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Cathédrale Notre-Dame de Cambrai

cathédrale située dans le Nord, en France

La cathĂ©drale Notre-Dame de Cambrai Ă©tait une cathĂ©drale de style gothique situĂ©e Ă  Cambrai. Construite aux XIIe et XIIIe siècles, elle fut dĂ©truite pendant la RĂ©volution française et a aujourd’hui entièrement disparu, tout comme sa voisine l'ancienne cathĂ©drale Notre-Dame-en-CitĂ© d'Arras. Siège d’un immense Ă©vĂŞchĂ©, cette cathĂ©drale Ă©tait connue comme la « merveille des Pays-Bas Â», en raison principalement de sa haute flèche ajourĂ©e.

Cathédrale Notre-Dame de Cambrai
Vue générale.
Vue générale.
Présentation
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattachement Diocèse de Cambrai
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Hauts-de-France
DĂ©partement Nord
Ville Cambrai
CoordonnĂ©es 50° 10′ 34″ nord, 3° 13′ 47″ est
TĂŞte de Vierge, provenant de l'ancienne cathĂ©drale Notre-Dame de Cambrai. Pierre polychrome, XIVe siècle. Château-musĂ©e de Boulogne-sur-Mer.

Origine

La cathédrale gothique fut précédée de trois ou quatre églises bâties au même endroit, dans la partie occidentale de la ville actuelle, sur une pente descendant vers l’Escaut, à l’emplacement de l’actuelle place Fénelon.

Il est fait mention d’une église Sainte-Marie à Cambrai pour la première fois en 525[1]. Le bâtiment aurait peut-être été fait de bois, ou installé dans un temple païen. Cette première bâtisse fut détruite en 881 par les Normands et c’est l’évêque Dodilon qui la fit reconstruire, le nouvel édifice étant consacré en 890[2].

La cathĂ©drale, devenue vĂ©tuste, fut entièrement reconstruite au XIe siècle, entre 1023 et 1030, par les Ă©vĂŞques GĂ©rard Ier et GĂ©rard II. Un incendie ravagea le monument dès 1064 ou 1068. La cathĂ©drale fut Ă  nouveau consacrĂ©e en 1079 et dĂ©truite par un nouvel incendie en 1148. Il en reste quelques beaux fragments sculptĂ©s conservĂ©s par les musĂ©es de Lille et de Cambrai[2].

Construction

Plan de la cathédrale de Cambrai par Amédée Boileux, extrait de Recherches sur l’église métropolitaine de Cambrai, André Le Glay, 1825.

Les Ă©tapes de la construction

La construction du nouvel Ă©difice, entreprise par l’évĂŞque Nicolas de Chièvres après l’incendie, en 1148, de la cathĂ©drale romane du XIe siècle, commença par le porche et le clocher[3]. Ainsi l’édifice fut construit, contrairement Ă  l’usage, d’ouest en est[4] : l’ancienne Ă©glise n’ayant pas Ă©tĂ© totalement dĂ©truite, il Ă©tait possible d’en rĂ©utiliser une partie pour assurer la continuitĂ© du culte[5].

En 1161 un nouvel incendie endommagea la nouvelle construction. Vers 1180 la façade et la nef étaient certainement achevées, tandis que le transept fut probablement construit dans les dernières années du siècle[4].

La construction du chĹ“ur fut interrompue dans la première moitiĂ© du XIIIe siècle, dans les annĂ©es 1232-1239, en raison des troubles politiques qui agitaient la ville. Dès 1182 en effet l’ancienne rivalitĂ© entre les « bourgeois Â» et l’évĂŞque, dĂ©tenteur du pouvoir temporel, fut ranimĂ©, et il s’ensuivit une pĂ©riode de luttes, parfois violentes, qui ne s’acheva qu’en 1226 lorsque Henri II de Souabe annula les privilèges des bourgeois[6]. De plus la situation financière de la ville, comme celle des autres villes des Pays-Bas Ă  cette Ă©poque, Ă©tait difficile : chargĂ©e de dettes, elle dut crĂ©er de nouveaux impĂ´ts. Enfin Élisabeth de Hongrie, bienfaitrice de la cathĂ©drale, s’était retirĂ©e dans un couvent du Tiers-ordre franciscain après la mort de son mari en 1227[7]. Cette conjonction de difficultĂ©s explique sans doute les doutes que fait planer Villard de Honnecourt, lors de sa visite du chanter en 1230, sur l’achèvement de l’édifice[8].

