (red), 2004
- (sv) Sprängkraft i Iran – arbetarkamp och krigshot, 2005
- (sv) Vi skulle få leva här: om muren i Palestina, (red), 2005
- (sv) Det är vår bestämda uppfattning att om ingenting görs nu kommer det att vara för sent, Atlas, 2007
- (en) Iran on the Brink: Rising Workers and Threats of War, Pluto/University of Michigan, Press 2007, en collaboration avec Shora Esmailian
- (sv) Hatet mot muslimer, Atlas, 2009
- (en) Fossil capital : The Rise of Steam Power and the Roots of Global Warming, Londres, Verso, , 488 p. (ISBN 978-1-78478-129-3, BNF 45598996)
- (en) The Progress of The Storm : Nature and Society in a Warming World, Londres, Verso,
- (sv) Stormens utveckling: att leva i den globala uppvärmningens tid, Modernista, 2020.
- (en) Corona, Climate, Chronic Emergency : War Communism in the Twenty-First Century, Londres, Verso,
- (en) How to Blow Up a Pipeline : Learning to Fight in a World on Fire, Londres, Verso,
Ouvrages traduits en français
- L'Anthropocène contre l'histoire : le réchauffement climatique à l’ère du capital (trad. de l'anglais), Paris, La Fabrique, , 250 p. (ISBN 978-2-35872-095-3, BNF 45253887)
- Comment saboter un pipeline (trad. de l'anglais), Paris, La Fabrique, , 216 p. (ISBN 978-2-35872-195-0)
- La Chauve-souris et le Capital : stratégie pour l'urgence chronique (trad. de l'anglais), Paris, La Fabrique, , 248 p. (ISBN 978-2-35872-203-2)
Notes et références
- (en) « Andreas Malm | The Department of Human Geography », sur keg.lu.se (consulté le ).
- « Editorial Board », sur historicalmaterialism.org (consulté le ).
- William Molinié, « Qui est Andreas Malm, véritable maître à penser des écologistes radicaux ? »
, sur Europe 1, (consulté le ). - (sv) Rasmus Landström, « ”Utan en folkrörelse har vi ingen chans mot det fossila kapitalet” »
, sur Dagens ETC, (consulté le ). - Laury-Anne Cholez et Hervé Kempf, « Andreas Malm : "Pour mettre fin à la catastrophe, il faut s’en prendre aux classes dominantes" » , sur Reporterre, (consulté le ).
- (de) « Nach Protesten: Klimaaktivist Andreas Malm kommt nicht nach Wien », derstandard.at, 12 octobre 2022.
- Frédéric Mouchon, « Derrière les "Soulèvements de la Terre", Andreas Malm, maître à penser des ultras écolos » , sur Le Parisien, (consulté le ).
- Mickaël Correia et Mathieu Dejean, « Andreas Malm : "Sainte-Soline est une lutte avant-gardiste" »
, sur Mediapart, (consulté le ). - Thibaut Sardier, « Que dit le livre Comment saboter un pipeline, cité dans le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre ? » , sur Libération, (consulté le ).
- Anthony Berthelier, « Cité dans la dissolution des Soulèvements de la Terre, cet auteur suédois répond à Darmanin » , sur Le HuffPost, (consulté le ).
- Gérald Darmanin, « Tweet » , sur Twitter, (consulté le ).
- « Andreas Malm, auteur de Comment saboter un pipeline : "Pour donner l’impression que Les Soulèvements de la Terre est en réalité un groupement de dangereux terroristes, l’Etat français a dû inventer un gourou" » , sur Le Monde, (consulté le ).
- « Soulèvements de la Terre : l’éditeur de Comment saboter un pipeline, cité dans le décret de dissolution, dénonce une "intimidation" » , sur Libération, (consulté le ).
- Eric Hazan, Stella Magliani-Belkacem et Jean Morisot, « Livre Comment saboter un pipeline : on ne dissout pas une pensée qui fâche, par les éditions La Fabrique » , sur Libération, (consulté le ).
- Hadrien Mathoux, « Éloge de la violence, antisionisme : au cœur de la pensée de l'écolo radical Andreas Malm » , sur Marianne, (consulté le ).
- (en) « Progress of the Storm », sur Bloomsbury (consulté le ).
- Alix L'Hospital, « Andreas Malm, nouveau gourou des écologistes radicaux : "La révolution est son obsession" » , sur L'Express, (consulté le ).
- Olivier Vial, « Violence politique, Andreas Malm, le théoricien de cette "pensée incendiaire" honorée par LFI » , sur Atlantico, (consulté le ).
Liens externes
En français
En anglais
Généralités
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