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Adnan Khashoggi

Adnan bin Mohammed bin Khalid Khashoggi (en arabe : عدنان بن محمد بن خالد خاشقجيي), né le à La Mecque (Arabie saoudite) et mort le à Lambeth (Grand Londres, Royaume-Uni), est un homme d'affaires saoudien d’origine cassogue, turque et syrienne[1] - [2] - [3]. Il a été célèbre pour son style de vie flamboyant et ses contrats d'armement qui lui rapportèrent de confortables commissions.

Adnan Khashoggi
Adnan Khashoggi à Deauville dans les années 1980.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Lambeth
Nom dans la langue maternelle
عدنان خاشقجي
Surnom
AK
Nationalité
Formation
Activités
Marchand d'armes, homme d'affaires, entrepreneur
Père
Muhammad Khashoggi (en)
Fratrie
Samira Khashoggi
Soheir Khashoggi (en)
Conjoint
Sandra Jarvis-Daly (d)
Enfants
Nabila Khashoggi (en)
Ali Khashoggi (d)
Parentèle
Autres informations
Propriétaire de

Il Ă©tait considĂ©rĂ© comme l'homme le plus riche dans le monde avec une fortune estimĂ©e de 2.7 milliards ÂŁ[4] soit 4 milliards de dollars au dĂ©but des annĂ©es 1980[5] - [6].

Famille et formation

Il naît dans une famille ottomane de Kayseri. Proche des Saoud, sa mère était d'origine syrienne, Adnan Mohammed Khashoggi bénéficie de l'appui de son père, médecin personnel du roi Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, le fondateur de l'Arabie saoudite[7] - [8] - [9].

Khashoggi étudie au Victoria College à Alexandrie en Égypte. Ensuite il part étudier aux États-Unis dans l'université d'État de Chico en Californie et aussi à l'université de Stanford. Puis il décide d'arrêter ses études pour faire fortune dans les affaires.

Khashoggi fait la connaissance en Égypte de Mohamed Al-Fayed, qui avait rencontrĂ© sa sĹ“ur Samira Khashoggi sur une plage d'Alexandrie[10]. Al-Fayed et Samira se marieront en 1954 (Adnan a alors 19 ans) ; de cette union naĂ®tra un fils, Dodi Al-Fayed, qui meurt dans un accident de voiture Ă  Paris en 1997 en compagnie de la princesse Diana. Khashoggi emploiera Mohamed Al-Fayed dans son affaire d'importation en Arabie saoudite. Une autre de ses sĹ“urs est Soheir Khashoggi, une Ă©crivaine Ă  succès (Mirage, Nadia's Song et Mosaic), dont le fils est le journaliste Jamal Khashoggi (journaliste saoudien assassinĂ© au consulat d'Arabie saoudite en Turquie en )[11] - [12].

Monde des affaires

Il fait sa première grosse affaire en tant qu'intermĂ©diaire auprès de Kenworth, fabricant de camions aux États-Unis et d'une grosse entreprise du BTP. L'entreprise a des difficultĂ©s parce que ses camions s'enlisent dans ses chantiers situĂ©s dans le dĂ©sert. Khashoggi utilise l'argent prĂŞtĂ© par son père pour l'achat d'une voiture, pour acheter plusieurs camions Kenworth disposant de roues pouvant se dĂ©placer plus facilement dans le dĂ©sert. Khashoggi, en louant ses camions Ă  l'entreprise du BTP, se fait payer 250 000 $ et il devient le reprĂ©sentant-intermĂ©diaire de Kenworth en Arabie saoudite[13] - [14].

