Village gai (Montréal)
Le Village gai, officiellement Le Village, est le quartier gai de Montréal (Québec, Canada). Il se trouve dans le secteur Centre-Sud de l'arrondissement de Ville-Marie.
Village gai | |||
Administration | |||
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Pays | Canada | ||
Province | Québec | ||
Municipalité | Montréal | ||
Quartiers | Saint-Jacques | ||
Arrondissement | Ville-Marie | ||
DĂ©mographie | |||
Langue(s) parlée(s) | Français | ||
GĂ©ographie | |||
CoordonnĂ©es | 45° 31âČ 07âł nord, 73° 33âČ 22âł ouest | ||
Divers | |||
Site(s) touristique(s) | ĂcomusĂ©e du fier monde MĂ©tro Beaudry et Papineau |
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Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : région métropolitaine de Montréal
Géolocalisation sur la carte : région métropolitaine de Montréal
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Liens | |||
Site web | www.villagemontreal.ca | ||
GĂ©ographie
Le village gai de Montréal se trouve à environ 1,6 kilomÚtre à l'est du centre-ville de Montréal[1], immédiatement à l'est du Quartier latin et au sud du parc La Fontaine. Le village gai est un espace social et non administratif; il ne comporte donc pas de limites officielles. Il est centré sur la rue Sainte-Catherine, entre les stations de métro Berri-UQAM, Beaudry et Papineau. Il est généralement représenté comme un grand quadrilatÚre formé par la rue Berri à l'ouest, la rue Sherbrooke au nord, avenue De Lorimier à l'est et l'avenue Viger au sud[2] - [3]. Le Village se trouve en contrebas de la cÎte Sherbrooke. La définition la plus restrictive du Village est le territoire défini par rÚglement de l'action de la Société de développement commercial (SDC) du village, soit la rue Sainte-Catherine entre les rues Berri et Cartier ainsi que la rue Atateken entre le boulevard René-Lévesque et la rue Robin[4].
Quartiers limitrophes
Plateau Mont-Royal | Parc La Fontaine | |||
Quartier latin | N | Sainte-Marie | ||
O Quartier gai E | ||||
S | ||||
Vieux-Montréal | Cité des Ondes |
Urbanisme
Le quartier compte quelques parcs urbains dont le parc de lâEspoir, le parc Raymond-Blain et le parc des VĂ©tĂ©rans.
Le quartier se caractĂ©rise par un espace urbain diversifiĂ© et une signature visuelle forte[5]. Des initiatives d'art public amĂ©liorent le cadre visuel du quartier et lui donnent une signature plus artistique[5]. L'entrĂ©e de la station de mĂ©tro Beaudry, situĂ©e au cĆur du Village, est dĂ©corĂ©e de colonnes arc-en-ciel. Le Village est spĂ©cifiquement marquĂ© sur une carte officielle de la ville. La devanture de l'ancien cinĂ©ma Ouimetoscope est ornĂ© d'un diptyque gĂ©ant de Zilon entre 2010 et 2013[6]. Le quartier compte plusieurs peintures murales, par exemple Restauration ! peinte par Brian Keith Lanier et 50 Cakes of Gay peinte par l'artiste française Kashink, toutes deux sur la rue Amherst[7] - [8].
