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Étang de Rassuen

L'Étang de Rassuen est une petite étendue d'eau saumâtre de 15 ha, avec des marais tout autour d'une superficie de 40 ha, sur la commune d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône.

Étang de Rassuen
Image illustrative de l’article Étang de Rassuen
Administration
Pays Drapeau de la France France
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 43° 29′ 00″ N, 4° 58′ 00″ E
Type Lagune
Superficie 15 ha
Altitude m
GĂ©olocalisation sur la carte : Bouches-du-RhĂ´ne
(Voir situation sur carte : Bouches-du-RhĂ´ne)
Étang de Rassuen
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Étang de Rassuen

GĂ©ographie

Topographie

SituĂ© au nord de l'Ă©tang de Lavalduc, il mesure aujourd'hui 0,8 km sur 0,5 km et semble avoir Ă©tĂ© toujours Ă  sec avec une profondeur quasiment nulle. La statistique le place Ă  la cote +10 mais Delebecque lui donne une cote de +1. Il est effectivement plus haut que les autres Ă©tangs du secteur par rapport au niveau de la mer. Il fait partie avec l'Ă©tang de Lavalduc, l'Ă©tang de Citis, l'Ă©tang d'Engrenier, l'Ă©tang du Pourra et l'Ă©tang de l'Estomac des occupants des dĂ©pressions d'origine Ă©olienne.

Hydrographie

Il était alimenté par l'eau de Lavalduc, grâce à une pompe à feu et un canal de km de long et fut converti en salins. La pompe à feu est ruinée, mais encore visible. Le canal est lui aussi encore visible à l'extrémité nord de la petite colline qui sépare l'étang de Citis de l'étang de Lavalduc. C'est à cet endroit que fonctionnait la première usine de soude factice de Provence, puis plus tard d'engrais chimiques. Il reste des ruines dans une friche qui fut incendiée en 2009. On aperçoit encore un peu d'eau, mais beaucoup de végétation de marais, entre les murettes de pierres qui entourent l'étang[1].Les eaux de l'étang ont une couleur un peu rosé, tout comme l'étang de Lavalduc dont il recevait les eaux ou l'on trouve l'algue rouge, Rhodophyta, ainsi que l'Artemia salina, chargée en carotène, ce qui lui donne cette couleur rose foncé.

Salinité

Trois fois plus salé que la mer Morte.

Climat

BĂ©nĂ©ficiant du climat des Bouches-du-RhĂ´ne, c'est-Ă -dire d'un climat mĂ©diterranĂ©en, avec des prĂ©cipitations qui sont en moyenne de 500 mm d'eau par an, violentes au printemps et Ă  l'automne. Les Ă©tĂ©s sont très chauds et les hivers doux. Le mistral, souffle près de 100 jours par an, avec des pointes Ă  plus de 100 km/h.

