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État de Hoyle

L’état de Hoyle est un isomĂšre nuclĂ©aire du carbone 12 de spin 0+ dont le niveau d'Ă©nergie de 7,654 MeV est en rĂ©sonance avec ceux d'un Ă©tat composĂ© d'une particule α et d'un noyau de bĂ©ryllium 8 d'une part ou de trois particules α d'autre part. Il intervient naturellement au cours des rĂ©actions triple alpha qui se dĂ©roulent lors de la nuclĂ©osynthĂšse stellaire. L’existence de cet Ă©tat joue un rĂŽle fondamental dans la nuclĂ©osynthĂšse du carbone via la fusion de l'hĂ©lium dans les gĂ©antes rouges et permet de produire les abondances de carbone observĂ©es dans l’environnement stellaire.

État de Hoyle
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Niveaux des deux premiers Ă©tats nuclĂ©aires excitĂ©s du 12C. Le niveau Ă  7 654,2 keV correspond Ă  l’état de Hoyle, en rĂ©sonance avec ceux de 8Be + α et de 3α, lĂ©gĂšrement infĂ©rieurs, ce qui permet Ă  la rĂ©action triple alpha de produire du carbone.

table

Général
Nom État de Hoyle
Données physiques
Demi-vie 4,9(5) Ă— 10−17 s[1]
Produit de désintégration 8Be
Spin 0+
Production cosmogénique
Isotope cible RĂ©action
8
4
Be
(α, γ)
Désintégration radioactive
DĂ©sintĂ©gration Produit Énergie (MeV)
α à 99,96 % 8
4
Be
285 keV
TI Ă  0,04 %[1] 12
6
C
7 654,2 keV

Historique

En 1939, Hans Bethe publie un article dans lequel il indique que la collision de trois particules α qui conduirait Ă  la formation du carbone 12 Ă  l’intĂ©rieur des Ă©toiles est hautement improbable Ă  une tempĂ©rature de 20 millions de degrĂ©s, soit 50 fois moins que la tempĂ©rature nĂ©cessaire pour que ces rĂ©actions se produisent en nombre suffisant[2]. En 1951, l’astrophysicien Ernst Öpik publie un article, dont la premiĂšre version date de , dans lequel il discute la rĂ©action triple alpha comme mĂ©canisme permettant la formation du carbone et des Ă©lĂ©ments plus lourds lorsque l’étoile rentre dans une phase de contraction aprĂšs Ă©puisement de son hydrogĂšne. Cette phase porte maintenant le nom de gĂ©ante rouge et se traduit par une Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature permettant un taux significatif de formation de carbone 12 par rĂ©action triple alpha. Il proposa par ailleurs, plutĂŽt qu’une collision simultanĂ©e de trois particules alpha, le passage par la formation intermĂ©diaire du 8Be suivi d’une rĂ©action avec une particule alpha[3]. Cependant son papier restera inconnu des scientifiques britanniques et amĂ©ricains jusqu’en 1953[4]. Edwin Salpeter propose en parallĂšle, en , que le carbone Ă  l’intĂ©rieur des Ă©toiles doit ĂȘtre synthĂ©tisĂ© par l’intermĂ©diaire de la rĂ©action triple alpha, par fusion de noyaux d’hĂ©lium[5] - [6]. En 1954, Fred Hoyle prĂ©dit l’existence d’un Ă©tat rĂ©sonant du carbone 12, alors inconnu, au cours de ses recherches sur la nuclĂ©osynthĂšse stellaire[7]. En 1957, elle fut confirmĂ©e par des mesures expĂ©rimentales par C.W. Cook, William Fowler et leurs collĂšgues[8] - [9].

