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Action antifasciste

L’Action antifasciste, Antifaschistische Aktion, Antifascistische Aktie, Antifascist Action ou Antifascistisk Aktion — abrégé Antifa (allemand/néerlandais/anglais/français/italien) ou AFA (pays scandinaves) — est un réseau informel de « collectifs » autonomes d'extrême gauche radicaux, principalement anarchistes, qui se réclament de l'antifascisme et promeuvent l'action directe contre toutes les formes d'extrême droite.

Action antifasciste
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique RĂ©seau informel
But Opposition Ă  l'extrĂŞme droite
Fondation
Fondation Années 1980
Identité
Méthode Manifestations, vandalisme, actions violentes, partage d’informations, réflexion théorique sur l’antifascisme, graffiti, musique, etc.[1]

Des collectifs « antifa Â» sont prĂ©sents surtout, mais pas seulement, en Allemagne, France, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Suède, Italie, Danemark, Norvège, Australie, Canada, IsraĂ«l et aux États-Unis.

Éléments historiques

L'antifascisme avant 1945

C'est dans les années 1920, après la prise de pouvoir de Mussolini, qu’apparaît pour la première fois le concept d'« antifascisme » dans la communauté des réfugiés politiques italiens en France. En , des opposants italiens au fascisme fondent la Concentration d'Action antifasciste (Concentrazione d'azione antifascista) réunissant des militants exilés de la plupart des forces de gauche à l'exception des communistes et des catholiques (PSIL, PSI, Parti républicain, CGL, Ligue italienne des Droits de l'Homme)[2] - [3]. Elle est active jusqu'en 1934[4]. À la même époque, des anarchistes seront à l'initiative d'un Comité d'action antifasciste[5].

En Allemagne, le , le Parti communiste d'Allemagne (KPD) lance une « Action antifasciste » pour faire barrage au Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP). Il s'ensuit une collaboration entre quelques organisations du KPD et du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD)[6].

En France, le , les partis qui composeront le Front populaire signent un « pacte d’unité d’action antifasciste ». Son expression la plus notable est la puissante manifestation du convoquée à l’appel des trois partis constitutifs du Front populaire, de la CGT et de la CGTU et de dizaines d’associations[7].

En France, de 1934 à 1939, est constitué un Comité de vigilance des intellectuels antifascistes[8]. Résolument internationaliste et pacifiste, ce comité regroupe principalement des intellectuels francophones de gauche décidés à s'opposer à la montée du fascisme en France comme en Europe[9] - [10]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés continuent de se réclamer de l'antifascisme, qui est tout particulièrement utilisé par l'URSS et les résistants communistes.

Les « Antifas » contemporains

Le logo du RĂ©seau No Pasaran (2010)[11].

En 1985 à Londres (Royaume-Uni), le réseau décentralisé Anti-Fascist Action est créée en réaction aux Skinheads NS et WP et à la montée de l'extrême droite.

En France, dans les années 1980 des collectifs antifascistes autonomes (Section carrément anti-Le Pen), souvent non organisés et non institués, se fédèrent en partie dans le Réseau No Pasaran qui s'auto-dissout en 2013.

En 1990, est créé le réseau associatif Ras l'front dont le but est de lutter contre le Front national et ses idées. Fin des années 2000, le réseau disparait.

Graffiti antifasciste sur un mur de Sarajevo.

L'antifascisme contemporain n'est pas à proprement parler un mouvement unifié et structuré. Selon Gilles Vergnon, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d'études politiques de Lyon et auteur de l’Antifascisme en France : « le mouvement antifasciste n’est plus du tout organisé au niveau national comme c’était le cas dans les années 1990[12] », et par ailleurs, « c’est une mouvance qui postule un antifascisme radical, c’est-à-dire qu’il n’est pas question d’avoir des alliances larges contre le Front national : ils ne s’allient ni avec la droite modérée ni avec la gauche du gouvernement »[13].