Occupation humaine de l'Ă©tang

De l'Antiquité au XIXe siècle

  • Au nord de l'Ă©tang de Lavalduc et au sud-ouest de l'Ă©tang de Rassuen, Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord du plateau de Capeau, FrĂ©dĂ©ric TrĂ©ment a dĂ©couvert un ensemble de vestiges liĂ© Ă  l'extraction du sel, qui s'Ă©tend sur 5 500 m2 avec voies Ă  ornières, anse d'amphore antique non identifiĂ©e, sur la voie Ă  ornières vers l'Ă©tang de Citis, fragment de cĂ©ramique claire, de cĂ©ramique modelĂ©e et tessons d'amphores grĂ©co-italiques de Dressel IA et peut-ĂŞtre Dressel IC[2].Fragments d'amphores Marseillaises de Pascual I, de Tarasconnaise et bĂ©tique et amphore africaine, dolium, scories et fragments de meule en basalte, permettant une datation du IIe siècle av. J.-C. et IIIe siècle apr. J.-C. FrĂ©dĂ©ric TrĂ©ment: Inventaire 1994[3].
  • (3178)FrĂ©dĂ©ric TrĂ©ment a trouvĂ© en prospection dans un verger au Sud des Salins de Rassuen, un site de 5 000 m2 avec en surface quelques tessons de cĂ©ramique commune oxydante, brune modelĂ©e et d'amphores Ă©trusques, italiques, tarrasconnaises, gauloises, associĂ©s Ă  des fragments de Dolium et de meule en basalte, laissant penser que le site fut occupĂ© au VIe siècle av. J.-C., puis au IIe et Ier siècle av. J.-C., ainsi qu'au Ier siècle apr. J.-C.[4].
  • (3179)-(7613) Au lieu-ditMourette, au sud-est de l'Ă©tang et de la station d'Ă©puration, FrĂ©dĂ©ric TrĂ©ment a dĂ©couvert en prospection; un Ă©tablissement rural de 8 000 m2 datĂ© du Ier siècle av. J.-C. et du Ve et VIe siècles apr. J.-C. avec des fragments d'amphores Ă©trusques, qui laissent supposer une frĂ©quentation du site antĂ©rieures. Un rĂ©seau de voies Ă  ornières passent tout près (Bernard BouloumiĂ© et J. Soyer avaient ramassĂ©s quelques tessons, prĂ©cisant que le site Ă©tait totalement dĂ©truit par des constructions modernes. MatĂ©riel abondant de cĂ©ramique modelĂ©e, cĂ©ramique claire hellĂ©nistique, sigillĂ©e, italique, sigillĂ©e du Sud de la Gaule (Drag 24-25), sigillĂ©e claire A (Hayes 8-Hayes 23B), africaine de cuisine (Hayes 181-196-197), sigillĂ©e claire B, luisante, cĂ©ramiques communes Ă  pâte claire grise (Bord B3B), cĂ©ramique commune Gallo-Romaine, amphores Ă©trusques, italiques, marseillaises, de BĂ©tique (Dressel 20) africaine (Keay LV), orientales (L.R.A.2), fragments de verre, de dolium, meule en basalte, scories, tuiles[3].

Le sel marin est déjà exploité depuis la plus haute antiquité, lorsqu'au XIXe siècle le développement s'accélère avec l'irrigation de La Crau, par le canal de Boisgelin(1783) et la suppression de la gabelle en 1790, qui voit fleurir de nombreuses salines autour de Martigues et de l'étang de Berre, entre 1792 et 1806. Elles sont 24 en 1824, réparties sur Istres, Saint-Mitre-les-Remparts, Fos, Vitrolles, Berre et Martigues (1806).

La création de l'usine de soude et produits chimiques du Plan d'Aren par Jean-Antoine Chaptal, qui en confiera la responsabilité à deux chimistes Jean-Baptiste Chaptal, son fils et Amédée Berthollet, fils de l'autre grand chimiste, dont l'activité va commencer en 1808, sur la saline de Rassuen, alimenté par l'étang de Lavalduc, avec la création de l'usine comportant: 84 tables salantes[5]. Ils utilisent le procédé de Nicolas Leblanc mis au point en 1789, utilisant la décomposition du sel marin par l'acide sulfurique et permet ainsi de fabriquer de la soude chimique. La rareté de la soude devient une aubaine financière pour les industriels qui souhaitent mettre en application ce procédé. Cette industrie est liée à l'industrie de la savonnerie marseillaise. La direction va créer un village autour de cette usine et prendra en charge tous les équipements, nécessaires à la vie d'un demi-milliers de personnes. Jean-Baptiste Chaptal ayant ruiné sa famille dans des placements risqués est contraint de vendre son affaire. La Société Pluvinet frères & Cie aménage dès 1809 des dortoirs d'ouvriers au premier étage d'un bâtiment de son usine à Rassuen[6].

1826-1828, la production des Salins de Lavalduc: (Salins Forbin, Plan d'Aren et du Mazet) produisent 110 000 quintaux dont 1/3 est absorbĂ© par la fabrique de soude et de produits chimiques du Plan d'Aren et de Rassuen. Le reste part vers les ports de l'OcĂ©an, de la Manche, pour la salaison de morue, une autre partie Ă©tant traitĂ© Ă  Port-Bouc et Ă  Martigues. En 1850, l'industriel Jean-Jacques Prat Ă  Rassuen, installe un magasin gĂ©nĂ©ral dans l'enceinte de son Ă©tablissement ouvert Ă  son personnel et aux gens de la rĂ©gion, il vend Ă  prix coĂ»tant. Il fait construire une chapelle, une Ă©cole primaire et en assume les frais de fonctionnement. Son mandat de maire d'Istres de 1854 Ă  1860 renforcera son emprise sur la localitĂ©[7].