Description physique

L’état de Hoyle est le deuxiĂšme Ă©tat excitĂ© du carbone 12 situĂ© Ă  7,654 MeV avec un spin-paritĂ© de 0+. Sa largeur de dĂ©croissance est de 9,3 Â± 0,9 eV[10]. Il dĂ©croit spontanĂ©ment vers l’état fondamental soit en passant par l’état excitĂ© situĂ© Ă  4,44 MeV en Ă©mettant 2 photons Îł, soit via une crĂ©ation de paires Ă©lectron-positron de l’état de Hoyle directement vers l’état fondamental.

Depuis l’observation de cet Ă©tat, ses propriĂ©tĂ©s prĂ©cises sont toujours en cours d’étude[11]. En 2011, un calcul ab initio des Ă©tats faiblement liĂ©s du carbone 12 trouve (en plus de l’état fondamental et de l’état excitĂ© de spin 2) une rĂ©sonance avec toutes les propriĂ©tĂ©s de l’état de Hoyle[12] - [13].

Bibliographie

  • (en) Martin Freer et H.O.U. Fynbo, « The Hoyle state in 12C », Progress in Particle and Nuclear Physics, vol. 78,‎ , p. 1–23 (DOI 10.1016/j.ppnp.2014.06.001)

Références

  1. (en) Tomas Kvalheim Eriksen, « Investigation of the Hoyle state in 12C and the related triple alpha reaction rate », sur https://openresearch-repository.anu.edu.au/, Université nationale australienne, (DOI 10.25911/5d63beac968e0, consulté le ).
  2. (en) H. A. Bethe, « Energy Production in Stars », Physical Review, vol. 55,‎ , p. 434 (DOI 10.1103/PhysRev.55.434) p. 445–446
  3. (en) Ernst Öpik, « Stellar models with variable composition », Proceedings of the Royal Irish Academy, vol. 54,‎ , p. 49 (lire en ligne) p. 71
  4. (en) Edwin Ernest Salpeter, « A Generalist Looks Back », Annual Review of Astronomy and Astrophysics, vol. 40,‎ , p. 1-25 (DOI 10.1146/annurev.astro.40.060401.093901, lire en ligne) p. 9
  5. « Contributions thĂ©oriques d’Edwin Salpeter », sur Futura-Sciences,
  6. (en) Edwin Ernest Salpeter, « Nuclear Reactions in Stars Without Hydrogen », Astrophysical Journal, vol. 115,‎ , p. 326-328 (DOI 10.1086/145546, lire en ligne)
  7. (en) Fred Hoyle, « On Nuclear Reactions Occuring in Very Hot STARS.I. the Synthesis of Elements from Carbon to Nickel », Astrophysical Journal Supplement, vol. 1,‎ , p. 121 (DOI 10.1086/190005)
  8. (en) C.W. Cook et al., « B12, C12, and the Red Giants », Physical Review, vol. 107,‎ , p. 508 (DOI 10.1103/PhysRev.107.508)
  9. (en) Helge Kragh, « When is a prediction anthropic? Fred Hoyle and the 7.65 MeV carbon resonance », (consulté le )
  10. Freer et Fynbo 2014, p. 13
  11. (en) M. Chernykh, H. Feldmeier, T. Neff, P. Von Neumann-Cosel et A. Richter, « Structure of the Hoyle State in 12C », Physical Review Letters, vol. 98, no 3,‎ , p. 032501 (PMID 17358679, DOI 10.1103/PhysRevLett.98.032501, Bibcode 2007PhRvL..98c2501C, lire en ligne)
  12. (en) Evgeny Epelbaum, Hermann Krebs, Dean Lee et Ulf-G. Meißner, « Ab Initio Calculation of the Hoyle State », Physical Review Letters, vol. 106, no 19,‎ , p. 192501 (PMID 21668146, DOI 10.1103/PhysRevLett.106.192501, Bibcode 2011PhRvL.106s2501E, arXiv 1101.2547)
  13. (en) M. Hjorth-Jensen, « Viewpoint: The carbon challenge », Physics, vol. 4,‎ , p. 38 (DOI 10.1103/Physics.4.38, Bibcode 2011PhyOJ...4...38H, lire en ligne)


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