Dans les années 2000, il n’existe plus d’organisation nationale active et coordonnées. Pour Guillaume Origoni, docteur en histoire contemporaine à Paris X, spécialiste des groupes radicaux, « depuis le début des années 2000 [...] les modes d’action ne se réfèrent pas à un grand projet de transformation de la société mais plutôt à des combats précis [...] En ce moment, ce sont les violences policières »[14].

Organisation

Graffiti antifa, Trnava, Slovaquie, 2007.

Les groupes se réclamant de l'appellation Action antifasciste ne sont ni un parti, ni une organisation politique formelle, ni une association. Ils s'organisent en « collectifs » qui agissent par différents moyens : manifestations, vandalisme, actions violentes, partage d’informations, réflexion théorique sur l’antifascisme, graffiti, musique, etc.[1].

Indépendants les uns des autres, les groupes, souvent « affinitaires », forment une mouvance plus qu'un véritable mouvement traditionnel organisé. Le politologue Nicolas Lebourg précise que « c’est assez typique d’une nouvelle forme de militantisme qui se construit loin d’un parti monolithique ou d’un léninisme d’une seule teinte[15] ».

Ils disposent de sites internet ou de pages Facebook pour annoncer leurs actions[14].

Pour l'historien Gilles Vergnon, les antifas vivent aujourd'hui dans une « semi-clandestinitĂ© Â», pour eux, « le fascisme c'est l'État, la police, le capitalisme, l'homophobie, le racisme... C'est une vision très dilatĂ©e du fascisme »[14].

Critiques

Logo du mouvement PEGIDA.

Le terme « antifa Â» renvoie, selon l'historien Gilles Vergnon, Ă  « des positions qui relèvent soit de l’anarchie radicale, soit de l’ultragauche » et Guillaume Origoni poursuit, « Ce sont des Ă©tudiants, des fils et des filles de bonne famille, des travailleurs du tertiaire »[14]. Certains antifas partagent leur code vestimentaire en grande partie avec les militants de l'extrĂŞme-droite[16].

Aux États-Unis

En , un rapport de l'État du New Jersey classe la surveillance des groupes antifas dans la catégorie du contre-terrorisme intérieur[17].

Critiques de la part de l'extrĂŞme droite

Le logo du mouvement PEGIDA, mouvement de droite populiste (rechtspopulistisch)[18] - [19] contre l'immigration islamique en Allemagne (fondé en 2014), montre un homme jetant dans une poubelle une croix gammée, un drapeau communiste, un logo de l'Action antifasciste et un drapeau de l'État islamique[20].

En 2017, Marine Le Pen, présidente du Front national, demande la dissolution des groupes antifas, les qualifiant de « milices d'extrême gauche, utilisées par le gouvernement »[21] - [22].

Galerie

Bibliographie et sources

  • Gilles Vergnon, L’antifascisme en France, de Mussolini Ă  Le Pen, Presses universitaires de Rennes, 2009.
  • Sylvain Boulouque, « Manifestation hommage Ă  ClĂ©ment MĂ©ric : quel avenir pour l'antifascisme ? Â», L'Obs, , [lire en ligne].
  • Matteo Puxton, « Syrie - Brigade Michael Israel : des volontaires antifascistes contre l'armĂ©e turque Â», France Soir, , [lire en ligne].
  • Bernd Langer, Antifa : Histoire du mouvement antifasciste allemand, traduit de l’allemand pas Sarah Berg, Éditions Libertalia et La Horde, 2018, prĂ©sentation Ă©diteur.
  • (de) Projektgruppe (Hrsg.), Antifa. Diskussionen und Tips aus der antifaschistischen Praxis, ID-Verlag, Berlin, 1994, [lire en ligne].

