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Élections parlementaires italiennes de 1976

Les Ă©lections parlementaires italiennes de (en italien : Elezioni politiche italiane del 1976) se tiennent les dimanche et lundi , afin d'Ă©lire les 630 dĂ©putĂ©s et les 315 sĂ©nateurs de la VIIe lĂ©gislature de la Chambre des dĂ©putĂ©s et du SĂ©nat de la RĂ©publique.

Élections parlementaires italiennes de 1976
630 siÚges à la Chambre des députés
Majorité absolue : 316 siÚges
315 siĂšges au SĂ©nat de la RĂ©publique
Majorité absolue : 158 siÚges
et
Type d’élection Élection parlementaire
Corps électoral et résultats
Inscrits 40 426 658
Votants 37 755 090
 
93,39 % en augmentation 0,2
Votes exprimĂ©s 36 707 578
Blancs et nuls 1 045 512
DC – Benigno Zaccagnini
Voix 14 209 519
38,71 %
 
en augmentation 0,1
Députés élus 263 en diminution 3
SĂ©nateurs Ă©lus 135 en stagnation
PCI – Enrico Berlinguer
Voix 12 614 650
34,37 %
 
en augmentation 7,2
Députés élus 228 en augmentation 49
SĂ©nateurs Ă©lus 116 en augmentation 42
PSI – Francesco De Martino
Voix 3 540 309
9,64 %
 
en stagnation
Députés élus 57 en diminution 4
SĂ©nateurs Ă©lus 29 en diminution 4
MSI-DN – Giorgio Almirante
Voix 2 238 339
6,10 %
 
en diminution 2,6
Députés élus 35 en diminution 21
SĂ©nateurs Ă©lus 15 en diminution 11
Parti arrivĂ© en tĂȘte par province
Carte
Composition de la Chambre des députés
Diagramme
Composition du SĂ©nat de la RĂ©publique
Diagramme2
Gouvernement
Sortant Élu
Moro V
DC
Andreotti III
DC

Quelques semaines aprÚs avoir formé son cinquiÚme gouvernement, le président du Conseil Aldo Moro remet sa démission en conséquence des fortes dissensions internes à la Démocratie chrétienne (DC). Le président Giovanni Leone prend alors la décision de dissoudre le Parlement un avant le terme naturel de la législature.

Anticipé d'un an, le scrutin est organisé dans un contexte de perte d'influence de la puissante Démocratie chrétienne (DC), au pouvoir sans discontinuer depuis . En , les électeurs ont rejeté à une large majorité l'abrogation de la loi sur le divorce, défendue par les démocrates chrétiens. Un an plus tard, lors des élections régionales de , le Parti communiste italien (PCI) talonne la DC et s'impose dans sept régions sur 15, dont le Latium.

Si la Démocratie chrétienne remporte les élections parlementaires anticipées, elle stagne dans les deux chambres. C'est le Parti communiste qui apparaßt comme le grand gagnant du scrutin : en progression de sept points, il parvient à capter pour la premiÚre fois depuis du tiers des suffrages exprimés. Le taux de participation dépasse une nouvelle fois les 93 % et se trouve le plus élevé depuis .

Le président Leone confie à Giulio Andreotti le mandat de former un nouvel exécutif. AprÚs un accord entre le secrétaire de la DC Benigno Zaccagnini et celui du PCI Enrico Berlinguer, Andreotti constitue un gouvernement minoritaire qui bénéficie de l'abstention des communistes au Parlement. Cette coopération est la premiÚre étape du « compromis historique » cher à Moro et Berlinguer.

Contexte

Les élections de 1972 : la stabilité de la DC, la poussée du MSI

Aux élections parlementaires anticipées du , les premiÚres à se tenir avant le terme de la législature depuis la proclamation de la République, la Démocratie chrétienne (DC) continue de dominer le paysage politique en réunissant 38,6 % des voix à la Chambre des députés et 38,1 % au Sénat de la République.

Elle devance trĂšs nettement le Parti communiste italien (PCI) d'Enrico Berlinguer, qui rĂ©unit 27,2 % des suffrages Ă  la Chambre et 27,6 % au SĂ©nat. Les communistes s'imposent dans leurs fiefs d'Émilie-Romagne, d'Ombrie et de Toscane, tandis que les dĂ©mocrates chrĂ©tiens dominent le reste du pays, au nord comme au sud.

TroisiÚme, le Parti socialiste italien (PSI) remporte 9,6 % des voix à la chambre basse et 10,7 % à la chambre haute. Il est talonné par le Mouvement social italien (MSI), qui double sa représentation parlementaire en totalisant 8,7 % des exprimés à la Chambre des députés et 9,2 % au Sénat de la République. La cinquiÚme position revient au Parti social-démocrate italien (PSDI), qui obtient 5,1 % des suffrages à la Chambre des députés et 5,4 % au Sénat.

