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Alfred Velpeau

Alfred-Armand-Louis-Marie Velpeau, né le à Brèches et mort le à Paris, est un anatomiste et chirurgien français, inventeur du bandage qui porte son nom, la « bande Velpeau ».

Alfred Velpeau
Velpeau photographié par Pierre Petit.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Alfred Armand Louis Marie Velpeau
Nationalité
Formation
Activités
signature d'Alfred Velpeau
Signature de Velpeau.
Vue de la sépulture.

Biographie

Enfance

Fils d’un maréchal ferrant, qui devait, au besoin, comme tous ses confrères de la campagne, exécuter les pratiques les plus simples de l’art vétérinaire, Velpeau apprit d’abord à ferrer les chevaux[1] et passa sa première jeunesse à aider son père dans son métier[2]. Ayant appris presque seul à lire et à écrire et désirant s’instruire, il avait trouvé chez son père un ancien Traité d’hippiatrique et le Médecin des pauvres avec lequel il parvint à acquérir quelques notions de médecine pratique, se faisant peu à peu une sorte de réputation par plusieurs cures heureuses opérées dans son village tourangeau[2]. Un voisin, à qui sa passion pour l’étude avait inspiré de l’intérêt, lui ayant procuré les moyens de la satisfaire, ses progrès furent rapides, et il fut envoyé, en , à Tours où la rencontre de Pierre Bretonneau, fondateur de l’école de médecine de Tours, décida de sa carrière[3].

Études

AttachĂ© Ă  l’hĂ´pital de Tours, il dut reprendre toutes ses Ă©tudes par la base et se mit Ă  Ă©tudier Ă  la fois le latin, le français, la gĂ©ographie, l’histoire, l’anatomie, la physiologie et toutes les branches de la mĂ©decine, au milieu des privations que lui imposait la modicitĂ© de ses ressources[2] - [3]. Ă€ force d’application au service de l’hĂ´pital, il se fit admettre comme Ă©lève interne, et, au bout de quinze mois, fut reçu officier de santĂ©[2]. NommĂ© premier Ă©lève, en 1818, avec 200 francs d’appointements, il y joignit le revenu d’une petite clientèle, qui lui permit de faire les Ă©conomies nĂ©cessaires pour monter Ă  Paris pour y poursuivre ses Ă©tudes[2] oĂą, son assiduitĂ© au travail, ses aptitudes, l’ayant rapidement fait distinguer parmi les autres Ă©tudiants de l’hĂ´pital de Tours, son professeur l’aida de ses conseils, de ses recommandations et de sa bourse[4]. Ă€ peine arrivĂ© Ă  Paris, avec de très prĂ©caires ressources, Velpeau eut Ă  affronter le besoin et les difficultĂ©s d’une Ă©ducation première tout Ă  fait insuffisante, pour ne pas dire absente, car il possĂ©dait Ă  peine les premiers Ă©lĂ©ments de la langue française, et il savait tout juste de latin ce qu’un pauvre desservant de village avait pu lui apprendre[4]. En 1820, il Ă©tait dĂ©jĂ  le premier aide de Charles Bougon, mĂ©decin de la duchesse de Berry[5]. CouronnĂ© au concours de l’École pratique en 1821[2], il rĂ©ussit nĂ©anmoins, Ă  force de travail, Ă  devenir successivement aide d’anatomie, faisant plusieurs cours qui eurent un grand succès, puis docteur, en [2], puis chirurgien des hĂ´pitaux, puis agrĂ©gĂ© en mĂ©decine Ă  la FacultĂ©, puis enfin professeur de clinique chirurgicale après une brillante sĂ©rie de concours[4].

Carrière

La Leçon d’anatomie de Velpeau à la Charité par Augustin Feyen-Perrin, 1864.