En 1875, le baron Armand-Charles-Alexandre Digeon (1826-1892) et Marie-Casimir Delamarre obtiennent la concession d'une ligne de chemin de fer de Miramas à Port-de-Bouc et devant s'arrêter à Istres ; la gare de Rassuen est fondée, permettant d'expédier la production des sous produits, comme le sel de soude, le sulfate, le sous-carbonate avec plus de facilité sur l'ensemble du territoire et principalement dans le nord de la France pour la verrerie, la teinturerie et le blanchiment des toiles. Cette soudière est alors la plus importante des Bouches-du-Rhône.

Du XIXe au XXe siècles

En 1895, la Compagnie des Produits Chimiques du Midi, subissant la concurrence de deux usines implantées en Camargue, doit diversifier sa production en fabriquant des produits dérivés de la soude : cristaux de soude, bicarbonate de soude, soude caustique, sel d'ammonium, superphosphates, ainsi que Les Engrais de Rassuen qui jouissent d'une bonne réputation dans la région.

En 1928, elle produit essentiellement des acides minĂ©raux et de l'engrais, la production de soude ayant Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©e. En 1945 la production est de 25 000 tonnes de pulvĂ©rulents et en 1960 de 80 000 tonnes d'engrais. En 1986, Ă  la suite de dĂ©localisation, la fabrication est progressivement stoppĂ©e. Plus de la moitiĂ© des 500 employĂ©s est d'origine Ă©trangère[8]. Il ne reste Ă  la fermeture en juillet 1988que 81 employĂ©s.

En 1986, s'ouvre un boulodrome couvert où se déroulent en 1996 des tournois régionaux. La Compagnie des Produits Chimiques du Midi, mène à bien une dépollution du site en 1999. En 1998, la Municipalité met en place un lieu de Culture avec l'implantation du Café-Concert : L'Usine de l'architecte Frédérik Rill, dont les activités ont un rayonnement régional. Cette friche industrielle, riche d'un passé de 180 ans, fait l'objet du projet de Complexe Culturel, par la ville d'Istres.

Flore et faune de l'Ă©tang

Flore

Entourés de garrigues et de pinèdes, ces plans d'eau jouent un rôle de relais entre La Crau et l'étang de Berre pour l'avifaune. Les garrigues à dominantes tantôt argileuse, tantôt sablonneuse permettent le développement de nombreux peuplement d'Hélianthème à feuille de Marum, principalement le long des pistes et parfois accompagné de Liseron rayé.

Au nord de l'étang de Lavalduc se trouvent les éléments de la pelouse de la Crau avec l'Asphodèle et Euphorbia seguierana, ainsi qu'une mare à Marisque. Il y a bien sûr sur cette ZNIEFF la classique ripisylve à Peuplier. Les plantes à partir desquelles on fabriquait la soude sont halophiles ; c'est-à-dire qu'elles vivent dans des sols salés. Ce sont des Salicornes aux enfores. Elles sont cultivées en grande quantité dans la parcelle nord des salins. Récoltées, séchées et incinérées dans des fosses, tout en étant remuées en cours de cuisson, avec de grandes perches. Le résultat obtenu était une masse compacte, dure, qu'il fallait casser en morceaux et réduire en poudre: la soude.

Rendu aujourd'hui à la nature, c'est un lieu de pêche et le marais présent une couverture végétale multiple selon les milieux: lentilles d'eau, dans les eaux libres, roselières en ceinture et en îlots. Sur la digue centrale du marais se trouvent des espèces rares et protégées, Rhodophyta.

Faune

Dans l'eau : Artemia salina.

Parmi les oiseaux: Aigrette garzette, Bruant des roseaux, Choucas des tours, Corneille noire, Goéland leucophée, Héron cendré, Martinet noir, Milan noir, Pie bavarde, Pigeon ramier, Tadorne de Belon, Tourterelle turque, Cettia cetti.

