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Zimri-Lim

Zimri-Lim est le dernier roi de Mari. Il régna de 1775 à Son rÚgne, connu par les imposantes archives du palais royal de Mari, est l'un des mieux documentés de l'histoire antique.

ZimrĂź-LĂźm
Tablette de Zimri-Lim relatant la fondation d'une glaciÚre à Terqa, musée du Louvre
Fonctions
Roi
Mari
- av J-C
Chef de tribu (en)
Bensimalites
Biographie
DĂ©cĂšs
Activité
Conjoint

Il est un membre de la famille du prĂ©cĂ©dent roi de Mari, Yahdun-Lim (1810-1794 av. J.-C. ; sans doute son grand-pĂšre, ou bien son oncle), qui a Ă©tĂ© contraint Ă  l'exil, sous la protection du roi d'Alep, lorsque sa lignĂ©e a Ă©tĂ© Ă©vincĂ©e de Mari par Samsi-Addu. AprĂšs la mort de ce dernier, Zimri-Lim prend Mari et en devient le roi. AprĂšs avoir rĂ©sistĂ© Ă  Eshnunna et matĂ© la rĂ©volte des tribus benjaminites, il parvient Ă  asseoir son pouvoir et Ă  devenir un des principaux rois du Proche-Orient. Il impose son autoritĂ© sur la majeure partie des terres de Haute MĂ©sopotamie situĂ©es au nord et Ă  l'est de l'Euphrate et dans la rĂ©gion du Khabur, alors divisĂ©es en plusieurs petits royaumes instables. Il s'allie avec Hammurabi de Babylone pour conduire une coalition qui rĂ©siste Ă  une tentative d'invasion de l'Élam en MĂ©sopotamie en 1765. NĂ©anmoins dans les annĂ©es qui suivent il assiste Ă  la montĂ©e en puissance du roi babylonien, dont il finit par devenir une victime. Il disparaĂźt probablement lors de la prise de Mari en 1761, qui prĂ©cĂšde la destruction de la ville.

Les archives royales de Mari fournissent une mine d'information sur le rĂšgne de Zimri-Lim. Il est Ă  la tĂȘte d'une entitĂ© politique duale, car il est Ă  la fois roi de Mari et des territoires alentours, mais aussi chef de la tribu des Bensim'alites dont une partie nomadise hors de son territoire, tout en reconnaissant son autoritĂ©. Comme les autres rois de son Ă©poque, il est un chef de guerre, dont les troupes sont constamment sur le pied de guerre en raison du contexte trouble de son temps, qui ne lui laisse quasiment pas de rĂ©pit. Il est trĂšs actif sur le plan diplomatique, conduisant une politique d'alliances visant Ă  renforcer son pouvoir, qui passe notamment par le mariage de plusieurs de ses filles Ă  ses vassaux. Il est Ă©galement considĂ©rĂ© comme l'Ă©lu des dieux, ce qui le conduit notamment Ă  procĂ©der Ă  de nombreuses consultations d'oracles et Ă  se tenir au courant de prophĂ©ties le concernant, afin de prendre connaissance des volontĂ©s divines. Son palais est le cƓur de l'administration de son royaume, qui s'appuie sur ses serviteurs proches, et aussi une population fĂ©minine importante, dominĂ©e par la reine Shibtu, originaire du puissant royaume d'Alep, qui acquiert une grande importance dans la gestion de la maisonnĂ©e du roi. Le palais comprend de nombreux magasins, documentĂ©s par l'archĂ©ologie et des textes administratifs qui procurent de nombreuses informations sur la vie matĂ©rielle d'une cour royale Ă  cette Ă©poque, par exemple les denrĂ©es servies lors des repas du roi et la vaisselle de luxe gardĂ©e sous haute surveillance.

Étymologie

Le nom Zimri-Lim est en langue amorrite (ZimrÄ«-LĂźm), et signifie « la tribu est mon secours » ou la « tribu est ma force ». Le second terme signifie « tribu », sans doute liÊŸmum au nominatif, ici Ă  l'Ă©tat absolu liÊŸim (ou lĂźm)[1]. Il se retrouve dans le nom des autres rois de sa dynastie, Yaggid-Lim et Yahdun-Lim, qui ont de ce fait pu ĂȘtre surnommĂ©s de façon quelque peu hĂątive « dynastie des Lim »[2] (le terme se trouve aussi dans le nom du contemporain Yarim-Lim Ier d'Alep, qui appartient Ă  une tribu amorrite diffĂ©rente[1]).

Sources

Le rĂšgne de Zimri-Lim est essentiellement documentĂ© par les archives mises au jour en divers points du palais royal de Mari[3]. Il s'agit de textes laissĂ©s sur place par les conquĂ©rants babyloniens lors qu'ils ont pris la ville et pillĂ© le palais, en sachant qu'ils en ont emportĂ© une partie qu'ils jugeaient plus importante. Elles se comptent par milliers, non intĂ©gralement publiĂ©es, et se rĂ©partissent pour l'essentiel en deux grandes catĂ©gories. D'abord des textes administratifs documentant la gestion de la « maison » du roi, surtout des tablettes enregistrant les entrĂ©es et les sorties de produits, notamment des textes de sortie de nourriture pour la table royale (les « repas du roi »), les rations distribuĂ©es au personnel du palais, les prĂ©sents offerts aux messagers et cours Ă©trangers, aussi des textes d'inventaire de biens stockĂ©s dans le palais (notamment les objets prĂ©cieux et matiĂšres premiĂšres destinĂ©es aux artisans du palais), des listes de champs du domaine royal et des documents fiscaux, des listes de travailleurs du palais et de captifs de guerre dĂ©portĂ©s, etc. D'autres textes administratifs documentent l'administration des provinces, notamment des recensements Ă  but militaire et les prĂ©sents offerts par des notables locaux au roi. Le fait que ces textes soient souvent datĂ©s permet de les utiliser pour reconstituer l'histoire politique. Les lettres des archives royales de Mari constituent la documentation la plus Ă©tudiĂ©e et mise en avant de ce corpus. Elle comprend la correspondance du roi avec ses subordonnĂ©s en poste dans les provinces ou en mission Ă  l'Ă©tranger, et aussi la partie de sa correspondance diplomatique que les Babyloniens n'ont pas emportĂ©e (ils ont manifestement pris les lettres envoyĂ©es par les rois les plus puissants, Ă  commencer par celle de leur roi Hammurabi). Un ensemble de lettres important est la correspondance fĂ©minine, des lettres envoyĂ©es par des femmes du palais au roi ou Ă  d'autres personnes. Le palais de Mari a aussi livrĂ© des textes juridiques, rituels, scolaires et littĂ©raires, notamment l’ÉpopĂ©e de Zimri-Lim, texte Ă©pique Ă  la gloire du roi[4] - [5].

TrĂšs peu d'inscriptions commĂ©moratives de ce roi sont connues[6] - [7]. Ses noms d'annĂ©es, cĂ©lĂ©brant les faits mĂ©morables de son rĂšgne, avant tout des actes pieux (10e annĂ©e : « AnnĂ©e oĂč Zimri-Lim a offert un grand trĂŽne au dieu Addu de Mahanum ») et des victoires militaires (4e annĂ©e : « AnnĂ©e oĂč Zimri-Lim s'est emparĂ© d'Ashlakka »), sont essentiels pour reconstituer la chronologie relative de son rĂšgne et de connaĂźtre certains des Ă©vĂ©nements marquants[8].

Des textes datés de l'époque de Zimri-Lim mis au jour hors de Mari complÚtent cette reconstitution. Des tablettes administratives non publiées ont notamment été mises au jour à Tell Ashara (Terqa)[9]. Trois lettres écrites par le roi de Mari ont aussi été mises au jour à Tell Rimah (Qattara), hors de son royaume[10].

Les sources non-écrites sont constituées par des images, notamment celles des sceaux-cylindres retrouvés ou bien de leurs empreintes figurant sur des tablettes d'argile, ainsi que les fragments de peinture du palais royal de Mari. L'analyse des vestiges archéologiques, avant tout ceux du palais royal de Mari, fournit aussi des informations précieuses sur l'époque de Zimri-Lim[11].

Histoire

Localisation des principaux sites de Mésopotamie et de Syrie datés de la période paléo-babylonienne.

Contexte

Le rĂšgne de Zimri-Lim prend place durant la pĂ©riode dite « palĂ©o-babylonienne » (babylonienne ancienne), qui va de 2004 Ă  1595 av. J.-C. selon la chronologie moyenne, qui est la plus employĂ©e par les historiens spĂ©cialisĂ©s de la pĂ©riode. Cette Ă©poque parfois aussi appelĂ©e pĂ©riode amorrite, car les dynasties qui dominent la MĂ©sopotamie et la Syrie sont alors majoritairement d'ethnie amorrite (un peuple parlant une langue ouest-sĂ©mitique), et c'est le cas de celle de Zimri-Lim. La Syrie et la MĂ©sopotamie de la fin du XIXe siĂšcle av. J.-C. et du dĂ©but du XVIIIe siĂšcle av. J.-C. sont partagĂ©es en plusieurs royaumes, les plus puissants Ă©tant, aux cĂŽtĂ©s de Mari ceux dont les capitales sont situĂ©es Ă  Larsa, Babylone, Eshnunna, Alep (Yamhad), Qatna. La Haute-MĂ©sopotamie est trĂšs instable politiquement : aucune grande puissance ne s'y impose de maniĂšre durable, et une myriade de petites principautĂ©s se partage le territoire, avec des guerres intestines et coups d’États trĂšs rapides, qui s'accompagnent de purges et de dĂ©placement de populations importants, Ă©tant donnĂ© que les rois qui s'implantent dans les citĂ©s ont souvent un pouvoir sur des groupes semi-nomades trĂšs mobiles[12].

Extension approximative du Royaume de Haute-MĂ©sopotamie Ă  la mort de Samsi-Addu.

Vers 1810-1805 un roi bensim'alite, Yahdun-Lim, prend le pouvoir Ă  Mari. Ces origines sont mal connues, mais on sait qu'il est le fils de Yaggid-Lim, un roi dont la capitale semble s'ĂȘtre situĂ©e Ă  áčąuprum, ville proche de Mari mais situĂ©e de l'autre cĂŽtĂ© de l'Euphrate. Quoi qu'il en soit son pouvoir a aussi un aspect tribal, et il instaure une dynastie double : il est Ă  la fois roi du territoire de Mari, et rois des « BĂ©douins » de sa tribu, les Bensim'alites (ou Sim'alites). Il impose son autoritĂ© sur une large portion de la zone situĂ©e entre les cours moyens du Tigre et de l'Euphrate, la « DjĂ©zireh », devenant le suzerain des rois de la rĂ©gion. Son grand rival est Samsi-Addu (ou Shamshi-Adad), roi qui semble avoir pour ville d'origine la vĂ©nĂ©rable citĂ© d'Akkad, d'oĂč il a Ă©tĂ© Ă©vincĂ© avant de retrouver une capitale plus au nord Ă  Ekallatum. Le roi de Mari trouve la mort en 1794 dans une intrigue de palais, qui conduit son fils Sumu-Yamam au pouvoir[13] - [14]. Mais celui-ci est vaincu deux ans plus tard par Samsi-Addu, qui parvient Ă  la mĂȘme pĂ©riode Ă  Ă©vincer les autres principaux rois de la DjĂ©zireh, et Ă  constituer un vaste royaume, que les historiens modernes dĂ©signent comme le Royaume de Haute-MĂ©sopotamie. Afin de diriger Mari, il y intronise son fils Yasmah-Addu, alors que son autre fils Ishme-Dagan est implantĂ© Ă  Ekallatum. Lui-mĂȘme se constitue une capitale au centre de son royaume, Ă  Shubat-Enlil. Il parvient Ă  maintenir cet Ă©difice politique pendant une quinzaine d'annĂ©es, malgrĂ© les dangers que font peser sur lui le royaume du Yamhad Ă  l'ouest, et celui d'Eshnunna Ă  l'est[15] - [16].

Origines

Zimri-Lim est nĂ© dans le clan de Yahdun-Lim, qui est Ă  la tĂȘte de la confĂ©dĂ©ration tribale des Bensim'alites. Il est probablement le neveu ou le petit-fils du roi de Mari dĂ©chu[17]. Ses premiĂšres annĂ©es de vie se passent en exil, puisque sa famille a Ă©tĂ© contrainte de fuir les territoires dominĂ©s par Samsi-Addu, accompagnĂ©e d'un grand nombre de membres de son clan. Il est sans doute adolescent au moment de ces Ă©vĂ©nements, car lors de son intronisation, aprĂšs quinze annĂ©es d'exil, il a dĂ©jĂ  des filles en Ăąge d'ĂȘtre mariĂ©es. On ne connait pas le lieu exact oĂč Zimri-Lim passe son exil, mais il est certain que c'est dans un territoire situĂ© dans le royaume du Yamhad, ou du moins sous sa protection. On ne sait pas non plus dans quelles conditions il est devenu le chef du clan et donc l'hĂ©ritier des revendications sur le trĂŽne de Mari en tant que successeur de Yahdun-Lim[18].

Prise de pouvoir

Les années 1777-76 sont marquées par un regain des troubles dans le royaume de Samsi-Addu. La mort du roi en 1775 provoque une explosion de révoltes qui emportent son royaume[19]. Les descendants des anciens souverains évincés tentent de reprendre leur héritage, et Zimri-Lim se met alors en route vers Mari, avec les autres Bensim'alites qui avaient fui auparavant. Les lettres reçues par Yasmah-Addu à cette époque permettent de suivre l'avancée rapide des troupes sur Mari, qui progressent le long de l'Euphrate, prenant Tuttul puis Terqa. Mari est prise par une autre troupe, conduite par le chef de guerre Bensim'alite nommé Bannum. Yasmah-Addu meurt à ce moment ou peu aprÚs, puisqu'il disparaßt de la documentation. En revanche son frÚre Ishme-Dagan maintient un royaume à l'est autour d'Ekallatum, sans parvenir à intervenir à Mari. Zimri-Lim fait son entrée à Mari, et se fait introniser à Terqa, dans le temple du dieu Dagan[17] - [20].

Zimri-Lim est rapidement soumis Ă  un dilemme diplomatique afin de consolider son pouvoir : choisir entre l'alliance et la protection de Yarim-Lim Ier d'Alep Ă  l'ouest, ou d'Ibal-pi-El II d'Eshnunna Ă  l'est. Il reste loyal au premier, Ă  qui il doit probablement sa survie et sa prise de pouvoir, et Ă©pouse sa fille Shibtu. Un peu avant, il semble Ă©galement avoir Ă©pousĂ© la fille du roi de Qatna qui Ă©tait auparavant mariĂ©e Ă  Yasmah-Addu, ce qui lui permet d'ĂȘtre en bons termes avec une autre puissance occidentale. Il reprend aussi une partie des anciens serviteurs de Yasmah-Addu, ce qui lui vaut les invectives de certains de ses proches qui doutent de leur loyautĂ©[17] - [21].

Au moment oĂč Zimri-Lim prenait le pouvoir Ă  Mari, d'autres rois reprenaient les possessions de leurs ancĂȘtres en Haute MĂ©sopotamie, crĂ©ant une balkanisation rapide de la rĂ©gion. En tant que maĂźtre de la puissance dominante traditionnelle, Zimri-Lim fait rapidement valoir son ambition de devenir le suzerain de cet espace, ainsi que l'indique cette lettre qu'il envoie Ă  deux roitelets installĂ©s au nord de son royaume, dans le triangle du Khabur, le pays d'Ida-maraáčŁ[17] - [22] :

« Dis Ă  Abi-Samar et IkĆĄud-lĂą-ĆĄĂȘmĂȘĆĄu : ainsi (parle) Zimri-Lim.
Le pays entier est revenu Ă  ses lots d’hĂ©ritage et chacun est (re)montĂ© sur le trĂŽne de la maison paternelle. Et voici ce que j’ai entendu (dire) : Â« Le pays d’IdamaraáčŁ, lĂ  oĂč (du moins) il tient les places fortes, ne prĂȘte attention qu’à Zimri-Lim ! »
[À prĂ©sent], Ă©crivez-moi. Je viendrai prononcer pour vous [un serment] solennel [par les dieux]. Livrez-moi la ville pour que je la remette Ă  son maĂźtre. Quant Ă  vous,navec vos biens, je vous ferai voir le lieu d’élection que vous me direz. À l’audition de ma prĂ©sente tablette, fais-moi porter promptement une rĂ©ponse Ă  ma tablette[23]. »

Zimri-Lim appuie la prise de pouvoir de plusieurs rois de la contrée, ce qui lui assure leur hommage. Il y intervient militairement à plusieurs reprises, d'abord pour chasser les restes des troupes de Samsi-Addu restées dans la région, puis pour faire une démonstration de forces aux rois locaux qui contestent son autorité[24] - [25].

La guerre contre Eshnunna et les Benjaminites

Lors de sa prise de pouvoir, Zimri-Lim avait pu compter sur l'appui de troupes de la tribu des Benjaminites, pourtant les rivaux habituels des Bensim'alites. Mais les rois benjaminites se montrent peu enclins à reconnaßtre sa supériorité. Ils reçoivent la promesse de soutien d'Eshnunna, qui est en mauvais termes avec Mari au sujet de la possession des territoires en aval de cette derniÚre, le pays de Suhum. Des rois Benjaminites se soulÚvent une premiÚre fois en 1773, sans succÚs, notamment parce qu'ils ne reçoivent aucune aide d'Eshnunna[26].

Alors que Zimri-Lim a consolidé son emprise sur ses vassaux, le conflit larvé entre Mari et Eshnunna devient effectif à l'automne 1772 quand les troupes de la seconde envahissent le Suhum. Les Benjaminites se soulÚvent à nouveau, et Eshnunna envoie un autre corps de troupe qui remonte la vallée du Tigre puis se dirige vers le triangle du Khabur. Cela contraint Mari à conduire la guerre sur plusieurs fronts, et aussi à une offensive diplomatique pour s'attacher le soutien d'autres grandes puissances (Babylone et Qatna) et la loyauté des roitelets du nord, partagés entre ceux qui restent fidÚles à Zimri-Lim et ceux qui rejoignent le camp d'Eshnunna. Alors que Mari et ses alliés semblent peiner à faire face aux envahisseurs, ceux-ci subissent une attaque à l'autre extrémité de leur royaume, dans le Zagros, qui les pousse à un retrait partiel. Les troupes d'Eshnunna restant au nord sont vaincues à Andarig, et se retirent, ouvrant une période de rÚglements de comptes contre les rois locaux qui étaient passés dans leur camp. Les armées d'Eshnunna qui ont envahi le Suhum repartent également. Les Benjaminites ont subi des défaites, et optent pour la réconciliation et la soumission à Zimri-Lim[27] - [28].

La paix avec Eshnunna est plus durement négociée, mais elle est conclue en 1770 : Zimri-Lim reconnaßt le roi d'Eshnunna Ibal-pi-El comme son « pÚre », donc son supérieur, mais il récupÚre l'intégralité des territoires envahis par Eshnunna[29].

Un pouvoir consolidé

AprÚs sa victoire, Zimri-Lim a consolidé son autorité sur ses vassaux, et son statut de « grand roi », égal des autres puissances dominant le Moyen-Orient. Le fils de Samsi-Addu, Ishme-Dagan, a perdu le trÎne d'Ekallatum et s'est alors réfugié à Babylone, ce qui éloigne la menace qu'il fait peser. Cela ne veut pas dire la paix soit instaurée, puisque les différents petits rois de la Haute Mésopotamie qui reconnaissent la suzeraineté du roi de Mari sont prompts à se quereller entre eux, ce qui entraßne divers conflits, incitant Zimri-Lim à intervenir pour introniser des rois qui ont ses faveurs. Il voyage en personne dans la région du Khabur en 1767, mais cela ne suffit pas à apaiser les rapports politiques dans cette région[30] - [31].

En 1766-1765, Mari se rapproche de l'Élam, royaume situĂ© dans l'actuel sud-ouest de l'Iran, qui est alors considĂ©rĂ© comme la plus grande puissance du Moyen-Orient. Cela avait un intĂ©rĂȘt commercial car ce royaume maĂźtrisait les routes commerciales transportant de l'Ă©tain et du lapis-lazuli depuis des pays situĂ©s encore plus Ă  l'est, mais aussi un intĂ©rĂȘt politique et militaire car les Élamites envisageaient d'attaquer Eshnunna. L'autre grand rival de cette derniĂšre, Hammurabi de Babylone, se joint d'ailleurs Ă  la coalition. Les troupes Ă©lamites attaquent Eshnunna et s'en emparent en 1765[32].

Au printemps de la mĂȘme annĂ©e, Zimri-Lim participe Ă  une campagne militaire en appui au Yamhad, contre un vassal de celui-ci-ci. PlutĂŽt que de revenir Ă  Mari dans la foulĂ©e, il entreprend un voyage qui le conduit jusqu'Ă  Ugarit, sur la mer MĂ©diterranĂ©e. C'est durant ce voyage qu'il apprend que les Elamites, non contents d'avoir pris Eshnunna, ont dĂ©cidĂ© de poursuivre leur route vers la plaine mĂ©sopotamienne. Il reprend la route de Mari alors qu'un conflit de grande ampleur est en train de dĂ©buter[32] - [33].

La guerre contre l'Élam et l'ascension de Babylone

Le conflit contre les Élamites est documentĂ© par de nombreuses lettres, qui indiquent l'Ă©tat d'alerte dans lequel se trouvent les royaumes de MĂ©sopotamie et de Syrie. Les troupes Ă©lamites reprennent en effet le mĂȘme chemin que celles d'Eshnunna peu avant, en remontant le Tigre puis en pĂ©nĂ©trant dans le triangle du Khabur, oĂč une partie des rois passe dans leur camp par la contrainte, ou par choix. Une autre troupe Ă©lamite redescend le Tigre vers Babylone. Les deux rois les plus menacĂ©s, Zimri-Lim et Hammurabi, entreprennent donc de s'allier et de diriger une coalition afin de repousser les envahisseurs, non sans essuyer des refus (notamment ceux de Qatna et de Larsa). AprĂšs une lutte Ăąpre, les coalisĂ©s dĂ©font les Élamites Ă  Hiritum, dans le nord de la Babylonie, et les forcent Ă  se retirer[34] - [35].

La conclusion de la guerre entraĂźne une nouvelle vague de renversements et de conflits locaux dans les royaumes du nord, et aussi le retour de l'ennemi jurĂ© de Zimri-Lim, Ishme-Dagan, qui reprend son trĂŽne Ă  Ekallatum, qui semble d'abord mieux disposĂ© Ă  l'Ă©gard du roi de Mari, qui est en position de force en Haute MĂ©sopotamie aprĂšs ses divers triomphes. NĂ©anmoins il connaĂźt d'autres revers et retourne en exil Ă  Babylone[36]. Le roi de cette derniĂšre, Hammurabi, profite alors de l'appui militaire de Mari pour s'emparer de Larsa, son grand rival mĂ©ridional. Il parvient Ă©galement Ă  Ă©tendre son influence sur ce qu'il reste du royaume d'Eshnunna. Bien qu'il ne dispose pas de ses troupes au complet, Zimri-Lim intervient militairement Ă  deux reprises dans le nord et parvient Ă  soumettre des roitelets qui cherchent Ă  s'Ă©manciper. Mais Hammurabi gagne du terrain dans la vallĂ©e du Tigre, et commence Ă  devenir influent au Sud-Sinjar oĂč la situation reste trouble : il y rĂšgle un litige successoral survenu Ă  Andarig et poste une partie de son armĂ©e, alors que c'est en principe une rĂ©gion situĂ©e dans la mouvance de Mari[37] - [38].

La chute de Mari

Les lettres les plus récentes trouvées dans le palais royal de Mari laissent deviner une montée des tensions entre Mari et Babylone, liée au fait que cette derniÚre cherche à étendre son influence plus loin vers le nord, donc le domaine de Mari. En 1762, alors que Babylone s'empare d'Eshnunna, il semble que Zimri-Lim ait choisi le camp du second au détriment du premier, pourtant son allié. Cela pourrait expliquer pourquoi il est devenu à son tour la cible de Hammurabi[39].

Quoi qu'il en soit Mari est prise par Babylone, apparemment au printemps 1761, dans des circonstances inconnues faute de sources. On ne sait pas ce qu'il advient de Zimri-Lim, Ă  propos duquel plus aucune information n'existe aprĂšs cette date. Les troupes babyloniennes infligent Ă©galement des dĂ©faites Ă  des rois de Haute MĂ©sopotamie, peut-ĂȘtre des alliĂ©s venus au secours de Mari. Cette ville est occupĂ©e Mari quelques mois par les vainqueurs, qui vident son palais de ce qui les intĂ©ressait (dont les sources qui devaient documenter la chute de Mari), puis ils y mettent le feu en 1759, entraĂźnant son abandon dĂ©finitif[40] - [41].

Famille

Parents

Zimri-Lim a pour mĂšre Addu-duri, qui meurt dans la sixiĂšme annĂ©e de rĂšgne de Zimri-Lim. Elle est peut-ĂȘtre d'origine benjaminite. Sa correspondance indique que la reine-mĂšre joue un rĂŽle important, notamment dans les affaires religieuses et administratives, et s'occupe de la gestion du palais lorsque le roi est en dĂ©placement, durant des annĂ©es pour lesquelles le pouvoir de son fils n'est pas encore raffermi[42] - [43] - [44].

« Dis à Addu-duri : ainsi parle ton Seigneur.
J’ai pris connaissance de ta tablette que tu m’as fait porter. À propos de ce que tu me dis : « Il ne faut pas que mon Seigneur soit nĂ©gligent Ă  se protĂ©ger ! », je ne montre nulle nĂ©gligence Ă  me protĂ©ger, exactement selon ta lettre que tu m’as envoyĂ©e : je me trouve faire trĂšs attention.
En outre, voilĂ  que tu dois offrir les sacrifices pour la protection du palais ; tiens-toi devant les dieux !
En attendant mon arrivĂ©e, montre-toi trĂšs vigilante ! En outre, une nouvelle qui t’arrivera(it) de n’importe oĂč ou dont tu aurais ouĂŻ-dire, doit en urgence m’ĂȘtre ponctuellement transmise.
Autre chose : je t’ai fait porter cette tablette le 8 courant (du mois) de kiskissum (xi). Le 12, je me transporterai de la Forteresse de Yahdun-Lim Ă  Mari. Il faut qu’à l’écoute de cette tablette toutes dispositions soient prises concernant les sacrifices de Deritum, sans faute[45]. »

Son pĂšre, mort au moment oĂč il monte sur le trĂŽne et peu documentĂ©, est un dĂ©nommĂ© Hadni-Addu, membre de la famille de Yahdun-Lim, sans doute son frĂšre, ou bien son fils. Yahdun-Lim est donc l'oncle de Zimri-Lim, ou son grand-pĂšre, mĂȘme si officiellement Zimri-Lim se prĂ©sente comme son fils, pour consolider sa position de successeur et hĂ©ritier du trĂŽne de Mari et de la position de chef tribal[46] - [44].

Épouses

Zimri-Lim dispose de plusieurs épouses (kallatum). Elles sont apparemment toutes de sang royal, mais sont rangées dans un ordre hiérarchique qui privilégie celles dont l'ascendance est la plus importante[47].

La premiÚre est Dam-hurasi(m)[48] - [44]. Selon l'identification proposée par J.-M. Durand, c'est une princesse de Qatna, qui avait été précédemment une épouse de Yasmah-Addu, et était mentionnée dans la correspondance de ce rÚgne sous le nom de Beltum. Zimri-Lim l'aurait épousée lorsqu'il a renversé Yasmah-Addu, suivant la coutume de l'époque qui veut qu'un roi vainqueur prenne le harem du vaincu. Du point de vue diplomatique, c'était l'opportunité de renforcer ses liens avec le royaume dont elle était originaire[49].

