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Église de la Pórta-Panagía

L'église de la Pórta-Panagía (en grec moderne : Ναός Πόρτας Παναγιάς, littéralement « Très Sainte Vierge de Pórta »), est un édifice de style byzantin à Pýli (el), dans le district régional de Tríkala, en Grèce. Le monastère auquel l'église appartenait fut fondé en 1283 par le sébastokrator Jean Ier Doukas, prince de Thessalie.

Pórta-Panagía
Image illustrative de l’article Église de la Pórta-Panagía
Le catholikon du monastère depuis le sud-est.
Présentation
Nom local Ναός Πόρτας Παναγιάς
Culte Christianisme orthodoxe
Dédicataire Marie
Type Monastère, église
Fin des travaux 1283
Autres campagnes de travaux Exonarthex : milieu du XIVe siècle
Rénovations : fin XIVe siècle, 1743 et peu après 1855
Restaurations : années 2000
Style dominant Byzantin
Protection Bâtiment protégé en Grèce
Site archéologique de Grèce
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Thessalie
District régional Tríkala
Ville Pýli (el)
Coordonnées 39° 27′ 36″ nord, 21° 36′ 35″ est

Localisation et origine du nom

L'église est située sur la rive nord de la rivière Portaïkós (el), affluent du Pénée[1]. Elle occupe l'emplacement de l'ancienne colonie de Megále Pýle (Μεγάλαι Πύλαι), nom utilisé à l'époque byzantine, ultérieurement Megáli Pórta (Μεγάλη Πόρτα), rasée par les Ottomans en 1822. Signifiant « porte » en grec, le nom de l'ancienne et de l'actuelle localité fait référence au col alentour qui forme un passage étroit dans les montagnes du Pinde[2]. Le village moderne de Pýli, anciennement Pórta, est situé à proximité de l'église et constitue le siège du dème homonyme.

Histoire

L'église de la Pórta-Panagía, dédiée à la Dormition de Marie, était à l'origine le catholicon d'un monastère stavropégique consacré à la « Vierge Invincible » (Παναγία Ακαταμάχητος, Panagía Akatamáchitos). L'institution fut fondée en 1283 par le souverain de Thessalie, le sébastocrator Jean Ier Doukas[1] - [2] - [3]. Des vestiges de colonnes antiques à l'extérieur de l'exonarthex tendent à indiquer la présence d'un ancien temple à cet emplacement[4]. Le monastère bénéficia de propriétés considérables dans la région, mentionnées notamment dans deux chrysobulles des empereurs byzantins Andronic II Paléologue et Andronic III Paléologue[2] et un sigillion (en) du patriarche Antoine IV de Constantinople[5]. Selon une théorie de l'historien Cháris Koudoúnas, le monastère aurait abrité à la fin des années 1280, pendant environ trois ans, les reliques de la Santa casa rapportées de Terre sainte par la famille Ange, avant leur transfert à Árta puis en Italie[6].

L'exonarthex fut probablement érigé au milieu du XIVe siècle sous le règne de l'empereur serbe Stefan Uroš IV Dušan[7]. À l'époque de l'invasion ottomane, entre 1381 et 1393, le monastère fut détruit et les moines abandonnèrent les lieux pour le monastère voisin du Sauveur de Doúsiko[8] - [9]. Ce dernier sera plus tard renommé en l'honneur de saint Bessarion (en), métropolite de Larissa au début du XVIe siècle, né dans le village de Megáli Pórta[2] - [8].

Peu avant 1743, l'église, seule structure survivante de l'ancien monastère, fut victime d'une inondation qui provoqua l'effondrement de la partie sud-ouest de l'édifice[7]. Le lieu passa sous la juridiction du monastère voisin de Doúsiko en 1843, tout en continuant à fonctionner comme église paroissiale du village de Pórta[1]. Il fut vraisemblablement à nouveau détruit en 1854 ou 1855 par un tremblement de terre ou un incendie[7] - [10]. L'église fut étudiée et rénovée dans les années 1930 par Anastásios Orlándos, puis à nouveau fouillée et restaurée au cours des années 2000[7].