En 1236, selon Eugène Bouly, l’évêque Godefroid publie une pastorale recommandant que l’on fît bon accueil aux chanoines envoyés quêter pour la cathédrale[9]. Les travaux reprirent à partir de 1240 et les chanoines purent prendre possession du chœur le jour de Pâques 1251[10]. La nef ne fut entièrement terminée qu’en 1471. La consécration solennelle de la cathédrale eut lieu un an plus tard, c’est-à-dire 324 ans après le début du chantier.

Dates approximatives de quelques grands chantiers gothiques

Feuillet du carnet de Villard de Honnecourt ; le croquis en bas Ă  droite est commentĂ© par ces mots : « Voici le plan du chevet de Notre Dame Sainte Marie de Cambrai ainsi comme elle sort de terre Â»[note 1].

Villard de Honnecourt

La construction du chœur a parfois été attribuée hâtivement à Villard de Honnecourt, natif de Honnecourt-sur-Escaut, village proche de Cambrai, et auteur d’un célèbre carnet de croquis[note 2], mais on sait fort peu de choses de Villard et il n’est pas certain en réalité qu’il ait été architecte. Cette hypothèse est donc en fait peu probable. Lorsqu’il releva dans son carnet un plan du chœur, à une date inconnue mais que l’on situe vers 1230, les fondations sortaient de terre[8]. Plus que d’un plan ou d’un relevé exact, il s’agit d’un croquis, les supports étant par exemple tous représentés à l’identique par un petit rond symbolique[8].

Villard annonce, dans sa lĂ©gende du plan du chĹ“ur de Cambrai, que plus loin dans son livre on trouvera « les Ă©lĂ©vations intĂ©rieures et extĂ©rieures et toute la disposition des chapelles et la façon des arcs boutants Â»[note 3]. Cependant on ne trouve nulle part dans le carnet les descriptions ou croquis annoncĂ©s. Il faut dire que l'Album de Villard de Honnecourt nous est parvenu incomplet. Aux 33 feuillets que l'on connait aujourd'hui, 21 feuillets venaient le complĂ©ter, soit 42 pages en recto-verso de dessins. Mais on y trouve des descriptions analogues de la cathĂ©drale de Reims, oĂą Villard explique, Ă  propos des chapelles, que celles de Cambrai seront semblables si leur construction est menĂ©e Ă  terme : « d’autretel maniere doivent estre celes de Canbrai s’on lor fait droit Â». D’oĂą Jules Quicherat, dans ses MĂ©langes d’archĂ©ologie et d’histoire, tire la conclusion que Villard a dĂ» ĂŞtre « l’architecte de l’église de Cambrai Â».

Architecture

En raison de la durĂ©e de sa construction (environ un siècle), la cathĂ©drale de Cambrai ne prĂ©sentait pas un style homogène, Ă  la diffĂ©rence d’autres grands chantiers de la mĂŞme Ă©poque, mais offrait en quelque sorte une synthèse du dĂ©veloppement du nouveau style français, plus tard qualifiĂ© de « gothique Â», entre les milieux du XIIe et du XIIIe siècle.