La rue Sainte-Catherine est piĂ©tonniĂšre tout lâĂ©tĂ©. La SociĂ©tĂ© de DĂ©veloppement Commercial (SDC) du Village, propose Ă la suite du succĂšs de la fermeture de la rue durant les Outgames en 2006, la piĂ©tonisation de la rue Sainte-Catherine dans le Village en pĂ©riode estivale, intervention mise en place par l'arrondissement de Ville-Marie Ă partir de 2008. La rue est complĂštement piĂ©tonnisĂ©e et fermĂ©e Ă toute circulation automobile, entre les rues Berri et Papineau entre mai et septembre depuis. L'amĂ©nagement d'Aires libres - notamment les boules roses suspendues au-dessus de la rue et l'Aire Banque Nationale - est saluĂ© par diffĂ©rentes reconnaissances et mentions en design Ă travers le monde[9]. L'espace public du Village est ornĂ© de plusieurs Ă©lĂ©ments culturels, comme les 23 panneaux de photos gĂ©antes sur la rue Sainte-Catherine entre la rue Saint-Hubert et l'avenue Papineau ou les inscriptions design sur la façade de la Place Dupuis[6]. Le parc Serge-Garant, adjacent Ă l'Ă©dicule de la station de mĂ©tro Beaudry, est rĂ©amĂ©nagĂ© en 2013, davantage vĂ©gĂ©talisĂ© et comportant des panneaux de huit photos gĂ©antes tirĂ©es de piĂšces de danse contemporaine de compagnies montrĂ©alaises[10]. Pour certains, les façades des commerces demeurent affreuses et l'amĂ©nagement de certaines terrasses pourrait ĂȘtre d'un goĂ»t douteux[11].
Dans le cadre du projet Carré des arts prévoyant la construction d'une cinquantine de logements dans un édifice de cinq étages au nord du Marché Saint-Jacques, l'arrondissement de Ville-Marie prévoit un changement au rÚglement de zonage pour accroßtre la hauteur autorisée de 16 à 25 étages (automne 2015)[12].
Histoire
D'abord un quartier pauvre, faisant partie du quartier Centre-Sud de la ville, le secteur est progressivement occupĂ© par la communautĂ© gaie et lesbienne Ă partir des annĂ©es 1970. Les pionniers s'installent au milieu des annĂ©es 1970 dans le Faubourg Ă m'lasse : le magasin de l'Ă©rotisme gai Priape, fondĂ© en 1974, qui se trouve alors sur le boulevard De Maisonneuve[13], la boite de nuit La Boite en Haut en 1975, au coin des rues Sainte-Catherine et Alexandre-De SĂšve. La BoĂźte en Haut prĂ©sente spectacles de chansons et des spectacles de travestis; elle offre Ă©galement une piste de danse[14]. Pendant plusieurs annĂ©es, cet Ă©tablissement demeure le seul bar sur ce segment de la rue Sainte-Catherine, oĂč les commerces demeurent peu nombreux et beaucoup de locaux sont inoccupĂ©s, dans un secteur assez pauvre, sans vie, oĂč les personnes LGBT ne vivent pas encore et se cachent encore des regards et donc ne flĂąnent pas sur la rue[14]. Bien que plusieurs associent la crĂ©ation du Village aux actions de la Ville de MontrĂ©al visant la fermeture de plusieurs bars et boĂźtes de nuit LGBT avant la tenue des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1976[3] - [15], le dĂ©part ou la fermeture des commerces gais situĂ©s sur le boulevard Saint-Laurent ou dans le secteur ouest du centre-ville, entre les rues Stanley et Atwater, lequel est alors considĂ©rĂ© comme le quartier gai de MontrĂ©al et auquel on rĂ©fĂšre parfois comme le Village gai de l'Ouest, se fait plutĂŽt dans la deuxiĂšme partie des annĂ©es 1970 et dans la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1980. Le dĂ©placement des commerces de l'Ouest vers le Village gai actuel serait liĂ© en partie Ă des facteurs Ă©conomiques, notamment le prix des loyers commerciaux Ă©levĂ©s au centre-ville et la rĂ©cession de 1982-1983[3] - [16]. Les nombreuses descentes de police et l'organisation du mouvement gai en rĂ©action Ă ces actions survenues dans les annĂ©es 1970 amĂšne les personnes LGBTQ Ă se regrouper spatialement et Ă rechercher des espaces leur offrant une sĂ©curitĂ©[17]. Les facteurs sociaux sont Ă©galement dĂ©terminants. La descente de police en octobre 1977 au Mystique et au Truxx au cours de laquelle 144 hommes sont arrĂȘtĂ©s constitue un Ă©vĂ©nement ayant contribuĂ© au dĂ©clin du Village de l'Ouest[3].
