AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Acarnanie

L’Acarnanie (en grec ancien : ገÎșÎ±ÏÎœÎ±ÎœÎŻÎ± / AkarnanĂ­a ; en latin classique : Acarnānǐa, -ae) est une rĂ©gion traditionnelle de la GrĂšce occidentale, dĂ©limitĂ©e au nord par le golfe Ambracique, Ă  l’ouest et au sud-ouest par la mer Ionienne. À l’est, le fleuve AchĂ©loos la sĂ©pare de l’Étolie.

Acarnanie

Histoire

Mythologie

D’aprĂšs le tĂ©moignage de Pline l'Ancien[1], au sein de la GrĂšce antique l’Acarnanie se serait d’abord appelĂ©e CurĂ©tide (CĆ©rētis, -ǐdis).

Selon la mythologie grecque, elle aurait Ă©tĂ© fondĂ©e par Acarnan, fils d’AlcmĂ©on.

Ses premiers habitants sont :

  • Les CurĂštes (ÎšÎżÏ…Ïáż†Ï„Î”Ï‚) ;
  • Les TĂ©lĂ©boens (΀ηλΔÎČόαÎč ; Tēlěbǒae, -ārum), venus des Ăźles TĂ©lĂ©boĂŻdes (Tēlěbǒides insǔlae) ou Taphies (Taphǐae) et qui colonisĂšrent l'Ăźle de CaprĂ©e, en face de Sorrente ;
  • Les LĂ©lĂšges (Î›Î­Î»Î”ÎłÎ”Ï‚ ; Lělěges, -um) de Locride, Carie et Thessalie.

PĂ©riodes archaĂŻque et classique

Elle est composĂ©e de pĂłleis, colonies fondĂ©es, entre autres, par les Corinthiens — Leucade dans l’üle Ă©ponyme, Anactorion et Solion — au VIIe siĂšcle av. J.-C. ainsi que d’éthnē (clans).

ÉloignĂ©e de la GrĂšce des citĂ©s, l’Acarnanie passe aux yeux des autres Grecs pour une contrĂ©e semi-barbare. Thucydide indique qu’elle vit, Ă  l’instar de la Locride ozolienne et de l’Étolie, « Ă  la maniĂšre ancienne » (I, V, 3), c’est-Ă -dire de pastoralisme, de piraterie et de brigandage. Elle Ă©merge au Ve siĂšcle comme enjeu de bataille entre Sparte et AthĂšnes, pendant la guerre du PĂ©loponnĂšse.

L’Acarnanie est une alliĂ©e d’AthĂšnes durant la guerre du PĂ©loponnĂšse. Elle se rapproche de Sparte en -388 mais adhĂšre, en -375, Ă  la deuxiĂšme alliance maritime athĂ©nienne : Ă  ChĂ©ronĂ©e, en -338, deux mille hoplites acarnaniens combattent au cĂŽtĂ© des AthĂ©niens contre Philippe II de MacĂ©doine.

PĂ©riode Ă©pirote

Vers -281, Pyrrhos Ier d’Épire semble exercer l’hegemon sur l’Acarnanie. La domination Ă©pirote se prolonge jusqu’à la Guerre chrĂ©monidĂ©enne (-267 - -262) : Alexandre II d’Épire cherche refuge en Acarnanie aprĂšs son Ă©chec face aux MacĂ©doniens, et ses alliĂ©s acarnaniens et Ă©toliens l’aident Ă  recouvrer son royaume.

Vers -263 ou -262, une alliance assortie d’une isopolitie unit Étoliens et Acarnaniens. Mais, dix ans plus tard (-253 ou -252), l’Acarnanie est partagĂ©e entre l'Épire et les Étoliens, puis elle est soumise par les MacĂ©doniens en -225.

PĂ©riode romaine

Carte du diocÚse de Macédoine (vers 400)
L'Épire ancienne et les autres provinces du diocĂšse de MacĂ©doine (vers 400)

Alliés de Philippe V de Macédoine dans la DeuxiÚme Guerre macédonienne, les Acarnaniens entrent dans la clientÚle de Rome aprÚs -197.

Ses principales cités sont Stratos et Leucade.

En -27, l’Acarnanie est incorporĂ©e Ă  l’AchaĂŻe, province romaine comprenant la GrĂšce proprement dite, y compris l’Épire mĂ©ridionale et la Thessalie, ainsi que les Ăźles de la mer ÉgĂ©e : l’archipel des Sporades et une partie de celui des Cyclades, et de la mer Ionienne.

Dans l’Empire romain d'Orient, l’Acarnanie fait partie de l’Épire ancienne (Epirus vetus), province comprenant, en outre, l’Épire antique et les Ăźles de Corcyre et d’Ithaque, et relevant du diocĂšse de MacĂ©doine et de la prĂ©fecture d’Illyrie, dont le vicaire et le prĂ©fet rĂ©sident Ă  Thessalonique.