En 1830, il fut nommé chirurgien de la Pitié et, en 1835, professeur de clinique chirurgicale[2]. Exerçant comme chirurgien dans plusieurs hôpitaux parisiens, il occupa la chaire de chirurgie clinique à la Faculté de médecine de Paris de 1833 à 1867.

Il fut élu membre de l’Académie de médecine en 1832 et de l’Académie des sciences en 1843, en remplacement de Dominique-Jean Larrey. En 1860, il présenta les travaux de James Braid sur l'hypnose à l’Académie des sciences[6].

Vie personnelle

Velpeau avait la main droite mutilĂ©e, par suite d’un accident, s’étant, au dĂ©but de sa carrière, fait au doigt une piqĂ»re en dissĂ©quant, une « piqĂ»re anatomique Â», dont il a failli mourir, mais il fut quitte pour une incurable rigiditĂ© de l’index. PrivĂ© de l’index de la main agissante, il opĂ©rait nĂ©anmoins, avec les quatre doigts qui lui restaient, avec une suretĂ©, avec une prĂ©cision, avec une rapiditĂ© vraiment merveilleuses.

Quant à son caractère, de prime abord dur, brutal, il devenait, peu à peu, d’une bonté parfaite[7]. Un de ses anciens élèves le décrit, dans le Figaro, comme « un vieillard de petite taille, sec, vert et très vif encore. Il marchait à petits pas dans une attitude raide, comme s’il avait la colonne vertébrale, ankylosée[8]. »

À l’âge de 72 ans, alors qu’il était encore complètement immergé dans son travail, ne voyant sa femme, sa fille et ses petits-enfants dans sa maison de campagne d’Antony que le weekend, il a attrapé la grippe mais refusé de diminuer ses activités. Il en est mort quelques jours après avoir effectué sa dernière opération[9] - [10]. À l’issue d’obsèques à l’église Saint-Thomas-d’Aquin, il a été inhumé au cimetière du Montparnasse[11] - [12]. Il avait été promu, le , commandeur de la Légion d’honneur[13].

Travaux

Caricature de Velpeau par Carjat.

En , il déclara à l’Académie des sciences que l’on guérit le plus souvent du choléra malgré des remèdes à la prétendue efficacité et des traitements sans valeur administrés, déclaration qui émut le public[2] - [14].

Il a donné son nom à un pansement, la bande Velpeau. Il est également connu pour avoir tenté une expérience controversée sur la mémoire : il a demandé au docteur condamné à mort, Désiré Couty de la Pommerais, médecin ayant empoisonné ses patientes pour toucher leur assurance-vie, de lui faire un triple clin d’œil une fois que sa tête serait coupée[15] - [16]. La parole de Velpeau, comme professeur, était claire, abondante, facile ; c’était le professeur classique par excellence. Outre ses ouvrages, on lui doit un grand nombre de Mémoires insérés dans les Bulletins de l’Académie de médecine et de Communications faites à cette société sur les altérations du sang, le cancer, les hémorragies, la résorption purulente, sur le Traitement du docteur Vriès, 1859, etc. qui attestent la sûreté et la variété de ses connaissances physiologiques et médicales. Il a eu Simon Noël Dupré et Antonin Jean Desormeaux[17] pour élèves.

Publications

Velpeau est l’auteur de nombreuses publications sur la chirurgie, l’embryologie, l’anatomie et l’obstétrique, parmi lesquelles un Traité élémentaire de l’art des accouchements paru en 1830. Ses trois ouvrages les plus importants sont, sans contredit, son Traité d’anatomie chirurgicale, son Traité de médecine opératoire, et surtout son Traité des maladies du sein où se rencontrent les qualités qui le caractérisent véritablement comme écrivain. Il fut, avec Roux, un des défenseurs les plus résolus et les plus convaincus du chloroforme, dès que celui-ci fit son apparition[18].