De la reconduction d'Andreotti au retour de Rumor

Giulio Andreotti ne reste qu'un an au pouvoir.

Président du Conseil des ministres sortant et figure de la DC, Giulio Andreotti reçoit du président de la République Giovanni Leone le mandat de former une majorité parlementaire. Il met alors sur pied une coalition qui associe la DC au PSDI et au Parti libéral italien (PLI), qui bénéficie du soutien sans participation du Parti républicain italien (PRI).

RenommĂ© Ă  la tĂȘte de l'exĂ©cutif, il devient le second et dernier chef du gouvernement Ă  conserver ses responsabilitĂ©s aprĂšs des Ă©lections parlementaires. Lui et ses ministres prĂȘtent serment le , presque deux mois aprĂšs la tenue des Ă©lections.

Il remet sa dĂ©mission le , aprĂšs avoir perdu l'appui du PRI en raison de son projet de rĂ©forme tĂ©lĂ©visuelle. Le suivant, Mariano Rumor lui succĂšde Ă  la tĂȘte de son quatriĂšme cabinet. À cette occasion, il assure la remise en place du « centre gauche organique » qui rassemble la DC, le PSI, le PSDI et le PRI. Les rĂ©publicains renoncent Ă  leurs ministĂšrs le , ce qui amĂšne Ă  la formation du gouvernement Rumor V, que le PRI soutient de l'extĂ©rieur.

Référendum sur le divorce et régionale : la DC de Moro en recul

AprÚs Andreotti puis Rumor, c'est à Aldo Moro que Giovanni Leone fait appel pour diriger l'exécutif.

Les et , l'Italie organise son premier « référendum abrogatif » depuis l'entrée en vigueur de la Constitution, visant à la suppression de la « loi de réglementation des cas de séparation du mariage », rapidement connu comme le « référendum sur le divorce ». La DC et le MSI font alors campagne pour le « Oui », afin que le texte disparaisse, tandis que les autres formations défendent le « Non », donc le maintien de la loi. La participation atteint 87,7 % des inscrits et l'abrogation est rejetée à 59,3 %. Des fiefs de la DC comme la Lombardie ou la Sicile votent majoritairement « Non ».

Les dĂ©saccords croissants entre la DC et le PSI amĂšnent Rumor Ă  renoncer le . Le chef de l'État confie alors au ministre des Affaires Ă©trangĂšres Aldo Moro le soin de trouver une nouvelle majoritĂ©. Il est assermentĂ© prĂšs de deux mois plus tard, le . Seuls la DĂ©mocratie chrĂ©tienne et le Parti rĂ©publicain siĂšgent dans son quatriĂšme cabinet, qui bĂ©nĂ©ficie du soutien sans participation du Parti socialiste et du Parti socialiste dĂ©mocrate.

Aux Ă©lections rĂ©gionales des et , la DC vire de nouveau en tĂȘte mais de trĂšs peu. Totalisant 35,3 % des voix et 277 conseillers rĂ©gionaux dans les 15 rĂ©gions soumettant leur assemblĂ©e Ă  renouvellement, elle est suivie de prĂšs par le PCI. Ce dernier rĂ©unit 33,5 % des suffrages et 247 Ă©lus. Il arrive en tĂȘte dans sept rĂ©gions, contre trois en . Il devance en effet le principal parti italien dans les Abruzzes, le Latium, la Ligurie et le PiĂ©mont, en plus de ses victoires habituelles en Émilie-Romagne, Ombrie et Toscane. Seules les Abruzzes conservent finalement leur prĂ©sident dĂ©mocrate chrĂ©tien.

Des dissensions Ă  la dissolution

NĂ©anmoins, le PSI finit par retirer son appui extĂ©rieur et Moro doit dĂ©missionner le . ConfirmĂ© par Giovanni Leone, il constitue un exĂ©cutif minoritaire monocolore qui dispose du soutien sans participation du PSDI, et de l'abstention du PSI et du PRI. Si la motion du prĂ©sident du Conseil l'emporte de justesse face Ă  la droite de la DC au XIIIe congrĂšs national le , le premier parti d'Italie est de plus en plus divisĂ©, ainsi que le rĂ©vĂšle le vote de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse. Prenant acte de ces dissensions, Moro finit par remettre sa dĂ©mission le . Le lendemain, le chef de l'État prononce la dissolution des chambres.

Mode de scrutin

Pour la Chambre des députés

La Chambre des députés (en italien : Camera dei Deputati) est élue au scrutin proportionnel plurinominal pour un mandat de cinq ans.