Les premières caractĂ©ristiques du style gothique apparurent au milieu du XIIe siècle en ĂŽle-de-France, notamment Ă  l’abbaye de Morienval et Ă  celle de Saint-Denis. En 1144, la consĂ©cration du chĹ“ur de cette basilique marqua l’avènement d’une nouvelle architecture. C’est presque exactement le moment oĂą fut entreprise la reconstruction de la cathĂ©drale de Cambrai. Le premier chantier, celui du clocher-porche, s’inspira encore du style traditionnel hĂ©ritĂ© de l’âge carolingien. ÉlevĂ©s dans les deux dernières dĂ©cennies du siècle, la nef et plus encore le transept Ă©taient marquĂ©s par le nouveau style gothique. Enfin le chĹ“ur achevĂ© au XIIIe siècle, inspirĂ© de celui de Reims, reprĂ©sentait l’aboutissement du nouveau style, avec quelques tendances de gothique rayonnant.

Le clocher-porche

Clocher de la cathĂ©drale dessinĂ© par AmĂ©dĂ©e Boileux, avec la lĂ©gende : « Plan du Clocher de la ci-devant MĂ©tropole de Cambray, an 12 Â».

Le porche de la cathĂ©drale, Ă©difiĂ© en premier, conservait une structure qui rappelait l’ancien style carolingien, ce qui ne surprend pas dans la mesure oĂą Cambrai Ă©tait un Ă©vĂŞchĂ© impĂ©rial. Il est possible aussi que les bâtisseurs aient voulu rĂ©utiliser une partie de l’ancienne Ă©glise romane dĂ©truite par le feu. Selon Henri Platelle[11] le bloc de façade de Sainte-Marie de Cambrai aurait Ă©tĂ© proche de ceux d’édifices religieux de Westphalie et de Saxe, tels que Saint-PantalĂ©on de Cologne, l’abbaye de Corvey ou encore l'Ă©glise de Freckenhorst (de).

  • Saint-PantalĂ©on de Cologne.
  • Abbaye bĂ©nĂ©dictine de Corvey.
  • Façade de la collĂ©giale de Freckenhorst.

La flèche haute de 114 mètres qui surmonte le clocher, visible sur le dessin de Boileux, ne fut construite que bien plus tard, à partir de 1360. Avant cette date la hauteur du clocher ne devait pas dépasser celle du toit de la nef.

La nef

Si le porche avait Ă©tĂ© reconstruit dans la tradition carolingienne du Saint-Empire, les bâtisseurs se donnèrent davantage de libertĂ© pour l’édification de la nef[12]. Du reste l’évĂŞque Nicolas de Chièvres, contemporain et ami de l’abbĂ© Suger, avait assistĂ© Ă  la consĂ©cration du chĹ“ur de l’abbaye de Saint-Denis en 1144[13] : il connaissait donc la nouvelle architecture.

AchevĂ©e en 1182, la nef prĂ©sentait une forme « archaĂŻque Â» du nouvel art avec une Ă©lĂ©vation Ă  quatre niveaux telle qu’on peut la voir, par exemple, Ă  Laon ou Ă  Noyon, dont les constructions sont contemporaines : grandes arcades entre les piles, surmontĂ©e de tribunes, d’un triforium et enfin de fenĂŞtres hautes.

La nef s’élevait Ă  25 ou 27 mètres environ[14],[15], et le vaisseau central, qui avait rĂ©utilisĂ© les fondations romanes, ne mesurait que 10 mètres de large[15].

Les piles, au nombre de 16, Ă©taient toutes identiques et entourĂ©es chacune de 16 colonnettes, Ă  la manière de celles de la cathĂ©drale de Rouen. Les tribunes, hautes de 7 mètres, Ă©taient voĂ»tĂ©es d’ogives, et il semble, sans que cela soit certain, que leurs baies n’aient pas Ă©tĂ© subdivisĂ©es[16] : ThiĂ©baut fait observer que c’est une solution qui a Ă©tĂ© souvent retenue dans le nord, ainsi qu'on le voit Ă  la cathĂ©drale de Tournai par exemple[14].