Durant les années 1960 et 1970, avec l'argent de cette première opération, Adnan Khashoggi, que le monde financier surnommera plus tard « AK », se rend en Occident et fait l'intermédiaire entre les entreprises occidentales et le marché en pleine croissance saoudien. Kahshoggi aide le secteur de la défense saoudien à se procurer des armes à une époque où le jeune royaume saoudien se sent menacé par la montée des nationalismes dans la région[14]. Par l'entregent qu'il possède dans les milieux financiers de plusieurs pays arabes, il procure conseils et fait office de négociateur entre l'Arabie Saoudite et les entreprises occidentales pour se procurer le meilleur armement. En 1963, la nomination de Sheikh Ahmed Zaki Yamani en tant que ministre du Pétrole d'Arabie saoudite, permet à Khashoggi une ascension rapide. De simple intermédiaire, il devient désormais représentant officiel des industriels de l'armement Northrop Grumman, Chrysler, Raytheon, Lockheed pour les pays arabes[14].

La crĂ©ation de Triad Group en 1973, impose Khashoggi comme le dirigeant du plus important consortium multinational du monde arabe. Son entregent se dĂ©veloppe aux États-Unis oĂą, sous l'impulsion de Morton Mc Leod, intervenant politique auprès de Washington, et de Stephen H Lockton, premier gestionnaire des fonds de pension amĂ©ricains, Khashoggi s'installe au Waldorf-Astoria et acquiert, au nom de son groupe, des participations majoritaires dans de nombreuses sociĂ©tĂ©s agricoles et industrielles sur le territoire des États-Unis. Avec l'appui des politiques amĂ©ricains, il obtient un visa permanent en 1975 et dĂ©clare dĂ©jĂ  Ă  l'IRS 45 millions de dollars de commissions pour la seule annĂ©e 1976.

En 1980, le Nabilla est le plus grand yacht privé de son époque. Plus tard, il est vendu à Donald Trump.
Jet privé et hélicoptère de Khashoggi.

S'entourant d'hommes d'affaires inconnus Ă  l'Ă©poque, comme Samir Traboulsi ou Akram Ojjeh, il Ă©tend son influence Ă  l'Europe oĂą, pendant près de dix ans, il va tisser des liens importants avec les industriels et politiciens du monde entier. Aux États-Unis ses relations avec le Carlyle Group et ses participations financières dans des sociĂ©tĂ©s mondialement connues (Union Carbide, Lloyds TSB, Bank of California) participent Ă  sa notoriĂ©tĂ©. Ses commissions — 34 millions de dollars pour le marchĂ© des Ă©gouts irakiens, 30 millions pour avoir facilitĂ© l'implantation de l'avion Mirage III[15] — mais aussi ses dĂ©penses importantes, le font connaĂ®tre en France dans les annĂ©es 1980. Il fait ainsi construire le yacht privĂ© le plus grand au monde Ă  cette Ă©poque, soit 85 mètres, nommĂ© d'après le nom de sa fille, Nabilla, pour un coĂ»t de 100 millions de $. Il est cĂ©lèbre pour ĂŞtre apparu dans un James Bond, Jamais plus jamais[16] comme Ă©tant le yacht, le Flying Saucer, du mĂ©chant du film, Largo. Il est aussi le sujet de la chanson du groupe britannique Queen sortie en 1989 sur l'album The Miracle intitulĂ©e Kashoggi's Ship.

Son fondĂ© de pouvoir parisien, Christophe de Cagny, lui prĂ©sente le jeune Kenzo Takada. Khashoggi, sĂ©duit par les dessins du styliste, installe le couturier rue du Faubourg-Saint-HonorĂ© oĂą le prĂŞt de 800 m2 facilite la mĂ©diatisation de Kenzo[15].

Effondrement du Triad Group

L'effondrement du consortium, essentiel à la carrière de Khashoggi, est lié à différentes déconvenues.

En 1985, Mohamed Al-Fayed se brouille avec Khashoggi pour une affaire d’importation de 5 000 ambulances Ă  destination des Émirats. D'autres collaborateurs importants quitteront Ă©galement le groupe. Khashoggi est Ă©galement contraint d'abandonner un contrat d’uranium au profit des États-Unis. Le sultan de Brunei ralentit ses relations et lui prĂ©fère d'autres intermĂ©diaires moins onĂ©reux. Enfin, plusieurs de ses secrĂ©taires font cavalier seul dans d'importantes affaires d'armement.