La venue d'Ă©tablissements pour la communautĂ© gaie s'intensifie au dĂ©but des annĂ©es 1980. En 1982, le bar de danseurs nus Les Deux R et la discothĂšque 1681 ouvrent leurs portes. L'annĂ©e suivante, la Taverne Normandie, de mĂȘme que le bar Max prennent pignon sur la rue Sainte-Catherine[3] - [14] aux abords de la station de mĂ©tro Beaudry, alors que le centre d'esthĂ©tique au masculin Physotech s'implante sur la rue Amherst tout prĂšs. Le quartier devient rapidement populaire auprĂšs des hommes gais de MontrĂ©al et est dĂ©signĂ© comme le Nouveau village de l'Est. En 1984, le bar Bud's ferme ses portes alors que la clientĂšle dĂ©serte le Village de l'Ouest, effrayĂ©e en raison des interventions policiĂšres dans les Ă©tablissements qui y sont situĂ©s. Si quelques commerces gais demeurent dans le Red Light rue Saint-Laurent, le Village devient le centre Ă©conomique et social de la vie gaie montrĂ©alaise[3] - [14] et quĂ©bĂ©coise. La publication du magazine Fugues dĂ©bute en 1984, la clinique mĂ©dicale l'Actuel est fondĂ©e en 1987[18]. Plusieurs de ces Ă©tablissements (Normandie, Priape, Physotech) existent toujours, constituant ainsi des institutions pour la communautĂ© LGBT quĂ©bĂ©coise.
En 1998-1999, la Société de transport de la Communauté urbaine de Montréal, dans le cadre des travaux de réfection de la station de métro Beaudry, arbore l'édicule des couleurs arc-en-ciel[3], symbolisant la reconnaissance officielle par les autorités de la communauté LGBT. La Société de développement commercial du Village est fondée en 2006[6]. Depuis la zone a été rénovée grùce aux récents investissements gouvernementaux et de la Ville de Montréal. Malgré une répression qui dure jusqu'au début des années 1990, le soutien gouvernemental au Village n'est plus contraint. Tous les trois ordres de gouvernement font la promotion du Village, du climat tolérant du Québec et de la vie gaie dans Montréal comme attrait touristique.
Bien que connu sous le vocable Village gai, le quartier nâest pas devenu un ghetto pour autant. Frank Remiggi, professeur de gĂ©ographie historique et culturelle Ă lâUniversitĂ© du QuĂ©bec Ă MontrĂ©al et codirecteur de lâouvrage « Sortir de lâombre »[19] - [20], considĂšre qu'« il sâagit dâun espace ouvert et non rĂ©pressif qui ne correspond pas au concept du ghetto »[16].
Les Outgames mondiaux, qui ont eu lieu à Montréal du 29 juillet au sous le nom Rendez-vous Montréal 2006, furent un évÚnement sportif et culturel d'envergure internationale organisés par la communauté gaie et lesbienne avec prÚs de 11 000 participants et plus de 250 000 touristes, soit le plus grand évÚnement sportif à se tenir dans la ville depuis les Jeux olympiques d'été de 1976. Le Village gai de Montréal fut au centre de l'évÚnement. Malheureusement une faillite est survenue dÚs les Outgames terminés, nuisant à l'image positive qui bénéficiait jusque-là aux gais montréalais.
Au fil des annĂ©es, diffĂ©rentes publications dont les bureaux se trouvent dans le Village visent la clientĂšle gaie montrĂ©alaise et quĂ©bĂ©coise, par exemple Attitude, Village, Gazelle, RG, La Voix du Village, Ătre et Fugues (qui est la seule d'entre elles Ă encore exister). D'autres mĂ©dias gais se sont ajoutĂ©s au fil des annĂ©es, offrant au Village une diversitĂ© dans l'information spĂ©cialisĂ©e comme Gay Globe Magazine (depuis 1998), le Guide arc-en-ciel, ZIP et DĂ©corHomme.