Le triforium Ă©tait fait de baies en arcs brisĂ©s, et les fenĂŞtres hautes Ă©taient assez petites[14], ce qui explique que les contemporains aient reprochĂ© Ă  l’édifice son manque de clartĂ©[17]. On sait enfin que des embryons d’arcs boutants passaient par-dessus les toitures latĂ©rales, pour venir contrebuter les voĂ»tes d’ogives : l’architecture de la nef reprĂ©sentait donc un tĂ©moin important, mais aujourd’hui perdu, de l’évolution de l’art gothique Ă  ses dĂ©buts.

Le transept

CathĂ©drale de Salisbury : contraste de la pierre blanche et du marbre noir de Purbeck.

Comme le chœur, le transept s’élevait sur quatre niveaux. Ainsi que le montre le plan dessiné par Boileux les deux croisillons étaient dissymétriques, chaque bras comprenant trois travées et un hémicycle à cinq pans. Pour les piles on avait utilisé des éléments montés en délit de pierre noire (pierre bleue de Tournai polie, utilisée comme marbre noir), qui contrastaient avec le blanc de la craie du Cambrésis. Cet effet de bichromie se retrouvera aussi dans les constructions du style gothique primitif anglais[note 4], comme dans les cathédrales de Salisbury ou de Canterbury[18], qui utilisent quant à elles le marbre noir de Purbeck. La cathédrale de Cambrai (ainsi que d'autres églises de la région qui présentaient la même caractéristique) a vraisemblablement inspiré sur ce point Guillaume de Sens, qui introduisit l'architecture gothique en Angleterre[19]. L'usage de la pierre de Tournai était déjà répandue plus anciennement dans l'architecture romane de la région.

La croisĂ©e du transept Ă©tait surmontĂ©e d’une tour-lanterne, que l’on surnommait la « tube Â»[20], caractĂ©ristique du style gothique normand et que l’on retrouve aussi dans de nombreuses Ă©glises d’Angleterre. L’ensemble, pourvu Ă  la construction d’arcs-boutants, reprĂ©sentait un des chefs-d’œuvre de l’art gothique naissant[18].

Le chœur

Le croquis du chœur laissé par Villard de Honnecourt montre qu’il avait d’abord été conçu sur le modèle de celui de Reims, pour finalement ressembler davantage à la nef d’Amiens construite par Robert de Luzarches[21]. Le chœur fut achevé en 1251, et les chanoines en prirent possession le jour de Pâques. Jeanne, comtesse de Flandres et de Hainaut, avait donné les verrières sur lesquelles on voyait les figures des douze apôtres.

Des fouilles au XIXe siècle, lors de la rĂ©novation d’une route qui longe cette place, permirent de redĂ©couvrir une partie du chĹ“ur. Une autre en 1954, lors de la construction d’un bâtiment, permit de retrouver les fondations du transept sud. Enfin, une dernière dans les annĂ©es 2000, lors de la construction du gymnase du lycĂ©e FĂ©nelon, donna Ă  voir les fondations de certains bâtiments de l’archevĂŞchĂ© ainsi que quelques mobiliers (une clĂ© dorĂ©e, etc.).

La flèche

En 1161, les deux tours qui venaient d’être achevées s’effondrèrent, pour une raison qui n’est pas connue. L’évêque Nicolas de Chièvres décida de les remplacer par une tour unique[22]. La tour fut finalement achevée en 1182, c’est-à-dire en même temps que la nef. Elle fut surélevée à partir de 1360 environ et surmontée d’une remarquable flèche de pierre de forme pyramidale[10]. La croix qui la surmontait fut placée en 1463.

