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Élections générales espagnoles

Les élections générales espagnoles (en espagnol : elecciones generales de España) se tiennent, sous l'empire de la Constitution de 1978, tous les quatre ans, afin de renouveler l'intégralité du Congrès des députés et la majeure partie du Sénat. Le président du gouvernement bénéficie d'un droit de dissolution discrétionnaire, qui est formellement utilisé par le Roi.

Sous la Restauration bourbonienne

Lors de la Restauration bourbonienne (1876-1931), le mandat des députés et sénateurs élus seule la moitié de ces derniers le sont, via un suffrage indirect au Cortes est de 5 ans. Au cours de la Restauration, le Parlement est dissout à 20 reprises plus de 50 gouvernements ont été formés au cours de la même période , soit une durée moyenne de législature d’environ 2 ans, et aucune législature n’ira à son terme[1] - [2] - [3].

Le système électoral de la Restauration se caractérise par une alternance concertée au pouvoir (le turno), avec la complicité de la monarchie et des réseaux de caciques, entre les deux partis dynastiques, Parti libéral et Parti conservateur. Le gouvernement est toujours formé avant les élections et non sur la base préalable de celles-ci[4]. L'exécutif « fabrique » des élections sur mesure : les résultats sont convenus et souvent même publiés dans la presse à l'avance[5]. Au cours de la Restauration, tous les gouvernements sans exception disposeront d’une majorité au Parlement[6]. Ceci est rendu possible par l’absence d’un véritable corps électoral indépendant du système de partis[7].

Au début du XXe siècle le régime entre peu à peu en crise et perd l'appui d'une grande partie de la population, en particulier en Catalogne. Le mouvement régénérationniste réclame sans succès des réformes radicales pour sortir l'Espagne de son marasme.

À la suite du coup d'État de Primo de Rivera, qui se lève contre la crise du système parlementaire, le roi cède le pouvoir au général qui ouvre une période de dictature. Les difficultés et protestations qui ressurgissent avec véhémence à la fin des années 1920 et au début de la décennie suivante provoquent la démission de Primo de Rivera en 1930. Le roi le remplace par un autre général, Dámaso Berenguer, qui démissionne à son tour en début d'année suivante, et se trouve remplacé par l'amiral Aznar-Cabañas. On décide finalement la mise en place d'élections municipales, qui révèlent une écrasante prédominance des républicains dans les grandes villes. Le Roi fuit le pays et la Seconde République est proclamée le .

Depuis la Transition démocratique

La Constitution de 1978 crée un parlement bicaméral, les Cortes Generales, composé du Congrès des députés et du Sénat. Les deux chambres sont élues pour quatre ans. Les circonscriptions électorales du Congrès correspondant aux provinces et aux villes autonomes de Ceuta et Melilla. Celles du Sénat correspondent aux provinces, aux villes autonomes et aux îles ou groupe d'îles des Baléares et des Canaries. Le Congrès se compose de 350 députés, élus à la proportionnelle D'Hondt avec un seuil électoral de 3 %. Le Sénat est constitué de 208 sénateurs élus (et de sénateurs désignés par les parlements des communautés autonomes en proportion de leur population), au scrutin majoritaire plurinominal. Le nombre de députés est proportionnel à la population de chaque province, avec un minimum de deux sièges par province. Le nombre de sénateurs par circonscription varie de un à quatre en fonction de ce qu'indique la Constitution.