DiffĂ©rents bars et boĂźtes de nuit ont animĂ© et animent encore la vie nocturne du Village, dont le complexe Sky, le Unity, l'Aigle Noir, le Stud, le Date, le Cocktail, le Rocky, le Relaxe, le Circus et le Stereo. Au fil des ans, plusieurs autres Ă©tablissements disparus ont marquĂ© la vie nocturne, dont le Max, le Pipeline, le Club David dans les annĂ©es 1980, le SĂ©curitĂ© Maximum dans les annĂ©es 1990, le Parking et le Drugstore dans les annĂ©es 2000. Le Drugstore, opĂ©rant dans les anciens locaux de la Taverne du Village, et dĂ©tenant ainsi un permis d'alcool datant du XIXe siĂšcle ferme ses portes en 2013 en raison de la hausse des loyers[21]. Un jugement de la cour d'appel du QuĂ©bec statue, en , qu'Ă partir de 1999 les commerces situĂ©s dans lâimmeuble emblĂ©matique de la Station C (qui a accueilli, entre autres le ThĂ©Ăątre FĂ©lix-Leclerc, le lĂ©gendaire bar KOX, les Katakombes, le HOME, le Backroom, le KLOK, le bar Apollon, le Code et le Play) ne pouvaient pas obtenir de permis dâalcool Ă©tant donnĂ© que lâimmeuble est situĂ© Ă moins de 25 mĂštres dâun autre debit de boissons alcooliques[22].
Politique et administration
Ă l'Ă©chelon municipal, le quartier fait partie du district Ă©lectoral de Saint-Jacques et de l'arrondissement de Ville-Marie[23]. Plusieurs citoyens considĂšrent la nomination d'office du maire de MontrĂ©al comme maire de Ville-Marie et comme leur magistrat comme une aberration, faisant passer les intĂ©rĂȘts des citoyens des quartiers centraux en second[24]. Ă l'Ă©lection de 2013, certains candidats comme conseiller du district, habitant d'autres quartiers, semblent peu au courant des enjeux du Village[25]. Afin de souligner l'importance du Village pour la ville, le maire de l'arrondissement Ville-Marie a rĂ©cemment placĂ© un drapeau arc-en-ciel (le drapeau gai) dans la salle du conseil.
Pour ce qui est de la représentation aux parlements, le Village est rattaché à la circonscription québécoise de Sainte-Marie-Saint-Jacques (auparavant Saint-Jacques)[26] et à la circonscription fédérale de Laurier-Sainte-Marie (auparavant Sainte-Marie)[27]. Outre un intermÚde entre 1983 et 1985, le quartier a été représenté à l'Assemblée nationale du Québec par des députés du Parti québécois, dont Claude Charron et André Boulerice, tous deux gais, sur une période de 35 ans. Depuis 2014, Manon Massé, députée lesbienne de Québec solidaire, représente la circonscription.
Ăconomie
Les gais et lesbiennes vivent partout dans la ville, oĂč ils sont gĂ©nĂ©ralement grandement acceptĂ©s. La densitĂ© rĂ©sidentielle de ceux-ci dans le quartier est sensiblement plus Ă©levĂ©e qu'ailleurs. Le Village contient une proportion plus Ă©levĂ©e de magasins et de services pour la communautĂ© gaie et lesbienne : il en est l'Ă©picentre touristique et le lieu privilĂ©giĂ© pour les festivitĂ©s et le divertissement en gĂ©nĂ©ral. Le Village contient une grande variĂ©tĂ© de bars et les discothĂšques pour la vie de nuit. Le site abrite Ă©galement trois grands complexes de divertissement, dont l'un eux serait le plus grand au monde dans sa catĂ©gorie. Il existe Ă©galement une grande variĂ©tĂ© de boutiques, restaurants, cafĂ©s, chambres d'hĂŽtes et d'hĂŽtels pour la communautĂ©. MontrĂ©al est aussi connu pour son nombre Ă©levĂ© de saunas pour hommes. Le Village en accueille trois, alors qu'il y en a environ cinq dans la ville de MontrĂ©al. Il existe Ă©galement quelques Ă©tablissements pour gais et lesbiennes Ă l'extĂ©rieur du quartier. Plusieurs Ă©tablissements s'adressent plus particuliĂšrement Ă la clientĂšle locale, par exemple pharmacies, supermarchĂ©s, dĂ©panneurs et services professionnels (notaire, etc.).