Miscellanées

  • La maison de maĂ®tre qu’il avait achetĂ©e, en 1860, Ă  Antony, a Ă©tĂ© baptisĂ©e, depuis, « propriĂ©tĂ© Velpeau Â». La rue Velpeau Ă  Antony porte son nom ainsi qu’une Ă©cole primaire et l’hĂ´pital dans cette mĂŞme rue. Le quartier de Tours « La Fuye-Velpeau Â» porte Ă©galement son nom.
  • Une lĂ©gende tenace veut que, Ă  la suite du refus par Alfred Velpeau, au CafĂ© de l'Univers et en 1845, d'un plat de pommes de terre frites coupĂ©es en tranches contrairement Ă  son habitude, le cuisinier de l'Ă©tablissement les aurait recuites crĂ©ant ainsi les pommes de terre soufflĂ©es. Ces pommes soufflĂ©es auraient Ă©tĂ© servies au docteur PiĂ©dagnel et ses convives, M. Turgan son interne et M. Troncin du Mersan un de ses externes[19].

Notes et références

  1. Souvent, il rappelait qu’il avait transporté plusieurs instruments d’une utilité incontestable de la maréchalerie dans la chirurgie.
  2. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains : contenant toutes les personnes notables de la France et des pays Ă©trangers, t. 1, Paris, Hachette, , 1802 p. (lire en ligne), p. 1713-4.
  3. Paul Triaire (dir.), Bretonneau et ses correspondants : ouvrage comprenant la correspondance de Trousseau et de Velpeau avec Bretonneau, publié avec une biographie et des notes, t. 1, Paris, Alcan, , 648 p. (lire en ligne), p. 76.
  4. L’Union médicale : journal des intérêts scientifiques et pratiques, t. 3e, Paris, O. Doin, , 546 p. (lire en ligne), p. 339.
  5. « Le chirugien Velpeau », Le Petit Journal, no 1669,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) American Psychiatric Association, The American Journal of Psychiatry, vol. 145, American Psychiatric Association, (lire en ligne), p. 1215.
  7. Camille Étiévant, « Trousseau et Velpeau », Le Monde illustré, vol. 21, année 11, no 542,‎ , p. 132 (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Le Docteur Velpeau », le Figaro, no 91,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) R. E. Mansel, David J. T. Webster et Helen Sweetland, Benign Disorders and Diseases of the Breast, Elsevier Health Sciences, , 353 p. (ISBN 978-0-70202-774-1, lire en ligne), p. 10
  10. Selon Charles Guignard, il a succombé à une affection aiguë de la prostate. Voir Guignard, op. cit.
  11. Charles Guignard, Velpeau : sa mort, ses funérailles, discours de Mgr l’évêque de Nancy, lettre de Mgr l’archevêque de Besançon, billet de condoléance de Mgr Langénieux,… lettre du P. Joseph, témoignages de la presse, lettre de M. le Cte de Lambel, Tours, E. Mazereau, , 45 p., in-18 (lire en ligne), p. 44.
  12. Division 7, rangĂ©e 1 (« avenue de l’Ouest Â»)
  13. Bulletin des lois de la République Française, Paris, Impr. Nat. des Lois, , 1312 p. (lire en ligne), chap. 603, p. 660.
  14. Paul Delaunay, Le Corps médical et le choléra en 1832, Tours, Tourangelle, , 86 p. (lire en ligne), p. 32.
  15. Pierre Reboul, Errements littéraires et historiques, Presses Universitaires du Septentrion, , 330 p. (ISBN 978-2-85939-126-3, lire en ligne), p. 243-4.
  16. Fulbert Dumontheil rapporte, quant Ă  lui, cette anecdote dans La Petite Presse : un patient Ă  la suite d’une douloureuse opĂ©ration, s’était persuadĂ© qu’il avait une couleuvre dans le corps. Il ne parlait que de ce reptile imaginaire se tordant ou rampant dans ses entrailles. « Demain, je vous administrerai un vomitif, lui dit Velpeau, et nous verrons bien si la couleuvre se dĂ©cidera Ă  sortir. Â» Le lendemain, au moment oĂą la mĂ©decine opère, une belle couleuvre, achetĂ©e chez un pharmacien, est dextrement placĂ©e dans la cuvette. « Enfin, s’écrie Velpeau, la voilĂ  ! elle devait vous gĂŞner beaucoup. Â» Et le malade de sourire et de fĂ©liciter son sauveur. Mais tout Ă  coup, son regard devient inquiet, ses lèvres se contractent, et portant sa main sur sa poitrine. « Ah ! docteur, s’écrie-t-il, ce n’est pas tout ; elle avait des petits, j’en suis sĂ»r, je les sens, ils rampent, ils cherchent leur mère. — Impossible, rĂ©torque Velpeau, en examinant la couleuvre… c’est un mâle ! Le fou n’ayant rien Ă  rĂ©pondre, il fut convaincu et se trouva guĂ©ri. Â» Voir Fulbert Dumonteilh, « Deux anecdotes », La Petite Presse, vol. 2, no 499,‎ , p. 4 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  17. Pierre Léger, « Antonin Jean Desormeaux », Progrès en urologie, no 14,‎ , p. 1231 (lire en ligne).
  18. Henri Lamertin, Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, t. 8, Bruxelles, Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, (lire en ligne), p. 199.
  19. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le )

