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Triforium

Le triforium (terme issu du vieux français « trifoire » venu lui-même du latin transforare, « percer à jour ») est un passage étroit aménagé dans l'épaisseur des murs[1] au niveau des combles sur les bas-côtés de la nef d’une grande église. Utilisé essentiellement en architecture médiévale (à partir du XIe siècle), le triforium est un composant essentiel de l'élévation interne dans l'architecture gothique.

Schéma d'un triforium (d'après Notre-Dame de Chartres).

Situé au-dessus des grandes arcades ou des tribunes, ce passage qui horizontalise l'élévation interne ouvre sur l'intérieur de l'édifice (nef, transept ou abside) par une série régulière de petites arcades qui occupent toute la largeur de la travée (triforium continu) ou seulement une partie. Par son étroitesse et sa construction, le triforium qui n'a pas de vocation liturgique se distingue fondamentalement de la tribune, qui est une galerie supérieure[2].

Un « faux triforium » est une arcature à jour ouvrant sur un comble sans qu'il y ait passage ou une arcature aveugle plaquée contre le mur au-dessus des grandes arcades, simulant un triforium.

Triforium est aussi un ensemble vocal liturgique dans la cathédrale Saint Pierre de Vannes dirigée par Marie Guézel.

Historique

L'histoire de l'architecture religieuse est notamment marquée par l'évolution de l'élévation interne des églises.

L'église dans l'architecture romane peut avoir une seule élévation (un étage de grandes arcades), une double élévation (deux étages : grandes arcades et tribunes) ou une triple élévation (trois étages : grandes arcades, tribunes et fenêtres hautes).

Au début de la période gothique, certaines églises (cathédrale de Noyons, Laon, Sens et Paris) ont une élévation à quatre étages, grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres hautes. Le développement de l'arc-boutant qui a pour fonction le contrebutement de l'édifice voit la disparition progressive des deux éléments qui avaient ce rôle dans l'architecture romane, les contreforts et les tribunes, ces dernières étant alors remplacées par le triforium. Initialement aveugle (car masqué par le toit en appentis des bas-côtés, il est ouvert uniquement sur l'intérieur puis devient ajouré à partir des années 1235-1245 à la basilique Saint-Denis et à la cathédrale de Troyes, grâce à l'adoption des toitures plates ou en bâtière. Le gothique rayonnant voit l'ouverture du triforium à claire-voie, couronnée d’un gable qui se marie avec les remplages des fenêtres hautes. Le gothique flamboyant se caractérise par la suppression du triforium, les fenêtres hautes descendant jusqu’au niveau des grandes arcades, ce qui donne un éclairage encore plus intense. D'autres éléments décoratifs peuvent tenir lieu de triforium, comme des oculus[3].

Dans l'architecture normande, les architectes comblent la suppression du triforium en maintenant une division intermédiaire sous la forme d'une coursière limitée par une balustrade ajourée à la base des fenêtres hautes (le clergé pouvait y accéder pour certaines célébrations), restant ainsi fidèle aux élévations tripartites[4].

Les historiens de l'art, sur la base de découvertes de traces de badigeon révélées sur les élévations intérieures, pensent que les arcatures aveugles des triforiums étaient ornées de couleurs. Elles devaient être source de lumière autant qu'un vitrail, tant par la nature lumineuse du matériau que par les peintures qui composaient une couronne céleste autour du sanctuaire[5].

Galerie

  • Ébauche de triforium avec des baies rectangulaires, abbaye Saint-Germer-de-Fly.
    Ébauche de triforium avec des baies rectangulaires, abbaye Saint-Germer-de-Fly.
  • ÉlĂ©vation Ă  quatre niveaux (grandes arcades, tribunes, triforium et fenĂŞtres hautes), cathĂ©drale de Laon.
    Élévation à quatre niveaux (grandes arcades, tribunes, triforium et fenêtres hautes), cathédrale de Laon.
  • Le triforium Ă  baies gĂ©minĂ©es contourne les piles dans la cathĂ©drale de Narbonne.
    Le triforium à baies géminées contourne les piles dans la cathédrale de Narbonne.
  • Exemple très prĂ©coce de claire-voie, le triforium du chĹ“ur de la cathĂ©drale de Troyes est ajourĂ© par un remplage correspondant percĂ© dans le mur de fond vers le milieu du XIIIe siècle.
    Exemple très précoce de claire-voie, le triforium du chœur de la cathédrale de Troyes est ajouré par un remplage correspondant percé dans le mur de fond vers le milieu du XIIIe siècle[6].
  • Triforium Ă  quadruples arcatures rĂ©unies sous un arc de dĂ©charge, abbaye de Malmesbury.
    Triforium à quadruples arcatures réunies sous un arc de décharge, abbaye de Malmesbury.
  • Gothique rayonnant du chĹ“ur qui prĂ©sente une Ă©lĂ©vation Ă  trois Ă©tages au-dessus d'un soubassement Ă  arcatures aveugles : fenĂŞtres basses, triforium Ă  claire-voie et fenĂŞtres hautes, Ă©glise Saint-Amand.
    Gothique rayonnant du chœur qui présente une élévation à trois étages au-dessus d'un soubassement à arcatures aveugles : fenêtres basses, triforium à claire-voie et fenêtres hautes, église Saint-Amand.
  • Triforium remplacĂ© par une coursière Ă  la base des fenĂŞtres hautes, chĹ“ur de cathĂ©drale de Coutances.
    Triforium remplacé par une coursière à la base des fenêtres hautes, chœur de cathédrale de Coutances.
  • Faux triforium composĂ© de triple arcature (aveugle et ajourĂ©e) par travĂ©e, cathĂ©drale d'Autun.
    Faux triforium composé de triple arcature (aveugle et ajourée) par travée, cathédrale d'Autun.
  • Faux triforium formĂ© par trois arcades en tiers-point par travĂ©e, Ă©glise Saint-Étienne de Marly-la-Ville.
    Faux triforium formé par trois arcades en tiers-point par travée, église Saint-Étienne de Marly-la-Ville.
  • Faux triforium composĂ© d'arcatures alternativement trilobĂ©es et en plein cintre entre deux bandeaux moulurĂ©s, basilique Saint-Materne.
    Faux triforium composé d'arcatures alternativement trilobées et en plein cintre entre deux bandeaux moulurés, basilique Saint-Materne.

Notes et références

  1. Parfois comme dans la cathédrale de Laon, ce passage n'est pas dans l'épaisseur mais en porte à faux sur les voûtes des tribunes inférieures.
  2. Maryse Bideault (chargée de cours à l'université de Paris-Sorbonne), « Triforium », sur universalis.fr, Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  3. Olivier Mignon, Frédéric Siard et Jean-Pierre Mouton, Découvrir une église, Éditions de l'Atelier, , 71 p. (ISBN 978-2708239395), p. 29.
  4. Étienne Hamon, Un chantier flamboyant et son rayonnement, Presses Universitaires du Franche-Comté, , p. 345.
  5. (en) Arnaud Timbert, « La quête de la transparence », Arts Sacrés, no 24,‎ , p. 15.
  6. Eugène Lefèvre-Pontalis, L'Architecture gothique dans la Champagne méridionale au XIIIe et au XIVe siècle, A. Picard et Fils, , p. 22.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

  • (en) « Triforium », sur pitt.edu, UniversitĂ© de Pittsburgh (consultĂ© le ).
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