L'autre épouse principale de Zimri-Lim est Shibtu(m), une princesse venue de l'autre grand royaume syrien, Yamhad (Alep). Il l'épouse dans sa seconde année de rÚgne. En pratique si ce n'est en principe, c'est la véritable premiÚre épouse de Zimri-Lim, celle qui est de loin la plus représentée dans la correspondance royale, qui occupe la place majeure dans l'administration du palais[50] - [51] - [52].

La troisiÚme épouse de Zimri-Lim qui occupe une place importante est Yataraya. Son origine exacte est inconnue, en tout cas ce n'est pas une princesse d'un grand royaume, et elle est déjà mariée à Zimri-Lim quand il monte au pouvoir, sans doute en tant qu'épouse principale mais elle doit céder sa place aux deux précédentes. Elle n'en conserve pas moins un lien personnel spécial avec Zimri-Lim : elle lui a donné plusieurs enfants avant son intronisation et lui en donne encore aprÚs, et c'est elle qu'on voit l'accompagner dans ses voyages[53] - [54] - [55].

Plusieurs lettres de la correspondance des Ă©pouses de Zimri-Lim, au moment oĂč le roi est en dĂ©placement, mettent en lumiĂšre quelques moments d'intimitĂ©[56]. Une lettre indique que Shibtum envoie au roi des vĂȘtements qu'elle a confectionnĂ©s[57] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Ơibtu, ta servante.
Puisse mon Seigneur capturer ses ennemis et rentrer à Mari aprùs un voyage sans histoire et la joie au cƓur !
En outre, voilĂ  que mon Seigneur peut mettre sur ses Ă©paules l’étoffe et la chemise que j’ai confectionnĂ©s[58]. »

Dans la lettre suivante c'est Dam-hurasi qui donne des nouvelles des enfants du harem et demande des nouvelles du roi[59] :

« Dis Ă  mon Seigneur : ainsi parle Dam-huraáčŁi, ta servante.
Porte-toi bien ! Je suis en bonne santé. Ton Palais est en bonne santé. Les fillettes sont en bonne santé. Moi, ta servante, je suis en bonne santé.
Autre chose : jusque Ă  quand mon Seigneur ne m’enverra-t-il pas de ses nouvelles ? Mon Seigneur ne l’a pas fait et mon cƓur ne s’est pas rĂ©joui ![60] »

Une lettre de Yataraya est écrite alors qu'elle accompagne Zimri-Lim dans un voyage dans le nord, et est destinée à Shibtum (dont la position prééminente apparaßt clairement), pour lui donner des nouvelles :

« Dis à ma reine : ainsi parle Yataraya, ta servante.
Mon Seigneur est en bonne santĂ© ; les armĂ©es et les domestiques sont en bonne santĂ©. Que la Dame du palais fasse vivre ma reine le cycle des ans, pour l’amour de moi ! Que des nouvelles de la santĂ© de ma reine soient continues chez moi ! Je suis trĂšs attentive aux nouvelles de la santĂ© de ma reine !
J’enverrai Ă  ma reine les nouvelles que j’apprendrai aprĂšs l’envoi de ma prĂ©sente tablette.
Au jour oĂč je t’envoie cette tablette, le roi a donnĂ© le tribut Ă  mon Seigneur ; il a affranchi le Palais d’Ilan-áčŁura[61]. »

En plus de ses autres Ă©pouses, une vingtaine attestĂ©e dans les sources, mais moins importantes que les prĂ©cĂ©dentes donc moins documentĂ©es[62], Zimri-Lim avait probablement des concubines, qui sont rangĂ©es dans la catĂ©gorie des « musiciennes » (nārtum), qui comprend Ă©galement des femmes de haute naissance, dont des princesses[63]. Une des Ă©pouses de Zimri-Lim, nommĂ©e Beltani, semblerait d'ailleurs ĂȘtre une ancienne « musicienne »[64].

Enfants

Une vingtaine de princesses est connue par les textes[65]. Au moment de sa montĂ©e sur le trĂŽne, Zimri-Lim dispose de plusieurs filles en Ăąge de se marier, qu'il donne en mariage Ă  des souverains vassaux[66]. D'autres naissent durant son rĂšgne. Les plus jeunes de ses filles et ses fils vivent au palais[67]. Seuls trois fils de Zimri-Lim sont connus, tous nĂ©s durant son rĂšgne. Ils reçoivent tous le nom d'un ancĂȘtre de Zimri-Lim, afin d'assurer la continuitĂ© dynastique. L'hĂ©ritier prĂ©somptif est Yaggid-Lim, qui semble ĂȘtre le fils de Dam-hurasi. Hadni-Addu semble ĂȘtre le fils de Shibtum. Un troisiĂšme fils, Yahdun-Lim, est mort en bas-Ăąge puisque son tombeau est mentionnĂ© dans un texte[68].

Peu de choses sont connues sur les enfants en bas-ùge : leur naissance est documentée par des documents administratifs enregistrant les cadeaux offerts à leur mÚre aprÚs l'accouchement, quelques lettres annoncent également des naissances[69], comme celle-ci adressée par Shibtum[57] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Ơibtum, ta servante.
Je viens d’enfanter des jumeaux, un garçon et une fille ; que mon Seigneur soit content ![70] »

En revanche une autre missive mentionne la mort d'une princesse en bas-ùge et les précautions prises pour en informer le roi[69] :

« Dis à Dariƥ-libur : ainsi (parle) Uƥareƥ-hetil, ton fils.
[À propos de la fille] de la Reine, [il avait eu une tr]anse. [La fille] de mon Seigneur n’a pas vĂ©cu ; [aujourd’hui, elle est m]orte. Elle Ă©tait nĂ©e le 
 ; [Le mĂȘme jour], Irra-gamil avait eu une transe, disant : « Elle ne vivra pas ! ».
Avant que le roi n’atteigne Mari, dis-lui que cette fillette est morte qu’il soit au courant. Il est Ă  craindre que le roi, s’il apprend la mort de cette fillette, Ă  son entrĂ©e Ă  Mari, ne se mette Ă  ĂȘtre profondĂ©ment troublĂ©[71]. »

Idéologie royale

Un sceau-cylindre de Zimri-Lim, connu par plusieurs empreintes, porte l'inscription « Zimri-Lim prĂ©posĂ© de Dagan, favori d'Enlil, roi de Mari et du pays bĂ©douin, fils de Yahdun-Lim »[72] - [73]. Cela renvoie Ă  plusieurs Ă©lĂ©ments : l'Ă©lection par les dieux liĂ©s Ă  la royautĂ© (Dagan, Enlil), la double monarchie exercĂ©e Ă  la fois sur le territoire de Mari et des groupes nomades, et l'ancrage dans une dynastie dont un roi prĂ©cĂ©dant, Yahdun-Lim, a dĂ©jĂ  exercĂ© les mĂȘmes fonctions, et est Ă©rigĂ© de maniĂšre fictionnelle en pĂšre de Zimri-Lim (alors qu'il est plus probablement son oncle).

Élection divine et lĂ©gitimitĂ© dynastique

Une lettre adressĂ©e Ă  Zimri-Lim par la reine Shibtu lui rapporte la vision qu'a reçu en rĂȘve une femme dans le temple du dieu Itur-Mer Ă  Mari, dans lequel il est rappelĂ© sous la forme de chants guerriers que la royautĂ© (ĆĄarrĆ«tum) lui a Ă©tĂ© octroyĂ©e, par le biais de trois Ă©lĂ©ments que sont des attributs symboliques (sceptre et trĂŽne, voire les bateaux), son « rĂšgne » (pĂąlum ; dans le sens de pĂ©riode de gouvernement) et le territoire (le Pays d'amont et d'aval)[74] - [75] :

« Autre chose : dame Kakka-lidi, a eu une vision dans le temple d’Itur-Mer. Elle a dit :
« 2 barges, trĂšs grandes, barraient le fleuve. Le roi et les soldats y Ă©taient embarquĂ©s. Ceux de droite criaient Ă  la gauche : “La RoyautĂ©, le Sceptre, le TrĂŽne, le RĂšgne, le Pays d’amont et d’aval c’est Ă  Zimri-Lim qu’ils sont donnĂ©s !” et les soldats, tous ensemble, rĂ©pondaient : “C’est Ă  Zimri-Lim qu’ils sont donnĂ©s !”. Ces barges arrivant Ă  la porte du palais
[76] »

La légitimité des rois de l'époque amorrite repose principalement sur deux piliers : une légitimité divine, suivant le principe qui veut que le roi gouverne parce qu'il est élu par les dieux ; une légitimité dynastique, qui veut que le roi gouverne parce qu'il est le chef du lignage qui dirige le royaume[77].

Concernant le premier point, les divinitĂ©s qui sont plus prĂ©cisĂ©ment liĂ©es Ă  la royautĂ© Ă  Mari sont le grand dieu rĂ©gional Dagan, le dieu tutĂ©laire de Mari Itur-Mer (celui-lĂ  mĂȘme qui est Ă  l'origine de la vision dĂ©crite ci-dessus), et la dĂ©esse Eshtar de Der (ou Diritum)[78].

Concernant le second point, Zimri-Lim pousse le principe jusqu'Ă  changer de pĂšre au dĂ©but de son rĂšgne : son sceau le plus ancien le prĂ©sente comme le fils de Hadni-Addu, qui est probablement son vĂ©ritable pĂšre mais n'a pas rĂ©gnĂ© ; une fois montĂ© sur le trĂŽne, son sceau le prĂ©sente comme le fils de Yahdun-Lim, l'ancien roi de Mari, qui est en fait plutĂŽt son oncle ou son grand-pĂšre. Il s'agit d'une mesure politique visant Ă  renforcer sa lĂ©gitimitĂ©. Une autre maniĂšre de renforcer son ancrage dynastique a consistĂ© Ă  donner Ă  ses fils le nom de ses ancĂȘtres (Yahdun-Lim, Yaggid-Lim et Hadni-Addu)[79] - [73].

Le roi de Mari et des BĂ©douins

La royauté de Zimri-Lim est double, suivant un principe repris de son prédécesseur Yahdun-Lim : il se dit à la fois « roi de Mari » et « roi du pays des Bédouins » (hanû)[80]. Cela revient à dire qu'il est roi de Mari et de son territoire, et aussi roi des groupes nomades Bensim'alites dont il fait partie (alors qu'il n'est que suzerain des rois de l'autre grande tribu nomade, les Benjaminites). C'est donc une autorité d'un type particulier, qui se retrouve du reste dans l'organisation administrative du royaume (voir plus bas). Le premier élément correspondant à une vision classique d'un territoire défini par sa ville principale et comprenant sa population sédentaire. Le second point fait référence à des populations nomades qui ne sont pas attachées à un territoire, peuvent franchir les limites du royaume mais n'en restent pas moins des sujets de leur roi Zimri-Lim et le fondement de sa puissance militaire[81]. L'allégeance des Bensim'alites est en effet ce qui avait permis à sa dynastie de survivre aprÚs son éviction de Mari par Samsi-Addu et qu'il s'était réfugié avec une partie de la tribu quelque part dans le territoire sous l'autorité d'Alep, et ce qui lui avait permis de (re)prendre le pouvoir à Mari[80].

Apparitions et images du roi

Les apparitions en public du souverain étaient savamment étudiées afin de parfaire la mise en scÚne de la royauté. Cette lettre, datée du tout début du rÚgne de Zimri-Lim, indique qu'il a été conseillé pour sa premiÚre entrée à Mari : en montant sur un cheval, il serait apparu comme un roi étranger, car ce n'est pas l'usage local, qui veut que le roi se déplace en palanquin (nƫbalum) ou sur une mûle[82] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Bahdi-Lim, ton serviteur.
C’est un fait avĂ©rĂ© que, lorsque (nous Ă©tions) au droit de Kulhitum, avant le lever du soleil, mon Seigneur descendit et que, sur son invite, je lui ai servi de garde du corps. Mon Seigneur parla avec Yaggih-Addu.
Et c’est un fait avĂ©rĂ© aussi que, lorsque (nous arrivĂąmes) au camp d’Appan, j’ai dit ceci Ă  mon Seigneur : « Aujourd’hui, le pays benjaminite t’est livrĂ©. Or, ce pays-ci est revĂȘtu de l’habit akkadien. Il faut que mon Seigneur honore la capitale de la royautĂ©. De mĂȘme que tu es roi de BĂ©douins, tu es aussi, en second lieu, roi d’un territoire akkadien.
Mon Seigneur ne doit (donc) pas monter sur des chevaux. C’est sur un nĂ»balum et sur des mules que mon Seigneur doit monter afin d’honorer sa capitale. » VoilĂ  le discours que j’ai tenu Ă  mon Seigneur[83]. »

Une autre lettre indique que Zimri-Lim s'interroge sur le choix de son couvre chef avant de rencontrer des chefs Benjaminites[82]. Dans une autre c'est son apparition en tant que de chef de guerre qui est préconisée avant un départ en campagne, la revue des troupes étant jugée essentielle pour leur moral :

« Quand mon seigneur se tiendra dans l’assemblĂ©e de ses serviteurs, et que ses serviteurs le verront, le cƓur des fantassins vivra. Et de mĂȘme que mon seigneur se tiendra avec sa troupe "Ă  la tĂȘte du champ", de mĂȘme le cƓur de la troupe sera-t-il illumine comme le soleil[84]. »

Détail de la Peinture de l'investiture du Palais royal de Mari : la déesse Eshtar remet au roi l'anneau et le bùton, symboles de la royauté. Musée du Louvre.

La reprĂ©sentation du souverain par le biais des images Ă©tait Ă©galement trĂšs rĂ©flĂ©chie[85]. Plusieurs reprĂ©sentations royales ont Ă©tĂ© identifiĂ©es sur les fragments de peintures provenant du palais royal, provenant plus spĂ©cifiquement de zones oĂč la royautĂ© est plus spĂ©cifiquement mise en scĂšne, Ă  savoir celle de la cour du palmier/papahum/salle du trĂŽne, avec en particulier la scĂšne de l'investiture, et des scĂšnes identifiĂ©es sur des fragments provenant des appartements royaux (chasse, guerre, rĂ©ception de tribut)[86]. On les date plutĂŽt d'avant le rĂšgne de Zimri-Lim (sous Yahdun-Lim ?), mais elles restent en place Ă  son Ă©poque et renvoient aux aspects caractĂ©ristiques de la figure royale de l'Ă©poque, notamment son rapport avec les dieux. Le panneau central de la peinture de l'investiture reprĂ©sente la dĂ©esse Eshtar dĂ©livrant au roi le bĂąton et l'anneau, insignes de la royautĂ©, peut-ĂȘtre une Ă©vocation d'un rite d'intronisation[87].

Le sceau employĂ© par Zimri-Lim pour sa documentation administrative, connu par des empreintes sur des tablettes, reprend une iconographie guerriĂšre, celle du roi Ă  la massue face Ă  une divinitĂ© protectrice[88]. Le sceau de son intendant Mukannisum, connu par une empreinte, fait de mĂȘme : le souverain, debout sur un monticule formĂ© par les cadavres ses ennemis, s'apprĂȘte Ă  en abattre un de plus avec une masse, sous le regard de deux dĂ©esses. Il est donc figurĂ© dans sa fonction de roi-guerrier[89].

Une lettre trÚs lacunaire décrit une stÚle représentant le roi en compagnie du dieu Amurrum, cette fois-ci dans son rÎle de roi pieux[90] :

« Autre chose : les métallurgistes, dÚs leur arrivée, ont entrepris la stÚle du monument commémoratif. Le devant et le derriÚre, sont tout à fait incisés.
Sur une haute estrade, Ă  gauche, une reprĂ©sentation d’Amurrum lĂšve l’arme courbe. Face Ă  lui, (il y a) une reprĂ©sentation de mon Seigneur faisant la priĂšre. Au-dessus de la reprĂ©sentation, (il y a) un disque solaire et un croissant lunaire. DerriĂšre la stĂšle et sur ses cĂŽtĂ©s[91]... »

L'épopée de Zimri-Lim

Le texte que les historiens ont nommĂ©e « ÉpopĂ©e de Zimri-Lim » est un exemple remarquable de la mise en rĂ©cit des qualitĂ©s attribuĂ©es Ă  la figure royale[92]. C'est un texte d'environ 170 lignes, dont 113 sont conservĂ©es, rĂ©digĂ© en akkadien poĂ©tique. Il raconte la conquĂȘte de l'Ida-maraáčŁ par Zimri-Lim au dĂ©but du rĂšgne, aprĂšs plusieurs combats. C'est une exaltation de la figure royale, du chef de guerre bĂ©douin. Il agit Ă  la demande des dieux (Dagan, Addu et Annunikim), et son triomphe final se marque par un sacrifice dans le temple de Dagan Ă  Terqa.

Extraits de l'épopée de Zimri-Lim :

« Je veux glorifier Zimri-LĂźm, le taureau sauvage du combat, je veux rĂ©pĂ©ter partout la renommĂ©e du hĂ©ros pour l'Ă©ternitĂ©. Zimri-LĂźm, hĂ©ritier de Yahdun-LĂźrn, champion des BĂ©douins, celui qui a dĂ©moli le rempart de l'ennemi. Je veux exalter le hĂ©ros... du dieu MĂȘr ! Écoutez ! Soyez attentifs Ă  mes paroles sur celui qui a poursuivi jusqu'au bout l'adversaire celui qui a soumis ses ennemis ! (...) Dans le prĂ©cieux ventre maternel, les dieux lui donnĂšrent son nom. Qu'il soit sanctifiĂ© le dessein d'Anum, taureau de son pays !
Entre Habur et Euphrate, lĂ  oĂč Addu rendit son verdict Ă  l'ennemi, il poussa son cri et anĂ©antit son clan et Ă©parpilla sa volontĂ© aux quatre coins du monde. Le pays pilla les biens qu'il (l'ennemi) possĂ©dait, dans la ville de Bisan, tout l'or rutilant ! Il trancha l'ennemi tel un nƓud de corde. La terre s'abreuva du sang des guerriers. Annunitum marchait Ă  sa droite, Addu le tonnant poussa son cri. Il poussa son cri et brisa du coup la lance des ennemis. Il dĂ©versa son poison sur les pays. Zimri-LĂźm qui brise les lances de l'ennemi, dĂ©versa son poison sur ses ennemis. DĂšs lors qu'Addu se fut ainsi manifestĂ© de maniĂšre irrĂ©vocable, Zimri-LĂźm, lĂ©opard des combats, puissant qui capture les mĂ©chants, qui rĂ©duit Ă  nĂ©ant les ennemis, prit la parole, il fit une dĂ©claration. Il s'adressa Ă  ses jeunes guerriers :
« Si une matrice vous a créés, tout comme vous, une mÚre m'a enfanté. La lutte étant tramée contre moi, mon plan est changé. Les quatre coins du monde sont en guerre contre vous. (...) le pays (...), libérez-le pour moi ! » (...)
Jusqu'à ce que le roi eût atteint son but et qu'il eût plié l'Ida-Maras à ses pieds, il ne buvait jamais que l'eau des outres. Assigné avec les soldats, il endurait vraiment tout. Grandioses étaient aussi les chasseurs en campagne avec lui : tel l'onagre de paille dans la steppe, ses guerriers se nourrirent de viande ; ils n'en acquirent que plus de courage et accrurent leurs forces. (...)
Une fois que le roi eut atteint son but, il entra devant Nunamnir. Dans l'Ekisiqqa il accomplit son sacrifice. Dans Terqa, la bien-aimée de Dagan, vie, prospérité et force, Zimri-Lßm réclama auprÚs de Dagan[93]. »

Rapports avec le monde divin

Les principaux dieux de la royauté

Dans le royaume de Mari, trois dieux en particulier sont associĂ©s Ă  la royautĂ© et Ă  la notion d'Ă©lection divine. Dagan Ă©tait la principale divinitĂ© rĂ©gionale, dont le temple Ă©tait Ă  Terqa[94]. C'est dans son temple que Zimri-Lim se fait introniser au dĂ©but de son rĂšgne[95]. Eshtar de Der, ou Diritum, est la dĂ©esse protectrice de la dynastie. Zimri-Lim participe Ă  sa grande fĂȘte annuelle, au dĂ©but de l'hiver, et ses vassaux doivent en principe l'y rejoindre[94]. Sur la Peinture de l'investiture du palais royal, c'est Eshtar qui remet au roi de Mari les insignes de la royautĂ©[87]. Itur-Mer, le dieu tutĂ©laire de Mari, est aussi tenu pour attribuer la royautĂ©[94]. C'est un dieu plus spĂ©cifiquement liĂ© Ă  la justice, au nom duquel et devant lequel on prĂȘte serment, en prĂ©sence de son emblĂšme lors des moments les plus importants, notamment des serments de vassaux[96].

Zimri-Lim entretient également un lien privilégié avec une autre divinité souveraine, cette fois-ci étrangÚre à son royaume, le grand dieu Addu d'Alep. Dans la prophétie suivante énoncée par un prophÚte de ce dieu se trouve une des expressions les plus claires de l'idéologie des rapports entre le roi et les dieux dans la documentation épistolaire de Mari[97] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Nur-Sin, ton serviteur.
Abiya, le rĂ©pondant d’Addu d’Alep, est venu me tenir ce discours : « Ainsi parle Addu : « J’avais donnĂ© tout le pays Ă  Yahdun-Lim et, grĂące Ă  mes armes, il n’a pas eu de rival au combat. Il a abandonnĂ© mon parti et le pays que je lui avais donnĂ©, je l’ai donnĂ© Ă  Samsi-Addu. Puis..., Samsi-Addu...
(Lacune.)
... en sorte que je te ramĂšne [sur le trĂŽne de ton pĂšre]. Je t’ai ramenĂ© sur le trĂŽne de ton pĂšre et les armes avec lesquelles je m’étais battu contre la Mer je te les ai donnĂ©es. Je t’ai oint de l’huile de mon invincibilitĂ© et nul ne s’est tenu face Ă  toi. Écoute cette seule parole de moi : Lorsque quelqu’un qui aura un procĂšs en appellera Ă  toi en te disant : ”On m’a fait du tort”, tiens-toi debout et rends-lui jugement ; rĂ©ponds-lui droitement. VoilĂ  ce que je dĂ©sire de toi.
Lorsque tu partiras en campagne, ne sors point sans avoir pris d’oracle. Lorsque moi, dans un oracle de moi, j’aurai Ă©tĂ© favorable, tu sortiras en campagne. S’il n’en est pas ainsi, ne franchis pas la porte. »[98]. »

Lors de son intronisation dans le temple de Terqa, Zimri-Lim reçoit du dieu Addu de l'huile pour son onction, ainsi que les armes du dieu Ă©voquĂ©es dans la lettre prĂ©cĂ©dente, qui lui auraient servi pour son combat contre la Mer[95] (rĂ©fĂ©rence Ă  un mythe de combat divin et de souverainetĂ© semblable au Cycle de Baal d'Ugarit et Ă  l’ÉpopĂ©e de la CrĂ©ation babylonienne[99]). Durant son rĂšgne plusieurs lettres relatant la fabrication d'une statue de Zimri-Lim, pour ĂȘtre offerte au dieu d'Alep, le roi souhaitant qu'elle soit placĂ©e sur les genoux de la statue du dieu[100].

Plusieurs tablettes des premiers mois du rÚgne de Zimri-Lim, scellées par le devin Asqudum, vont des listes des divinités de certaines localités du royaume : Mari, Terqa et Suprum. Il semble que ce soit lié au fait que le roi rende visite à ces différentes divinités, en lien avec sa prise de pouvoir[101].

La communication avec le divin

Maquettes en argile de foies divinatoires, en lien avec l'hépatoscopie, provenant du palais royal de Mari, musée du Louvre.

Choisis par les dieux, les souverains de la MĂ©sopotamie antique se devaient de rester en permanence Ă  l'Ă©coute du monde divin, avant tout par le biais de la divination, qui leur permettait de prendre connaissance des directives divines auxquelles il devait se conformer, que ce soit pour la nomination d'un fonctionnaire, l'opportunitĂ© d'une alliance, ou, assez souvent, d'affaires militaires, et plus gĂ©nĂ©ralement de tout ce qui concernait le royaume et le roi. La procĂ©dure divinatoire la plus pratiquĂ©e dans les cours royales de cette pĂ©riode est l'hĂ©patoscopie, divination dans le foie d'un agneau[102] - [103] - [104]. Ces procĂ©dures sont documentĂ©es par de nombreuses lettres, les serviteurs du roi Ă©tant notamment tenus de faire des prĂ©sages et de s'y conformer, et d'en informer le roi. Dans une lettre un serviteur du roi de Mari a reçu l'ordre de ne pas laisser partir des messages de Qatna tant qu'il ne recevait pas de prĂ©sage favorable, or ils ont tous Ă©tĂ© dĂ©favorables et il ne lui reste plus d'agneaux Ă  sacrifier alors qu'une caravane s'apprĂȘte Ă  partir pour leur destination :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Iddin-Numuƥda, ton serviteur.
NaguĂšre, mon Seigneur m’a parlĂ© de retenir l’expĂ©dition de Qaáč­na. J’empĂȘche ces gens de partir depuis 5 jours et, Ă  force d’interrogations oraculaires, ils viennent d’épuiser leurs agneaux. Si cela agrĂ©e Ă  mon Seigneur, qu’il m’écrive afin que ces gens ne soient pas empĂȘchĂ©s de partir. Ils sont dans le plus complet dĂ©sarroi. Une caravane est partie il y a 3 jours. Il faut qu’ils partent avec la prochaine caravane[105]. »

Les devins ont dĂšs lors une place trĂšs importante dans l'entourage du roi, leurs interprĂ©tations pouvant peser dans des dĂ©cisions politiques cruciales, et ils sont soumis comme les autres serviteurs du roi au devoir de loyautĂ© et de secret. Les rĂ©sultats des consultations oraculaires ne doivent en effet pas tomber dans les mauvaises oreilles, et tout prĂ©sage en lien avec le roi est un secret d’État. Comme d'autres serviteurs du roi, les devins sont soumis Ă  un serment par les dieux dans lequel ils s'engagent Ă  ĂȘtre fidĂšles Ă  Zimri-Lim en toutes circonstances (notamment quand il s'agit de dĂ©noncer un collĂšgue), dont le protocole est connu par une tablette[106] :

« Lors de la prise de prĂ©sages pour Zimri-Lim, mon Seigneur, lors d’une extispicine, tout ce qui se produira et que je verrai, ou bien lors d’une prise de prĂ©sages pour un simple particulier, lors d’une extispicine, tout ce qui se produira et que je verrai, le mauvais omen dĂ©favorable, tout ce que je verrai, je ne manquerai pas de le dire Ă  Zimri-Lim, mon Seigneur, et je ne le cacherai pas. (...)
D’autre part, le fauteur de mauvaise rĂ©bellion contre la vie de Zimri-Lim, mon Seigneur, ce qu’il dirait en vue d’une consultation oraculaire Ă  moi-mĂȘme ou bien Ă  un devin, mon collĂšgue, que j’entendrais ou bien verrais lors d’une consultation oraculaire dans la « donne » d’un devin, mon collĂšgue, je jure que je ne le cacherai pas mais que, le jour mĂȘme, je le dirai Ă  Zimri-Lim, mon Seigneur, ou le lui Ă©crirai. Je jure de ne pas le lui cacher ni d’excuser (un tel homme)[107]. »

D'autres fois le roi reçoit des injonctions divines qu'il n'a pas forcĂ©ment dĂ©sirĂ©es, en tout cas qu'il n'a pas sollicitĂ©es. Les dieux s'expriment Ă  travers des personnes, en gĂ©nĂ©ral rattachĂ©es Ă  leur sanctuaire, par le biais de rĂȘves ou par le prophĂ©tisme, phĂ©nomĂšne bien connu par la Bible, pour lequel la documentation de Mari fournit les plus anciennes possibilitĂ©s d'Ă©tudes de cas[108] - [109]. Les serviteurs du roi qui se trouvaient Ă  proximitĂ© de ces sanctuaires, souvent situĂ©s Ă  l'Ă©tranger, se devaient de rapporter chacun des messages divins prononcĂ© Ă  son intention, car cela relevait du devoir d'information qu'ils devaient Ă  leur seigneur, ainsi que l'exprime le passage suivant d'une lettre adressĂ©e Ă  Zimri-Lim par Nur-Sin, en poste Ă  Alep, Ă  propos de prophĂ©ties que le dieu Addu de Kalassu adresse au roi de Mari :

« Auparavant, lorsque je rĂ©sidais Ă  Mari, le rĂ©pondant et la rĂ©pondante, quelque parole qu’ils me disent, je (la) rĂ©pĂ©tais Ă  mon Seigneur. Maintenant que j’habite dans un autre pays, ce que j’entends et ce que l’on me dit je ne (l’)Ă©crirais pas Ă  mon Seigneur ? Si, tĂŽt ou tard, quelque catastrophe venait Ă  se produire, mon Seigneur ne dirait-il pas ceci : « La parole que t’a dite le rĂ©pondant, prĂ©tendant Ă  ton territoire, pourquoi ne me (l’)as-tu pas Ă©crite ? » En consĂ©quence, j’ai Ă©crit Ă  mon Seigneur. Mon Seigneur est informĂ© ![110] »

Offrandes et organisation du culte

Relief d'une déesse protectrice, mis au jour dans la cour 131 du palais royal. Musée du Louvre.