Le territoire italien est divisĂ© en 32 circonscriptions, 31 plurinominales — qui comprennent toutes au moins deux provinces, sauf celles de Trieste — et la VallĂ©e d'Aoste, qui n'Ă©lit qu'un reprĂ©sentant selon le scrutin uninominal majoritaire Ă  un tour. Il n'y a pas de seuil Ă©lectoral.

Le jour du vote, chaque Ă©lecteur choisit dans sa circonscription une liste de candidats, et peut Ă©mettre jusqu'Ă  quatre votes de prĂ©fĂ©rence. À l'issue du scrutin, les siĂšges sont rĂ©partis Ă  la proportionnelle d'ImpĂ©riali et attribuĂ©s en prioritĂ© aux candidats ayant reçu le plus grand nombre de voix prĂ©fĂ©rentielles.

Les siĂšges qui n'ont pas Ă©tĂ© attribuĂ©s et les voix qui n'ont pas Ă©tĂ© utilisĂ©es sont ensuite rassemblĂ©s au niveau national et distribuĂ©s Ă  la proportionnelle de Hare entre les formations politiques qui ont obtenu un dĂ©putĂ© de circonscription ou 300 000 voix nationalement. Ces mandats de dĂ©putĂ©s sont ensuite attribuĂ©s, pour les partis qui en bĂ©nĂ©ficient, dans les circonscriptions oĂč ils comptent le plus de votes rĂ©siduels.

Pour le SĂ©nat de la RĂ©publique

Le SĂ©nat de la RĂ©publique (en italien : Senato della Repubblica) est Ă©lu au scrutin proportionnel plurinominal pour un mandat de cinq ans par les Italiens ĂągĂ©s d'au moins 25 ans.

Le territoire italien est divisĂ© en 20 circonscriptions qui correspondent aux rĂ©gions, 19 plurinominales et la VallĂ©e d'Aoste, qui n'Ă©lit qu'un parlementaire selon le scrutin uninominal majoritaire Ă  un tour. ConformĂ©ment Ă  l'article 57 de la Constitution de , chaque rĂ©gion dispose d'au moins sept sĂ©nateurs, sauf le Molise qui en a deux. Il n'y a pas de seuil Ă©lectoral.

Les circonscriptions sont divisĂ©es en un certain nombre de collĂšges Ă©lectoraux (238 au total). Pour l'emporter dans un collĂšge, un candidat doit rĂ©unir un nombre de suffrages Ă©quivalent Ă  65 % des votants au moins. Pour les collĂšges oĂč ce seuil n'est pas atteint (313 sur 315 en ), les voix de chaque candidat sont regroupĂ©es par parti, au niveau rĂ©gional, et les siĂšges Ă  pourvoir sont distribuĂ©s Ă  la proportionnelle d'Hondt. Les mandats sont attribuĂ©s, pour chaque parti, aux candidats ayant le plus fort quotient individuel (qui correspond au ratio entre les suffrages obtenus et le nombre de votants dans les diffĂ©rents collĂšges Ă©lectoraux).

Campagne

Principales forces politiques

RĂ©sultats

Chambre des députés

Parti Suffrages SiĂšges
Voix % Députés +/-
DĂ©mocratie chrĂ©tienne (DC) 14 209 519 38,71 262 en diminution 4
Parti communiste italien (PCI) 12 614 650 34,37 228 en augmentation 49
Parti socialiste italien (PSI) 3 540 309 9,64 57 en diminution 4
Mouvement social italien - Droite nationale (MSI-DN) 2 238 339 6,10 35 en diminution 21
Parti social-dĂ©mocrate italien (PSDI) 1 239 492 3,38 15 en diminution 14
Parti rĂ©publicain italien (PRI) 1 135 546 3,09 14 en diminution 1
DĂ©mocratie prolĂ©tarienne (DP) 557 025 1,52 6 en augmentation 6
Parti libĂ©ral italien (PLI) 480 122 1,31 5 en diminution 15
Parti radical (PR) 394 439 1,07 4 en augmentation 4
Autres 298 137 0,81 4 en stagnation
Votes valides 36 707 578 97,23
Votes blancs et nuls 1 047 512 2,77
Total 37 755 090 100,00 630 en stagnation
Abstention 2 671 568 6,61
Inscrits / participation 40 426 658 93,39