Date Participation Vainqueur Score Sièges Président du gouvernement
Congrès Sénat
1977 78,83 % Union du centre démocratique 34,44 %
165 / 350
107 / 207
Adolfo Suárez
1979 68,04 % (en diminution) Union du centre démocratique 34,84 %
168 / 350
118 / 208
Adolfo Suárez
Leopoldo Calvo-Sotelo (1981)
1982 79,97 % (en augmentation) Parti socialiste ouvrier espagnol 48,11 %
202 / 350
134 / 208
Felipe González
1986 70,49 % (en diminution) Parti socialiste ouvrier espagnol 44,06 %
184 / 350
124 / 208
Felipe González
1989 69,74 % (en diminution) Parti socialiste ouvrier espagnol 39,60 %
175 / 350
107 / 208
Felipe González
1993 76,44 % (en augmentation) Parti socialiste ouvrier espagnol 38,78 %
159 / 350
96 / 208
Felipe González
1996 77,38 % (en augmentation) Parti populaire 38,79 %
156 / 350
112 / 208
José María Aznar
2000 68,71 % (en diminution) Parti populaire 44,52 %
183 / 350
127 / 208
José María Aznar
2004 75,66 % (en augmentation) Parti socialiste ouvrier espagnol 42,59 %
164 / 350
89 / 208
José Luis Rodríguez Zapatero
2008 73,85 % (en diminution) Parti socialiste ouvrier espagnol 43,87 %
169 / 350
96 / 208
José Luis Rodríguez Zapatero
2011 68,94 % (en diminution) Parti populaire 44,63 %
186 / 350
136 / 208
Mariano Rajoy
2015 69,67 % (en augmentation) Parti populaire 28,71 %
123 / 350
124 / 208
Mariano Rajoy (affaires courantes)
2016 66,48 % (en diminution) Parti populaire 33,01 %
137 / 350
130 / 208
Mariano Rajoy
Pedro Sánchez (2018)
04/2019 71,76 % (en augmentation) Parti socialiste ouvrier espagnol 28,67 %
123 / 350
123 / 208
Pedro Sánchez (affaires courantes)
11/2019 66,23 % (en diminution) Parti socialiste ouvrier espagnol 28,00 %
120 / 350
93 / 208
Pedro Sánchez

Répartition des sièges

Nombre de sièges au Congrès des députés par province
Élections générales espagnoles 1977 1979 1982 1986 1989 1993 1996 2000 2004 2008 2011 2015 2016 04/19 11/19
Circonscriptions Alava 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Albacete 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Alicante 9 9 9 10 10 10 11 11 11 12 12 12 12 12 12
Almería 5 5 5 5 5 5 5 5 5 6 6 6 6 6 6
Asturies 10 10 10 9 9 9 9 9 8 8 8 8 8 7 7
Ávila 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Badajoz 7 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6
îles Baléares 6 6 6 6 6 7 7 7 8 8 8 8 8 8 8
Barcelone 33 33 33 33 32 32 31 31 31 31 31 31 31 32 32
Biscaye 10 10 10 10 10 9 9 9 9 8 8 8 8 8 8
Burgos 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Cáceres 5 5 5 5 5 5 5 5 4 4 4 4 4 4 4
Cadix 8 8 8 9 9 9 9 9 9 9 8 9 9 9 9
Cantabrie 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
Castellón 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
Ceuta 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Ciudad Real 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
Cordoue 7 7 7 7 7 7 7 7 7 6 6 6 6 6 6
La Corogne 9 9 9 9 9 9 9 9 9 8 8 8 8 8 8
Cuenca 4 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Gérone 5 5 5 5 5 5 5 5 6 6 6 6 6 6 6
Grenade 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7
Guadalajara 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Guipuscoa 7 7 7 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6
Huelva 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
Huesca 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Jaén 7 7 7 6 6 6 6 6 6 6 6 5 5 5 5
León 6 6 6 5 5 5 5 5 5 5 5 5 4 4 4
Lleida 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Lugo 5 5 5 5 5 5 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Madrid 32 32 32 33 33 34 34 34 35 35 36 36 36 37 37
Malaga 8 8 8 9 10 10 10 10 10 10 10 11 11 11 11
Melilla 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Murcie 8 8 8 8 9 9 9 9 9 10 10 10 10 10 10
Navarre 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
Ourense 5 5 5 5 5 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Palencia 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Las Palmas 6 6 6 7 7 7 7 7 8 8 8 8 8 8 8
Pontevedra 8 8 8 8 8 8 8 8 7 7 7 7 7 7 7
La Rioja 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Salamanque 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4
Santa Cruz de Tenerife 7 7 7 6 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7
Saragosse 8 8 8 8 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7 7
Ségovie 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Séville 12 12 12 12 12 12 13 13 12 12 12 12 12 12 12
Soria 3 3 3 3 3 3 3 3 3 2 2 2 2 2 2
Tarragone 5 5 5 5 5 6 6 6 6 6 6 6 6 6 6
Teruel 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Tolède 5 5 5 5 5 5 5 5 5 6 6 6 6 6 6
Valence 15 15 15 16 16 16 16 16 16 16 16 15 16 15 15
Valladolid 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
Zamora 4 4 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Total 350 350 350 350 350 350 350 350 350 350 350 350 350 350 350

Résumé

La plus faible participation de l'histoire démocratique fut de 66,23 % en novembre 2019 et la plus forte de 79,97 % en 1982.