Vidéos

  • Hazem El Moukaddem, RĂ©gis Dubois, Acta non verba, film documentaire, Marseille, Collectif Nosotros, 2014, 66 minutes, voir en ligne.
  • Action antifasciste Ă  Sciences Po Paris le jeudi , contre la prĂ©sence du FN Ă  Sciences-Po Paris, voir en ligne.

Notes et références

  1. Elian Peltier, « Un militant « antifa » : « On est un peu comme une armée de réserve » », Rue89,‎ (lire en ligne).
  2. Pierre Guillen, L'antifascisme, facteur d'integration des Italiens en France dans l'entre-deux-guerres, Recherches régionales 06, 1982, [lire en ligne].
  3. Stéfanie Prezioso, L’antifascisme italien entre deux révolutions : Carlo Rosselli, Giustizia e Libertà et la révolution antifasciste, revue Dissidences, n°7, été 2014, [lire en ligne].
  4. « La Concentrazione d'azione antifascista (Concentration d'action antifasciste), active de 1927 à 1934 », Stéfanie Prezioso, Aujourd'hui en Espagne, demain en Italie. L'exil antifasciste italien et la prise d'armes révolutionnaire, Vingtième Siècle, Revue d'histoire, 2007/1, n°93), pp. 79-91, DOI 10.3917/ving.093.0079, [lire en ligne].
  5. Gaetano Manfredonia, Les anarchistes italiens en France dans la lutte antifasciste in Pierre Milza (dir.), Les Italiens en France de 1914 à 1940, École française de Rome, volume 94, n°1, pp. 223-255, 1986, [lire en ligne].
  6. Collectif, La guerre froide revisitée, Éditions L'Âge d'Homme, 2004, page 225.
  7. Danielle Tartakowsky, Le Front populaire en marche, Histoire par l'image, 2016, [lire en ligne].
  8. Serge Wolikow, Le Front populaire en France, Éditions Complexe, 1996, page 68.
  9. Nicole Racine-Furlaud, Le Comité De Vigilance Des Intellectuels Antifascistes (1934-1939). Antifascisme Et Pacifisme, Le Mouvement Social, n°101, 1977, pp. 87–113, [lire en ligne].
  10. Benoite Bureau, « Nous continuerons à nous vouloir intacts ». Expérimentations politiques des surréalistes dans les années 1930, revue Dissidences, n°1, printemps 2011, [lire en ligne].
  11. Fédération internationale des centres d'études et de documentation libertaires : Réseau No Pasaran - solidaires - égalitaires - libertaires.
  12. Tiphaine Le Liboux, « Les antifascistes, des survivants des années 90 », Libération, 6 juin 2013.
  13. Carole Boinet, « De la rue au Web : qui sont les antifa ? », Les Inrocks,‎ (lire en ligne).
  14. Tanguy Youen, « Les “antifa” appellent à manifester pour Théo : de quoi parle-t-on ? », sur LCI, >.
  15. Matthieu Goar, La galaxie des nouveaux antifascistes, 20 Minutes, 11 juin 2013.
  16. « Antifascistes, ultragauche : qui sont ces militants extrémistes, parfois violents ? », sur sud-ouest, (consulté le ).
  17. « Anarchist Extremists: Antifa », sur New Jersey Office of Homeland Security and Preparedness (consulté le )
  18. (de) « Pegida: Was steckt hinter den neuen Montagsdemos? Â», spiegel.de, 9 dĂ©cembre 2014.
  19. (de) « Potential fĂĽr eine rechtspopulistische Partei Â», faz.net, 20 janvier 2015.
  20. Thomas Liabot, « Pegida, le mouvement anti-islam qui inquiète l'Allemagne », LeJDD.fr,‎ (lire en ligne).
  21. « Marine Le Pen élue, dissoudrait les « antif a» », sur libération, (consulté le ).
  22. Marc de Boni, « Marine Le Pen accuse le gouvernement d'“utiliser” les groupes “antifas” Â», Le Figaro, [lire en ligne].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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