La Société de Développement Commercial du Village représente, depuis sa formation en 2006, les entrepreneurs du Village. Elle ciblent deux enjeux à améliorer, soit la vie de jour et l'espace réservé à la culture. La piétonnisation de la rue Sainte-Catherine dans le Village et la création d'Airs libres en 2008 sont deux actions entreprises pour répondre aux deux enjeux ciblés. Les mesures d'aménagement et d'animation comme Aires Libres sont financés à 85 % par les entreprises locales et à 15 % par l'arrondissement. Le taux d'inoccupation des locaux commerciaux est passé de 22 % à 6 %. La SDC travaille avec le milieu communautaire, la police de quartier et les intervenants de rue compte tenu du contexte social particulier du quartier[6]. Les établissements commerciaux du Village connaissent une diminution de l'achalandage de la clientÚle gaie, notamment en raison de la présence d'Internet qui permet aux personnes LGBT de se rencontrer autrement que dans les établissements s'adressant spécifiquement à ce groupe. De plus, les LGBT se sentent à l'aise dans les différentes quartiere de Montréal[15]. La plupart des commerçants gais du Village ne sont pas propriétaires de leur local, ce qui pose un problÚme de viabilité à long terme, en raison de la spéculation immobiliÚre dans le quartier[28].
Le centre communautaire des gais et lesbiennes de MontrĂ©al de la Fondation Mario-Racine planifie actuellement la construction d'un important complexe communautaire au cĆur du quartier. Depuis l'Ă©tĂ© 2006, la SDC offre un accĂšs gratuit Ă internet sans-fil partout sur les artĂšres commerciales Sainte-Catherine et Amherst[29]. Un groupe de commerçants de la rue Amherst propose dâĂ©tendre le territoire de la SDC pour inclure la portion de cette artĂšre commerciale entre la rue Sherbrooke (donc incluant le marchĂ© Saint-Jacques et lâĂcomusĂ©e du fier monde) et la rue Robin, actuelle limite nord de la SDC. Ils proposent de plus de modifier le nom de la rue Amherst en raison de la controverse entourant ce personnage qui a dĂ©cimĂ© la population des Delawares. Certains suggĂšrent comme nom la rue du Quai de lâHorloge, comme lâHorloge sur le quai du Vieux-Port se trouve en perspective de cette rue[30].
Le quartier figure sur les cartes touristiques de Tourisme Montréal qui en fait la promotion.
Culture
Le Village gay est, avec le secteur de la Place des Arts, le pÎle culturel le plus important au Québec. Il a longtemps abrité le Ouimetoscope, premiÚre salle de cinéma permanente au Canada. Il compte encore plusieurs salles de spectacle, dont l'Usine C, le Théùtre National, le Théùtre Prospero et le Lion d'Or. Les grands studios de radio et de télévision québécois de la Société Radio-Canada et de TVA se trouvent à l'intérieur du Village alors que Télé-Québec est située quelques rues à l'est.
La librairie gaie MĂ©nage Ă trois diffuse la littĂ©rature gaie dans le Village au moins jusqu'en 2008[31]. Plusieurs Ćuvres littĂ©raires et tĂ©lĂ©visuelles quĂ©bĂ©coises prennent place dans le Village, notamment le roman C't'Ă ton tour, Laura Cadieux ainsi que les sĂ©ries Cover Girl et Tout sur moi. Fugues, situĂ© sur la rue Anherst, est le principal mĂ©dia et une rĂ©fĂ©rence importante de la communautĂ© LGBTQ quĂ©bĂ©coise[32] - [33] - [34].
Le festival international MontrĂ©al en arts, oĂč plusieurs artistes visuels exposent sur la rue piĂ©tonniĂšre et Ă la place Ămilie-Gamelin a lieu tous les ans en juin. Les Archives gaies du QuĂ©bec sont prĂ©servĂ©es dans le Village[35]. Le Village comprend l'ĂcomusĂ©e du fier monde et compte des galeries d'art comme la Galerie Dentaire ou Galerie Blanche.