Le moins bon score pour un parti vainqueur a été pour le PSOE en novembre 2019, avec 28,00 % des voix. Le meilleur a été 48,11 % des voix pour le même parti en 1982.

La plus forte majorité recueillie a donné 202 sièges pour le PSOE en 1982 et la plus faible 120 sièges pour le même parti en novembre 2019.

Entre 2015 et 2019, l'Espagne connaît quatre élections générales après trois dissolutions notamment sous l'effet de l'émergence de deux nouveaux partis, Ciudadanos (centre droit) et Podemos (gauche radicale) , ce qui constitue une instabilité politique sans précédent depuis le retour de la démocratie[8] - [9] - [10].

Remarques sur les partis

Le Parti socialiste ouvrier espagnol et le Parti communiste d'Espagne (aujourd'hui intégré dans la Gauche unie) sont les seuls à avoir participé aux législatives avant et après la dictature franquiste.

Le Parti populaire a été fondé sous ce nom en 1989, mais existe juridiquement depuis 1976 et a porté les noms suivants :

L'Union du centre démocratique s'est dissoute après le scrutin de 1982.

Remarques sur les résultats

Le PSOE reste, à ce jour, le seul parti à avoir obtenu sa première victoire à la majorité absolue ainsi que deux majorités absolues consécutives.

Adolfo Suárez et José Luis Rodríguez Zapatero sont les deux seuls présidents du gouvernement à avoir remporté deux mandats consécutifs à la majorité relative.

Felipe González est le seul président du gouvernement candidat à sa propre succession à avoir échoué lors d'un scrutin. En effet :

Notes et références

  1. Guereña 2002, loc 511.
  2. Dardé 1996, p. 78.
  3. Cabrera et Martorell 2017, 481
  4. Elizalde Pérez-Grueso 2011, p. 384.
  5. « […] la confrontación electoral — si es que se la puede llamar así — tenía lugar por medio de negociaciones realizadas con anterioridad a las elecciones, negociaciones que continuarían siendo la parte fundamental de la política electoral hasta 1923. Los resultados eran entonces a menudo publicados en la prensa antes del día de la votación. » (Carr 2001, p. 32-33).
  6. Suárez Cortina 2006, p. 130-131.
  7. Elizalde Pérez-Grueso 2011, p. 384
  8. https://www.liberation.fr/planete/2019/11/08/elections-espagnoles-quatre-ans-quatre-votes_1762427/
  9. https://www.courrierinternational.com/article/elections-legislatives-en-espagne-vers-encore-plus-dinstabilite
  10. Alban Elkaïm, « Pourquoi l'Espagne est devenue ingouvernable », sur Slate, (consulté le ).

Articles connexes

Bibliographie

  • [Cabrera et Martorell 2017] (es) Mercedes Cabrera (dir.) et Miguel Martorell Linares, « El Parlamento en el orden constitucional de la Restauración », dans Con luz y taquígrafos: El Parlamento en la Restauración (1913-1923), Madrid, Tarus,
  • (es) Raymond Carr (trad. de l'anglais par Ignacio Hierro), España: de la Restauración a la democracia : 1875~1980Modern Spain 1875-1980 »], Barcelone, Ariel, coll. « Ariel Historia », , 7e éd., 266 p. (ISBN 9-788434-465428)
  • (es) Carlos Dardé, La Restauración, 1875-1902 : Alfonso XII y la regencia de María Cristina, Madrid, Historia 16, coll. « Temas de Hoy », (ISBN 84-7679-317-0)
  • [Elizalde Pérez-Grueso 2011] (es) María D. Elizalde Pérez-Grueso, María Dolores Buldain Jaca (dir.) et al., « La Restauración, 1875-1902 : 1808-1923 », dans Historia contemporánea de España, Madrid, Akal, (ISBN 978-84-460-3104-8), p. 371-521
  • [Guereña 2002] (es) Jean-Louis Guereña, « État et nation en Espagne XIXe siècle », dans Francisco Campuzano, Les Nationalismes espagnols (1876-1978), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, (ISBN 978-2-84269-527-9)
  • (es) Manuel Suárez Cortina, La España Liberal (1868-1917) : Política y sociedad, Madrid, Síntesis, (ISBN 84-9756-415-4)
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