SĂ©nat de la RĂ©publique

Parti Suffrages SiĂšges
Voix % SĂ©nateurs +/-
DĂ©mocratie chrĂ©tienne (DC) 12 227 353 38,88 135 en stagnation
Parti communiste italien (PCI) 10 637 772 33,83 116 en augmentation 42
Parti socialiste italien (PSI) 3 208 164 10,20 29 en diminution 4
Mouvement social italien - Droite nationale (MSI-DN) 2 086 430 6,63 15 en diminution 11
Parti social-dĂ©mocrate italien (PSDI) 974 940 3,10 7 en diminution 4
Parti rĂ©publicain italien (PRI) 846 415 2,69 7 en augmentation 2
Parti libĂ©ral italien (PLI) 438 265 1,39 2 en diminution 6
Autres 1 030 092 3,27 4 en diminution 19
Votes valides 31 449 431 96,40
Votes blancs et nuls 1 172 150 3,60
Total 32 621 581 100,00 315[N 1] en stagnation
Abstention 2 306 633 6,60
Inscrits / participation 34 928 214 93,40

Analyse

Alors que la participation atteint son plus haut depuis , la DC reste la premiĂšre force politique italienne mais stagne dans les deux chambres. Le PCI enregistre Ă  l'inverse une forte progression puisqu'il gagne 91 parlementaires nouveaux et totalise pour la premiĂšre fois de son histoire plus d'un tiers des suffrages exprimĂ©s. . À la Chambre des dĂ©putĂ©s, il s'impose dans cinq circonscriptions supplĂ©mentaires, dĂ©bordant ses bastions d'Émilie-Romagne, d'Ombrie et de Toscane, et vire en tĂȘte Ă  Turin, Milan, GĂȘnes, AncĂŽne et Rome. La poussĂ©e des communistes rĂ©duit la distance les sĂ©parant des dĂ©mocrates chrĂ©tiens de 2 250 000 suffrages par rapport aux Ă©lections de .

AprÚs leurs bons résultats quatre ans plus tÎt, le MSI-DN, le PSDI et le PLI sont en net repli. Les libéraux, devancés par le PRI, ainsi que la DP à la Chambre, perdent les trois quarts de leur représentation et manquent de disparaßtre du Sénat. Les sociaux-démocrates s'en tirent mieux mais abandonnent la moitié de leurs siÚges, tandis que les néofascistes restent bien représentés mais voient leurs groupes parlementaires fondre de 40 %.

Toujours troisiĂšme force politique nationale, le PSI Ă©choue Ă  engranger de nouveaux siĂšges, perdant mĂȘme huit parlementaires au total. AprĂšs deux Ă©lections en coalition avec le PSDI, les socialistes ne parviennent pas Ă  franchir la barre des 10 % Ă  la chambre basse.

  • Carte de rĂ©sultats des Ă©lections de 1976.
  • Parti en tĂȘte par circonscription Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s.
    Parti en tĂȘte par circonscription Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s.
  • Parti en tĂȘte par circonscription au SĂ©nat de la RĂ©publique.
    Parti en tĂȘte par circonscription au SĂ©nat de la RĂ©publique.
  • Écart entre la DC et le PCI par province Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s.
    Écart entre la DC et le PCI par province Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s.

Conséquences

Le nouveau président du Conseil Giulio Andreotti.

La stagnation de la Démocratie chrétienne et du Parti républicain, l'effondrement du Parti socialiste démocrate et du Parti libéral, et la crise interne au Parti socialiste rendent incontournable le Parti communiste en vue de former une nouvelle majorité parlementaire. Le président du Conseil sortant Aldo Moro et le secrétaire de la DC Benigno Zaccagnini s'entendent avec le secrétaire du PCI Enrico Berlinguer pour la formation d'un gouvernement minoritaire de la DC, dirigé par le ministre du Budget sortant Giulio Andreotti et bénéficiant de l'abstention du PCI. Pour la premiÚre fois depuis , les communistes quittent ainsi les bancs de l'opposition.

Le , le dĂ©putĂ© PCI de Rome Pietro Ingrao est Ă©lu prĂ©sident de la Chambre des dĂ©putĂ©s par 488 voix favorables et 117 votes blancs. Il est ainsi le premier communiste Ă  accĂ©der Ă  l'une des quatre charges suprĂȘmes de l'État et Ă  la prĂ©sidence de la chambre basse, dont il est Ă©galement le premier titulaire non issu de la DĂ©mocratie chrĂ©tienne. Le mĂȘme jour, le sĂ©nateur Ă  vie DC Amintore Fanfani est dĂ©signĂ© prĂ©sident du SĂ©nat de la RĂ©publique par 270 suffrages et 42 bulletins blancs.

Andreotti et son troisiÚme cabinet sont assermentés par le président de la République Giovanni Leone le , puis remportent le vote de confiance dans chaque chambre au début du mois d'.

Notes et références

Notes

  1. Ainsi que sept sénateurs à vie, dont les anciens présidents de la République Giovanni Gronchi et Giuseppe Saragat.

Références

Voir aussi

Articles connexes

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