L'EugĂ©lionne, une librairie dĂ©diĂ©e aux Ă©crits de femmes et Ćuvres fĂ©ministes, s'est installĂ©e dans le Village gai en 2016. C'est une coopĂ©rative de solidaritĂ© Ă but non lucratif qui se spĂ©cialise dans la littĂ©rature des femmes (roman, poĂ©sie, bande-dessinĂ©e, essai, jeunesse) et les ouvrages fĂ©ministes, queer, lesbiens, gais, bisexuels, trans, intersexe, asexuel et agenre, two-spirited, anti-racistes, anti-coloniaux, etc.
Société
Le Village s'est installĂ© dans le quartier du Centre-Sud, oĂč le niveau de pauvretĂ© et de misĂšre est historiquement l'un des plus Ă©levĂ©s au Canada[6]. Par ailleurs, il est adjacent au Quartier latin et au nĆud de transport collectif de la rĂ©gion de MontrĂ©al, oĂč se trouvent plusieurs organismes travaillant auprĂšs des personnes Ă©prouvant des troubles d'itinĂ©rance, de toxicomanie ou autres, de mĂȘme que le Centre hospitalier de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al. La population locale se compose d'un amalgame de personnes LGBT, de personnes Ă faible revenu, de personnes Ă problĂ©matiques psychosociales, de professionnels Ă revenu Ă©levĂ© travaillant au centre de MontrĂ©al, et de familles monoparentales et traditionnelles. La vie de nuit est intense et fait partie de la couleur du quartier[6]. MalgrĂ© les problĂšmes de cohabitation, la population et les gens d'affaires locaux ont un sentiment d'appartenance et de fiertĂ© par rapport Ă leur quartier[25] - [36].
Le Village gai de Montréal remplit un important rÎle de services de niveau supérieur s'adressant à l'ensemble de la communauté LGBT du Québec et également à sa population locale composite et singuliÚre. Ces services, qui couvrent les domaines de la santé, de l'aide aux personnes, des clientÚles spécifiques, des communications, de la représentation sociopolitique et de la promotion économique, incluent notamment :
- Coalition Sida des Sourds du Québec
- Clinique et fondation LâActuel
- Clinique médicale du Quartier Latin
- Au-delĂ de l'Arc-en-ciel
- Centre solidarité lesbienne
- CocaĂŻnomanes Anonymes
- Crystal Meth Anonymes
- DĂ©pendance affective sexuelle anonyme DASA
- Narcotiques Anonymes
- Action SĂ©ro ZĂ©ro (RĂ©zo)
- Jeunesse Lambda
- Centre d'aide aux personnes atteintes de l'hépatite C
- Refuge des jeunes
- ROC
- Projet Travailleurs du sexe
- AIDS Community Care Montreal Sida
- Maison Plein CĆur
- Projet 10
- Gai Ăcoute / Fondation Ămergence
- Groupe de Recherche et d'Intervention Sociale (GRIS-Montréal)
- Centre communautaire des gais et lesbiennes de Montréal
- Coalition des transsexuel(le)s et transsexué(e)s du Québec
- Aide aux transsexuels et transsexuelles du Québec
- Fugues
- Réseau des lesbiennes du Québec
- RG
- Chambre de commerce gaie du Québec
L'Ă©glise Saint-Pierre-ApĂŽtre de MontrĂ©al, situĂ©e au cĆur du quartier gai de MontrĂ©al, est frĂ©quentĂ©e par la communautĂ© gaie montrĂ©alaise. Depuis le , une flamme brĂ»le, en permanence, dans la chapelle de l'espoir de l'Ă©glise Saint-Pierre-ApĂŽtre, Ă la mĂ©moire des victimes du SIDA.