L'entretien du culte occupe une grande place dans la fonction royale. Des offrandes sont faites aux grands dieux du royaume, et certaines donnent leur nom Ă  des annĂ©es : « AnnĂ©e oĂč Zimri-Lim a fait une statue de la dĂ©esse Annunitum de Sehrum » (1re annĂ©e) et « AnnĂ©e oĂč Zimri-Lim a offert un grand trĂŽne au dieu Dagan de Terqa » (12e annĂ©e)[111] - [112]. Zimri-Lim offre Ă©galement aux divinitĂ©s des pierres sacrĂ©es, bĂ©tyles, qui symbolisent la divinitĂ©, et sont une des caractĂ©ristiques des religions du Levant qui les distinguent de celles de MĂ©sopotamie[113].

L'organisation des sanctuaires reste mal connue. Ils sont supervisés par des administrateurs, et les biens sacrés appartenant aux dieux sont contrÎlés par le roi, qui peut autoriser ses serviteurs à y faire des ponctions en cas de besoin[114].

Des princesses sont Ă©galement consacrĂ©es comme prĂȘtresses Ă  des divinitĂ©s, habitude courante dans les monarchies du Proche-Orient ancien. Inib-shina, fille de Yahdun-Lim, consacrĂ©e au dieu Addu, a eu une grande importance au dĂ©but du rĂšgne de Zimri-Lim[115]. Erishti-Aya, une fille de Zimri-Lim, a Ă©tĂ© vouĂ©e en tant que religieuse-naditum au dieu Shamash de Sippar, l'une des principales divinitĂ©s de la MĂ©sopotamie, et a expĂ©diĂ© plusieurs lettres Ă  Mari dans lesquelles elle reproche souvent son isolement et sa dĂ©tresse matĂ©rielle, qu'elle met en contraste avec son rĂŽle qui consiste Ă  prier pour le bien de sa famille[116].

Les prĂ©occupations du palais liĂ©es culte apparaissent dans des documents administratifs mentionnant des offrandes divines, et dans des lettres (rĂ©alisation d’ex-voto, questions rituelles, consultations oraculaires, offrandes de prisonniers de guerre, etc.), comme celles datĂ©es du dĂ©but du rĂšgne faisant partie de la correspondance de la reine-mĂšre Addu-duri, qui se consacre particuliĂšrement aux questions religieuses quand le roi est en dĂ©placement :

« Dis à Addu-duri : ainsi parle ton Seigneur.
J’ai pris connaissance de ta tablette que tu m’as fait porter. À propos de ce que tu me dis : « Il ne faut pas que mon Seigneur soit nĂ©gligent Ă  se protĂ©ger ! », je ne montre nulle nĂ©gligence Ă  me protĂ©ger, exactement selon ta lettre que tu m’as envoyĂ©e : je me trouve faire trĂšs attention.
En outre, voilĂ  que tu dois offrir les sacrifices pour la protection du palais ; tiens-toi devant les dieux !
En attendant mon arrivĂ©e, montre-toi trĂšs vigilante ! En outre, une nouvelle qui t’arrivera(it) de n’importe oĂč ou dont tu aurais ouĂŻ-dire, doit en urgence m’ĂȘtre ponctuellement transmise.
Autre chose : je t’ai fait porter cette tablette le 8 courant de kiskissum (xi). Le 12, je me transporterai de la Forteresse de Yahdun-Lim Ă  Mari. Il faut qu’à l’écoute de cette tablette toutes dispositions soient prises concernant les sacrifices de Deritum, sans faute[117]. »

Parmi les prĂ©occupations liĂ©es au culte, l'organisation du calendrier occupe une place importante. En effet le pouvoir dĂ©termine quand s'achĂšve et quand dĂ©bute un mois (dont la durĂ©e est en principe fixĂ©e selon le cycle de la lune), et dĂ©cide du moment oĂč ajouter des mois intercalaires pour Ă©viter que l'annĂ©e de douze mois lunaires ne soit trop dĂ©calĂ©e par rapport Ă  l'annĂ©e solaire. Ces questions sont trĂšs importantes puisqu'elles dĂ©terminent le moment des actes rituels[118]. La lettre suivante, adressĂ©e par un grand-prĂȘtre Ă  Zimri-Lim, est relatif Ă  des problĂ©matiques de calendrier cultuel, et demande au roi son avis afin que les rites puissent ĂȘtre accomplis de façon correcte ; on sait par une autre lettre que le roi dispose d'un catalogue sacrĂ© listant les fĂȘtes du mois[119] - [120] :

« Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Iddin-Sßn, ton serviteur.
Lorsque mon seigneur s'est mis en route, voici ce que j’ai dit Ă  mon seigneur : « Quel est ce mois-ci ? » Mon seigneur m’a rĂ©pondu ceci : « Ce mois-ci est ebĂ»rum (xii) ». Donc celui-ci est le mois d'urahhum (i).
Ce 18, le pays se trouve(ra) purifié. Le 22, 
 entrera.
Le (date), au petit matin, les
 sortiront. (18) Le 26 ? à cet endroit, la déesse sortira vers le marché. Le 28, le chariot de Dagan ira au haddatum.
Mon seigneur doit me faire savoir ce qu'il en est[121]. »

La fĂȘte annuelle de la dĂ©esse Eshtar de Der, ou Diritum, dĂ©esse protectrice de la famille de Zimri-Lim, qui a lieu lors du mois xi (en principe en hiver) et occupe une place importante sous son rĂšgne. Le roi s'y dĂ©place en personne, avec une partie de sa cour, et ses vassaux doivent Ă©galement l'y rejoindre[122]. Le fait que le palais abrite un sanctuaire, le temple de la « Dame du Palais » (Belet-ekallim), implique que des rituels liĂ©s Ă  la royautĂ© s'y dĂ©roulent. Le plus important prend place durant la grande fĂȘte dĂ©diĂ©e Ă  la dĂ©esse Eshtar Ă  Mari, qui se dĂ©roule le mois ix, et dĂ©bute par l'entrĂ©e de la statue de culte de la dĂ©esse dans le sanctuaire ; elle y est rejointe quelques jours plus tard par le dieu Nergal, qui arrive sur un char[123].

Le culte des ancĂȘtres est Ă©galement pratiquĂ© Ă  cette pĂ©riode, par toutes les familles, et le roi doit l'accomplir aussi bien pour ses ancĂȘtres dynastiques que pour les anciens rois de Mari. Il prend la forme d'un rite bimensuel (le 1er et le 16 du mois) d'offrandes et banquets funĂ©raires (kispum). Il se dĂ©roule dans le palais et les offrandes apparaissent dans les documents comptables des « repas du roi »[124].

La « maison » du roi

Le roi est servi et entretenu par un ensemble de personnes et de biens qui forme sa « maison », ce qui est le sens du terme rendu dans les textes cunĂ©iformes par l'idĂ©ogramme É, lu en akkadien bÄ«tum. Plus exactement, le roi est le chef de la « Grande Maison », É.GAL/ekallum, ce que l'on traduit en gĂ©nĂ©ral par « Palais ». Il ne faut pas l'entendre seulement comme un Ă©difice, mais aussi comme « une rĂ©alitĂ© Ă©conomique dĂ©finie par des moyens de production immeubles (terres arables, bois ou roseliĂšres) ou meubles (troupeaux) qui lui sont propres, distinctes de ceux des autres catĂ©gories sociales (nobles et muĆĄkĂȘnum pour les terres, auxquels s'ajoutent les nomades pour les troupeaux), Ă  quoi il faut ajouter la main d'Ɠuvre humaine, servile ou non, destinĂ©e soit Ă  la production (tisserandes, cultivateurs [Ăąlik eqlim] , bergers), soit aux tĂąches domestiques (barbiers, cuisiniers, etc.) ou rĂ©crĂ©atives (musiciens et musiciennes), l'ensemble Ă©tant vouĂ© Ă  l'entretien du maĂźtre de maison (ici le roi) et de ses proches (en l'occurrence, le harem et les enfants royaux) » (H. Reculeau)[125].

Pour reprendre une terminologie moderne, il s'agit de ce qui relĂšve de la sphĂšre « privĂ©e » du roi, mĂȘme si les Ă©tudes modernes prĂ©sentent souvent le Palais comme une institution « publique » car elle dĂ©pend de l'autoritĂ© politique suprĂȘme et constitue le socle de son exercice du pouvoir, ses ressources Ă©tant mobilisĂ©es pour l'exercice de ses fonctions, notamment la guerre et la diplomatie (les catĂ©gories de public/privĂ© et leurs imbrications dans le Proche-Orient ancien Ă©tant de toute maniĂšre l'objet de nombreuses discussions)[126]. En ce sens, il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© que la notion antique de « Palais » en tant qu'entitĂ© est ce qui s'approche le plus du concept moderne d’« État »[127]. Quoi qu'il en soit, en pratique le royaume de Mari est constituĂ© d'autres « maisons », qui dĂ©pendent de notables, de dieux (les temples), et de gens du commun (les foyers humbles), la maison du roi Ă©tant la plus importante et la plus puissante. Le pouvoir royal a donc un aspect patrimonial trĂšs prononcĂ©, qui se repĂšre notamment par le fait que les hauts dignitaires du roi se conçoivent comme ses domestiques ou serviteurs[128] - [129]. L'aspect personnalisĂ© de l'exercice du pouvoir se voit aussi dans le fait que le roi exige Ă  plusieurs reprises des prestations de serments de la part de ses fonctionnaires et du personnel du palais, comme il le fait du reste avec tous ses subordonnĂ©s, sujets et vassaux[130].

Les archives royales de Mari documentent abondamment les activités de la maison du roi et de son personnel.

Le palais royal de Mari

Les ruines de la cour du palmier du palais royal (en 2004).
La statue de la déesse au vase jaillissant, qui se trouvait dans le papahum. Musée national de Damas.

La résidence principale et le siÚge de la royauté de Mari est le grand palais royal (au total, sans doute un peu moins de 3 hectares) situé au centre la ville. Cet édifice, mis au jour dÚs les premiÚres fouilles du site dans les années 1930, qui a livré la majeure partie de la documentation cunéiforme concernant ce site, est bien connu et a fait la célébrité du site archéologique par sa stature exceptionnelle. Il a été créé vers 2000 av. J.-C., à partir d'un palais antérieur, et a perduré pendant plusieurs siÚcles. Quand il prend le pouvoir, Zimri-Lim s'installe logiquement dans cet écrin de la royauté mariote, sans en modifier son organisation. C'est le dernier état de l'édifice, aussi le mieux connu.

L'organisation gĂ©nĂ©rale du palais a Ă©tĂ© identifiĂ©e Ă  partir de l'analyse conjointe des vestiges matĂ©riels[131] et des textes[132], qui ont permis d'identifier et souvent de retrouver les noms de ses principaux secteurs, mĂȘme si des divergences d'interprĂ©tations subsistent[133] :

  • l'entrĂ©e principale (la « Porte du palais ») se situait au nord-est, et donnait sur des piĂšces consacrĂ©es Ă  l'intendance (bÄ«t tertim) ; une autre piĂšce situĂ©e plus Ă  l'est, la « porte de Nergal », semble plutĂŽt servir de passage pour les vĂ©hicules et les denrĂ©es entreposĂ©es dans les magasins du palais, aussi pour l'accĂšs au temple de la Dame du palais (elle doit manifestement son nom au rituel du char de Nergal Ă©voquĂ© plus haut) ;
  • la cour principale de la partie orientale est la « cour du bĂątiment aux peintures » (ou « maison peinte », la cour 131 des archĂ©ologues), nommĂ©e ainsi parce qu'elle donne sur son cĂŽtĂ© sud sur une petite chapelle peinte (le « bĂątiment aux peintures », bÄ«t birmÄ«), consacrĂ©e Ă  la dĂ©esse Eshtar (la piĂšce 131) ;
  • Ă  l'ouest se fait l'accĂšs Ă  la « cour du palmier » (cour 106), ainsi nommĂ©e parce qu'un palmier se trouvait en son centre, qui est au cƓur du secteur « officiel » (des archives royales ont Ă©tĂ© mises au jour dans plusieurs piĂšces la bordant, notamment 108, 110 et 115) ;
  • sur son cĂŽtĂ© sud se trouve un vestibule (papahum, piĂšce 64), oĂč se trouvait la statue de la dĂ©esse au vase jaillissant (probablement Eshtar), puis la salle du trĂŽne (piĂšce 65), avec Ă  l'ouest un podium destinĂ© Ă  porter le trĂŽne, et Ă  l'est une tribune comprenant les statues d'anciens rois de Mari (pour le culte dynastique ?) ;
  • Ă  l'ouest de la cour du palmier on accĂšde au bÄ«t mayyālim (« maison/bĂątiment du lit »), qui pourrait correspondre aux anciens appartements royaux, convertis sous le rĂšgne de Zimri-Lim en piĂšces de stockage et de rĂ©ceptions ;
  • les appartements royaux de Zimri-Lim se trouvent sans doute au premier Ă©tage (dĂ©truit lors de la destruction du palais, mais des restes de belles peintures tombĂ©es au rez-de-chaussĂ©e indiquent la prĂ©sence de piĂšces luxueuses), dans la partie au sud de la cour du bĂątiment aux peintures, les piĂšces voisines de la partie sud/sud-ouest du rez-de-chaussĂ©e devant ĂȘtre destinĂ©es au service quotidien du roi (cuisines, magasins, logements des domestiques) ;
  • le « harem » ou « Maison des femmes », oĂč rĂ©sident les femmes du palais se trouve dans la partie nord-ouest de l'Ă©difice, comprenant Ă©galement des espaces utilitaires, administratifs et les zones pour les domestiques ;
  • au sud-est est Ă©rigĂ© un temple, consacrĂ© Ă  la « Dame du palais » (Bēlet ekallim), sur une trĂšs ancienne zone sacrĂ©e, qui comprenait une entrĂ©e spĂ©cifique sur le cĂŽtĂ© occidental de l'Ă©difice ; cette association d'un temple et d'un palais Ă©tant une particularitĂ© de l'Ă©difice ;
  • la partie situĂ©e complĂštement au sud-est de l'Ă©difice est une autre zone administrative comprenant des magasins.

Les textes fournissent diverses informations sur l'organisation du palais. Une lettre adressée par Zimri-Lim, alors en déplacement, à sa mÚre Adda-duri indique ainsi que ce grand amateur de chevaux souhaite qu'une partie de la cour aux peintures soit convertie en étable (voire en sorte de « zoo » puisqu'on y trouvait d'autres animaux), qu'il pouvait contempler depuis les appartements royaux[134] :

« Dis à Addu-duri : ainsi parle ton Seigneur.
Je ne cesse d’entendre parler des chevaux blancs qui proviennent de Qaáč­na ; ils sont de bonne qualitĂ©. HĂ© bien ! le jour oĂč tu prendras connaissance de cette tablette de moi, dans la cour du bĂątiment aux peintures, Ă  la porte des gardes, afin qu’il y ait de l’ombre pour protĂ©ger contre la chaleur du jour, que l’on fasse une Ă©curie ; que l’on jonche de roseaux ; que ces chevaux y gĂźtent ; qu’on leur apporte du grain.
En outre, ne montre pas de nĂ©gligence envers ces directives de moi. L’étable pour ces chevaux doit ĂȘtre faite devant mes appartements 

[Que des nouvelles de toi, de Mar]i [et des te]mples soient con[tinues] ![135] »

En revanche rien n'indique que le palais de Mari ait joui d'une renommée particuliÚre en son temps. Pendant longtemps la premiÚre lettre de Mari publiée par G. Dossin a été comprise comme témoignant de cela : adressée par un roi d'Ugarit (sur la cÎte syrienne), selon la premiÚre traduction elle évoquait le désir de celui-ci de visiter le palais royal, afin de l'admirer. Des relectures postérieures ont indiqué que ce n'était probablement pas le sens du texte[136].

Autres résidences royales et voyages

D'autres palais pouvaient ĂȘtre occupĂ©s par le roi ou des membres de la famille royale. Le « petit palais oriental » mis au jour Ă  Mari, construit vers 2100-2000 av. J.-C., et rĂ©amĂ©nagĂ© du temps de Yasmah-Addu, est confiĂ© au dĂ©but du rĂšgne de Zimri-Lim au devin Asqudum, Ă©poux de la princesse Yamama. Vers la fin du rĂšgne, il semble que la reine Shibtum y ait rĂ©sidĂ©[137] - [138] - [139].

En dehors de la capitale, des palais royaux ont été identifiés par les textes dans les capitales provinciales (Terqa, Saggaratum, Qattunan). On en trouve ailleurs, sur des domaines royaux : un palais est par exemple documenté dans la localité de Hishamta, mais il est alors en déshérence puisqu'il n'est plus occupé que par une vieille femme[140] - [141].

Zimri-Lim effectue plusieurs voyages hors de son royaume durant son rÚgne, notamment pour des campagnes militaires, et s'absente donc longuement de ses palais royaux. La reine Shibtum semble alors jouer le rÎle de régente[142]. Le voyage le mieux documenté est celui qu'il accomplit durant sa 9e année de rÚgne dans le royaume du Yamhad et qui le conduit jusqu'à Ugarit, sur le littoral de la Méditerranée[143] - [144]. Zimri-Lim est notamment accompagné par son épouse Yataraya, son secrétaire Shu-nuhra-Halu, et Darish-libur qui gÚre l'intendance. Le voyage est connu par divers documents administratifs enregistrant les mouvements de biens pendant le voyage, dont des récapitulatifs, ses diverses étapes étant l'occasion d'échanges de présents avec d'autres cours, dont celle du Yamhad (le roi Yarim-Lim, la reine Gashera, des musiciennes du roi), et de dons à des divinités. Les documents administratifs produits à ces occasions sont datés et localisés, ce qui permet de suivre le trajet de Zimri-Lim. Il s'absente en tout durant un peu moins de 6 mois, dont un mois passé à Ugarit. En plus de ces aspects diplomatiques et religieux, le voyage est aussi l'occasion de commercer puisque sont faits divers achats de matiÚres premiÚres ; Zimri-Lim rencontre des marchands crétois à Ugarit. Mais les motivations principales du voyage sont inconnues : au départ Zimri-Lim vient assister le roi du Yamhad qui fait face à une révolte d'un vassal (qui se rend finalement avant le combat), mais on ne sait pas pourquoi il ne retourne pas directement dans son royaume.

Les reines, le harem et la domesticité du palais

Une grande unitĂ© du nord-ouest du palais royal a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme la zone principale consacrĂ©e Ă  la rĂ©sidence des femmes de la maisonnĂ©e du roi, avant tout parce que des lettres de la correspondance des femmes du palais y ont Ă©tĂ© trouvĂ©es[145], mais la maison des femmes semble avoir Ă©tĂ© plus Ă©tendue[146]. Des secteurs similaires se trouvaient dans les autres palais royaux. Les historiens parlent Ă  ce propos de « harem », mĂȘme si l'emploi du terme dans le contexte du Proche-Orient ancien est dĂ©battu[147]. Son accĂšs est sans doute contrĂŽlĂ©, et mĂȘme interdit Ă  certaines heures, mais ce n'est pas un lieu complĂštement fermĂ©, puisqu'au moins une partie des femmes peut en sortir pour des dĂ©placements, et Ă©galement recevoir des gens venus de l'extĂ©rieur[148]. Elles sont connues par les lettres de la correspondance fĂ©minine, et surtout par des textes administratifs, des listes qui enregistrent les livraisons de rations Ă  ces femmes, en les classant dans un ordre qui semble reflĂ©ter leur hiĂ©rarchie[149].

Cet ensemble est avant tout la rĂ©sidence des Ă©pouses du roi, de ses filles et ses sƓurs non mariĂ©es ou consacrĂ©es Ă  une divinitĂ©, et de ses fils. La mĂšre du roi, Addu-duri, y rĂ©side au moins au dĂ©but du rĂšgne et semble avoir jouĂ© un rĂŽle important, au moins pour le culte. Mais elle semble ĂȘtre partie vivre ailleurs Ă  un moment[150] - [43]. La dignitĂ© de reine (ĆĄarratĆ«tum) est un statut rĂ©servĂ© dans les cours amorrite Ă  l'Ă©pouse royale de plus au rang, qui est en principe celle qui a la plus haute naissance, la reine Ă©tant dĂ©signĂ©e par le terme bēltum, « Dame » (fĂ©minin de bēlum « Seigneur »)[151]. Dam-hurasim et Shibtum, toutes deux filles de roi de premier rang (respectivement Qatna et Alep), jouissent donc du statut le plus important. Pour la majeure partie du rĂšgne, la correspondance indique que le rĂŽle dominant est jouĂ© par Shibtum, qui prend une place importante dans l'administration de la maison des femmes, dans l'Ă©conomie palatiale et aussi le culte, obtient le plus de servantes. En principe Dam-hurasim aurait plutĂŽt dĂ» avoir la primautĂ© en raison de son anciennetĂ©, mais sa position semble plutĂŽt avoir reculĂ©, bien qu'elle reste la mĂšre de l'hĂ©ritier prĂ©somptif. Cette situation se traduit par le fait que les deux peuvent ĂȘtre dĂ©signĂ©es par le titre bēltum[50] - [152]. Le statut Ă©levĂ© d'Addu-duri, de Dam-hurasi et Shibtu de se voit Ă©galement par le fait qu'elles disposent d'un patrimoine propre, une « maison », indĂ©pendante de celle du roi. Il est d'ailleurs expressĂ©ment prĂ©vu lors de la venue de Shibtu Ă  Mari qu'elle doit se voir octroyer une maison Ă  elle[153].

La population fĂ©minine de la maison du roi comprend Ă©galement des femmes qui ont potentiellement un statut de concubine du roi (les sources ne sont pas claires sur leur relation avec le roi), notamment celles qui font partie du groupe des « musiciennes » (nārtum), subdivisĂ©es en plusieurs groupes, notamment ceux des grandes et des petites musiciennes[154], auxquelles il faut peut-ĂȘtre ajouter la catĂ©gorie des kezertum[155]. D'autres catĂ©gories de femmes du palais semblent ĂȘtre des « recluses » (sekertum), peut-ĂȘtre parce qu'elles se chargent de l'administration du palais et doivent y rester en permanence[156]. Cette population Ă©volue au cours du rĂšgne, notamment en fonction des arrivĂ©es d'Ă©pouses (avec des servantes), concubines et autres servantes, des dĂ©parts des filles pour un mariage. La pratique qui veut qu'un vainqueur s'empare du harem d'un roi qu'il dĂ©fait entraĂźne des Ă©volutions parfois importantes. Cela a Ă©tĂ© le cas au dĂ©but du rĂšgne de Zimri-Lim, quand il a intĂ©grĂ© le harem de Yasmah-Addu, qui lui-mĂȘme avait dĂ©jĂ  repris celui de Yahdun-Lim (qui devait donc comprendre des parentes de Zimri-Lim). Plus tard dans le rĂšgne, la dĂ©portation du harem d'Ashlakka est documentĂ©e par plusieurs lettres et textes d'inventaires[157] - [158]. Une lettre dans laquelle Zimri-Lim demande Ă  Shibtum de sĂ©lectionner quelles prises de guerre vont intĂ©grer son harem pour y devenir tisseuses ou musiciennes indique clairement qu'il prĂȘtait une grande attention Ă  leur apparence physique[159] :

« Dis à Ơibtu : ainsi parle Zimri-Lim, ton Seigneur.
VoilĂ  que je t’envoie des (femmes qui doivent devenir) tisseuses. Parmi elles, il y a des prĂȘtresses-ugbabtum. Identifie les prĂȘtresses et remets-les au quartier des tisseuses.
Parmi ces tisseuses-ci et ces tisseuses-lĂ , choisis-en 30 ou plus, si possible, excellentes, qui n’aient pas le moindre dĂ©faut depuis l’ongle du pied jusqu’aux cheveux de la tĂȘte, et remets-les Ă  Warad-iliĆĄu pour qu’il leur apprenne l’orchestre soubarĂ©en.
En outre, il faudra que leurs appartements soient installĂ©s en un lieu diffĂ©rent. Veille bien Ă  leurs rations alimentaires que leur beautĂ© ne s’altĂšre pas.
En outre, lorsque tu feras un choix parmi les tisseuses, il faudra que ce soit en présence de Warad-iliƥu.
En outre, donne des instructions Ă  MukanniĆĄum afin que la beautĂ© du reste des tisseuses que tu lui confieras ne s’altĂšre pas[160]. »

Le personnel fĂ©minin du palais exerce comme divers mĂ©tiers[161]. La domesticitĂ© des femmes du palais, Ă©galement fĂ©minine, comprend des chambriĂšres, sans doute chargĂ©es du nettoyage, et des femmes scribes (pour la rĂ©daction des lettres voire de documents administratifs)[162]. D'autres servantes sont rattachĂ©es directement Ă  une des reines, Shibtum en ayant dix-huit Ă  la fin du rĂšgne[163]. Le personnel fĂ©minin des cuisines, placĂ© sous la direction de l'administrateur Ilu-kan, comprend une cinquantaine d'« intendantes » (abarrakkatum) au sens large, mais dans le dĂ©tail il y avait des « Ă©conomes » chargĂ©es de la gestion des rĂ©serves (notamment Aba-duga qui avait dĂ©jĂ  un rĂŽle important sous le rĂšgne prĂ©cĂ©dent), des cuisiniĂšres et autres spĂ©cialistes de la prĂ©paration de certains aliments (boulangĂšres, brasseuses de biĂšre) et des auxiliaires (meuniĂšres, puiseuses)[164]. Les nourrices (muĆĄeniqtum) comprennent les nourrices Ă  proprement parler, allaitant les enfants en bas-Ăąge, et celles qui sont chargĂ©es de s'occuper des enfants aprĂšs leur sevrage. L'Ă©tude de leurs noms est intĂ©ressante : elle est construite autour de AbÄ« « Mon pĂšre » (Abi-liter « Que mon pĂšre s'accroisse », Abi-bashti « Mon pĂšre est mon orgueil », Abi-nid « Mon pĂšre est ma lumiĂšre »), de maniĂšre que lorsque les enfants royaux appelaient leurs nourrices ils prononçaient par la mĂȘme occasion une louange ou une priĂšre pour leur pĂšre[165].