Architecture

L'église de la Pórta-Panagía est composée de la partie originelle formant le naos et de l'exonarthex construit à une date ultérieure.

Naos et décoration intérieure

L'église principale de 11 × 16,22 mètres[11] appartient aux édifices à plan basilical, avec trois vaisseaux et un toit en croix formé par un imposant transept. Ces caractéristiques architecturales tendent à rapprocher la Pórta-Panagía d'autres édifices contemporains du despotat d'Épire[3], notamment l'église du monastère de Káto Panagía (el) à Árta[12]. Les collatéraux en voûte d'arêtes[13] sont considérablement plus bas que le transept[14] et sont séparés de la nef par des arcs reposant sur six colonnes. L'un des chapiteaux en marbre, survivant du désastre de 1855 et richement sculpté[15], emprunte à la technique du champlevé[16]. Des vases acoustiques sont intégrés dans les parties sommitales des murs, une technique courante dans l'architecture byzantine[17].

À l'est du naos figure le sanctuaire (ou bêma), séparé par le templon restauré par Anastásios Orlándos[4] qui présente l'une des premières représentations connues de l'aigle bicéphale des Paléologues sur le territoire grec[18]. L'abside centrale du sanctuaire est flanquée de deux absidioles. Au nord figure la prothesis, autrement appelée chapelle de proscomidie ou de prothèse, servant à la préparation des Saints Dons. Au sud, la diakonikon tient lieu de sacristie depuis la période iconoclaste de l’Empire byzantin[1] - [4].

La plupart de la décoration intérieure d'origine a été détruite dans l'incendie ou le séisme de 1855[1]. Initialement datées du début du XVe siècle par Anastásios Orlándos, les fresques subsistantes sont désormais analysées comme des réalisations postérieures au milieu du XVIIIe siècle[7]. Alors que la prothesis est séparée du naos par le templon, la diakonikon est obstruée par un mur couvert d'une fresque représentant probablement des membres de la famille de Jean Ier Doukas[19] - [20]. Selon certains auteurs[21] - [22], ce dernier serait l'occupant d'une tombe devant le mur sud dont la forme rappelle les caractéristiques des arcosolia[23]. Au-dessus de la sépulture figure une fresque sur laquelle le défunt, revêtu de l'habit de moine, est présenté à la Vierge en majesté par un ange[24] - [25]. Encadrant le templon au niveau des piliers de l'abside centrale[26] - [27], deux imposantes mosaïques uniques en Grèce représentent, dans une disposition inhabituelle[1], le Christ en pied à gauche et la Vierge Hodigitria à droite[28] - [29]. Ces deux proskynetaria (en) sont surmontées d'une canopée en marbre richement sculptée[30] - [31].

Exonarthex et aspect extérieur

L'exonarthex de 11 × 8 mètres, occupant la partie ouest du monument, est caractéristique du type à croix inscrite, avec quatre petites niches d'angle. Son dôme octogonal est percé de seize fenêtres[32].

La maçonnerie de l'exonarthex et du naos sont sensiblement différentes. Jusqu'à une hauteur de deux mètres, les murs du naos sont principalement construits avec de gros blocs de pierre calcaire, dont certains ont été disposés en croix, tandis que les parties supérieures ont été érigées en appareil cloisonné. Les murs extérieurs présentent des décorations en céramique sous forme de croix et de bandes dentelées. Les fenêtres, également ornées des décorations en céramique, sont à double ou triple arcs[1]. Les murs de l'exonarthex sont constitués de pierre de taille calcaire réutilisées, la brique ne servant qu'aux éléments d'ornementation d'inspiration gothique du dôme[7] - [33].

Galerie

  • Vue de l'exonarthex depuis le sud-ouest.
    Vue de l'exonarthex depuis le sud-ouest.
  • Le templon encadré par les deux mosaïques.
    Le templon encadré par les deux mosaïques.
  • La coupole de l'exonarthex
    La coupole de l'exonarthex
  • Sépulture au sud-ouest du naos.
    Sépulture au sud-ouest du naos.
  • Mosaïque de la Vierge et fresque de la famille de Jean Ier Doukas.
    Mosaïque de la Vierge et fresque de la famille de Jean Ier Doukas.