Il y aurait dans le quartier quelque 6 000 personnes vivant en itinérance alors que les refuges ne disposent que de 500 places[24]. Alors que la mise en place par la SDC d'un programme d'agents de liaison permet de régler certains problÚmes de cohabitation avec les sans-abris, la présence de revendeurs de drogue est considérée envahissante et problématique[37] - [38] tandis que les centres de jeunes du quartier ne semblent pas vouloir coopérer avec la population résidente et les commerçants locaux. Les réaménagements des espaces publics n'ont pas eu l'effet escompté et la réduction de la surveillance policiÚre lorsque la rue piétonniÚre redevient ouverte à la circulation automobile ne contribue pas à l'amélioration de la sécurité. Certains préconisent des solutions d'appropriation de tous les espaces par les citoyens, un meilleur éclairage public et l'animation[25].
Le Village gai, lieu intense d'activitĂ©s et d'Ă©vĂ©nements, est desservi par les postes de police 21 et 22 de la Ville de MontrĂ©al. La police de quartier et l'Ăquipe mobile de rĂ©fĂ©rence et d'intervention en itinĂ©rance travaillent Ă©troitement avec les citoyens, les groupes communautaires, la SDC du Village et les organismes de santĂ© mentale[39].
Le quartier connaĂźtrait une augmentation de la frĂ©quence d'agressions entre 2012 et 2014[37] - [40]. Le Collectif du CarrĂ© Rose MontrĂ©al offre aux personnes agressĂ©es les services dâun criminologue et dâun avocat notamment pour les rapports d'incidents. Son programme « Village sĂ©curitaire » vise Ă sensibiliser les clients et propriĂ©taires aux heures de sortie des bars[41]. L'accroissement de la prĂ©sence policiĂšre la nuit au dĂ©but de 2014 aurait fait dĂ©croĂźtre les cas d'agressions[37].
Certains comparent le Village, encore davantage avec la rue piĂ©tonniĂšre, Ă un zoo oĂč les hĂ©tĂ©rosexuels viendraient Ă©pier les gais dans leur habitat naturel, ce qui expliquerait que les jeunes gais prĂ©fĂ©reraient les Ă©tablissements hĂ©tĂ©rosexuels des autres quartiers de la ville. Il demeure marquĂ© par la souffrance, l'itinĂ©rance et la marginalitĂ© d'un segment vulnĂ©rable de la communautĂ© gaie. Les jeunes homosexuels de banlieue ou des rĂ©gions, souvent rejetĂ©s par leur famille, dĂ©barquent dans le Village mais se retrouvent souvent dans un milieu de drogue, de dĂ©linquance et de sexe. Pour ces chroniqueurs, le Village se rĂ©duirait au commerce du sexe, Ă un jardin de la misĂšre urbaine[11]. Certains arguent que le Village est important Ă une mĂ©tropole cosmopolite et Ă©clatĂ©e comme MontrĂ©al, comme le sont les quartiers portugais et italiens. Il existe une pluralitĂ© de lieux destinĂ©s Ă des clientĂšles cibles. Si la discrimination fondĂ©e sur toutes sortes de catĂ©gories de gens est exclue, incluant l'homosexualitĂ©, toute minoritĂ© a droit d'avoir ses lieux de rassemblement. Pour d'aucuns, « se demander si MontrĂ©al a besoin d'un village gai, c'est se demander si les gais et lesbiennes ont le droit d'avoir un endroit qui leur ressemble »[42]. Pour d'autres, le Village est un melting pot oĂč les Ă©tablissements sont typĂ©s par catĂ©gorie de clientĂšle, principalement de gars musclĂ©s, lesbiennes masculines, adeptes des dragqueens. Les personnes LGBT Ă la recherche d'autres produits typĂ©s comme les jeunes hommes branchĂ©s inspirĂ©s par les styles de New York ou de Londres, les lesbiennes plus soignĂ©es et chics, une faune Ă l'affut de la mode et des arts visuels, frĂ©quentent des lieux Ă l'extĂ©rieur du Village. NĂ©anmoins, tous confirment que le Village est essentiel pour les gens Ă la recherche d'eux-mĂȘmes, qui ne sont pas acceptĂ©s dans leur milieu, y compris dans les rĂ©gions[43]. Bien que les femmes soient admises et bienvenues dans les bars dĂ©diĂ©s aux hommes gais, il arrive que le comportement de groupes de filles hĂ©tĂ©rosexuelles, notamment dans le cas d'enterrements de vie de jeune fille, puisse incommoder la clientĂšle[44].