La population du palais est ensuite constituĂ©e d'autres serviteurs qui sont cette fois-ci des hommes. C'est notamment la garde du palais. Les textes administratifs Ă©voquent aussi une catĂ©gorie de domestiques appelĂ©s ĆĄa áč­emmennĂź (« (en charge) des logements »), les porteurs du palanquin royal (nĆ«balum) et ceux chargĂ©s de la tente et des affaires du roi lors de ses dĂ©placements. Tout ce personnel ne rĂ©side probablement pas au palais. Plus prĂšs du roi, on trouve des Ă©chansons, responsables de la vaisselle du roi (voire de ses autres biens), et des barbiers, le barbier du roi Ă©tant une personne de confiance (parce qu'on lui confie le rasoir qui coupe la barbe du roi ?), ainsi que des valets de chambre. Les domestiques les plus importants sont dĂ©signĂ©s par le terme kirisakkum, sont proches du roi au quotidien, et leurs attributions concernent plus largement l'administration des biens du palais. Ces domestiques masculins se trouvent aussi dans l'entourage des femmes du palais, proximitĂ© Ă©tonnante pour l'Ă©poque, qui pourrait indiquer qu'il s'agit de membres de la famille royale (dont des fils que le roi a eu avec des concubines et qui n'ont aucun droit au trĂŽne ?) voire des eunuques[166].

Une liste récapitulant les distributions d'huile pour un mois fournit ainsi dans une section un aperçu de la diversité de la population rattachée au palais :

« (pour) le palais : pour 2 femmes Ă  2 qa chaque, pour 3 femmes Ă  1 1/2 qa chaque, pour 3 femmes Ă  1 qa chaque, pour 182 femmes Ă  1/2 qa chaque, pour 8 femmes Ă  1/3 qa chaque, pour 117 femmes Ă  15 sicles chaque, pour 35 femmes Ă  8 1/2 sicles chaque et pour 15 portiers Ă  15 sicles chaque ; 3 qa de ration d’huile pour 3 nourrices-muĆĄĂȘniqtum ; 69 qa de ration d’huile (pour) les BĂ©douins du service de Kalalum (la garde rapprochĂ©e du roi) : pour 1 homme Ă  1 qa, pour 6 hommes Ă  2/3 qa, pour 10 hommes Ă  1/2 qa, pour 237 hommes Ă  1/3 qa chaque ; 13 1/3 qa 5 sicles de ration d’huile (pour le service) du áč­emmennum : pour 1 homme Ă  2/3 qa, pour 1 homme Ă  1/2 qa, pour 49 hommes Ă  15 sicles chaque ; 5 qa 10 sicles de ration d’huile (pour le service) du nĂ»balum : pour 1 homme Ă  2/3 qa, pour 18 hommes Ă  15 sicles chaque ; 4 2/3 qa de ration d’huile (pour) les NurrugĂ©ens (des soldats) : pour 1 homme Ă  2/3 qa, pour 15 hommes Ă  15 sicles chacun[167]. »

La question de savoir qui rĂ©sidait effectivement dans le palais royal est dĂ©battue : cela ne pose pas de question pour le roi et ses femmes et enfants, au moins une partie de la domesticitĂ© et de la garde devant ĂȘtre prĂ©sentes en permanence pour leur service et leur sĂ©curitĂ©, mais qui de plus ? L'espace disponible Ă©tait vaste, mais pas forcĂ©ment suffisant pour hĂ©berger tout le personnel Ă©voquĂ© dans les tablettes, et c'est peut-ĂȘtre en raison d'une surpopulation du palais que d'autres lieux de la capitale, comme le petit palais oriental, ont Ă©tĂ© rĂ©amĂ©nagĂ©s durant le rĂšgne de Zimri-Lim. La majeure partie de la population fĂ©minine semble avoir rĂ©sidĂ© au palais, en revanche ce n'est pas forcĂ©ment le cas pour la majeure partie de la population masculine[168] - [169]. Quoi qu'il en soit, plusieurs secteurs servant de rĂ©sidences aux serviteurs du palais ont Ă©tĂ© identifiĂ©s sur place, les plus nombreuses au sud-ouest dans la partie qui semble liĂ©e Ă  la domesticitĂ© du roi, et les autres dans le secteur fĂ©minin au nord-ouest. Il s'agit de petites piĂšces voisines les unes des autres, dont les plus petites, dans la Maison des femmes, font 10-11 m2, et dans la Maison du roi autour de 12-15 m2 et 18-20 m2, les deux plus vastes faisant 25 et 36 m2[170].

Les principaux serviteurs

Les personnages qui constituaient l'entourage royal, y compris ses Ă©pouses, sont dĂ©signĂ©s par le terme wēdĆ«tum, les « uniques »[171]. Les inscriptions des sceaux-cylindres (connus par des impressions) des fonctionnaires et des Ă©pouses secondaires de Zimri-Lim les prĂ©sentent comme les « serviteurs » et « servantes » du roi, en prĂ©cisant rarement leur fonction, et parfois en ajoutant une formule glorifiant le roi (« roi puissant », « aimĂ© de Dagan », « prĂ©posĂ© de Dagan », « prĂ©posĂ© d'Addu »)[172]. Les hauts fonctionnaires sont plus prĂ©cisĂ©ment dĂ©signĂ©s dans des textes comme les « grands serviteurs » (wardĆ« rabĆ«tum) du roi, qui les nomme et peut les dĂ©mettre selon sa volontĂ©, et dĂ©cide Ă©galement ou non de les admettre dans son Conseil (piriĆĄtum, « secret ») oĂč Ă©taient divulguĂ©es les informations les plus importantes et sensibles qui ne devaient surtout pas s'Ă©bruiter. Les missions que leur confie le souverain peuvent ĂȘtre variĂ©es, et dĂ©pendent de leurs liens personnels avec lui et de la confiance qu'il leur accorde. Les plus importants serviteurs peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des sortes de « ministres ». Zimri-Lim a notamment pour proches conseillers Habnu-malik dĂ©signĂ© par le titre ĆĄukkallum, qui est traduit par « premier ministre » ou « vizir », Shu-nuhra-Halu, son « secrĂ©taire » (áč­upĆĄar sakkakkim), ou encore Darish-libur, dont le titre n'est pas connu. Les titres portĂ©s par les grands serviteurs du roi ne renseignent que rarement sur leur rĂŽle prĂ©cis : ils renvoient souvent Ă  cette pĂ©riode Ă  une fonction aulique (par exemple « barbier », « cuisinier ») mais cela ne veut pas dire qu'ils agissent comme tels. Ils sont du reste rarement mentionnĂ©s sur leurs sceaux, qui Ă©voquent leur position de « serviteur » du roi, ce qui souligne lĂ  encore l'importance cardinale du lien personnel qui les unit au souverain, qui leur confĂšre leur autoritĂ©[173]. Ces liens peuvent ĂȘtre renforcĂ©s par des mariages : Zimri-Lim donne ainsi sa fille Duhshatum comme Ă©pouse Ă  Yasim-Sumu, un des administrateurs les plus importants du palais (ĆĄandabakkum)[174].

Ces relations ressortent de l'exemple d'un des personnages de la cour les mieux documentĂ©s, Asqudum, qui occupe une position parmi les premiers rangs des serviteurs proches du roi. Plusieurs Ă©lĂ©ments le concernant dessinent les caractĂ©ristiques des relations entre le roi et ses proches serviteurs. C'est un ancien serviteur de Yasmah-Addu, repris par Zimri-Lim malgrĂ© le mĂ©contentement que cela Ă  pu gĂ©nĂ©rer dans son entourage, peut-ĂȘtre parce qu'il avait pour Ă©pouse une fille de Yahdun-Lim, Yamama, et Ă©tait donc liĂ© Ă  la famille royale. C'est un devin, spĂ©cialisĂ© dans un art crucial pour l'exercice du pouvoir, mĂȘme si on le voit rarement Ă  l’Ɠuvre dans cette tĂąche dans les textes datĂ©s du rĂšgne de Zimri-Lim (Ă  la diffĂ©rence de ceux remontant au rĂšgne prĂ©cĂ©dant). C'est un personnage de confiance du roi, qui le charge de missions importantes, notamment la nĂ©gociation de son mariage avec Shibtum Ă  Alep et la direction du convoi qui doit la conduire Ă  Mari, ou des nĂ©gociations diplomatiques et des affaires commerciales. Il tire profit de ses relations avec le roi, puisqu'il occupe le prestigieux « petit palais oriental », un poste de « maire » d'une localitĂ©, et se trouve Ă  la tĂȘte d'un domaine foncier, d'autres textes indiquant qu'il dispose de vaisselle en mĂ©tal[175].

Des disgrĂąces sont Ă©galement survenues : cela pourrait ĂȘtre le cas de la famille de Sammetar, un personnage Ă©minent du dĂ©but de rĂšgne de Zimri-Lim, lui aussi dĂ©jĂ  en place sous Yahdun-Lim, gouverneur de Terqa et bĂ©nĂ©ficiaire de nombreuses terres royales, dont la famille semble avoir Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e aprĂšs sa mort[176].

L'archéologie a mis au jour plusieurs résidences cossues de la période, situées à proximité du centre monumental. Outre le petit palais oriental déjà évoqué, qui est occupé au début du rÚgne par Asqudum, des grandes résidences ont été mises au jour, le bùtiment E (au nord-ouest du palais) dont le premier état remonte à l'époque des Ơakkanakku (vers 2000 av. J.-C. ou avant) mais qui est réaménagé à cette période, les grandes résidences orientale et occidentale. On ne connaßt pas l'identité de leurs occupants, mais elles peuvent avoir été habitées par de hauts dignitaires du royaume[177].

Les gestionnaires du palais

Les tablettes administratives et Ă©pistolaires permettent de reconstituer la maniĂšre dont le palais contrĂŽlait ses ressources Ă©conomiques.

Les lettres donnent des informations sur les attributions et les activitĂ©s des diffĂ©rents administrateurs. La suivante montre mĂȘme que les renvois de responsabilitĂ©s pouvaient se produire[127] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Bahdi-Lim, ton serviteur.
La ville de Mari, le palais et le district, ça va.
Autre chose : j’ai menĂ© mon enquĂȘte Ă  propos de la domesticitĂ© du palais. Sur les 400 personnes qui forment la domesticitĂ© du palais, une centaine a reçu son habillement et 300, pas du tout. À propos de ceux qui n’étaient point vĂȘtus, j’en ai fait remontrance Ă  MukanniĆĄum et Ă  Bali-Erah. MukanniĆĄum m’a fait la rĂ©ponse suivante : « Ce n’est point dans mes attributions ! C’est Ă  Bali-Erah de les vĂȘtir. » Or Bali-Erah m’a fait la rĂ©ponse suivante : « J’ai habillĂ© une centaine de personnes dĂ©pendant des artisans spĂ©cialisĂ©s, or ce n’est qu’une centaine qui reprĂ©sente mes attributions. Le reste, c’est Ă  MukanniĆĄum de les vĂȘtir. »
VoilĂ  ce qu’ils m’ont rĂ©pondu. Maintenant, puisque áčąidqi-epuh se trouve chez mon Seigneur, mon Seigneur doit lui parler pour qu’il Ă©crive Ă  qui de droit et que l’on vĂȘte les domestiques du palais ![178] »

Il a Ă©tĂ© relevĂ© Yasim-Sumu avait la fonction majeure d'archiviste-comptable en chef (ĆĄandabakkum), qui comprenait le contrĂŽle des stocks du palais, la rĂ©cupĂ©ration des domaines concĂ©dĂ©s Ă  des fonctionnaires retournant sous la gestion du palais, la gestion de la main d’Ɠuvre du palais. Il devait Ă©galement se tenir au courant de l'Ă©tat des rĂ©coltes, y compris en se dĂ©plaçant lui-mĂȘme dans les domaines, et en tirer les consĂ©quences quant Ă  la gestion des greniers royaux dissĂ©minĂ©s dans tout le royaume[179]. Mukannishum, Ă©voquĂ© dans la lettre prĂ©cĂ©dente, et qui occupe la fonction d'intendant (ĆĄatammum), est un autre homme-clĂ© de la gestion du palais, responsable des rĂ©serves palatiales, qui a laissĂ© un nombre important d'archives au palais[180].

Les femmes du palais ont un rĂŽle Ă©conomique non nĂ©gligeable[181] - [161]. La reine-mĂšre puis la reine Shibtu dirigent la population fĂ©minine du palais et secondent le roi dans la gestion de sa maison, en particulier quand il est en dĂ©placement. Les lettres montrent que Shibtu s'occupe de l'affectation du personnel fĂ©minin dĂ©portĂ© au palais (musiciennes et ouvriĂšres textiles), a un accĂšs privilĂ©giĂ© aux piĂšces et contenants scellĂ©s, d'autant plus qu'elle applique elle-mĂȘme son sceau par endroits, et elle dispose de sa propre maison et d'une large marge de manƓuvre puisqu'elle est impliquĂ©e dans des transactions, reçoit et envoie des prĂ©sents, effectue des prĂȘts. Comme vu prĂ©cĂ©demment le personnel fĂ©minin du palais comprend des intendantes et Ă©conomes, qui sont notamment chargĂ©es de la gestion des cuisines[182], et des scribes qui produisent des documents comptables[183].

Les ressources du palais

La richesse de la maison du roi est essentiellement Ă  base fonciĂšre : le roi dispose de nombreuses terres dans son royaume, et Ă©galement en dehors (Ă  Alahtum), sous la forme de domaines gĂ©rĂ©s par des administrateurs. Suivant les habitudes syro-mĂ©sopotamiennes, trois modes de gestion existent, mais ils sont inĂ©galement utilisĂ©s. La majeure partie des terres semble exploitĂ©e en rĂ©gie directe (la « rĂ©serve »), par des Ă©quipes de paysans dĂ©pendant du palais, sans doute issus des couches basses de la sociĂ©tĂ©, sans forcĂ©ment ĂȘtre des esclaves. Cela permet au roi d'avoir un accĂšs direct Ă  des denrĂ©es alimentaires en grande quantitĂ©. Une autre partie des terres, apparemment minoritaire, est exploitĂ©e de façon indirecte, mise en location (les « tenures »). Enfin un troisiĂšme groupe de terres, les « champs alimentaires » (eqlum ĆĄukĆ«sum), est concĂ©dĂ© Ă  des serviteurs du palais, souvent des personnages ayant une position d'encadrement, ou bien des soldats, et les revenus qu'elles gĂ©nĂšrent ont valeur de rĂ©munĂ©ration pour le service (ilkum) qu'ils accomplissent pour le compte du roi. En principe ces terres restent la propriĂ©tĂ© du palais, qui les rĂ©cupĂšre lorsque le service du dĂ©tenteur du champ se termine (ce qui peut survenir Ă  sa mort), ce qui est documentĂ© par divers textes d'inventaires rĂ©digĂ©s pour l'occasion (piqittum). Mais il semble que dans le cas des plus importants dignitaires ces terres soient souvent transmises Ă  leurs successeurs, donc un phĂ©nomĂšne de patrimonialisation du domaine royal[184].

Plusieurs lettres montrent les problĂ©matiques liĂ©es Ă  la concession de ces terres et les litiges qu'elles gĂ©nĂšrent, que le roi doit suivre et rĂ©gler. Celle-ci fait suite Ă  une premiĂšre demande du roi Ă  son serviteur áčąidqi-epuh de vĂ©rifier des champs pris en tenure, et de les partager suivant les termes d'un protocole afin de les attribuer Ă  diverses catĂ©gories de soldats et de dignitaires d'origine nomade. Cela entraĂźne des confiscations et des plaintes dont le serviteur du roi doit rĂ©pondre :

« À prĂ©sent, comme Ă  celui qui n’a pas obĂ©i aux instructions de son seigneur, mon seigneur m'a fait Ă  porter moi-mĂȘme, pour les riviĂšres de larme, mon arrĂȘt de mort ! J’ai commencĂ© Ă  partager les champs, bon dans bon et mauvais dans mauvais, et il y a eu plainte auprĂšs de mon seigneur ! Depuis que, il y a un mois jour pour jour, mon seigneur m’a fait porter une tablette, j’ai obĂ©i aux instructions de mon seigneur. Je n’ai pris le champ ni la ferme de personne ! Je n’ai dĂ©placĂ© le champ de personne ! Je n’ai pas altĂ©rĂ© leurs tenures et ne (les) ai pas donnĂ©es Ă  quelqu’un d’autre (lit. « ailleurs ») ! De la mĂȘme façon que l’an passĂ©, celui qui dĂ©tenait un bon (champ) dĂ©tient un bon (champ), celui qui dĂ©tenait un mauvais (champ) dĂ©tient un mauvais (champ). Si quelqu’un dĂ©tient plus de champ que ce qui (est fixĂ© par) le protocole de mon seigneur, je soustrais bien le surplus de champ.
Que d'aventure — comme si (je n’étais) pas un homme du palais, que je n’avais pas depuis tout petit reçu mes rations au palais et que je ne savais pas ces choses —, je retire, soustraie ou n’aie de cesse de dĂ©placer des champs, celui Ă  qui j’aurais retirĂ© son champ ou sa ferme, parmi les notables, les domestiques et les serviteurs de mon seigneur, un homme (au moins) se lĂšverait et m’en convaincrait, m'exposerait comme quelqu’un qui a « mangĂ© » le serment sacro-saint de son seigneur et a passĂ© les bornes ! Mon seigneur doit porter secours Ă  tous (s)es serviteurs ! (...)[185] »

Il est à noter que la mobilisation de particuliers corvéables semble rare : les travaux collectifs (entretien des canaux, travaux agricoles) sont accomplis par des personnes employées par le palais, à titre ponctuel ou permanent, contre rémunération (rations d'entretien, voire concession de terres), au titre du service dû au souverain (ilkum)[186].

Les troupeaux du palais étaient un autre aspect important de son patrimoine économique. Ils servent notamment à obtenir de la laine, qui est ensuite tissée dans les ateliers royaux et permet de dégager des revenus importants[187].

Les artisans (mārĆ« ummēnÄ«) sont employĂ©s par le palais pour des travaux spĂ©cifiques. Leurs statuts semblent divers, certains sont assurĂ©ment des dĂ©pendants du palais[188]. Certains ateliers dĂ©pendant du palais, appelĂ©s nēpārātum (« ergastule » ?), semblent destinĂ©s Ă  une population servile, internĂ©e dans ces lieux, oĂč on trouve notamment des femmes tissant des Ă©toffes et d'autres prĂ©parant des aliments[189]. Parmi les mĂ©tiers spĂ©cialisĂ©s, les mĂ©tallurgistes employĂ©s par le palais font l'objet d'une surveillance poussĂ©e : un accord (isiktum) dĂ©crit les besoins de l'administration et la qualitĂ© du travail attendue, la matiĂšre premiĂšre est fournie Ă  l'artisan, et l'accomplissement de la tĂąche est suivi de prĂšs, par le biais de contrĂŽles rĂ©guliers. La raretĂ© du mĂ©tal impose un suivi scrupuleux de celui-ci, par le biais de pesĂ©es vĂ©rifiant que rien n'ait disparu, sous la supervision de l'intendant Mukannishum[190]. Les lettres documentent ainsi des fabrications ou rĂ©fections de statues et figurines divines, d'ex-voto, de palanquins, d'armes, de bijoux[191]. Une autre activitĂ© artisanale importante est l'industrie textile. Dans plusieurs lettres le roi donne par exemple des instructions pour la confection de vĂȘtements de luxe[192].

L'Ă©conomie palatiale est marquĂ©e par la pĂ©nurie : plusieurs textes renvoient Ă  la notion de hiĆĄitum, c'est-Ă -dire ce qui manque, ce qui ne peut ĂȘtre produit par le palais. Cela concerne notamment des matiĂšres premiĂšres et produits finis de luxe (mĂ©taux, vin, huile d'olive). Le palais peut se les procurer de diffĂ©rentes maniĂšres : par le biais des Ă©changes de prĂ©sents entre cours royales, en faisant appel Ă  des marchands qui vont se les procurer sur le marchĂ©, ou encore en acquĂ©rant des domaines hors du royaume (Alahtum, servant Ă  obtenir de l'huile d'olive et du vin)[193] - [194]. Les marchands ne sont pas des agents du palais, dont ils restent indĂ©pendants, juste des intermĂ©diaires l'aidant dans son approvisionnement, et aussi Ă  l'occasion des agents de renseignement pour le pouvoir, leurs dĂ©placements leur permettant de glaner de prĂ©cieuses informations[195]. Le roi perçoit par ailleurs un droit de douane sur les marchandises transitant par le royaume (miksum), qui n'ont pas forcĂ©ment une grande importance financiĂšre[196].

Les activités militaires sont une donnée essentielle de l'économie palatiale. Elles mobilisent d'importantes ressources, pour la levée et l'entretien des troupes, leur rémunération et leurs gratifications, et génÚrent aussi d'importants revenus puisque le roi dispose d'une part préférentielle du butin. Plusieurs inventaires enregistrent le butin effectué à la suite de conflits[197].

Les stocks et leur contrĂŽle

La gestion des stocks est cruciale pour l'Ă©conomie palatiale. Les milliers de tablettes comptables datĂ©es du rĂšgne de Zimri-Lim documentent la distribution de rations aux serviteurs du palais, les distributions de matiĂšres premiĂšres aux artisans, et inventorient les biens emmagasinĂ©s dans le palais, notamment les biens de luxe[198]. Les biens stockĂ©s dans les magasins du palais sont placĂ©s dans des contenants et des piĂšces qui sont scellĂ©s. Le sceau royal est le plus important. Zimri-Lim disposait de deux sceaux Ă  son nom, un employĂ© par sa chancellerie afin de sceller ses lettres, et un autre employĂ© par l'intendance du palais afin de sceller les documents administratifs, qui se prĂ©sente sous deux formes. Il peut ĂȘtre utilisĂ© par les plus hauts personnages de l'administration, notamment pour sceller les piĂšces de stockage de la vaisselle de luxe, et il faut un ordre du roi pour lever ses scellĂ©s. Les diffĂ©rents administrateurs sont peuvent sceller les biens dont ils ont la charge avec leur propre sceau, et lĂ  encore il semble qu'il faille un ordre royal pour que les scellements soient brisĂ©s par une autre personne que celui qui les a apposĂ©s[199]. Des lettres attestent de cela, comme ici oĂč il demande Ă  la reine de prĂ©parer du vin pour Hammurabi de Babylone[200] :

« Dis à Ơibtu : ainsi parle ton Seigneur.
Hammu-rabi, roi de Babylone, m’a Ă©crit pour avoir du vin. VoilĂ  que je viens de te faire porter le sceau Ă  monture. Ouvre l'entrepĂŽt Ă  vin, et que áčąidqum-maáčŁi soit prĂ©sent ! Qu’il purifie les jarres qui sont dans son service. Il faut qu'il Ă©tablisse que les 11 jarres de vin sĂąmum sont de catĂ©gorie áč­Ăąbum, de la sorte que je bois, et opĂšre (pour en ĂȘtre sĂ»re) une dĂ©cantation dans un rĂ©cipient. Fais emplir 10 jarres de vin sĂąmum et scelle-les avec ce sceau. Puis, donne-les Ă  Bahdi-Lim et une que vous aurez fait dĂ©canter, envoie-la-moi et fais-la-moi porter jusqu’en amont. (R)envoie-moi le sceau Ă  monture. Kutkutum m’a apportĂ© 60 jarres de vin de 2e catĂ©gorie.
Autre chose : fais porter aux messagers de Babylone du vin de premiÚre qualité[201]. »

La gestion des réserves du palais repose également sur l'emploi de différents jeux de poids officiels, servant à contrÎler les quantités de biens emmagasinées ou déplacées. Ils sont gérés par Mukannishum[202].

DiffĂ©rentes Ă©tudes ont pu ĂȘtre menĂ©es Ă  partir de ces documents administratifs, conjuguĂ©s aux lettres, organisĂ©es par type de bien, fournissant au passage des informations importantes sur diffĂ©rents aspects de la vie matĂ©rielle de l'Ă©poque qui ont fait l'objet d'Ă©tudes spĂ©cifiques : grain[203], huile[204], vin[205], bronze[206], vaisselle de luxe, notamment les vases dĂ©signĂ©s par l'idĂ©ogramme GAL qui sont prĂ©sents dans les principales cours de l'Ă©poque[207], parfums[208], etc. Des inventaires de diffĂ©rentes catĂ©gories de biens Ă  la disposition du palais sont effectuĂ©s Ă  plusieurs reprises durant le rĂšgne du souverain, notamment pour sa vaisselle de luxe. Cela se produit en particulier au dĂ©but de son rĂšgne, le changement de rĂ©gime ayant Ă©tĂ© un moment propice pour des vols dans son magasin. Des serviteurs du roi doivent alors prĂȘter un serment dans lequel ils jurent de ne rien avoir dĂ©robĂ©, au risque de subir une malĂ©diction divine[209] :

« Depuis l’intronisation de mon Seigneur Zimri-Lim, argent, or, pierre fine, bƓuf, Ăąne, esclave mĂąle ou femelle, Ă©toffe, couverture, fourniture de luxe de qualitĂ© qui peut exister et qu’il est loisible qu’un humain quelconque prenne, je jure que je ne l’ai pas pris ni n’ai dit Ă  quelqu’un de le prendre, peu ou prou, ni ne l’ai vendu, ni ne l’ai mis en dĂ©pĂŽt pour ma succession, ni ne l’ai donnĂ© Ă  quelque humain que ce soit en contre-don ou en cadeau.
Argent, or, pierre fine, bƓuf, Ăąne, esclave mĂąle ou femelle, habit, couverture, fourniture de luxe de qualitĂ© qui peut exister, qu’il est loisible qu’un humain quelconque prenne, je jure que je ne me suis pas dĂ©pĂ©chĂ© d’en spolier de force un particulier sans dĂ©fense, ni ne l’ai vendu, ni ne l’ai mis en dĂ©pĂŽt pour ma succession, ni ne l’ai donnĂ© Ă  quelque humain que ce soit, en contre-don ou en cadeau. (...)[210] »

Les repas du roi

La documentation de Mari fournit une quantitĂ© d'informations importante sur l'alimentation et les banquets dans le palais royal[211] - [212]. Le plus important groupe de textes administratifs, constituĂ© d'environ 1 300 tablettes, sont ceux appelĂ©s « repas du roi » (naptan ĆĄarrim), des petits billets qui comportent une liste des denrĂ©es vĂ©gĂ©tales sorties des rĂ©serves du palais pour les repas du roi (il ne s'agit pas des « menus » complets), avec l'indication de leur quantitĂ©, le total, et la date[213] - [214] - [215]. Par exemple :

580 litres de pain grossier,
255 litres de pain levé,
10 litre de gruau-mersum,
125 litres de biĂšre-alappĂąnĂ»,
52 litres de farine-ĆĄipkĂ»,
3 litres de pois chiches,
2 litres de lentilles,
1 litre d'huile,
1/4 litre de miel.
Total : 910 litres de pain, 125 litres de biĂšre-alappĂąnĂ».

— Repas du roi Ă  Mari. 2-ix-Zimri-Lim annĂ©e 6[216].

Ceux qui ont été retrouvés concernent les jours durant lequel le roi est présent à Mari ou dans son voisinage, pas quand il est en voyage, ce qui en fait une source appréciable pour documenter ses déplacements[213] - [215].

