Alexandre Dumaine
Alexandre Dumaine, né le à Digoin (Saône-et-Loire) et mort le à Bourg-en-Bresse, est un chef cuisinier français du restaurant gastronomique l'Hôtel de La Côte d'Or (actuel Relais Bernard Loiseau), à Saulieu en Côte-d'Or en Bourgogne-Franche-Comté.
Alias |
« Le Magnifique » « Le roi des cuisiniers » « Le cuisinier des rois » |
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Naissance |
Digoin (Bourgogne) |
Décès |
Bourg-en-Bresse |
Nationalité | France |
Profession | |
Activité principale | |
Distinctions |
Trois étoiles au Guide Michelin Membre de l'Académie culinaire de France, et de l'Académie du Morvan Croix de guerre 1914-1918 |
Conjoint |
Jeanne Dumaine |
Trois étoiles au Guide Michelin de 1935 à 1964, il est surnommé « le Magnifique »[1], « le roi des cuisiniers », et « le cuisinier des rois », référence incontournable de l'Histoire de l'art culinaire, et de la gastronomie française pendant 32 ans, avec les chefs Fernand Point de La Pyramide à Vienne, et André Pic à Valence. Bernard Loiseau lui succède en 1981, puis Patrick Bertron en 2003[2].
Biographie
Apprentissage
Alexandre Dumaine naît le à Digoin en Saône-et-Loire en Bourgogne. Il entre en apprentissage en 1907 à l'Hôtel de la Poste de Paray-le-Monial, toujours en Bourgogne, puis devient commis à l'hôtel de Carlton à Vichy en Auvergne, au Carlton de Cannes[3], avant de gagner la capitale pour compléter sa formation auprès des grands chefs Léopold Mourier et Tony Giraud au célèbre Café de Paris (41 avenue de l'Opéra)[4].
- Actuel Relais Bernard Loiseau, vu depuis le square Alexandre-Dumaine.
- Plaque du square Alexandre-Dumaine, en face du restaurant.
Durant la Première Guerre mondiale il s'engage en 1914 comme cuistot et artilleur dans les 58e régiment d'artillerie, puis 251e RAC, ou il officie sur le front, sur le Chemin des Dames, et à la bataille de Verdun… Il est décoré de la Croix de guerre 1914-1918 avec citation « Toujours volontaire pour les choses les plus difficiles »[3]. À la suite de la victoire de 1918, le président de la Compagnie générale transatlantique John Dal Piaz, propose à Dumaine et son épouse d'assurer l'administration et la réputation gourmande de toute une chaîne hôtelière qu'il vient de créer en Afrique du Nord[5].
Hostellerie de la Côte d’Or à Saulieu
En 1932, après dix ans passés en Algérie, il éprouve la nostalgie de la France et de sa Bourgogne d'origine, et revient s'établir à Saulieu, ou il achète l’Hostellerie de la Côte d’Or, sur la RN 6 Paris-Alpes[7] (non loin de la mythique RN 7 historique Paris-Côte d'Azur). Il est auréolé en 1935 de la prestigieuse troisième étoile du Guide Michelin, et s'impose rapidement durant ses trente-deux années de carrière, avec l'aide de son épouse Jeanne, comme un des trois grands chefs français de son époque avec Fernand Point à Vienne, et André Pic à Valence. Il est récompensé de tout ce qui se fait en matière de prix de gastronomie, avec entre autres parmi ses recettes de prédilection : les écrevisses de monsieur le Prieur, la carpe à la Chambord, l'oreiller de la Belle Aurore, les truffes au champagne... Il sait rehausser les plats les plus simples, en particulier grâce au choix des produits employés[8]. Des clients fidèles de prestige et nombreuses célébrités de l'époque, ne manquent pas de s'arrêter chez lui, sur la route Paris-Alpes-Côte d'Azur, dont le roi d'Espagne Alphonse XIII, le général Juin, l'Aga Khan, Rainier III de Monaco, le comte de Paris, Sacha Guitry, Orson Welles, Ernest Hemingway, Édith Piaf, Colette, Fernandel, Mistinguett, Maurice Chevalier, Georges Carpentier, Charlie Chaplin, Vivien Leigh, Gary Cooper, Salvador Dalà et même le maréchal Pétain, le , en route pour l'Allemagne s'arrête à la Côte d'Or… Le célèbre critique culinaire Curnonsky y établit son quartier général. Dumaine est membre de l'Académie du Morvan dès 1967, et membre de l'Académie culinaire de France. Il rédige son ouvrage culinaire Ma Cuisine en 1972, qu'il dédie à son épouse, avec la collaboration d'Henry Clos Jouve et de Roger Arnoux[9], chef pâtissier, ami du cuisinier des rois, qui a conçu les gâteaux présentés dans cet ouvrage, dans lequel il livre ses souvenirs et quelques recettes, dont la timbale de brochet éminence, ou la terrine de bécasse chaude au chambertin...
Disparition et succession
Le chef François Minot succède à Alexandre Dumaine en 1963[10], avec deux étoiles au Guide Michelin. Ce dernier se retire en 1964 à Digoin, et disparaît le à Bourg-en-Bresse. Le square Alexandre-Dumaine de Saulieu (en face du restaurant) est baptisé à son nom en son honneur, avec un des Ours blancs de l'artiste de Saulieu François Pompon[11]. Une salle historique Alexandre Dumaine, de l'actuel Relais Bernard Loiseau est dédiée à sa mémoire, par son successeur, et inscrite avec son décor d'origine aux monuments historiques depuis 2010[6]. En 1975, le chef cuisinier Claude Verger engage le jeune chef Bernard Loiseau à La Barrière de Clichy, à Paris et lui confie la gérance de L'Hôtel de la Côte d’Or qu'il a acheté à Saulieu. Ce dernier acquiert le restaurant en 1982 après sept ans de gérance, obtient à son tour ses trois étoiles au Guide Michelin en 1991, et redonne tout son prestige international à l'établissement. À la suite de sa disparition, son œuvre est poursuivie par son épouse Dominique Loiseau, ses enfants, et le chef Patrick Bertron (son élève et second pendant vingt ans)[12].
Bibliographie
- 1972 : Alexandre Dumaine et Henry Clos Jouve, Ma Cuisine, [recettes et souvenirs].
Notes et références
- www.lesechos.fr/lesechos.fr/la-cote-d-or-a-saulieu-defend-l-art-du-gite-et-du-couvert
- www.saulieu-morvan.fr/joomla/gastronomie-et-productions-locales/le-groupe-bernard-loiseau/alexandre-dumaine
- www.academieculinairedefrance.com/alexandre-dumaine
- Encyclopædia Universalis, « ALEXANDRE DUMAINE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- www.universalis.fr/encyclopedie/alexandre-dumaine/
- Notice no PA21000057, base Mérimée, ministère français de la Culture
- www.voyager-magazine.fr/le-relais-bernard-loiseau-haut-lieu-de-la-gastronomie-et-du-bien-etre
- « Vaches maigres et vaches grasses », article de Jean-Claude Cagnion paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » no 93 (printemps 1993), pages 21 à 23.
- Lui aussi originaire de Digoin.
- www.bienpublic.com/cote-d-or/2011/12/11/dumaine-jambon-qui-s-en-dedit
- www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine
- www.slate.fr/story/122319/rabaudy-saulieu-etoile