La flèche, « merveille des Pays-Bas Â», culminait Ă  114 mètres du sol. Elle Ă©tait percĂ©e de nombreux ajours, autant, disait-on, que de jours dans l’annĂ©e[22]. EndommagĂ©e Ă  de nombreuses reprises, elle dut souvent ĂŞtre rĂ©parĂ©e. Pour la protĂ©ger « des orages du ciel et des tentatives du dĂ©mon Â» on avait enfermĂ© dans une boĂ®te de fer-blanc, au pied de la croix qui la surmontait, des reliques rapportĂ©es de Rome et des Agnus Dei : malgrĂ© ces prĂ©cautions elle fut plusieurs fois frappĂ©e par la foudre[note 5]. En 1606 une tempĂŞte violente y fit beaucoup de dĂ©gâts[23].

Destruction

Sur ce plan du XVIIe siècle, la cathĂ©drale Notre-Dame se dresse au centre de la ville, dans sa partie occidentale.

En 1791 la cathĂ©drale fut affectĂ©e au culte constitutionnel. Elle fut cependant endommagĂ©e dès l’annĂ©e suivante, et en 1793 fut convertie en magasin Ă  grains. Le 6 juin 1796 elle fut vendue Ă  un marchand de Saint-Quentin nommĂ© Blanquart, qui entreprit de la dĂ©molir pour en vendre la pierre[17]. La dĂ©molition avança lentement : en 1816 il restait assez de pans de murs debout pour qu’un soldat de l’armĂ©e anglaise d’occupation pĂ»t encore en tirer une aquarelle[24].

Après la signature du concordat de 1801, l'évêque constitutionnel Louis Belmas rouvre l'église du Saint-Sépulcre, et en 1804 achète l'ancienne demeure de l'abbé pour y installer l'évêché. Il érige l'église en cathédrale en remplacement de l'édifice gothique disparu.

Monument Ă  FĂ©nelon

Dans les premières années du Premier Empire on songea à conserver la flèche, encore debout, pour en faire un monument à Fénelon, l’évêque le plus illustre de la ville, dont les cendres avaient été découvertes en 1804. L’architecte lillois Deswarlez proposa un projet qui conservait le clocher réaménagé dans un style néo-classique. Mais ce projet, jugé trop coûteux pour la ville, fut abandonné[25]. Vialart de Saint-Morys, royaliste convaincu et grand amateur d’architecture, qui tentait de lutter contre le vandalisme révolutionnaire, intervint alors auprès du ministre de l’intérieur. Il proposait de conserver non seulement la flèche mais ce qui restait des ruines de l’édifice pour en faire une promenade. Ce projet, moins coûteux que le précédent, retint d’abord l’attention, avant d’être abandonné en 1807. Plusieurs examens furent réalisés par l'ingénieur expert de la ville en octobre 1807 et en novembre 1808, donnant l'alarme sur l'état déplorable de l'édifice. Des lézardes apparaissaient sur les murs du clocher, car l'église ne soutenait plus la façade ouest et des contreforts avaient été démontés sur les faces nord et sud. Il était encore question d'une plausible restauration, mais le 30 janvier 1809, une tempête ébranla la tour qui s’effondra, mettant définitivement fin à ces projets. Quelques éléments restaient debout, dont l'une des deux tourelles de la façade et les portails fragilisés par la chute de la tour, selon le rapport de l'ingénieur expert, le lendemain de l’effondrement.

Maîtres de chapelle

Guillaume Dufay.

Cambrai et sa cathédrale participèrent à l’éclosion musicale de la Renaissance dans les Pays-Bas bourguignons. Plusieurs compositeurs notables travaillèrent comme maîtres de chapelle à la cathédrale Notre-Dame, notamment le plus illustre, Guillaume Dufay, mais aussi Robert de Févin, Johannes Lupi et Jean de Bonmarché.

Article connexe : École franco-flamande.

Iconographie et repères actuels

L’iconographie

On ne connaît aujourd’hui ce monument que par quelques rares documents. L’extérieur de l’édifice est assez bien connu, mais l’architecture intérieure reste en grande partie méconnue. Les contemporains n’ont pas laissé de description ni d’image de la cathédrale, à l’exception du croquis du chœur établi vers 1230 par Villard de Honnecourt, mentionné précédemment.