Les habitants du Village seraient particuliÚrement ouverts à avoir et tolérer des animaux domestiques, notamment les chiens[45].
Notes et références
- (en) Donald W. Hinrichs, Montreal's Gay Village : The story of a unique urban neighborhood through the sociological lens, Bloomington IN, iUniverse, , 213 p. (ISBN 978-1-4620-6837-1, lire en ligne), p. 21
- Hinrichs 2011, p. 34-35.
- (en) Andrea Zanin, « The Village Comes Out: A Quick History », Go Montreal (consulté le ).
- Hinrichs 2011, p. 34.
- AndrĂ© Constantin Passiour, « Aires libres 2013 : Encore plus de couleurs dans le Village », Fugues, vol. 30, no 3,â , p. 20 (ISSN 0831-1625, lire en ligne)
- Denis Brossard, « A-t-on (encore) besoin d'un Village gai, d'un dĂ©file de la fiertĂ©, d'un Chinatown ou de la « Petite-Italie »? », Fugues, vol. 30, no 6,â , p. 12 (ISSN 0831-1625, lire en ligne).
- AndrĂ©-Constantin Passiour, « Murale de Bryan Keith Lanier : Marier street art et classicisme », Fugues, vol. 30, no 8,â , p. 16 (lire en ligne).
- « Kashink et ses gùteaux militants », sur fugues.com (consulté le ).
- Reconnaissances de Step Inside Design (Ătats-Unis), Grafika, Facteur D, Association des architectes paysagistes du Canada, Lions de Cannes (France), GDC National Design Awards et mentions dans Coupe, The Globe and Mail et Artv (Canada), Communication Arts Design et New York Times (Ătats-Unis), Trama (Ăquateur), Stylons (Allemagne), TĂȘtu (France), Yapi (Turquie) et Hinge (Hong Kong). Voir Brossard (2013).
- Ville de Montréal, « Inauguration du parc Serge-Garant - Sur un nouveau pas de danse », 30, (consulté le ).
- Luc Boulanger, « A-t-on (encore) besoin d'un Village gai? », La Presse,â (lire en ligne).
- Maxime Bergeron, « Demande pour rehausser la hauteur permise dans le Village gai », La Presse,â (lire en ligne).
- http://www.priape.com/fr/about-us
- AndrĂ©-Constantin Passiour, « L'Ă©popĂ©e de la BoĂźte en Haut », Fugues, vol. 19, no 2,â (ISSN 0831-1625, lire en ligne).
- Gisueppe Valiante, « Le village gai de MontrĂ©al forcĂ© Ă se rĂ©inventer », La Presse,â (lire en ligne).
- Fugues
- Hinrichs 2011, p. 10.
- AndrĂ©-Constantin Passiour, « Lutte contre le VIH : Des traitements plus efficaces », Fugues, vol. 30, no 9,â , p. 82 (ISSN 0831-1625, lire en ligne).
- Remiggi, Frank W., "Le Village gai de MontrĂ©al", Sortir de lâombre : histoires des communautĂ©s lesbienne et gaie de MontrĂ©al. MontrĂ©al, VLB, 1998, pages 267 Ă 289.
- Remiggi, Frank W., "HomosexualitĂ© et espace urbain", TĂ©oros. ĂtĂ© 2000, MontrĂ©al, pages 28 Ă 33.
- Yves Lafontaine, « Village gai : plus de peur que de mal », Fugues, vol. 30, no 9,â , p. 18 (ISSN 0831-1625, lire en ligne).
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annexes
Articles connexes
Bibliographie
- IrÚne Demczuk et Frank Remiggi, Sortie de l'ombre : Histoires des communautés lesbienne et gaie de Montréal, Montréal, VLB éditeur, .
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- Remiggi, Frank W., 2000. « Homosexualité et espace urbain : une analyse critique du cas de Montréal », Téoros, 19(2), pp. 28-35.