Notes et références

Notes

    Références

    1. (el) Lázaros Deriziótis, « Ναός Πόρτας Παναγιάς Πύλης: Περιγραφή » [« Église de la Pórta-Panagía de Pýli : description »], Ministère de la Culture et des Sports (consulté le ).
    2. Koder et Hild 1976, p. 245.
    3. Stavros Mamaloukos 2010, p. 41.
    4. Koder et Hild 1976, p. 246.
    5. Cháris Koudoúnas 2014, p. 181.
    6. Cháris Koudoúnas 2014, p. 169–186.
    7. Stavros Mamaloukos 2010, p. 42.
    8. Albert Failler, « Dèmètrios Ζ. Sophianos - Phôtios Ar. Dèmètrakopoulos, Τὰ χειρόγραφα τῆς Μονῆς Δουσίκου - Ἁγίου Βησσαρίωνος. Κατάλογος περιγραφικός [compte-rendu] », Revue des études byzantines, Paris, Institut français d'études byzantines, vol. 63, , p. 261 (lire en ligne, consulté le ).
    9. Cháris Koudoúnas 2014, p. 172 et 181.
    10. (en) Nicholas Ambraseys, Earthquakes in the Mediterranean and Middle East: A Multidisciplinary Study of Seismicity up to 1900, Cambridge, Cambridge University Press, , 968 p. (ISBN 978-1-316-34785-0, lire en ligne), p. 676.
    11. Anastásios Orlándos 1935, p. 5.
    12. Panayotis Vocotopoulos 1998-1999, p. 82 et 86.
    13. (en) George A Christopoulos, John C Bastias, Dora Komini-Dialeti et Kostas Tsiropoulos, The Splendour of Orthodoxy: 2000 years history, monuments, art, t. 1, Athènes, Ekdotike Athenon, , 516 p. (ISBN 978-960-213-399-6), p. 446.
    14. (en) British School at Athens, The Annual of the British School at Athens, Athènes, MacMillan, (lire en ligne), p. 161.
    15. Anastásios Orlándos 1935, p. 24.
    16. (en) Slobodan Ćurčić (en), « Religious settings of the late Byzantine sphere », dans Helen Evans et al., Byzantium: Faith and Power (1261-1557), New York, Metropolitan Museum of Art, , 658 p. (ISBN 978-1-58839-113-1, lire en ligne), p. 80.
    17. (en) Dena Rosslere, Developments in Ceramic Materials Research, New York, Nova Publishers, , 292 p. (ISBN 978-1-60021-770-8, lire en ligne), p. 144.
    18. (en) Graham Speake, Encyclopedia of Greece and the Hellenic Tradition, Londres, Routledge, , 1500 p. (ISBN 9781579581411, lire en ligne), p. 521.
    19. Anastásios Orlándos 1935, p. 26.
    20. (en) British School at Athens, The Annual of the British School at Athens, Athènes, MacMillan, (lire en ligne), p. 411.
    21. Anastásios Orlándos 1935, p. 33–35.
    22. (en) Efthalia Constantinides, The Wall Paintings of the Panagia Olympiotissa at Elasson in Northern Thessaly, Athènes, Canadian Archaeological Institute at Athens, , 401 p., p. 30.
    23. (en) Slobodan Ćurčić (en), Gračanica: King Milutin's Church and Its Place in Late Byzantine Architecture, Pennsylvania State University Press, , 280 p. (ISBN 978-0-271-00218-7, lire en ligne), p. 130.
    24. (en) Donald M. Nicol, The Despotate of Epiros 1267-1479: A Contribution to the History of Greece in the Middle Ages, Cambridge, Cambridge University Press, , 312 p. (ISBN 978-0-521-26190-6, lire en ligne), p. 35.
    25. Nikólaos Siómkos, L'église Saint-Etienne à Kastoria : étude des différentes phases du décor peint (Xe-XIVe siècle), vol. 38, Thessalonique, Centre d'études byzantines, coll. « Byzantine texts and studies », (ISBN 978-960-7856-17-3, lire en ligne), p. 350.
    26. Anastásios Orlándos 1935, p. 28.
    27. (en) Sharon E. J. Gerstel, Monumental Painting and Eucharistic Sacrifice in the Byzantine Sanctuary: The Example of Macedonia, New York, New York University Press, , 267 p. (lire en ligne), p. 236.
    28. (en) Annemarie Weyl Carr, « Images: Expressions of Faith and Power », dans Helen Evans et al., Byzantium: Faith and Power (1261-1557), New York, Metropolitan Museum of Art, , 658 p. (ISBN 978-1-58839-113-1, lire en ligne), p. 163.
    29. Cahiers archéologiques : Fin de l'Antiquité et Moyen Âge, vol. 39, Éditions Picard, , 185 p. (ISBN 978-2708403987, lire en ligne), p. 164 et 167.
    30. (en) Jelena Bogdanovic, The Framing of Sacred Space: The Canopy and the Byzantine Church, Oxford, Oxford University Press, , 456 p. (ISBN 978-0-19-068137-1, lire en ligne), p. 156.
    31. (el) Katerína Nikoláou, Ο Μανουήλ Πανσέληνος και η εποχή του [« Manouíl Pansélinos et son époque »], Fondation nationale hellénique pour la recherche, , 206 p. (ISBN 978-960-371-008-0, lire en ligne), p. 103.
    32. Anastásios Orlándos 1935, p. 21–22.
    33. Anastásios Orlándos 1935, p. 22.