Un dessin d’une grande prĂ©cision du peintre militaire de Louis XIV, Van der Meulen, donne Ă  voir le monument sous son angle sud. De la mĂŞme Ă©poque datait le plan-relief de la ville levĂ© en 1695 par les ingĂ©nieurs militaires royaux, dĂ©truit en 1945 Ă  Berlin : il en reste quelques photographies, mais l’échelle de 1/600 de la maquette limite Ă©videmment la finesse des dĂ©tails.

Paradoxalement, l’intĂ©rĂŞt pour la cathĂ©drale s’est manifestĂ© au moment oĂą sa destruction Ă©tait dĂ©jĂ  avancĂ©e. Le plan dressĂ© par Boileux date de cette Ă©poque. On ignore la date exacte Ă  laquelle il fut dessinĂ©, mais il est assez prĂ©cis pour ĂŞtre digne de foi[26]. Une gravure du mĂŞme Boileux montrant le clocher de la cathĂ©drale fut publiĂ©e en l’An XII Ă  l’initiative du prĂ©fet du Nord. Elle est pourvue d’une Ă©chelle, ce qui permet d’estimer les dimensions en hauteur de l’édifice. Le mĂŞme prĂ©fet chargea l’architecte Deswarlez, en 1805, d’établir des plans et des devis pour la conservation du clocher et sa transformation en monument Ă  FĂ©nelon. Toutefois l’architecte, peu enthousiasmĂ© par le projet, n’y attacha pas tous ses soins : son dessin prĂ©sente des inexactitudes de dĂ©tail et montre un Ă©tat de destruction plus avancĂ© qu’il ne l’était[21]. Une aquarelle peinte par un soldat anglais de l’armĂ©e d’occupation, en 1816, montre que des pans de mur Ă©taient encore debout Ă  cette Ă©poque et permet de prĂ©ciser certaines hypothèses sur la structure de l’édifice.

Les repères actuels

Sur la place Fénelon, aucune ruine ne permet aujourd’hui de restituer le monument par l’imagination, à l’exception du portail de la sous-préfecture, ancienne entrée du palais épiscopal, mais une superposition de cadastres anciens et actuels permet de situer comme suit les fondations.

Le clocher-porche se trouvait à l’emplacement du collège Fénelon entre ses deux entrées. La Petite Rue Van Der Burch prend pied sur les adeux anciennes galeries d'entrées dont on peut apercevoir un mur près de l'ancienne Tour du Chapitre. On y retrouve un porche à arc en anse de panier ainsi qu'une petite fenêtres, toutes deux bouchées. On peut aussi y voir à hauteur du sol l'empreinte en briques de l'escalier d'entrée de la Galerie. L’entrée du transept sud se trouvait entre le bâtiment-annexe du lycée Fénelon et la résidence Fénelon. Le chœur donnait à l’est au fond de la place, actuellement recouvert par quelques jardins. La croisée du chœur et des transepts devait se situer aux environs de l’angle sud-est du square.

Des fouilles prochaines devraient montrer les fondations dans leur endroit exact.

Reconstitution

  • Reconstitution du clocher de l’ancienne cathĂ©drale.

  • Reconstitution du clocher de l’ancienne cathĂ©drale.

  • CathĂ©drale vue de la place Verte.

  • IntĂ©rieur de la nef de l’ancienne cathĂ©drale de Cambrai reconstituĂ©e.

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Ces modèles 3D réalisés par Matthieu Deltombe restituent fidèlement l'élévation du monument.

Une maquette de l’édifice disparu se trouve dans l’actuelle cathédrale. Une autre, faite par un élève, est présentée dans le hall du lycée Fénelon de Cambrai.