Organisation administrative

  • ClassĂ© en Zone UEf du POS de la ville.
  • Zone naturelle protĂ©gĂ©e.
  • Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) PAC 15.
  • Zone de protection spĂ©ciale (ZPS) n° FR9312015. site Natura 2000[9].
  • Zone naturelle d'intĂ©rĂŞt Ă©cologique et floristique et faunistique (ZNIEFF) no 13-109-100 de Provence-Alpes CĂ´te d'Azur.Zone terrestre type II.
  • RĂ©seau Natura 2000

Notes et références

  1. Bernard Bouloumié, « L'étang de Rassuen » in Cahiers d'histoire et d'archéologie, juin 1984, n° 84, p. 72-73
  2. « Table de Dressel »
  3. Trément dans Gateau (dir.) 1996, p. 203.
  4. Trément dans Gateau (dir.) 1996, fiche 29* (3178).
  5. Rémi Balzano, Rassuen ou la mémoire du sel des étangs, Ed. Le Patrimoine des étangs, 1993, p.71
  6. MIP-PROVENCE, (Mémoire, Industrie, Patrimoine en Provence à Aix-en-Provence, n° 12, mars 2005, p. 2.
  7. MIP-PROVENCE, op.cit., p. 4.
  8. Raoul Blanchard, La Grande Industrie Chimique dans le Sud-Est de la France, 1928, vol.16. N°16-3, p.561-624.
  9. « Réseau Natura 2000 »

Bibliographie

  • Fabienne Gateau (dir.), FrĂ©dĂ©ric TrĂ©ment et Florence Verdin, Carte archĂ©ologique de la Gaule, vol. 13, t. 1 : L'Étang-de-Berre, Paris, AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres, Ministère de la culture et de la francophonie, Ministère de l'enseignement supĂ©rieur et de la recherche et Fondation maison des sciences de l'homme, , 379 p. (ISBN 978-2-87754-041-4, lire en ligne)
  • Bernard BouloumiĂ©, « L'Ă©tang de Rassuen » in Dossiers d'histoire et d'archĂ©ologie, no 84 de juin 1984, p. 72-73.
  • L. Berner, « Sur la vĂ©gĂ©tation des marais de Camy-le-Roult et des anciens Salins de Rassuen (B.d.R.) » in Bull. Cent. Edu. Rech.sci, Biarritz 7,775-758. 1969.
  • Christophe de Villeneuve-Bargemon, comte et prĂ©fet, Statistique du DĂ©partement des Bouches-du-RhĂ´ne, 4 vol. in-4°, 1821-1829
  • RĂ©mi Balzano, Rassuen ou la mĂ©moire du sel des Ă©tangs, Ed. Le Patrimoine des Étangs, 1993.
  • RĂ©mi Balzano, Entre mer, RhĂ´ne et Durance-Istres, racines et traditions, Ed. Le Patrimoine des Etangs, 1996.
  • Mireille Pastoureau, Jean-Marie Homet et Georges Pichard, Rivages et Terres de Provence, Ed. A. BarthĂ©lĂ©my, Avignon.
  • Cabinet BĂ©ture Conseil, Proposition d'AmĂ©nagement du site de l'usine de Rassuen pour le compte du Syndicat d'AgglomĂ©ration Nouvelle du Nord-Ouest de l'Ă©tang de Berre (Ouest-Provence)
  • Raoul Blanchard, La Grande Industrie Chimique du Sud-Est de la France, 1928, vol:16, N°16-3
  • P. Ambert, « Vents, reliefs et paysages en Languedoc-Roussillon » in Cahiers d'Eole 4,8-20.2001.
  • L. Borel, P. Moutte, A. Lavagne, Inventaire pour l'application de la loi littoral dans les Bouches-du-RhĂ´ne, Rapports du Laboratoire de Phytosociologie et Cartographie, FacultĂ© de Saint-Charles en dĂ©pĂ´t au Conservatoire de Botanique national MĂ©diterranĂ©en de Porquerolles, 1990-1993.
  • L. Brun, Loi littoral des Bouches-du-RhĂ´ne, repĂ©rage cartographique fin et description complĂ©mentaire de zones, C.E.E.P., 73 p.
  • Herbiers de Montpellier (s.d.) de l'Institut de Botanique de Montpellier.
  • RĂ©my Molinier & P. Martin, Catalogue des plantes vasculaires des Bouches-du-RhĂ´ne, Impr. Municipale de Marseille, 1981.
  • RĂ©my Molinier, « Contribution Ă  l'Ă©tude de la Flore des Bouches-du-RhĂ´ne », in Bull. Soc. linn. Provence 19, 9-14. 1953.

Voir aussi

Articles connexes

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