Les tablettes administratives et les lettres fournissent diverses informations sur les aliments, bien que leur identification ne soit pas toujours certaine. Elles documentent principalement des vĂ©gĂ©taux, base du rĂ©gime alimentaire : avant tout des produits Ă  base de cĂ©rĂ©ales (surtout orge, aussi du blĂ©, du froment), Ă©galement des lĂ©gumineuses (pois-chiches, lentilles, fĂšves) et autres lĂ©gumes et condiments (poireaux, oignon, ail), des dattes, de l'huile, du miel ; des textes de distributions alimentaires aux femmes du palais attestent aussi de la consommation de fruits (figues, prunes, poires, pommes)[217]. Les cĂ©rĂ©ales servent Ă  fabriquer diverses sortes de pains ou galettes, des gruaux ou bouillies, auxquels peuvent aussi ĂȘtre ajoutĂ©s des lĂ©gumes et des fruits Ă  coques. Le mersum, une sorte de gruau ou de bouillie, est particuliĂšrement prisĂ©. Des Ă©pices semblent relever les mets (cumin, coriandre)[218]. Des boissons fermentĂ©es sont confectionnĂ©es, surtout des sortes de biĂšres, aussi du vin, qui peuvent ĂȘtre aromatisĂ©s avec des Ă©pices et des essences (comme la myrte)[219]. La viande (fraiche ou plutĂŽt sĂ©chĂ©e et fumĂ©e ?) n'est pas un produit de consommation courante, sont Ă©galement consommĂ©s divers types de poissons, des crevettes, des sauterelles[220]. L'approvisionnement en sel est Ă©galement important dans la documentation textuelle[221]. La table du roi devait se distinguer par la prĂ©sence de mets en abondance, mais aussi de mets de choix, rares ou exotiques. Des textes documentent la recherche de champignons poussant dans le dĂ©sert (kam'ātum, parfois appelĂ©s des « truffes »)[222]. D'autres textes documentent la construction de glaciĂšres (bÄ«t ĆĄurÄ«pim, « maison de la glace »), dont Zimri-Lim Ă©quipe ses palais royaux (Ă  Mari, non identifiĂ© dans le palais royal, et Ă  Terqa et Saggaratum) car c'est un Ă©lĂ©ment de distinction[223], ainsi que la collecte de glace pour les maintenir au frais[224].

Moule à pùtisserie décorés d'animaux provenant des cuisines du palais de Mari. Musée du Louvre.

Plusieurs installations de stockage alimentaire et de cuisine ont Ă©tĂ© identifiĂ©es dans le palais. Les entrepĂŽts alimentaires semblent organisĂ©s suivant un principe hiĂ©rarchique : dans le secteur occidental ont Ă©tĂ© dĂ©gagĂ©es des piĂšces allongĂ©es oĂč sont stockĂ©es des jarres maintenues Ă  la verticale dans des banquettes amĂ©nagĂ©es Ă  cet effet, avec des restes de scellĂ©s de jarres et des portes indiquant un contrĂŽle de l'accĂšs, peut-ĂȘtre les rĂ©serves destinĂ©es aux grandes occasions (banquets), d'autres magasins plus petit ayant Ă©tĂ© identifiĂ©s ailleurs, dans la maison des femmes, et enfin certains sont spĂ©cialisĂ©s dans le stockage de l'huile et du vin[225]. Deux secteurs de cuisine ont Ă©tĂ© identifiĂ©s : une unitĂ© dans la partie occidentale, proche de la salle du trĂŽne, dispose en son centre d'un grand four voĂ»tĂ© et de salles de services autour, sans doute un secteur destinĂ© Ă  la cuisson des gĂąteaux et des pains[225], comme l'indique la prĂ©sence de moules Ă  gĂąteaux dĂ©corĂ©s de motifs d'animaux et de femmes nues[225] ; une autre cuisine a Ă©tĂ© identifiĂ©e dans l'unitĂ© nord-est consacrĂ©e Ă  l'intendance, avec une banquette comprenant quatre petits foyers et un plus grand[225]. Les textes concernant la population fĂ©minine indiquent que c'est parmi celles-ci que se trouvent les personnes travaillant aux cuisines du palais, sous la supervision des Ă©conomes, certaines Ă©tant spĂ©cialisĂ©es dans la fabrication d'un type d'aliment prĂ©cis (pains, mersum, des types de biĂšre), d'autres dans la transformation des produits cĂ©rĂ©aliers (« glaneuses » chargĂ©es de dĂ©cortiquer les cĂ©rĂ©ales, meuniĂšres chargĂ©es de les rĂ©duire en farine), et peut-ĂȘtre des porteuses de repas, placĂ©s dans des dispositifs visant Ă  les tenir au chaud. Les textes indiquent Ă©galement que deux scribes, Belti-lamassi et Eshtar-shamshi, sont attachĂ©es au service des cuisines, ce qui se retrouve dans une analyse palĂ©ographique des tablettes de « repas du roi » qui a indiquĂ© que deux personnes les ont rĂ©digĂ©es[164].

Le roi mangeait au moins deux fois par jour, le matin et le soir. Il Ă©tait toujours accompagnĂ©, par des hauts dignitaires, sa garde, des reprĂ©sentants de cours Ă©trangĂšres. On ne sait pas si les Ă©pouses du roi l'accompagnaient lors de ses repas ; quelques textes documentent les « repas de la reine », pris par Shibtum avec un entourage restreint (sans doute ses enfants et suivantes) lorsque le roi Ă©tait absent de la cour. Lors d'un repas normal (« intime ») du roi, au moins une vingtaine de personnes devait l'accompagner. Les banquets en revanche regroupent un plus grand nombre de personnes, peut-ĂȘtre jusqu'Ă  un millier. Ils se tiennent en divers endroits du palais, notamment le papahum et les deux cours, et aussi dans des jardins[226] - [227] - [228].

Le banquet royal fait l'objet de grandes attentions en raison des nombreux enjeux politiques qui l'entourent[229]. Cela concerne en particulier les rĂ©ceptions de diplomates Ă©trangers. Lorsqu'ils rĂ©sident au palais, le roi doit pourvoir Ă  leurs besoins, dont leur alimentation, et il arrive qu'ils se plaignent d'ĂȘtre mal reçus. Des discussions politiques importantes peuvent avoir lieu lors de ces rĂ©ceptions. C'est dans ce contexte que transparaissent les questions d'Ă©tiquette et de protocole entourant les banquets royaux : le placement des convives est lourd de symboles, la proximitĂ© du roi Ă©tant une marque d'honneur (et une possibilitĂ© de discuter directement avec lui), de mĂȘme que le fait de partager ses plats, et les pratiques de politesse et d'hommage Ă  un personnage de rang Ă©levĂ© sont prĂ©cisĂ©ment Ă©tudiĂ©es[230] - [231] - [232]. Une lettre fragmentaire fait allusion Ă  un incident liĂ© Ă  la question du nombre de fois qu'il fallait s'incliner :

« 
 Ils s’inclineront 3 fois ; lorsqu’ils entreront pour le repas, ils s’inclineront de la mĂȘme façon 3 fois. » J’avais (alors) dit : « Il suffira de s’incliner 2 fois ; (mais) lorsqu’ils seront assis face Ă  moi pendant le repas, ils devront s’incliner en fonction du nombre des plats que je leur prĂ©senterai. »
Tes serviteurs siĂ©geaient donc en ma prĂ©sence pour le repas (quand), sur le gruau dont je m’étais rĂ©galĂ©, j’en ai laissĂ© et l’ai prĂ©sentĂ© Ă  l’un de tes serviteurs. Il s’est inclinĂ©. Je me suis dit : « Le gruau lui plaĂźt. » J’en ai donc rajoutĂ© et du gruau, une seconde fois, [je lui en ai prĂ©sentĂ©]. Il l’a pris sans s’incliner
[233]. »

Le roi affirmait son statut non seulement par la qualitĂ© des mets prĂ©sentĂ©s Ă  sa table, mais aussi par celle de la vaisselle de luxe dont il disposait. Les objets prĂ©cieux en mĂ©tal ayant Ă©tĂ© refondus dans l'AntiquitĂ©, il faut se tourner vers les textes d'inventaire les concernant (environ 300 documents) pour les connaĂźtre[207]. Les vases sont en or et en argent, Ă©galement en bronze, parfois en faĂŻence et en pierres semi-prĂ©cieuses ou en fer. Ils sont rangĂ©s dans des rĂ©serves disposant de banquettes amĂ©nagĂ©es Ă  cet effet, oĂč ils Ă©taient enfermĂ©s sous scellĂ©s, et sĂ©parĂ©s en plusieurs stocks ayant des responsables diffĂ©rents, sans doute sous la supervision de l'Ă©chanson. Au moment de son expĂ©dition en Syrie dans sa neuviĂšme annĂ©e, Zimri-Lim dispose d'environ 300 vases d'argent et 50 d'or, soit respectivement 90 et 30 kilogrammes. La frĂ©quence des inventaires s'explique par la le fait que la rotation de ces stocks semble rapide, notamment en raison des entrĂ©es et sorties liĂ©es Ă  leur usage en tant que prĂ©sents. Des orfĂšvres sont employĂ©s pour produire ce type d'objets, parfois en refondant des plus anciens. Les listes ordonnent les objets suivant leur matiĂšre, leur poids, leur volume, leur fonction. Les formes courantes sont des chaudrons, des grosses jarres, des bassins, des aiguiĂšres, des vases Ă  boire, ces derniers reprĂ©sentant une forte proportion des vases en or et en argent. Ils semblent richement ornĂ©s, dĂ©corĂ©s par des gravures ou reliefs lĂ©gers, ou encore des protomĂ©s, empruntant parfois leurs formes Ă  des fruits ou des animaux. Les textes ne prĂ©cisent cependant pas les usages de ces vases, et il est possible qu'une partie soit seulement exposĂ©e lors des banquets[234].

Musiciennes, musiciens et saltimbanques Ă  la cour

La population féminine du palais était composée de nombreuses « musiciennes »[235]. Un texte de la sixiÚme année de rÚgne indique qu'elles sont plus de 200, dont des apprenties et aussi trois enseignantes plus ùgées. Les plus importantes sont les grandes musiciennes, au nombre de 90, dont l'ancienne favorite de Yasmah-Addu. D'autres catégories comme les kezertum sont sans doute aussi des musiciennes. Le statut de ces musiciennes est ambigu : un bon nombre d'entre elles sont en fait des concubines du roi, comme l'atteste le fait qu'elles lui donnent des enfants ; d'autres en revanche ne le sont assurément pas, puisque cette catégorie comprend des membres de la famille du roi. Mais elles sont quoi qu'il en soit toutes effectivement des spécialistes de l'art musical, trÚs prisé dans les cours de l'époque, pour les divertissements mais aussi et surtout pour les rites religieux. Pour toutes ces raisons, les musiciennes font l'objet de présents entre les cours, et c'est probablement pour cette raison qu'on trouve autant d'apprenties au palais. De plus lorsqu'il remporte une victoire militaire Zimri-Lim intÚgre à son palais des musiciennes capturées[236]. Une lettre comprenant un ordre du roi à la reine afin qu'elle organise le déplacement de musiciennes dans vers son palais de Saggaratum, précise qu'elles doivent venir avec des instruments de luxe, qui vont élever encore plus la somptuosité de leurs performances[237] - [238].

Les musiciens hommes ont Ă©galement un statut Ă©levĂ© et s'Ă©changent entre les cours. Ceux qui sont attachĂ©s au palais de Mari n'y rĂ©sident apparemment pas. Les listes indiquent la prĂ©sence de musiciens, et aussi de lamentateurs (kālum, spĂ©cialisĂ©s dans les rites religieux) et saltimbanques, en nombre moins Ă©levĂ© que les musiciennes[239]. Le roi dispose d'un « chef de musique » (nargallum), d'abord Rishiya qui avait cette fonction sous Yasmah-Addu, puis Warad-ilishu qui met apparemment du temps avant de gagner sa confiance. Si on ne le voit pas pratiquer lui-mĂȘme la musique dans les textes, c'est assurĂ©ment un spĂ©cialiste de cet art. Sa fonction consiste Ă  superviser les musiciens et musiciennes du palais, en particulier leur formation, ainsi que la gestion des instruments, Ă  organiser les performances et Ă  diriger chƓurs et orchestres. Son lieu de travail Ă  Mari est le « conservatoire » (mummum). Il se voit en plus confier des missions diplomatiques dans lesquelles la musique ne semble pas jouer un rĂŽle, mais plutĂŽt liĂ© au fait que sa fonction le met en contact avec le monde fĂ©minin puisqu'il s'agit d'affaires matrimoniales. Il reçoit des prĂ©sents de la part du roi, et dispose d'un domaine apparemment important, oĂč il emploie des musiciens comme instructeurs[240] - [241] - [242]. Une lettre de Warad-ilishu indique par exemple comment il organise la formation de jeunes captives de guerre destinĂ©es Ă  devenir musiciennes, en prĂ©voyant qu'elles y soient confinĂ©es :

« Dis à mon seigneur : ainsi (parle) Warad-iliƥu, ton serviteur.
À propos des apprenties musiciennes de MiĆĄlan dont mon seigneur m’a dit : « [Qu]’on les conduise Ă  áčąuprum ! », [Ă  prĂ©]sent, que mon seigneur envoie des ordres stricts Ă  Yasim-Sumu. Mon seigneur doit lui attribuer lĂ -bas une barque et un domestique-gerseqqĂ»m de confiance afin qu’on les (y) conduise.
Si ce n’est pas possible, j’ai vu dans la demeure d’IĆĄar-Lim une installation-wartum : elle offre la sĂ©curitĂ© (est forte) comme un ergastule. Qu’elles y habitent ! Les enseignants (en) sont tout proches ; mes lyres-ĆĄebĂźtum sont (aussi) toutes proches Ă  leur disposition[243]. »

Si la musique est en général plus une activité liée au culte religieux ou à l'éducation culturelle, Zimri-Lim employait aussi des saltimbanques ou histrions (aluzinnum, huppƫm) pour son amusement, en tout cas pour des performances moins sacrées. L'un d'entre eux, Piradi, apparaßt dans plusieurs textes. Il accomplit des performances (« danses »), avec sa troupe, lors de repas, et accompagne le roi lors de déplacements. Il ne semble pas avoir été en permanence au service du roi, mais plutÎt embauché occasionnellement[244] - [245].

ContrĂŽle des territoires et des populations

Il est assez difficile de rĂ©sumer (et de cartographier) le royaume de Zimri-Lim Ă  la maniĂšre d'un État moderne. En particulier, comme l'indique sa double titulature de roi de Mari et des BĂ©douins, le domaine sur lequel s'exerce l'autoritĂ© de Zimri-Lim, il domine Ă  la fois des populations sĂ©dentaires et des populations nomades, or ces derniĂšres franchissent souvent les limites frontaliĂšres. Une terminologie de l'Ă©poque, Ă©tablie en fonction de la population, distingue le royaume de Zimri-Lim proprement dit, zone de peuplement sĂ©dentaire le long des rives du fleuve (namlakātum ; aussi le « pays » mātum), et les zones steppiques de parcours des nomades sujets de Zimri-Lim (nawĆ«m)[246] - [247].

Mais, au-delĂ  de cette dichotomie, il est Ă©galement le dĂ©tenteur de plusieurs autres types d'autoritĂ©s qui varient en nature aussi bien qu'en intensitĂ©, et rencontrent beaucoup de limites. Selon le tableau dressĂ© par J.-M. Durand : « Dans la rĂ©gion de Mari, on voit le bensim'alite ZimrĂź-LĂźm (a) s'Ă©tablir dans une ville du IIIe millĂ©naire, qui n'Ă©tait plus ce qu'elle fut jadis, en s'accommodant d'un palais dont il n'avait pas dĂ©cidĂ© de la disposition; (b) tolĂ©rer - dans un premier temps - des puissances au moins autonomes Ă  quelques kilomĂštres de sa capitale Ă  qui il concĂ©dera dans un deuxiĂšme temps un certain droit de tenure ; (c) rĂ©gir de façon directe des territoires manifestement hors du royaume comme toute la vallĂ©e de l'Euphrate Ă  l'aval d'Abu-KĂ©mal jusqu'aux portes de Babylone ou Ă  l'amont de DĂȘr ez-ZĂŽr jusqu'Ă  la passe de HalĂ©biyĂ©, comme le Habur de l'amont de SaggarĂątum jusqu'aux environs de HassĂ©kĂ© ; (d) regrouper autour de lui une confĂ©dĂ©ration brouillonne de princes de la DjĂ©zirĂ©, eux-mĂȘmes regroupĂ©s en plusieurs ligues (trĂšs mouvantes) ; (e) installer dans certains centres majeurs comme Tuttul un hazzannum (traduit burlesquement par « maire » aujourd'hui, mais qui, en fait, reprĂ©sentait une sorte de ministre plĂ©nipotentiaire dont la prĂ©sence assurait la primautĂ© de son maĂźtre au sein de la communautĂ© soumise) ; (e) conclure des alliances de parentĂ© avec des États plus importants qui se sentaient au moins ses Ă©gaux comme les royaumes de RazamĂą ou de KurdĂą, peut-ĂȘtre d'Andarig dont le roi lui concĂ©dait le titre de « frĂšre aĂźnĂ© » ; enfin, (f) acquĂ©rir Ă  l'Ă©tranger d'importants territoires, peut-ĂȘtre Ă  des fins d'approvisionnement en matiĂšres de premiĂšre nĂ©cessitĂ©, opĂ©ration Ă  l'occasion de laquelle on se rend compte qu'il possĂ©dait dĂ©jĂ  des terres loin de chez lui sur la rĂ©gion cĂŽtiĂšre du royaume d'Alep. Mais la vĂ©ritable force de ce roi de Mari venait (g) de la fidĂ©litĂ© que lui avaient jurĂ©e d'importantes ethnies bĂ©douines, fer de lance de son armĂ©e et grĂące auxquelles il pouvait intervenir sur tous les fronts du Proche-Orient[248]. »

Le « pays de Mari » et les provinces

Le territoire sur lequel s'exerce l'autoritĂ© directe de Zimri-Lim est dĂ©signĂ© comme le « pays de Mari » (māt Mari) ou les « Bords-de-l'Euphrate » (Aáž« Purattim). En tout, il est estimĂ© qu'il comprend entre 35 000 et 60 000 habitants (population sĂ©dentaire)[249] - [250].

Il est divisé en provinces, dont les chefs-lieux sont situés à Mari, Terqa, Saggaratum et Qattunan[251]. Une autre province est constituée dans le courant du rÚgne autour de Nahur, dans le Khabur, sans continuité territoriale avec les autres. Elles sont dirigées par des gouverneurs (ƥapitum), dont certains sont bien connus grùce aux lettres qu'ils ont adressé : Kibri-Dagan de Terqa, Bahdi-Lim de Mari et Yaqqim-Addu de Saggaratum. D'aprÚs ce qui ressort de leur correspondance avec le roi, les gouverneurs se chargent de la gestion du domaine royal, et de divers rapports avec la population de leur district, notamment de questions de sécurité et de police (ils avaient des garnisons provinciales dont des corps de « gendarmes » appelés bazahātum, « commandos d'intervention »), de justice et des efforts collectifs que sont la conscription et l'entretien des canaux. Ils sont assistés par deux auxiliaires, qui s'occupent exclusivement du domaine royal : le « pÚre de la maison » (abu bītim), une sorte d'intendant, et un « arpenteur » (ƥa sikkatim) responsable des terres[252] - [253].

Dans cette lettre Kibri-Dagan informe le roi que de l'or, autrefois pillĂ© sur un roi ennemi vaincu et offert Ă  un temple de son district, a Ă©tĂ© volĂ© et qu'il a entrepris de le rechercher en promulguant un Ă©dit, puis dit ĂȘtre parvenu Ă  le retrouver avec un coupable potentiel qu'il envoie au roi[254] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton serviteur.
NaguĂšre, j’ai promulguĂ© un Ă©dit pour le district en ces termes : « De l’argent et de l’or, bien des dieux, a Ă©tĂ© volĂ©. Qui que tu sois, chaque fois que vous verrez quelqu’un ĂȘtre porteur de quelque argent et or et (le) faire circuler, pour du grain ou un achat quelconque, saisissez-le et amenez-le moi ! »
Or on a aperçu un morceau d’or en possession de serviteurs de Pi-kama-El et on me les a amenĂ©s. Ils m’ont dit : « C’est Zakira-Hammu le voleur ; prends l’or, prends-le ! »
Moi, je leur ai fait cette rĂ©ponse : « Il n’y a pas d’or dans le district de Qaáč­áč­unan. (Or) dans ce district on a pillĂ© les biens de Qarni-Lim. Cet or est (donc) celui de Qarni-Lim. »
Zakira-Hammu apprit que je leur avais fait cette rĂ©ponse et il envoya chez moi Pi-kama-El, disant : « Cet or n’est pas Ă  moi ! VoilĂ  que je t’ai fait conduire Pi-kama-El, le propriĂ©taire de l’or. »
À l’heure actuelle, voilĂ  que j’ai mis sous scellĂ©s le morceau d’or et que je l’ai envoyĂ© chez mon Seigneur. Je viens de faire conduire Pi-kama-El, propriĂ©taire de l’or, chez mon Seigneur. {Je m’occupe de ramener cet or.}[255] »

Dans la lettre suivante le mĂȘme relate ses efforts pour remettre en Ă©tat un canal, malgrĂ© le peu d'hommes Ă  sa disposition, et les critiques auxquelles il fait face[256] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Kibri-Dagan, ton serviteur.
Depuis 5 jours, je me trouve avoir entrepris Ă  Bit-Yaptaharna le travail qui concerne le canal IĆĄim-Yahdun-Lim. Or ce travail que j’exĂ©cute n’est pas mince. C’en est mĂȘme un de considĂ©rable ! ConsidĂ©rables sont (aussi) les plaintes Ă  son propos. En effet les Ă©quipes de travailleurs sont en petit nombre ; ils n’ont pas les nerfs que rĂ©clame la tĂąche que j’ai entreprise. Le travail est considĂ©rable ; le terrain oĂč j’agis pose des problĂšmes d’accĂšs. Si les eaux sont interrompues, le pays de mon Seigneur aura faim ; or la troupe des travailleurs n’est pas considĂ©rable.
Autre chose : il ne faudrait pas que mon Seigneur se dise en lui-mĂȘme : « Depuis le moment oĂč je suis parti pour Mari, Kibri-Dagan s’est contentĂ© de rester dans son district et il n’est pas allĂ© Ă  l’ouvrage. » Que mon Seigneur Ă©crive afin que l’on enquĂȘte sur le travail que je me trouve assumer ![257] »

L'Ă©chelon local est confiĂ© au « maire » ou « scheikh » (sĂ»gagum), assistĂ© d'un lieutenant (laputtĂ»m). Ils ne semblent pas impliquĂ©s dans la gestion du domaine royal, mais semblent plutĂŽt ĂȘtre des chefs coutumiers jouant le rĂŽle d'intermĂ©diaires entre l'administration palatiale et les particuliers qui n'en dĂ©pendent pas, notamment l'organisation des recensements, et des mobilisations pour l'armĂ©e ou les corvĂ©es[258] - [253]. On trouve Ă©galement au niveau local des conseils d'Anciens (ĆĄÄ«bĆ«tum).

Ces fonctionnaires sont nommés par le roi, et ne doivent en principe leur autorité qu'au fait qu'elle est déléguée par le souverain. En pratique, il est probable que le roi les choisisse parmi les grandes familles ou tribus locales. Ils doivent verser un présent au roi en guise d'hommage, et en contrepartie ils se voient confier des domaines royaux afin d'en tirer des revenus, qui sont restitués à la couronne à leur mort[259].

Les territoires périphériques

D'autres territoires dominĂ©s par Zimri-Lim ne sont pas constituĂ©s en province. C'est le cas de la ville de Tuttul et de sa rĂ©gion, en amont sur l'Euphrate, sĂ©parĂ©e du reste du royaume, dirigĂ©e par Yakbar-LĂźm et une assemblĂ©e (taáž«tamum) de notables locaux, placĂ©s sous le contrĂŽle d'un reprĂ©sentant (áž«aáčŁáčŁanum) de Zimri-Lim, un certain Lanasum. La ville de Der sur le Balikh semble Ă©galement avoir un statut spĂ©cifique, avec un reprĂ©sentant du roi de Mari. En aval sur l'Euphrate, le pays de Suhum est traditionnellement disputĂ© entre Mari et Eshnunna, puis Babylone. C'est une zone d'implantation importante des Bensim'alites (voir plus bas). Un certain MeptĂ»m y exerce un pouvoir important sous le rĂšgne de Zimri-Lim, mais son statut exact est mal compris[260]. Il semble qu'on y trouve aussi des citĂ©s aux mains de rois vassaux de Mari[261].

Hit, ville frontaliĂšre entre les royaumes de Mari et de Babylone, constitue un autre cas particulier, puisqu'elle est disputĂ©e entre les deux, qui y ont chacun placĂ© des fonctionnaires[262]. La situation de cette ville empoisonne les relations entre les deux au moment oĂč ils doivent nouer leur alliance contre l'Élam. Pour Hammurabi, ainsi que le rapportent les Ă©missaires mariotes Ă  Babylone, sa possession revĂȘt une grande importance puisqu'elle dispose de sources de bitume qui sert Ă  calfater les bateaux, or le transport fluvial est trĂšs important en Basse-MĂ©sopotamie :

« (Hammurabi :) « ... la ville de Hit [...] et c’est au sujet de cette ville que les plus grandes difficultĂ©s ont [Ă©tĂ© faites.] Depuis quatre ans cette affaire n’est pas rĂ©glĂ©e entre Zimri-Lim et moi : il n’y a pas [
] ; que l’affaire de la frontiĂšre (soit remise Ă ) plus tard. Enlevez Hit de la tablette d’engagement sur la vie, que je puisse m’engager par serment, puis prenez la tĂȘte de(s) troupes et faites route. Lorsque le but sera atteint, qu’alors les rois nos frĂšres siĂšgent et nous rendent un jugement : je me soumettrai au jugement qu’ils prononceront. » VoilĂ  ce qu’il m’a dĂ©clarĂ© et je lui ai rĂ©pondu ainsi : « Mon seigneur a rĂ©uni pour toi les secours du pays tout entier et mon seigneur a marchĂ© contre l’adversaire et l’ennemi qui te cernaient, pour l’abattre et pour arracher du pays d’Akkad la griffe de l’ennemi. Pour (tout) le bien (que t’a fait) mon seigneur, renonce Ă  ces villes qui sont le lot de mon seigneur et, par les eaux courantes du fleuve, fais-lui une faveur et quand tout va pour le mieux, ne suscite pas un sujet de mĂ©contentement que l’affaire ne tourne pas Ă  l’a[ffrontement] ». VoilĂ  ce que je [lui ai rĂ©]pondu. (Il a dit) : « C’est ce qui me prĂ©occupe que je vous dis ; s[i(?) ...] ... pourquoi aurais-je dĂ©sirĂ© Hit ? La force de votre pays, (ce sont) les Ăąnes et les chariots mais la force de ce pays ce sont les bateaux. C’est justement pour le bitume et la naphte que je dĂ©sire vraiment cette ville ; pour quelle autre raison ai-je dĂ©sirĂ© cette ville de lui ? En Ă©change de Hit, je prĂȘterai l’oreille Ă  tout ce que Zimri-Lim m’écrira ». Hammurabi a affirmĂ© ses prĂ©tentions sur Hit en disant : « quand ... [
] Ă  Hit [je] ne [renoncer]ai pas »[263]. »

Zimri-Lim a procĂ©dĂ© Ă  diverses consultations oraculaires pour savoir s'il devait ou non laisser la ville Ă  Hammurabi, mais il renonce Ă  tout compromis. Il tient peut-ĂȘtre Ă  sa possession pour des raisons religieuses, car c'est lĂ  que se dĂ©roulent les ordalies fluviales (voir plus bas), ce qui indique qu'elle a un statut religieux important. L'affaire est finalement laissĂ©e de cĂŽtĂ© afin de conclure l'alliance militaire devant l'urgence provoquĂ©e par l'offensive Ă©lamite :

« À notre seigneur dis ceci : ainsi (parlent) Abumekin et La’um, tes serviteurs.
Je suis arrivĂ© Ă  Babylone et j’ai exposĂ© toute l’affaire devant Hammurabi.
Je l’ai entrepris au sujet de l’engagement sur la vie, mais au sujet de Hit il a fait complĂštement obstacle. Il a cherchĂ© Ă  me faire quitter le sujet mais je n’y ai pas consenti, j’ai conduit l’affaire comme il convenait, j’ai pu faire face et j’ai fait jeu Ă©gal avec lui. (Le cas de) Hit reste Ă  juger[264]. »

La question n'est rĂ©glĂ©e que par la conquĂȘte de Mari par Babylone.