Publications

MĂ©daillon de Velpeau sur le monument aux « Trois MĂ©decins Tourangeaux Â» dĂ©truit par la loi de Vichy du 11 octobre 1941.
  • TraitĂ© d’anatomie chirurgicale, 1825, 2 vol. avec atlas ; 3 Ă©dit., 1837.
  • Exposition d’un cas remarquable des maladies cancĂ©reuses avec oblitĂ©ration de l’aorte, 1825
  • Anatomie des rĂ©gions 1825-1826, ouvrage refondu, en 1836, sous le titre : Anatomie chirurgicale, gĂ©nĂ©rale et topographique, 2 vol. in-8, avec atlas.
  • TraitĂ© de l’art des accouchements : ou tocologie thĂ©orique et pratique, Paris, , 547 p., 2 vol. in-8° avec figures, 2e Ă©dit. (lire en ligne).
  • MĂ©moire sur les positions vicieuses du fĹ“tus, 1830.
  • Recherches sur la cessation spontanĂ©e des hĂ©morragies traumatiques primitives et la torsion des artères, 1830.
  • Nouveaux Ă©lĂ©ments de la mĂ©decine opĂ©ratoire, avec atlas de 20 planches in-4° reprĂ©sentant les principaux procĂ©dĂ©s opĂ©ratoires et les instruments, 1832, 2e Ă©dit., 1839, 4 vol. in-8°, avec atlas.
    L’un des ouvrages les plus complets de son époque, qui jouit de la plus grande autorité.
  • Embryologie ou ovologie humaine, contenant l’histoire descriptive et iconographique de l’œuf humain, 1833.
    Avec quinze planches, livre considéré comme l’œuvre la plus remarquable de Velpeau.
  • TraitĂ© de l’opĂ©ration du trĂ©pan dans les plaies de la tĂŞte, 1834.
  • MĂ©moires sur les convulsions qui surviennent avant, pendant et après l’accouchement, 1834.
  • Manuel pratique des maladies des yeux, 1840, 1 vol. in-18.
  • Recherches sur les cavitĂ©s closes naturelles ou accidentelles de l’économie animale, 1843-1846, 2 parties in-8°.
  • TraitĂ© des maladies du sein et de la rĂ©gion mammaire, Paris, 1853, 2e Ă©dit., 1858, etc.

Bibliographie

  • Émile Aron, « Alfred Velpeau (1795-1867) : une carrière exceptionnelle », Histoire des Sciences MĂ©dicales, t. xxviii,‎ (lire en ligne).
  • Jean-Louis DorĂ© et Catherine DorĂ©, « Notice biographique ».

Liens externes

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