L’explosion en 1986 de la navette spatiale Challenger pèse sur le groupe, une partie du matériel détruit ayant été assuré par une compagnie d'assurances liée à Khashoggi. La revente à perte des très nombreux actifs immobiliers espagnols à la suite de l’effondrement du consortium immobilier de Marbella accable encore le consortium.

Ses déboires politico-financiers feront couler beaucoup d'encre dans les années 1990, notamment sa débâcle financière après la construction du Triad Center (en), complexe immobilier de dix hectares d'une valeur d'un milliard de dollars en plein centre de la ville des Mormons Salt Lake City[17].

Affaire Iran-Contra

Le scandale Iran-Contra Ă©clate en 1986. 1 500 missiles amĂ©ricains sont vendus Ă  l'Iran, qui est sous embargo international, Ă  travers IsraĂ«l dans une tentative qui a Ă©chouĂ© de faire libĂ©rer 7 otages amĂ©ricains dĂ©tenus au Liban par le Hezbollah chiite. Par ailleurs, des millions provenant du fruit de la vente ont servi Ă  financer les rebelles Contra au Nicaragua. Khashoggi met d'accord les vendeurs d'armes iraniens et israĂ©liens qui doivent lui reverser 25 millions de $. Mais il ne reçoit rien de la transaction. ContrariĂ© d'avoir Ă©tĂ© flouĂ©, il fait voler la couverture de cette opĂ©ration clandestine Ă  travers son arrangement avec la CIA[17]. Le fait que l'administration Reagan traite Ă  la fois avec l'Iran et les Contras au Nicaragua scandalise l'opinion amĂ©ricaine.

Après ce scandale, Khashoggi devient extrêmement célèbre et gagne son surnom d'Arm Dealer (trafiquant d'armes)[17] - [14].

Affaire Imelda Marcos

En 1989, il est extradĂ© de Suisse vers New-York Ă  la suite d'une transaction avec Imelda Marcos (veuve de Ferdinand), Khashoggi se retrouve accusĂ© comme elle de dĂ©tournement de fonds, Ă  la suite de l'achat Ă  New York d'appartements pour l'ex-dictateur et de peintures de valeur par son intermĂ©diaire pour une valeur de 300 millions de $[17]. Tous deux sont acquittĂ©s en 1990[18]. Ă€ cette Ă©poque, sa fortune est seulement estimĂ©e Ă  8 millions de dollars. Un de ses comptes en banque ne contenait que 47 cents[17].

Entretien de Seymour Hersh

En 2003, un journaliste, Seymour Hersh dénonce une entrevue entre Khashoggi et Richard Perle, lequel a été nommé président de la commission de la politique de défense par le président George W. Bush. L'entrevue a trait à la guerre d'Irak mais aussi à un trafic d'influence dont Hersh accuse Perle ; celui-ci démissionne de son poste à la direction de la commission, tout en en restant membre[19].

Khashoggi doit faire face à d'autres poursuites pénales en 2005, de la part de deux de ses anciens associés et partenaires, El Assir et Samir Traboulsi, ce dernier étant impliqué dans diverses affaires politico-financières nébuleuses impliquant de nombreux intervenants français dans l’affaire Pechiney-Triangle et privant ainsi Khashoggi de certains circuits locaux[20].

Il prend une discrète retraite Ă  Monaco, et meurt le au St Thomas' Hospital Ă  Londres, Ă  l'âge de 81 ans[21].