    Voir aussi

    Bibliographie

    Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

    • (en) Charálambos Boúras (en) et Laskarína Boúra, Helladic church-building during the 12th century, Athènes, , p. 273–274.
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    • (el) María Kazanáki-Láppa et Faní Malloúchou-Tufano, Τα βυζαντινά μνημεία της Ελλάδος στη Διεθνή Έκθεση της Ρώμης του 1911 [« Les monuments byzantins de la Grèce à l'Exposition internationale de Rome de 1911 »], Athènes, Société historique et ethnologique de Grèce, , 358 p. (ISBN 9789606812057), p. 204–205.
    • (de) Johannes Koder, Friedrich Hild et Herbert Hunger, « Megalē Porta », dans Tabula Imperii Byzantini, Band 1: Hellas und Thessalia, Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, , 580 p. (ISBN 978-3-7001-1898-5, lire en ligne), p. 245–246.
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    • (en) Stavros Mamaloukos, « Notes on the Constructional History and Architecture of the Church of the Porta‐Panaghia, Thessaly, Greece », dans Thirty-sixth Annual Byzantine Studies Conference, 8–10 octobre 2010, Philadelphie), , 140 p. (lire en ligne), p. 41–42. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    • (el) Anastásios Orlándos, « Η Πόρτα-Παναγία της Θεσσαλίας » [« La Pórta-Panagía de Thessalie »], Archives des monuments byzantins de Grèce, t. 1, , p. 5–40.
    • (el) Nikólaos Sofianós, Το χρυσόβουλλο του αυτοκράτορα Ανδρόνικου Γ΄ Παλαιολόγου υπέρ της μονής της θεοτόκου Μεγάλων πυλών (Πόρτα Παναγία) [« Le chrysobulle de l'empereur Andronic III Paléologue (1336) pour le monastère de la Théotokos ("Ton Megálon Pylón" ou "Pórta Panagía") »], Athènes, O sundesmos, , 27 p.
    • Anna Tsitouridou, « Les fresques du XIIIe siècle dans l'église de la Porta-Panaghia en Thessalie », dans Actes du XVe Congrès international d'études byzantines (septembre 1976, Athènes), Partie 2, , p. 863–878.
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    • (en) Panayotis Vocotopoulos, « Church architecture in the despotate of Epirus: the problem of influences », Zograf: časopis za srednjovjekovnu umjetnost, vol. 27, 1998-1999), p. 79–92 (ISSN 0350-1361, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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