Les groupes « bédouins »

Zimri-Lim est également le chef de groupes nomades, par le biais de son autorité sur des groupes de « Bédouins », hanû dans les textes, c'est-à-dire « ceux qui vivent sous la tente »[265]. Il convient cependant de préciser qu'il ne faut pas confondre appartenance tribale et mode de vie nomade : en effet une partie de ces groupes vit de maniÚre sédentaire dans des villages, alors que l'autre nomadise, se déplaçant avec ses troupeaux dans les espaces de steppe. Dans la documentation textuelle, apparaissent aussi bien des parcours de transhumance que des villages qui sont explicitement associés à un groupe tribal[266] - [267].

L'autoritĂ© dĂ©tenue par Zimri-Lim dans ce cadre est indiquĂ©e par le terme nawĂ»m, « pĂąturages » ou « steppe » (et, par extension, ceux qui y nomadisent avec leurs troupeaux), position dĂ©jĂ  dĂ©tenue par Yahdun-Lim et hĂ©ritĂ©e par son lignage. Il s'agit des membres de sa tribu, les Bensim'alites, les « Fils de la gauche » (c'est-Ă -dire le Sud). Elle est divisĂ©e en deux groupes, les Yabasa et les AĆĄuragayĂ»m (auxquels appartient peut-ĂȘtre Zimri-Lim), eux-mĂȘmes subdivisĂ©s en divers clans (gayĂ»m) et sous-clans. Les Bensim'alites avaient Ă©tĂ© chassĂ©s du territoire mariote lors de la conquĂȘte de Samsi-Addu, puis ils reviennent en masse lors de la prise du pouvoir par Zimri-Lim. Les AĆĄuragayĂ»m s'installent dans les principales villes, et surtout au pays de Suhum, en aval de Mari, tandis que les Yabasa se trouvent plutĂŽt au nord, notamment autour de la ville de Der, leurs zones de parcours se trouvant entre le Balikh et le Tigre, et ils poussent parfois encore plus Ă  l'est, causant des frictions avec les TurukkĂ©ens qui s'y trouvent[268]. Pour ce qui concerne les institutions, les personnages les plus importants de ce systĂšme sont les chefs de pĂąture (merhĂ»m), qui jouent un rĂŽle important (Bannum, Ibal-pi-El), notamment en matiĂšre militaire. Le pouvoir de Zimri-Lim s'exerce sur eux y compris quand une partie de ces groupes nomadise hors du territoire de Mari Ă  proprement parler[269] - [270].

Les membres de l'autre grande tribu « bédouine » présents dans le royaume de Mari, les Benjaminites (les « Fils de la droite », donc du Nord), sont divisés en cinq clans. Une partie au moins avait également été chassée du territoire mariote par Samsi-Addu, avant de revenir s'y installer avec Zimri-Lim. Ils sont dirigés par leurs propres rois[271] - [272], chacun associé à au moins un chef de pùture[273]. Ils semblent surtout implantés dans la vallée du Balikh, mais ils disposent de territoires importants ailleurs, dont le port de Mari, Mislùn, et son riche terroir[274]. Ils entrent à plusieurs reprises en conflit avec le roi de Mari au début de son rÚgne, de concert avec Eshnunna, et organisent des razzias, ce qui explique la vigilance des responsables mariotes :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton serviteur.
J’avais envoyĂ© deux hommes de Mishul Ă  l’assemblĂ©e des Benjaminites afin de recueillir des informations Ă  leur propos. C’était avant le moment que mon Seigneur remporte la victoire sur les troupes d’Eshnunna ; l’un des deux hommes que j’avais envoyĂ©s Ă©tait revenu me dire ceci : « Ils se prĂ©parent Ă  aller aux Bords-de-l’Euphrate pour razzier, se disant : ”Tandis que le roi est dans son camp, allons razzier les Bords-de-l’Euphrate et donnons-lui du tracas !” VoilĂ  ce que les Benjaminites avaient dĂ©cidĂ© ; aprĂšs l’annonce que mon Seigneur avait remportĂ© la victoire sur le prince d’Eshnunna, ils se dirent : ”Maintenant que le roi a remportĂ© la victoire sur le prince d’Eshnunna, et qu’ils se relĂąchent, allons razzier et rendons service au prince d’Eshnunna !” Ils se prĂ©paraient Ă  agir de la sorte, lorsqu’un homme se leva dans leur assemblĂ©e, qui leur dit : ”Toute la population ainsi que le grain des villages des Bensim’alites ça a Ă©tĂ© rassemblĂ© dans les places fortes ; si vous faites une razzia, que prendrez-vous ? Si vous faites une razzia, vous (ne) prendrez (que) des moutons et des bƓufs ; par contre, le roi Zimri-Lim viendra et ses soldats
” VoilĂ  ce qu’il leur a dit.
Eux qui se prĂ©paraient Ă  faire un raid se sont arrĂȘtĂ©s et afin de s’informer sur le fond de l’affaire, ils ont envoyĂ© des espions en disant : ”Pas question ! allez donc voir (d’abord) si toute la population, ainsi que le grain des villages, est (rĂ©ellement) rassemblĂ©e dans les places fortes.” »
Le bruit m’étant parvenu qu’ils avaient envoyĂ© des espions Ă  eux, je fis aussitĂŽt des signaux de feu et j’écrivis Ă  Sammetar Ă  Mari, afin que le pays soit mis en Ă©tat d’alerte. Les espions, l’ayant vu, repartirent et leur firent le rapport suivant : « Les Bords-de-l’Euphrate sont en Ă©tat d’alerte : toute la population, ainsi que le grain, ça se trouve rassemblĂ©. » Comme ils leur avaient fait ce rapport, (les Benjaminites) ont entrepris de fortifier la ville d’Abattum.
Aussi, afin de pouvoir prendre une dĂ©cision en ce qui les concerne, j’ai envoyĂ© deux voyageurs (?) ; je les ai envoyĂ©s aprĂšs les avoir fait embarquer. DĂšs que ces hommes me rejoindront, j’écrirai Ă  mon Seigneur les nouvelles qu’ils me rapporteront[275]. »

Ils sont soumis aprÚs leur défaite, et considérés comme locataires des terres concédées par le roi mariote sur son territoire, et contraints bon gré mal gré à une mobilisation dans son armée. Leurs raids constituent une menace, comme l'indique cette lettre :

Les rois vassaux

Zimri-Lim est également un des principaux rois qui dominent le Proche-Orient amorrite, et à ce titre il dispose de vassaux qui reconnaissent sa suzeraineté : dans la terminologie de l'époque, il est leur « pÚre », ce sont ses « fils ». Par le biais des liens de vassalité, il exerce également une autorité sur les vassaux de ses propres vassaux[271].

La correspondance entre Zimri-Lim et ses vassaux constituent la majeure partie de la correspondance diplomatique retrouvĂ©e dans le palais royal, car elles n'intĂ©ressaient pas les conquĂ©rants babyloniens qui l'ont donc laissĂ© sur place[276]. Elle concerne un cadre gĂ©ographique limitĂ©, en Haute DjĂ©zireh, donc dans les territoires au nord des Bords-de-l'Euphrate. De nombreux conflits agitaient ces rĂ©gions trĂšs morcelĂ©es politiquement. Lorsque Samsi-Addu les avait soumises, il avait chassĂ© les rois qui y rĂ©gnaient, et sa mort avait donnĂ© le signal du retour Ă  leurs descendants, qui cherchaient prioritairement Ă  reprendre la ville qu'un de leurs ancĂȘtres dominait, mais en fait peu de dynasties semblent avoir tenu longtemps un royaume, ce qui explique qu'Ă  dĂ©faut beaucoup jetaient leur dĂ©volu sur une ville d'une certaine importance qu'ils pourraient prendre en profitant d'une des nombreuses opportunitĂ©s de conflit qui ne manquaient pas de se prĂ©senter dans ce contexte agitĂ©[277]. Bien des rois ne restaient en place que quelques annĂ©es avant de connaĂźtre un sort funeste, notamment durant les pĂ©riodes de troubles plus aigus (invasions d'Eshnunna et de l'Élam). La documentation concerne en particulier le triangle du Khabur, le pays alors appelĂ© Ida-maraáčŁ qui est divisĂ© entre une douzaine de citĂ©s (Ilan-áčŁura, Ashnakkum, Ashlakka, Urkish, Kahat, etc.), ce qui en fait un « point chaud » Ă  cette pĂ©riode. Une autre rĂ©gion bien documentĂ©e en raison des troubles qu'elle connaĂźt, situĂ©e plus Ă  l'est, est le Shubartum, notamment le Sinjar et ses alentours, oĂč les principales puissances (et les conflits qui les impliquent) se trouvent au piĂ©mont sud, Andarig, Karana, Kurda, Razama du sud, avec en sus une division des groupes entre deux tribus rivales, Yamutbal et Numha, et le voisinage d'Ishme-Dagan d'Ekallatum qui a Ă©galement des vues sur la rĂ©gion. Les autres rĂ©gions oĂč Zimri-Lim Ă©tend son influence et qui sont documentĂ©es par les lettres sont le pays de Zalmaqum au nord-ouest (autour de Harran), et son voisin occidental le Yapturum dont la principale citĂ© est Talhayum[278] - [279].

Ainsi dans la lettre suivante les Anciens (institution importante dans les pays au nord de Mari) de la ville de Talhayum rapportent Ă  Zimri-Lim les circonstances de l'assassinat de leur roi, et demandent au grand roi d'intervenir en tant que suzerain et protecteur, en invoquant les serments par les dieux qu'il a prĂȘtĂ© en ce sens[280] :

« Dis à notre Seigneur : ainsi parlent les Anciens de Talhayum.
Ta ville Talhayum ! Ils ont fait une brĂšche dans la ville et, de nuit, la ville, alors qu’il y avait pacte de non-agression, une ville tienne, on s’est rĂ©voltĂ© contre elle, on(!) l’a prise et on a tuĂ© notre Seigneur !
Maintenant, il ne faut pas que notre Seigneur se taise ! Il doit faire entrer Ă  l’intĂ©rieur de Talhayum 100 hommes d’élite, afin que la ville ne soit pas prise de peur et que, jusqu’à ce que notre Seigneur vienne dans le Haut-Pays, ils gardent la ville. La ville de Mari(!) est tienne ; cette ville-ci est ville tienne ! De mĂȘme que tu as fait entrer une troupe Ă  Nahur, maintenant, fais(-en) rentrer (une) Ă  l’intĂ©rieur de Talhayum. (...)
Autre chose : ils sont entrĂ©s par le moyen d’une brĂšche et ils se sont emparĂ©s du palais. Afin de leur faire Ă©vacuer le palais, au lever du soleil, les hommes des collines se sont levĂ©s et nous avons fait chevaucher notre Seigneur sur une troupe de 500 hommes. Maintenant, notre Seigneur est certainement content ! Autre chose : lors du serment par le dieu du pays, (celui du) Zalmaqum et (celui de) l’Ida-MaraáčŁ, notre Seigneur a tenu ces propos : « C’est ma ville ! La ville qui entreprendra des hostilitĂ©s (Ă  son encontre), (sera) mon ennemie ! » Maintenant, notre Seigneur doit envoyer le message suivant aux gens de Luhaya : « Vous saviez bien que Talhayum est ma ville ! Pourquoi donc alors qu’il y avait pacte de non-agression, vous ĂȘtes-vous rĂ©voltĂ©s ? »
Notre Seigneur ne doit pas se taire concernant cette affaire ![281] »

Zimri-Lim tente de consolider son emprise sur ces rĂ©gions par l'implantation de garnisons, et de reprĂ©sentants permanents, ou en mission[282]. Il conclut Ă©galement des accords diplomatiques et alliances matrimoniales avec plusieurs de ses vassaux (voir plus bas). Le lien entre Zimri-Lim et ses vassaux se manifeste aussi par leurs visites Ă  Mari, notamment au dĂ©but de leur rĂšgne : ils viennent pour faire reconnaĂźtre leur lĂ©gitimitĂ© par le grand roi local, afin de consolider leur position face aux autres petits rois voisins. Ces voyages sont aussi motivĂ©s par la volontĂ© de venir rendre hommage au grand dieu Dagan Ă  Terqa. Le roi de Mari peut Ă©galement les sommer Ă  paraĂźtre Ă  la cour. Les vassaux doivent en particulier venir assister Ă  la grande fĂȘte de la dĂ©esse Eshtar de Der[283].

NĂ©anmoins le roi de Mari est loin d'avoir la partie facile. Au dĂ©but de son rĂšgne, quand son pouvoir est encore rĂ©cent, il est plus un primus inter pares qu'un suzerain Ă  proprement parler[284]. Par la suite, au sortir de ses premiers succĂšs militaires, sa position dominante plus nette, il intronise rĂ©guliĂšrement des rois, et dans le pays d'Ida-maraáčŁ, il fait d'un roi local, Haya-sumu d'Ilan-sura, son relais, crĂ©ant un systĂšme hiĂ©rarchique Ă  trois niveaux, de courte durĂ©e[285]. Cela ne suffit pas Ă  stabiliser la rĂ©gion qui est marquĂ© par des nombreux conflits entre la myriade de roitelets qui se la partagent, rĂ©veillĂ©s par les conflits de plus grande ampleur contre Eshnunna puis contre l'Elam, qui crĂ©ent des secousses gĂ©nĂ©ralisĂ©es. Certains des « petits rois » de la DjĂ©zireh n'hĂ©sitent pas Ă  dĂ©fier son autoritĂ© si elle va Ă  l'encontre de leurs intĂ©rĂȘts, quitte Ă  chercher l'appui d'un autre grand roi. Cela explique pourquoi il doit rĂ©guliĂšrement prendre la route du nord durant son rĂšgne pour rĂ©affirmer militairement son pouvoir[286].

L'instabilitĂ© et l'atmosphĂšre de suspicion envers les vassaux ressort par exemple de cette lettre d'Aqba-Hammu de Karana, dans la rĂ©gion troublĂ©e du Sud-Sinjar oĂč Ishme-Dagan d'Ekallatum est actif, le poussant Ă  proclamer avec beaucoup d'emphase sa loyautĂ© envers Zimri-Lim :

« Lorsqu’Ishme-Dagan n’avait de cesse d’envahir le cƓur du pays, il y eut quelqu’un dont le grenier avait Ă©tĂ© pillĂ©, un autre dont le bien avait Ă©tĂ© pillĂ©, un troisiĂšme dont (la rĂ©serve) d’huile prĂ©cieuse avait Ă©tĂ© touchĂ©e. Dans sa colĂšre, la population avait l’habitude de tenir des propos dĂ©sobligeants comme bon lui semblait. Si la population prend l’habitude de tenir des propos dĂ©sobligeants Ă  sa guise, nous, allons-nous marcher sur l’ordre de la population ? Ne fermerons-nous pas (plutĂŽt) la bouche de la population comme un sac de cuir ?
La tablette que mon seigneur m’a fait porter, c’est mon arrĂȘt de mort que mon seigneur m’a Ă©crit ! À l’exception de mon seigneur Zi[mri-Lim], je n’ai pas d’autre seigneur ! Si jamais mon seigneur l’ordon[nait], je dĂ©placerais ma maison et partirais chez mon seigneur.
(...)
Et puisque le pays a ce dĂ©sir, je veux faire un co[up] Ă  l’encontre d’Ekallatum ! Que mon seigneur fasse rapidement tout (le nĂ©cessaire) pour dĂ©truire Ekallatum. Que l’affaire soit rĂ©glĂ©e dans les pays ! À prĂ©sent, en ce qui me concerne, si jamais [on peut] appor[ter] une quelconque preuve contre moi Ă  mon seigneur, qu’on me scie par le milieu avec une scie ! OĂč (et) de qui est-ce que mon seigneur pourra me rĂ©clamer ? Auparavant, lorsqu’on m’avait diffamĂ© devant mon seigneur, est-ce que mon seigneur ne les a pas vus par la suite ? À prĂ©sent, un jour il finira par voir mes calomniateur(s) et diffamateur(s). (Et) ce jour-lĂ , qui pourra ĂȘtre mon adversaire devant mon seigneur ? Je suis un [vĂ©ritable] serviteur de mon seigneur. PuissĂ©-je ne pas perdre l’estime de mon seigneur ![287] »

Des domaines hors du royaume

Le site archéologique de Tell Açana (Turquie), l'antique Alahtum/Alalah.

La documentation de Mari fournit Ă©galement un cas atypique dans l'autoritĂ© d'un roi de la Syrie antique : la possession par Zimri-Lim de domaines situĂ©s en dehors de son royaume, Ă  savoir dans la mouvance du royaume d'Alep/Yamhad. Cela est peut-ĂȘtre la consĂ©quence de ses annĂ©es d'exil dans ces rĂ©gions, oĂč il a constituĂ© un premier domaine Ă  titre privĂ©, dans le lieu appelĂ© Narrazik, dont il aurait gardĂ© la propriĂ©tĂ© aprĂšs sa prise de pouvoir Ă  Mari. Il possĂšde Ă©galement la ville de Tawarambi. Mais le seul exemple bien documentĂ© est celui d'Alahtum (connue par la suite sous le nom d'Alalah, site actuel Tell Açana), dans la vallĂ©e de l'Oronte. Zimri-Lim en fait l'acquisition durant la onziĂšme annĂ©e de son rĂšgne, avec ses dĂ©pendants, avec l'accord du roi local. L'intĂ©rĂȘt d'une telle possession pour Zimri-Lim est au moins Ă©conomique : ce domaine, potentiellement riche mais apparemment en ruines au moment de l'acquisition, peut lui fournir diverses productions, notamment celles issues de cultures mĂ©diterranĂ©ennes, l'olivier et la vigne, qui ne poussent pas ou pas bien Ă  Mari et ont une grande valeur Ă  cette Ă©poque. Ce domaine est surtout documentĂ© parce qu'il provoque un litige avec la reine-mĂšre du Yamhad, Gashera, qui y avait des possessions et qui se dĂ©clare lĂ©sĂ©e, impliquant le roi Hammurabi d'Alep, nouvellement intronisĂ©, dans l'affaire[288]. Une longue lettre de Nur-Sin, serviteur de Zimri-Lim prĂ©sent Ă  Alep, Ă©voque le litige :

« Dis à mon Seigneur : ainsi (parle) Nur-Sin, ton serviteur.
Hammu-rabi avait donnĂ© Ă  mon Seigneur la ville d’Alahtum. Lorsqu’il avait donnĂ© cette ville Ă  mon Seigneur, Yasmah-Addu, serviteur de Hammu-rabi qui a plusieurs fois servi de messager vers mon Seigneur, mon seigneur Hammu-rabi l’a envoyĂ© avec le chef de musique Ă  Alahtum. Il a rassemblĂ© les natifs d’Alahtum et Yasmah-Addu a rĂ©pĂ©tĂ© les instructions de son seigneur. Voici ce qu’il leur a dit : « Mon seigneur Hammu-rabi a donnĂ© Ă  mon Seigneur Zimri-Lim la ville d’Alahtum, ses champs, ses vignobles, l’oliveraie, depuis les limites (municipales) d’Alahtum. D’Alahtum sortiront hauts dignitaires, habitants, supplĂ©tifs et quoi que ce soit qui dĂ©tienne un champ Ă  Alahtum et le mette en culture. Quant Ă  vous, envoyez Ă (!) vos frĂšres qui s’en sont allĂ©s vers une autre ville ! Ramenez Ă  Alahtum vos frĂšres qui se sont expatriĂ©s ! »
VoilĂ  ce que Yasmah-Addu a dit aux natifs de la ville en prĂ©sence du chef de musique. Dix jours, le chef de musique et Yasmah-Addu ont sĂ©journĂ© Ă  Alahtum. Ils ont fait l’arpentage des champs ; ils ont reconnu la limite du terroir ; ils ont comptĂ© (les pieds d’)oliviers ; ils ont dĂ©crit le vignoble ; en outre ils ont passĂ© en revue (chaque) patrimoine.
Lorsque Yasmah-Addu, par l’intermĂ©diaire du chef de musique, eut passĂ© en revue ville, patrimoines, champs Ă  grain, champs Ă  vigne et olivette, qu’il eut dit en outre : « De ce jour, nul ne s’approchera du terroir d’Alahtum », Ă  ce moment-lĂ , GaĆĄera n’a pas Ă©crit au chef de musique Ă  propos des champs de ses serfs, de son vignoble Ă  elle ou de son miel Ă  elle. (...)
Une fois que le chef de musique s’en fut allĂ©, GaĆĄera s’est plaint de moi Ă  propos du champ que j’avais couvert de semence. GaĆĄera est entrĂ©e chez le roi et le roi a « laissĂ© aller » pour elle son champ. DĂšs lors, on lui a (re)donnĂ© le champ que j’avais ensemencĂ©. Depuis qu’on a (re)pris le champ, on m’a en outre accusĂ© en ces termes : « Tu as rassemblĂ© les natifs de la ville et tu as dit ceci : ”Mon Seigneur a pesĂ© l’argent et a achetĂ© la ville d’Alahtum !” VoilĂ  ce que tu as dit aux citoyens de la ville. »
On m’a tenu ce discours-lĂ  et j’ai rĂ©pandu de la poussiĂšre sur ma tĂȘte, disant : « Que les citoyens de la ville Ă  qui j’a(ura)i(s) tenu ce discours, m’(en) convainquent par devant Addu et que mon seigneur Hammu-rabi, sans (mĂȘme) l’aveu de mon Seigneur, m’en confisque le double ! Que quelqu’un d’autre inspecte ce que je dĂ©tiens. Prenez donc (ces) champs ! Pourquoi me dĂ©nigrez-vous ? » VoilĂ  le discours que j’ai tenu au roi. Ils ont laissĂ© passer une journĂ©e et le lendemain, áčŹab-balaáč­i s’est approchĂ©. J’ai dit : « C’est une grande affaire qui m’est arrivĂ©e ! Il faut qu’on m’en convainque ! » Il m’a rĂ©pondu : « Le roi n’a fait que rire ! Pourquoi as-tu pris cette affaire au sĂ©rieux ? Il est vraisemblable qu’on va donner la moitiĂ© de la ville Ă  mon seigneur (Zimri-Lim). Écris-(le) Ă  ton Seigneur ! »
VoilĂ  le discours que m’a tenu áčŹab-balaáč­i. Derechef, le surlendemain, je me suis mis en quĂȘte de tĂ©moins pour l’affaire et les amĂšne Ă  áčŹab-balaáč­i. Il en revint Ă  son discours et me parla de mĂȘme. Je me suis mis en quĂȘte de tĂ©moins pour l’affaire.
Que mon Seigneur se motive et fasse en sorte que tout le monde soit éloigné du sein de cette ville. En ce jour, la ville que mon Seigneur a achetée, on me la conteste[289]. »

L'affaire est finalement réglée, Zimri-Lim conserve le domaine, mais il ne parvient pas à le faire exempter de ses obligations fiscales et militaires envers le souverain du Yamhad. Il a donc un statut de propriétaire privé « normal » dans ce royaume et le roi d'Alep préserve son pouvoir de mobilisation sur les terres et les hommes d'Alahtum.

Les modalités de contrÎle et leurs limites

Pour exercer ces diffĂ©rentes formes d'autoritĂ©, Zimri-Lim s'appuie en premier lieu sur la circulation des informations : il attend de ses divers subordonnĂ©s qu'ils le tiennent au courant de ce qui se produit dans ses multiples domaines d'intĂ©rĂȘt. Leurs lettres documentent donc cette remontĂ©e de l'information. Les textes parlent notamment de « rapport complet » (áč­ĂȘmum gamrum), quand la fiabilitĂ© de l'information a Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©e. D'autres fois ce sont des informations moins complĂštes, voire des rumeurs, qui sont rapportĂ©es[290] - [291].

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yasim-El, ton serviteur.
Tarhiya a exposĂ© ses griefs devant moi en ces termes : « Moi, est-ce de mon plein grĂ© que je suis retenu Ă  Andarig ? N’est-ce pas mon Seigneur qui m’a offert Ă  Atamrum (roi d'Andarig) ? Or, lorsque mon Seigneur m’a donnĂ© Ă  Atamrum, j’ai parlĂ© ainsi Ă  mon Seigneur : « Mon Seigneur doit installer un hazzannum (reprĂ©sentant du roi de Mari) » ; et mon Seigneur m’a rĂ©pondu : « Quelle sorte de hazzannum ai-je Ă  installer ? C’est toi qui es le hazzannum ».
Maintenant, autour de moi, j’entends dire que Yamama, c’est Ă  un autre qu’on va la donner. Quelle faute ai-je donc commise contre mon Seigneur pour que la servante que mon Seigneur m’avait donnĂ©e, ce soit Ă  un autre que mon Seigneur s’apprĂȘte Ă  la donner ? »
VoilĂ  les griefs que cet homme a exposĂ©s devant moi. Maintenant, j’ai peur que tĂŽt ou tard cet homme ne dĂ©clare : « J’ai exposĂ© mes griefs devant Yasim-El, mais l’affaire dont je lui avais parlĂ©, il ne l’a pas transmise Ă  son Seigneur ».
Maintenant que j’ai Ă©crit Ă  mon Seigneur l’affaire des griefs de cet homme qu’il a exposĂ©s devant moi, que mon Seigneur agisse selon sa royautĂ© et sa grandeur[292]. »

Les lettres s'achÚvent souvent de la sorte : « Moi, j'ai écrit à mon seigneur en fonction de mon état de serviteur. Que mon seigneur agisse en fonction de son état de roi ». Il est donc attendu qu'une fois informé le roi délibÚre, aprÚs avoir réfléchi (ƥītulum), en sa qualité de souverain. Il est assisté dans la prise de décision, notamment par son « Conseil », auquel il admettait qui il voulait selon son bon vouloir, servant à discuter des décisions les plus importantes, et à recevoir les résultats des consultations oraculaires. Cet organe était appelé piriƥtum, « secret », ce qui indique que les informations qui y sont données et les décisions qui y sont prises ne doivent pas s'éventer[293]. Mais cela arrivait, comme l'illustre la missive suivante, entre deux grands serviteurs du roi, qui montre que Zimri-Lim s'était emporté en raison de telles « fuites » :

« Dis à Ơu-nuhra-Halu : ainsi parle Ibal-pi-El, ton ami.
Toi, tu sais bien qu’à deux reprises notre Seigneur nous a fait des reproches, au cours d’un conseil oĂč nous Ă©tions, disant : « Pourquoi donc s’ébruite un propos confidentiel que je vous tiens ? » VoilĂ  les reproches que nous a faits notre Seigneur. Aujourd’hui, ces paroles me font peur. Je ne porte Ă  la connaissance d’aucun de ses serviteurs les tablettes de mon Seigneur qui m’arrivent.
Or, naguĂšre dĂ©jĂ , j’ai envoyĂ© un message Ă  ce sujet, Ă  mon Seigneur, lui disant : « Il faudrait que mon Seigneur me fasse recopier sur une tablette (les noms de) tous les individus Ă  la connaissance de qui porter les tablettes de mon Seigneur et qu’il me la fasse tenir afin que je puisse exĂ©cuter les messages de mon Seigneur. »
VoilĂ  le message que j’avais envoyĂ© Ă  mon Seigneur. Or il ne m’y a nullement rĂ©pondu. Aujourd’hui, il ne faudrait pas que, si je porte Ă  la connaissance de quelqu’un une tablette de mon Seigneur et que les propos (en) soient divulguĂ©s, je ne m’en trouve mal ! Ou bien, qu’à ne pas (les) porter Ă  la connaissance des serviteurs de mon Seigneur, il n’en survienne un problĂšme et que mon Seigneur ne me dise : « Pourquoi donc n’as-tu pas informĂ© mes serviteurs et ne vous ĂȘtes-vous pas entretenus de l’affaire que je t’ai Ă©crite ? »
Je redoute pour moi les deux possibilitĂ©s. À l’heure actuelle, si tu es vraiment mon ami, attire l’attention du roi (sur mes propos) ; fais-moi recopier sur un document (les noms de) tous les individus que je dois mettre au courant des tablettes de mon Seigneur et fais-la-moi porter.
PuissĂ©-je constater en l’occurrence ta confraternitĂ© et ton amitiĂ© ![294] »

Cela explique les prĂ©cautions prises pour la lecture des lettres royales : les porteurs de messages n'ont en gĂ©nĂ©ral pas accĂšs au roi (sauf dans le cas de la correspondance diplomatique), le secrĂ©taire du roi Shu-nuhra-Halu se charge de les rĂ©ceptionner et de les lire au roi (on ne sait pas si Zimri-Lim savait lire ou non), puis de les archiver. Cette position-clĂ© dans la transmission de l'information lui confĂšre un rĂŽle trĂšs important, et fait aussi peser des suspicions sur lui puis qu'il lui arrive d'ĂȘtre accusĂ© d'occulter des informations au monarque. Il Ă©tait du reste courant qu'une lettre Ă  l'attention du secrĂ©taire double celle adressĂ©e au roi, de façon Ă  rĂ©sumer son contenu pour qu'il sache sur quel point attirer l'attention du roi[295].