PĂ©riode byzantine

Carte de la GrÚce byzantine divisée en thÚmes (vers 900)
ThĂšmes byzantins en GrĂšce (vers 900)

« Empire byzantin Â» est le nom moderne Ă  l’Empire romain d’Orient depuis Hieronymus Wolf (XVIe siĂšcle). Vers 886, sous le rĂšgne de l’empereur LĂ©on VI le Sage, l’Acarnanie fait partie du thĂšme de Nicopolis, ayant Naupacte pour chef-lieu. Elle accueille, au XIe siĂšcle, de nombreux Valaques venus de MĂ©sie, fuyant les ravages de la guerre bulgaro-byzantine menĂ©e par l’empereur Basile II : le chroniqueur Jean Apokaukos nomme alors l’Acarnanie Petite Valachie (ΜÎčÎșÏÎź Î’Î»Î±Ï‡ÎŻÎ±) par diffĂ©rence avec la Thessalie, oĂč ils Ă©taient encore plus nombreux et que ThĂ©ophane le Confesseur et Georges CĂ©drĂšne nomment Grande Valachie (ÎœÎ”ÎłÎŹÎ»Î· Î’Î»Î±Ï‡ÎŻÎ±)[2]. Progressivement, ces valaques romanophones s’hellĂ©nisent.

Lorsqu’à partir de 1204, la QuatriĂšme croisade provoque la fragmentation l’Empire byzantin en Ă©tats grecs et latins, l’Acarnanie Ă©choit d’abord Ă  un Ă©tat grec, le Despotat d'Épire de la dynastie Doukas, puis au duchĂ© latin de la famille Orsini. Elle tombe entre les mains des Ottomans au XVe siĂšcle et fait partie de la GrĂšce indĂ©pendante depuis le XIXe siĂšcle.

PĂ©riode ottomane

Le duc latin Carlo Ier Tocco partage ses possessions entre ses fils et son neveu. L’Acarnanie est partagĂ©e entre Memnon, Turnus et Ercole, l’Étolie revenant Ă  son neveu Carlo II Tocco, fils de son frĂšre LĂ©onard. Memnon, Turnus et Ercole se disputent entre eux l’hĂ©ritage paternel jusqu’à ce que Memnon appelle le sultan turc Mourad Ă  son secours. Ce dernier feint d’écouter sa demande et envoie une partie de son armĂ©e sous les ordres de Kharadja Pacha en Acarnanie. En 1480, l’Acarnanie est conquise par l’Empire ottoman. Elle fait partie du sandjak de CarlĂ©lie (Karl-ili soit « province de Carlo Â») qui relĂšve de l’eyalet des Ăźles et de la mer MĂ©diterranĂ©e (en turc : Cezayir-i Bahr-i Sefid Eyaleti ou Cezayir-i Bahr-i Sefid Beylerbeyliği), administrĂ© par le capitan pacha (Kaptan PaƟa ou Kaptan-ı derya), puis de l’eyalet de MorĂ©e (Mora Eyaleti ou Mora Eyaleti).

Par le protocole du , la ConfĂ©rence de Londres attribue l’Acarnanie et l’Étolie Ă  la GrĂšce, moyennant le versement d’une compensation financiĂšre Ă  la « Sublime Porte Â»[3]. L’attribution est confirmĂ©e par le traitĂ© de Londres du [4].

Seconde guerre mondiale

Pendant l’Occupation, l’Acarnanie est d'abord occupĂ©e par l’Italie fasciste, puis, Ă  partir d’octobre 1943, par la Wehrmacht du TroisiĂšme Reich, qui se heurte Ă  la RĂ©sistance grecque, laquelle finit par libĂ©rer le pays Ă  l’automne 1944.

Aujourd’hui

L’Acarnanie forme, avec l’Étolie, le district rĂ©gional d’Étolie-Acarnanie qui relĂšve de la pĂ©riphĂ©rie (πΔρÎčφέρΔÎčα / perifĂ©ria) de GrĂšce-Occidentale (en grec : ΔυτÎčÎșÎź ΕλλΏΎα).

Notes et références

  1. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, IV, 5.
  2. Asterios Koukoudis, The Vlachs : Metropolis and Diaspora, Ă©d. Zitros, Thessaloniki 2003, (ISBN 9789607760869).
  3. Protocole du 26 septembre 1831 : « L’Étolie et l’Acarnanie sont des pays arides et pauvres, dont la population, peu nombreuse mais guerriĂšre, ne s’est, dans aucun temps, entiĂšrement soumise Ă  l’autoritĂ© de la Porte. La possession de ces deux districts, loin d’assurer Ă  l’Empire ottoman un accroissement de revenu ou de puissance, n’est donc pour lui qu’une source d’inquiĂ©tude et de trouble, tandis qu’elle donnerait au Gouvernement grec une bonne frontiĂšre, une sĂ©curitĂ© complĂšte et les moyens d’entretenir avec la Turquie des relations de bon voisinage, mutuellement indispensables. Ces motifs sembleraient devoir porter le Gouvernement turc Ă  accepter l’équivalent qui lui sera proposĂ© ».
  4. Traité de Londres du 7 mai 1832, article 5 : « Les limites définitives du territoire Grec seront telles qu'elles résulteront des négociations que les Cours de France, de la Grande-Bretagne et de Russie viennent d'ouvrir avec la Porte Ottomane, en exécution du Protocole du 26 septembre 1831 ».

Article connexe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.