Vie privée

Adnan Khashoggi a eu de nombreux enfants issus de plusieurs mariages. Il a notamment eu cinq enfants avec sa première Ă©pouse, Sandra Daly (1961-1974), qui se convertit Ă  l'islam et prend le nom de Soraya Khashoggi[22] : Nabila, Mohammed, Khalid, Hussein et Omar. Elle demande le divorce en 1974 et Adnan Khashoggi est condamnĂ© en 1982 Ă  lui verser 875 millions de dollars, ce qui est Ă  l'Ă©poque le divorce le plus cher jamais prononcĂ© et le troisième en 2019 [16]. Il possĂ©dait douze propriĂ©tĂ©s dont une des plus grandes de Marbella en Espagne, soit 2 000 m2 avec cinq lacs artificiels, une rĂ©serve de chasse de plus de 1200 cerfs, 70 000 faisans, un hĂ©liport, 70 jardiniers[23]… Ses autres propriĂ©tĂ©s Ă©taient Ă  Paris, Cannes, Madrid, Monte-Carlo et New-York, sur la 5e Avenue oĂą il a achetĂ© 16 appartements pour en faire une seule habitation[24]. Il possĂ©dait 100 limousines et Ă©tait protĂ©gĂ© par un expert en arts martiaux sud-corĂ©ens, surnommĂ© Mr Kill[24].

Notes et références

  1. (en) « Adnan Khashoggi — the man behind the legend », sur Arab News, (consulté le )
  2. (en) « All in the family », sur The Week (consulté le )
  3. (en) Ronald Kessler, The Richest Man in the World: The Story of Adnan Khashoggi, Grand Central Publishing, (ISBN 978-1-5387-6254-7, lire en ligne)
  4. Le Point.fr, « Décès du milliardaire saoudien et marchand d'armes Adnan Khashoggi », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  5. (en-GB) David Leigh et Rob Evans, « Adnan Khashoggi », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) « The incredible story of the world's richest arms dealer, Adnan Khashoggi / The Gentleman's Journal », sur The Gentleman's Journal (consulté le ).
  7. (en) Ronald Kessler, The Richest Man in the World: The Story of Adnan Khashoggi, Grand Central Publishing, (ISBN 978-1-5387-6254-7, lire en ligne)
  8. (en) « Adnan Khashoggi — the man behind the legend », sur Arab News, (consulté le )
  9. (en) « All in the family », sur The Week (consulté le )
  10. (en) « Holy war at Harrods », Vanity Fair, septembre 1995, p. 8, sur guardianlies.com
  11. (en) « Who is Jamal Khashoggi? », sur VOA News (consulté le )
  12. Il est très probable que le journaliste ait été assassiné. Il faut attendre la conclusion des enquêtes - turques et US entre autres - pour en avoir la certitude
  13. (en) « "Lifestyles of the Rich and Famous" Adnan Khashoggi (TV Episode 1985) » [vidéo], sur IMDb (consulté le ).
  14. « Khashoggi.com », sur khashoggi.com (consulté le ).
  15. P.J., « France - Monde / Des personnages incontournables », Le Progrès,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) « Adnan Khashoggi Net Worth », sur Celebrity Net Worth, (consulté le ).
  17. (en) Michael Gillard, « Adnan Khashoggi obituary », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. Alain Lallemand, « Imelda Marcos acquittée par le tribunal fédéral de New York », Le Soir,‎ (lire en ligne)
  19. (en) Seymour M. Hersh, « Lunch With the Chairman », The New Yorker,‎ (lire en ligne)
  20. « Le carnet d’or de Samir Traboulsi », Jacques Follorou, Le Monde, sur algerie-dz.com, 1er mai 2005
  21. (it) « Morto il miliardario Khashoggi: icona di lusso e ricchezza negli anni '80 », Rai News, 6 juin 2017.
  22. (en) « Former billionaire's wife Soraya Khasgoggi's modest life as a flower-seller », Mail Online,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Ignacio Ramonet, « La mauvaise étoile d'Adnan Khashoggi », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. (en) David Leigh et Rob Evans, « Adnan Khashoggi », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).

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