Une fois que le roi a tranchĂ©, il donne des instructions plus ou moins dĂ©taillĂ©es, parfois sous forme solennelle, des sortes de dĂ©crets ou Ă©dits (ĆĄipáč­um). Ces dĂ©cisions sont souvent contraignantes, et vont jusqu'Ă  de vĂ©ritables sommations accompagnĂ©es de menaces quand un premier ordre n'a pas Ă©tĂ© respectĂ©. Ces dĂ©crets peuvent aussi ĂȘtre des engagements qu'il prend envers certains de ces sujets[296] - [291]. Ils sont parfois citĂ©s dans des lettres, comme celui-ci :

« Lorsque mon Seigneur s’est mis en route, voici l’édit qu’il dĂ©livra aux particuliers : « L’expĂ©dition que je dois faire ne va pas durer longtemps. Celle que vous ferez sera une opĂ©ration de renfort, reprĂ©sentant dix jours dans le mois. Jusqu’à votre retour, ni administrateur ni huissier ne pratiqueront d’assignations Ă  l’encontre de vos maisonnĂ©es. » VoilĂ  l’édit que mon Seigneur avait rendu[297]. »

Il est courant qu'il y ait des oppositions ou du moins des rĂ©sistances Ă  des ordres royaux. D'ailleurs les subordonnĂ©s du roi ne lui cachent pas forcĂ©ment, puisqu'ils l'informent parfois qu'une de ses dĂ©cisions risquerait de ne pas ĂȘtre bien reçue, notamment quand il s'agit de rĂ©quisition de ressources, de corvĂ©es ou de mobilisations militaires[293].

Les mobilisations de travailleurs et soldats posent en particulier des difficultés en pays Benjaminite, traditionnellement résistant à l'autorité de Zimri-Limn qui ne fournissent souvent que la moitié de ce qui leur est demandé[298] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Kibri-Dagan, ton serviteur.
J’ai rassemblĂ© la troupe des travailleurs du district et les habitants de Terqa pour travailler sur le canal de Mari. Sur la troupe des diffĂ©rentes villes benjaminites, la moitiĂ© n’en est pas venue : la ville Ă  qui on avait fixĂ© environ 50 travailleurs n’en a donnĂ© que 25 et celle Ă  qui on en avait fixĂ© 30 n’en a donnĂ© que 15.
Alors, j’ai criĂ© au scandale et fait mon rapport Ă  mon Seigneur. Il faut qu’il se fĂąche et que l’on Ă©crive aux scheichs pour qu’ils rassemblent leurs troupes[299]. »

Les relations intertribales complexes, les stratĂ©gies d'Ă©vitement de certains groupes (qui impliquent Ă©galement la fuite individuelle) semblent expliquer des attitudes prudentes vis-Ă -vis de certains district, comme celui de Terqa, peuplĂ© par de nombreux Benjaminites, oĂč la mobilisation paraĂźt moins exigeante qu'ailleurs[300].

Assurément, quand on sort du territoire du royaume mariote à proprement parler, l'autorité de Zimri-Lim s'amoindrit. Tuttul est un premier cas particulier, puisqu'étant donné qu'elle est placée sous administration indirecte, elle a une marge d'autonomie assez large, qui lui permet parfois de refuser purement et simplement un ordre de Zimri-Lim[301]. Pour traiter avec les rois vassaux, Zimri-Lim doit également user de la discussion, et ceux-ci ont d'autres relations à gérer dans leur environnement immédiat, ce qui est susceptible de faire passer le roi de Mari au second plan[302].

Zimri-Lim recours au serment afin de raffermir son autoritĂ© politique, sur ses serviteurs, ses vassaux et plus gĂ©nĂ©ralement ses sujets[303] - [304]. Cela est surtout documentĂ© pour les serviteurs palatins et dans lors des accords diplomatiques, mais cela peut concerner des pans plus importants de la population du royaume. Des listes enregistrent les personnes qui prĂȘtent serment, et des textes de protocoles de serment sont connus pour certains serviteurs du roi (notamment les devins, la population du palais, un gouverneur). Deux grands moments de prestations de serments ont Ă©tĂ© identifiĂ©s, consĂ©cutifs Ă  des crises politiques : dans sa deuxiĂšme annĂ©e de rĂšgne, durant le mois de Hubur (vi) pour des membres de l'administration ; durant sa dixiĂšme annĂ©e de rĂšgne, apparemment pour l'ensemble de la population des districts centraux du royaume. La personne jure au nom d'une divinitĂ©, devant ses symboles lors d'une cĂ©rĂ©monie solennelle, avec la crainte d'une punition divine en cas de rupture du serment, ce qui n'empĂȘche pas de constater de nombreux parjures. Ces serments portent avant tout sur une fidĂ©litĂ© personnelle au roi, avec lĂ  encore une insistance sur le devoir d'information et de dĂ©lation de la part des serviteurs, avec pour revers le secret sur les sujets sensibles[305].

D'une maniÚre générale la période du rÚgne de Zimri-Lim porte le poids des troubles passés : les changements dynastiques à Mari, les rivalités, vendettas et guerres tribales, les conflits endémiques à l'échelle locale sur lesquels se surimposent des guerres entre grandes puissances, les migrations de masse, en plus de disettes et d'épidémies, tout cela a entraßné une grande instabilité. Le pouvoir semble avoir cherché à y répondre par une forme de raidissement autoritaire, visant à une remise en ordre du royaume et des régions situées dans sa mouvance, quitte à employer des méthodes brutales et expéditives[306].

Le roi et la justice

L'déal du roi juste

Dans l'idĂ©ologie traditionnelle syro-mĂ©sopotamienne antique, le roi est le garant de la justice, et plus largement du maintien de l'ordre et de l'Ă©quitĂ© dans son royaume. Elle surtout attestĂ©e Ă  cette pĂ©riode par le Code de Hammurabi, qui n'a pas d'Ă©quivalent connu Ă  Mari, mais les prophĂ©ties rapportĂ©es dans les textes de ce royaume rappellent au roi qu'il est tenu de s'y conformer. Cela ne veut pas dire qu'il est Ă  proprement parler un juge, puisqu'il n'intervient directement que dans un nombre limitĂ© de situations, Ă  savoir les affaires oĂč il faut prononcer la peine de mort, et quand la situation Ă©conomique est tellement dĂ©gradĂ©e que la stabilitĂ© du royaume est en pĂ©ril et que le roi se doit de procĂ©der Ă  un « redressement » (mÄ«ĆĄarum) pour rĂ©tablir l'Ă©quitĂ©[307].

Pour ce second cas, le roi proclame des mesures de « retour au statut antĂ©rieur » (andurārum) : une personne tombĂ©e en esclavage pour dettes reprend son statut d'origine, d'homme libre, les dettes non remboursĂ©es sont annulĂ©es, les biens cĂ©dĂ©s pour rĂ©gler des dettes sont restituĂ©s Ă  leur propriĂ©taire d'origine. Zimri-Lim n'a apparemment pas eu Ă  prononcer de telle mesure pour faire face Ă  des difficultĂ©s Ă©conomiques, en revanche il l'a fait aprĂšs son avĂšnement, suivant une pratique rĂ©pandue Ă  cette pĂ©riode. Cette action fut jugĂ©e suffisamment importante pour qu'elle soit digne de donner son nom Ă  l'annĂ©e suivante (ZL 2) : « annĂ©e oĂč Zimri-Lim “redressa” les Bords-de-l'Euphrate »[308].

L'exercice de la justice royale

En pratique l'exercice de la justice est laissĂ© aux autoritĂ©s locales, notamment aux gouverneurs (il n'y a apparemment pas de juges professionnels comme il s'en trouve en Babylonie), mais beaucoup d'affaires semblent se rĂ©gler selon la coutume[307]. De plus les textes Ă©voquent des pratiques de droit du sang et de la vengeance privĂ©e (loi du talion) visant Ă  restaurer l'honneur d'un groupe lĂ©sĂ© (niqmum), qui sont courantes Ă  cette pĂ©riode dans les rĂ©gions du Khabur et du Sinjar (Ida-maraáčŁ et Shubartum), souvent avec l'aval des autoritĂ©s, mĂȘme si ces vendettas rentrent en conflit avec la volontĂ© d'affirmation de la puissance royale[309]. En effet en principe seul le roi a le droit de vie et de mort sur ses sujets, et c'est pour cette raison qu'il ne rend lui-mĂȘme la justice que dans les affaires pour lesquelles il faut prononcer la peine capitale. Une lettre montre ainsi que le roi est sollicitĂ© pour donner son aval Ă  l'exĂ©cution d'un esclave fugitif, que son maĂźtre souhaitait exĂ©cuter lui-mĂȘme et exposer en public[310] :

« Dis à mon seigneur: ainsi (parle) Ibal-pi-El, ton serviteur.
Un serviteur de HardĂ»m le BĂ©douin accompagnait deux servantes, des “amies” Ă  lui (Hardum) et il s'est enfui au Ć ubartum. Il (Hardum) l'a rejoint et l'a saisi dans le Ć ubartum. Dans sa colĂšre, il a crevĂ© les yeux de son serviteur. Il est venu me trouver et il m'a parlĂ© ainsi: « Je veux tuer cet homme, qu'il soit placĂ© sur un pal et que (chacun) par la suite apprenne par son exemple ». VoilĂ  ce qu'il m'a dit et moi, je lui ai rĂ©pondu ceci: « Sans (l'avis de) mon seigneur (le roi), tu ne peux rien faire. Je vais Ă©crire Ă  mon seigneur et je ferai tout ce que mon seigneur dira ». VoilĂ  ce que je lui ai rĂ©pondu. Que mon seigneur m'Ă©crive ce qu'il doit en ĂȘtre[311]. »

Mais dans une lettre, le reprĂ©sentant de Zimri-Lim Ă  Mari, Lanasum, rapporte au roi qu'il a interceptĂ© une bande de pillards de la tribu des YahurĂ©ens, avec un groupe de 30 hommes que lui a donnĂ©s l'assemblĂ©e locale. Au lieu de conduire les voleurs au roi, il les fait Ă©trangler sur place et dĂ©dommage les marchands qu'ils ont pillĂ©s. Il s'agit donc d'un cas d'exĂ©cution sommaire, devant un flagrant dĂ©lit, avec un aspect manifestement exemplaire dans une zone oĂč ce type d'incident doit ĂȘtre monnaie courante[312].

Un autre exemple d'exercice de la justice royale, avec une coloration extrĂȘmement cynique bien Ă©loignĂ©e du principe d'Ă©quitĂ©, se retrouve dans deux lettres du gouverneur de Saggaratum qui permettent de suivre le dĂ©roulement d'une affaire glaçante, sans toutefois avoir son dĂ©nouement. Deux marchands de vin ou d'huile venus du pays de Zalmaqum, des Benjaminites, ont portĂ© plainte pour un vol subi sur le territoire de la province, et donnĂ© le nom des coupables afin que justice soit faite. Or ces derniers sont des Bensim'alites qui ont des liens tribaux avec le pouvoir, qui dans ce genre de cas (non isolĂ© dans la documentation) est partagĂ© entre la solidaritĂ© Ă  laquelle il est tenue envers les membres de sa tribu et la nĂ©cessitĂ© de maintien de l'ordre face aux attaques contre les gens en dĂ©placement, trĂšs courantes dans son royaume et souvent commises par des gens de sa propre tribu[313]. Contrairement au cas prĂ©cĂ©dent, le roi et le gouverneur n'ont aucune envie de rendre justice aux marchands qui se sont fait dĂ©rober, au nom de la raison d’État, manifestement de peur de raviver les tensions ethniques et parce que des Ă©missaires du Zalmaqum se trouvent alors Ă  la capitale, ce qui rend l'affaire encore plus sensible. Ils sont mĂȘme prĂȘts Ă  s'assurer Ă  tout prix qu'ils n'iront pas raconter leur histoire[314] - [315] :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton serviteur.
2 gens du Zalmaqum, de Nihriya, qui allaient vendre des jarres Ă  eux Ă  Saggaratum, se sont fait dĂ©rober. On me les a amenĂ©s, disant : « 4 bĂ©douins, Hala-kumu, Hara
 et YaáčŁrahum, les avaient dĂ©robĂ©s : ayant mis pour (les marchands) sur leurs nuques le systĂšme pour porter leurs jarres, ils Ă©taient arrivĂ©s Ă  Dunnum. Ils en sont (re)partis et ont fait entrer les (jarres) Ă  Bit Akkakka. Les ZalmaquĂ©ens qui avaient Ă©tĂ© dĂ©robĂ©s ont dĂ©fait le systĂšme de portage de leurs jarres et ils ont criĂ© Ă  l’injustice. » Abi-napsi, les ayant pris en charge, me les a conduits ici. On les a fait entrer en ma prĂ©sence. Or ils n’avaient pas obtenu ce qui leur avait Ă©tĂ© dĂ©robĂ©.
Aujourd’hui, vu que ces individus sont en rĂ©sidence Ă  Saggaratum, je me suis dit : « Il ne faudrait pas qu’ils instruisent (de leur infortune) chaque concitoyen Ă  eux qui arrivera ici, et ne les troublent. » Vu qu’il y a des messagers du Zalmaqum Ă  Mari, je n’ai pas fait aller ces gens chez mon Seigneur, mais Ă  l’ergastule de la Forteresse de Yahdun-Lim.
Mon Seigneur doit m’écrire ce qu’il en est de ces gens[316]. »

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu, ton serviteur.
Relativement aux 2 ZalmaquĂ©ens, il y a eu une lettre de mon Seigneur, disant : « Il ne faudrait pas que leur affaire s’ébruite et que les gens du Zalmaqum prennent en otages 2 BĂ©douins. Ces individus, il faut qu’on les vende chez les SutĂ©ens, loin, soit les Yahmamu, soit les Almutu, ou mĂȘme Ă  Yab (le dĂ©sert au sud de l'Euphrate), lĂ  oĂč on n’en entende plus parler, sans qu’ils puissent rejoindre leur pays. »
VoilĂ  ce que mon Seigneur m’a Ă©crit. Selon ce que mon Seigneur m’a Ă©crit

(Lacune.)
Il s’est Ă©criĂ© : « Quel scandale ! Leurs voleurs se sont enfuis ; qui vendra ces gens aux SutĂ©ens ? Est-ce moi-mĂȘme qui devrais le faire ? Il ne convient pas de vendre ces gens aux SutĂ©ens. Outre les SutĂ©ens, 
 »
(Texte lacunaire.)
Son affaire s’ébruitera. VoilĂ  donc qu’il ne faut pas vendre ces gens. Il faut (plutĂŽt) leur crever les yeux pour qu’ils fassent la moĂ»ture dans l’ergastule ou leur couper la langue Ă  tous les deux, afin que leur affaire ne puisse s’ébruiter.
J’ai Ă©crit Ă  mon Seigneur en fonction de mon devoir de serviteur. Il faudrait que mon Seigneur m’écrive ce qu’il doit en ĂȘtre[317]. »

Se retrouvent donc réunis là différents éléments déstabilisateurs que semble redouter le pouvoir de Mari à cette époque (tensions intertribales, risques de rÚglements de comptes privés). Il choisit de les régler de façon autoritaire et secrÚte afin de ne pas entraver sa recherche de mise en ordre du royaume[306].

L'ordalie

L'Euphrate Ă  Hit de nos jours.

Zimri-Lim peut Ă©galement ĂȘtre saisi de litiges qui doivent ĂȘtre tranchĂ©s par l'ordalie[318] - [319]. La ville de Hit, situĂ©e sur l'Euphrate, qu'il domine conjointement avec Hammurabi de Babylone, est en effet un grand lieu de culte du dieu-fleuve, Ă  qui on recourt quand les humains n'ont pas Ă©tĂ© en mesure de dĂ©signer un coupable faute de preuves. Le dieu, qui connaĂźt la vĂ©ritĂ© inaccessible aux mortels, est donc amenĂ© Ă  rendre justice lors d'une ordalie : des personnes reprĂ©sentant un camp doivent passer une Ă©preuve, qui implique de plonger dans l'eau et peut entraĂźner des noyades, ceux qui la rĂ©ussissent Ă©tant considĂ©rĂ©s comme ceux Ă  qui le dieu donne raison. Plusieurs lettres documentent des cas d'ordalie, dont Zimri-Lim se tient informĂ©. Cette procĂ©dure exceptionnelle, qui mĂȘle l'exercice de la justice et la divination, n'intervient que dans des cas graves, comme des adultĂšres, des accusations de trahison ou de sorcellerie, des litiges sur des territoires. Une tablette indique que Zimri-Lim a ordonnĂ© Ă  deux rois de trancher un litige territorial par le recours Ă  l'ordalie[320], et dans une autre, oĂč l'Ă©preuve a eu lieu et une des parties se dĂ©siste aprĂšs la noyade d'une des participantes, et Zimri-Lim reçoit un rapport accompagnĂ© des gens qui se sont dĂ©sistĂ©s afin qu'il les interroge[321]. Hit est un site d'ordalie de stature « internationale », puisqu'une lettre indique que le roi de Karkemish, dans la partie nord du Moyen-Euphrate, envoie des hommes Ă  Zimri-Lim afin qu'ils se soumettent au jugement divin. La suite de la lettre montre que le roi se chargera ensuite de faire justice selon le verdict rendu par le dieu-fleuve :

« Dis à Zimri-Lim : ainsi (parle) Yatar-Ami, ton fils.
Or donc, ces deux hommes que j’ai envoyĂ©s avec Napsuna-Addu, on les a mentionnĂ©s en ces termes Ă  propos de cette affaire de la ville d’Irrid dont on a entendu (parler) : « Ils se sont entretenus avec Mebisa, le serviteur de BĂ»numa-Addu ; ils Ă©taient au courant de l’affaire. » Or voici que je viens de les faire conduire Ă  HĂźt, et on garde ici en prison leur accusateur. Ces hommes, qu’un de tes serviteurs de confiance les conduise Ă  HĂźt avec Napsuna-Addu. Si ces hommes sont saufs, je ferai brĂ»ler par le feu leur accusateur. Si les hommes meurent, ici, je donnerai leurs maisons (et) leurs gens Ă  leur accusateur. Il faut que mon pĂšre me rapporte leur affaire[322]. »

Armée et guerres

Le roi de guerre

Le roi de la tradition syro-mĂ©sopotamienne est un chef de guerre, et cela ressort de tous les types de documents informant sur l'idĂ©ologie royale de l'Ă©poque : les noms d'annĂ©es (par exemple la troisiĂšme, « AnnĂ©e oĂč Zimri-Lim a remportĂ© la victoire sur les Benjaminites »[111]) et inscriptions commĂ©moratives Ă©voquent ses victoires militaires, ses reprĂ©sentations le figurent souvent comme un roi guerrier abattant ses ennemis avec l'appui des dieux[323], et l’ÉpopĂ©e de Zimri-Lim donne une dimension Ă©pique Ă  ses triomphes[324]. Dans l'idĂ©ologie de l'Ă©poque, l'appui des dieux Ă©tait nĂ©cessaire Ă  la victoire, et Zimri-Lim sollicitait leur avis par des procĂ©dures divinatoires avant d'entreprendre une dĂ©cision en matiĂšre militaire[325]. Les lettres montrent plus gĂ©nĂ©ralement qu'il s'informe constamment sur l'Ă©volution des conflits, et se tient proche de ses troupes afin d'entretenir leur confiance et de les galvaniser[84]. Les plus hauts gradĂ©s de son armĂ©e figurent aussi souvent parmi les convives des banquets qu'ils organise[326]. À plusieurs reprises il prend lui-mĂȘme la direction de ses troupes, et il semble s'ĂȘtre passĂ© d'un gĂ©nĂ©ral en chef Ă  la diffĂ©rence des autres souverains de la pĂ©riode[327].

Un rÚgne marqué par l'omniprésence des conflits

La pĂ©riode amorrite est marquĂ©e par une grande division politique et de nombreux conflits entre États, au point que S. Richadson y voit la « pĂ©riode des Royaumes combattants » de la MĂ©sopotamie[328]. Les causes des conflits sont diverses. D. Charpin en a isolĂ© plusieurs : la recherche de gains territoriaux et peut-ĂȘtre plus encore du contrĂŽle sur les populations qui y vivent (les hommes Ă  contrĂŽler Ă©tant alors bien plus rares que les terres Ă  dominer), l'enrichissement (par le pillage, le contrĂŽle de ressources comme le sel et le bitume, ou de voies commerciales) et la gloire attachĂ©e aux victoires militaires[329]. De fait un Ă©tat d'esprit belliqueux semble animer la plupart des dirigeants de l'Ă©poque, l'idĂ©al guerrier est souvent mis en avant, d'autant plus que la guerre est vue comme une ordalie entre les adversaires, dans laquelle la victoire est considĂ©rĂ©e comme le signe de la bĂ©nĂ©diction divine[330] - [331].

L'engrenage dans lequel semblent prises les puissances de l'époque ressort d'une lettre d'un des généraux de Zimri-Lim, qui le met en garde sur les ambitions sans bornes d'Eshnunna, qui a pris la place de Samsi-Addu en tant que menace principale pour sa dynastie, et qu'il faut l'attaquer avant qu'elle n'attaque[332] :

« Dis à mon seigneur : ainsi (parle) ton serviteur Ibal-pi-El.
J’ai entendu dire que Yariha-Abum avait quittĂ© le sire d’EĆĄnunna. Mon seigneur sait que cette Maison est pleine de tromperies. Il est Ă  craindre qu’elle ne soit que ruse et duperie envers mon seigneur jusqu’à ce qu’elle prenne Andarig. Une fois qu’elle aura pris Andarig, elle se tournera vers Kurda ; ensuite, elle franchira le Sindjar et tout le pays du Ć ubartum lui criera : « Vive mon seigneur ! »
Cette Maison s’est mise Ă  faire en tous points comme Samsi-Addu. Elle ne cesse de fixer ses frontiĂšres : elle a pris Ekallatum, elle a installĂ© son camp contre Qaáč­áč­ara et Allahad et la ville qu’elle prendra, elle l’annexera. Cette Maison est pleine de tromperies.
Avant que le poids ne soit trop lourd pour le bras et que l’eau n’approche, marchons contre elle ! Les HanĂ©ens brĂ»lent de combattre et les rois de l’Ida-MaraáčŁ sont rĂ©unis avec leurs troupes et ils ont les yeux fixĂ©s sur mon seigneur. Les Scheichs se sont rĂ©unis et ils ont envoyĂ© chez mon seigneur Annitti-El et Hanzan.
Que mon seigneur interroge ses serviteurs et qu’il fasse route[333]. »

Dans une lettre de Zimri-Lim destinĂ©e au roi de Yamhad, il exprime son dĂ©pit devant cette sĂ©rie interminable de conflits : « À prĂ©sent, depuis les jours nombreux oĂč (je suis montĂ© sur mon trĂŽne, je livre combats et batailles et jamais je n’ai fait rentrer Ă  mon pays une rĂ©colte dans la paix[334]. » Son rĂšgne commence dans la guerre, ne semble connaĂźtre la paix que durant la pĂ©riode allant de sa sixiĂšme Ă  sa neuviĂšme annĂ©e, et prend fin par la guerre[330].

Recrutement et organisation militaire

Les armĂ©es de l'Ă©poque de Zimri-Lim comportaient peu de soldats de mĂ©tiers. Ceux-ci se trouvaient dans la garde personnelle des souverains. Pour mener des campagnes, il fallait donc lever des troupes. Pour cela le roi procĂ©dait Ă  des recensements (tēbibtum) qui permettaient de disposer de rĂŽles militaires indiquant les personnes mobilisables[335]. Ce type d'opĂ©ration est documentĂ©e par plusieurs tablettes[336], comme cette lettre qui montre que la tĂąche n'Ă©tait pas toujours aisĂ©e car il y avait de nombreuses rĂ©sistances et manƓuvres d'Ă©vitement, notamment chez les Benjaminites (ici ceux de la tribu des AmnanĂ©ens) :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yaqqim-Addu.
VoilĂ  que je fais porter chez mon Seigneur ma tablette nominative reprĂ©sentant le recensement que j’ai accompli. Je n’ai montrĂ© nulle complaisance envers les scheichs, les administrateurs et les Anciens du district et leur ai fait prĂȘter un serment solennel afin qu’ils donnent des soldats remplaçants pour Babylone. Dans le cas oĂč ils ne le feraient pas
.
(Lacune.) « 
 que j’aurai fait prendre, iront tous en renfort ! »
Je leur ai parlĂ© de façon pressante et ils ont inscrit ces gens. Étant donnĂ© que mon Seigneur avait donnĂ© comme mission Ă  Iddiyatum de recenser le quartier marchand, je n’ai pas procĂ©dĂ© au recensement de celui de mon district.
J’ai Ă©crit Ă  5 reprises Ă  leurs scheichs en vue du recensement des AmnanĂ©ens de Sahru, mais ils ne sont pas venus[337]. »

En tout l'armĂ©e de Mari pouvait compter sur au moins 4 500 hommes, plus des contingents levĂ©s parmi les nomades qui n'Ă©taient pas soumis au recensement, qui constituaient Ă©galement une troupe de plusieurs milliers d'hommes. À cela s'ajoutaient les contingents des alliĂ©s. Les troupes Ă©taient organisĂ©es en corps de 1 000 hommes dirigĂ©s par un gĂ©nĂ©ral, eux-mĂȘmes subdivisĂ©s en sections de 100 hommes dirigĂ©s par des chefs assistĂ©s par deux lieutenants. Les soldats sont majoritairement des fantassins, armĂ©s d'une lance, et aussi d'arcs. Les chars semblent jouer un rĂŽle secondaire, mais la cavalerie montĂ©e semble jouer un rĂŽle notable Ă  partir de cette pĂ©riode[338].