Notes et références

Notes

  1. « Ves ci l’esligement del chavec Medame Sainte Marie de Cambrai, ensi com il ist d(e) tierre. Â»
  2. Voyez aussi le carnet de Villard de Honnecourt sur le site de la BNF (consulté le 15 mars 2010).
  3. « Avant en cest livre en troverĂ©s les montĂ©es dedens et dehors, et tote le manière des capeles et des plains pans autresi, et li manière des ars boteres Â»
  4. Première pĂ©riode du style architectural gothique en Angleterre, qui s’étend Ă  peu près de la fin du XIIe siècle au dernier quart du XIIIe siècle.
  5. En 1495, 1503, 1504, 1522, 1548, 1616, 1802.

Références

  1. Bruyelle 1854, p. 3
  2. Trenard et Rouche 1982, p. 74
  3. Dussart 2004, p. 70
  4. ThiĂ©baut 1976, p. 407
  5. Trenard et Rouche 1982, p. 78
  6. Trenard et Rouche 1982, p. 51-54
  7. ThiĂ©baut 1976, p. 411-412
  8. ThiĂ©baut 1976, p. 411
  9. Bouly 1842, tome 1, p. 162-163
  10. Trenard et Rouche 1982, p. 80
  11. Trenard et Rouche 1982, p. 83-84
  12. ThiĂ©baut 1976, p. 432-433
  13. ThiĂ©baut 1976, p. 433
  14. Trenard et Rouche 1982, p. 84
  15. ThiĂ©baut 1976, p. 420
  16. ThiĂ©baut 1976, p. 427
  17. ThiĂ©baut 1976, p. 410
  18. Trenard et Rouche 1982, p. 85
  19. Jacques Thiebaut, Quelques observations sur l'église Notre-Dame-la-Grande de Valenciennes, dans Revue du Nord, n°245, 1980, p 331-344, [1].
  20. ThiĂ©baut 1976, p. 416
  21. ThiĂ©baut 1976, p. 426
  22. Le Glay 1825, p. 12
  23. Le Glay 1825, p. 22
  24. ThiĂ©baut 1976, p. 431
  25. ThiĂ©baut 1976, p. 424
  26. ThiĂ©baut 1976, p. 412

Voir aussi

Bibliographie

  • AndrĂ© Le Glay, Recherches sur l’église mĂ©tropolitaine de Cambrai, Paris, Firmin Didot, (lire en ligne)
  • Eugène Bouly, Histoire de Cambrai et du CambrĂ©sis, t. 1, Cambrai, Hattu, Libraire-Éditeur, (lire en ligne)
  • Eugène Bouly, Histoire de Cambrai et du CambrĂ©sis, t. 2, Cambrai, Hattu, Libraire-Éditeur, (lire en ligne)
  • Jules Quicherat, Notice sur l’Album de Villard de Honnecourt architecte du XIIIe siècle,
  • Adolphe Bruyelle, Les monuments religieux de Cambrai avant et depuis 1789, Valenciennes, E. Prignet, (lire en ligne)
  • Louis Trenard (dir.) et Michel Rouche (prĂ©f. Jacques Legendre), Histoire de Cambrai, t. 2, Presses Universitaires de Lille, coll. Â« Histoire des villes du Nord / Pas-de-Calais Â», (1re Ă©d. 1982), 314 p., 24 cm (ISBN 2-85939-201-7)
  • Michel Dussart (dir.), MĂ©moire de Cambrai, Cambrai, SociĂ©tĂ© d’Émulation de Cambrai, , 220 p. (ISBN 2-85845-001-3)
  • Jacques ThiĂ©baut, « L’iconographie de la cathĂ©drale disparue de Cambrai Â», Revue du Nord, Villeneuve d’Ascq, UniversitĂ© de Lille III, vol. LVIII « NumĂ©ro spĂ©cial « Cambrai et le CambrĂ©sis Â» Â»,‎
  • Jacques ThiĂ©baut, La CathĂ©drale disparue de Cambrai, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, coll. Â« Architecture et urbanisme Â», , 514 p. (ISBN 978-2-7574-0850-6, ISSN )

Articles connexes

Liens externes