Le fonctionnement du commandement militaire du royaume est mal compris. Zimri-Lim est trĂšs impliquĂ© dans la direction de ses troupes, il participe Ă  plusieurs reprises aux campagnes militaires en personne, et peut ĂȘtre vu comme le commandant en chef de ses troupes. Il n'y a pas de gĂ©nĂ©ral en chef attestĂ© avec assurance Ă  Mari du temps de Zimri-Lim, alors qu'il s'en trouve dans d'autres royaumes Ă  la mĂȘme Ă©poque. Plusieurs personnages qui sont manifestement des militaires de carriĂšres occupent des positions importantes dans les affaires militaires, notamment Yasim-El et Ibal-pi-El (Ă  ne pas confondre avec le roi d'Eshnunna du mĂȘme nom) qui se voient confier le commandement de corps expĂ©ditionnaires. Les commandements militaires semblent octroyĂ©s en fonction des circonstances, et il se pourrait qu'il y ait eu une intention de ne pas concentrer trop de pouvoir aux mains d'un seul. Ces personnages et d'autres qui constituent l'encadrement de l'armĂ©e semblent former une sorte de caste militaire, qui est notamment marquĂ© par l'idĂ©al « bĂ©douin » qui valorise le mode de vie des combattants[339].

Zimri-Lim détache aussi une partie de ses troupes chez ses alliés, qui conservaient un commandement séparé[335]. Le cas le mieux connu et étudié est celui des troupes envoyées à Hammurabi de Babylone, dont la correspondance est une source essentielle pour connaßtre le rÚgne de ce souverain[340]. Le général dirigeant les troupes mariotes en Babylonie est le chef nomade Ibal-pi-El, secondé par Zimri-Addu avec lequel il finit par se fùcher, dans laquelle le premier accuse le second d'avoir fermé les yeux sur des actes de pillage non autorisés de ses troupes et de saper son autorité. Il demande son éviction, qu'il obtiendra[341] :

« J’ai chevauchĂ© Ă  leur poursuite et j’ai fait revenir la troupe sans son butin. Zimri-Addu Ă©tait parfaitement au courant que ces hommes avaient fait plusieurs actes de pillage mais il avait trĂšs peur de ce que dirait l’armĂ©e. Mon Seigneur sait bien qu’un seul homme peut retourner le discours de la majoritĂ© !
À l’heure actuelle, mon Seigneur doit envoyer un message Ă  Zimri-Addu. Le confirme-t-il dans ses fonctions ou l’en dĂ©met-il ? Moi-mĂȘme, devrai-je laisser s’installer des intrigues palatiales comme (cela se passe) aujourd’hui ? Devrai-je en outre, lorsque je voudrais engager le combat, justifier ce qui relĂšve de mon expĂ©rience, les plans de combat ? Sinon, cet homme va faire tenir Ă  l’armĂ©e des propos sĂ©ditieux Ă  mon encontre et je n’aurai pas les moyens suffisants pour assurer la sĂ©curitĂ© nĂ©cessaire.
Je viens d’écrire Ă  mon Seigneur. Il en est informĂ© ! Cet individu me cause de grands tracas. Pour autant que j’ai pu le voir, l’armĂ©e a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© amenĂ©e Ă  tenir des discours sĂ©ditieux Ă  mon encontre[342]. »

Les campagnes militaires

La correspondance rapportant des opérations militaires du temps de Zimri-Lim est abondante[343]. Elle a permis d'étudier plusieurs aspects de la conduite de la guerre à l'époque amorrite.

Un point saillant est l'importance de l'information. Les lettres indiquent que le roi se tenait au courant de l'Ă©volution des fronts militaires, et qu'en particulier il cherchait Ă  en savoir le plus possible sur ses ennemis. Cela Ă©tait possible grĂące Ă  des informateurs, ou encore la capture d'ennemis, qui parlaient sous la torture si besoin[344] - [345].

Le fait que la guerre soit placĂ©e sous les auspices divines se traduit par le recours constant Ă  la divination dans la prise de dĂ©cision, des devins accompagnant les gĂ©nĂ©raux lors des campagnes[346] - [344] - [325]. La lettre suivante indique ainsi que Zimri-Lim, prenant la tĂȘte de ses troupes, devra attendre le « feu vert » du dieu Dagan avant de donner l'ordre de dĂ©part :

« Dis à mon Seigneur : Ainsi (parle) Bahdi-Lim, ton serviteur.
Relativement Ă  ce que m’a Ă©crit mon Seigneur, moi-mĂȘme avec Yasim-Sumu, Kibri-Dagan et Yaqqim-Addu, nous avons rĂ©flĂ©chi.
Notre rĂ©flexion (portait sur le fait que) « Si mon seigneur part, c’est avec l’armĂ©e lourdement Ă©quipĂ©e, les chariots et les bagages que mon Seigneur se dĂ©placera ; et si mon Seigneur se dĂ©place, ce (sera) bien quand mon Seigneur aura atteint l’armĂ©e, l’aura saluĂ©e et, ayant donnĂ© des instructions, aura envoyĂ© Ebba’um ; pour l’heure, l’armĂ©e, une journĂ©e, dort Ă  Saggaratum ; le lendemain, quittant Saggaratum, l’armĂ©e se mettra en route et passera la nuit au pont ; mon Seigneur doit faire tous sacrifices nĂ©cessaires devant Dagan afin que le dieu donne Ă  mon Seigneur de bons oracles ; Si le dieu rĂ©pond oui Ă  se mettre en route, mon Seigneur, lorsqu’il arrivera ici, ira avec l’armĂ©e lourdement Ă©quipĂ©e, les chariots et les bagages ».
VoilĂ  la rĂ©flexion que nous avons eue, Yasim-Sumu, Kibri-Dagan, Yaqqim-Addu et moi-mĂȘme (pour savoir) si mon Seigneur doit se mettre en route, atteindre l’armĂ©e, la saluer et, aprĂšs avoir donnĂ© des instructions, envoyer Ebba’um[347]. »

D'autre lettres documentent les questions de ravitaillement des troupes. Les problĂšmes de fournitures en farine et en biĂšre reviennent notamment Ă  plusieurs reprises. Les troupes alliĂ©es dĂ©tachĂ©es Ă  Mari doivent ĂȘtre bien traitĂ©es : le roi leur offre un banquet, puis il les entretient tant qu'elles restent sur place[348].

En revanche les informations sur les tactiques militaires sont limitĂ©es, peut-ĂȘtre parce que ce genre d'information ne se donnait pas par Ă©crit de peur que le document ne tombe dans les mauvaises mains. Les textes Ă©voquent nĂ©anmoins la pratique d'embuscades, de raids, et de batailles rangĂ©es. La poliorcĂ©tique joue Ă©galement un rĂŽle important car les principales villes sont fortifiĂ©es[349] - [350].

Déprédations et gratifications

Comme vu prĂ©cĂ©demment, la guerre doit aussi ĂȘtre une affaire lucrative, et la victoire s'achĂšve par du butin[351]. Les villes prises sont souvent mises Ă  sac, mĂȘme s'il arrivait qu'on en Ă©pargne afin de s'attacher la fidĂ©litĂ© de sa population. Trois grands moments du rĂšgne de Zimri-Lim ont donnĂ© lieu Ă  des pillages gĂ©nĂ©ralisĂ©s : la chute du Royaume de Haute-MĂ©sopotamie et sa montĂ©e sur le trĂŽne, la fin de la rĂ©volte des Benjaminites, et la campagne dans le Nord de sa douziĂšme annĂ©e de rĂšgne qui se traduit notamment par la prise d'Ashlakka. Dans plusieurs cas des conflits semblent se solder par de vĂ©ritables massacres, mais ce type d'acte reste peu documentĂ©. Le manque d'hommes incite en revanche Ă  la capture de prisonniers de guerre et Ă  leur dĂ©portation[352]. Le cas des captives de guerre est bien documentĂ©, en particulier les harems des rois vaincus, qui sont pris par le vainqueur. Des missives indiquent que Zimri-Lim se soucie de leur rĂ©partition, en se rĂ©servant la possibilitĂ© d'intĂ©grer les plus jolies dans son propre harem[353].

Le roi avait une part du butin qui lui Ă©tait rĂ©servĂ©e, mais il ne devait pas non plus oublier ceux qui l'avaient aidĂ© Ă  remporter la victoire, et leur octroyer une part du butin. Cela concernait d'abord les dieux, qui recevaient des prises de guerre en offrandes[354]. Une tablette administrative[355] Ă©voque ainsi le destin d'« une petite fille Kunzia, fille de Zazzanaya, butin de áčąidqanum, qui a Ă©tĂ© offerte pour (exercer) la tĂąche de meuniĂšre de Nawar[356] », donc l'offrande d'une jeune prisonniĂšre de guerre Ă  un sanctuaire de Nagar (Tell Brak) pour exercer une basse besogne. Les troupes avaient Ă©videmment droit Ă  leur part des prises de guerre, des lettres rapportant des disputes Ă  ce sujet. Le partage se faisait en fonction du rang : en premier lieu les gradĂ©s, ensuite la piĂ©taille. Les documents administratifs contiennent des listes du butin que le roi se rĂ©servait, notamment des listes de personnes qui viennent grossir les rangs des serviteurs du palais[357].

Relations diplomatiques

Les textes mis au jour à Mari permettent de reconstituer les pratiques diplomatiques de l'époque, qui sont également documentées par d'autres archives proches dans le temps (notamment celles de Tell Leilan, légÚrement postérieures au rÚgne de Zimri-Lim)[358].

Un roi de premier rang

Les relations diplomatiques sont alors rĂ©gies par une hiĂ©rarchie stricte : il existe des rois de premier rang et des rois de rang secondaire. Zimri-Lim fait partie des premiers, au mĂȘme titre que les rois de Babylone, du Yamhad (Alep), de Qatna, de Larsa, d'Eshnunna, et d'Élam (ce dernier Ă©tant mĂȘme apparemment encore un rang au-dessus des autres, au moins avant sa dĂ©faite). Dans le vocabulaire diplomatique de l'Ă©poque, ils se considĂšrent comme des « frĂšres ». En revanche les rois de rang secondaire sont leurs « fils », et ils doivent les considĂ©rer comme leurs « pĂšres »[359] - [360].

L'autoritĂ© du roi de Mari est cependant moins Ă©tablie que celle des autres grands rois, Ă  commencer par ses voisins d'Alep, d'Eshnunna et de Babylone. Au dĂ©but de son rĂšgne, Zimri-Lim lui-mĂȘme se prĂ©sente comme le « fils » de Yarim-Lim d'Alep (qui est Ă©galement son beau-pĂšre), d'Ibal-pi-El d'Eshnunna[361] et de Hammurabi de Babylone[362]. À la mĂȘme Ă©poque, certains rois du triangle du Khabur le considĂšrent comme leur « frĂšre » plutĂŽt que comme leur « pĂšre » ou « seigneur »[363]. Par la suite, notamment aprĂšs sa victoire contre Eshnunna, son statut de roi de premier rang est mieux Ă©tabli[361]. Le fils de Samsi-Addu et ennemi mortel de Zimri-Lim, Ishme-Dagan, rechigne cependant Ă  reconnaĂźtre son statut supĂ©rieur : ses reprĂ©sentants ont une altercation Ă  ce propos avec Hammurabi de Babylone, qui insiste pour qu'Ishme-Dagan Ă©crive Ă  Zimri-Lim en le dĂ©signant comme son pĂšre[364].

Messagers, audiences et présents

Les relations ordinaires entre les cours de l'Ă©poque passent par la circulation de messagers reprĂ©sentant le souverain qui les mandate Ă  la cour d'un autre roi (il n'y pas d'ambassadeurs permanents Ă  cette pĂ©riode), qui peuvent ĂȘtre chargĂ©s de porter les prĂ©sents que s'Ă©changent entre eux les rois[365], ou encore des nĂ©gociations entre les deux cours[366]. Les reprĂ©sentants du roi de Mari Ă  la cour de Babylone tiennent ainsi leur maĂźtre informĂ© des tractations qu'ils ont avec le roi babylonien pour son compte, mais ils servent aussi d'informateurs sur les activitĂ©s diplomatiques qu'ils observent Ă  la cour babylonienne et rapportent Ă  leur seigneur[367].

De nombreux textes du palais de Mari documentent de maniĂšre trĂšs brĂšve les arrivĂ©es de messagers Ă©trangers avec leur escorte, qu'il s'agisse de personnes venues dĂ©livrer un message Ă  Zimri-Lim, ou bien de passage Ă  Mari pour dĂ©livrer un message ailleurs sans rencontrer le roi, les usages diplomatiques de l'Ă©poque voulant qu'on les hĂ©berge[368]. Il y a bien une forme de « droit diplomatique » prĂ©servant les ambassadeurs Ă©trangers, mĂȘme en temps de guerre, quoi qu'il ne soit pas toujours respectĂ©. Ils circulent souvent accompagnĂ©s d'une escorte armĂ©e. Lorsqu'ils sont Ă  Mari, ils sont logĂ©s dans des bĂątiments spĂ©cifiques, qui semblent rĂ©quisitionnĂ©s pour l'occasion, et reçoivent des rations d'entretien qui comprennent de quoi les nourrir et les vĂȘtir, et aussi des prĂ©sents personnels. Le personnel diplomatique est traitĂ© de façon diverse : les messagers de royaumes importants et alliĂ©s reçoivent des rations plus importantes, et quand les ambassades sont importantes ceux qui les dirigent reçoivent plus d'Ă©gards que leur escorte[369]. Les questions de traitement des messagers Ă©trangers et d'Ă©tiquette gĂ©nĂšrent rĂ©guliĂšrement des protestations qui remontent jusqu'Ă  Zimri-Lim, comme ici avec des Ă©missaires Ă©lamites dont les motifs d'insatisfaction sont apparemment mal compris :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Yasim-Sumu, ton serviteur.
Suivant la lettre de mon Seigneur, j’ai fait porter aux Élamites la jarre de vin, les 2 moutons mĂąles de bonne qualitĂ© et la glace, que l’on m’a apportĂ©s de chez mon Seigneur.
En effet mon Seigneur m’avait Ă©crit ceci : « Les Élamites sont mĂ©contents en ce qui concerne leurs repas. Ils sont mĂ©contents Ă  propos de leurs repas (et aussi) Ă  propos des cadeaux qu’on leur a faits. Toi, ou quelqu’un de ton entourage pour toi, doit examiner ce qu’il en est ! »
J’ai envoyĂ© Yatar-Addu au sujet du bateau et des rations alimentaires. Ils ne sont mĂ©contents ni en ce qui concerne les cadeaux qu’on leur a faits, ni par rapport aux repas. Ils sont fĂąchĂ©s par rapport Ă  l’affaire du palais. Ils ont Ă©tĂ© intarissables Ă  ce propos auprĂšs de Yatar-Addu.
VoilĂ  que je viens d’expĂ©dier ce dernier ; il est porteur de tous dĂ©tails. Que mon Seigneur l’interroge ![370] »

Les représentants de rois de premier rang ont en principe un accÚs direct au roi, lors d'audiences qui sont en principe publiques, ce qui peut générer des situations inconfortables et des fuites d'informations. Une mission diplomatique porte un message, accompagné de présents. Elle ne peut repartir que si elle en reçoit l'autorisation, et se voit alors délivrer un présent venant en contrepartie de celui qu'elle a apporté et des présents personnels[369] :

« Dis à Mukanniƥum : ainsi parle ton Seigneur.
VoilĂ  que j’ai donnĂ© ses instructions Ă  Lipit-EĆĄtar, messager babylonien, et l’ai expĂ©diĂ©.
Donne-lui 1 habit, 1 anneau de 4 sicles d’argent et 1 plaquette estampĂ©e de 1 sicle d’argent[371]. »

Les accords diplomatiques

Les accords diplomatiques sont en effet monnaie courante dans le Moyen-Orient amorrite[372] - [373]. Il peut s'agir d'alliances Ă©tablies en vue d'un conflit futur, notamment celles Ă©tablies au moment du conflit contre les Élamites, ou bien d'alliances Ă©tablies pour mettre fin Ă  un conflit, comme l'accord conclu avec Eshnunna. Mais il peut aussi s'agir d'alliances conclues au moment oĂč un souverain Ă©tait intronisĂ©, car ces accords sont considĂ©rĂ©s comme personnels, et n'engagent pas les hĂ©ritiers des co-contractants[374].

Les tractations concernant l'accord diplomatique entre Zimri-Lim et Hammurabi de Babylone contre l'Élam et son roi Siwepalarhuhpak sont documentĂ©es par plusieurs tablettes[375]. Pendant un temps, le litige entre les deux royaumes au sujet de la domination de la ville de Hit fait obstacle, mais il est mis de cĂŽtĂ© de façon Ă  ne pas faire obstacle Ă  l'alliance. Ensuite interviennent des problĂ©matiques liĂ©es aux gestes et au moment de la prestation de serment. Une lettre indique ainsi que Hammurabi refuse de s'engager le 25 du mois, apparemment un jour jugĂ© nĂ©faste pour invoquer le nom du dieu-lune Sin, et prĂȘte serment trois jours plus tard devant son conseil :

« À notre seigneur dis ceci : ainsi (parlent) Abumekin et La’um, tes serviteurs.
Je suis arrivĂ© Ă  Babylone et j’ai exposĂ© toute l’affaire devant Hammurabi.
Je l’ai entrepris au sujet de l’engagement sur la vie, mais au sujet de Hit il a fait complĂštement obstacle. Il a cherchĂ© Ă  me faire quitter le sujet mais je n’y ai pas consenti, j’ai conduit l’affaire comme il convenait, j’ai pu faire face et j’ai fait jeu Ă©gal avec lui. (Le cas de) Hit reste Ă  juger.
Le 25, il ne s’est pas engagĂ© par serment sur sa vie en disant « Si Sin n’était pas 
 dans la tablette d’engagement sur la vie, c’est le 25 que je me serais engagĂ© sur ma vie mais Ă©tant donnĂ© que Sin 
 je ne m’engagerai pas sur ma vie le 25 et ton maĂźtre doit jurer de la mĂȘme façon. Qui, (dans ces conditions) accepterait de faire jurer ? » Le 27, j’ai versĂ© l’eau sur ses mains. Le 28, au cours de son conseil Hammurabi a jurĂ© par les dieux pour mon seigneur, que mon seigneur sache cela. AprĂšs (avoir envoyĂ©) cette tablette, je prendrai la tĂȘte des divinitĂ©s de mon seigneur, vers[
] je placerai devant [mon seigneur(?)][264]. »

Les textes de Mari ont permis de reconstituer les procĂ©dures conduisant Ă  la conclusion d'un accord diplomatique, qui diffĂšrent selon que les rois se rencontrent pour sceller l'alliance, ou bien s'ils le font Ă  distance en s'Ă©changeant des tablettes. Ces derniĂšres ne sont pas des traitĂ©s de paix Ă  proprement parler, plutĂŽt des protocoles de serments qui contiennent les dispositions principales de l'accord et les dieux invoquĂ©s en tant que garants de l'alliance. Ils sont rĂ©digĂ©s de façon unilatĂ©rale : chacun des partenaires envoie Ă  l'autre les engagements qu'il souhaite le voir prendre[376]. L'Ă©lĂ©ment le plus crucial est le rituel de prestation de serment, marquĂ© par une gestuelle prĂ©cise et un serment par les dieux, devant des symboles divins[377]. Quatre de ces tablettes contenant des engagements de rois envers Zimri-Lim ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es[378] : celle d'Ibal-pi-El d'Eshnunna Ă  la fin du conflit l'ayant opposĂ© Ă  Mari[379] ; celle de Hammurabi de Babylone au moment du conflit contre l'Élam[380] ; celle d'Atamrum d'Andarig lorsqu'il monte sur le trĂŽne[381] ; celle d'un roi du Sindjar (de Kurda ?), retrouvĂ©e en Ă©tant trĂšs fragmentaire[382].

Par exemple, celle concernant Atamrum, qui est dans une position de vassal par rapport à Zimri-Lim, concerne la loyauté du premier envers le second :

« Par Ć amaĆĄ du [Ciel], Atamrum fils de Warad-Sin, roi d’Andarig, a jurĂ© :
« (Je jure qu’)Ă  partir de ce jour, tant que je vivrai, contre Zimri-Lim fils de Yahdun-Lim, roi de Mari et du pays des BĂ©douins, (contre) sa [ville], son armĂ©e et son pays, je ne commettrai [pas] de mĂ©fait, [et qu’envers] Zimri-Lim fils de Yahdun-Lim, [roi de Mari et du pays des] BĂ©douins, [je ne pĂšcherai en aucune maniĂšre(?)]. (
)
(Je jure que 
) que j’ai Ă©crit Ă  Zimri-Lim fils de Yahdun-Lim, roi de Mari et du pays des BĂ©douins, je ne (le) lui ai absolument pas Ă©crit par mensonge ni malveillance et que c’est vraiment sans arriĂšre-pensĂ©e que je (le) lui ai Ă©crit.
Les bonnes paroles qu’à Zimri-Lim fils de Yahdun-Lim, roi de Mari et du pays des HanĂ©ens, j’ai jurĂ©es, je les lui conserverai scrupuleusement avec une complĂšte sincĂ©ritĂ©[381]. »

Les alliances matrimoniales

Les mariages interdynastiques Ă©taient un autre aspect important des pratiques diplomatiques[383] - [384]. Ils servaient Ă  renforcer les alliances entre souverains. Toutes les Ă©pouses de Zimri-Lim sont manifestement de sang royal[385]. Le cas le mieux documentĂ© est l'union qu'il contracte au dĂ©but de son rĂšgne avec Shibtum, la fille du puissant roi Yarim-Lim d'Alep, qui l'a aidĂ© Ă  monter sur le trĂŽne, et qui vise Ă  consolider l'alliance entre les deux. La conclusion de ce mariage est bien documentĂ©e par un ensemble de lettres. Le devin Asqudum et le chef des musiciens Rishiya dirigent l'ambassade mariote dĂ©pĂȘchĂ©e Ă  Alep pour les tractations, et pour accompagner le cortĂšge ramenant l'Ă©pouse Ă  Mari. Il s'agit notamment de nĂ©gocier la dot (nidittum) qui est donnĂ©e Ă  Shibtum quand elle quitte sa famille, et la contre-dot (terhatum) reçue en Ă©change par la famille. À cette occasion sont Ă©changĂ©s des bijoux, de la vaisselle de luxe, des habits, des animaux. Un prĂ©sent de mariage (biblum) est Ă©galement offert par le futur Ă©poux Ă  sa belle-famille. Le rite de mariage s'accomplit par procuration : le roi ne se dĂ©plaçant pas Ă  Alep, ce sont ses envoyĂ©s qui mettent le voile Ă  la mariĂ©e, scellant ainsi l'union. Les discussions concernent aussi les conditions dans lesquelles la reine doit ĂȘtre hĂ©bergĂ©e Ă  Mari[386].

Zimri-Lim ayant eu des sƓurs et beaucoup plus de filles que de garçons, il a pratiquĂ© une politique matrimoniale trĂšs active afin de consolider ses rapports avec les rois vassaux[66]. Cela avait notamment pour but d'aider son contrĂŽle de la rĂ©gion troublĂ©e de l'Ida-maras et du sud Sinjar, et peut aussi avoir Ă©tĂ© guidĂ© par des liens tribaux[387]. Le roi Haya-Sumu d'Ilan-sura reçoit mĂȘme le privilĂšge d'Ă©pouser deux filles de Zimri-Lim, Shimatum et Kirum. Les reines ont potentiellement un rĂŽle politique important dans cette rĂ©gion, aussi il est important que les filles du roi de Mari obtiennent le statut le plus important Ă  la cour oĂč elles sont mariĂ©es, afin d'appuyer la politique de leur pĂšre. Le statut Ă©minent de ce dernier doit en principe les y aider, mais ce n'est pas une garantie, loin de lĂ , car elles arrivent dans des cours oĂč le roi a dĂ©jĂ  une Ă©pouse principale qui a l'ascendant[388].

Le cas d'Ibni-sharri illustre les situations difficiles dans lesquelles pouvaient se retrouver les filles de Zimri-Lim envoyĂ©es dans des cours potentiellement hostiles[389]. Elle est mariĂ©e Ă  Zakura-abum, roi de Zalluhan, un haut personnage de la tribu bensim'alite, avec le statut de reine, mais son mari (peut-ĂȘtre un homme dĂ©jĂ  ĂągĂ©) meurt de maladie. Elle est alors expulsĂ©e de son palais par l'ancienne famille royale dĂ©chue, parvient tant bien que mal Ă  sauver sa vie, mais elle n'a pas l'occasion de revenir Ă  Mari puisque son pĂšre la donne en mariage Ă  Ibal-Addu d'Ashlakka. Elle devient Ă  nouveau reine et est bien traitĂ©e pendant quelques annĂ©es, avant que la situation entre Ashlakka et Mari ne se dĂ©tĂ©riore, ce qui se traduit par une dĂ©gradation de la position d'Ibni-sharri, finalement mise Ă  l'Ă©cart du palais. Elle demande Ă  son pĂšre Ă  retourner Ă  Mari, mais celui-ci parvient Ă  la faire revenir Ă  Ashlakka. Mais son mari lui tĂ©moigne encore moins d'Ă©gards qu'avant et est de plus en plus hostile Ă  son pĂšre, comme l'indiquent ces lettres :

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Inib-ƥarri, ta servante.
J’ai Ă©crit au moins 2 fois chez mon Seigneur Ă  propos de mes griefs. Il m’avait rĂ©pondu : « Va ! Entre Ă  AĆĄlakka ; pas de dĂ©sobĂ©issance ! Va ! » VoilĂ  ce qu’il m’a Ă©crit.
Maintenant, je suis entrĂ©e Ă  AĆĄlakka et j’ai encore plus de sujets de mĂ©contentement. L’épouse d’Ibal-Addu, elle seule, est reine ; et les envois de la ville d’AĆĄlakka et des diffĂ©rentes citĂ©s, c’est toujours cette femme qui les reçoit ! Quant Ă  moi, il m’a placĂ© Ă  rĂ©sidence dans le harem, et il me fait tenir les joues dans mes mains comme une simplette. C’est toujours devant la femme, son Ă©pouse, qu’il prend sa nourriture et sa boisson.
Toujours mes yeux larmoient ; en outre, ma bouche a faim. Il vient de renforcer sa garde sur moi. (...)[390] »

« Dis à mon Seigneur : ainsi parle Inib-ƥarri, ta servante.
NaguĂšre, j’avais Ă©crit Ă  mon Seigneur qu’Ibal-Addu avait des visĂ©es subversives. En fait, ce que je disais de lui est dĂ©sormais confirmĂ©. Il tĂ©moigne une amitiĂ© complĂšte au prince d’Eluhut.
HĂ© bien ! Mon Seigneur doit envoyer ses serviteurs pour qu’ils me remmĂšnent chez lui et que je dise Ă  mon Seigneur toutes les nouvelles que j’ai apprises.
Sinon, cet individu par hostilité me maltraitera autant que faire se pourra[391]. »

Elle prend l’initiative de fuir Ashlakka et de se rendre en territoire sĂ»r, avant que n'Ă©clate le conflit entre les deux.

Notes et références

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Voir aussi

Liens internes

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